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25/02/2015

Roses rouges à Gaza

Le collectif PALESTINE 04 "URGENCE DE LA PAIX ET DU DROIT"
se réunira le lundi 2 mars à 19h
à la maison des associations de Manosque (Bd du temps perdu)

Gaza

 

Différentes façons de mourir pour les Palestiniens

Six mois après la fin des combats à Gaza, la population palestinienne reste soumise à un double blocus, celui d’Israël et celui des autorités égyptiennes. Aucune des promesses faites de reconstruction n’a été tenue et la « communauté internationale » laisse faire. Les Palestiniens ont simplement le choix entre différentes façons de mourir, plus ou moins lentes.

C’est le 14 février et le jour de la Saint-Valentin se déroule de manière inhabituelle à Gaza. Les rues de la ville sont animées, la couleur rouge domine, comme si la fête de l’amour lui avait donné le baiser de la vie, ne serait-ce que pour un jour. Les fleuristes ont préparé les roses et les cadeaux, timidement et sans ostentation, de peur de la ronde des salafistes qui font chaque année la tournée des boutiques pour interdire de fêter la Saint-Valentin. Pour l’occasion, Abou Mahmoud, 32 ans, a fait provision de 140 ours en peluche et de 1 200 roses rouges qu’il les a laissés à l’intérieur de son magasin pour éviter que les salafistes ne viennent lui donner un cours de religion. À la fin de la journée, il avait épuisé son stock, comme si Gaza était assoiffée d’amour. Les salafistes n’ont pas fait leur ronde, les agents de police ne sont pas intervenus comme d’habitude pour interdire la couleur rouge, comme s’ils avaient mesuré l’abattement que ressentent les habitants de Gaza depuis la fin de la guerre de cet été 2014 et décidé finalement de fermer les yeux. C’est Gaza, avec ses contradictions. Mais au matin du 15 février, la vie reprend ses traits sinistres et les visages se referment. Comme si l’apparente gaité de la veille n’était qu’une pièce de théâtre jouée sur une immense scène par la ville tout entière, parée pour la circonstance et dont le maquillage aurait disparu à l’aube.

Désespérance au quotidien

Les multiples problèmes des habitants reprennent le dessus. L’électricité est coupée pendant 12 heures par jour et il faut composer avec la fermeture du terminal de Rafah. Depuis la chute du président égyptien Mohamed Morsi en juillet 2013 en effet, la fermeture est quasi permanente et les jours où le terminal a été ouvert se comptent sur les doigts d’une main. Le paiement des salaires des 40 000 fonctionnaires de l’ancien gouvernement du Hamas est suspendu depuis juillet 2014. De même, les fonctionnaires de l’Autorité palestinienne à Gaza ne reçoivent que 60 % de leurs salaires, après le prélèvement par Israël de taxes sur les sommes allouées à l’Autorité palestinienne. Et, pour couronner le tout, les projets de reconstruction ont été interrompus, du fait de la non-réactivation de la réconciliation intra-palestinienne. Gaza traverse une période de désespoir collectif. Selon Ahmad Youssef, dirigeant du Hamas, «  le pays passe par une période difficile marquée par la crise. Gaza continue de rêver de réconciliation, de voir un gouvernement de consensus national remplir son rôle de manière adéquate, et attend un agenda pour le rétablissement des salaires et la reconstruction. Malheureusement, nous faisons du surplace.  » Il ajoute que, du fait de la division intra-palestinienne et de l’interruption des travaux de reconstruction, la situation se dégrade et la vie quotidienne devient de plus en plus difficile. Les habitants de Gaza pensaient que la fin de la guerre féroce de l’été 2014 serait également celle du calvaire. En tout cas, telle était la conviction du Hamas, pour lequel cette guerre devait déboucher sur la recherche d’une solution à la crise régionale, notamment après la chute des Frères musulmans en Égypte. Or, c’est le contraire qui s’est passé. La souffrance des habitants est encore plus grande : celle des familles meurtries par le décès des leurs, campant au milieu de plus de 20 000 maisons inhabitables. Un désastre qui nécessiterait des dizaines d’années de reconstruction, sans compter les centaines de familles qui continuent d’habiter dans les écoles de l’UNRWA1 ou qui sont hébergées par des proches2. Watan Sukkar, 31 ans, vivait avec sa femme et quatre enfants dans une classe de l’une de ces écoles de la United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East (UNRWA) dans le camp Al-Shate. Il raconte : «  Nous n’avons pas d’argent pour louer un logement, nous avons vécu ici pendant six mois, jusqu’à ce que je puisse déménager chez mon père, il y a de cela deux semaines.  » Sukkar a perdu sa maison dans les derniers bombardements sur le quartier de Chajaya. Dans la classe de l’école qu’il habitait avec sa famille, ils n’avaient que quelques matelas, sans compter que le point d’eau le plus proche était à 200 mètres. Dans une autre école, on rapporte l’histoire de cette famille dont le nourrisson a péri et les autres membres blessés dans un incendie déclenché par un court-circuit. Les habitants de Gaza ont expérimenté diverses formes de mort au cours de huit années de siège. Ils savent qu’on peut mourir du fait de bombardements aériens ou terrestres, ou dans les incendies causés par des bougies en raison des coupures d’électricité, ou à cause du temps d’attente trop long aux terminaux avant d’arriver à l’hôpital. On peut aussi mourir de froid, comme ces quatre enfants morts en janvier dernier, ou noyé dans l’une des barques qui acheminent des migrants illégaux, comme ceux qui ont disparu le 6 septembre 2014 dans une tentative désespérée de se forger un autre destin3. Certains de ces candidats à l’exil sont morts par étouffement dans les tunnels incendiés entre Gaza et le Sinaï.

Pauvreté et insécurité encore en hausse

Selon Khalil Chahine, du Palestinian Center for Human Rights (PCHR), Gaza a atteint un taux de pauvreté sans précédent, accentué par la décision de l’UNRWA de suspendre ses aides aux victimes de la guerre, faute de fonds suffisants4. La dégradation de la situation va de pair avec une série d’explosions qui ont visé des militants du Fatah, des associations et des centres culturels comme le Centre culturel français (CCF). Les autorités de police, toujours contrôlées par le Hamas, avaient annoncé l’ouverture d’enquêtes, mais aucune conclusion n’a été rendue jusqu’à ce jour, si ce n’est que ces opérations ont été menées par des inconnus. Ahmad Youssef considère que la dégradation de la sécurité est en lien avec le délitement du gouvernement d’union nationale, qui ne s’acquitte pas de ses obligations auprès du ministère de l’intérieur à Gaza. Ce dernier ne disposant d’aucun budget, il ne peut agir de façon efficace face à l’insécurité. De son côté, le militant Khalil Chahine estime que le laisser-aller en matière de sécurité est amené à augmenter encore en l’absence de volonté politique d’en venir à bout, et qu’il s’agit là d’un nouvel argument utilisé par le Hamas pour faire pression sur toutes les forces en présence. Gaza est traversée par des tensions contradictoires. Un événement récent l’illustre : alors qu’un sit-in avec des bougies avait été organisé devant le CCF à Gaza en soutien à Charlie Hebdo, un autre a été immédiatement organisé par les groupes salafistes en protestation contre les caricatures du Prophète, brandissant des drapeaux de l’organisation de l’État islamique après avoir brûlé celui de la France devant le CCF.

Asmaa Al-Ghoul

pour Orient XXI -  24 février 2015 

 

1NDLR. Environ 15 000 personnes selon l’UNRWA.
2NDLR. L’ONU avance le chiffre de plus de 100 000 personnes

 

17/09/2014

Gaza : le silence tue, la désinformation rend complice

Gaza : le silence tue, la désinformation rend complice
(Suite à une note précédente intitulée "Du non isolement d'Israël")

ACRIMED, le 16 septembre 2014

Nous publions, sous forme de tribune [1], un texte signé par plusieurs chercheurs, intellectuels, et par le Secrétaire général de la Fédération Européenne des Journalistes. Ce texte a été rédigé en Belgique et adressé en priorité aux médias belges, mais aucun des titres de presse sollicités n’a souhaité le publier. Il dénonce des mécanismes également identifiables dans les médias français (Acrimed).

Gaza, désinformation

Quel bilan tirer de l’opération israélienne « Bordure Protectrice », 3 semaines après l’accord d’un cessez-le feu ? C’est avec amertume, indignation, mais aussi avec inquiétude que nous nous interrogeons sur le traitement médiatique de la tragédie qui a frappé la Bande de Gaza. En faisant - consciemment ou non - usage d’expressions communément acquises, la presse s’est rendue coupable de désinformation.Nous, citoyens belges et européens, accusons la majorité des médias d’appliquer – délibérément ou non – la politique des « deux poids, deux mesures » lorsqu’il s’agit d’aborder ces événements atroces. Ainsi, parler de « guerre » est-il correct alors que le conflit oppose David à Goliath ? L’histoire atteste que nous sommes face à une répression de type colonial contre une population en résistance face aux occupants. Nous sommes consternés par la représentation d’un « conflit » où oppresseurs et opprimés se valent. Le principe d’« équidistance » a-t-il quelque sens dans un affrontement qui oppose l’armée israélienne - considérée comme la cinquième armée la plus puissante au monde - à des roquettes palestiniennes, pour la plupart artisanales ?Il ne s’agit pas ici de reprocher aux médias de parler « des deux camps », mais bien leur représentation systématique, toujours au nom de l’« équidistance », des opérations des uns et des autres. Cette approche crée chez le lecteur, l’auditeur ou le téléspectateur le sentiment d’une égalité entre protagonistes. Ainsi, les roquettes palestiniennes, qui pour près de 87% sont interceptées, en arrivent à être présentées comme l’équivalent des chars, drones, F16, hélicoptères et missiles dernier-cri israéliens. Les 1,7 million de Gazaouis, eux, n’ont pas de Dôme de fer… Ils connaissent par contre une densité démographique supérieure à celle du Bangladesh sur 365 km2 (la moitié de la superficie du littoral belge). Une telle densité permet d’apprécier à sa juste valeur le leitmotiv propagandiste des « boucliers humains » du Hamas et la prétention d’Israël à s’en tenir à des « frappes chirurgicales ».
Nous dénonçons cette prétendue égalité entre protagonistes, renforcée par un traitement le plus souvent purement événementiel de l’actualité. Il faut rappeler que la Bande de Gaza est occupée depuis 1967 et assiégée depuis l’arrivée au pouvoir du Hamas, il y a 7 ans. Depuis, la population entière en fait les frais : encerclée par mer, terre et air pour avoir « mal choisi », dit-on, ses dirigeants. On l’a souvent dit : « Gaza est une prison à ciel ouvert ». Ce qui explique que l’ONU considère toujours le territoire comme étant sous occupation. Ni sortie de secours, ni lieu sûr. Pas même au sein des hôpitaux ou des écoles. Dans cette atmosphère oppressante, toute tentative de révolte des Palestiniens est présentée comme « activité terroriste » par des journalistes qui se font ainsi les porte-voix de la propagande israélienne.
Faut-il rappeler que les résolutions de l’ONU et principalement la résolution 37/43 légitiment la lutte armée contre la domination coloniale ? Trop souvent, nos médias présentent exclusivement le Hamas comme un mouvement « islamiste radical », jamais comme un mouvement de libération nationale, déclenchant ainsi de façon pavlovienne des réflexes de peur et de rejet.
C’est l’enlèvement de trois jeunes Israéliens retrouvés morts en Cisjordanie occupée qui est systématiquement présenté comme l’élément déclencheur des hostilités entre Israël et Gaza. Le Hamas, accusé sans preuves de ce rapt a vu des centaines de ses militants et cadres locaux arrêtés. Malgré l’humiliation et les privations quotidiennes que subissent les Gazaouis, ce n’est que suite à ces arrestations d’envergure que les premières roquettes ont été tirées depuis la Bande de Gaza. Les premières du Hamas depuis… 2012. C’est aussi l’élimination, le 7 juillet, de sept combattants du Hamas qui a mené celui-ci à considérer que le cessez-le-feu avec Israël, négocié en novembre 2012 et qui engageait chaque partie à ne pas mener d’opérations militaires contre l’autre, était rompu.Les finalités de l’opération israélienne « Bordure Protectrice » se voient tout à fait discréditées : mener des attaques de « représailles légitimes » afin d’éradiquer les tirs de roquettes. Or l’on sait que ce sont les opérations militaires israéliennes qui engendrent davantage de tirs de roquettes et font donc des victimes israéliennes. La boucle est bouclée, le cercle vicieux installé. Israël dit vouloir arrêter la violence contre ses citoyens, mais, contribue paradoxalement à la provoquer.Nous accusons la plupart des médias de manipuler l’opinion en présentant le Hamas comme « l’organisation qui n’a pas accepté la trêve » ou « qui la viole constamment ». Et qui par conséquent, ne protège pas ses civils. Rappelons que la première proposition de cessez-le-feu a été discutée entre le gouvernement israélien et le gouvernement égyptien dirigé par le maréchal Al-Sissi, fervent opposant au Hamas. Peut-on imaginer la négociation d’une trêve si toutes les parties concernées ne sont pas présentes aux discussions ou si aucune des conditions demandées, par les représentants du peuple palestinien, n’a été évoquée ?Des médias comparent les statistiques des morts civils palestiniens à celles des soldats israéliens tombés. Comparaison honteuse.
 
D’autres médias cultivent la peur des « djihadistes » belges ou français partis combattre en Syrie, mais épargnent l’image de ces autres Belges ou français enrôlés dans l’armée d’occupation israélienne.
 
Cette approche médiatique, ce constat flagrant de sympathie première envers Israël se révèlent consternants et nous poussent à nous interroger sur les fondements d’une « osmose culturelle » avec cet État, alors que ce dernier piétine de manière constante les principes démocratiques et le droit international.
« Bordure protectrice » a fait plus de 2.100 victimes palestiniennes dont 500 enfants.
Nous, lecteurs, auditeurs, et téléspectateurs belges et européens, accusons une partie de la presse, de désinformation lorsqu’il s’agit de traiter des crimes de guerre commis par Israël à Gaza et en Palestine occupée.Des gouvernements en passant par la population, toute la société dépend du Quatrième pouvoir, celui des médias, pour se forger son opinion. Jusqu’à présent, le travail indispensable d’investigation journalistique a souvent fait défaut.
 
Sous couvert de neutralité, beaucoup de médias désinforment. Ils se rendent et nous rendent complices de la tragédie de Gaza. Comme l’affirmait Desmond Tutu, « rester neutre face à l’injustice, c’est choisir le camp de l’oppresseur ».

- Anissa Amjahad - Docteure en sciences politiques et sociales (ULB)
- Frank Barat - Militant et auteur
- Sébastien Boussois - Docteur en sciences politiques
- François Burgat - Politologue, Aix-en-Provence
- Paul Delmotte - Professeur retraité de politique internationale à l’Institut des Hautes Études des Communications Sociales
- Ricardo Gutiérrez - Secrétaire général de la Fédération européenne des Journalistes
- Imane Nachat - Étudiante en dernière année de Master en Sciences de la communication - VUB
- Julien Salingue - Chercheur en science politique Pour l’analyse d’Acrimed sur le traitement médiatique de la dernière offensive israélienne contre Gaza, voir notre article : « Offensive israélienne contre Gaza : les partis pris du traitement médiatique ».

21/08/2014

Des pressions sur Israël. Tout de suite !

La campagne Boycott, Désinvestissement et Sanctions s'impose d'autant plus que les États, singulièrement la France, l'Europe et les EU préfèrent une neutralité criminelle, réapprovisionnent Israël en armement, et évacuent sans l'avouer toute possibilité de sanction à l'égard d'un gouvernement qui s'enfonce délibérément dans le fascisme et le génocide.

Trop, c’est trop ! Il faut des pressions sur Israël

« Trop, c’est trop ! », c’était le cri lancé en décembre 2001 par Madeleine Rebérioux, Pierre Vidal-Naquet, Stéphane Hessel et d’autres lorsque des coups dramatiques étaient portés contre Yasser Arafat et l’Autorité palestinienne à Ramallah. C’est ce cri que nous répétons aujourd’hui face à cette nouvelle offensive militaire qui ne mène à rien. Pas plus que les précédentes opérations de l’armée israélienne à Gaza, ou que l’invasion du Liban à laquelle avait réagi un texte de ce même collectif intitulé « Assez ! », paru le 27 juillet 2006, le dernier que Pierre Vidal-Naquet a signé quelques jours avant sa mort. Il disait l’essentiel : « À l’opposé de la logique guerrière, nous pensons que des victoires militaires ne garantissent pas l’avenir d’Israël. Seuls un dialogue ouvert et la recherche patiente d’une cohabitation avec un véritable État palestinien permettraient aux Israéliens d’obtenir la paix avec leurs voisins arabes. »

Israel, BDS, Gaza, Caterpillar

L’utilisation d’un bulldozer Caterpillar D9 en tant qu’arme souligne le fait que Caterpillar
doit demeurer la cible de la campagne Boycott, Désinvestissement et Sanctions.

Un mois après l’entrée de l’armée israélienne à Gaza, le bilan humain est très lourd – plus de 2 000 morts palestiniens, dont 85% de civils, sans compter les milliers de blessés et les centaines de milliers de sans-abris, ainsi que 67 morts israéliens dont trois civils – et, surtout, il n’y a pas de vainqueur et il ne peut y avoir de vainqueur.

Les autorités israéliennes pensaient pouvoir contrôler l’ensemble de la bande de Gaza et obliger les groupes armés à y cesser le combat, elles ont constaté, au vu de la résistance qu’elles y ont rencontrée, que ce serait au prix de pertes décuplées dans leurs rangs et de la transformation de tout ce territoire en un champ de ruines, avec plusieurs milliers de victimes civiles. L’opinion israélienne, elle-même, qui soutenait cette guerre à plus de 90% estime très majoritairement qu’au bout d’un mois, elle n’a pas conduit à une victoire. De fait, quand une guérilla s’enfouit sous terre pour combattre, elle montre à la fois qu’elle dispose du soutien d’une grande majorité de la population et que ses soldats sont prêts à creuser leur propre tombe plutôt que se soumettre. Chacun sait qu’il n’existe pas de solutions militaires et que seule une solution politique est possible.

Mais la société israélienne ne veut pas, aujourd’hui, rechercher une solution fondée sur deux États et le retrait des territoires palestiniens occupés en 1967, qui puisse assurer à long terme à Israël un avenir pacifique. L’hystérie guerrière aux accents parfois franchement racistes qui a déferlé pendant ce mois d’opérations militaires à Gaza s’est accompagnée d’une répression encore jamais vue contre les pacifistes israéliens et de violences contre les Palestiniens, y compris ceux de nationalité israélienne, elle a aggravé l’aveuglement nationaliste dominant. Un aveuglement qui a conduit le gouvernement israélien à suspendre sa participation à des négociations laissant entrevoir une trêve durable et à reprendre les bombardements sur Gaza.

Une solution ne peut venir que d’une démarche résolue de la communauté internationale et des sanctions contre l’Etat d’Israël et ses institutions pour l’amener à respecter enfin le droit international et les légitimes aspirations des Palestiniens à vivre eux aussi en paix au sein de frontières sûres et reconnues.

Or, cinquante-sept ans après la guerre des Six jours, la colonisation de la Cisjordanie se poursuit et les habitants de Gaza sont toujours enfermés dans un ghetto qui vaut occupation. L’émotion légitime que cette situation provoque dans notre pays comme partout dans le monde ne doit certes pas être détournée par une extrême minorité qui dévoie le soutien aux droits du peuple palestinien en un antisémitisme toujours aussi insupportable et qui doit être réprimé. Mais rien ne justifie que certaines organisations communautaires juives marquent du sceau infamant de l’antisémitisme ceux et celles qui revendiquent haut et fort un Etat pour la Palestine. Il n’est pas plus acceptable que ces mêmes organisations se fassent les porte-paroles des intérêts israéliens en tentant de criminaliser toute tentative citoyenne, notamment au travers d’un boycott des produits israéliens, de s’opposer à une politique meurtrière pour les Palestiniens et suicidaire pour les Israéliens.

Comme le gouvernement, nous n’acceptons pas que le conflit israélo-palestinien soit importé en France. Mais nous refusons que le droit de s’exprimer soit rendu tributaire de telle ou telle solidarité. C’est alors la capacité de débattre démocratiquement qui est mise en cause, ouvrant la voie aux assignations à résidence et aux affrontements communautaires. Nul n’est légitimé à se faire le porte-parole de l’une des parties au conflit.

Face à cette nouvelle guerre meurtrière, face aux atteintes à la liberté d’expression nous ne pouvons nous taire. Nous demandons :

  • que les Nations unies imposent, sous peine de sanctions, le retrait durable des troupes israéliennes de Gaza, l’envoi d’une force d’interposition et de protection du peuple palestinien et la fin du blocus aérien, maritime et terrestre de ce territoire ;
  • que l’Union européenne suspende son accord d’association avec Israël, comme le prévoit son article 2 ;
  • que la France cesse immédiatement toute coopération militaire avec Israël et mette un embargo total sur les armes et transferts de technologie pouvant déboucher sur un usage militaire à destination d’Israël ;
  • que la Palestine soit, enfin, reconnue comme un membre à part entière de l’ONU ;
  • que le Conseil de sécurité saisisse la Cour pénale internationale pour que les responsables de tous les crimes de guerre aient à rendre compte devant la justice ;
  • que l’on impose aux produits israéliens issus des colonies un traçage particulier pour les distinguer des autres et que l’on cesse de poursuivre ceux et celles qui tentent de faire respecter la législation ou manifestent leur solidarité avec le peuple palestinien.

Nous appelons à un engagement plus déterminé encore de l’opinion démocratique française pour imposer le droit international, soutenir les aspirations trop longtemps écrasées du peuple palestinien, imposer l’arrêt de la colonisation et le renoncement au projet de « Grand Israël », faire comprendre enfin à la société israélienne qu’elle se dirige dans une impasse suicidaire et qu’elle doit regarder la réalité en face.

Etienne Balibar, philosophe ; Anne Brunswic, journaliste et écrivain ; Alice Cherki, psychanalyste ; Jocelyne Dakhlia, historienne et anthropologue ; Sonia Dayan-Herzbrun, sociologue et philosophe ; Jean-Pierre Dubois, juriste ; Catherine Lévy, sociologue ; Jean-Marc Lévy-Leblond, physicien et essayiste ; Gilles Manceron, historien ; Véronique Nahoum-Grappe, anthropologue ; Pierre Nicodème, mathématicien-informaticien ; Abraham Ségal, documentariste ; Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme ; Jacques Testart, biologiste ; Michel Tubiana, président du Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme.

31/07/2014

L'humanité est maudite

Est-ce bien le moment d’interroger les miroirs pour savoir si l’on est bien celui qui hurle le plus fort et le plus bellement devant l’horreur, celui qui est le plus apte à représenter un dégoût insurmontable, légitime et humain, planté là devant l’étal des bouchers Netanyahu, Assad, Porotchenko - on en passe de moins médiatisés - et de leur sponsor étasunien ? Comme s’il s’agissait de vendre sa propre barbaque à des supporters ébahis du spectacle de corps enchevêtrés, se demandant bavant, comment toute cette histoire pourrait bien ne finir jamais enfin ! Comment pourrait-on la prolonger, mine de rien ?

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Est-ce bien le moment de faire référence à Jaurès et d’affirmer que le député de Carmaux aurait voté pour le « pacte de responsabilité » et autres traités ignobles, assis au Croissant attendant qu’on vienne desservir son couvert et sans lever poing ou petit doigt à l’adresse des valets du Medef de l’époque, sans lever lever poing ou petit doigt à l’adresse de ceux qui fourbissent leurs armes pour mieux les fourguer à des assassins patentés ayant rond de serviette au saint siège des nations unies ?

Pour Jaurès le couvert a été desservi sans que personne puisse mériter son héritage.

Pour les massacres en cours, c’est loin d’être le cas. La folie ne fait que commencer.

"L'humanité est maudite, si pour faire preuve de courage elle est condamnée à tuer éternellement." Jean Jaurès

20/07/2014

Manuel : tu es un imposteur, tu es un danger pour la République !

Une note rapide de Jean-Claude Lefort relevée sur Facebook suite à la prise de parole de Manuel Valls à l'occasion de la commémoration de la Rafle du Vel d'Hiv.

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Célébrant la sinistre Rafle du Vel d'Hiv, Manuel Valls a choisi, ce moment et ce lieu de mémoire, pour parler des manifestations en faveur de la paix et de la fin du massacre qui se perpétue à Gaza. Pas un mot sur les morts de Gaza, les bébés tués, rien. Non ! Tu as osé faire un parallèle entre ceux qui - comme moi - exigent la fin de la barbarie et qui mettent en cause les dirigeants d'Israël à des "antisémites". Je n'ai que du mépris à ton endroit. Toi, l'Espagnol devenu Français, tu sais ou tu devrais savoir que quand Franco - le fasciste - a fait un coup d’État contre la République espagnole, des hommes et des femmes sont venus de l'étranger à son secours. Nombreux étaient les Français. Juifs ou non. Croyants ou pas. Tu les nies aujourd'hui. Tu les salis. Tu les trahis. La France à l'époque dirigée par des politiciens de ta famille politique prônait la "non intervention". Tu nous refais le même coup : "ne vous mêlez pas de ce qui se passe loin de chez nous" tel est ton message. Et ainsi place nette serait dégagée pour que s'amplifie le martyr du peuple palestinien. En expliquant que ce conflit risque de monter les communautés françaises les unes contre les autres, tu veux transformer le conflit israélo-palestinien en guerre de religions. Tu es un imposteur ! C'est pas contre les Juifs que luttent les Palestiniens mais contre une occupation israélienne. Et ainsi tu envoies des signaux vers une communauté au détriment d'une autre. Tu es un danger pour la République.

10/07/2014

« Gardiens de nos frères »

Lettre ouverte à "Monsieur" François Hollande qui ne la lira pas puisqu'il prépare son déplacement sur le tour de France, que les carnages organisés au Moyen-Orient ne l’intéressent pas, pas plus que ce qui se passe en Ukraine où, là aussi les populations sont abandonnées aux mains de fascistes, qu'il a de toute façon laissé sa place de président à Manuel Valls et à ses "frondeurs" d'opérette en évitant au corps électoral de se prononcer, etc, etc...
L'art de se faire des illusions !

Gardiens de nos freres, lettre ouverte à F. Hollande

"Le Président de la République a eu ce soir (9 juillet) un entretien téléphonique avec le Premier ministre israélien, Benyamin NETANYAHOU. Il lui a exprimé la solidarité de la France face aux tirs de roquettes en provenance de Gaza. Il lui a rappelé que la France condamne fermement ces agressions. Il appartient au gouvernement israélien de prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces.
Le Président de la République rappelle la nécessité de prévenir l’escalade des violences."

 

Monsieur le Président,

Nous, associations de défense des droits de l’Homme, condamnons fermement les assassinats des trois jeunes Israéliens retrouvés près d’Hébron le 30 juin 2014 et celui du jeune Palestinien à Jérusalem-Est le 2 juillet 2014. Nous sommes particulièrement inquiets de l’intensification des attaques contre des civils dans le Territoire palestinien occupé par les forces israéliennes et du climat de haine qui s’installe en Israël à travers notamment des « appels à tuer les Arabes ».

L’opération militaire israélienne dite « Gardiens de nos frères » lancée quelques jours après la disparition des trois jeunes Israéliens le 12 juin dernier, avait pour objectif officiel de les retrouver. Les moyens déployés par la puissance occupante pour ce faire se sont rapidement révélés disproportionnés. Au lieu d’une enquête méthodique, une violente campagne de répression a été lancée en Cisjordanie. A l’heure actuelle, le bilan est très lourd : 12 Palestiniens ont été tués, dont 9 civils. Environ 120 Palestiniens ont été blessés. Au moins 640 personnes ont été arrêtées à travers toute la Cisjordanie, dont 250 membres du Hamas, ainsi que 23 parlementaires et de très nombreux enfants. Plus de 1 200 maisons et bureaux ont été saccagés lors de raids, les terrains agricoles délibérément ravagés lors des parachutages. Les maisons des familles de deux Palestiniens « déclarés coupables » de l’enlèvement – sans que la preuve en ait été apportée – ont été immédiatement démolies. Deux tentatives d’enlèvement d’enfants palestiniens par les colons – dont une réussie – ont eu lieu à Jérusalem Est. Des colons en voiture ont essayé d’écraser des Palestiniens près d’Hébron – dont une enfant de 9 ans. Parallèlement, les bombardements se sont intensifiés sur la bande de Gaza vers laquelle convergent des unités au sol, et trois avant-postes illégaux ont été établis par des colons en zone E1.

Rien ne peut justifier l’assassinat de ces trois jeunes Israéliens mais la punition collective infligée au peuple palestinien en représailles ne peut non plus se justifier. Nous sommes très préoccupés par la multiplication des appels à la « vengeance » lancés par de nombreux responsables politiques israéliens, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahou qui a déclaré lundi 30 juin que « la vengeance pour le sang d’un adolescent ou d’un jeune homme n’est pas un travail du diable« . Le ministre du logement Uri Ariel a appelé à « commencer une vague de construction dans les colonies en réponse au meurtre des kidnappés« . Le ministre de l’économie Naftali Bennett a déclaré que « les assassins d’enfants et ceux qui les dirigent ne peuvent être pardonnés. Il est temps de passer à l’action, pas aux mots« . Cet appel à la vengeance semble avoir été entendu, ainsi, mercredi 2 juillet, à l’aube, un jeune Palestinien a été enlevé et tué à Jérusalem-Est.

Ce recours excessif à la force contre des civils palestiniens par l’armée israélienne doit être officiellement et clairement condamné par la France au plus haut niveau. Toute punition collective est une violation grave du droit international, notamment de la quatrième Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre du 12 août 1949.

La France, en tant que Haute Partie contractante à la quatrième Convention de Genève a l’obligation de respecter et de faire respecter la Convention en toutes circonstances (article 1) et de prendre toutes les mesures nécessaires pour poursuivre les personnes ayant commis, ou donné l’ordre de commettre des infractions graves à la quatrième Convention de Genève (article 146).

Dans ces circonstances, nous vous demandons de dénoncer sévèrement les punitions collectives infligées au peuple palestinien et de rappeler au gouvernement israélien son obligation de respecter le droit international. S’il ne s’y conforme pas, nous vous demandons d’adopter toute mesure ferme et pertinente pour mettre un terme à ces crimes.

C’est également dans ce contexte que nous sollicitons auprès de vous un rendez-vous afin que vous puissiez nous communiquer la position de la France.

Dans l’attente de votre réponse et dans l’espoir que vous ferez suite à notre demande, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre haute considération. Nous vous informons par ailleurs que nous rendrons cette lettre publique et que nous adresserons une copie à Monsieur Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et du Développement international.

 

Claude Léostic, présidente de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine

Taoufiq Tahani, président de l’Association France Palestine Solidarité

Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme France

16/02/2010

Résister pour Gaza

On s'indigne parfois et d'un peu trop loin, de ce qui se passe à Gaza. Mais il serait triste de ne pas savoir que des israéliens, en l'occurrence des soldats, militent de l'intérieur, eux aussi et parallèlement à la communauté internationale, pour que le gouvernement israélien cesse d'agir en toute impunité, en violation des traités humanitaires internationaux et les Droits de l'Homme. Preuve, une fois de plus, que la résistance est une manière d'être, heureusement universelle.

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Tout cela a pour origine le blocus instauré par le gouvernement israélien il y a de cela plusieurs années.

Ces résistants témoignent de ce qu'a été l'opération « Plomb Durci » et n'admettent pas que les victimes d'hier soient devenues les bourreaux d'aujourd'hui.

« Par Amina Semmoud, publié le 10/02/2010 à 12:30 - mis à jour le 10/02/2010 à 12:36 dans LEXPRESS.fr :

L'opération Plomb durci a commencé fin décembre 2008. Elle a fait 1400 morts du côté palestinien et 13 morts du côté israélien.

A l'occasion de son passage à Paris, a rencontré Yehuda Shaul, ancien soldat de Tsahal, qui du haut de ses 27 ans, se bat pour dénoncer certains agissements de l'armée israélienne.

(...) C'est un homme grand et imposant qui fait son entrée d'un pas assuré. Il s'installe, se présente et rentre d'emblée dans le vif du sujet. Yehuda Shaul a été soldat dans l'armée israélienne entre 2001 et 2004. Après avoir servi à Hébron, il quitte les Forces de Défense d'Israël et fonde avec des membres de son unité l'organisation Breaking the Silence (Briser le silence). « Nous partagions tous le même sentiment très désagréable que quelque chose ne s'était pas passé comme prévu lors de notre dernière mission » dit-il.

L'organisation s'évertue depuis 2004 à recueillir des témoignages de soldats qui dénoncent certaines pratiques honteuses au sein de l'armée. Plus de 700 cas ont été recensés. Yehuda Shaul précise d'entrée de jeu: « Breaking the Silence ne propose pas de solution spécifique au conflit israélo-palestinien. Notre but est d'ouvrir un débat. Dans ce sens, nous nous apparentons plus à un miroir. »

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