Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

31/03/2015

« On a besoin d'un fantôme »

Ne jamais oublier : « Un dictateur ridiculisé est foutu. »

On a besoin d'un fantôme


En 1943, Hanus Hachenburg, âgé de 13 ans, se retrouve comme des milliers d'autres jeunes internés dans le camp de concentration de Terezín. Il crée une œuvre théâtrale, tombée depuis dans l'oubli. Une étudiante l'a retrouvée.

La trouvaille historique laisse rêveur. Soixante et un ans après la mort Hanuš Hachenburg, une étudiante strasbourgeoise en théâtre a fait la découverte de sa vie. Le témoignage est d'autant plus glaçant, qu'il est sorti tout droit de l'imagination d'un enfant de 13 ans interné dans un camp nazi. « On a besoin d'un fantôme » raconte l'histoire d'un roi, Analphabète Ier, qui veut absolument que tout le monde pense comme lui. Pour épouvanter ses sujets, il décide de créer un fantôme d'État. Les Saucissons Brutaux, qui constituent sa garde rapprochée, arrêtent toutes les personnes de plus de soixante ans afin de récupérer leurs ossements. Les centres de ramassage se remplissent des vieillards du royaume dont les os permettront de fabriquer le fantôme. Honza livre son grand-père famélique pour le bien de la nation, le Juif implore le tyran, et la Mort ne fait plus peur...

Cette pièce de théâtre a été écrite pendant la Seconde Guerre mondiale par un jeune auteur. Il se nomme Hanuš Hachenburg. Il est juif comme les 15.000 autres enfants internés dans le camps. Malgré son jeune âge, le garçon qui n'a que 13 ans, manie avec talent ironie et humour noir. Cette pièce pour marionnettes parue sous forme manuscrite en 1943 dans le journal Vedem, une revue clandestine tenue par les enfants de la baraque n°1 de Terezín. Un espace précieux d'analyse et de création unique dans l'histoire des camps nazis.
Les horreurs de la guerre à travers les yeux d'un enfant.




Éditée pour la toute première fois, cette œuvre étonnante et lucide est accompagnée de poèmes du jeune auteur, de dessins du ghetto et du fac-similé tchèque de la pièce. Cette édition augmentée permet de mieux mesurer la résistance artistique des enfants de Terezín et l'incroyable talent d'un garçon assassiné à Birkenau en juillet 1944. Puis le texte disparaît et le temps passe.

En 2009, Claire Audhuy travaille sur une thèse sur le théâtre dans les camps de concentration nazis pour l'université de Strasbourg. Elle envoie des centaines de tracts aux associations de déportés, amicales d'anciens combattants et de résistants, en russe, polonais, allemand: «Avez-vous été témoin d'une pièce de théâtre pendant que vous étiez déporté?» explique-t-elle sur le site rue 89.

L'étudiante ne reçoit aucune réponse. Jusqu'au jour où son téléphone sonne. Une victime de la Shoah résidant à Prague ose l'appeler: «C'était une toute petite voix, frêle, qui semblait appeler du bout du monde. Il s'agissait d'une femme âgée qui avait vu mon annonce et qui se souvenait avoir assisté à une représentation alors qu'elle était au camp de Terezin en Tchéquie en 1943.»

Dès lors, l'étudiante, aujourd'hui docteur en études théâtrales à l'Université de Strasbourg, part à la recherche de ce document inestimable. Elle le trouve par hasard lors des recherches qu'elle a effectuées sur le théâtre de l'extrême dans les archives du mémorial de Terezín.
Un texte conservé par un rescapé du camp

«J'étais venue pour chercher dans les archives sans vraiment savoir ce que j'allais trouver. J'ai feuilleté par hasard le magazine Vedem, qui est un magazine clandestin créé par des jeunes enfants de Terezín. Je pense que je n'étais pas sur le bon chemin. J'étais en train de chercher une pièce de théâtre et je regardais un manuscrit du journal clandestin, donc, normalement, il n'y avait pas vraiment de lien. Et par hasard, dans les huit cents pages de ce magazine Vedem, il y avait la pièce de théâtre « On a besoin d'un fantôme ». C'était vraiment une grande surprise et un accident. Je n'aurais jamais dû la trouver normalement.»

Conservée grâce à un rescapé de Terezín, Zdeněk Taussig, la pièce dont l'auteur est mort quelques mois plus tard à Auschwitz-Birkenau, a été montée pour la première fois en 2001 par un Australien, Garry Friendmann. L'œuvre n'avait encore jamais fait l'objet d'une publication. Claire Audhuy explique pourquoi non seulement la pièce, mais aussi l'histoire de son jeune auteur Hanuš Hachenburg lui tiennent particulièrement à cœur:

«Il a été déporté à Terezín, puis il est mort à Auschwitz. À Terezín, il a écrit une pièce de théâtre clandestine. Il ne nous reste plus rien d'Hanuš puisqu'il avait treize ans. Donc, je pense qu'il a été plutôt oublié. La seule chose visible qui reste d'Hanuš à Prague, c'est une petite plaque mémorielle qui a été posée au sol devant son orphelinat.»
La pièce de théâtre est rejouée par des enfants

Depuis l'année dernière, Claire Audhuy a mis sur pied un projet spécial afin de présenter cette œuvre et son contexte historique aux élèves des écoles de Genève, en Suisse. Divisés en dix groupes, quelque 140 élèves âgés de 13 et 14 ans ont eu la possibilité de monter cette pièce à l'aide de professionnels du théâtre. «Le texte de la pièce est assez compliqué. C'est-à-dire qu'il y a beaucoup d'humour noir et surtout beaucoup de références historiques. Si la pièce pouvait être assez claire pour Hanuš et ses camarades en 1943, elle n'était pas tout-à-fait abordable pour des élèves d'aujourd'hui», explique-t-elle.

«Nous avons dû expliquer certaines parties et surtout le contexte dans lequel elle a été écrite. Au début, les élèves étaient tout à fait perturbés par le texte et ils ne comprenaient pas un certain nombre des choses. Ils avaient surtout une grande appréhension du texte. Ils n'imaginaient pas une seconde que le texte puisse être drôle. Alors que pour moi, il est très drôle.»

Aujourd'hui, l'œuvre est publiée aux éditions Rodéo d'âme. Elle est préfacée par George Brady, rescapé de Terezín et camarade de déportation d'Hanuš Hachenburg. La publication, qui a bénéficié du soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, contient également le fac-similé tchèque, des dessins du ghetto ainsi que divers poèmes du même auteur.

On peut aussi commander cette œuvre à la Fondation pour la Shoah.

25/03/2015

BDS à Montpellier, buzz pour tous

La Ligue des Droits de l’Homme ne saurait cautionner l’antisémitisme, serait-il recouvert du voile de la campagne « Boycott - Désinvestissement – Sanction » en soutien à la juste cause palestinienne.

Il est assez pénible d’avoir encore à réclamer la suppression des circulaires dites Alliot-Marie du 12 février 2010 et Mercier du 15 mai 2012 enjoignant au Parquet d’engager systématiquement des poursuites contre celles et ceux qui ont librement et justement choisi l’arme BDS pour marquer leur solidarité avec le peuple palestinien, pour que la mauvaise foi et l’incompréhension viennent encore polluer une situation particulièrement douloureuse et servir de marchepied à l'antisémitisme tout en dé-servant la cause palestinienne.
Pour mémoire, au mois de mai 2014, la LDH a pris position en faveur de personnes incriminées pour cause de campagne « BDS » et s’est félicitée de leur relaxe par la cour d’appel de Montpellier.

BDS Montpellier
Maj du 08/04/14 : Bénédicte Bauret, membre du Comité Central de la LDH, est partie prenante de la campagne BDS.
Elle apporte la preuve que la LDH n'est pas opposée à cette campagne pourvu qu'elle se tienne à l'écart de tout antisémitisme.


En tout état de cause, la plainte déposée contre des militants BDS de Montpellier et qui fait grand bruit puisqu’elle a été déposée par la LDH, ne devrait pas être considérée comme «sidérante» puisqu’elle porte la marque d’une incompréhension évidente, voire d’une volonté de nuire à notre association qui s'est notamment construite, il y a plus de cent ans autour de l'affaire Dreyfus.
Ci-après le communiqué de la section LDH de Montpellier, qui n’a malheureusement pas été relayé par les soutiens du comité BDS France 34 et qui est très explicite quant aux raisons de la plainte portée par la Ligue des Droits de l’Homme.
Autant le lire avant de dire n’importe quoi et de faire semblant d'oublier que L’ANTISIONISME EST UNE POSITION POLITIQUE, L’ANTISÉMITISME UN DÉLIT.


Extraits du communiqué de la section LDH de Montpellier

La LDH Montpellier entend réagir à l’appel à soutenir une des animatrices de BDS France 34 qui sera entendue au commissariat ce jeudi 19 mars 2015.
(...) les propos litigieux (euphémisme), que tout un chacun pouvait lire sur Facebook, sont les suivants :

  • « Les nazis et les sionistes sont deux revers de la même médaille, ce que fait le sionisme l’a déjà fait le Nazisme au millimètre près ; c’est la même école »
  • « Ce que faisait Hitler aux juifs était fait exprès pour que le monde sympathise avec eux et leur donne tous les droits, jusqu’aujourd’hui ils nous sortent cette histoire d’Hitler (Shoa) ils ont tout eu à cause d’Hitler »
  • « Ce que faisait Hitler aux juifs était voulu et prémédité pour un but bien précis, une tactique propre aux juifs comme le grand mensonge du 11 septembre et bien d’autres… Ils ont sacrifiés quelques juifs pour avoir tout ce qu’ils ont aujourd’hui, Hitler a participé à la colonisation de la Palestine, il faisait partie du plan »
  • « La relation d’Hitler avec la famille Rothschild cette famille juive et satanique qui possède toutes les terres de la Palestine et qui est l’une des plus puissante famille au monde ».

 

BDS Montpellier
L'illustration qui accompagnait le tract du Comité BDS 34 !!!
Mise à jour du 07/04/15 : cette illustration est un « fake » imputé à tort au comité BDS 34 qui, par son absence de prise de position contre tout antisémitisme, contribue largement à entretenir la confusion autour de cette campagne BDS et la décrédibilise.

 

(...)
La LDH qui, avant de porter plainte, a demandé que l’intéressée publie sur son compte Facebook une condamnation ferme de l’antisémitisme, c’est-à-dire un texte distinguant l’antisionisme de l’antisémitisme, ne peut que déplorer que ces faits aient dû conduire à une plainte pénale et que la raison n’ait pas prévalue.
La reconnaissance d'avoir commis une erreur, la condamnation sans équivoque de l’antisémitisme pour ce qu’il est, une haine de l’autre, une négation de l’humanité de chaque personne, ont été attendus par la LDH durant plusieurs semaines.
(...)
Comme le rappelait M. Hael AL FAHOUM, ambassadeur, chef de la mission de Palestine en France, lors de sa venue à Montpellier à l’automne 2014, l’antisémitisme dessert la cause palestinienne. Mais au-delà il méconnaît notre humanité.
L’antisémitisme dessert la cause palestinienne.

Le communiqué du siège de la LDH paru le 30 mars 2015

Autre son de cloche

Les commentaires reçus à propos de cette note ne se désolidarisant toujours pas de l'approche antisémite mise en évidence dans la campagne du groupe BDS 34, nous oblige à prendre l'initiative de les fermer.

 

09/03/2015

Banlieues : les leçons étrangères de la politique de la ville

Le discours sur « la fin des banlieues » a des ressorts qui peuvent rappeler d’autres rhétoriques abolitionnistes, sur la drogue ou la prostitution par exemple. On dessine une utopie apparemment émancipatrice, mais on se dispense d’une réflexion sérieuse sur la fonction sociale des phénomènes que l’on prétend éradiquer.
Le politique se range du côté de la morale majoritaire – chacun peut ainsi se retrouver dans l’idée que la ségrégation est un fléau – mais le pas est vite franchi pour faire porter aux victimes la responsabilité de leur problème.

Quelques bases de réflexion sur les inégalités territoriales pour faire suite à une initiative et à une note parue le 8 octobre 2014, visible ici.

banlieues,inégalités territoriales

La politique de la ville est un échec en France depuis 30 ans. Gauche et droite adoptent les mêmes recettes, qui ne débouchent que sur peu de résultats concrets. Mais comment font les pays étrangers ? N'y a-t-il pas des solutions à aller y chercher ? Entretien avec Thomas Kirszbaum, sociologue qui a dirigé l'ouvrage En finir avec les banlieues.


Thomas Kirszbaum : « En finir avec les... par Mediapart

Qui croit encore aux vertus de la politique de la ville ? Cela fait 30 ans que gauche et droite échouent à redynamiser les banlieues. Les recettes sont souvent les mêmes, les résultats par conséquent identiques. L'ambitieux programme de rénovation urbaine initié par Jean-Louis Borloo a changé l'apparence de certains quartiers. Moins souvent la vie de leurs habitants. Le diagnostic, en partie dressé par la Cour des comptes, est précisément établi dans le livre En finir avec les banlieues ? Le désenchantement de la politique de la ville (éditions de l'Aube), un ouvrage collectif dirigé par Thomas Kirszbaum, sociologue, chercheur à l'École normale supérieure de Cachan.

La dernière partie de l'ouvrage est consacrée aux réponses apportées à l'étranger, notamment en Grande-Bretagne, en Allemagne et aux Pays-Bas. Comment les habitants sont autorisés à se saisir directement des problématiques qui les concernent ? Comment est envisagée la mixité sociale ? À quel point sont prises en compte les particularités ethniques ? Pas de solution magique, mais des pistes, des idées, dont la France pourrait s'inspirer.

04/03/2015

Un silence très inquiétant

Le 12 février dernier, des milliers de personnes se sont mobilisées dans toute la France à l’occasion d’une nuit solidaire pour exiger des pouvoirs publics une politique sociale qui soit enfin à la hauteur de l’intensification de la pauvreté dans notre pays. A Paris, plusieurs centaines de personnes ont prolongé la soirée et dormi dehors, par solidarité envers les 142 000 personnes sans domicile fixe, qui chaque jour doivent affronter la violence d’une société de plus en plus inégalitaire.

sdf, logement
Un SDF retrouvé mort dans son véhicule à Château-Arnoux (04)

Le gouvernement n’a formulé aucune réponse à cette mobilisation citoyenne. Pourtant, le bilan du Plan quinquennal contre la pauvreté révèle l’échec de la politique du logement et de l’hébergement :

  • L’engagement de mettre fin à la gestion au thermomètre de l’hébergement en favorisant l’accès direct au logement et la création d’hébergements pérennes n’a pas été tenu. Outre la situation dramatique du 115 qui ne répond qu’à une demande sur deux, des milliers de personnes sans abri sont menacées d’être remises à la rue sans solution lors de la fermeture des places hivernales à partir du 31 mars.
  • Le constat est alarmant sur le front du logement. Alors que la trêve des expulsions locatives prend fin au 31 mars, plus de 120 000 décisions de justice prononçant l’expulsion pour impayé de loyer ont été délivrées en 2013, chiffre jamais atteint auparavant. Les coûts du logement sont plus que jamais déconnectés de la précarisation des ménages. Or seuls 110 000 logements sociaux ont été financés en 2014, loin de l’objectif de 150 000 fixé par le gouvernement. Le budget consacré à la construction de logements sociaux a encore diminué dans le Projet de Loi de Finances 2015. D’autre part, la garantie universelle des loyers prévue dans le Plan a été réduite à la portion congrue, excluant de façon inacceptable les locataires sans emploi.

À la veille de la présentation par le Premier Ministre des nouvelles orientations du Plan quinquennal devant le Conseil National de Lutte contre les Exclusions, nous exigeons de la part du gouvernement la mise en place de dispositions ambitieuses permettant de respecter trois engagements fermes et immédiats :

  • Personne ne doit être contraint de vivre à la rue,
  • Personne ne doit être remis à la rue sans solution de logement ou d’hébergement pérenne à la fin de l’hiver,
  • Personne ne doit être expulsé de son logement ou d’un terrain sans solution alternative.

Ces engagements ne sont possibles qu’à condition de développer l’offre de logements à bas loyers et d’hébergements pérennes pour répondre aux besoins des personnes modestes et des plus fragiles. D’où la nécessité d’une loi de programmation ambitieuse de logements, qui prévoit la construction de logements sociaux et très sociaux, la mobilisation massive du parc privé à vocation sociale et la création d’un nombre important de pensions de famille. Si les préfets, les collectivités locales, les bailleurs et les associations doivent être mobilisés dans ce cadre, le Collectif attend une réaction forte de la part du gouvernement.

Paris, le 2 mars 2015

 cauLes 34 associations du Collectif