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15/12/2011

Salah Hamouri. LIBRE.

La nouvelle de la libération de Salah Hamouri, détenu jusqu’au 18 décembre par l’Etat d’Israël, est au moins aussi réjouissante que celle de Gilad Shalit, détenu par le Hamas. La réciprocité s’arrête là. Pas l’instrumentalisation, tant les égos individuels et/ou partisans ont à gagner à ergoter sur la valeur de la Liberté selon son origine ou sa destination.

Hypocrisie supplémentaire : hier encore, il était convenu de dénombrer les otages français dans le monde à un moment ou à un autre des JT, en oubliant systématiquement voire sciemment Salah Hamouri. Aujourd’hui on s’arrache et se glorifie de sa double nationalité comme pour mieux faire oublier que la cause palestinienne n’est pas réglée pour autant.

Salah Hamouri libre

Le cynisme des déclarations faites ici ou là qui ont fait suite à l’entrée au forceps de la Palestine à l’UNESCO, (comme celle-ci : «Les Palestiniens ne sont pas un peuple parce qu’ils n’ont jamais eu d’État et qu’ils faisaient partie de l’empire ottoman avant la création d’Israël» dixit Newt Gingrich, candidat républicain à la Maison Blanche) ; la rage des gouvernements qui s’y opposaient (Allemagne, Canada, États-Unis ...), doivent être clairement entendues comme une incitation à la vigilance et au maintien d’une pression internationale pour que l’existence de la Palestine soit un jour reconnue et protégée.

09/12/2011

Martina Davis Correia (1967-2011)

Cette note fait écho à l’exécution de Troy Davis. La disparition de Martina Davis Correia est d’autant plus bouleversante qu’elle précède l’annonce de la non-exécution de Mumia-Abu-Jamal, lui aussi condamné à la peine de mort par une justice raciste.  

Martina Davis Correia, Troy Davis ,Mumia-Abu-Jamal ,Libertes-libertes-cheries

Sandrine Lerma, vendredi 2 décembre 2011 sur Facebook a écrit : 

«Martina Davis Correia, sœur de Troy Davis et infatigable activiste de la lutte contre la peine de mort aux USA, s'est éteinte le 1er décembre après avoir lutté 11 ans contre le cancer du sein sans jamais laissé la maladie entraver sa détermination à lutter contre la peine de mort, tout autant au nom de son frère qu'animée par un sincère désir de justice.

Elle a soutenu jusqu'au bout les causes qui lui étaient chères, l'abolition de la peine de mort et la prévention du cancer de sein avec un courage et une énergie suscitant l'admiration de tous ceux qui ont été, de près ou de loin, touchés par son travail.

Elle restera à n'en pas douter une source d'inspiration pour ceux qui ont été le témoin de son action, bien au-delà des frontières de l'état de Géorgie, et l'une des réponses à la question "L'engagement individuel peut-il vraiment faire une différence?"

Martina Correia s'était vu décerner en 2010 le Prix Seán MacBride Award décerné par Amnesty International Ireland pour sa contribution exceptionnelle à la cause des droits humains.

En 2009, son travail avait déjà été récompensé par le Georgia Civil Liberties Award décerné par l'American Civil Liberties Union et le Frederick Douglass Award, attribué par le Southern Center for Human Rights.»

Son fils De'Jaun, ainsi que Kimberly, Ebony et Lester, ses frère et sœurs, peuvent être fières d’elle. Il nous appartient de relayer sa lutte pour l’abolition de la peine de mort, et ce au moment où l’on s’apprête à commémorer la Déclaration universelle des droits de l’Homme le 10 décembre 2011

06/12/2011

L’héritage de la chouette

Documentaire réalisé en 1989 et mis en scène à partir de douze mots de racine grecque par Chris Marker, cinéaste et philosophe, auteur de "La Jetée", qui les décortique pour faire apparaître ce dont nous avons hérité de la Grèce antique.

Des États-Unis au Japon, il a baladé sa caméra là où tout mot prend sens, il a rencontré tout un aéropage d'hellénistes, logiciens, hommes politiques, artistes et a confronté leurs discours aux mémoires des cinémathèques.

Ce n’est pas un hasard si la chouette, symbole de la Grèce, avec ses immenses yeux incrédules, est omniprésente derrière les intervenants. Elle suggère la méfiance envers les opinions émises et invite à trier entre ce que nous savons et ne savons pas.

chris marker,l'héritage de la chouette,grèceCe documentaire rare et très peu distribué
est à consulter en 13 épisodes dans l’ordre
ou le désordre via le lien ...
http://gorgomancy.net/azertuyop/

 Découpage :

1. "Symposium" ou les idées reçues

A Paris, Tbilissi, Athènes et Berkeley, des historiens se prêtent au jeu de la reconstitution du « symposium », le banquet grec, autour de tables garnies de mets et de vin. Dans ce premier volet et parfois dans les suivants, leur discussion à bâtons rompus explorent divers thèmes et rejoint, au fil des digressions, des interventions isolées.

2. "Olympisme" ou la Grèce imaginaire

L’héritage de la Grèce, recomposé dans l’imaginaire contemporain, a parfois donné lieu à de terribles détournements au profit d’idéologies totalitaires comme le nazisme. Les jeux olympiques de 1936 à Berlin sont à cet égard symboliques, et la représentation du corps dans « Olympia » de Leni Riefensthal témoigne de la récupération d’un idéal au profit d’une toute autre esthétique.

3. "Démocratie" ou la cité des songes

Que recouvre précisément le mot « démocratie » lorsqu’il désigne la cité-état antique ou nos systèmes politiques contemporains ? Quelles sont les anologies ou, au contraire, les différences radicales entre des réalités séparées de plus de vingt siècles ? Certains fonctionnements ne sont-ils pas propres à toutes les civilisations ?

4. Nostalgie ou le retour impossible

Ithaque, emblème de la patrie lointaine que nul ne doit oublier : tel serait l’enseignement universel de l’« Odyssée » d’Homère. Quels liens peuvent se tisser entre une Grèce moderne dont l’histoire fut tourmentée par tant d’exils et la Grèce antique dont l’héritage est revendiqué par toute l’humanité ? Pour Vassilikos, Ionatos et Svoronos, le mot qui définit le mieux les Grecs est « nostalgie ».

5. "Amnésie" ou le sens de l’histoire

Fondée sur le témoignage ou « l’autopsie », qui signifie littéralement « se voir soi-même », notre conception de l’Histoire s’est beaucoup transformée depuis Hérodote. A des réflexions sur l’histoire, sur la relation entre politique et mémoire, succèdent les paroles de Vassilikos et de Kazan sur la génèse difficile de la Grèce contemporaine.

6. "Mathématique" ou l’empire des signes

L’héritage que nous ont imposé les Grecs avec l’espace géométrique et le langage mathématique émerveille Serres. Pourtant, à la base de l’intelligence artificielle se trouve l’algorithme arabe qui apparaît déjà dans l’écriture hiéroglyphique ou cunéiforme. Andler évoque la recherche d’une articulation entre la logique parfaite d’Aristote et l’incertitude qui règne dans les sciences cognitives.

7. "Logomachie" ou les mots de la tribu

Tous les sens de « logos » ont jailli d’un petit territoire entre Ephèse et Patmos. Selon Aristote, l’animal humain lutte avec une arme spécifique, la parole, et dans l’univers de la dialectique, ceux qui doivent s’entendre, explique Sissa, ne doivent pas se battre, mais utiliser tous les pièges de la persuasion. Le destin du logos serait-il la « logomachie », la bataille des mots ?

8. "Musique" ou l’espace de dedans

« L’art a souvent voulu imiter le réel alors qu’il devrait créer des univers sans précédents », dit Xenakis qui, comme Ionatos, tente d’expliquer ici sa vocation musicale. Loin de là, Patmos, lors de la Pâque orthodoxe… sublime lieu d’élection pour une méditation sur la musique antique puis chrétienne.

9. "Cosmogonie" ou l’usage du monde

Pour cette réflexion sur la création, Serres part de la statuaire grecque, puis Marker nous entraîne sur les pas d’une Koré de l’Acropole exposée à Tokyo. Le mystère de la cosmogonie divine est exploré par Castoriadis et Xenakis, qui s’interroge aussi sur la créativité de l’homme. Parmi les idoles que nous érigeons, Vernant présente la face monstrueuse de la Gorgone, miroir de la mort.

10. "Mythologie" ou la vérité du mensonge

Il existe un ensemble de mythes auxquels nous nous référons toujours. Steiner s’interroge sur leur genèse et leur place dans le psychisme. Ploritis évoque leur propagation ; Yoshida montre qu’ils ont été transmis au Japon dont la religion présente de fortes affinités avec ce polythéisme grec dont Nietzsche fit un modèle de tolérance car il n’engendra aucun massacre.

11. "Misogynie" ou les pièges du désir

La conception grecque de la sexualité était très différente de la nôtre. Que pensaient les Grecs du désir ? Murray et Sissa expliquent différents enjeux sociaux de l’homosexualité masculine. Objets de conquêtes ou mères, les femmes ont un statut d’éternelles mineures et semblent réduites au silence dans la cité. Pourtant, les dramaturges ont donné vie à des femmes hors du commun.

12. "Tragédie" ou l’illusion de la mort

La scène débute dans un petit bar de Tokyo, La Jetée, où l’on discute des Atrides et d’Angelopoulos. La parenté entre la Grèce et le Japon est justifiée par Xenakis et Vassilikos, puis viennent des explications sur la tragédie. Mais qui est responsable du devenir de cet héritage? Les Grecs modernes, proclame Minotis, aussitôt démenti par les images d’une « Médée » montée en Grèce par Yukio Ninagawa.

13. "Philosophie" ou le triomphe de la chouette

Honneur à la chouette, emblème de sagesse : à l’instar du philosophe elle sonde les ténèbres… Exprimés avec passion ou austérité, les avis divergent sur la définition de la philosophie. Serres, avec gravité, récuse l’idée d’une philosophie au service du pouvoir, tandis qu’au cours du banquet réuni à Tbilissi, un hommage serein est rendu à l’art du dialogue et à la belle mort du philosophe.

02/12/2011

La gangrène et l’oubli

Dans « La gangrène et l’oubli », Benjamin Stora écrivait en 1998 :
«La levée des sanctions à l’égard de responsables d’atrocités commises pendant la guerre d’Algérie interdit de vider l’abcès, puisqu’il y a effacement des repères qui distinguent entre ce qui est crime et ce qui ne l’est pas. (…)»

A partir de la fin de la guerre d’Algérie, les autorités françaises ont promulgué une succession d’amnisties et de grâces vis-à-vis des militaires qui avaient eu recours à la torture. Le général Bigeard en a bénéficié. D’après Gilles Manceron, membre de la LDH et rédacteur d’une de ses revue « Hommes et Libertés » :

« Ce furent d’abord les décrets promulgués lors des accords d’Évian, les 20 mars et 14 avril 1962, qui effaçaient à la fois les "infractions commises avant le 20 mars 1962 en vue de participer ou d’apporter une aide directe ou indirecte à l’insurrection algérienne", et celles "commises dans le cadre des opérations de maintien de l’ordre dirigées contre l’insurrection algérienne". Puis vinrent quatre lois successives. La première, du 17 décembre 1964, concernait les "événements" d’Algérie et fut suivie, le 21 décembre, d’une grâce présidentielle pour 173 anciens membres de l’OAS. Celle du 17 juin 1966 amnistiait les "infractions contre la sûreté de l’État ou commises en relation avec les événements d’Algérie". Vint ensuite, en pleine crise de Mai 68 et liée directement à elle, la grâce du 7 juin 1968 concernant, cette fois, tous les membres de l’OAS qui étaient encore détenus ; elle fut suivie de la loi du 24 juillet effaçant toutes les infractions liées aux "événements" y compris celles "commises par des militaires servant en Algérie pendant la période". Cette loi, malgré le dépôt d’un amendement socialiste allant dans ce sens, ne stipulait pas encore la réintégration des intéressés dans leurs fonctions civiles ou militaires ni dans leurs droits à porter leurs décorations. »

torture algérie, bigeard, invalides

« Ce fut chose faite après l’arrivée de la gauche au pouvoir. Déjà, en 1965, l’extrême droite proche de l’OAS avait été appelée à se rallier à la candidature de François Mitterrand ; l’année suivante, un projet de loi déposé par Guy Mollet, Gaston Deferre et le même François Mitterrand avait proposé le rétablissement des condamnés de l’OAS dans leurs grades et leurs fonctions ; et, en 1972, le programme commun de la gauche ne comportait aucune référence ou allusion aux suites de la guerre d’Algérie ni à la lutte pour la décolonisation. Avant les élections présidentielles de 1981, des négociations menées par des proches du candidat François Mitterrand aboutirent à l’appel du général Salan à voter Mitterrand et, entre les deux tours, à celui de l’organisation de rapatriés le RECOURS à "sanctionner" Valéry Giscard d’Estaing. C’est donc bien dans la ligne de cette politique que fut votée le 3 décembre 1982 la dernière des lois d’amnistie réintégrant dans l’armée les officiers généraux putschistes et permettant même les "révisions de carrière" nécessaires à la perception de l’intégralité de leurs retraites. Cela, au nom de l’argument formulé par François Mitterrand : "Il appartient à la nation de pardonner." »

Aujourd’hui, il n’est donc plus question de pardonner, mais d’honorer carrément le général Bigeard, commanditaire de la torture en Algérie (!!!) et ce, malgré des témoignages sans équivoque.

Une des chevilles ouvrières de cette histoire aussi grotesque qu’abjecte est l’actuel ministre de la Défense Gérard Longuet, créateur à l’époque du Mouvement Occident (extrême droite).
Ne pouvant pas faire disperser les cendres du général au dessus de Dien Biên Phù, les autorités vietnamiennes s’y opposant, notre ministre a adressé une lettre à la fille du général, pour lui proposer que les cendres de son père soient transférées aux Invalides. Celle-ci a finalement donné son accord à ce transfert, pour lequel aucune date n’a encore été fixée, a-t-on précisé au ministère de la Défense (AFP (17/11/2011 à 18:34).

Bien qu’aucune lettre ne nous soit parvenue pour que nous donnions notre avis (!), nous pouvons l’exprimer en signant une pétition qui s’oppose à cette provocation.