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24/05/2010

Retraites Cumulus

Peut-on tolérer l'hypocrisie attachée à la fonction des élus et gouvernants de la République consistant à justifier le cumul des «indemnités» forfaitaires et non réelles de plusieurs mandats et de plusieurs retraites ? Mettre un terme à cette injustice aurait au moins valeur de symbole aux yeux de ceux qui survivent avec une minimum vieillesse de 708,9575 € mensuel pour seul viatique.

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Evidemment cette façon de voir n'est pas celle de :

  • François Baroin, ministre du Budget : «La rémunération des ministres est moins élevée en France qu'à l'étranger. Elle est indexée sur les traitements de la Fonction publique, qui ne baissent pas chez nous, alors que d'autres pays les réduisent. Je me méfie des décisions démagogiques».
  • Ni celle de Georges Tron, secrétaire d'Etat à la Fonction publique : «Il n'y a pas de raison de baisser le salaire des ministres en France puisque le salaire des fonctionnaires ne baisse pas».
  • Non plus que celle de Jean-Louis Bianco, ex secrétaire général de l'Elysée : «(...) Je considère le non-cumul comme une avancée qui permettra un renouvellement attendu de la classe politique. C'est pourquoi je me suis prononcé contre cumul dans le cadre de la rénovation au sein du PS et que je m'y tiendrai dès que cette règle sera appliquée».
  • Et encore moins celle de la Fédération Bancaire Française qui souligne qu'au «nom de l'efficacité, de l'équité et de la saine concurrence, les règles doivent être les mêmes pour tous». Que «ces règles n'ont de sens que si elles existent au niveau international et sont appliquées de la même manière sur l'ensemble des grandes places financières».

Autrement dit, quelques soient les efforts demandés au nom de la défense supposée de l'euro, tous argumentent et militent sans complexe pour le maintien du statut quo, personne ne remettant vraiment en cause le cumul des rémunérations et encore moins celui des retraites haut perchées qui vont avec.

Mais «retraite cumulus» au profit des agents de l'Etat - celle des sénateurs est un modèle du genre - ou pas, la solidarité ne sera jamais effective hors

  • création d'emplois
  • taxation des stocks options et autres revenus financiers,
  • suppression franche et claire du bouclier fiscal,
  • élargissement justement partagé de l'assiette des cotisations patronales et salariales,
  • suppression de libéralités fiscales et sociales accordées aux multinationales implantées sur le territoire sans aucune compensation

Faute de quoi, il faudrait attendre que la mondialisation fasse le premier pas ou une nouvelle nuit du 4 août. Autant dire longtemps.

18/02/2010

Les retraites Maginot

Le problème avec les retraites, c'est que personne n'ose vraiment y toucher et que personne n'y touchera sans doute vraiment, chacun se retranchant derrière de vraies-fausses contraintes démographique (papy-boom) ou conjoncturelle (crise économique). Et pour commencer, comme on pouvait s'y attendre, il faudra encore attendre, septembre, pour voir une soi-disant vraie réforme vraiment négociée d'un des pans de notre protection sociale rendu dangereusement déficitaire.

Car aujourd'hui, pour la grande majorité des observateurs, le gouvernement use du mot négociation, sans négocier réellement. D'ailleurs quelques rongeurs aux affaires ne se sont pas privés de s'attaquer dès le mois de novembre 2009 aux caisses complémentaires Agirc-Arrco et Ircantec. L'information est passée à peu près inaperçue. Elle date de novembre 2009, un peu avant la vraie-fausse privatisation de la Poste. Elle est significative de la manière dont ce gouvernement «anticipe» les «concertations» sans tenir compte des avis qu'il sollicite, comme ici celui du Conseil d'Orientation des Retraites.

L'opération annoncée devant le sénat par Christian Estrosi consiste à puiser plusieurs milliards d'euros dans une caisse privée, Cnav/ Agirc-Arrco, pour en alimenter une autre, l'Ircantec, au prétexte que cette dernière, réservée aux fonctionnaires, ne percevra plus les cotisations des postiers sortis du secteur public ! Source

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Croit-on devoir être délivré de ce type de gestion en 2012 ? Pense-ton qu'un Dominique Strauss-Kahn, en tête des sondages de popularité, ne pervertira pas le principe de redistribution, clef de voute d'un socialisme idéal et théorique ?

Ses propositions faites en 1982, si elles n'ont pas changé, sont les suivantes : assortir les retraites par répartition d'une part de capitalisation non plus volontaire, l'actuel «si on veut et si on peut», mais obligatoire avec un coût d'accès certes rendu accessible mais sans que celui-ci soit défini. Ce qui équivaut à un abandon programmé des retraites par répartition.

Faut-il en effet rappeler que cette vision du mode de financement des retraites en France, lui était commune avec un certain Denis Kessler, camarade de promotion et pourfendeur du programme économique et social du Conseil National de la Résistance (L'épargne et la retraite. L'avenir des retraites préfinancées. Paris, Economica, 1982) ? S'il devait être candidat à la succession de l'actuel chef de l'Etat, le discours de DSK serait-il différent ?

Renoncerait-il aussi à cette à affirmation de 2007, un rien cynique : «la gauche avait ramené l'âge de la retraite de 65 ans à 60 ans : cela a été un grand progrès. Maintenant le progrès ce n'est pas de passer à 59 ans ou 58 ans. Le progrès, c'est de dire que certains puissent travailler plus, l'âge de la retraite ne doit plus être un couperet».

Il faudrait qu'il change son fusil d'épaule pour convaincre un électorat qui lui est aujourd'hui favorable.

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Les lignes Maginot sont donc déjà tracées :
  • La «patronne des patrons» s'inquiète pour les entreprises et explique : «On pourra bien taxer les profits : on va tuer les entreprises et on n'aura même pas assez d'argent pour financier les retraites donc c'est une vue de l'esprit» . C'est en effet  «une vue de l'esprit» que d'attendre une quelconque contribution de la part d'actionnaires préoccupés du bon fonctionnement de leur parachute et autres dividendes. Ce qui serait pourtant une bonne idée, même si elle est insuffisante.
  • Les régimes spéciaux - spécieux comme ceux des élus ont peu de chance d'être remis en cause pour qu'un effort national pourtant nécessaire soit rendu efficace.
  • Qui se prépare sérieusement à un compromis et qui peut croire qu'il sera procédé «sans remettre en cause la retraite par répartition ou diminuer le montant des pensions». ?

D'un autre côté, la précarité grandissante liée au «triangle des Bermudes du travail», l'emploi, l'absence de solidarité entre tranches d'âge et secteurs d'activité public - privé, un vieillissement trop souvent sans ressource et sans défense confié tout au plus à Martin Hirsch ou à d'hypothétiques ONG, l'échec probable de cette réforme, restent des prévisions bien plus réalistes.