09/09/2013
La Syrie et la mort
Extrait d’un poème, comme un cri de la poétesse irakienne Nazik Al-Malaika.
Gifle stridente sur le visage des fauteurs de guerre, la réalité que ce cri recouvre devrait crever leurs tympans. Leur argumentation piteuse consiste à faire croire aux vertus humanitaires de leurs arsenal militaire qui ne disparaîtra que «dans le silence cruel de l’éternité où la mort devient remède» sans égard pour les êtres humains qui ne savent où trouver refuge.
L’aube s’est levée
Écoute bien le bruit des pas de ceux qui sont en marche
Dans le silence de l’aube, prête attention aux processions en pleurs
Dix, vingt morts
Ne cherche pas à les dénombrer, écoute ceux qui pleurent.
Entends la voix du pauvre enfant
Des morts, des morts, ils sont morts en nombre
Des morts, des morts, il n’y a plus de demain
Partout un corps que pleure un affligé
Pas un instant d’éternité, pas de silence
Voilà ce qu’a fait la main de la mort
La mort, la mort, la mort
L’humanité se plaint, se plaint de ce qu’a commis la mort
Le choléra
Dans l’horreur de la caverne, parmi les corps
Dans le silence cruel de l’éternité où la mort devient remède
Le mal du choléra s’est réveillé.
Haineux, prêt à bondir, il s’élance,
Il dévale la vallée riante, éclatante
Il crie, déchaîné et furieux,
Sans écouter le bruit de ceux qui pleurent.
Partout ses griffes ont laissé derrière lui des morts ;
Dans la cabane du paysan, à la maison,
Rien d’autre que les cris de la mort
La mort, la mort, la mort
Sous la forme du choléra, la mort se venge.
Le silence est persistant
Rien d’autre que le retour des « Dieu est grand » ...
Même le fossoyeur a baissé les bras, il n’y a plus d’auxiliaire.
La mosquée, son muezzin est mort,
Et le mort, qui en fera-t-il l’oraison funèbre ?
Il ne reste plus que des pleurs et des gémissements
L’enfant, sans père ni mère,
Pleure d’un cœur dévasté :
Demain, nul doute, la maladie mauvaise le dévorera.
O spectre du choléra, tu n’as rien laissé,
Rien, sinon les affres de la mort,
La mort, la mort, la mort.
O Égypte, ce qu’a fait la mort m’a déchiré le cœur.
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