27/02/2010
Vous avez dit « pauvreté » ?
A propos, un président de conseil général et député, ancien secrétaire général de l'Elysée et titulaire de quelques autres fonctions honorifiques comme celle qui consiste à soutenir une candidate à quasiment tout de la région Charente - Poitou a commis un article paru en plusieurs endroits sur le Net. Très bon article sur la pauvreté. Très généreusement documenté. Très audacieux par son absence de conclusion.
Pour compléter cette contribution quelques éléments annexes sont disponibles sur le site, éléments selon lesquels 60% des députés classés dans le top 10 des cumulards sont encore comptés dans les travées très denses du PS.
L'auteur de cet article sans concession, et c'est tout à son honneur, n'arrive ainsi qu'à la 46ème place sur 576 députés, même s'il faut pondérer ce résultat et tenir compte du fait que Didier Migaud, autre socialiste notoire et dont le parcours vient d'éclaircir le paysage institutionnel, a été, ou sera, obligé de renoncer au 34ème rang auquel il tenait tant. Ce qui fait remonter l'ensemble de cette classe politique d'un cran dans le classement et dans l'estime que l'on a d'elle.
A cela pourrait s'ajouter une mise en perspective assez intéressante concernant les régimes spéciaux de retraites prévues pour noszélus qui n'y toucheront donc pas (entendons : ne les remettront pas en cause). Par inadvertance, comme on peut se le figurer.
Idem pour les indemnités en cas de non renouvèlement de mandat, de chômage en quelque sorte.
Aussi excellent soit-il, l'article ne dit pas non plus comment réduire les inégalités, redistribuer les richesses, résister à l'attirance d'une indécence ordinaire consistant à utiliser la pauvreté comme faire-valoir et certificat de bien-pensant remarquable, tenant au bonheur de ses électeurs plus qu'à la prunelle de ses yeux. On se demande bien pourquoi.
Mais au fait, le rédacteur éclairé qui semble s'indigner de la pauvreté dans l'hexagone, n'a fait que reprendre à son compte un article paru dans Libération - il aurait pu au moins citer «Le quai de Ouistreham», dernière publication de Florence Aubenas sur le sujet -, lui même tiré d'un tableau noir dressé par l'ONPES, Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale, dans son rapport sur ses dix ans d'activité.
Rapport dans lequel on décèle entre autres problématiques celle d'un clientélisme subi par les élus locaux qui auront, si l'on en croit les statistiques, de plus en plus intérêt à se pencher sur le sort de leurs pauvres, du moins ceux qui ont le droit de vote.
La guerre contre la pauvreté sera-t-elle alors déclarée par nécessité par les professionnels de la politique ?
C'est ce qu'on serait au moins en droit d'espérer à lire Agnès de Fleurieu, Présidente de cet Observatoire national lorsqu'elle déclare :
«La décennie qui vient de s'écouler aura aussi été marquée par une prise de conscience progressive du fait qu'il ne suffisait pas de disposer d'une batterie d'indicateurs de suivi pour atteindre des résultats concrets en matière de lutte contre la pauvreté mais qu'il fallait fixer des objectifs clairs sur les résultats à atteindre pour déterminer les leviers adaptés en matière d'action publique. C'est ainsi qu'après des expériences pionnières, menées par le Canada, l'Irlande et la Grande Bretagne, une vingtaine de pays européens se sont, aujourd'hui, fixé des objectifs quantifiés en matière de lutte contre la pauvreté.»
Ce qui revient à dire que l'observation ne saurait se substituer à l'action. Reste à savoir si les parlementaires accepteront de faire le job au niveau de rémunération qui est le leur, voir à moindre coût et en dehors des heures passées à battre campagne, la guerre contre la pauvreté méritant mieux que de simples mais ostensibles arrosages.
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