20/07/2014
Manuel : tu es un imposteur, tu es un danger pour la République !
Une note rapide de Jean-Claude Lefort relevée sur Facebook suite à la prise de parole de Manuel Valls à l'occasion de la commémoration de la Rafle du Vel d'Hiv.
Manuel : tu es un imposteur, tu es un danger pour la République !
Célébrant la sinistre Rafle du Vel d'Hiv, Manuel Valls a choisi, ce moment et ce lieu de mémoire, pour parler des manifestations en faveur de la paix et de la fin du massacre qui se perpétue à Gaza. Pas un mot sur les morts de Gaza, les bébés tués, rien. Non ! Tu as osé faire un parallèle entre ceux qui - comme moi - exigent la fin de la barbarie et qui mettent en cause les dirigeants d'Israël à des "antisémites". Je n'ai que du mépris à ton endroit. Toi, l'Espagnol devenu Français, tu sais ou tu devrais savoir que quand Franco - le fasciste - a fait un coup d’État contre la République espagnole, des hommes et des femmes sont venus de l'étranger à son secours. Nombreux étaient les Français. Juifs ou non. Croyants ou pas. Tu les nies aujourd'hui. Tu les salis. Tu les trahis. La France à l'époque dirigée par des politiciens de ta famille politique prônait la "non intervention". Tu nous refais le même coup : "ne vous mêlez pas de ce qui se passe loin de chez nous" tel est ton message. Et ainsi place nette serait dégagée pour que s'amplifie le martyr du peuple palestinien. En expliquant que ce conflit risque de monter les communautés françaises les unes contre les autres, tu veux transformer le conflit israélo-palestinien en guerre de religions. Tu es un imposteur ! C'est pas contre les Juifs que luttent les Palestiniens mais contre une occupation israélienne. Et ainsi tu envoies des signaux vers une communauté au détriment d'une autre. Tu es un danger pour la République.
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01/04/2014
Reprenez votre circulaire et vos cartons Valls Manuel
Manuel Valls quitte son ministère en laissant une circulaire pour renvoyer davantage de réfugiés.
La circulaire du ministre de l’Intérieur est claire : il faut éloigner davantage d’étrangers; y compris certains demandeurs d’asile avant la fin de leur procédure. Ce rappel aux préfets est conforme à la loi, mais celle-ci ne respecte ni le droit international ni le droit européen. Un problème qui met en danger plusieurs milliers de personnes chaque année.
Extrait de la circulaire du 11 mars 2014 de Manuel Valls aux préfets :
Je vous invite donc à vous assurer que des Obligations de Quitter le Territoire Français soient prises dès le refus opposé par l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) en cas d'examen de la demande selon la procédure prioritaire »
La circulaire est disponible à cette adresse
Amnesty International (AI) France et l’ACAT-France avait demandé à Monsieur Valls, avant qu'il ne quitte son ministère, d’abroger cette circulaire pour quatre raisons :
1 - La loi française est défaillante et dangereuse pour les réfugiés.
La loi française autorise le renvoi de certains demandeurs d’asile dès le rejet de leur demande par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides.
Même si ces personnes demandent à la Cour nationale du droit d’asile de réviser cette décision, les préfets peuvent les renvoyer dans leur pays.
Or, sur la totalité des personnes réfugiées en France, près de la moitié le sont grâce à l’intervention de la Cour. Pourtant, la circulaire du ministre de l’Intérieur incite à mieux utiliser cette procédure accélérée et donc à renvoyer effectivement hors du territoire ces demandeurs d’asile.
En 2013, plus de 13.200 personnes étaient concernées par cette procédure accélérée.
Depuis plusieurs années, AI France et l’ACAT-France poursuive un plaidoyer inlassable pour que la France modifie sa législation et cesse de prendre le risque de renvoyer des personnes, avant la fin de leur procédure, dans des pays où elles pourraient être persécutées.
2- Une mesure à contre-courant des engagements de François Hollande
Cette consigne donnée aux préfets entre en contradiction flagrante avec les engagements pris par Françoise Hollande lorsqu’il était candidat à l’élection présidentielle. Ce dernier s’était engagé à reconnaître un recours suspensif pour tous les demandeurs d’asile.
3- Une décision contraire aux règles européennes
Le 2 février 2012, la France a été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme. Dans cette affaire, la Cour a jugé que le risque pour un demandeur d’asile d’être éloigné sans pouvoir bénéficier d’un « recours effectif » devant une juridiction, violait la Convention européenne des droits de l’homme.
Plus clairement encore, un texte européen, adopté le 23 juin 2013, indique que « les États membres autorisent les demandeurs à rester sur leur territoire jusqu’à l’expiration du délai prévu pour l’exercice de leur droit à un recours effectif et, si ce droit a été exercé dans le délai prévu, dans l’attente de l’issue du recours ». Cette directive relative aux procédures d’asile doit d’ailleurs être transposée par la France.
4- La réforme du droit d’asile : une occasion pour assainir la procédure d’asile
A l’occasion des débats sur le projet de loi relatif à l’asile, dont la publication est prévue d’ici quelques semaines, AI France demandera aux parlementaires de renforcer la protection des réfugiés en France en modifiant sur ce point crucial du « droit au recours effectif » la législation française.
A consulter : Argumentaire pour un recours suspensif pour tous les demandeurs d'asile
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17/10/2013
L’expulsion de trop
Après le cyclone Tina (There is no alternative) qui continue de tout emporter sur son passage, quelques météorologues avertis en annoncent un autre baptisé "Céçàoùrien". Dans ce contexte de dégradations climatiques annoncées, ces héritiers d'Alain Gillot-Pétré ne reculant décidément devant aucune métaphore, voudraient nous conseiller de ne pas tirer sur l'ambulance socialiste, même si celle-ci s'avère être, aujourd'hui - maintenant, dans l'incapacité de ramasser les blessés du CAC 40 et autres injustices librement consenties par elle, au prétexte que le risque serait alors d'avoir à affronter les hordes racistes et d'extrême droite qui rôdent un peu partout dans nos provinces, dans le silence de son assentiment.
Mieux : ne pas vouloir grimper dans les cars de ramassage scolaire affrétés par le ministre de l'intérieur, reviendrait à favoriser, lors des prochaines échéances électorales, un vote irresponsable et contre nature à l'insu de notre plein gré !!! Voilà le deal que l'on nous vend !!!
«En tous cas, l’expulsion de la jeune lycéenne Léonarda Dibrani vers le Kosovo continue de soulever indignation et colère un peu partout : dans les associations de soutien aux demandeurs d’asile, évidemment, mais aussi jusqu’au parti socialiste, qui jusqu’ici, soutenait le ministre de l’intérieur dans tous ses errements. Et aujourd’hui, ce sont les lycéens qui se mobilisent pour faire revenir leur camarade.
Survenant après les deux drames successifs de Lampedusa (plusieurs centaines de demandeurs d’asiles morts pendant une traversée), l’histoire de Léonarda réunit effectivement tous les ingrédients pour soulever cette indignation. Et ce ne sont pas les déclarations du ministre qui affirme que tout s’est déroulé avec « humanité »… cela fait un peu penser, toutes proportions gardées, au récit de l’exécution du dernier condamné à mort par une magistrate qui y a assisté : elle raconte que, le condamné, à quelques secondes de la mort, demandant une troisième cigarette, le bourreau répond « On a déjà été très bienveillants avec lui, très humains, maintenant il faut en finir », avant de l’exécuter, avec humanité évidement. Et cela fait aussi penser à la réponse de l’Europe aux drames de Lampédusa : sa seule préoccupation reste la sécurité des frontières.
On annonce une enquête administrative pour définir les responsabilités dans cette affaire. Il s’agira sans doute de trouver un fusible, en la personne d’un policier un peu zélé. Mais le véritable responsable de ce scandale, on le connaît : c’est le ministre, qui, même s’il n’a pas piloté personnellement la procédure qui a conduit à l’expulsion de la jeune fille, a créé par ses déclarations successives les conditions qui ont permis que cela se déroule ainsi. N’oublions pas que Leonarda n’est pas seulement étrangère : elle est aussi Rom…
Un blogueur, François Delapierre, rappelle très opportunément les déclarations de M. Valls dans un livre qu’il a écrit en 2008 : « Le jour où j’accepterai qu’on piège des sans-papiers pour les virer de chez nous (…) je serai foutu. Il faudra mieux que je fasse autre chose. » « Et la droite c’est quoi ? C’est la saloperie qui consiste à convoquer un mec pour le piéger ? C’est cela incontestablement. Oui c’est une vision assez cynique de ce que peut être le rôle de l’État. Ça, c’est la droite. » Source
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19/08/2013
Valls vu par Rue 89
Titre original d'un article très soft de Camille Polloni pour Rue 89 : "La politique d’immigration de Manuel Valls au guéantomètre". A conserver pour ses références.
Jean-Luc Mélenchon va encore plus loin dans le JDD ce dimanche, en affirmant que Manuel Valls « chasse sur les terres » de Marine Le Pen, qui l’aurait « contaminé ».
Popularité record. (!!!) Dans un sondage Ifop commandé par le JDD, 61% des personnes interrogées se disent « satisfaites » de l’action de Manuel Valls, loin devant les autres membres du gouvernement. D’autres études d’opinion réalisées depuis 2012 tendent à montrer la popularité record du ministre de l’Intérieur.
Les commentateurs de Rue89 ne sont pas en reste. Pour certains, Valls ne serait « pas vraiment » de gauche, donnant les mêmes coups de menton que Sarkozy et aussi inflexible que Guéant avec les sans-papiers.Pour se faire une idée plus informée des ressemblances et des différences entre leurs politiques d’immigration, petite plongée dans les chiffres disponibles.
Démarcation sur le droit d’asile ? : Manuel Valls marche droit dans les traces de Claude Guéant en ce qui concerne le nombre d’expulsions, de régularisations et de naturalisations. Sa politique diverge surtout sur les aides au retour et sur le traitement réservé aux étudiants et jeunes adultes. Le ministre a aussi voulu donner des gages aux associations de défense des étrangers en supprimant le délit de solidarité.
Plusieurs inflexions récentes – fin de la garde à vue pour les sans-papiers, rétention des mineurs – ne viennent pas d’une volonté politique mais de décisions juridictionnelles qui s’imposent au gouvernement.
La réforme du droit d’asile pourrait marquer une vraie différence avec le gouvernement précédent. Mais elle n’aura pas lieu avant les municipales, et le statut de réfugié n’a pas été davantage accordé en 2012 que les années précédentes.
1- Les expulsions : Plus dur que Guéant ?Dès le mois d’octobre 2012, Manuel Valls annonce la couleur devant l’Assemblée nationale : la baisse du nombre d’expulsions n’est pas un objectif du gouvernement.
« Cette politique ne se traduira pas par des évolutions sensibles en termes de chiffres, s’agissant tant des régularisations que des reconduites à la frontière. Telle est la volonté du gouvernement. Personne ne peut en douter : nous serons extrêmement fermes. »
A d’autres occasions, le ministre laisse entendre que le nombre d’expulsions pourrait augmenter. Pas de surprise donc, quand les chiffres de 2012 tombent : 36 800 personnes ont été expulsées, soit une hausse de 11,9% par rapport à l’année précédente.
En attendant le bilan 2013
Comme l’explique Libération, cette augmentation « concentrée sur les six premiers mois » de 2012, est en partie due à deux facteurs :
l’anticipation, par la justice, de la fin de la garde à vue des sans-papiers (effective depuis juillet 2012). Celle-ci entraîne une hausse du nombre d’expulsions sur le premier semestre, et une baisse mécanique pour le second ;
l’action du gouvernement précédent qui visait les 40 000 reconduites à la frontière alors que Manuel Valls a annoncé la fin des objectifs chiffrés.
Il faudra donc attendre le bilan de 2013 pour savoir si Manuel Valls s’inscrit vraiment dans la lignée de ses prédécesseurs. En dix ans, le nombre annuel d’expulsions a quadruplé Voir Nombre de reconduites à la frontière depuis 2001
2- Le « délit de solidarité » : vraiment supprimé ?L’article L-622-1 du Code des étrangers existe depuis 1945, mais il a été surnommé « délit de solidarité » par les associations de soutien aux sans-papiers pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Voici ce qu’il dit :
« Toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irréguliers, d’un étranger en France sera punie d’un emprisonnement de cinq ans et d’une amende de 30 000 euros. »
En 2009, les associations (Gisti, Cimade, France Terre d’Asile, Secours catholique, Emmaüs) lancent une campagne, estiment que ce délit « d’aide au séjour irrégulier » menace les activités militantes et les marques individuelles de solidarité dans un contexte de durcissement des politiques d’immigration.
Une polémique oppose alors le ministre de l’Immigration, Eric Besson, aux soutiens des sans-papiers, sur la réalité des poursuites. Le film « Welcome », sorti la même année, contribue à alerter l’opinion sur les risques encourus par ceux qui aident les migrants en France.
Janvier 2012 : Valls réforme le Code des étrangers
Le 2 janvier dernier, Manuel Valls supprime le « délit de solidarité ». C’est-à-dire qu’il réforme le Code des étrangers pour élargir les exceptions à :
« Toute personne physique ou morale, lorsque l’acte reproché était, face à un danger actuel ou imminent, nécessaire à la sauvegarde de la vie ou de l’intégrité physique de l’étranger, sauf s’il y a disproportion entre les moyens employés et la gravité de la menace ou s’il a donné lieu à une contrepartie directe ou indirecte. »
Le délit d’aide au séjour irrégulier existe toujours mais serait désormais uniquement dirigé contre les filières d’immigration clandestine, pas contre les bénévoles. La notion de « contrepartie », difficile à cerner selon les associations de défense des sans-papiers, continue toutefois à faire débat.
Fin août, le procès d’un citoyen français accusé d’avoir fourni une fausse attestation d’hébergement à un étranger en situation irrégulière au Havre, devrait tourner autour de cette question. A l’occasion de cette affaire, plusieurs associations (Syndicat de la magistrature, Syndicat des avocats de France, Ligue des droits de l’homme) se sont inquiétées d’un éventuel « retour du délit de solidarité ».
3- Les mineurs en rétention : pas fini, mais exceptionnelC’était une promesse de campagne de François Hollande :
« Je veux prendre l’engagement, si je suis élu à la présidence de la République, de mettre fin dès mai 2012 à la rétention des enfants et donc des familles avec enfants. »
Par ces propos, le futur président de la République prend acte d’une décision de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) datant de janvier 2012. L’arrêt Popov a condamné la France pour avoir enfermé une famille kazakhe dans un centre de rétention inadapté à l’accueil des enfants.
La CEDH estime :
« Les autorités doivent mettre en œuvre tous les moyens nécessaires afin de limiter autant que faire se peut la détention de familles accompagnées d’enfants et préserver effectivement le droit à une vie familiale. »
Voir le document (Fichier PDF)Pour traduire cette décision en actes, Manuel Valls a envoyé une circulaire aux préfets, en juillet 2012 (lire le document ci-contre). Mais si elle encadre et limite cette pratique, elle n’y met pas fin, contrairement à ce que promettait le candidat Hollande :
l’assignation à résidence devient la règle pour les familles en attente d’expulsion. Seules celles qui n’auraient pas respecté leurs obligations devraient être placées en centre de rétention, en dernier recours donc.
Mayotte fait exception, et n’est pas compris dans le nouveau dispositif.
Sept familles placées en centres de rétention
A plusieurs reprises depuis, les associations (et, sur Rue89, 60 professeurs de droit) ont alerté sur le cas de mineurs enfermés en rétention, en contradiction, selon elles, avec la décision de la CEDH :
en juillet 2013, une famille tchétchène a été placée en centre de rétention avant son expulsion.
en janvier 2013, deux familles avec enfants ont été enfermées au Centre de rétention administrative (CRA) de Metz ;
en septembre 2012, une famille afghane a été retenue au CRA du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) ;
En 2011, d’après un rapport des associations intervenant en rétention, 312 enfants étaient passés par des CRA avec leurs parents.
Ce nombre a-t-il diminué depuis la circulaire ? Le député socialiste du Val-de-Marne, René Rouquet, voulait poser la question au ministre de l’Intérieur en juin. Manuel Valls étant retenu au Sénat, c’est le ministre de la Ville, François Lamy, qui lui a répondu :
« Au terme de cette circulaire, il n’y a plus de primo-placement de parents accompagnés d’enfants mineurs. Il en résulte que, depuis sa mise en œuvre, sept familles ont été placées en centre de rétention pour des durées très, très brèves, pour la plupart suite au non respect des obligations de l’assignation à résidence.
A titre de comparaison, plus de 200 familles avec enfants avaient été placées en rétention sur la même période en 2011-2012. »
4- Les aides au retour : drastiquement réduitesEn décembre 2012, Manuel Valls annonce la fin de « l’aide au retour » humanitaire versée aux ressortissants de l’Union européenne qui acceptent de rentrer dans leur pays d’origine contre une somme d’argent : 300 euros par adulte et 150 euros par enfant mineur.
Le ministre vise les Roms roumains et bulgares, pour qui le système d’aide au retour humanitaire (ARH) serait « inopérant » voire aurait des « effets pervers ». En clair, les Roms accepteraient cette aide mais reviendraient en France ensuite.
En réalité, l’arrêté pris en février ne supprime pas l’ARH créée en 2006 pour les « Européens en situation de détresse », mais en diminue fortement le montant, qui passe à 50 euros par adulte et 30 euros par enfant.
Manuel Valls a d’ores et déjà annoncé que les démantèlements de camps de Roms « se poursuivront ».
Un autre type d’aide au retour (ARV), concernant les étrangers non européens, a lui aussi subi une baisse drastique, passant de 2 000 euros à 500 euros pour un adulte.
Le gouvernement précédent avait massivement encouragé le dispositif d’aide au retour pour atteindre les quotas d’expulsions qu’il s’était fixé.
5- La garde à vue pour séjour irrégulier : remplacée par une « rétention » de seize heuresDepuis un an, la garde à vue d’un sans-papiers pour le seul motif de sa situation irrégulière est illégal.
Là non plus, la décision ne vient pas de Manuel Valls mais de la Cour de cassation, qui a suivi l’avis de la Cour de justice de l’Union européenne.
Sans la garde à vue, les policiers disposent de quatre heures pour contrôler l’identité d’une personne. Insuffisant, expliquent-ils, pour engager une procédure d’expulsion si nécessaire.
Le ministre de l’Intérieur a donc fait voter un nouveau dispositif, effectif depuis le 1er janvier 2013. Il prévoit une rétention de seize heures. La garde à vue, elle, pouvait durer 24 heures, renouvelables une fois.
6- Le statut de réfugié : accordé au compte-gouttesEntre 2007 et 2012, le nombre de demandes d’asile a augmenté de 70%.
Mais le statut de réfugié, lui, est toujours accordé au compte-gouttes : environ 10 000 personnes en bénéficient chaque année.
Cette question de l’asile devrait être au cœur de la prochaine loi sur l’immigration. Il s’agit de :
réduire les délais de traitement des dossiers, aujourd’hui de seize mois en moyenne (objectif : six à neuf mois) ;
réformer l’hébergement, qui ne peut accueillir qu’un tiers des demandeurs d’asile. A Metz, certains ont même décider d’attaquer l’Etat ;
mieux répartir les demandes d’asile sur le territoire, car les grandes villes sont engorgées.
Une concertation sur la réforme du droit d’asile s’est ouverte en juillet, pilotée par la sénatrice centriste Valérie Létard. Mais en intégrant le volet « asile » à une loi plus générale sur l’immigration, Manuel Valls a repoussé l’examen du texte après les municipales de 2014.
7- La « circulaire Guéant » sur les étudiants étrangers : suppriméeC’était une mesure symbolique. Dès l’arrivée du gouvernement, la circulaire Guéant sur les étudiants étrangers – qui avait entraîné la situation irrégulière de centaines de jeunes diplômés – a été abrogée, un an après son entrée en vigueur.
Pourtant, a déclaré Manuel Valls à l’Assemblée :
« Nous avons accueilli en 2012 10% d’étudiants étrangers en moins. [...] Le message négatif envoyé par la circulaire du 31 mai 2011 n’est pas étranger à cette désaffection. »
Les étudiants étrangers pourraient à l’avenir bénéficier plus facilement d’un titre de séjour pluriannuel, ce qui leur éviterait de refaire des démarches tous les ans. L’enseignement supérieur accueille 300 000 étudiants étrangers chaque année.
8- Le nombre de régularisations : Constant« Il n’y aura pas de régularisation massive comme en 1981 [131 000 personnes, ndlr] ou 1997 [80 000, ndlr]. »
Manuel Valls a été clair. Le chiffre annuel de régularisation de sans-papiers restera de l’ordre de 30 000 personnes par an, c’est-à-dire autant que d’expulsions.
La circulaire du 28 novembre 2012 vise à mieux préciser les critères de régularisation mais ne les élargit pas vraiment. Le ministre de l’Intérieur ne souhaite pas non plus régulariser progressivement les étrangers inexpulsables.
9- Les naturalisations : des critères assouplisLe 18 octobre 2012, Manuel Valls signe une circulaire pour faciliter l’acquisition de la nationalité française. Elle prévoit notamment :
un assouplissement des critères liés au travail (possibilité de CDD ou d’intérim) ;
un examen bienveillant des demandes déposées par des étudiants étrangers et des jeunes de moins de 25 ans ;
un retour au délai de cinq ans de séjour régulier sur le territoire (passé à dix ans par Claude Guéant).
Les deux dernières années du quinquennat de Nicolas Sarkozy, le nombre de naturalisations avait fortement baissé, une tendance qui s’est poursuivie en 2012.
10- Portrait de l’immigrationLes derniers chiffres disponibles montrent que si le nombre total de nouveaux admis au séjour est resté stable en 2012, sa composition a varié :
l’immigration professionnelle et étudiante a diminué ;
l’immigration familiale a augmenté de 6,7%.
Voir L’admission au séjour par motifs (Ministère de l’Intérieur)
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30/07/2013
Valls en appelle à la xénophobie décompléxée
Les prochaines élections municipales n'étant plus très loin, pour offrir une variation lepeno-sarkozienne sur le thème de l'identité nationale et de l'insécurité, très en vogue chez les Dupont-Lajoie de l'été nostalgiques des Hortefeux, Besson et autres Guéant, Valls-Manuel-police-française (*), s'inscrivant dans cette lignée, propose un énième débat truqué pour restreindre encore le droit d'asile. Ce qui finissait par manquer au palmarès de ce non-gouvernement non-socialiste incapable de respecter la loi non plus qu'une quelconque logique et encore moins le moindre principe d'humanité.
(*) Ceux qui ont pu voir "Lacombe Lucien", un film de Louis Malle sorti en 1974, auront pu rapprocher le profil psychanalytique de l'actuel ministre de l'intérieur avec celui du personnage éponyme qui se présente toujours de la même façon : Lacombe-Lucien-police-allemande.
Louis Malle s'en explique :
Les sondages sont donc là, qui ont décidé de faire croire que "parmi les sympathisants du PS, 70% jugent que le ministre de l’intérieur ferait un bon occupant de Matignon (contre 26% d'un avis contraire). Ils sont seulement 45% à partager cette opinion parmi les sympathisants UMP, 38% parmi ceux du Front de gauche, et 34% parmi ceux du FN, contre respectivement 54%, 55% et 61% de désapprobation." Source
A noter aussi que jamais le qualificatif de "sympathisant" n'ayant été aussi dévoyé, le seul mérite du ministre plébiscité par l'Ifop pourrait consister à les faire fuir !
Reste le débat truqué à propos du droit d'asile, lequel est indissociable d’un véritable business lié à l'exploitation de l'immigration sous toutes ses formes, y compris sous celle de la xénophobie entretenue à des fins électorales...
Le ministère de l’intérieur a lancé, le 15 juillet dernier, la concertation sur la réforme du droit d’asile. Deux parlementaires, le député socialiste Jean-Louis Touraine, de Lyon, et la sénatrice centriste du Nord, Valérie Létard, ont été chargés par le ministre de mener cette concertation, et de rendre leurs recommandations fin octobre.
Cette concertation se mènera sous la forme de quatre ateliers thématiques :
- l’évolution des procédures d’asile,
- l’accueil, l’orientation et l’accompagnement des demandeurs d’asile,
- l’hébergement des demandeurs d’asile,
- l’insertion des bénéficiaires d’une protection internationale (accueil, emploi, logement, formation
Ces ateliers réuniront « des experts et des professionnels de terrain » : le ministre a précisé dans son discours liminaire qu’on y trouverait outre les deux parlementaires, des préfets, des chefs de services, des représentants d’organisme tels que la cour nationale du droit d’asile (CNDA), ou le conseil aux réfugiés. Le ministre n’a pas parlé des associations, et le site du ministère de l’Intérieur n’y fait pas non plus allusion.
Une boîte mail pour permettre à chacun de contribuer à la réflexion sur la réforme : danger ?
Cette concertation, que le ministre déclare vouloir « transparente », prévoit une autre procédure : les citoyens ont la possibilité de faire leurs propositions grâce à un formulaire, lié à une adresse électronique, qui les transmettra au groupe de travail.
Une mesure qui, au premier abord, semble parfaitement démocratique. Au premier abord seulement. Parce quand on fréquente un peu les réseaux sociaux, les sites de pétitions, les sites d’associations de défense des droits des demandeurs d’asile qui ne modère pas les commentaires, ou les sites de journaux nationaux chaque fois qu’ils traitent d’un sujet se rapportant au droit d’asile, on est stupéfait de ce qu’on peut lire. Les espaces commentaires de ces sites sont le terrain de jeu des racistes, des fascistes, des xénophobes, des nationalistes étriqués… Et les discours sont une succession de vulgarités, de menaces, d’insultes… des discours d’appel à la haine, à la violence…
Alors, vraiment démocratique de laisser la parole se « libérer » sans modération, au sens propre comme au sens figuré ? Souvenons-nous d’un certain débat, de sinistre débat, sur l’identité nationale, et des dégâts qu’il a causés dans la société française !
On peut télécharger ici le communiqué du ministère de l’intérieur publié à l’occasion de l’ouverture de cette concertation.
Le site du ministère de l’intérieur y consacre plusieurs pages, avec notamment le discours d’ouverture du ministre, et les déclarations des deux parlementaires en charge de la réflexion. Source.
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07/05/2013
Valls en référé
Enfin presque ?! Le ministre de l’intérieur était ce lundi 6 mai, l’invité de Patrick Cohen, sur France Inter (à écouter ici, à partir de 101’17’’ ). Il a naturellement été interrogé par un auditeur, militant du collectif Romeurope, sur le sort réservé aux Rroms.
Fidèle à la haute image qu'il a de lui-même, Manuel Valls, le regard froid, persiste et signe : "les Rroms ont vocation à rester en Roumanie, ou à y retourner, et de toute façon ils ne veulent pas s’intégrer." Ils ne seraient donc pas européens ?!! Alors évidemment, le ministre prend des précautions oratoires : « je n’ai pas dit tous, j’ai dit une partie » ! De la même façon que, quelques minutes plus tard, en réponse à une question d’une auditrice sur la violence en Corse, il déclare que « la violence est enracinée dans la culture corse »!…
Mais motus sur la décision qui suit :
"Roms : Valls condamné pour violation des droits fondamentaux"
La défense des plus démunis de nos concitoyens vient de coller un magnifique râteau au Sinistre de l’Intérieur (Valls Manuel, Parti socialiste moral), pour ses destructions de camps de Roms. La préfecture du Rhône est condamnée pour une violation grave des libertés fondamentales… (Tribunal Administratif de Lyon, référé, 4 avril 2013, n° 1302164).
L’histoire est remarquable par la brutalité du ministère de l’Intérieur et par la qualité de la réaction.
Ça démarre ce jeudi 28 mars, avec l’arrivée des cars de CRS et des bulls pour démanteler un camp de Roms installé à Villeurbanne (Parti socialiste bobo). Les maisons de 12 familles sont rasées par les bulldozers et cinquante personnes, dont vingt-cinq enfants, se trouvent à la rue, c'est-à-dire jetées dans le froid.
Mais peu importe… La préfecture applique la haute pensée de Valls (Accro aux white et aux blancos) : on met à exécution les décisions de justice. Donc, ce n’est pas moi, c’est l’autre, ie le juge judiciaire, qui a constaté l’occupation illicite d’un terrain. Tout le problème est qu’il y a un monde entre dire « il va falloir quitter ce terrain » et « comment gérer l’hébergement et la dignité des personnes ». C’est là un devoir de l’Etat, puissant dans les racines sociales de notre pays, mais du côté de la place Beauvau, la famille Sarko-Guéant-Valls s'égare dans le séparatisme juridique, en faisant joujou avec des conceptions bizarres…
Toutes les ONG impliquées l’ont dit et redit au gouvernement (Parti socialiste exemplaire) : détruire les maisons pour jeter les enfants à la rue, c’est violer la loi. Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, fait notable, a condamné la France pour ces pratiques. Oui, mais les héros de la gochmole veulent faire les coqs devant l’UMP, et l’Etat sait pouvoir compter sur le soutien les élus locaux qui, pour ce secteur, baignent dans un assaisonnement saumâtre fait de socialisme frelaté et de franc-maçonnerie rance.
Donc, on vire les Roms la veille du week-end de Pâques,… et ça va passer comme une lettre à la poste.
Et ben non, pas de chance, tout s’est enrayé.
Les familles ont cherché où aller, mais toutes les portes étaient fermées et aucun service ne voulait prendre leurs appels. Le soir, elles ont trouvé refuge auprès du père Matthieu Thouvenot dans une salle paroissiale de Notre-Dame-des-Anges, dans le quartier de Gerland, à Lyon, avec ces mots de bienvenue si simples : « Je ne comprends pas comment on peut expulser des gens quand il n'y a aucune urgence. Ils étaient sur un terrain depuis plusieurs mois, je ne vois pas l'urgence qu'il y a à les faire partir sous la pluie et dans le froid ».
Le père avait déjà accueilli des familles en 2011, et l’affaire avait été bien gérée : « Les familles ont un logement, du boulot et les enfants vont à l'école ». Le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, est venu rendre visite : « Je suis venu ici pour leur dire qu'on les aime. Ils sont mieux ici que dans la rue. Vous avez vu comme il fait froid ces jours-ci ? » Dis donc, Valls, petit polisson, tu écoutes quand on te parle ?
Ensuite, ça a enchaîné avec la remarquable réactivité du MRAP et des réseaux. Deux avocates ont passé le week-end à recevoir les familles, préparer les dossiers, rédiger les actes… Mardi tout était prêt : douze requêtes en référé ont été enregistrées devant le tribunal administratif de Lyon. Chapeau à ses grandes amies que sont Céline Amar et Myriame Matari. Là, la défense, ça veut dire quelque chose…
La procédure utilisée, c’est le référé-liberté de l’article L. 521- 2 du Code de Justice administrative : « Saisi d'une demande en ce sens justifiée par l'urgence, le juge des référés peut ordonner toutes mesures nécessaires à la sauvegarde d'une liberté fondamentale à laquelle une personne morale de droit public ou un organisme de droit privé chargé de la gestion d'un service public aurait porté, dans l'exercice d'un de ses pouvoirs, une atteinte grave et manifestement illégale. Le juge des référés se prononce dans un délai de quarante-huit heures ».
Les avocates demandaient au juge de constater les violations graves des droits fondamentaux – le logement et la dignité – et d’ordonner au préfet du Rhône de trouver à ces familles un hébergement, sous astreinte financière. Et ces deux étoiles de la défense d’ajouter – évidente vérité – qu’il existait des fonds européens affectés qui n’étaient pas utilisés, car l’Etat refuse cette politique d’intégration. Tu piges, Valls (Parti socialiste désintégré) ?
Le préfet a répondu par une conférence de presse mercredi matin. Je vous laisse apprécier : « Il ne s'agit pas de personnes en détresse puisqu'elles sont hébergées par la paroisse. J'ai garanti que je ne les expulserai pas de la paroisse ». Ça n’a pas faire rire tout le monde...
La salle paroissiale a été libérée, car elle est affectée au service d’une école, et les familles, le prêtre et leurs amis ont campé la nuit sous les fenêtres du tribunal. « On a apporté à manger et j'ai amené mon duvet. Je ne pouvais plus matériellement les héberger et je ne voulais pas les abandonner », a expliqué le Père Matthieu Thouvenot.
Hier après-midi, le tribunal administratif a fait droit à la demande des Roms. Il a condamné l’Etat à reloger 10 des 12 familles, soit une cinquantaine de personnes, sous astreinte de 75 euros par jour de retard.
Le juge rappelle le principe issu de l’article 345-2 du Code de l’action sociale et des familles : « Il appartient aux autorités de l’Etat de mettre en œuvre le droit à l’hébergement d’urgence reconnu par la loi à toute personne sans abri, qui se trouve en situation de détresse médicale, psychique ou sociale ».
Le dossier laissait apparaître que l’Etat n’avait pas apporté la moindre réponse aux demandes d’hébergement d’urgence. Il n’a même pas été répondu au téléphone…
Le juge estime que « si le préfet fait valoir qu’en dépit des efforts accomplis par les services de l’Etat pour accroître les places disponibles dans les centres d’hébergement d’urgence (…), les capacités d’accueil en urgence sont saturées, cette circonstance ne saurait justifier qu’aucune solution ne puisse être offerte à une famille sans abri, composée d’enfants en bas âge, compte tenu des conséquences graves pour ces enfants ».
Il poursuit : « La carence de l’Etat dans son obligation d’assurer un hébergement d’urgence à des personnes sans abri est caractérisée et constitutive d’une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale des requérants ».
Ce n’est qu’une ordonnance de référé, mais les motifs sont d’une telle solidité que la jurisprudence a été faite. Bravo ! Valls ne peut démanteler que s’il offre une solution de remplacement, et l’Etat va devoir se résoudre à mettre en œuvre les politiques d’intégration prévues par l’Europe, et financées. Le discours débile sur « les Roms qui ne veulent pas s’intégrer » s’est scratché sur la loi.
C’est une nouvelle contribution des plus démunis à la construction de notre Etat de droit. Franchement, ça vaut bien une bonne fête !
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14/03/2013
Une suite au CESEDA
En France, de plus en plus d’enfants étrangers sont enfermés dans des centres de rétention. La Cour européenne des droits de l’homme a condamné l’Etat pour détention "inhumaine" et "dégradante" de réfugiés mineurs.
Qu'à cela ne tienne, Valls "infléchie" le ceseda vers l'assignation à résidence et décomplexe la tentation xénophobe.
Pénalisation des étrangers : « tout changer pour que rien ne change » ?
Contraint de se plier aux décisions de la Cour de justice de l’Union européenne, le gouvernement a fait adopter la loi du 31 décembre 2012 supprimant le délit de séjour irrégulier.
Une rupture avec la ligne de fermeté envers les étrangers en situation irrégulière ? Un pas vers plus d’humanité dans une logique de protection des droits fondamentaux ? Ce n’est malheureusement pas le cas.
Pour pallier la suppression du délit de séjour irrégulier, des infractions demeurent ou sont mises en place. C’est ainsi que l’article L. 621-2 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda) prévoit toujours la répression de l’entrée irrégulière et que la loi du 31 décembre 2012, reprenant d’une main ce qu’elle donne de l’autre, introduit une infraction de résistance passive à une mesure d’éloignement ou d’assignation à résidence (nouvel alinéa 1 ajouté à l’article L. 624-1 du Ceseda) : une façon de ne pas heurter de front la jurisprudence de la Cour de Luxembourg ;
La garde à vue des étrangers, rendue impraticable du fait de la dépénalisation du séjour irrégulier, est remplacée par une mesure de retenue administrative qui en est la copie quasi conforme : les services de police peuvent continuer de remplir les centres de rétention et les salles d’embarquement en tout confort.
L’essentiel répressif étant ainsi préservé, ce même gouvernement aurait pu se montrer plus compréhensif dans le traitement des conséquences réglementaires et administratives de ce tour de passe-passe législatif. Il n’en est rien.
Le décret n° 87-249 du 8 avril 1987 portant création du fichier automatisé des empreintes digitales (FAED) n’autorise que l’enregistrement de données destinées à permettre l’identification d’auteurs de crimes ou délits ; il est donc en toute logique devenu inutilisable pour identifier les étrangers en situation de séjour irrégulier. Qu’à cela ne tienne, le ministère de l’intérieur prépare un décret élargissant l’objet du FAED, qui permettra de continuer à traiter leurs empreintes comme s’il s’agissait de délinquants ;
Les dépenses médicales et d’interprétariat engagées dans le cadre des nouvelles mesures de retenue administrative ne peuvent plus constituer des frais de justice, car ne se rattachant plus à la recherche d’auteurs d’infraction ; le ministère de la justice demandait donc que la logique budgétaire soit respectée et que le ministère de l’intérieur les prenne en charge. Matignon a pourtant tranché : ces dépenses continueront d’être imputées sur les frais de justice correctionnelle.
Ainsi, malgré la suppression du délit de séjour irrégulier, la pénalisation des étrangers continue d’imprégner la loi jusque dans ses moindres détails.
Les associations membres de l’Observatoire de l’enfermement des étrangers sont : Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat), Anafe, ADDE, Comede, Emmaüs France, Fasti, Gisti, La Cimade, LDH, Mrap, Observatoire du CRA de Palaiseau, Revue « Pratiques », Syndicat de la magistrature (SM), Syndicat de la médecine générale (SMG), Syndicat des avocats de France (SAF)
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12/01/2013
On vous le dit gentiment Manuel
Au temps des Hortefeux, Besson, Guéant, le PS faisait encore semblant d'être indigné. Aujourd'hui, maintenant, depuis quelque temps déjà, la "banalité du mal" a fait son entrée au ministère de l'Intérieur et dans ses succursales.
De façon tout à fait gratuite et comme par plaisir, à force de les couvrir ou de faire mine de les ignorer, Valls-Manuel-police-française est en train de faire de la «bavure» au sens générique du terme, un état social chronique dont, à la Ligue des Droits de l’Homme, nous ne nous accommoderons jamais.
Ces brûlures multiples (par exemple) ne sauraient être apaisées par une poignée de déclarations sélectives et circonstanciées propres à donner le change ou à faire réagir les affects collectifs comme pour mieux masquer une réalité beaucoup plus sordide, surtout si la haine des hommes ne comporte aucun risque et que leur bêtise devient une évidence.
Concernant l'immigration, Pierre Tartakowsky, gardant son calme, lui rappelle ce qu’il n’aurait jamais dû oublier s’il n’avait fait l’impasse sur la Raison autant que sur l’Humain.
Faudra-t-il prouver, ici aussi, qu’une formule mathématique est à l’origine de ces errements ?…
Lettre ouverte au Ministre de l'Intérieur
LE PRÉSIDENT
Réf: 29/13/PT/VP
Monsieur Manuel Valls
Ministre de l’Intérieur
Place Beauvau
75800 Paris cedex 08
Paris, le 10 janvier 2013
Monsieur le Ministre,
"J’ai eu à plusieurs reprises, au cours de l’année écoulée, l’occasion de manifester auprès de vos services les incompréhensions, les inquiétudes et la désapprobation grandissante que suscite la politique actuelle du gouvernement en direction des femmes et des hommes dits « sans papiers » qui vivent, habitent et travaillent dans notre pays. Je saisis ce début d’année nouvelle pour exprimer le voeu que ces messages soient pris en compte au niveau où ils le méritent et que l’actualité, hélas, illustre sans désarmer sur l’ensemble du territoire français.
Tout récemment, le préfet du Nord a reçu les représentants des grévistes de la faim du Nord, engagés dans une longue et cruelle grève de la faim pour l'obtention de la régularisation de leur séjour en France, en présence de la fédération du Nord de la Ligue des droits de l'Homme. Un conflit d’autant plus douloureux qu’il a été marqué par des expulsions dont la seule raison était d’intimider les grévistes, alors même que leurs revendications sont légitimes. Elles correspondent à la situation de nombre de personnes étrangères présentes sur le territoire national. C’est dire que si l'étude au cas par cas de la situation de ces grévistes de la faim est un acte responsable de votre administration, il ne saurait à lui seul suppléer à la définition législative et réglementaire d'une régularisation objective, permanente et stable.
Lors des nombreuses rencontres que vous avez eues avec les associations et syndicats membres de la « Plateforme des 12 », avant la publication de la circulaire du 28 novembre, dite de régularisation, nous vous avons présenté et expliqué la convergence, l'accumulation, la combinaison des effets de précarisation, de flexibilisation, de mise en clandestinité de milliers de personnes qui, pourtant, participent à la vie économique de notre pays au point que des secteurs notables, tels les services, la manutention, le bâtiment, la restauration et même la sécurité, ne peuvent plus s’en passer. Simplement parce que ces travailleurs effectuent le travail dont personne d'autre ne veut.
Discriminés, stigmatisés, ignorés, fragilisés, ces femmes et ces hommes subissent de plus le poids de l'arbitraire que leur infligent souvent, si ce n'est la plupart du temps, les services préfectoraux, soit qu’ils ignorent vos directives quand elles s'avèrent plus favorables qu'auparavant, soit qu’ils les appliquent avec un zèle excessif, quand malheureusement elles ont renforcé un arsenal répressif existant. Ce que nous disent les grèves de la faim et autres occupations c’est que votre réglementation, trop timide dans ses avancées par rapport à une situation qui n'a fait que se dégrader ces dix dernières années, ne peut plus en compenser l'aggravation. La seule solution serait une régularisation massive et généreuse.
L'argument qui sert à refuser ces régularisations parce qu'elles produiraient un appel d'air – une forme de primes à la clandestinité – repose sur une déformation des liens de causalité. La présence de ces travailleurs est directement liée aux rigueurs des contrôles migratoires, qui renforcent l'organisation économique dominante vivant de la précarité et de la concurrence y compris monétaire entre les salariés. Cette gestion sécuritaire produit de la clandestinité et de la discrimination, comme les excès du marché financier produisent des licenciements. Ce n’est donc pas en expulsant des immigrés même « clandestins » au seul sens administratif du terme, que la politique de votre gouvernement restaurera de l'emploi et de la confiance.
Nous attendons autre chose de votre gouvernement. Nous souhaitons qu’il traduise dans les faits ce qui a été affirmé pendant les campagnes électorales : puisque les immigrés ne sont pas le problème, les expulser n'est pas la solution. Nous réitérons auprès de vous et de vos services, que ces gens qui vivent, étudient, travaillent, jouent, aiment ici, doivent voir reconnue leur place dans la République, bénéficier de ses principes et de ses valeurs. Il est à cet égard parfaitement regrettable que vous ayez cru devoir reprendre à votre compte un objectif chiffré de rapatriement, autrement dit d'expulsions, sans qu'aucun argument objectif n'ait pu vous permettre de le fixer. Comment oublier d’ailleurs que ce chiffre de 35 000 expulsions est déjà atteint avec toutes les personnes expulsées au mépris de la loi, du droit et des droits, à partir de la Guyane ou de Mayotte ?
Il suffit, Monsieur le Ministre, de se pencher et de décomposer les données publiées dans les différents rapports sur l'immigration soumis à l'Assemblée nationale, pour comprendre que l'objectif fixé d'un nombre d'expulsions n'est que le masque d'une politique de communication.
C'est un gage donné non pas à la réalité, mais à la peur.
Je me permets d’attirer votre attention sur un chiffre. Il s'agit du nombre de régularisations par le travail arrachées, depuis la grève des sans-papiers de 2008, à un gouvernement dont l'aménité vis-à-vis des « immigrés clandestins » n'était pas établie : 11 à 12 000 de plus par an !
La régularisation en nombre est donc possible, et sans dégâts perceptibles pour notre pays, lorsque les premiers concernés se mobilisent et bénéficient de la solidarité populaire. C’était sous un gouvernement de droite. Faut-il aujourd’hui recourir au même bras de fer en redoutant des résultats moindres ? Nous voulons espérer que ce n’est pas le cas.
Nos craintes s’enracinent dans les critiques et jugements de la circulaire du 28 novembre, que nous avons formulés. Les grèves de la faim attestent de leur validité. Car cette circulaire dite de « régularisation » exclut de fait certaines catégories d’étrangers, tout en prévoyant une maîtrise d’œuvre par les préfectures qui reste changeante et aléatoire.
Sur le fond, la logique des critères pour obtenir un titre de séjour reste restrictive. En fixant des chiffres très élevés de présence constatée, la circulaire apporte certes des améliorations par rapport à la situation précédente, et ouvre la possibilité d’un nombre notable d’issues positives. Mais, que ce soit pour les enfants et les jeunes majeurs en cours d’études, pour leurs familles, que ce soit pour les salarié(e)s, les durées exigées sont trop loin de la réalité des demandes déposées ou exprimées. De plus, les autres conditions ajoutent une très rigoureuse limitation des situations éligibles à la régularisation, telle l’exigence de bulletins de salaire sur toute la période de référence, ce qui évacue de façon massive et négative toutes celles et tous ceux qui subissent nécessairement le système du travail non déclaré.
Si nous avons apprécié que votre ministère s’engage à mettre un terme à l’arbitraire des administrations préfectorales, en fixant des dispositions stables et pérennes applicables partout, nous sommes inquiets d’observer que la réalité est bien éloignée de cet objectif, parce que l’éloignement du territoire demeure encore et toujours la règle. Il est donc de votre responsabilité de ministre de l’Intérieur de s’assurer que les dérives de ces dernières années cessent.
Notre pays a besoin de fraternité, de justice, de sérénité et de progrès social, qui sont autant d’atouts dans la lutte contre les crises économiques et les extrémismes xénophobes qu’elles attisent. C’est pourquoi la LDH souhaite une autre orientation de la politique gouvernementale vis-à-vis des étrangers, de leur rôle et de leur apport. Il dépend de cela que l’espoir revienne chez des milliers de familles, de jeunes et de travailleurs sans papiers, dès maintenant.
Vous comprendrez que nous rendions cette lettre publique.
Veuillez croire, Monsieur le Ministre, etc, etc..."
Pierre Tartakowsky
Président de la Ligue des droits de l’Homme
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28/08/2012
Un regard à soutenir …
Rroms : «Il y a un problème humain à résoudre et, pour le résoudre, les gens qui gouvernent nomment des hommes dont les qualités humaines sont atrophiées», des professionnels imbus d'eux-mêmes, attisant la xénophobie sous couvert d'efficacité prétendue.
On appelle ça du populisme.
A La Rochelle, les militants «socialistes» applaudissent leur ministre de l’intérieur … sans s’apercevoir que l’antienne sécuritaire qui lui tient lieu de prothèse n’a plus rien de différent de celle de ses prédécesseurs. On aurait pu s’en douter ? - On s’en doutait, mais pas dans de telles proportions.
Avec ses allures de matamore engoncé dans un costume trop étroit, de petite frappe bien décidé à tout défoncer autour d’elle pourvu que le dernier mot lui revienne sur un simple coup de menton, qui peut encore croire que M. Valls est un digne représentant du parti dont il ose se prévaloir, un parti au socialisme passé mais qui devrait au moins tenter de faire reluire ses origines.
Par la grâce des Rroms qu’il s’est choisi comme bouc émissaires, Valls vient de faire franchir à ses aficionados cette limite honteuse qui faisait que le gouvernement par défaut dont il est l’un des membres «solidaires», pouvait encore avoir une quelconque crédibilité. Qu'importe. "Ne pas laisser à la droite et à l'extrême droite le monopole des injustices et de la violence", telle est son credo !
Les cotes de popularité s’effondrent.
La petite frappe d’Evry n’en a cure. En trois coups de cuillère à pot, elle se permet même de piétiner les platebandes du ministère de la Justice (dont les décisions doivent « normalement » précéder tout démantèlement), celles du ministère du Logement (devant « normalement » trouver des solutions de relogement avant expulsion), celles du ministère de la Santé (jamais consulté mais concerné par les questions sanitaires que la situation des Rroms exige), etc, etc.
Solidarité mal placée oblige, personne ne moufte.
Au passage, et comme si ce n’était pas assez, cet inconditionnel de la présomption d’innocence (essentiellement appliquée à son ami DSK), se permet et trouve le temps de donner (sans qu'on le lui demande) son avis (favorable) sur le nucléaire, méprisant à la fois l’Environnement, son ministre et les engagements pris par le Président «à poigne» qui lui a pourtant offert son poste à Beauvau…
Les épithètes finissent par manquer pour qualifier cet individu, sans doute bien plus nocif que toutes celles et tous ceux qui, prévisibles, lui ont ouvert la voie depuis plus de dix ans. Moins chanceux qu’un Eric Besson qui avait pu trouver refuge sous l’aile protectrice du sarkozysme, fier-à-bras déçu, il enfourche un cheval fiévreux, apparemment bien décidé à occuper le terrain de la droite extrême et populiste. Jusqu’à quand ?
Les militants godillots du PS -ce n'est donc pas incompatible- l’applaudissent encore, alors qu’ils devraient lui intimer l’ordre de décamper. Auraient-ils apprécié le spectacle ?...
Contrepoint pour aller mieux ...
Alexandre Romanès* a signé une tribune dans Le Monde intitulée : "Nomades, nous resterons". Peu probable que l’ex maire d’Evry en ait saisi le sens et a fortiori, ait songé à donner la parole à cette minorité.
" En France, sur les plateaux de télévision, toutes les minorités ont leurs représentants, sauf nous. C'est toujours un homme ou une femme, étranger à notre communauté qui parle de notre malheur. Et en parle mal. Mais nous ne sommes pas les seuls invités à se taire. Les poètes sont dans la même situation."
Si tu veux dire la vérité, assure-toi que tu as un bon cheval." Proverbe tzigane. Dans les tribus gitanes et tziganes, on connaissait un vieux proverbe : "Pour vivre heureux, vivons cachés." Par crainte des conventions et du pouvoir, nous n'avons jamais permis aux autochtones de s'approcher de nos campements. D'un côté, les habitants des villes et des villages, désireux de voir passer le plus vite possible une population jugée dangereuse. De l'autre côté, des tribus repliées sur elles-mêmes, ne dévoilant de leur culture que ce qu'elles voulaient bien montrer, c'est-à-dire très peu.
Avec le temps, certains traits de notre culture nomade ont pénétré la société occidentale. Comme nous, une partie importante de la société veut vivre au soleil : les bureaux, les usines, les patrons, les responsables politiques, ils n'en veulent plus. Ils votent de moins en moins. Nous, on ne vote pas. Vous avez supprimé le service militaire. Nous ne l'avons jamais fait. Et la réussite sociale nous semble bébête !
Comme le dit le poète gitan Jean-Marie Kerwich : "Ils construisent des murs et ils détruisent le vent." Malheureusement, les sédentaires ne détruisent pas que le vent. Aujourd'hui, la destruction touche tout le monde : les gens de modeste condition, les faibles, les Arabes, les Noirs, les juifs et même les riches.
Le poète Jean Grosjean dit : "L'Occident me fait penser à ces troupeaux d'animaux qui se jettent par milliers du haut de la falaise pour se suicider."
Nous, nous installons notre petit chapiteau dans des villes très différentes les unes des autres. Quand nous sommes dans une ville pauvre, nous avons des contacts avec plein de gens, et quand nous partons, des dizaines d'hommes et de femmes viennent nous saluer. Je me souviens d'un commissaire de police me suppliant de rester dans sa ville. Quand nous installons le chapiteau dans les beaux quartiers, nous n'avons pas de contact avec la population. Comme dit ma fille de 14 ans : "Si les riches étaient heureux, ça se verrait sur leur visage."
Pauvres Chinois, qui travaillent comme des bêtes pour rejoindre un modèle qui les tuera eux aussi ! Que s'est-il passé pour que tant d'hommes et de femmes soient malheureux dans ce pays ? Dans les tribus gitanes et tziganes, nous avons des défauts, mais les garçons et les filles se rencontrent et n'ont pas peur de faire des enfants. Une de mes plus jeunes filles vient de fêter ses 16 ans, en même temps que les 2 ans de son fils. Nous ne connaissons pas le racisme de l'âge : les 14-15 ans entre eux, les 18-20 ans entre eux, les 30-40 ans, les 50-60 ans, et ainsi de suite jusqu'à la mort. Car, même morts, on est séparés : les chrétiens dans des cimetières chrétiens, les musulmans dans des cimetières musulmans, et les juifs dans des cimetières juifs.
Et ce mépris pour les femmes qui gagne tous les jours du terrain... Comme disait mon fils, quand il avait 10 ans : "Ce serait joli, s'il n'y avait que des femmes." Les tribus gitanes et tziganes sont des sociétés matriarcales. Les femmes prennent les décisions importantes, tout leur appartient, et les enfants portent leur nom...
Il est interdit d'offrir des fleurs car il faut les couper. Le mot "lendemain" n'existe pas. Notre langue, qui vient du nord de l'Inde, n'est pas verbeuse, elle va à l'essentiel. Souvent, un mot désigne plusieurs choses. Par exemple, "police" et "diable", c'est le même mot ; et "ciel", "donner" et "Dieu", c'est aussi le même mot. Nous avons une médecine qui guérit des maladies que la médecine officielle ne guérit pas. Cette culture s'est construite dans le vent, sur des chemins pierreux, loin des modes et du confort des villes.
Depuis quelques mois, les responsables politiques européens s'intéressent à notre sort, bien que nous soyons plusieurs millions en Europe. Personne ne nous demandera notre avis et, de plus, la présidence hongroise de l'Europe pour les six mois tombe mal car les responsables politiques hongrois nous détestent.
Mettre un Gitan ou un Tzigane dans une maison ou un appartement est une aberration. Quand le sinistre président roumain Ceausescu a mis de force les Tziganes dans des appartements, les Roumains, qui ont de l'humour, disaient en parlant de nous : "Ces gens sont bizarres : ils mettent les chevaux dans les appartements, et eux, ils vivent dehors !"
Beaucoup d'hommes et de femmes à travers le monde se soucient des tribus indiennes en Amazonie. Qui se soucie des tribus indiennes en Europe ? Notre peuple est originaire de ce "pays continent".
Il y a un problème humain à résoudre et, pour le résoudre, les gens qui gouvernent nomment des hommes dont les qualités humaines sont atrophiées, voire inexistantes. Sur cette lancée, on devrait demander au ferrailleur d'accoucher les femmes, et recruter des gars dans les écoles de flamenco pour faire la guerre.
Je ne suis pas loin de penser que, dans ce pays, tout est mal fait ! L'attaque sauvage que le pouvoir a lancée cet été sur les campements tziganes n'a pas de lien avec le nazisme, mais elle a un lien avec l'affaire Dreyfus car, si ce jeune capitaine n'avait pas été juif, il ne se serait rien passé. Si les campements délabrés avaient été occupés par des Anglais, des Allemands, des Italiens ou des Suisses, il n'y aurait pas eu d'attaque. Une fois de plus, le pouvoir se trompe. Mal informé, il pense que, demain, 500 000 Tziganes de l'Est viendront s'installer en France. Il a oublié que nous sommes des nomades et que ceux d'entre nous qui ont résisté à la sédentarisation tourneront dans toute l'Europe.
Ces responsables ont un souhait : la mixité sociale dans les aires de stationnement qui nous sont réservées, toujours entre la décharge municipale et l'autoroute. Elle est où, la mixité sociale ? Et quand l'aire de stationnement existe, c'est dans la loi, il est interdit d'aller sur le terrain vague d'à côté.
Nous ne voulons pas être parqués, nous refusons les cases, nous voulons rester dans le nomadisme. C'est déjà bien assez de vivre dans un océan de lois. On refuse de vivre entre des murs, on veut sentir le vent, voir des paysages à perte de vue, faire de la musique autour d'un feu toute la nuit. Quel mal y a-t-il ? Ce que ma communauté a vécu cet été a touché le cirque Romanès. Le pouvoir nous dit qu'il n'y a pas de lien, mais comme les accusations ne reposent sur rien de sérieux, nous sommes bien obligés de penser que le lien existe. Plusieurs personnalités du spectacle et de la politique sont intervenues, mais ça ne change rien. Faut-il se mettre à genoux pour être entendus ?
(…)
Les recueils de poésie qui paraissent en France seraient-ils plus mauvais que les romans ? Comme l'écrit un poète tzigane dont j'ai oublié le nom, la plupart des romans sont moins utiles qu'un cure-dents. Il y a actuellement en France une dizaine de poètes remarquables, notamment la poétesse Lydie Dattas. Malgré plusieurs publications au Mercure de France et chez Gallimard, elle demeure inconnue. Elle vient de publier un livre magnifique qui s'appelle La Foudre (Mercure de France). Quand elle sera morte, on découvrira une poétesse au niveau de Corneille et de Racine...
Dans ce pays, les grands moyens d'information existent, mais ils sont asphyxiés par l'Audimat, le politiquement correct, le vedettariat et les débiles mentaux. L'immense poète Jean Grosjean n'a jamais eu une heure de télévision. Mais des crétins qui se disent écrivains ont des centaines d'heures. On vient de fêter le centenaire de la naissance d'un autre grand poète, Jean Genet. Heureusement, France Culture lui a consacré plusieurs émissions et Laure Adler l'a royalement servi. Mais pour des raisons obscures, les médias font comme si ce poète n'avait jamais existé. On entend régulièrement des médiocres dire : "Il n'y a plus d'artistes en France." Si le milieu artistique se résume à ce que nous montrent les chaînes de télévision, effectivement, il n'y a pas grand-chose.
La Bible dit : "Au commencement était le Verbe." Pour les tribus tziganes et gitanes et pour les poètes, il n'y a pas de commencement.
Alexandre Romanès
* Luthiste baroque, poète et directeur de cirque
Né en 1951, Alexandre Romanès est issu d'une grande famille du cirque, dont il s'éloigne à l'âge de 25 ans afin de retrouver la culture gitane. Poète salué par Jean Grosjean ou Christian Bobin, il a publié, aux éditions Gallimard, "Paroles perdues" (2004) et "Sur l'épaule de l'ange" (2010). Il dirige le Cirque tsigane, composé de Gitans et accompagné d'un orchestre venu des Balkans.
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22/08/2012
Valls peut-il se sentir concerné ?
En a -t-il l'intention, les moyens ?... N'aurait-il rien d'autre à faire ?...
A moins de vouloir donner des gages à un électorat xénophobe, comment un individu, fut-il ministre, peut-il un jour défendre l'honneur perdu d'un forniqueur compulsif qu'il présume innocent, et s'acharner le lendemain, à grands coups d'arguties absurdes qui relèvent de l’hypocrisie autant que de la mauvaise foi, sur des personnes dont le seul crime est d’être Rrom et sans défense.
En novembre 1996, la franchise d’Albert Jacquard avait fini par donner lieu à une décision de justice reconnaissant la primauté de la conscience individuelle sur le droit positif.
Le syndicat Alliance avait fait assigner Albert Jacquard, en raison de propos qu’il avait tenus à la télévision au cours de l’émission "les Quatre vérités" sur France 2. En effet, commentant l’évacuation de l’Eglise Saint-Bernard par les forces de l’ordre, le 23 août 1996, Albert Jacquard avait notamment déclaré :
« Donc j’espère que Monsieur Xavier Emmanuelli démissionnera dans la journée et que d’autres ministres, tous ceux qui ont vraiment à coeur l’honneur de la France, démissionneront. Il faut leur rappeler ce qui s’est passé en 43, en 43 aussi le gouvernement de Pétain appliquait la loi... »
« C’est mon devoir de Français et aujourd’hui [...] c’est le devoir de tous les Français d’aller à Saint-Bernard pour dire non et c’est même le devoir des forces de l’ordre. Sinon elles vont avoir exactement la même attitude que les flics français quand ils sont allés au Vel d’Hiv. »
Le syndicat de policiers avait considéré que ces propos étaient « constitutifs du délit d’outrage envers une personne dépositaire de l’autorité publique » et « du délit de diffamation publique envers des fonctionnaires publics », estimant que « le fait de comparer l’intervention des fonctionnaires de police chargés de l’évacuation de l’église Saint-Bernard à la rafle du Vel d’Hiv est outrageant et infamant à leur égard ».
Devant le tribunal, Albert Jacquard, représenté par Me Jean-Jacques de Félice, a exposé que ses propos ne pouvaient être considérés comme fautifs, « s’agissant d’un appel au respect d’obligations inscrites dans la Déclaration des Droits de l’Homme, dans la Constitution ou dans la Convention Européenne des Droits de l’Homme. »
Le TGI de Paris a débouté par un jugement du 5 novembre 1997 le syndicat Alliance de toutes ses demandes, avec les attendus suivants :
« En s’adressant aux forces de l’ordre public, en les appelant à la désobéissance et en comparant, au cas où il ne serait pas entendu, leur attitude à celle qu’ont eue les “flics” français quant ils sont allés au Vel d’Hiv, Albert Jacquard, dans une objurgation qui ne comporte en elle-même aucune connotation péjorative, ni termes de mépris ou d’injure à l’égard de leur fonction, et qui s’inscrit manifestement dans une critique des actes de l’autorité publique, les a invités, selon les convictions personnelles qui sont les siennes, à une prise de conscience qui lui paraissait conforme à ce qu’il estime devoir être l’ honneur de leur profession ; »
« Quelqu’excessive que puisse être ressentie par ceux auxquels elle s’adresse la comparaison avec l’attitude de leurs prédécesseurs dans les mêmes fonctions durant la période de l’occupation, ces propos, se référant explicitement, dans un contexte politique, à un devoir qui, selon leur auteur, s’impose à tous lorsque les circonstances font apparaître une contradiction entre le droit positif et la conscience individuelle, ne sont pas de nature à porter atteinte à la dignité ou au respect des membres de la profession en cause ; »
Le jugement a été confirmé en appel le 21 mai 1999.
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15/08/2012
Qui est de trop ?
Le 14 oct. 2010 Tony Gatlif était interviewé sur euronewsfr :
… Rien n’a changé, et c’est encore plus écœurant avec ce gouvernement là !
«
A Lyon, le mardi 14 août 2012 : Expulsions sans relogement, retours contraints ...
L'ÉTAT POURSUIT AU COEUR DE L'ÉTÉ UNE POLITIQUE DISCRIMINANTE
Il y a un mois, la Fédération du Rhône de la Ligue des Droits de l'Homme communiquait déjà les expulsions de squats de Rroms, sans solution de relogement.
Aujourd'hui, en plein cœur d'août, la Fédération du Rhône de la Ligue des Droits de l'Homme doit faire l'amer constat de la continuité d’une politique discriminatoire qui montre du doigt cette population rrom, déjà malmenée sous le précédent gouvernement, une politique qui continue à les mettre en danger.
L’expulsion ce matin du 63 rue Montesquieu, qui n’avait pas eu lieu le 10 août comme nous en avions été informés, est une preuve de plus de l’acharnement voulu contre cette population. Après l’espoir du respect du à ces habitants le couperet vengeur est tombé. Les associations actives sur le terrain sont débordées par l’ampleur de la tâche.
L’expérience de terrain démontre qu’une telle politique est absurde et inopérante. Inopérante pour plusieurs raisons :
- Les déplacements forcés incessants des populations ont des conséquences humaines dramatiques, avec une absence de scolarité durable alors qu’il y a là un enjeu majeur pour l’intégration, des conditions d’hygiène et de vie déplorables, des difficultés de soins,…
- Le renvoi en Roumanie, sur la base d’un pseudo-volontariat, est inefficace, car la très grande majorité des gens revient ; cela coûte cher pour une absence de résultat réel, avec cet argent gaspillé, d’autres projets pourraient-être envisagés.
- La plupart des Rroms ainsi expulsés à grands renforts médiatiques sont déterminés à rester en France et la plupart ne sont pas expulsables.
Malgré les déclarations du ministre de l'Intérieur, ces expulsions médiatisées signent la poursuite d'une logique de discrimination. Les Rroms continuent à servir de variable d'ajustement à une politique qui confond consciemment « immigration » et « insécurité ».
Ces Rroms, pour le plus grand nombre, sont membres de l’Union européenne. Ils ont leur place ici au même titre que les autres membres de la communauté européenne.
La Fédération du Rhône de la Ligue des Droits de l'Homme, présente sur les multiples expulsions pratiquées sur le Grand Lyon ces derniers jours, travaille en lien étroit avec les autres associations concernées et cherche à trouver des solutions au drame que vivent ces familles pourchassées jusque sur le trottoir.
Une autre politique doit être demandée aux Préfets. La réponse à Romeurope du candidat François HOLLANDE, aujourd'hui président de la République, du 22 février 2012, doit servir de feuille de route. Les engagements pour une nouvelle politique vis-à-vis des Rroms y sont clairs. Les citoyens français, les associations engagées auprès d’eux attendent cela d’un gouvernement socialiste.
Le président fédéral de Ligue des Droits de l'Homme
Contact presse : Jacques DUMORTIER,
Délégué fédéral « Rroms » et « Gens du Voyage »
06 10 36 83 54
»
Que celui qui est de trop s'en aille !
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