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15/11/2009

Mère UBU au PS

Ca allait mieux, mais ce n'était qu'une impression. Les nouvelles aventures de mère Ubu au Parti Socialiste y contribuent.

Quand on parle sans détour du Parti Socialiste et que les notions de partage, de justice et d'égalité constituent un idéal à atteindre pour celui qui s'exprime, on risque non seulement de s'exposer à la réprobation militante mais aussi à une sorte de schisophrénie, un fractionnement de la perception citoyenne.

D'un côté, on aimerait bien en finir le plus vite possible avec les farces communicantes des Sarkosy & C°, et dans ce cas on souhaite que la gauche du partage, de la justice et de l'égalité soit suffisamment adulte et compétente pour arrêter l'hémorragie provoquée par l'actuelle gestion calamiteuse de l'Etat.

D'un autre côté, pointer les psychoses qui s'expriment sans retenue dans le camp de ce qui pourrait être une opposition crédible revient un peu à admettre qu'en 2012 tout continuera à se détériorer. Si on n'en est pas là, on n'en est pas loin et ce n'est pas de la réunion de Dijon d'hier que viendra le salut.

Passons sur le cas type Julien Dray qui, lâché par ses amis de la direction du PS à la première occasion -ses démêlés monstrueux avec la suspicion nationale organisée-, n'en continue pas moins à fréquenter ses bons amis. Il ne fait qu'avaler une couleuvre de plus et il est seul à en subir les conséquences. Qu'importe, il est sympa, on le soutient dans ses efforts.

Difficile par contre d'éviter le cas Ségolène Royal. On atteint là un véritable problème de santé qui n'est malheureusement pas sans laisser de traces. Et il y a vraiment de quoi en vouloir à ceux qui, par militantisme forcené la considèrent capable de diriger un exécutif de façon sereine et constructive.

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Dommage que le PS soit dans l'incapacité d'assainir la situation, dommage qu'il n'ait pas voulu tenir compte des souvenirs que Louis Mexandeau, ancien ministre de François Mitterrand, exprimaient en février 2007 dans l'indifférence générale.  Comble de l'ironie, on lui avait même reproché de faire campagne pour l'actuel locataire de l'Elysée.

Lui reprocherait-on aujourd'hui sa lucidité ?

« Je n'ai aucun contentieux avec Ségolène, rien de personnel contre cette femme au regard clair, au physique agréable, mais sitôt qu'elle apparaît à la télévision, l'historien et militant socialiste que je suis est saisi de crainte, pour ne pas dire d'effroi. Je ne puis m'empêcher de penser à Léon Blum au XXXe congrès national de la SFIO, en juillet 1933, lorsque Marquet préparait avec Déat la scission néosocialiste sous le slogan de l'Ordre et de l'Autorité. Blum s'était exclamé : « Je suis épouvanté ! » Et de fait, je suis terrifié par Ségolène prétendant militariser le traitement de la délinquance ; je suis abasourdi par son projet de jurys populaires façon cours d'assises pour les élus, comme si le suffrage universel et les structures judiciaires appropriées n'existaient pas ; je suis confondu par sa planétaire indigence qui lui fait improviser cette réponse à propos de l'entrée de la Turquie dans l'Europe : « Mon opinion est celle du peuple français. » Je veux être leur chef, donc je les suis !

Mais d'où vient cette propension à la dérive populiste, au démagogique, à l'erratique, au saugrenu, et finalement à la mise en danger de la France ? Cynisme ? Voire ! La vérité est plus simple et bien plus inquiétante : Ségolène, c'est une inculture de taille encyclopédique, une sorte de trou noir de la science. Une ignorance crasse, pire que reaganienne : bushiste.

Comme si elle n'avait pas lu un seul livre. Des cours seulement. Pour passer des concours... Je la connais depuis plus de vingt-cinq ans, j'ai assisté à ses débuts. Sa carrière a commencé en Basse-Normandie, lorsqu'elle venait rejoindre sa mère en fin de semaine dans la demeure familiale de Villers-sur-Mer. Elle gravitait alors autour de l'Elysée, rédigeant des notes à l'intention de Jacques Attali. Dès 1983, elle était conseillère municipale minoritaire de Trouville. Deux ans plus tard, le scrutin proportionnel ayant été adopté en vue des législatives de 1986, se posait la question du deuxième de liste dans le Calvados. Au vu de nos résultats de 1981, même érodés par le désamour, l'obtention de deux sièges apparaissait certaine. Un ticket s'imposait : 1. Louis Mexandeau. 2. Henry Delisle. Mais comme ce dernier venait de perdre la mairie de Mézidon, sa position était fragilisée. André Ledran, qui m'avait succédé comme secrétaire de fédération, se mettait sur les rangs. Rude dilemme que de devoir choisir entre deux amis. La solution n'était-elle pas d'opter pour une troisième personne ? Nous étions dans une période où l'on commençait à parler d'un rôle accru des femmes en politique. Oh ! Avec frilosité, les socialistes se déclarant en faveur de la promotion féminine à condition qu'elle s'appliquât dans le département voisin...

A l'été 1985, lors d'une réunion de la commission exécutive du Calvados, à Caen, il fallut commencer à en débattre. Chacun des 60 participants n'avait encore en tête que l'enjeu entre Delisle et Ledran. L'atmosphère était lourde. Soudain, sur la gauche de la grande salle de la rue Paul Toutain se leva une frêle créature, une femme jeune et jolie dont j'étais le seul à connaître l'identité. Qui pouvait savoir alors que même sa timidité devait avoir été étudiée ? Même pas moi ! Elle déclara dans un grand silence  : « Voilà, je m'appelle Ségolène Royal, je suis membre de la section de Trouville et conseillère municipale. J'ai 28 ans. Je suis mère d'un enfant. Je travaille à l'Elysée auprès de François Mitterrand. Les deux personnes que j'aime le plus au monde, c'est mon bébé et François Mitterrand. Je voudrais être candidate aux élections législatives de l'an prochain en deuxième position, derrière Louis. » Puis elle se rassit. Il n'y eut aucune discussion. Suffoquée par tant d'audace, la salle restait muette. Que cette jeune personne, même présentant bien, même proche, prétendait-elle, du président de la République, mais n'ayant aucune expérience militante, revendique une candidature qui l'enverrait automatiquement au Parlement paraissait complètement incongru, ahurissant, surréaliste. On passa donc sans commentaire à la suite de l'ordre du jour et, au final, quelques semaines plus tard, ce fut Yvette Roudy qui fut choisie.

(...)

Surfant sur les sondages, (...) elle a floué Jospin, Lang et les autres. Paralysés à l'idée de passer pour sexistes - Ségolène excellant dans la posture de prétendue victime - ils l'ont laissée faire la course en tête, tels ces coureurs pistards de l'ancien Vél'd'Hiv, au temps de Toto Gérardin et de Lapébie. Soucieux de ne pas partir les premiers dans le rôle du lièvre, ils n'ont pas pu, ou voulu voir le VTT chevauché par cette amazone qui les coiffe au poteau en leur lançant joyeusement le fameux : « T'as le bonjour d'Alfred ! » Une chose est certaine, en tout cas : si, à la faveur de cette dérive médiatique, elle vient à gagner en novembre, le parti socialiste risque d'entrer dans une phase noire de son histoire, une période glaciaire, telle qu'il en a connu en 1920 et 1940"