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27/10/2014

Lettre testament de Reyhaneh Jabbari, pendue en Iran

Le 25 octobre au matin, Reyhaneh Jabbari a été pendue en Iran. Malgré les nombreuses protestations de la communauté internationale, la justice iranienne a suivi son cours et amené Reyhaneh à subir la loi du talion.

Reyhaneh n’avait que 19 ans quand un agent du régime a tenté de l'attirer chez lui en vue de décorer son intérieur pour ensuite essayer de la droguer et de la violer. Reyhaneh s’est défendue avec un couteau et s’est enfuie et l'agent est décédé plus tard d'une hémorragie à l'hôpital.

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Lettre de Reyhaneh Jabbari à sa mère 

Chère Sholeh, 

Aujourd’hui j’ai appris que c’est à mon tour de faire face à Qisas (la loi du talion dans le système judiciaire iranien, ndlr). Je suis blessée d’apprendre que tu ne m’as pas laissé savoir que j’avais atteint la dernière page du livre de ma vie. Ne penses-tu pas que j’aurais dû savoir? Tu sais que ta tristesse me rend honteuse. Pourquoi ne m’as tu pas laissé la chance d’embrasser ta main et celle de papa?

Le monde m’a permis de vivre pendant 19 ans. Durant cette nuit inquiétante, j’aurais dû être tuée. Mon corps aurait été jeté dans un coin de la ville, et après quelques jours, la police t’aurait conduite dans le bureau du médecin légiste afin d’identifier mon corps et tu aurais appris que j’avais également été violée. Le meurtrier n’aurait jamais été retrouvé puisque nous n’avons ni leur richesse ni leur pouvoir. Tu aurais alors continué ta vie dans la douleur et dans la honte, et quelques années plus tard tu serais morte de cette douleur, voilà tout.

Néanmoins, avec ce maudit coup, l’histoire a changé. Mon corps n’a pas été jeté au loin, mais dans la tombe de la prison d’Evin et ses cellules d’isolement, et à présent la prison de Shahr-e Ray, qui ressemble aussi à une tombe. Mais tu dois céder au destin. Ne te plains pas. Tu sais mieux que moi que la mort n’est pas la fin de la vie.

Tu m’as appris que l’on vient au monde pour profiter d’une expérience et apprendre une leçon, et qu’avec chaque naissance, une responsabilité est placée sur notre épaule. J’ai appris que parfois l’on doit se battre. Je me souviens quand tu m’as raconté que l’homme s’est opposé à l’homme qui me flagellait, mais que ce dernier lui a fouetté la tête et le visage jusqu’à ce qu’il meure. Tu m’as dit que pour créer de la valeur, l’on devait persévérer même si un autre mourait.

Tu m’as appris que, puisque nous allons à l’école, nous devons nous comporter en dame face aux querelles et aux plaintes. Te souviens-tu à quel point tu insistais sur la façon dont on se comportait? Ton expérience était incorrecte. Quand cet incident s’est produit, mes enseignements ne m’ont pas aidé. Etre présentée à la barre m’a fait passer pour une meurtrière de sang-froid et une criminelle sans pitié. Je n’ai pas versé une larme. Je n’ai pas supplié. Je n’ai pas pleuré toutes les larmes de mon corps car je faisais confiance à la loi.

Mais j’été accusée d’être indifférente au crime. Tu vois, je ne tuais même pas les moustiques et je prenais les cafards par les antennes pour les jeter un peu plus loin. Désormais je suis devenue une meurtrière préméditée. Mon traitement des animaux a été interprété comme ayant un penchant masculin et le juge n’a même pas pris la peine de regarder les faits et de voir qu’au moment de l’incident j’avais de longs ongles vernis.

C’était si optimiste d’attendre de la justice de la part des juges ! Il ne s’est jamais interrogé sur le fait que mes mains ne sont pas épaisses comme celles d’une sportive, en particulier d’une boxeuse. Ce pays que tu m’as fait chérir n’a jamais voulu de moi et personne ne m’a soutenu quand, sous les coups des interrogateurs, je criais et j’entendais les mots les plus vulgaires. Quand j’ai perdu mon dernier signe de beauté en me rasant les cheveux, j’ai été récompensée : 11 jours en cellule d’isolement.

Chère Sholeh, ne pleure pas pour ce que tu entends. Le premier jour, au poste de police, quand un vieil agent non marié m’a brutalisé à cause de mes ongles, j’ai compris que l’on ne recherche pas la beauté dans cette ère. La beauté des apparences, la beauté des pensées et des souhaits, une belle écriture, la beauté des yeux et de la vision, et même la beauté d’une douce voix.

Ma chère mère, mon idéologie a changé et tu n’en es pas responsable. Ma lettre est interminable et je l’ai donné à quelqu’un pour que, lorsque je serai exécutée sans ta présence et sans ton savoir, elle te sera donnée. Je te laisse ce matériel écrit en héritage.
Cependant, avant ma mort, je veux quelque chose de toi, que tu dois me fournir avec toute ta force, quelle que soit la manière dont tu l’obtiens. En fait, c’est la seule chose que je veux de ce monde, de ce pays et de toi. Je sais que tu as besoin de temps pour cela.
Je vais donc te raconter une partie de mon vœu dès maintenant. S’il te plaît, ne pleure pas et écoute. Je veux que tu ailles au tribunal et que tu leur fasses part de ma requête. Je ne peux pas écrire une telle lettre qui serait approuvée par le chef de la prison ; alors une fois de plus, tu dois souffrir à cause de moi. Pour cette chose seulement, je t’autorise à supplier, bien que je t’ai dit à maintes reprises de ne pas supplier de me sauver de l’exécution.

Ma tendre mère, chère Sholeh, qui m’est plus chère que ma propre vie, je ne veux pas pourrir sous terre. Je ne veux pas que mes yeux ou mon jeune cœur deviennent poussière. Tu dois les supplier pour que, dès que je serai pendue, mon cœur, mes reins, mes yeux, mes os et tout ce qui peut être transplanté soit retiré de mon corps et donné à quelqu’un qui en a besoin. Je ne veux pas que le receveur connaisse mon nom, ni qu’il m’achète des fleurs ou même qu’il prie pour moi.

Je te le dis depuis le plus profond de mon cœur : je ne veux pas d’une tombe où tu viendrais pleurer et souffrir. Je ne veux pas que tu portes du noir pour moi. Fais de ton mieux pour oublier mes jours difficiles. Donne-moi au vent, afin qu’il m’emporte.

Le monde ne nous a pas aimé. Il n’a pas voulu mon destin. Et à présent, je lui cède et j’embrasse la mort. Car dans la cour de Dieu, j’accuserai les inspecteurs, j’accuserai l’inspecteur Shamlou, j’accuserai le juge, et les juges de la Cour Suprême du pays qui m’ont tabassé quand j’étais éveillée et n’ont eu cesse de me harceler.

Dans la cour du Créateur, j’accuserai le Docteur Farvandi, j’accuserai Qassem Shabani et tous ceux qui, par ignorance ou avec leurs mensonges, m’ont fait du mal et ont piétiné mes droits et n’ont pas tenu compte du fait que parfois, ce qui semble être la réalité ne l’est en fait pas du tout.

Ma chère et tendre Sholeh, dans l’autre monde c’est toi et moi qui sommes les accusatrices et les autres qui sont les accusés. Nous verrons ce que Dieu désire. Je voulais t’embrasser jusqu’à ce que je meurs. Je t’aime.

09/04/2013

Julius et Ethel Rosenberg…

2013 : soixante ans après l’exécution de Julius et d’Ethel Rosenberg…

1950 : le sénateur Joseph McCarthy lance une « chasse aux sorcières » qui dure de 1950 à 1953, le maccarthysme, visant les sympathisants, militants ou agents communistes poursuivis par le HUAC (House Un-American Activities Committee).

Le 5 avril 1951, deux citoyens américains, Julius et Ethel Rosenberg, sont condamnés à la peine capitale au terme d’un procès à charge et inéquitable. Malgré une très large protestation mondiale, ils seront exécutés par électrocution le 19 juin 1953.

rosenberg,peine de mort

Aux Etats-Unis, la peine de mort reste toujours pratiquée ou au moins légale. Dans les couloirs de la mort, des hommes, au terme de procès uniquement à charge, sont condamnés à cette inacceptable négation des droits, tels Mumia Abu Jamal, Hank Skinner… Pourtant, l’espoir existe puisque tout récemment, un dix-septième Etat américain, le Maryland, a décidé d’un processus législatif qui aboutira à l’abolition sur son territoire.

La Ligue des droits de l’Homme rappelle son attachement à ce que toute justice soit rendue dans des circonstances où les droits des personnes, leur présomption d’innocence, la présentation publique de preuves et leur étude contradictoire soient respectées, et son refus de tout secret dû à un supposé « intérêt supérieur ». Or, dans le cas de l’ « affaire » Rosenberg − euphémisme qui atténue les responsabilités politiques du gouvernement américain de l’époque −, Ethel et Julius Rosenberg ont subi les méfaits d’une justice aux ordres et d’une conception archaïque de la punition.

La Ligue des droits de l’Homme rappelle son opposition totale à tout traitement inhumain, et singulièrement à la peine de mort. C’est l’un de ses engagements majeurs, car aucune cause, aucune politique, aucune situation internationale ne justifient le recours à l’exécution capitale.

Conformément aux décisions prises avec l’ex-Association pour le réexamen de l’affaire Rosenberg, la LDH a pris l’initiative d’une rencontre de débat et de mémoire le 15 juin 2013 pour que l’on se souvienne du soixantième anniversaire de l’exécution des Rosenberg, pour une justice équitable, pour l’abolition universelle de la peine de mort.

22/09/2011

21 septembre 2011, 23h08, Géorgie USA

Avant d'être exécuté, Troy Davis a adressé ce message hier à ses sympathisants dans le monde entier :


"Le combat pour la justice ne s'arrête pas avec moi.
Ce combat est pour tous les Troy Davis avant moi et
tous ceux qui viendront après moi.

Je me sens bien, je prie et je suis en paix.
Mais je n'arrêterai de me battre qu'à mon dernier souffle".

Le 9 octobre 2011, la France fêtera les 30 ans de la promulgation de la loi abolissant la peine de mort. Pour célébrer cet événement, Ensemble contre la peine de mort (ECPM) se mobilise en faisant des temps forts de l’année 1981 ceux de l’année 2011 au travers de nombreuses actions d’information et de sensibilisation du public à l’abolition universelle.

Tout reste à faire

TROY DAVIS,peine de mort, georgie

Le 22 septembre 2008 déjà, il avait transmis la lettre qui suit par l’intermédiaire de sa sœur, Martina Correia :


Prison de Jackson, Etat de Géorgie, Etats-Unis

A vous tous,

Je tiens à vous remercier pour tous vos efforts et votre dévouement en faveur des droits Humains et de la bonté humaine. Au cours de l’année passée, j’ai éprouvé une telle émotion, une telle joie, une telle tristesse et une foi infinie.
C’est grâce à vous tous qu’aujourd’hui je suis en vie. Quand je regarde ma sœur Martina, je suis émerveillé par l’amour qu’elle a pour moi ; bien sûr je m’inquiète pour elle, pour sa santé, mais comme elle me le dit, elle est l’aînée et elle n’abandonnera pas ce combat mené pour me sauver la vie et prouver au monde que je suis innocent de ce terrible crime.

Quand je regarde mon courrier qui vient du monde entier - d’endroits dont je ne pensais pas entendre parler et de personnes dont je pouvais tout juste espérer découvrir un jour par moi-même la langue, la culture ou la religion - je ressens une grande humilité devant l'émotion qui remplit mon cœur d’une joie débordante, irrésistible.

Je ne peux même pas expliquer l’intensité de l’émotion qui monte en moi quand j'essaie d'exprimer la force que vous me donnez, qui se mêle à ma foi et me montre une fois encore qu'il ne s'agit pas d'une affaire de peine de mort, qu’il ne s'agit pas du cas de Troy Davis, mais qu’il s’agit de la justice et de l’esprit humain à l’œuvre pour voir triompher la justice.

Je ne peux pas répondre à toutes vos lettres mais je les lis toutes, je ne vous vois pas mais je peux imaginer vos visages, je ne peux pas vous entendre mais vos lettres m'emportent vers des horizons lointains, je ne peux pas vous toucher mais chaque jour qui passe je peux ressentir votre générosité.
Alors merci.

Rappelez-vous que là où je me trouve, l'exécution peut seulement nous détruire physiquement mais grâce à ma foi, à ma famille et à vous tous, sur le plan spirituel, je suis libre depuis un certain temps et quoi qu’il arrive dans les jours et les semaines à venir, ce mouvement qui vise à mettre un terme à la peine de mort pour obtenir une véritable justice et dénoncer un système qui ne protège pas les innocents doit s’accélérer. Il y a tant d’autres Troy Davis.

Ce combat pour mettre fin à la peine de mort n'est pas gagné ou perdu à travers moi, il l’est à travers la force qui nous permet d’avancer et de sauver chaque personne innocente emprisonnée partout dans le monde. Nous devons démanteler ce système injuste ville après ville, Etat par Etat, pays par pays.

J’attends avec impatience de pouvoir lutter à vos côtés, que ce soit en personne ou par l’esprit, un jour j’annoncerai :

« JE SUIS TROY DAVIS et JE SUIS LIBRE. »

N’arrêtez jamais de lutter pour la justice et nous vaincrons !

Troy Davis

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05/04/2010

Des enfants contre la peine de mort

Selon le dernier rapport d'Amnesty International, outre la Chine, les Etats qui ont le plus recouru à la peine de mort en 2009 sont l'Iran (388 exécutions), l'Irak(120), l'Arabie saoudite (69) et les Etats-Unis (52).

Etats-Unis où trois adolescents, neveux d'un condamné à mort, ont lancé une association contre la peine capitale devenue un pilier de la communauté abolitionniste au Texas.

Gavin, Nick et Nathan Been (12, 13 et 15 ans) ont leur oncle Jeffrey Wood qui est dans le couloir de la mort au Texas. C'est Gavin qui a eu l'idée de fonder Kids Against the Death Penalty, leur propre association abolitionniste. Selon la loi texane, les personnes coupables d'avoir aidé un meurtrier peuvent être condamnées à mort tout comme lui.

Kids Against the Death Penalty from ECPM on Vimeo.