16/08/2011
Histoire d’un squat
Preuve que la dignité a tout à voir avec la résistance :
Sao Paulo, 18 millions d’habitants. La plus grande ville d’Amérique Latine, la plus forte concentration de mal-logés au monde.
Au 911 de l’avenue Prestes Maia, près de 2 000 personnes ont trouvé refuge dans une usine désaffectée de 25 étages. Chômeurs, ouvriers, femmes de ménage, vendeurs à la petite semaine, se côtoient. C’est le plus grand squat d’Amérique Latine, un véritable bidonville vertical.
Severino de Sousa est arrivé le premier. A 56 ans, ce « cartoneiro » est un pilier du squat. Pour faire vivre sa famille, il trie les poubelles et revend les déchets aux usines de recyclage. Au milieu des ordures, Severino a sauvé des centaines de livres pour créer la bibliothèque du 911. En 6 ans, il a rassemblé plus de 10 000 livres.
Brasiliano da Silva vend des boissons sur les voies rapides de Sao Paulo. Il en profite pour recommander ses livres préférés. La littérature l’aide à rêver d’un monde meilleur.
Le 911 a sa propre loi. Tous doivent la respecter sous peine d’être remis en place par le conseil des habitants qui se réunit une fois par semaine. Le concierge s’occupe du courrier, les gardiens se relayent pour sécuriser l’entrée, on nettoie les parties communes à tour de rôle. Loin des violences des rues de Sao Paulo, tous trouvent un refuge et peut-être même des mots pour se battre.
A lui seul, le squat 911 s’assimile à une réussite et montre à quel point une société marginale, solidaire, peut s’organiser pour sa liberté.
Le photographe brésilien Julio Bittencourt a rendu hommage aux résidents de cet immeuble en les immortalisant, dans le cadre de leur fenêtre - symbole de vie -, pour des moments empreints d’humanité et de dignité avant que tous soient expulsés en 2007 pour …. « raisons politiques » !!!
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