11/07/2011
La cause féministe selon E. Badinter
Comment a-t-on réagi dans les deux pièces cuisine de la rue St Denis, autre façon de parler des chaumières, à l’assertion menaçante et professorale selon laquelle « On ne se sert pas d'une possible injustice pour faire avancer une cause ! » ?
L’auteure, E. Badinter, philosophe et confidente d’Anne Saint Clair, a fait cette déclaration autoritaire sur France Inter le 6 juillet dernier, à propos de la façon, à ses yeux scandaleuse, dont s’étaient exprimé des groupes féministes au sujet d’un célèbre-coinceur-coincé-et-pour-cause.
Au-delà du fait divers qui continue heureusement de provoquer une remise en perspective du fonctionnement de la Justice et de la condition féminine, mais tétanise aussi redoutablement le personnel politique jusqu’à lui offrir une opportunité supplémentaire de s’enferrer dans des discours convenus et très peu « clivés », reste une autre série de questions qui devrait tarauder les philosophes :
- Ne seraient-ce pas les injustices, avérées ou pas, qui fondent la réalité des causes à défendre et justifient que l’on devance la matérialité des faits ? A quelle législation E. Badinter fait-elle référence pour voler au secours de ses amis ? A une législation éthique ou à une législation juridique ?...
Au passage on notera que personne ne songerait à reprocher aux défenseurs de Dreyfus, ceux de la première heure, de ne pas avoir attendu la réhabilitation du capitaine pour « faire avancer » l’idée que l’antisémitisme était insupportable autant que son instrumentalisation.
Les philosophes - on avait déjà repéré Botul, Finki, Ferry… - menacent et gesticulent décidemment beaucoup ces temps-ci pour des « causes » souvent déconnectées de leur ressort philosophique. Dommage pour la métaphysique des mœurs qui mérite un peu plus de réalisme, de calme et d’objectivité.
Quant à « l'épouse de celui qui sous-présida à l’abolition de la peine de mort », et qui incarne à ce titre une caution morale à vie, peut-elle pour autant se permettre de dire n’importe quoi, tout en faisant mine de désigner à la vindicte populaire, au nom du féminisme, des rivales ahuries et de moins en moins crédules.
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17/02/2011
L'imperceptible patron du FMI
Ou «le candidat qui fait gonfler plus vite que la cortisone» (syndrome de Cushing).
Octobre 2010, RMC : A la question des animateurs « Que pensez-vous de Dominique Strauss-Kahn», J-F. Copé répond :
« DSK... DSK est pour nous un adversaire d'autant plus difficile qu'il incarne une gauche moderne dont les idées sont très proches des nôtres. Je rappelle qu'il est le seul à gauche à avoir dit que la réforme des retraites (de l'actuel gouvernement) était une bonne réforme. »
Le document «DSK mis à nu… peut-il incarner l’alternative ? - (marianne2.fr) » du 23 avril 2010 ayant été "opportunément" supprimé, il reste heureusement des traces. Parfois mémorables, parfois indigestes, souvent honteuses.
Avant d’avoir joué aux primaires et sous prétexte d'une victoire à tout prix, si les électeurs du PS acceptaient de "se payer DSK" modèle FMI modifié 2008 et partisan d’une gouvernance mondiale sans base électorale, ça ne serait pas pour «faire dans le social», ni pour éteindre les angoisses belliqueuses d’Israël et encore moins pour priver le secteur bancaire de ses réflexes pro-spéculation.
Preuve qu’une carte au PS (ou ailleurs) ne vaut pas plus qu’une relative et modeste cotisation, la biographie d’Hortense Paillard publiée dans «La République des Lettres» est assez claire sur le sujet. Ce n’est surement pas la seule.
Et à force de répéter que les candidats au second tour de 2012 sont déjà connus, la bulle DSK risque d’éclater plus vite que prévu. Ce serait tant mieux pour ceux qui sont qualifiés d'outsiders par le cœur des médias.
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19/01/2011
Bayrou, plus à gauche que DSK !?
Suite à la note précédente intitulée « Sans commentaires », ils arrivent, les commentaires, et semblent aboutir à la conclusion qu’en définitive F. Bayrou est plus à gauche que DSK. Un moindre mal, une absurdité, un comble ? Malgré les apparences, ça n'est pas si vide de sens et, de toute façon, c'est sans doute très symptomatique du "débat" qui s'installe dans les chaumières. Décevant.
Tout, enfin presque, sera parti d’une annonce parue sur Facebook titrée "DSK préféré des Français, devancé par Aubry et Hollande chez les sympathisants PS" et d’une vidéo visible ici.
- 1ère réaction : Baromètre Ipsos de l'action politique : « François Bayrou dans les plus fortes hausses du mois (+8 points, soit 43%) ».
(On aura bien sûr compris que l’indépendance des soutiens à F. Bayrou qui se manifestent et trépignent ici, a des limites et que les sondages n'ont pas "forcément" à être remis en question)
- Interlocuteur 1 : « Etonnant : quasiment tout le monde progresse !? »
- Interlocuteur 2 : « Élément de réflexion à ne pas oublier : voyez, écoutez et prenez en de la graine... vidéo
- Interlocuteur 1 : « C'était en 2008 et dans son rôle au FMI ! Regardons le présent en sagesse et imaginons l'avenir avec audace. »
- Interlocuteur 2 : « Que d'audace, que d'audace ! Le rôle du FMI serait donc de féliciter et d'encourager les dictatures pour leur rigueur budgétaire ?!! On peut soutenir ce point de vue sans rougir ? »
-
Interlocuteur 1 : « Monsieur,
je vous invitais à tourner la page 2008 que vous aviez ouverte dans un autre contexte, et voila que vous insistez en allouant au patron du FMI des intentions inimaginables....
Dommage » -
Interlocuteur 2 : « Je ne demande pas mieux que de tourner la page de 2008 à condition que vous me donniez votre recette pour passer à la lecture d'un autre chapitre sans avoir terminé celui que vous semblez vouloir oublier.
En l'occurrence comment appréciez-vous, par exemple, que les fiscalités nationales (européennes ?) puissent devoir s’aligner sur les désidératas des agences de notation, recommandations du FMI ou le simple froncement de sourcil des cotations boursières pendant que les inégalités fleurissent plus vite que le jasmin partout dans le monde ? Ce n’est qu’une question parmi d’autres et si vous avez un avis sur le sujet il serait "dommage" que vous vous absteniez de le faire connaître.
Je suis un peu (moyennement) rassuré par le sondage et l'annonce sources de notre différent.
Mais dites-moi, comment faites-vous pour marier avec autant de dextérité la sagesse et l'audace? N'est-ce pas là une position un tant soit peu schizophrénique ?» - Interlocuteur 1 : « … »
- Interlocuteur 3 : « ll me semble effectivement que cette vidéo de DSK est sur interprétée. Moi aussi je suis prêt à dire (même aujourd'hui) que sa politique économique a été remarquable en beaucoup de points.
Le fait que les lois n'étaient qu'un prétexte à corruption massive, ou que la Famille ait usurpé une bonne partie du PNB, en a beaucoup réduit le bénéfice pour les Tunisiens. L'économie a cependant plus progressé dans ce pays, pourtant pauvre en pétrole, que chez beaucoup de ses concurrents.
Même le bilan d'une dictature est, presque toujours, entre gris clair et gris foncé. »
- Interlocuteur 2 : « C'est tellement vrai que, sur un autre continent, on a pu se féliciter des bienfaits économiques obtenus par un Gal. Pinochet et que l'on pourrait en faire autant aujourd’hui avec la Chine ou la Corée.
Mais à vouloir dissocier le PNB d'un pays avec l'éthique que ses dirigeants pourraient offrir à la population, on risque de devenir haïssable. Et ce n'est pas à faire en période électorale. La position du FMI, quelque soit son directeur est de ce point de vue, indéfendable. Fort heureusement les dirigeants du FMI ne sont élus qu'en vase clos. Confortable.
Mais en fait, la question qui pointe en creux dans cet échange est ailleurs.
Elle peut se poser de la façon suivante : comment se passer d'un ticket gagnant DSK + X contre un UMP dominateur ? A vous entendre, on pourra toujours voir pour l'éthique ce que l'on peut faire !!! Au besoin et à la limite, il sera toujours temps de faire preuve de compassion vis à vis des victimes ou de les admirer pour leur capacité à passer le simple cap de l'indignation. Et c’est ça « mettre de l’humain au cœur de l’économique » ?!!!
Sur l'échiquier politique, si l'on part du principe qu'il faut rester "sage" en se donnant l’apparence de l’audace, ce qui a failli marcher en 2007 avec le Modem, on restera toujours dans la contrition et à la merci de n’importe quel prédateur, dictateur. Nous vivons cette expérience, sans doute à moindre échelle, mais elle ne semble pas suffire. Devenons donc un pays où toutes les «lois ne seront QUE prétexte à corruption massive". Il n'y a qu'à se laisser aller et au point où nous en sommes ...
C’est à ça dont vous rêvez ?!!!
Alors la vidéo "sur interprétée", je ne vois pas. Pas plus que je ne vois comment on peut s’en référer moralement au CNR ou à Marc Sangnier tout en tressant des lauriers au duo DSK – Kessler, admirable sur la question des retraites ou sur d'autres questions touchant à la politique étrangère : le soutien inconditionnel apporté à Netanyahou, par exemple.
Il faut décidément remettre au gout du jour la parole de Simone Weill, sans faire d'erreur sur la personne. »
- Interlocuteur 3 : "Devenons donc un pays où toutes les «lois ne seront QUE prétexte à corruption massive". Il n'y a qu'à se laisser aller et au point où nous en sommes... C’est à ça que vous rêvez ?!!!"
Mmm… j'ai bien l'impression que là aussi, vous sur interprétez ;-) »
- Interlocuteur 2 : "Reprenons... Le message à l'origine était le suivant :
"Baromètre Ipsos de l'action politique : François Bayrou dans les plus fortes hausses du mois (+8 points, soit 43%)." Sur interprétation ? :-)
Peut-on en déduire que F. Bayrou est plus à gauche que DSK ?"
La question peut paraître incongrue, mais après tout, c’est bien possible. Ce qui expliquerait d’ailleurs qu'en 2007 Bayrou a parait-il failli voter pour la madone du Poitou et qu’il pourrait bien, comme elle, pressentir un jour le directeur du FMI comme futur premier ministre, puisque visiblement, il n'est pas de ..... de... de... ? De gauche !
A moins de ne pas être très observateur.
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17/01/2011
Sans commentaire, évidemment.
En 2008, déjà, la Tunisie était un modèle pour le FMI !!!
Si, si, en 2008.
Sans commentaire, évidemment.
Pour l'instant.
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18/02/2010
Les retraites Maginot
Le problème avec les retraites, c'est que personne n'ose vraiment y toucher et que personne n'y touchera sans doute vraiment, chacun se retranchant derrière de vraies-fausses contraintes démographique (papy-boom) ou conjoncturelle (crise économique). Et pour commencer, comme on pouvait s'y attendre, il faudra encore attendre, septembre, pour voir une soi-disant vraie réforme vraiment négociée d'un des pans de notre protection sociale rendu dangereusement déficitaire.
Car aujourd'hui, pour la grande majorité des observateurs, le gouvernement use du mot négociation, sans négocier réellement. D'ailleurs quelques rongeurs aux affaires ne se sont pas privés de s'attaquer dès le mois de novembre 2009 aux caisses complémentaires Agirc-Arrco et Ircantec. L'information est passée à peu près inaperçue. Elle date de novembre 2009, un peu avant la vraie-fausse privatisation de la Poste. Elle est significative de la manière dont ce gouvernement «anticipe» les «concertations» sans tenir compte des avis qu'il sollicite, comme ici celui du Conseil d'Orientation des Retraites.
L'opération annoncée devant le sénat par Christian Estrosi consiste à puiser plusieurs milliards d'euros dans une caisse privée, Cnav/ Agirc-Arrco, pour en alimenter une autre, l'Ircantec, au prétexte que cette dernière, réservée aux fonctionnaires, ne percevra plus les cotisations des postiers sortis du secteur public ! Source
Croit-on devoir être délivré de ce type de gestion en 2012 ? Pense-ton qu'un Dominique Strauss-Kahn, en tête des sondages de popularité, ne pervertira pas le principe de redistribution, clef de voute d'un socialisme idéal et théorique ?
Ses propositions faites en 1982, si elles n'ont pas changé, sont les suivantes : assortir les retraites par répartition d'une part de capitalisation non plus volontaire, l'actuel «si on veut et si on peut», mais obligatoire avec un coût d'accès certes rendu accessible mais sans que celui-ci soit défini. Ce qui équivaut à un abandon programmé des retraites par répartition.
Faut-il en effet rappeler que cette vision du mode de financement des retraites en France, lui était commune avec un certain Denis Kessler, camarade de promotion et pourfendeur du programme économique et social du Conseil National de la Résistance (L'épargne et la retraite. L'avenir des retraites préfinancées. Paris, Economica, 1982) ? S'il devait être candidat à la succession de l'actuel chef de l'Etat, le discours de DSK serait-il différent ?
Renoncerait-il aussi à cette à affirmation de 2007, un rien cynique : «la gauche avait ramené l'âge de la retraite de 65 ans à 60 ans : cela a été un grand progrès. Maintenant le progrès ce n'est pas de passer à 59 ans ou 58 ans. Le progrès, c'est de dire que certains puissent travailler plus, l'âge de la retraite ne doit plus être un couperet».
Il faudrait qu'il change son fusil d'épaule pour convaincre un électorat qui lui est aujourd'hui favorable.
- La «patronne des patrons» s'inquiète pour les entreprises et explique : «On pourra bien taxer les profits : on va tuer les entreprises et on n'aura même pas assez d'argent pour financier les retraites donc c'est une vue de l'esprit» . C'est en effet «une vue de l'esprit» que d'attendre une quelconque contribution de la part d'actionnaires préoccupés du bon fonctionnement de leur parachute et autres dividendes. Ce qui serait pourtant une bonne idée, même si elle est insuffisante.
- Les régimes spéciaux - spécieux comme ceux des élus ont peu de chance d'être remis en cause pour qu'un effort national pourtant nécessaire soit rendu efficace.
- Qui se prépare sérieusement à un compromis et qui peut croire qu'il sera procédé «sans remettre en cause la retraite par répartition ou diminuer le montant des pensions». ?
D'un autre côté, la précarité grandissante liée au «triangle des Bermudes du travail», l'emploi, l'absence de solidarité entre tranches d'âge et secteurs d'activité public - privé, un vieillissement trop souvent sans ressource et sans défense confié tout au plus à Martin Hirsch ou à d'hypothétiques ONG, l'échec probable de cette réforme, restent des prévisions bien plus réalistes.
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