11/05/2010
Et in fine ?
Selon Alternatives Economiques :
«Ce qui continue surtout à nourrir l'inquiétude pour l'avenir, c'est la politique de rigueur accrue annoncée dans toute la zone. En effet, les pays les plus menacés (Grèce, Irlande, Portugal, Espagne) sont durablement engagés dans des politiques d'austérité de fer, mais si dans le même temps la France et l'Allemagne serrent à leur tour les boulons, la zone euro va retomber dans la récession et les problèmes de dette publique de tous ses membres vont encore s'aggraver...» Source
Or, du «sommet social» du 10 mai sont sorties les mesures suivantes :
- «Le dispositif «zéro charges» pour les très petites entreprises (les TPE représentent 95% des entreprises en France), qui permet l'exonération des charges sociales pour les embauches dans les entreprises de moins de dix salariés est jugé «moins nécessaire» par Nicolas Sarkozy grâce à «l'amorce de reprise» et il devrait donc être arrêté fin juin. Ces exonérations pourraient toutefois être pérennisées pour l'embauche de seniors (le taux d'emploi des seniors atteint 39% en France, 44,7% pour l'Union européenne. Y a-t-il une raison pour que ça change ?), mais à une échéance non précisée.»
- «Les aides exceptionnelles aux ménages les plus fragiles ne seront pas reconduites.»
Fermez le ban. Pour parfaire la mise en scène :
- Le Medef qui fait semblant de ne pas être d'accord à propos des TPE, ne dit strictement rien lorsque l'«on» affirme sans rire qu'un effort sera demandé aux hauts revenus et aux revenus du capital pour participer au financement des retraites. Bizarre.
- Les autres syndicats se contenteront quant à eux d'aides prolongées pour couvrir (mais jusqu'à quand ?) le chômage partiel, des aides à l'apprentissage et éventuellement du droit de ronchonner en rond devant micros et caméras sur la sémantique : Vous avez dit « rigueur, rigueur ». - Moi, j'ai dit «rigueur, rigueur ?», comme c'est austère ! Pourquoi aurais je dis « rigueur, rigueur ? » - Je vous assure mon cher cousin, que vous avez dit «rigueur», ...
Et in fine... la rigueur annoncée pour le court terme ressemblerait plutôt à ces cheveux coupés pour éponger la marée noire dans le golfe du Mexique.
En attendant, les bourses flambent. Nous sommes en mai, le temps des cerises pour les spéculateurs que Michel Barnier tient pour seuls responsables du «malheur des peuples européens» et qui, n'ayant jamais été aussi puissants vont se dépêcher, pas vus pas pris et d'ailleurs invisibles, de vendre leurs actifs. Logique.
Selon Paul Jorion, chroniqueur au Monde-Economie, «Défier la spéculation en se tambourinant la poitrine et en criant : «Je suis plus fort que toi !», ça ne suffira pas. La spéculation est comme l'hydre de Lerne : on lui coupe l'une de ses sept têtes, ou même les sept à la fois, et elles repoussent aussitôt. Ce qu'il faut mettre en place, pour mettre la spéculation hors d'état de nuire, c'est une interdiction des paris sur les fluctuations de prix. On ne pourra pas en faire l'économie.»
Il est vrai qu'une gestion rigoureuse n'a de sens que sur le long terme et nécessite une gouvernance européenne qui devrait normalement avoir les moyens de se faire respecter, y compris et en premier lieu par les chefs de gouvernement et par les spéculateurs. 750 milliards ne suffiront pas à les calmer. Au contraire.
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