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23/09/2014

Réfugiés syriens vs ministère de l'intérieur

En Syrie, entre mars 2011 et fin avril 2014, plus de 190.000 personnes ont été tuées directement en raison du conflit (chiffre annoncé le vendredi 22 août par le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme).
Comme si ce n'était pas suffisant, fin 2013, alors que plus de 2,3 millions de réfugiés avaient fui la Syrie, la France a très généreusement décidé d’en accueillir 500 !

syrie,asile

"On a frappé à toutes les portes. En vain"

 

Comme si ce n'était pas suffisant, en refusant des visas à une famille syrienne, le ministère de l’intérieur vient de violer le droit constitutionnel à l’asile.

Le tribunal administratif de Nantes a donné raison, le 16 septembre 2014 à une famille syrienne à laquelle la France avait refusé de délivrer des visas de court séjour. Le Gisti (Groupe d'Information et de Soutien des immigr-é-s) était intervenant volontaire à ses côtés.

Mme K, mère de trois enfants, dont deux mineurs, vit à Alep, deuxième ville de Syrie, martyrisée depuis des mois par des combats meurtriers et destructeurs entre toutes les forces en conflit (armée du régime, armée libre, islamistes). L’aviation d’Assad bombarde régulièrement la cité à coups de barils incendiaires.

Outre cette situation générale, connue de tous, a fortiori du ministère de l’intérieur, cette famille faisait état des raisons particulières qu’elle avait de rechercher à tout prix une protection.

Le Gisti a aidé cette famille à déposer une demande de visas de court séjour, à l’appui de laquelle la démonstration était faite des risques encourus par ses membres pour leur vie et leur sécurité.

Les visas sollicités ont été néanmoins refusés sans explication avec pour conséquence d’empêcher cette famille de déposer une demande d’asile, puisqu’il n’est possible de le faire que depuis le territoire français.

Devant le tribunal administratif de Nantes, le ministère de l’intérieur a soutenu que son refus était juridiquement fondé. Il a même avancé que la famille aurait pu se mettre à l’abri au Liban, alors qu’il sait parfaitement qu’un million d’exilés syriens ont trouvé refuge dans ce petit pays de 4 millions d’habitants, dont le territoire est 55 fois plus petit que l’Hexagone. Qu’à cela ne tienne : c’est un pays... ami de la France. Le ministère sait parfaitement aussi, car c’est de notoriété publique, que nombre de Syriennes n’ont d’autre solution que la prostitution pour y survivre, tandis qu’une sévère malnutrition frappe la plupart des enfants réfugiés.

C’est la raison pour laquelle le tribunal a considéré que le ministère de l’intérieur avait violé le droit constitutionnel d’asile. Il a ordonné la délivrance des visas dans un délai de cinq jours.

Le ministère osera-t-il se dérober à cette injonction en faisant appel ?

13/07/2014

Pourquoi ?

En mémoire des victimes d’Ukraine, de Palestine, de Syrie et d’ailleurs où l’on tue et torture.
Pourquoi ? …
En mémoire de ceux qui leur ont donné vie.
Pourquoi ?…
En mémoire de ceux qui meurent de tristesse, honte, douleur, rage, impuissance, face à l’inconscience et à la lâcheté des repus.
Pourquoi ? …

19/09/2013

"Laissez-nous soigner en Syrie"

Les conférences sur la Syrie ne sont perturbées que par le clapotis des intérêts agités par les ambassades. Intérêts militaires, géostratégiques, confessionnels ou petitement « fondés » sur des réputations sondagières locales n’ayant que faire des souffrances humaines dont ils sont la cause.  
« Plus de deux millions de réfugiés, des millions de personnes déplacées, la destruction de nombreuses infrastructures… Les mesures allant dans le sens de l’allégement des souffrances doivent également être défendues par la communauté internationale. »
On ne peut que souscrire à l’appel de 55 médecins du monde entier, originaires de 25 pays, qui ont publié une lettre ouverte «Laissez-nous soigner en Syrie» par laquelle ils demandent au gouvernement syrien et à l’opposition armée de lever les restrictions totales qui pèsent de manière injustifiée sur l’accès humanitaire dans le pays.

Humanitaire, syrie

Au moment où les grandes puissances discutent d’un projet de résolution à l’ONU, il est plus que nécessaire de prendre en compte les termes de cette lettre et de mettre au centre des préoccupations la formidable crise humanitaire que connaît la Syrie.

Le texte  de cette lettre a été publié par The Lancet :

« Le conflit en Syrie a débouché sur l’une des pires crises humanitaires depuis la fin de la Guerre froide. Plus de 100 000 personnes ont été tuées, pour la plupart des civils, beaucoup d’autres ont été blessées, torturées. Des millions ont fui, des familles ont été divisées et des communautés entières déchirées. Ne laissons pas les discussions sur une intervention militaire occulter notre devoir de les aider.

En tant que médecins du monde entier, nous sommes horrifiés par l’ampleur de cette urgence. Le manque d’accès aux soins pour les civils et le ciblage délibéré des hôpitaux et du personnel médical nous consternent. Il ne s’agit pas de conséquences inévitables ou tolérables de la guerre. Ce sont des trahisons inadmissibles du principe de neutralité médicale. Il est de notre devoir professionnel, éthique et moral de dispenser des soins à quiconque en a besoin. C’est pourquoi, quand nous ne pouvons le faire nous-mêmes, nous nous devons d’exprimer notre soutien envers ceux qui risquent leur vie à notre place.

L’accès indispensable des civils aux services de santé est presque impossible : 37 % des hôpitaux ont été détruits, 20 % sont sérieusement endommagés. Les dispensaires de fortune deviennent des centres de traumatologie à part entière, peinant à faire face à l’afflux de blessés. Quelque 469 professionnels de santé sont emprisonnés. Avant la guerre, Alep comptait 5 000 médecins, il n’en resterait que 36.

L’augmentation exponentielle du nombre de malades est une conséquence directe du conflit, mais elle résulte aussi de la détérioration du système de santé public syrien, autrefois sophistiqué, et de l’absence de soins curatifs et préventifs appropriés. D’horribles blessures restent sans soins, des femmes accouchent sans aide médicale, adultes et enfants sont opérés sans anesthésie. Les victimes de violences sexuelles n’ont personne vers qui se tourner. La population syrienne est exposée aux épidémies d’hépatite, de rougeole, de typhoïde et de diarrhée aiguë. Dans certaines zones, les enfants nés depuis le début du conflit n’ont pas été vaccinés. Les patients atteints de maladies chroniques comme le cancer et le diabète ne peuvent recevoir leurs traitements vitaux de longue durée.

Confronté à d’énormes besoins et à des conditions dangereuses, le personnel médical syrien est pourtant celui qui dispense l’essentiel des soins aux civils. Les restrictions gouvernementales, conjuguées à la rigidité du système international d’aide humanitaire, aggravent la situation. En conséquence, de vastes régions de la Syrie sont complètement coupées de toute forme d’assistance médicale.

Les professionnels de santé sont tenus de soigner du mieux qu’ils le peuvent quiconque en a besoin. Toute personne blessée ou malade doit pouvoir accéder à un traitement médical. C’est pourquoi, en tant que médecins, nous demandons d’urgence que nos confrères en Syrie soient autorisés et aidés à sauver des vies et à soulager les souffrances sans crainte d’attaques ou de représailles.

Nous appelons le gouvernement syrien et toutes les parties au conflit à respecter la neutralité médicale et à ne pas attaquer les hôpitaux, les ambulances, les médicaments, le personnel médical et les patients ; le gouvernement syrien doit traduire en justice les auteurs de ces violations conformément aux normes internationales.

Les gouvernements alliés des parties au conflit doivent exiger que celles-ci cessent leurs attaques contre l’aide médicale et qu’elles permettent son acheminement jusqu’aux Syriens, par-delà les lignes de front et à travers les frontières syriennes.

L’ONU doit intensifier son soutien aux réseaux médicaux syriens, tant dans les zones gouvernementales que dans celles contrôlées par l’opposition, où, depuis le début du conflit, le personnel médical risque sa vie pour apporter des soins indispensables. »

 

16/09/2013

Chili 1973 - Syrie 2013

Droit d’asile ?
Autre temps, autres mœurs .... Quand, le 11 septembre 1973, le coup d’État militaire de Pinochet abat le gouvernement légitime au Chili, la société civile française s’émeut et se mobilise. Près de 500 000 Chiliens vont devoir s’enfuir. Les formations de la gauche française, y compris le Parti socialiste [1], demandent au président Pompidou de déclarer que la France est prête à offrir l’asile aux exilés chiliens. Dix à quinze mille y trouveront refuge. Avec la Suède, la France devient le principal pays d’accueil en Europe et reconnaît avec largesse le statut de réfugié à celles et à ceux qui le sollicitent.

Quarante ans plus tard, la Syrie est à feu et à sang. Plus de deux millions de Syriens ont fui la guerre civile. Tandis que la Turquie, le Liban, la Jordanie et l’Irak sont débordés par les arrivées de réfugiés, l’Europe, à l’exception de la Suède, leur oppose contingentement de visas et barrières policières. Et la France, dont le ministre des Affaires étrangères déclare que «  la tragédie syrienne peut être la pire catastrophe humanitaire de ce début de siècle  » et dont le Président est prêt à s’engager dans une intervention militaire pour punir un régime qui s’attaque aux populations civiles de son pays, justifie cette politique par la saturation de son dispositif d’accueil et d’hébergement des demandeurs d’asile...

asile, syrieOn s’emploie donc, en amont, à éviter les demandes d’asile. C’est dans ce but que le gouvernement a décidé en janvier 2013, en toute discrétion, d’imposer un « visa de transit aéroportuaire » (« VTA ») à celles et à ceux qui, devant transiter par un aéroport français, profiteraient d’une escale pour solliciter une protection. [2]

Quant à la pincée de Syriens qui ont réussi à entrer dans l’Hexagone, si une partie obtient assez aisément le statut de réfugié ou la protection subsidiaire, beaucoup, empêchés de s’adresser à la France par le Règlement « Dublin 2 », finissent par gagner Calais d’où ils espèrent fuir un pays qui déploie son hostilité à leur encontre. Ils sont pourchassés jusque dans les squats insalubres où on les a condamnés à se cacher.

Autre temps, autres mœurs. Quarante ans après avoir apporté un soutien actif aux Chiliens, la société civile française n’a pas bronché. L’Union européenne non plus, qui ne songe même pas à offrir aux Syriens la « protection temporaire » prévue en cas d’afflux massif du fait d’un conflit. Pas plus qu’elle ne l’avait offerte aux Afghans, aux Irakiens et aux milliers d’Africains qui, en 2011, ont dû fuir la Libye.

À quarante ans de distance, la France et l’Europe sont devenues incapables de la moindre solidarité à l’égard des femmes et des hommes victimes de persécutions. L’« espace de liberté, de sécurité et de justice », censé caractériser l’Europe, et dans lequel l’asile serait un élément central, n’existe que pour la galerie. A la différence des Chiliens d’antan, les Syriens d’aujourd’hui peuvent mourir à ses portes sans qu’elle s’en soucie.

Le 11 septembre 2013

Organisations signataires :
Association d’accueil aux médecins et personnels de santé réfugiés en France (APSR), Centre Primo Levi, Collectif de soutien des exilés (Paris), Dom’Asile, Fédération des associations de solidarité avec les travailleur•e•s immigré•e•s (Fasti), Groupe d’information et de soutien des immigré•e•s (Gisti), Jesuit Refugee Service (JRS) France, la Cimade, la Marmite aux idées (Calais), Ligue des droits de l’Homme, Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), Réseau Éducation sans frontières (RESF), Terre d’errance Norrent-Fontes (Pas-de-Calais)

[1] Ce dont se félicite l’Institut François Mitterrand. Voir « Le parti socialiste français face à l’expérience de l’Unité Populaire chilienne », la Lettre n° 23, mars 2008

[2] Voir : « Quand la France tente d’empêcher les Syriens de fuir »

11/09/2013

Obama et son âne

Admettons que la menace de frappes militaires brandie par Obama et son âne européen ait obligé la Russie à sortir de sa position de blocage pour demander à son client, le boucher Assad, de renoncer à "son" arsenal chimique. Et après…

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Et après comment, sous le tir d’armes lourdes continuant de cracher la mort ; dans un pays en sang où l’on ne reconnaît sans doute plus ni les uniformes, ni les factions ; comment peut-on sans rire prétendre démanteler des armes chimiques alors qu’elles n’ont pas été localisées, ni quantifiées et que leurs utilisateurs ne prendront sûrement pas la main des «observateurs internationaux» pour leur expliquer où ils les ont entreposées.
Comment peut-on se féliciter d’avoir obtenu un résultat aussi minimaliste puisque le jeu de massacre continue sous les fenêtres de l'ONU ?
Le coup diplomatique de Poutine, dont il pourra cyniquement tirer fierté et reconnaissance auprès de ses partenaire du G20, aura seulement permis à ces derniers de se sortir d’un faux pas sans se désavouer publiquement. Du moins en sont-ils persuadés !
Un coup de bluff qui masque et couvre de fausses indignations sur le dos de populations qui n’auront même pas eu la ressource de trouver asile et refuge auprès de ceux qui prétendent encore les défendre.

Jusqu'à quand ?
Si tous les crimes contre l’humanité devaient être jugés, il faudrait doubler les effectifs et les heures d’ouverture de la Cour pénale internationale !

09/09/2013

La Syrie et la mort

Extrait d’un poème, comme un cri de la poétesse irakienne Nazik Al-Malaika.

Gifle stridente sur le visage des fauteurs de guerre, la réalité que ce cri recouvre devrait crever leurs tympans. Leur argumentation piteuse consiste à faire croire aux vertus humanitaires de leurs arsenal militaire qui ne disparaîtra que «dans le silence cruel de l’éternité où la mort devient remède» sans égard pour les êtres humains qui ne savent où trouver refuge.

Syrie, Nazik Al-Malaika

L’aube s’est levée

Écoute bien le bruit des pas de ceux qui sont en marche
Dans le silence de l’aube, prête attention aux processions en pleurs
Dix, vingt morts
Ne cherche pas à les dénombrer, écoute ceux qui pleurent.
Entends la voix du pauvre enfant
Des morts, des morts, ils sont morts en nombre
Des morts, des morts, il n’y a plus de demain
Partout un corps que pleure un affligé
Pas un instant d’éternité, pas de silence
Voilà ce qu’a fait la main de la mort
La mort, la mort, la mort
L’humanité se plaint, se plaint de ce qu’a commis la mort

Le choléra

Dans l’horreur de la caverne, parmi les corps
Dans le silence cruel de l’éternité où la mort devient remède
Le mal du choléra s’est réveillé.
Haineux, prêt à bondir, il s’élance,
Il dévale la vallée riante, éclatante
Il crie, déchaîné et furieux,
Sans écouter le bruit de ceux qui pleurent.
Partout ses griffes ont laissé derrière lui des morts ;
Dans la cabane du paysan, à la maison,
Rien d’autre que les cris de la mort
La mort, la mort, la mort
Sous la forme du choléra, la mort se venge.

Le silence est persistant

Rien d’autre que le retour des « Dieu est grand » ...
Même le fossoyeur a baissé les bras, il n’y a plus d’auxiliaire.
La mosquée, son muezzin est mort,
Et le mort, qui en fera-t-il l’oraison funèbre ?
Il ne reste plus que des pleurs et des gémissements
L’enfant, sans père ni mère,
Pleure d’un cœur dévasté :
Demain, nul doute, la maladie mauvaise le dévorera.
O spectre du choléra, tu n’as rien laissé,
Rien, sinon les affres de la mort,
La mort, la mort, la mort.
O Égypte, ce qu’a fait la mort m’a déchiré le cœur.