25/06/2014
Extrêmes droites, écran et conséquence
L’émergence des extrêmes droites européennes tomberait-elle à pic pour masquer la dangerosité effective des politiques austéritaires ?
Ne serait-elle qu’un écran derrière lequel fonctionnerait en toute impunité une mécanique très privée puisque privant les peuples du bien-être et du surcroît d’humanité qui leur fait défaut et auxquels ils aspirent, encore ?
Ce faisant, l’émergence des extrêmes droites européennes, agissant comme écran et conséquence, n’aurait-elle pas été fomentée par ceux-là même qui font semblant de s’en plaindre au nom de l’idéologie libérale dénuée de sens moral ?
« Les causes sont à rechercher du côté de la politique d’austérité et des contraintes économiques, financières, réglementaires qui en considèrent les conséquences comme un dégât collatéral inévitable. »
Reste le spectacle. Mais tout se passe en coulisse, hors champ.
Pas d’Europe sans les droits ! Résolution adoptée par l’Assemblée Générale de l’AEDH des 21 et 22 juin 2014
Bruxelles, le 23 juin 2014
Réunie en Assemblée générale à Bruxelles les 21 et 22 juin 2014, l’AEDH, Association européenne pour la défense des droits de l’Homme, confirme son engagement et celui de ses organisations membres pour l’Europe des droits.
Le résultat des élections des députés au Parlement européen, le taux d’abstention extrêmement élevé et l’ampleur du vote d’extrême droite dans nombre de pays européens pour les différentes formations xénophobes et/ou nationalistes sont inquiétants. La responsabilité est des partis politiques qui en Europe ont fait leurs ces solutions d’exclusion au nom de réalisme électoral dévastateur. Au lieu de rassembler les citoyennes et les citoyens sur des objectifs de démocratie et de progrès social, le projet européen se perd dans le rejet puis dans un repli à l’abri des frontières nationales. Ce désengagement est fait de désillusions, d’atermoiements, de progrès non réalisés et enfin de reculs des droits tout particulièrement dans les États soumis aux politiques d’austérité mises en place par la Troïka. Refusant toute construction européenne, des déclarations « anti systèmes » démagogiques se réclament ainsi de la souveraineté du peuple, pour proposer le retour à la préférence nationale avec comme mesures centrales la chasse aux immigrés, la sortie de l’euro, le retour au seul marché, la fermeture des frontières. Comme si la concurrence de tous contre tous à tous les niveaux, locaux, nationaux, européens, voire mondiaux était créatrice de richesses. Comme si le but était d’institutionnaliser une division de l’Europe entre son Sud et son Nord.
Partout en Europe des forces politiques progressent en exigeant d’exclure des populations entières vivants sur leur territoire national, leurs solutions gisant dans l’exclusion des plus pauvres, des plus faibles, des plus précaires. Si ces discours qui mettent en cause l’accès universel aux droits politiques, économiques, sociaux, culturels, environnementaux, trouvent un écho, c’est que les politiques publiques, européennes et nationales ne garantissent plus maintenant un avenir d’égalité et de solidarité et de convergence entre les conditions de vie et d’accès effectif aux droits dans les pays de l’Union européenne.
Malgré le désenchantement vis à vis de la construction européenne que traduit le vote aux européennes, les dirigeants des États-membres et de la Commission continuent à prôner les mêmes politiques qui éloignent les institutions européennes des citoyens. L’AEDH s’inquiète tout autant de cet aveuglement que de l’éloignement des Européens et plus largement de tous les résidents. Les causes sont à rechercher du côté de la politique d’austérité et des contraintes économiques, financières, réglementaires qui en considèrent les conséquences comme un dégât collatéral inévitable.
L’Europe a besoin de plus de démocratie, de plus de services publics, de plus de lutte contre les inégalités subies par les plus défavorisés. L’Europe doit rompre avec les politiques qui privilégient les profits des banques et des entreprises multinationales. L’Europe aspire à plus d’égalité et de solidarités sociales. C’est le sens du Manifeste de l’AEDH, commun aux 31 organisations qui la composent issues de 22 pays de l’Union et de la Suisse. Elle appelle toutes et tous à entendre nos demandes, et les suivre. Parce que l’Europe des droits de l’Homme, c’est maintenant, pour toutes celles et tous ceux qui y résident, y vivent, y travaillent. L’AEDH proclame qu’il n’y a de voie que dans les droits.
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