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22/10/2015

Netanyhaou falsifie la Shoah

Mercredi 21 octobre 2015. Une nouvelle fois, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, qui s’exprimait le 20 octobre devant le 37e Congrès sioniste mondial, a affirmé que le génocide des Juifs aurait été soufflé à Adolf Hitler par le grand mufti de Jérusalem Amin Al-Husseini, figure de proue du nationalisme palestinien dans les années 20 et 30, rallié aux nazis en 1941. En mai 2010, Gilbert Achcar revenait sur cette falsification entretenue depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

 

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Via le mur FB de Julien Salingue

 

Dans la guerre de propagande d’Israël tous les moyens sont bons !

Inusable grand mufti de Jérusalem

Régulièrement, des ouvrages « découvrent » les sympathies nazies du leader palestinien Amin Al-Husseini ; régulièrement, les dirigeants israéliens en tirent parti pour dénoncer l’antisémitisme congénital des Arabes. Car c’est bien l’objectif de ces pseudo-recherches historiques que de justifier l’occupation des Territoires et l’oppression des Palestiniens.

Ces dernières années ont vu une recrudescence spectaculaire de la guerre des mots opposant Israël aux Palestiniens et aux Arabes, avec le concours actif des partisans des deux camps en Europe et aux États-Unis. Cette dimension particulière du conflit israélo-arabe a toujours été cruciale pour l’État d’Israël : constitué dès l’origine en forteresse enclavée dans un environnement régional hostile, il doit impérativement cultiver le soutien des pays occidentaux à sa cause.

C’est lors de l’invasion du Liban, en 1982, que l’image d’Israël en Occident se détériora sensiblement pour la première fois. Le long siège de Beyrouth, marqué par les massacres des camps palestiniens de Sabra et Chatila, perpétrés sous supervision israélienne, choquèrent l’opinion publique mondiale. En Israël même, ce traumatisme, comparable à celui produit aux États-Unis par la guerre du Vietnam, demeure présent (1).

Entre ce moment et celui de la première Intifada, en 1987-1988, l’État hébreu fut ainsi le théâtre d’un remarquable réexamen critique des mythes centraux de l’idéologie sioniste par ceux qu’on appela les « nouveaux historiens » (2). Cette réécriture de l’histoire des origines d’Israël donna naissance à un courant, certes minoritaire mais qualitativement important : le « post sionisme ». Il n’empêcha cependant pas le glissement à droite, par étapes, de la société israélienne, de l’enlisement précoce des accords d’Oslo jusqu’à l’affirmation d’un « néo sionisme » agressif.

Aussi stigmatisé que... Adolf Hitler

Selon la définition du sociologue israélien Uri Ram, « le post sionisme est d’orientation citoyenne (il soutient l’égalité des droits et a en ce sens une préférence pour un État de tous ses citoyens dans les frontières de la “ligne verte” [ligne d’armistice avant la guerre de 1967]), universelle et mondiale. Le néo sionisme est particulariste, tribal, juif, ethnonationaliste, intégriste et même fasciste sur la marge (3) ».

Le sabotage par Israël des négociations de paix, sa colonisation accélérée des territoires palestiniens occupés et ses offensives meurtrières au Liban (2006) et à Gaza (2008-2009) accentuent inexorablement la dégradation de son image. Pour tenter de l’enrayer, les instances israéliennes officielles et leurs partisans inconditionnels en Occident invoquent, comme toujours, la mémoire de la Shoah, dont ils espèrent une légitimation de leur action (4).

Mieux : ils ont toujours tenté d’impliquer les Palestiniens et les Arabes dans le génocide nazi. C’est dans ce but que, dès la fin de la seconde guerre mondiale, les instances sionistes ont mis en exergue le tristement célèbre mufti de Jérusalem. Figure de proue du nationalisme palestinien dans les années 1920 et 1930, Amin Al-Husseini, exilé de Palestine par les autorités britanniques en 1937, avait rejoint le camp des puissances de l’Axe en 1941, après un séjour en Irak. Il contribua activement, depuis Berlin et Rome, à la propagande des régimes nazi et fasciste ainsi qu’à la mise sur pied d’unités bosniaques musulmanes de la SS — qui ne commirent cependant pas d’exactions anti juives.

Largement discrédité dans le monde arabe, sinon en Palestine, avant même son exil européen, Al-Husseini rencontra si peu d’écho que, malgré toutes ses exhortations à rejoindre les troupes de l’Axe, seuls 6 300 soldats originaires de pays arabes, selon les calculs d’un historien militaire américain, « passèrent par les différentes organisations militaires allemandes », dont 1 300 originaires de Palestine, de Syrie et d’Irak, le reste en provenance d’Afrique du Nord. Ces chiffres doivent être comparés aux 9 000 soldats arabes de la seule Palestine engagés dans l’armée britannique et aux 250 000 Maghrébins qui combattirent dans les rangs de l’armée française de la libération et fournirent la majeure partie de ses morts et blessés (5).

Le mufti fut néanmoins érigé en représentant attitré des Palestiniens et des Arabes par la désinformation du mouvement sioniste qui, en 1945, exigea — sans succès — qu’il soit déféré devant le tribunal international de Nuremberg, comme s’il avait représenté un rouage essentiel de la machine génocidaire nazie. Un nombre considérable d’articles, de brochures et de livres fut produit afin de désigner Al-Husseini à la vindicte publique. Il est vrai que la figure du mufti permettait de présenter les Palestiniens comme coresponsables du génocide hitlérien et, à ce titre, de justifier qu’un « État juif » soit érigé sur le territoire de leur patrie.

Cette motivation devint une constante du discours de l’Etat d’Israël après sa création. Elle explique l’importance extraordinaire accordée au mufti par Yad Vashem, le mémorial de la Shoah, à Jérusalem. Tom Segev a noté que le mur qui lui est consacré cherche à donner l’impression d’une convergence entre le projet génocidaire antisémite du nazisme et l’hostilité arabe à Israël (6). Peter Novick a relevé, de son côté, que l’article sur le mufti dans l’Encyclopedia of the Holocaust, publiée en association avec Yad Vashem, est beaucoup plus long que les textes sur Heinrich Himmler, Reinhard Heydrich, Joseph Goebbels ou Adolf Eichmann, et n’est dépassé — de peu — que par l’article sur Adolf Hitler (7).

Avec la flambée de racisme anti-arabe et d’islamophobie depuis les attentats du 11 septembre 2001, on a assisté à une prolifération de publications visant à établir que les Juifs étaient confrontés en Palestine, en 1948, à une menace de génocide. Les Arabes n’étaient-ils pas — et ne restent-ils pas aujourd’hui — mus par la même haine des Juifs que les nazis, à l’instar du mufti ? L’expulsion des Palestiniens au moment de la fondation de l’Etat d’Israël et leur assujettissement continu par celui-ci ne procèdent-ils pas, dans ces conditions, de la légitime défense ?

Dans cette masse d’ouvrages, deux se distinguent par leur apparence de sérieux, du fait d’un travail sur les archives nazies, américaines ou britanniques : celui de Martin Cüppers et Klaus-Michael Mallman (8), et celui de Jeffrey Herf (9). Dans les deux cas, les auteurs connaissent très peu le monde arabe et en ignorent la langue. On trouvera un excellent dossier critique sur l’ouvrage de Cüppers et Mallman dans la revue de la Fondation Auschwitz, Témoigner entre histoire et mémoire (10). Dans sa contribution, Dominique Trimbur relève que le livre semble s’insérer « dans un courant historique marqué par un certain air du temps, celui du début des années 2000 (…). L’intégralité de la démonstration fait difficilement preuve de nuance, notamment lorsqu’il est question “des” Arabes et “du” monde musulman ; une assimilation qui trouve son illustration dans la reprise, sinon l’intégration assumée, de l’expression “choc des civilisations” ».

En réaction à l’exploitation par Tel-Aviv de la mémoire de la Shoah et pour légitimer les aspirations palestiniennes, deux tendances contradictoires se sont développées du côté arabe : d’une part, la comparaison des agissements d’Israël au nazisme, réciproque arabe de la tradition israélienne fort ancienne consistant à comparer divers Palestiniens et Arabes aux nazis ; d’autre part, la négation de la Shoah.

Le fait que nombre de personnes dans le monde arabe puissent combiner ces deux discours contradictoires — l’un tenant le nazisme pour l’étalon suprême du mal, l’autre impliquant qu’il est moins criminel qu’on ne le prétend — l’indique clairement : il s’agit là d’une tentative de compenser par un recours à la violence symbolique l’impuissance à riposter efficacement à la violence réelle. C’est la montée de ce négationnisme réactif et émotionnel que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad tente d’exploiter dans sa concurrence avec le royaume saoudien pour gagner la sympathie de l’islam sunnite arabe.

En réalité, ceux qui, dans le monde arabe, adhèrent sérieusement, et en connaissance de cause, au discours pathologique du négationnisme occidental — le négationnisme devenant, dans leur cas, un « antisionisme des imbéciles » (pour paraphraser l’expression célèbre qui fait de l’antisémitisme le « socialisme des imbéciles ») — constituent une infime minorité.

La grande majorité des attitudes négationnistes relève plutôt de l’exaspération. C’est ce que suggèrent des enquêtes d’opinion conduites parmi les Palestiniens d’Israël, qui forment certainement la population arabe la mieux informée sur le génocide juif, thème bien présent dans les programmes scolaires élaborés par les autorités israéliennes (11).

Réalisé par l’université de Haïfa en 2006, un premier sondage montra, à la surprise générale, que 28 % des Arabes israéliens en étaient venus à nier la Shoah, la proportion grandissant avec le niveau d’instruction des sondés (12). Deux ans plus tard, sur fond d’exacerbation de la violence, le même sondage obtenait 40 % de réponses négationnistes (13) !

Le caractère paroxystique de la situation actuelle semble rendre l’incommunicabilité entre les adversaires plus insurmontable que jamais. Néanmoins, quiconque connaît l’opposition apparemment irréductible qui séparait Israéliens et Arabes entre la création de l’Etat d’Israël en 1948 et les années 1970 sait qu’aujourd’hui, en dépit de tout, beaucoup plus d’Arabes et de Palestiniens envisagent une coexistence pacifique avec les Israéliens, et bien plus d’Israéliens reconnaissent que leur Etat est coupable de persécuter les Palestiniens. Il faut espérer que les uns et les autres sauront éviter à la région une nouvelle « catastrophe » — sens commun des deux termes Shoah et Nakba.

 

Gilbert Achcar

Professeur à l’École des études orientales et africaines (SOAS) de l’université de Londres. Auteur de Les Arabes et la Shoah. La guerre israélo-arabe des récits, Sindbad - Actes Sud, Arles, 2009.

 

(1) C’est ce qu’a attesté à sa manière, encore récemment, le film d’animation d’Ari Folman, Valse avec Bachir, sorti en 2008.

(2) Sur les « nouveaux historiens » israéliens, cf. Benny Morris (sous la dir. de), Making Israel, University of Michigan Press, Ann Arbor, 2007, et Dominique Vidal, avec Sébastien Boussois, Comment Israël expulsa les Palestiniens (1947-1949), L’Atelier, Ivry-sur-Seine, 2007.

(3) Cité par Dalia Shehori dans « Post-zionism didn’t die, it’s badly injured », Haaretz, Tel-Aviv, 28 avril 2004.

(4) Sur l’« instrumentalisation » de la Shoah en Israël, cf. Tom Segev, Le Septième Million.Les Israéliens et le génocide, Liana Levi, Paris, 2002, et Idith Zertal, La Nation et la Mort. La Shoah dans le discours et la politique d’Israël, La Découverte, Paris, 2008.

(5) Antonio J. Muñoz, Lions of the Desert : Arab Volunteers in the German Army, 1941-1945, Axis Europa, New York, 1997 ; Lukasz Hirszowicz, The Third Reich and the Arab East, Routledge & Kegan Paul, Londres, 1966 ; Belkacem Recham, « Les militaires nord-africains pendant la seconde guerre mondiale », sur Internet : http://colloque-algerie.ens-lsh.fr

(6) Le Septième Million, op. cit.

(7) Peter Novick, L’Holocauste dans la vie américaine, Gallimard, Paris, 2001.

(8) Martin Cüppers et Klaus-Michael Mallman, Croissant fertile et croix gammée, Verdier, Paris, 2009.

(9) Jeffrey Herf, Nazi Propaganda for the Arab World, Yale University Press, New Haven, 2009.

(10) No 105, octobre-décembre 2009, p. 233-252.

(11) De surcroît, 80 % de ces Palestiniens comprennent l’hébreu et ne sauraient donc ignorer l’évocation constante du souvenir de la Shoah en Israël.

(12) Fadi Eyadat, « Poll : Over 25 % of Israeli Arabs say Holocaust never happened », Haaretz, 18 mars 2007.

(13) Fadi Eyadat, « Poll : 40 % of Israeli Arabs believe Holocaust never happened », Haaretz, 17 mai 2009.

17/05/2015

« Trop, c’est trop ! » – Combattre l’antisémitisme et sanctionner la politique israélienne

DÉNONCER L’ANTISÉMITISME C’EST DÉNONCER LE RACISME,
et inversement.

« Trop, c’est trop ! » – Combattre l’antisémitisme et sanctionner la politique israélienne
Communiqué de la LDH

Ayant accueilli des Juifs victimes de l’antisémitisme et des survivants du génocide perpétré par les nazis, l’État d’Israël a le droit de vivre en paix et de voir ses frontières reconnues. A cet égard, nous restons fidèles à la double exigence affirmée par Pierre Vidal-Naquet au lendemain de la guerre de 1967 : défendre l’existence de cet État mais exiger aussi de lui l’évacuation des territoires conquis alors afin que puisse s’y établir un État palestinien.

Israël, Palestine
Alma Sheppard-Matsuo, War crimes, end israeli apartheid
(Crimes de guerre, finissez-en avec l'apartheid israélien, 2014, États-Unis.

Hélas, les élections législatives  de mars 2015 et la formation du gouvernement qui en résulte nous éloignent encore davantage de cette issue. En effet, elles ont donné la victoire à Benjamin Netanyahou, lequel a déclaré ouvertement son refus d’un tel État. Forts de leur supériorité militaire, les gouvernants actuels de l’État d’Israël risquent donc de rendre impossible toute création d’un État pour le peuple palestinien. Comme on peut le constater, la poursuite de la colonisation de l’ensemble de Jérusalem et de la Cisjordanie ainsi que le blocus aérien, maritime et terrestre de Gaza, condamnent sa population civile, au mieux à survivre, au pire à mourir parmi les ruines.

Il faut donc des sanctions et des pressions internationales à l’encontre de cette politique. Nous sommes préoccupés, en France, par la montée de l’antisémitisme et des autres formes de racisme et nous les combattons. Mais nous nous élevons aussi, avec force, contre tous ceux qui se servent de l’argument de l’antisémitisme pour refuser de critiquer la politique désastreuse menée par Benjamin Netanyahou.

Les Israéliens désireux de mettre en œuvre une autre politique ont besoin de soutien et pensent que seules des sanctions prises à l’encontre de ce gouvernement peuvent être efficaces afin que soient reconnues les légitimes aspirations des Palestiniens à vivre en paix au sein de frontières sûres.

Seule une forte campagne d’opinion en France et en Europe peut permettre de contrer cette politique. Et c’est pourquoi, nous demandons que la France et tous les États européens reconnaissent l’État de la Palestine, comme vient de le faire la Suède, qu’ils votent pour son entrée comme membre à part entière des Nations unies et enfin qu’ils s’engagent à faire cesser toute vente d’armes, coopération militaire ou transfert de technologie susceptible d’un usage militaire vers Israël et à suspendre l’accord de coopération de l’Union européenne avec Israël. Nous demandons aussi que cesse toute poursuite contre les militants qui appelleraient au boycott des produits israéliens, même si certains d’entre nous ne sont pas favorables à un tel boycott.

« Trop, c’est trop ! », c’était le cri que plusieurs d’entre nous avions lancé en décembre 2001, avec Madeleine Rebérioux, Pierre Vidal-Naquet et Stéphane Hessel, lorsque des coups dramatiques étaient portés contre Yasser Arafat et l’Autorité palestinienne à Ramallah. Dans la continuité de leur action, nous appelons à une campagne au double mot d’ordre : « Combattons l’antisémitisme ! Soutenons ceux qui s’opposent en Israël à la politique de ce gouvernement, sur lequel des pressions sont indispensables pour qu’on sorte de cette impasse ! »

Les 64 premiers signataires : Tewfik Allal, Etienne Balibar, Françoise Basch, Fethi Benslama, Sophie Bessis, Alexandre Bilous, Françoise Blum, Anne Brunswic, Monique Chemillier-Gendreau, Patrick Chemla, Alice Cherki, Suzanne Citron, Catherine Clément, Sonia Dayan-Herzbrun, Marianne  Debouzy, Sylviane De Wangen, Michel Dreyfus, Ivar Ekeland, Jeanne Favret-Saada, Chérif Ferjani, Jean Ganeval, François Gèze, Frédéric Goldbronn, Lise Halbwachs, Mohammed Harbi, Françoise Héritier, Jacques Jedwab, Francine Kahn, Marcel-Francis Kahn, Philippe Kalfayan, Abdellatif Laabi, Pascal Lederer, Catherine Lévy, Daniel Lindenberg, Gilles Manceron, Denis Marx, Gustave Massiah, Jérôme Maucourant, Sophie Mazas, Marie-José Mondzain, Edgar Morin, Véronique Nahoum-Grappe, Jean-Luc Nancy, Emmanuel Naquet, Gilles Perrault, Michelle Perrot, Jacques Rancière, Bernard Ravenel, Vincent Rebérioux, Michel Rotfus, Elisabeth Roudinesco, Nourredine Saadi, Claudette Scemama, Abraham Ségal, Leila Shahid, Didier Sicard, Pierre Tartakowsky, Jacques Testart, Marie-Noëlle Thibault, Michel Tubiana, Georges Vigarello, Georges Wajs, Michèle Zemor, Idith Zertal.

Contact et signatures : trop-cest-trop@laposte.net

« Trop, c’est trop ! » est un collectif d’individus constitué à la fin de l’année 2001 à l’initiative de Madeleine Rebérioux et Pierre Vidal-Naquet pour protester contre l’enfermement de Yasser Arafat à Ramallah et les coups portés par l’armée israélienne à l’Autorité palestinienne. Il s’est exprimé de nouveau quand de nouvelles menaces ont compromis encore davantage la paix dans la région qui passe par l’existence d’un Etat palestinien.

Pour aider à ses initiatives : chèques à l’ordre de « LDH Trop, c’est trop ! » à l’adresse suivante : Ligue des droits de l’Homme, 138, rue Marcadet, 75018 Paris.

20/09/2014

Khalida Jarrar

Khalida Jarrar, est une députée du FPLP, avocate et militante pour les droits de l’homme et des prisonniers politiques palestiniens.
Mercredi 20 août 2014, une cinquantaine de soldats de l’armée israélienne a fait irruption à son domicile situé à Ramallah, à quelques centaines de mètres seulement du Palais présidentiel, la Mouquata’a. Un haut gradé lui a alors remis un ordre militaire rédigé en hébreu, lui demandant de quitter expressément son domicile, pour aller vivre durant un période initiale de 6 mois, accessoirement renouvelable, à Jéricho, ville où elle n’a pas d’attache particulière, et ce, dans un délais éclair de 24h. Les faits qui lui sont reprochés ne lui ont pas été précisés, l’armée se cachant, comme bien souvent derrière l’appellation « dossier secret », ce qui ne veut bien entendu rien dire mais qui permet régulièrement à Israël d’inculper et d’incarcérer des Palestinien-ne-s.

Khalida Jarrar, palestine

Une carte du district de Jéricho lui a été remise et il lui a été précisé qu’elle ne pourrait pas sortir de la ville sans avoir l’autorisation du tribunal militaire israélien. Khalida Jarrar a refusé de signer cet ordre. Le haut gradé a pris note de ce refus et lui a demandé si elle souhaitait rajouter quelque chose. Khalida Jarrar répondit : « Vous, l’occupant, tuez notre peuple palestinien. Vous pratiquez des arrestations massives, démolissez des maisons, kidnappez des personnes à leur domicile et les déportez. C’est à vous de quitter notre maison ».


La détermination et la résistance, la campagne menée par des milliers de gens en Palestine et dans le monde aux côtés de Khalida Jarrar, membre du Conseil Législatif Palestinien ont remporté aujourd’hui une victoire et annulé l’arrêté d’expulsion à Jéricho pris à son encontre par les autorités israéliennes d’occupation.

Le 16 septembre, le tribunal militaire d’occupation a déclaré que la décision d’expulsion était revue à un mois (au lieu des six mois initialement prévus) et que, le mois étant écoulé la veille, le 15 septembre, elle ne pesait plus sur Khalida Jarrar, une dirigeante politique en vue, féministe de gauche, représentante du Front Populaire pour la Libération de la Palestine.

L’ordonnance avait été signifiée à Jarrar le 20 août par une invasion de son domicile par 50 soldats de la force d’occupation à son domicile. Jarrar refusa l’ordonnance et monta une tente de protestation permanente et de solidarité devant le Conseil Législatif Palestinien à Ramallah. C’est devenu un lieu d’organisation, d’activités pour la jeunesse, de délégations de militants internationaux et de parlementaires. En Palestine, Kalida et ses camarades ont travaillé sans relâche non seulement pour faire annuler l’ordonnance d’expulsion mais pour combattre l’oppression exercée par l’occupant sur les dirigeants politiques palestiniens, les membres du Parlement et les milliers de prisonniers politiques.

Ils furent des milliers de gens et d’organisations de par le monde à signer la lettre ouverte de soutien à Khalida Jarrar et à envoyer des messages aux représentants officiels de l’occupation israélienne, exigeant l’annulation de l’ordonnance d’expulsion. Parmi eux des partis politiques, des syndicats, des groupes d’avocats, des organisations pour les droits humains, des groupes de solidarité, des membres de parlements dans le monde, des écrivains et des militants.

La campagne de solidarité avec Khalida Jarrar dit que c’est « un triomphe pour la position nationale de la Palestine, pour la détermination et la volonté des gens de tous secteurs et de partout… Cela montre que le rejet et la résistance peuvent mettre à bas l’occupation et déjouer ses plans. »

Merci à tous ceux qui ont manifesté leur soutien, aux organisations et aux individus, palestiniens et internationaux, qui ont été aux côtés de Khalida Jarrar. En avant pour continuer à résister à l’occupation, pour la libération des prisonniers politiques et pour libérer la Palestine et la totalité du peuple palestinien !

Source et Traduction SF pour lAgence Media Palestine

24/07/2014

Collectif « Palestine 04 – Urgence de la Paix et du Droit »

Lettre ouverte à François Hollande
par le
Collectif « Palestine 04 – Urgence de la Paix et du Droit »
au siège de l'AFPS 04 : le chêne, LD Richard, route de Volx, 04100 Manosque

Cette lettre sera remise en préfecture de Digne le 30 juillet à 11h.
Un tract sera distribué pour annoncer cette initiative.

palestine

Manosque le 22 juillet 2014

Monsieur François HOLLANDE
Président de la République
Palais de l’Élysée
55, rue du faubourg Saint Honoré
75008 Paris


Monsieur le Président de la République,

Depuis une quinzaine de jours Israël a déclenché une intense offensive militaire contre la Bande de Gaza, faisant plusieurs centaines de morts, avec énormément d'enfants et encore bien plus de blessés, dont 80 % de civils.

Le 9 juillet, vous avez cautionné ces massacres en affirmant qu’Israël avait le droit de prendre «toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces».

Vous vous êtes bien gardé de rappeler que les tirs de roquettes depuis Gaza (qui ont fait à ce jour 2 victimes civils) font suite à une attaque israélienne de grande ampleur sur l'ensemble de la Cisjordanie, sur fond de l'aggravation constante de la colonisation de ce territoire.

En soutenant un État qui agrandit ses frontières par la force, vous violez la Charte des Nations Unies.
Par la coopération militaire et économique que vous entretenez avec Israël, vous vous rendez complice de crimes de guerre et de crime contre l'humanité, que sont les punitions collectives et le ciblage délibéré des civils pratiqués à Gaza.

Contrairement à ce que vous avez affirmé lors de votre discours traditionnel du 14 juillet, nous ne cherchons pas à « importer le problème israélo-palestinien », mais à exporter les valeurs de la France que sont la liberté, la justice et le droit à résister contre l'occupation.
Et les déclarations du premier ministre, Manuel Valls, qui induisent l’idée que nos manifestations de solidarité avec le peuple palestinien seraient assimilable à de l’antisémitisme sont indignes et une insulte pour nous. Elles viennent soutenir ce que les sionistes et le gouvernement israélien veulent faire croire pour empêcher toute critique de l’État d’Israël et lui permettre de continuer à bombarder, coloniser, assassiner en toute impunité.

Monsieur le Président, vous avez dénoncé à Alger le 20 décembre 2012 le système colonial «profondément injuste et brutal».
Le 15 octobre 2013, à Soweto en Afrique du Sud, où vous rendiez hommage à Nelson Mandela, vous avez déclaré à propos de l'Apartheid «c'est émouvant de venir ici, à Soweto, Soweto où, il y a 40 ans, les gens mouraient pour leur liberté, pour leur dignité».
Aujourd’hui, par vos déclarations, vous validez le système colonial et d'apartheid qui qualifient aussi la politique des gouvernements israéliens depuis bientôt 70 ans.

La France doit se ranger du coté du Droit ! C'est pourquoi nous vous demandons instamment :

  • de condamner clairement l'agression militaire israélienne et d'exiger son arrêt immédiat. Et de cesser toutes coopérations militaires avec l'état d’Israël.
  • d’imposer la levée du blocus de Gaza.
  • de mettre tout en œuvre, y compris des sanctions économiques, pour que l’État d’Israël se conforme au droit international.

Nous vous rappelons que :

  • Le Président de la République Française doit constitutionnellement être le garant du respect du droit international et des droits de l'Homme.
  • L'ONU a proclamé 2014 année internationale de solidarité avec le peuple Palestinien.


Signataires, membres du Collectif « Palestine 04 – Urgence de la Paix et du Droit » :
ACAT, ACDPP, ADECR, ADM, AFPS04, CCFD, CFDT, CGT , Confédération Paysanne, EELV, Femmes Solidaires, Forum Civique Européen, France-Cuba, FSU, INDECOSA, LDH, Les Amis de l'Humanité, MAN, Mouvement pour la Paix, NPA, PCF, PG, Radio Zinzine, Sud-Education, Terre des Hommes, OCML Voie Prolétarienne
Avec le soutien de : Attac 04, Solidarités 04, Assemblée Citoyenne du Bassin Manosquin

18/07/2014

Manifester

Le droit d’exprimer ses opinions pacifiquement, une responsabilité des pouvoirs publics

palestine,manifester,

La décision du ministère de l’Intérieur d’interdire une manifestation en faveur des droits du peuple palestinien au motif « de ne pas importer le conflit israélo-palestinien en France », après avoir autorisé la précédente, constitue une entrave manifeste à une liberté constitutionnelle, et un déni de la réalité.

Exiger la reconnaissance du droit du peuple palestinien à un État souverain aux frontières, aussi sûres et reconnues que celles de l’État d’Israël, ce n’est pas importer un conflit, c’est inscrire la politique française dans les principes qu’elle prétend défendre.

Au moment où la liste des victimes civiles – même si le rappel de la prohibition absolue de tels actes envers toutes les populations civiles s’impose – s’allonge de manière effrayante, il ne sert à rien de tenter d’étouffer le sentiment de révolte que provoque l’intervention militaire israélienne contre la population de Gaza, sauf à vouloir un peu plus accréditer que le gouvernement a fait le choix partisan d’un camp.

La LDH entend rappeler avec force que le conflit israélo-palestinien ne peut conduire à assigner à résidence communautaire telle ou telle partie de la population. A ce titre, s’en prendre à des lieux de culte et aux croyants est inadmissible et doit être sanctionné.

En même temps, à en croire les comptes rendus de presse, les faits en cause ont fait l’objet d’un traitement judiciaire partial, en ne rendant pas compte du rôle de la Ligue de défense juive dans leur déroulement. La LDH a déjà eu l’occasion de s’étonner du traitement de faveur dont bénéficie cette organisation qui n’a jamais caché qu’elle se comporte, à l’encontre de la loi, en milice supplétive de certains partis politiques israéliens membres du gouvernement de M. Netanyahou.

C’est sur les pouvoirs publics que pèse, avant tout, la responsabilité de faire respecter le droit de chacun à exprimer ses opinions pacifiquement et dans le cadre des lois de la République. La paix civile comme le libre débat démocratique ne peuvent être préservés que si les pouvoirs publics ont une attitude claire et impartiale.

Communiqué LDH - Paris, le 18 juillet 2014

Note à propos de BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions contre Israël) et d’une info parmi d’autres que l’on peut lire ici.

Une info qui permet d’avancer le raisonnement suivant :
On est libre de s’empoisonner. Ou pas. C’est une démarche individuelle qui peut se doubler d'une démarche politique délibérée.
On n’est pas libre d’empoisonner la collectivité. C’est un crime du ressort des accords commerciaux passés par les États… Reste alors à dénoncer ces accords commerciaux.
Reste aussi, et bien entendu, que les personnes ayant choisi de se lancer dans une campagne BDS, ne sauraient être considérées comme ayant contrevenu à la Loi. Serait-ce le cas, elles devraient et doivent être défendues devant les tribunaux et soutenues par les associations qui s'engagent à défendre la Paix au Moyen-orient.
Ne pas mettre en avant la campagne BDS dans un tract appelant à manifester contre le massacre perpétré à Gaza et lui préférer la demande de suspension d’accords commerciaux liant Israël et les États européens dont l’État français, relève d’une économie de moyen du type « qui peut le plus, peut le moins ». Au bowling, on appelle çà "faire un strike".
En faire une pomme de discorde relève d’une évidente volonté de faire avorter une manifestation en faveur de la paix et pour que cesse le massacre à Gaza.

17/07/2014

Génocide progressif à Gaza

Génocide progressif à Gaza : Un grand historien israélien dévoile le dessous des cartes

Par Mohamed Larbi Bouguerra

Ilan Pappé est un historien israélien né 1954 à Haïfa. Il fait partie «des nouveaux historiens» qui, après études des archives tant britanniques qu’israéliennes, ont relu de manière critique l’histoire d’Israël et du sionisme. Au cours des années 2000, il a été l’objet de polémiques et d’attaques. En 2007, il s’est exilé en Grande Bretagne où il  est présentement professeur d’histoire à l’Université d’Exeter et directeur du Centre Européen d’études sur la Palestine. On peut lire, d’Ilan Pappé,  en traduction française,  les ouvrages suivants: «La guerre de 1948 en Palestine. L’origine du conflit israélo-arabe» (La Fabrique éditeur,  Paris, 2000), «Une terre pour deux peuples: Histoire de la Palestine moderne.» (Fayard, Paris, 2004).

génocide progressif

Des Palestiniens regardent une mare de sang après le bombardement israélien d'une zone résidentielle à Beit Hanoun dans le Nord de la Bande de Gaza dans lequel 18 personnes ont été tuées, 8 Novembre 2006. (MaanImages/Wesam Saleh)

Dans un long et magnifique article publié sous le titre «1948: le projet de purification ethnique en Palestine» in  la Revue d’Etudes Palestiniennes (hélas disparue) n° 103 (nouvelle série),  Printemps  2007 (p. 72-84), il  concluait: «…Je voudrais que les crimes commis par Israël ne soient plus attribués à des raisons aussi élusives que «les circonstances», «l’armée» ou justifiés par des locutions telles que «à la guerre comme à la guerre»…ou autres justifications qui innocentent les États souverains et donnent bonne conscience à leurs citoyens. J’accuse, mais je fais aussi partie de la société accusée. Je me sens responsable de l’histoire et je participe de cette histoire. Mais, comme d’autres dans la société israélienne, je suis également convaincu qu’un douloureux voyage dans le passé est la seule manière d’avancer si nous voulons créer un avenir meilleur pour nous tous, Palestiniens et Israéliens ensemble.»

Le Génocide progressif d’Israël dans le ghetto de Gaza

Sous ce titre, Ilan Pappé a publié,  en anglais, le 13 juillet 2014, sur le site «The Electronic Intifada» l’article dont nous donnons ci-après de larges extraits:

«Dans un article paru en  septembre 2006 sur «The Electronic Intifada», j’ai défini la politique d’Israël vis-à-vis de la Bande de Gaza comme un génocide progressif. L’assaut actuel mené par Israël indique hélas que cette politique continue sans le moindre changement. Ce terme est important car il place correctement l’action barbare d’Israël- à l’époque comme aujourd’hui – dans un contexte historique plus large. L’accent doit être mis sur le contexte car la machine de propagande israélienne tente, à plusieurs reprises, d’exposer ses politiques hors contexte et transforme le prétexte qu’elle trouve pour chaque nouvelle vague de destruction en justification principale pour une autre frénésie de massacres aveugles et de mises à mort de la Palestine….La vague génocidaire actuelle a aussi, comme toutes les précédentes, une cause immédiate. Elle trouve son origine dans une tentative pour faire échouer la décision palestinienne de former un gouvernement d’union auquel même les États Unis n’ont pu s’opposer.

Le 15 mai 2014, les forces israéliennes ont tué deux jeunes Palestiniens dans la ville de Cisjordanie de Beitunia, leur meurtre de sang-froid par une balle de tireur d’élite étant capturés sur vidéo [par CNN]. Leurs noms – Nadim Nuwara et Muhammad Abu al-Thahir-  s’ajoutent à une longue liste de tels meurtres, ces derniers mois ou ces dernières années.

Le meurtre de trois adolescents israéliens, dont deux étaient mineurs, kidnappés en Cisjordanie occupée en juin, était peut-être en représailles pour les meurtres d’enfants palestiniens. Mais, pour toute les déprédations de l’occupation oppressive, il a fourni le premier et principal prétexte pour détruire la délicate unité en Cisjordanie mais aussi pour réaliser  le vieux rêve d’éradiquer le Hamas de Gaza pour que le ghetto soit à nouveau silencieux. Depuis 1994 et même avant l’arrivée au pouvoir du Hamas dans la Bande de Gaza, la localisation géopolitique très particulière de cette Bande montre clairement que toute action de punition collective, comme celle qui est infligée actuellement, ne peut être qu’une opération de destructions et de massacres de masse. En d’autres termes, un génocide continu. Ce qui n’a jamais empêché les généraux de donner  les ordres de lancement de bombes,  sur les gens,  à partir des airs.

Réduire le nombre de Palestiniens dans toute la Palestine historique demeure encore  la vision sioniste. A Gaza, sa réalisation prend la forme la plus inhumaine**.

Le timing particulier de cette vague est déterminé, comme par le passé, par des considérations additionnelles. L’agitation sociale à l’intérieur d’Israël en 2011 couve encore et,  un temps, le public a réclamé des coupes dans les dépenses militaires et réclamé de  transférer l’argent du budget «obèse» de «la défense» vers les services sociaux. L’armée a décrété comme «suicidaire» une  telle éventualité. Rien n’est plus efficace qu’une opération militaire pour étouffer les voix appelant le gouvernement à tailler dans le budget des dépenses militaires….A Tel Aviv, les quelques personnes qui ont osé manifester contre [le massacre des Gazaouis] ont été battus par des hooligans juifs pendant que la police regardait ailleurs.

Les universitaires, comme toujours, font partie de la machine de guerre. La prestigieuse université privée «Centre Interdisciplinaire Herzliya» [dans la Silicon Wadi israélienne, dans le district de Tel Aviv] a créé «un quartier général civil» où les étudiants se portent volontaires pour servir de porte-parole à la campagne de propagande à l’étranger.»

«Des horreurs inimaginables»

[Ilan Pappé souligne le rôle de la presse occidentale pour cacher les crimes  d’Israël dont elle ne montre ni  les images de destruction ni les atrocités ou les victimes. L’historien cible les médias français] –«spécialement France 24 mais aussi la BBC qui continuent,  comme des perroquets, à honteusement réciter la propagande israélienne. Ce qui n’a rien d’étonnant puisque les groupes du lobby pro-Israël continuent  à travailler inlassablement pour Israël en France comme  dans le reste de l’Europe et aux Etats Unis»

Et Ilan Pappé de poursuivre: «Je concéderai qu’à travers tout le Moyen-Orient il y a en ce moment des cas horribles où la déshumanisation a provoqué des horreurs inimaginables comme c’est le cas aujourd’hui à Gaza. Mais il y a une différence cruciale entre ces cas-là et la brutalité israélienne : les premiers sont condamnés comme étant barbares et inhumains à travers le monde, alors que les crimes commis par Israël  sont encore publiquement avalisés par le Président des États Unis, les dirigeants de l’UE et les autres amis d’Israël dans le monde.

Le seul espoir pour une lutte victorieuse contre le sionisme en Palestine est celui basé sur un agenda de droits humains et civiques qui ne fasse pas de différence entre une violation et la suivante et pourtant identifie clairement la victime et les agresseurs.

Ceux qui commettent les atrocités dans le monde arabe contre les minorités opprimées et des communautés sans défense, ainsi que les Israéliens qui commettent ces crimes contre le peuple palestinien, devraient tous être jugés selon les mêmes standards moraux et éthiques. Ce sont tous des criminels de guerre, bien que,  dans le cas de la Palestine,  ils sont à l’œuvre depuis plus longtemps que les autres.

L’appartenance religieuse de ceux qui commettent les atrocités ou au nom de la religion qu’ils prétendent professer importe peu. Qu’ils se nomment eux-mêmes jihadistes, judaïstes ou sionistes, ils doivent être traités de la même façon.

Un monde qui arrêterait d’employer le principe «Deux poids, Deux mesures » dans ses relations avec Israël est un monde qui serait beaucoup plus efficace dans sa réaction face aux crimes de guerre perpétrés ailleurs dans le monde.

La cessation du génocide progressif à Gaza et la restitution des droits humains fondamentaux et civiques des Palestiniens où qu’ils soient, y compris le droit au retour, est la seule manière d’ouvrir une nouvelle perspective pour une intervention internationale productive au Moyen-Orient dans son ensemble.»***

Mohamed Larbi Bouguerra

** Vérification : «A l’heure actuelle, plus du quart des décès concernent des enfants» déclare Pierre Krahenbuhl, de l’Agence de l’ONU pour l’aide aux réfugiés palestiniens. (L’Humanité, 15 juillet 2014, p. 4)

***Comme en écho aux thèses du Pr Pappé, Benjamin Barthe écrit dans le Monde (16 juillet 2014, p.2) que « Le compte à rebours avant la prochaine confrontation a déjà commencé. » L’article révèle enfin que « le vendredi 11 juillet, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, a déclaré qu’il était catégoriquement opposé à la création d’un Etat palestinien souverain. Un accès de franchise rare, signalé par le site d’information Times of Israël, mais passé sous silence par les médias occidentaux. En l’absence d’un tel horizon, l’armée israélienne peut déjà réfléchir au nom de code de la prochaine opération à Gaza.»

13/07/2014

Pourquoi ?

En mémoire des victimes d’Ukraine, de Palestine, de Syrie et d’ailleurs où l’on tue et torture.
Pourquoi ? …
En mémoire de ceux qui leur ont donné vie.
Pourquoi ?…
En mémoire de ceux qui meurent de tristesse, honte, douleur, rage, impuissance, face à l’inconscience et à la lâcheté des repus.
Pourquoi ? …

05/01/2014

Dieudonné, l’imposteur raciste, n’est pas l’ami du peuple palestinien

Pour l'Association France Palestine Solidarité "Dieudonné, l’imposteur raciste, n’est pas l’ami du peuple palestinien". Exact et argumenté. Simplement, clairement. Et c’est bien parce que le personnage est en France médiatiquement surexposé que l’AFPS se devait de prendre position

Rappels :

palestine, Dieudonné

Dernièrement Dieudonné a déclaré au sujet de Patrick Cohen, journaliste à France Inter : « Moi, tu vois, quand je l’entends parler, Patrick Cohen, j’me dis, tu vois, les chambres à gaz… Dommage. » Il ne s’agit ni d’une « erreur » ni d’un dérapage. Mais de positions antisémites clairement et délibérément assumées depuis une bonne dizaine d’années. Les exemples en sont innombrables.

Dieudonné n’est pas un simple humoriste, c’est avant tout un militant politique d’extrême-droite. Et il y a une spécificité. Avec une forme d’expression particulière (humour), un vocabulaire pseudo-​​révolutionnaire (anti­système), et une cible du style fasciste des années 30 (le complot du "pouvoir juif mondial", de la finance mondiale, de l’axe Israël-​​USA …), Dieudonné attire certaines catégories, particulièrement dans la jeunesse, que le Front national serait incapable de mobiliser.

C’est le cas par exemple quand il fait applaudir le négationniste Robert Faurisson par 5.000 personnes au Zénith en 2008. C’est le cas aussi quand il inter­viewe Serge Ayoub, alias Batskin, le chef de l’organisation d’extrême-droite JNR, Jeunesses nationalistes révolutionnaires, dissoute après la mort de Clément Méric. La vidéo se conclut par une poignée de main entre ces deux hommes et une déclaration « On représente la France d’en bas … on a le même ennemi, c’est une évidence ».

C’est le cas aussi quand il prétend défendre les Palestiniens en développant des thèses racistes et antisémites sous le couvert de l’anti-sionisme. Il détourne ainsi au profit de l’extrême-droite le juste sentiment d’exaspération face à l’amalgame fait par les soutiens de la politique israélienne entre anti­sionisme et anti­sémitisme. Il donne prise à tous ceux qui se complaisent dans une dénonciation sélective des diverses formes de racisme. Il fait le jeu d’Israël et de tous ses soutiens qui cherchent à discréditer voire criminaliser toute forme de contestation de la politique israélienne..

L’AFPS condamne et rejette ces amalgames qui amènent à traîner devant les tribunaux en toute ignominie les militants du boycott citoyen qui dénoncent la politique coloniale et raciste de l’État d’Israël.

L’AFPS condamne et rejette toute instrumentalisation de la cause palestinienne au service de délires complotistes racistes qui font le jeu de ses adversaires.

Le peuple palestinien n’a aucun besoin de tels faux amis. Notre combat pour les droits nationaux du peuple palestinien se fonde sur les principes universels du droit des peuples. Il suppose le rejet déterminé de toute forme de racisme, d’antisémitisme et d’islamophobie, poisons dangereux que nous combattrons sans faiblesse.

Vendredi 3 janvier 2014
Le Bureau national de l'AFPS

13/03/2013

Congrès de Niort 2013

La LDH de Manosque s'associe pleinement à la résolution suivante et souhaite s'en faire le relais auprès des sections qui n'y auraient pas encore souscrit.
Mieux, elle sollicite l'attention de ses instances parisiennes pour l'inscrire lors du prochain congrès sur ses tablettes et engagements ...

Congrès de Niort, Palestine
Source : Bastamag.net

Proposition de résolution des sections soussignées

La Palestine : un sociocide programmé

L’analyse du "conflit" israélo palestinien se termine trop souvent sur l’invocation d’une paix inéluctable entre peuples qui sont faits pour s’entendre, analyse démentie par la réalité sur le terrain. Côté israélien, le parti des colons et des sionistes ultras et racistes gagne en influence dans l’ensemble de la société. Côté palestinien, le processus de réconciliation nationale, condition d'élaboration d'une stratégie unifiée pour mettre fin à l'occupation et à la colonisation, se heurte encore à de nombreux obstacles ainsi qu’à des rancœurs accumulées et progresse par à-coups.
Tout en dénonçant les crimes de l’État d’Israël, son refus permanent de respecter les décisions de justice internationale, son mépris absolu des conventions de Genève, notamment la 4ème qui proscrit toute colonisation de territoire occupé, etc., etc., les mouvements démocratiques et les intellectuels se rejoignent tous ainsi par leurs analyses en critique pointilliste de l’action terroriste de cet État.
Par la voix de ses responsables dans la presse, par des lettres ouvertes ou dans ses documents internes, la LDH n’envisage pas d’autre fin que la paix entre deux États, reconnus mutuellement et internationalement, à l’issue de négociations de "paix", à condition qu'ils respectent la justice et l'égalité des droits. Au cours de l’année 2012, l’un de nos présidents d’honneur (par ailleurs Président du Réseau euroméditerranéen des droits de l’Homme) et le Président de la LDH ont rendu publiques des analyses pertinentes sur des problèmes particuliers du conflit, dénonçant les abus d’Israël et la lâcheté des gouvernements occidentaux. Analyses que tout ligueur a pu faire siennes.

La colonisation n'a cessé de s'étendre et tout laisse à penser que le pouvoir militaro-politique israélien va amplifier la politique brutale menée contre les Palestiniens ces dernières années, avec la reconduction de Netanyahou à la tête du gouvernement. Ce dernier fait d’évidence entrer son pays dans ce qu’il faut bien considérer comme la dernière phase de la stratégie sioniste. Tous ses actes conduisent en effet à la conquête quasi totale de la Palestine mandataire pour créer "l’État juif" qu’il revendique, les présentes frontières étant toutes provisoires. Sharon, au pouvoir en 2001, n‘annonçait-il pas cette dernière étape en répétant : «La guerre d’indépendance de 1948 n’est pas achevée» ? Seules subsisteront des "réserves d’Indiens" pour touristes.

Le mot "sociocide" a souvent été répété avec force par Stéphane Hessel pour désigner la tragédie palestinienne. Car ce sont en effet une culture, un peuple, une société originale du Moyen-Orient qui vont disparaître. Société qui connaissait la démocratie et le multipartisme, les droits de la femme, l’éducation mixte, une riche vie associative. Un exemple mis récemment en lumière par des intellectuels israéliens démontre la détermination d’Israël, sa brutalité et le raffinement dans la volonté d’effacer ses ennemis : 70 000 livres laissés dans leurs bibliothèques par les Palestiniens fuyant la Nakbah en 1948 furent considérés par Israël comme "propriétés abandonnées".  Un patrimoine culturel est devenu une "prise de guerre" !

Cet exemple ne doit bien évidemment pas faire oublier la mort, l’exil, les drames familiaux de tant de Palestiniens victimes d’une persécution sans limites. Il doit aussi nous rappeler le travail courageux d’historiens, archéologues, journalistes, ou artistes et intellectuels israéliens. À côté ou au cœur d’associations, d’authentiques femmes et hommes de paix en Israël organisent la résistance, conscients du réveil terrible que sera pour le judaïsme et pour les Juifs de la diaspora l’aboutissement de cette politique folle et guerrière de conquête.

Pour empêcher cette fin tragique, il est du devoir de la LDH d’écouter et de soutenir, en même temps que les voix palestiniennes, celles et ceux qui, en Israël, militent pour une vraie paix. Peuple nié sur sa terre, les Palestiniens sont, pour exister, entrés en résistance, un temps armée, mais de plus en plus non-violente. Il est de notre responsabilité de relayer les appels aux actions non-violentes qui viennent de là-bas. Et, comme pour le boycott efficace de l’Afrique du Sud de l’apartheid, de reprendre à notre compte l’action "Boycott, Désinvestissement, Sanction", en particulier contre tous les produits issus des colonies, seule action qui peut en même temps sensibiliser l’opinion internationale et inquiéter économiquement Israël.

Enfin rappelons que l’implantation de colonies en terre palestinienne est depuis 1967 la marque de tous les gouvernements israéliens. N’oublions pas que l’encre de la signature du traité d’Oslo n’était pas sèche que Rabin programmait encore de nouvelles colonies au point de s’attirer, après son assassinat, les félicitations posthumes du Likoud. Les colonies sont d’évidence le fer de lance de cette politique qui vise à installer Israël du Jourdain à la Méditerranée.

Ne laissons pas s’installer la paix des conquérants, une Pax Hébraïca semblable à la Pax Romana, celle dont Tacite faisait dire à Galgacus dans sa biographie du général romain Agricola : "Où ils font un désert, ils disent qu'ils ont donné la paix" … même si "le désert" est peuplé de colonies.

Février 2013

Sections de Cannes-Grasse, de Carcassonne, d’Istres-Ouest Provence, de Mantes la Jolie et du Mantois, de Marseille 15e/16e, de Nîmes, de Perpignan-Pyrénées Orientales, de Pertuis, de Talence, de Rodez, de Uzès et Ste. Anastasie, de Manosque…

18/12/2012

Michel Warschawski

Michel Warschawski, président du Centre d’Information Alternative (AIC) de Jérusalem, vient de recevoir (10/12/2012) le prix des droits de l'homme de la République française et c'est mérité.

Du coup, Richard Prasquier, président du Conseil représentatif des institutions juives de France, se fend d’une lettre ouverte à Christine Lazerges, présidente de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH). Mais peu importe les aigreurs du CRIF puisque même un hebdo comme Le Point ne "frissonne pas en entendant prononcer le nom de Michel Warschawski".

Pour mesurer son engagement à défendre l’idée qu’ « Un autre Israël est possible », on pourra s’en référer à une suite d’articles parus dans Médiapart, et à quelques interviews dont celui qui suit, accordé le 5 novembre au site Alohanews :

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Michel Warschawski: “Israel n’existe que par la guerre”

Journaliste et membre du Tribunal Russel, Michel Warschawski contribue à la cause palestinienne en combattant l’occupation et le colonialisme organisé depuis plus de quarante ans par les gouvernements israéliens successifs.
Lors de cet entretien, il est question de la société israélienne, la politique israélienne ainsi que ses rapports avec l’Iran.

Dans le livre Un autre Israël est possible que vous avez co-écrit avec Dominique Vidal, vous mettez en lumière le mouvement des “indignés” de la population israélienne qui a planté ses tentes l’été 2011 à Jérusalem, Haïfa et Tel-Aviv. Quelles étaient leurs revendications ?

Ce mouvement qu’on appelait le mouvement des tentes ou mouvement des indignés de 2011, s’est intentionnellement limité à des revendications d’ordre socio-économiques. Les revendications étaient le droit au logement, le droit à une santé publique gratuite, le droit à l’éducation. Il s’agit de droits et pas d’une marchandise dans le cadre d’une libéralisation et d’un néo-libéralisme débridé. Il a fait l’impasse sur les questions liées au conflit en Palestine et au conflit israélo-arabe en général.

Ce mouvement s’est questionné sur les sujets de société, mais s’est bien gardé de s’exprimer sur les questions politiques bien qu’il y ait une corrélation entre les deux. Les injustices naissent en partie d’une politique ultralibérale sécuritaire qui consacre la majorité de son budget à la Défense. Votre analyse là-dessus ?

Effectivement, cette séparation entre le social d’un coté et le politique de l’autre est une scission totalement artificielle loin de la réalité. Pour satisfaire les revendications du mouvement, il faut faire des choix politiques! Il faut réduire substantiellement le budget militaire. Il faut arrêter de subventionner les colonies. C’est la faiblesse du mouvement, il fallait lier les deux et ne pas se focaliser sur l’aspect économique. Le mouvement devait dénoncer une classe politique qui a fait le choix de l’occupation coloniale depuis maintenant quarante ans.

Quel est votre rapport à l’État d’Israël ?

Je suis citoyen israélien. Je me sens totalement impliqué comme citoyen, comme père, comme grand-père dans cette société israélienne tout en étant radicalement critique non seulement de la politique menée par les différents gouvernements israéliens depuis qu’il existe, mais aussi envers la nature même de l’État. Israël n’est pas un état normal. Israël selon sa propre définition est un État juif dont l’objectif est de renforcer le caractère juif démographiquement parlant. C’est-à-dire l’État qui considère l’indigène, le Palestinien comme un étranger sur sa terre. Une grande partie a été expulsée de cette terre, ce sont les réfugiés. Et ceux qui sont restés sont perçus comme des locataires tolérés. Sans parler de la population occupée de Cisjordanie et de la bande de Gaza qui n’a aucun droit politique et qui vit sous administration militaire maintenant depuis plus de quarante ans.

Vous êtes président du Centre d’Information Alternative (AIC) de Jérusalem, comment ce projet a vu le jour ?

C’est un projet éminemment politique. Nous étions des militants et c’était une initiative ancienne puisque le centre a été constitué en 1984. Sa spécificité est que ce centre est composé de militants politiques israéliens et palestiniens. C’est une organisation réellement mixte de militants de la gauche palestinienne et militants antisionistes israéliens qui collaboraient depuis bien longtemps dans le combat contre le colonialisme, contre l’occupation coloniale, contre la politique de guerre.

À un certain moment, nous avons été confrontés à un déficit d’informations. Rappelons-nous qu’en Israël, en 1982, c’est la guerre du Liban, un immense mouvement antiguerre se met en place. Plus de 400.000 personnes descendent dans les rues de Tel-Aviv pour condamner les massacres. Nos amis palestiniens avec qui nous étions ensemble dans le combat politique nous disent: “Nous ne comprenons pas ce qui se passe, nous ne nous attendions pas à une telle mobilisation”. Il y avait donc une demande d’intelligibilité, de faire comprendre ce qui se passe en Israël. Et parallèlement en Palestine s’est déroulé à la même époque un nouveau phénomène à savoir l’émergence des mouvements populaires qui deviendra plus tard la première Intifada. Les mouvements de femmes, des syndicats étudiants, des syndicats ouvriers ont pris les devants de la scène. Ces derniers étaient totalement méconnus du côté israélien. Il y avait une volonté dans notre centre de faire connaître la réalité de la société palestinienne aux Israéliens, aux médias israéliens, aux faiseurs d’opinions, aux militants. Et aussi d’expliquer aux Palestiniens, de leur donner des clés de compréhension des évolutions de la société israélienne.

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Quelle est votre analyse sur l’actualité entre Israël et l’Iran ?

Israël a besoin d’un ennemi. Il doit être en état de guerre permanent. Sans beaucoup d’exagération, Israël n’existe que par la guerre. Israël n’est soutenu par les États-Unis (3,5 milliards $ par an) que parce qu’il joue un rôle militaire dans la région. La pire catastrophe qui puisse arriver à Israël, c’est qu’il n’y ait pas de guerre, qu’il n’y ait pas d’ennemi, pas de menace. Il s’agit donc toujours d’identifier une nouvelle menace. Nous avons eu le terrorisme qui est devenu le terrorisme islamiste et qui ensuite s’est généralisé à l’Islam. Ce n’est pas suffisant, alors on prend le Hezbollah, mais ce dernier est trop petit. Il faut trouver plus grand,  j’irai même à dire qu’il faut vendre à Washington que cet ennemi ne menace pas seulement Israël, mais menace la civilisation judéo-chrétienne tout entière. Nous arrivons à cette équation générale que la civilisation judéo-chrétienne est menacée par l’Islam représenté par la République Islamique d’Iran.

On prend les fanfaronnades, des déclarations qui parfois sont stupides de Mahmoud Ahmadinejad monnaie comptant. Le gouvernement israélien s’insurge en accusant ce dernier de vouloir détruire Israël. Alors que toute analyste sérieux vous dira que ce n’est pas vrai. Faisant d’ailleurs le jeu d’Ahmadinejad qui comme cela peut se présenter comme le seul qui maintient le combat pour défendre le droit des Palestiniens. De ce fait, Israël permet de justifier cette stratégie de guerre permanente et préventive dans la région.

Est-ce qu’au final, Mahmoud Ahmadinejad ne serait pas l’ennemi utile d’Israël ?

Tout d’abord, Mahmoud Ahmadinejad est à la tête d’une puissance régionale. Ce dernier se bat non pas contre Israël, ce n’est pas du tout son objectif. Ce dernier veut assoir la place de l’Iran comme puissance incontournable dans la région. L’ennemi d’Ahmadinejad, le vrai conflit n’est pas du tout avec Israël, mais c’est avec l’Arabie Saoudite et les pays du Golfe.

Le clivage sunnite-chiite ?

Ce n’est pas essentiellement une question sunnite-chiite. C’est une question d’ordre économique et de pouvoir stratégique dans la région. L’hégémonie dans cette région, notamment dans le détroit d’Ormuz, dans la région du Golfe est extrêmement importante. Mahmoud Ahmadinejad se sert de la question palestinienne et d’une rhétorique radicalement antiisraélienne pour renforcer sa position dans la région. Il veut montrer que ses adversaires arabes en font moins que lui sur la question palestinienne. Là est véritablement l’enjeu d’Ahmadinejad. Ce n’est pas du tout la guerre contre Israël.

Je partage l’opinion des services de renseignements israéliens intelligents qui disent qu’il faut arrêter de considérer l’Iran comme un pouvoir irrationnel, que ce sont des fous, des fanatiques, ce n’est pas tout sérieux comme analyse. En Iran, il y a un agenda politique, il y a des objectifs politiques sur lesquels se greffe cette rhétorique radicale, mais qui est tout à fait rationnelle. D’ailleurs, Barack Obama l’a compris, car il entreprend des négociations avec le gouvernement iranien. C’est ce que veut l’Iran, parlez avec eux et donnez leur la place, arrêtons de les marginaliser.

Quel est l’enjeu réel de la visite de Benjamin Netanyahou dans l’Hexagone ?

Je ne crois pas qu’il y ait d’enjeux importants. C’est une opération de relations publiques. Le gouvernement d’extrême droite israélienne est assez isolé et critiqué y compris par des pays de l’Union européenne, y compris par les États unis bien que ce soit discret, élections présidentielles obligent. Le gouvernement israélien est totalement en porte à faux face aux politiques qui se dessinent en Occident.  Ces derniers essayent de se replacer dans la région du Moyen-Orient qui est en pleine mutation. Pendant ce temps-là, de nouvelles puissances s’affirment comme la Russie qui revient, la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud. Dans ce cadre-là, les États-Unis seront obligés de s’adapter à cette nouvelle réalité. Tandis que du côté du israélien, nous avons un gouvernement qui vit vingt ans en arrière. Ce dernier agit comme si le président était encore George Bush, qui est encore dans la guerre globale et préventive. Ce ne peut être la stratégie américaine d’aujourd’hui parce qu’elle a échoué et leur a couté très cher.

Il y a donc les germes d’une tension, non pas d’une remise en question de l’alliance stratégique qui unit les deux pays, celle-là est malheureusement encore présente pour longtemps. Il y a une question primordiale qui se pose: comment gérer la nouvelle donne internationale et régionale ? Benjamin Netanyahou est totalement isolé. Ce n’est pas le cas en Israël malheureusement, mais nous sommes à contre-courant de la plupart des chefs d’États européens et des Américains. Nous ne pouvons pas continuer comme cela.

Alors on essaie de montrer que tout va bien, on va faire beaucoup de photographies sur le parvis de l’Élysée. C’est une opération assez inutile. Je ne donne aucune importance à cela. Il y a quand même quelque chose d’important, l’Union européenne vient de rehausser le statut d’Israël dans les institutions européennes. Non seulement, il n’y a pas de sanctions, mais on donne une reconnaissance, un bonus à Israël. C’est rendre un très mauvais service à la population israélienne. Je crois que les sanctions, cela permet parfois d’ouvrir les yeux et de réaliser que nous sommes dans le gouffre. Nous sommes en train de nous isoler. Qu’on nous caresse dans le sens du poil quoiqu’on fasse malgré les massacres, malgré la colonisation, malgré le refus de négocier quoi que ce soit. Nous ne faisons que renforcer les mauvaises tendances.

Un mot pour Alohanews ?

Continuez ! Je pense qu’il est extrêmement important d’aider le public à avoir des clés de compréhension. Ce n’est pas l’information qui manque. Moi je ne suis pas de ceux qui lisent les journaux. L’important n’est pas de savoir, mais de comprendre. Ce que beaucoup de citoyens européens n’arrivent pas à comprendre. Qu’est ce que cela veut dire ? Il faut décrypter l’information qu’on nous donne et non l’intérioriser de façon passive.

Propos recueillis par Mouâd Salhi

Site du Centre d’Information Alternative: Cliquez ici

27/11/2012

Palestine - ONU

Cinq jours après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, à un moment où l'on retient son souffle de peur de voir fondre ce fragile espoir de paix comme un sucre dans un verre d’eau, le chef du bureau politique du Hamas Khaled Mechaal annonce qu’il soutient la demande palestinienne à l’ONU. Ce jeudi à New York, les Palestiniens demanderont le statut d’Etat observateur non-membre de l’ONU.

Palestine, 194èm état à l'ONU    

De son coté, oh surprise !, la France votera cette semaine en faveur de l’octroi d’un nouveau statut rehaussé de la Palestine à l’ONU -celui d’Etat observateur-, a annoncé mardi le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius.

«Ce vote, nous allons le faire avec cohérence et lucidité. Vous savez que depuis des années et des années, la position constante de la France a été de reconnaître l’Etat palestinien. C’est la raison pour laquelle jeudi ou vendredi prochain, quand la question sera posée, la France répondra « oui » par souci de cohérence», a déclaré Laurent Fabius, devant les députés.

Les Palestiniens, qui ne sont actuellement à l’ONU qu’une simple «entité observatrice», ont annoncé leur intention de demander jeudi devant l’Assemblée générale de l’ONU un statut d’Etat non-membre.

Le ministre a rappelé que cette position constante de Paris en faveur de la reconnaissance d’un Etat palestinien avait été exprimée en 1982 devant la Knesset par l’ex-président socialiste François Mitterrand. Elle avait été réaffirmée l’an dernier sous la présidence de Nicolas Sarkozy (droite) lors de l’admission de la Palestine à l’Unesco et figurait dans le programme de campagne présidentielle du candidat François Hollande.

«Mais, en même temps, il faut faire preuve de beaucoup de lucidité, d’une part parce que le texte (de la demande palestinienne) est actuellement en discussion et d’autre part parce que le moment où cette question va être proposée est très délicat», a poursuivi Laurent Fabius.

Le ministre a évoqué à cet égard le cessez-le-feu «extrêmement fragile» à Gaza, la perspective des élections israéliennes et le changement prochain de l’administration américaine.

«C’est seulement par la négociation -que nous demandons sans conditions et immédiate- entre les deux parties qu’on pourra aboutir à la concrétisation d’un Etat palestinien. Si l’on est à la fois cohérent et lucide, à ce moment-là, on travaillera pour la paix», a-t-il conclu.

La semaine dernière, Laurent Fabius, s’exprimant devant le Sénat, avait déjà laissé entendre qu’il était plutôt favorable à ce changement de statut pour les Palestiniens alors que la présidence française semblait jusqu’alors plutôt encline à choisir l’abstention. Fidèle soutien d’Israël, les Etats-Unis, eux, sont catégoriquement opposés à la démarche palestinienne à l’ONU.

(AFP)

12/03/2012

L’eau, arme apartheid

Au moment où, les frappes israéliennes sur les populations civiles Palestiniennes redoublent d’intensité (vingt et un Palestiniens ont été tués et 73 blessés dans au moins 36 frappes israéliennes depuis vendredi, selon les services d'urgence.)

Au moment où s’ouvre le Forum mondial de l’eau à Marseille, il est opportun de prendre connaissance d’un rapport d’information sur «La géopolitique de l’eau» (décembre 2011 - Jean Glavany). Cette question épineuse qui faisait partie des accords d’Oslo de 1995 - et qui n’ont pas été renégociés comme prévu en 2000 avec l’éclatement de la seconde Intifada-, cette question épineuse de l’eau est aujourd'hui passée sous silence.

Forum mondial de l'eau, conflit israélo-palestinien

Mieux, si experts et ONG s’accordent pour considérer l’eau comme «un outil militaire», c’est sur la forme et sur l’utilisation du mot «apartheid» justement utilisé par son rapporteur que ce texte est critiqué.

Pourtant, au-delà de l’apartheid évidemment pratiqué par l’actuel gouvernement d’Israël à l’égard du peuple palestinien, la problématique de l’eau relève d’abord d'une question de  géographie. Israël étant située en aval par rapport à la Cisjordanie, tandis que Gaza se situe en aval par rapport à Israël, tout forage doit faire l’objet d’une autorisation du Joint Water Committee, un comité mixte, composé d’Israéliens et de Palestiniens.

Or «dans la pratique, ce sont les Israéliens qui décident et en général, c’est à la faveur des demandes israéliennes, pas palestiniennes», souligne l’Agence française du développement.

Dans le même temps, le rapport de M. Glavany mentionne : «Il faut savoir que les 450 000 colons israéliens en Cisjordanie utilisent plus d’eau que 2,3 millions Palestiniens» !

Le rapport évoque aussi la destruction «systématique» par l’armée israélienne des puits construits «spontanément» par les Palestiniens ainsi que les questions sanitaires auxquelles ils sont confrontés.

Il n'y a pas que les mûrs qui sont édifiants !

19/09/2011

Urgence pour la Palestine

Pendant que les commentateurs politiques cherchent encore à savoir si l’ex directeur du FMI a bien joué son rôle de victime es-gente féminine et/ou d’expert en rafistolage des dettes souveraines, l’Histoire pourrait enfin avancer de façon positive pour la Palestine dès cette semaine à l’ONU.

Quelques élus dits «de gauche» s’interposent encore à cet espoir de voir, dès cette semaine, la Palestine intégrer le cortège des Etats du monde. Ce faisant, ils s’affichent comme les alliés objectifs de l’actuel gouvernement israélien et de ses lobbies. Leur nom n’est pas un secret ni même, pour certains, une surprise :

Jean-Pierre Plancade ; Jean-Michel Baylet ; Jean-Marie Le Guen ; Serge Blisko ; Madec Roger ; Yves Dauges ; George Paul-Langevin ; Nicole Bricq ; Jean-claude Frécon ; Simon Sutour ; Gilbert Barbier ; Serge Lagauche ; Armand Jung ; Hoffman-Rispal Danièle ; Marie-Françoise Pérol-Dumont ; Jean-Jacques Urvoas ; Christiane Demontès ; David Habib ; Patrick Bloche ; André Vallini ; François Pupponi.
Leur lettre ouverte à eux est ici. Chacun appréciera !!!

Palestine,ONU, LDH

La lettre ouverte qui suit n'est donc pas la leur. Elle émane de la Ligue des Droits de l'Homme :

à

Monsieur Nicolas Sarkozy
Président de la République
Palais de l’Elysée
55, rue du faubourg Saint-Honoré
75008 Paris

Paris, le 12 septembre 2011

Monsieur le Président,

Plus de soixante ans après l’adoption d’un plan de partage de la Palestine, si l’Etat d’Israël a été effectivement créé, l’Etat palestinien n’existe toujours pas. Les différentes résolutions des Nations unies sont restées lettres mortes et le peuple palestinien, en Cisjordanie comme à Gaza, continue à supporter occupation et blocus. La colonisation israélienne ne s’est jamais arrêtée, même pendant la période où les accords d’Oslo ont été appliqués. Aujourd’hui, contre toute légalité internationale, le Golan est passé sous souveraineté israélienne, des pans entiers de la Cisjordanie sont de fait annexés et les quartiers palestiniens de Jérusalem sont rongés par une colonisation rampante parce qu’Israël a fait de cette ville sa capitale exclusive, là aussi au mépris du droit.

Dans quelques jours, l’Assemblée générale des Nations unies sera saisie d’une demande de reconnaissance de la Palestine en tant que membre de l’ONU. Cette reconnaissance ne permettra pas à elle seule de résoudre le conflit actuel ni de faire cesser l’occupation israélienne. En même temps, elle permettra de réaffirmer ce qui tend à être oublié : le droit des Palestiniens à un Etat souverain dans des frontières aussi sûres et reconnues que celles de l’Etat d’Israël.

Cette reconnaissance de la Palestine en tant qu’Etat, membre de la communauté internationale, permettra surtout de restituer aux négociations leur point de départ : les frontières de 1967, et non la politique d’annexion de fait suivi depuis plus de soixante ans par les différents gouvernements israéliens.

S’insérant dans l’immense revendication démocratique qui se lève partout dans la région, la reconnaissance d’un Etat palestinien fera des représentants du peuple palestinien des acteurs de plein droit de la communauté internationale, avec les mêmes droits mais aussi avec les mêmes responsabilités et ouvre de nouvelles possibilités en faveur de la paix.

Nous appelons le gouvernement français, l’Union européenne et ses Etats membres à soutenir de leur vote la reconnaissance par les Nations unies de l’Etat de Palestine. Nous vous informons que cette lettre sera rendue publique.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma haute considération.

Le Pdt de la Ligue des Droits de l’Homme
Pierre Tartakowsky

 

Pour celles et ceux qui en ont la possibilité, un rassemblement est prévu

le 21 septembre à 18h00 à Paris (métro Opéra)

Journée de mobilisation internationale pour la reconnaissance de l’État palestinien.

La Palestine doit devenir membre de l’ONU.

07/05/2010

JCall, appel asymétrique

Le 3 mai a été présenté à Bruxelles sous le sigle JCall, European Jewish Call for Reason , le pendant du lobby américain J-Street, un «Appel à la raison», signé par des intellectuels et des personnalités juives européennes.

Extraits :

"(...) nous avons décidé de nous mobiliser autour des principes suivants :

L'avenir d'Israël passe nécessairement par l'établissement d'une paix avec le peuple palestinien selon le principe «deux Peuples, deux États». Nous le savons tous, il y a urgence. Bientôt Israël sera confronté à une alternative désastreuse : soit devenir un État où les Juifs seraient minoritaires dans leur propre pays ; soit mettre en place un régime qui déshonorrait Israël et le transformerait en une arène de guerre civile.

(...) L'alignement systématique sur la politique du gouvernement israélien est dangereux car il va à l'encontre des intérêts véritables de l'État d'Israël.

(...) Ce mouvement (...) a pour ambition d'œuvrer à la survie d'Israël en tant qu'État juif et démocratique, laquelle est conditionnée par la création d'un État palestinien souverain et viable. (...)"

La liste des signataires de JCall n'est pas forcément un problème. Quoique...
Bernard-Henri Lévy y côtoie Alain Finkielkraut, et un historien comme Zeev Sternhell, dont les positions sont réputées critiques à l'égard de la politique d'Israël contrairement à celles des premiers nommés dont le sionisme a souvent été synonyme d'intolérance à l'emporte-pièce. Mais peu importe que l'on apprécie ou pas la composition de cette liste. La raison du plus faible est loin d'être respectée.

raison du plus faible.jpg

Pour sa part, la déléguée générale de la Palestine auprès de l'Union européenne considère : «A travers JCall il y a un interlocuteur pour les Palestiniens». Source

De fait, cet appel à la raison peut être considéré comme positif dans la mesure où parler à un mur ne sert pas à grand-chose. Mais Leïla Shahid est-elle suivie par beaucoup d'autres palestiniens ? Essaie-t-elle de prêter main forte à une réelle opposition au couple B. Netanyahu - A. Lieberman, ou de prendre au mot une apparente et momentanée mauvaise humeur de la diaspora pour mieux desserrer l'étau dans lequel les palestiniens sont enfermés ?

Ce qui est plus gênant dans cette initiative, outre le fait qu'elle se veuille basée sur l'exclusive froideur de la raison et motivée par les intérêts du seul Etat d'Israël, c'est son évidente ignorance du déséquilibre existant entre un jet de pierre et un tir de bombe au phosphore, entre une prison à ciel ouvert et l'ombre d'un parasol sur la plage de Tel-Aviv. David Chemla, cofondateur de JCall, le reconnaît lui-même au moins partiellement, lorsqu'il écrit : «Je pense qu'en réalité, notre initiative améliore l'image d'Israël en Europe (...) ».

Au bout du compte, il donne l'impression que la création d'un Etat palestinien n'est qu'un moyen pour Israël. Pas une fin. L'humanisme supposé de JCall en prend un sacré coup, et il faudrait s'en contenter ?!!


Au surplus, il est relativement confortable pour un Etat, démocratique ou pas, d'avoir en face de lui une opposition «raisonnable». Pour un peuple spolié de ses territoires, humilié en permanence malgré le soupir des nations au simple constat quotidien de ses souffrances et livré à ce qui ressemble plus à une milice religieuse qu'à une armée de résistants, la position est beaucoup plus difficile à tenir.

Dans ces conditions, solliciter une «initiative symétrique», ce qui a été fait le 6 mai 2010, relève non plus d'un calcul plus ou moins réfléchi, mais de l'inconscience ou de la provocation, et risque d'aboutir à séparer définitivement les «personnalités palestiniennes et du monde arabe» du peuple le plus isolé du Moyen-Orient. Comment oser demander à une victime d'aller au secours de son tortionnaire serait-il lui-même fils de victime ?!!

Un article d'Alain Gresh dans la Monde Diplomatique, dresse une mise en perspective intéressante du sujet. Il n'est malheureusement daté que du 5 mai 2010.

09/04/2010

BDS : thème tabou ?

La campagne BDS - boycott, désinvestissement, sanctions - à l'encontre de l'Etat d'Israël est-elle un sujet tabou ?

La prise de position de J-P Dubois, reproduite ci-après, à propos du boycott des produits israéliens, a le mérite de souligner l'incongruité des déclarations gouvernementales devant le CRIF, Conseil Représentatif des Institutions Juives de France, prononcées à Bordeaux en février dernier.

Elle a aussi le mérite de recadrer un boycott qui ne serait qu'un ensemble de réactions spontanées mais éparses, sans organisation véritable, et donc sans véritable efficacité contre un gouvernement israélien qui se permet de passer outre les sanctions votées par l'ONU aussi bien que les recommandations très diplomatiques qu'on ne cesse de lui adresser.

«Le camp du Droit» dans lequel se situe la LDH et son président, J-P Dubois, fait implicitement référence au processus de Barcelone de 1995 à travers lequel  l'Union Européenne et les signataires de l'accord qui en a suivi, se sont engagés sur la base des frontières définies en 1967. Ce faisant les produits issus des territoires occupés de Palestine ne peuvent pas être vendus au bénéfice d'Israël. C'est le sens de l'arrêt prononcé par la Cour de justice de l'Union européenne le 25 février 2010 à propos de l'affaire Brita.

cartes_israel_raye_Palestine.jpg

Sortir de ce débat là, ne pas insister sur la question du droit international comme peut le faire le Tribunal Russell, serait prendre le risque d'une polémique sans issue et se condamner à l'inertie ou à l'inefficacité qui a trop souvent été l'apanage de la communauté européenne.

Le boycott pourrait être une arme pour faire triompher le Droit. Les tentatives pour le justifier ne manquent pas. (1) (2) Mais dans la mesure où l'Etat d'Israël est mis en cause, c'est aussi prendre le risque de toucher à un tabou, être aussitôt taxé d'antisémitisme et jugé coupable d'«incitation à la discrimination raciale»(!).

Et si la tribune de J-P Dubois ne va pas au bout d'un raisonnement établissant un plan d'action contre la colonisation des «territoires occupés», c'est que demeure la question : comment faire tomber un tabou ?



Tribune : "Agir aujourd'hui contre la colonisation des «territoires occupés»"

Aujourd'hui comme hier, le conflit israélo-palestinien projette sur la société française un halo de passions, de solidarités et de colères. Toutes ne servent pas la solution juste de ce conflit et certaines mettent parfois gravement en danger les principes que nous avons en partage. Comment sortir de la confusion, comment agir, assurer, enfin, la victoire du droit sur le fait ?

On a vu une ministre de la République, «ministre du droit» qui plus est, critiquer devant ses amis du CRIF une campagne de boycott, et parler de «produits casher» pour désigner les «produits des colonies illégales d'Israël». De tels propos nourrissent la confusion entre religieux et politique et de fait, légitiment une ethnicisation du politique.

Des aveuglements symétriques poussent d'autres acteurs politiques ou communautaires à ne plus distinguer les peuples des gouvernements, imputant à l'ensemble des Israéliens la politique criminelle du gouvernement Netanyahu... ou à l'ensemble des Palestiniens les crimes du Hamas. Certes, ceux qui ont ordonné ou commis les crimes de guerre établis, au nom de l'Onu, par le rapport Goldstone ont été légitimés par des élections libres. Et ce fait interdit d'envisager la moindre perspective de paix en les excluant d'une négociation.

Mais ces assimilations opposent la colère à la colère, la négation à la négation ; elles conduisent à la folie et au meurtre de masse. Dans ce contexte, l'alternative laïque d'un Etat de Palestine démocratique, multinational et non religieux dans lequel athées, chrétiens, juifs et musulmans cohabiteraient égaux en dignité et en droits n'est qu'un rêve. Un rêve qui serait rapidement submergé par les fantasmes de disparition de l'Autre, par la « purification » du territoire par la force.

Faut-il alors se résigner à un avenir de sang et de terreur pour tous, y compris pour ceux qu'enivre l'actuelle supériorité militaire et financière d'Israël ?

Notre conviction est qu'il faut tenir bon sur les principes de la justice et du droit. Même si la tâche est rude. Car nous sommes au plus noir d'une histoire sombre depuis des décennies, celle d'un peuple sur lequel l'Europe s'est déchargée de sa mauvaise conscience ; ceux qui fuyaient la « destruction des Juifs d'Europe » ont construit leur Etat-refuge autour du rêve millénaire de «l'an prochain à Jérusalem». Nul - et les Européens moins que tout autre - n'a le droit d'oublier ce contexte effroyable. Mais Jérusalem n'était pas vide, la Palestine n'était pas un désert préservé inhabité et deux peuples devaient trouver un foyer national. On sait la suite ; le rêve des uns s'est nourri du cauchemar des autres, chaque jour davantage.

Chacun sait - citoyens, Etats comme gouvernements - qu'aucun des deux peuples ne pourra rejeter l'autre ni à la mer, ni au désert. Mais nous laissons, par notre inertie, l'irréparable s'accomplir. Nous laissons les gouvernants israéliens briser tout espoir d'un Etat palestinien digne de ce nom, détruire systématiquement toute ébauche de société palestinienne viable ; enfermer, coloniser, morceler, asservir. Les Etats-Unis financent cette violence, l'Europe en achète les fruits.

Ce faisant, l'Europe dément quotidiennement ses propres discours sur les valeurs humanistes de l'Union ; elle se fait complice des fossoyeurs de l'avenir commun. Car cet avenir n'est pas seulement désespérant pour les Palestiniens abandonnés de tous : que sera dans dix ans un Etat d'Israël hérissé de murs et de missiles antimissiles, devenu le symbole universel de la loi du plus fort, du reniement répété de la parole donnée et de la dernière expression historique de l'oppression coloniale ? Croit-on qu'une démocratie déjà gravement malade résistera indéfiniment à la banalisation de l'injustice et, désormais, même des crimes de guerre ?

Sauf à nous laisser contaminer par le cynisme des actuels gouvernants israéliens, nous ne pouvons continuer à détourner les yeux. Mais comment agir sans ajouter la rage à la rage et l'injustice à l'injustice ? D'abord en refusant d'assimiler les peuples et leurs gouvernants. Les Israéliens ne se confondent pas plus avec Benyamin Netanyahu ou Avigdor Lieberman que les Palestiniens ne s'identifient avec les dirigeants du Hamas. Ensuite en veillant à soutenir celles et ceux qui, au sein de la société israélienne, continuent à se battre courageusement pour que le nom d'Israël ne devienne pas synonyme d'oppression. Enfin, en sanctionnant ceux qui violent la légalité internationale. Il nous faut rappeler, fermement, que les territoires occupés, tous les territoires occupés depuis plus de quarante ans le sont illégalement ; que Jérusalem n'est pas plus la «capitale éternelle et indivisible d'Israël» que le Koweït n'était la 19e province de l'Irak de 1990 ; que chaque colonie devra être évacuée, que chaque territoire devra être restitué, que chaque morceau du mur déclaré illégal par la Cour internationale de justice devra être détruit.

Tout simplement parce que la loi du plus fort doit plier devant le droit commun de l'humanité.

Parler, même fermement, ne suffit pas. Il faut des actes qui sanctionnent la colonisation, particulièrement au plan économique. Il faut rendre l'exploitation des terres annexées et de ceux qui en ont été spoliés plus coûteuse que ce qu'elle rapporte.

Boycotter, donc, les produits des entreprises coloniales ? Difficile, car le gouvernement israélien en dissimule systématiquement l'origine. Boycotter alors tous les produits israéliens, puisque ce serait « cela ou rien » ? Ce serait confondre Israël et ses colonies, c'est-à-dire faire exactement le jeu des partisans du «Grand Israël» en entrant dans leur logique. Et ce serait aussi alimenter les tentatives d'assimilation de toute critique de l'Etat d'Israël à de l'horreur de l'antisémitisme. Confondre le combat contre les gouvernants avec le boycott de toute une société, ce serait nourrir l'amalgame entre boycott des produits israéliens et «boycott des Juifs», amalgame que certains nourrissent sans scrupules. L'effroyable lapsus de la ministre française de la Justice, venant après les accusations aussi injustes qu'insultantes d' «incitation à la discrimination raciale» dirigées contre des militants et notamment contre une adhérente de la LDH, témoigne déjà d'une légitimation par les plus hautes autorités de l'Etat de cette dérive vers une «importation ethnicisante» du conflit israélo-palestinien. Nous devons nous en garder comme de la peste.

La Ligue des droits de l'Homme n'a, dans cette affaire comme en toute autre, qu'un seul «camp» : le camp du droit.

C'est pourquoi elle appelle aujourd'hui tous les citoyens à exiger des autorités françaises qu'elles le fassent respecter. Il leur revient de refuser le « traitement préférentiel » - accordé aux produits israéliens par l'Union européenne - à toute importation de produits « coloniaux » ou même de produits dont il n'est pas indiscutablement établi qu'ils ne sont pas les fruits de l'oppression coloniale. C'est non seulement possible, c'est légal : la Cour de justice de l'Union européenne vient, dans un arrêt du 25 février 2010, de donner raison aux autorités du port de Hambourg qui ont pris cette décision.

L'Europe est aujourd'hui le premier partenaire commercial d'Israël : si les Etats membres de l'Union suivent l'exemple des autorités de Hambourg, la loi sera dite et les exploiteurs des territoires occupés devront bien l'entendre.

La LDH appelle donc à élargir cette campagne aux dimensions de toute l'Union européenne. Elle appelle à cesser toute complicité même passive avec la colonisation, et à faire enfin appliquer l'article 2 de l'accord d'association entre l'Union et Israël qui fait du respect des droits de l'Homme la condition des relations commerciales privilégiées qu'il institue. Elle appelle à la sanction de tous les crimes de guerre dont le rapport Goldstone a établi l'existence à la demande de l'Onu, que ces crimes aient été commis par l'armée israélienne, par le Hamas ou par quelque autre criminel que ce soit.

Elle appelle enfin à la mobilisation internationale pour que l'Etat palestinien promis par la communauté internationale il y a déjà dix-sept ans voie enfin le jour, dans l'intégralité des territoires volés aux Palestiniens il y a déjà quarante-trois ans, afin que cesse une des plus anciennes injustices qui font injure au droit international.

Il y a cent douze années, face à l'antisémitisme d'Etat que révélait l'affaire Dreyfus naissaient d'une part le projet sioniste de Theodor Herzl, d'autre part la mobilisation universaliste qui créait la Ligue française pour la défense des droits de l'Homme et du citoyen. La naissance d'Israël a donné corps au premier ; ne laissons pas la lâcheté et la haine le défigurer en oubliant les exigences du second de ces deux projets. Parce qu'il n'est pas d'avenir humain à Jérusalem hors de la coexistence de deux Etats viables pour deux peuples égaux en droits, la LDH reste fidèle au refus de l'injustice qui l'a fait naître. Ni pro-israélienne ni pro-palestinienne, encore moins « pro-casher » ou « pro-halal », elle campe du côté du droit, de l'égalité et de l'universalité des droits de l'Homme. De grands mots ? Il ne tient qu'à nous d'en faire de grands actes. L'injustice ne durera que tant que nous la tolèrerons.

Jean-Pierre Dubois
Président de la Ligue des droits de l'Homme



20/11/2009

Résistances intra, extramuros

On ne présente plus Stéphane Hessel, mais on ne se lasse pas de l'écouter pour se ressourcer.

La résistance n'a donc pas de frontières. La preuve ...

Le 29 novembre a été déclaré par l'ONU journée internationale de la Palestine. C'est la date anniversaire du partage de la Palestine et de la Nakba (défaite et exode de 1948) pour les Palestiniens.

Ce mois de novembre donne donc l'occasion de rappeler que les Palestiniens vivent toujours les conséquences terribles de l'injustice qui leur a été faite et qui se perpétue 60 ans après.

Tous les murs de la honte ne sont pas encore tombés.

Et en Palestine sous les yeux de la communauté internationale, on n'en finit pas d'en construire un. La colonisation se poursuit en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. C'est un obstacle majeur à la paix. Gaza, où l'armée israélienne a fait 1400 morts est toujours sous un blocus lui aussi meurtrier.

A quand un président étasunien pour déclarer : « je suis un Palestinien ? » A quand l'application à ce peuple des décisions de l'ONU et des règles du droit international ?

Le point de vue de Stéphane Hessel sur la question palestinienne tient dans cette phrase ...

« Ayant été à Gaza, ayant vu les camps de réfugiés avec des milliers d'enfants, la façon dont ils sont bombardés m'apparaît comme un véritable crime contre l'humanité. »

... autant que dans la réponse à la question : « (...) Jusqu'à maintenant le chemin vers la paix c'était deux Etats côte à côte, un Etat Palestinien et un Etat Israélien. Est-ce encore possible, ce partenariat avec les Palestiniens ?

- C'est la seule solution. Elle est rendue de plus en plus difficile, au fur et à mesure que s'accumulent de part et d'autre, soit le mépris et l'humiliation, soit la haine. Il faut que cette accumulation cesse le plus vite possible, et alors, au nom de ce que l'histoire nous a appris sur la possibilité du pardon - nous l'avons éprouvé, nous européens, et dans d'autres pays, en Afrique du Sud aussi - il faut avoir hâte que cette possibilité de pardon et de solidarité dans un Proche-Orient pacifique puisse être rétablie. » Tiré d'un entretien avec Swiss Info, 5 janvier 2009.

Il n'est pas inutile de rappeler que le Tribunal Russel pour la Palestine vise à mettre en évidence les crimes de guerre ou crimes contre l'humanité manifestement commis par les dirigeants et les soldats israéliens (voire les colons). De nombreux rapports internationaux (dont le dernier rendu par Goldstone) l'attestent, et il incombe à Israël ou aux autres Etats d'entamer à leur encontre des poursuites, conformément à leurs obligations internationales. La première session de ce tribunal aura lieu à Barcelone les 1, 2 et 3 mars 2010. L'ordre du jour est déjà fixé, au moins en partie :

  • La politique et la pratique de l'UE et de ses Etats Membres dans leurs relations avec Israël, puissance occupante de la Palestine sont elles compatibles ou non avec leurs obligations internationales découlant du droit international général et du droit international humanitaire ?
  • Dans quelle mesure l'UE et les Etats membres sont-ils ou non complices de la prolongation de l'occupation belligérante et illégale d'Israël en Palestine et des crimes commis par Israël contre le peuple Palestinien ?