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15/02/2012

De quoi le socialisme est-il encore le nom ?

«Les Américains qui manifestent contre Wall Street protestent aussi contre ses relais au sein du Parti démocrate et à la Maison Blanche. Ils ignorent sans doute que les socialistes français continuent d’invoquer l’exemple de M. Barack Obama. Contrairement à M. Nicolas Sarkozy, le président des Etats-Unis aurait su selon eux agir contre les banques. S’agit-il seulement d’une méprise ? Qui ne veut pas (ou ne peut pas) s’attaquer aux piliers de l’ordre libéral (financiarisation, mondialisation des flux de capitaux et de marchandises) est tenté de personnaliser la catastrophe, d’imputer la crise du capitalisme aux erreurs de conception ou de gestion de son adversaire intérieur. En France, la faute incombera à « Sarkozy », en Italie, à « Berlusconi », en Allemagne, à « Merkel . (…)» Serge Halimi – Novembre 2011.

Dans la foulée strausskhanienne, avec pour sparring-partners la plupart des nostalgiques du virtuose FMiniste, François Hollande vient de faire un immense cadeau à tous ceux qui refusent de se laisser tondre par les artisans d’un ultralibéralisme mortifère mais qui hésitaient encore entre une gauche vraiment socialiste et une impasse sociale-démocrate.

Passant d’un discours lyrique et frémissant prononcé au Bourget (23 janvier 2012) :
«Mon véritable adversaire, il n'a pas de nom, de visage, pas de parti, et pourtant il gouverne, c'est le monde la finance»,
l’ancien secrétaire du PS, du temps de la gauche pêle-mêle, n’a pas hésité à faire preuve de cynisme en affirmant aux traders de la city que ses anciens soutiens communistes n’étaient plus en mesure de les inquiéter (!!!) (13 février 2012 au Guardian).

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Au-delà de l’insulte réelle et ressentie par toutes celles et tout ceux qui espèrent encore et se battent pour éviter l’enfermement dans le piège néolibéral, une nouvelle preuve de renoncement, une seconde nature chez François Hollande, vient d’être magistralement administrée, y compris à son équipe de campagne au cas où elle ne l’aurait pas encore perçu.
Il va être difficile pour quelques-uns de ses actuels porte-paroles de justifier des positions telles que celles prises par A. Montebourg ou Benoit Hamon («Tourner la page. Reprenons la marche du progrès social» - Flammarion, Paris, 2011, p. 14-19) :

«Le Parti socialiste européen (PSE) est historiquement associé (…) à la stratégie de libéralisation du marché intérieur et à ses conséquences sur les droits sociaux et les services publics. Ce sont des gouvernements socialistes qui ont négocié les plans d’austérité voulus par l’Union européenne et le Fonds monétaire international. En Espagne, au Portugal et en Grèce bien sûr, la contestation des plans d’austérité prend pour cible le FMI et la Commission européenne, mais aussi les gouvernements socialistes nationaux. (…) Une partie de la gauche européenne ne conteste plus qu’il faille, à l’instar de la droite européenne, sacrifier l’Etat-providence pour rétablir l’équilibre budgétaire et flatter les marchés. (…) Je ne m’y résigne pas.»

Le Front de gauche ne s’y résigne pas non plus.

27/07/2011

Loyal Hollande attitude

Dans la série des « EVITER », l’été risque de devenir sportif au PS puisque le challenge consiste visiblement à :

  • Éviter rumeurs et boules puantes
  • Éviter de dire et d’écrire trop de conneries comme « Une religion pour la République » (Peillon) ou « Si j’étais président » (Bianco) 
  • Éviter de se rencontrer en Avignon et ailleurs (et que ça se sache)
  • Éviter de vexer les strausskhaniennes et les strausskhaniens blessés dans leur espoir, tenu secret, leur honneur et dignité
  • Éviter de se mouiller sur des sujets mal maîtrisés (multiculturalisme, immigration, cumul des mandats, conflits d’intérêts…)
  • Éviter les confrontations d’idées (surtout les bonnes qui ne seraient pas labellisées « Solférino » comme celles concernant la dé-mondialisation ou la sortie du nucléaire)
  • Éviter la presse à scandale
  • Éviter de bronzer sans en rougir ailleurs qu’à Marrakech
  • Éviter de faire semblant de se fâcher ou de le faire vraiment
  • Éviter de donner son opinion pour rien mais, au besoin, la vendre au plus offrant, etc, etc….

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Sans oublier l’inévitable :

Éviter que le PS disparaisse pour s’être vraiment intéressé à ce qui aurait éventuellement pu le regarder : l’intérêt général ici en Europe et ailleurs.

Et que dire de François Hollande qui n'a pas évité de déclarer, sans doute par inadvertance : « Nous (ndlr. les membres du PS à l’exception d’E. Besson et de quelques autres) ne sommes pas au gouvernement depuis dix ans, et cela fait vingt-trois ans qu'un socialiste (ndlr. avec sa carte et tout) n'a pas été élu à l'Elysée »? Pourquoi ? Oui, pourquoi ?

Enfin, sachant que parmi les lames du tarot la Lune symbolise l'imagination dont l'initié a besoin pour s'avancer vers un pays inconnu, celui de la perfection, dont il ignore encore l'étendue et la nature exacte, avec un peu d’imagination, justement, pourra-t-on éviter le pire ?

15/11/2009

Mère UBU au PS

Ca allait mieux, mais ce n'était qu'une impression. Les nouvelles aventures de mère Ubu au Parti Socialiste y contribuent.

Quand on parle sans détour du Parti Socialiste et que les notions de partage, de justice et d'égalité constituent un idéal à atteindre pour celui qui s'exprime, on risque non seulement de s'exposer à la réprobation militante mais aussi à une sorte de schisophrénie, un fractionnement de la perception citoyenne.

D'un côté, on aimerait bien en finir le plus vite possible avec les farces communicantes des Sarkosy & C°, et dans ce cas on souhaite que la gauche du partage, de la justice et de l'égalité soit suffisamment adulte et compétente pour arrêter l'hémorragie provoquée par l'actuelle gestion calamiteuse de l'Etat.

D'un autre côté, pointer les psychoses qui s'expriment sans retenue dans le camp de ce qui pourrait être une opposition crédible revient un peu à admettre qu'en 2012 tout continuera à se détériorer. Si on n'en est pas là, on n'en est pas loin et ce n'est pas de la réunion de Dijon d'hier que viendra le salut.

Passons sur le cas type Julien Dray qui, lâché par ses amis de la direction du PS à la première occasion -ses démêlés monstrueux avec la suspicion nationale organisée-, n'en continue pas moins à fréquenter ses bons amis. Il ne fait qu'avaler une couleuvre de plus et il est seul à en subir les conséquences. Qu'importe, il est sympa, on le soutient dans ses efforts.

Difficile par contre d'éviter le cas Ségolène Royal. On atteint là un véritable problème de santé qui n'est malheureusement pas sans laisser de traces. Et il y a vraiment de quoi en vouloir à ceux qui, par militantisme forcené la considèrent capable de diriger un exécutif de façon sereine et constructive.

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Dommage que le PS soit dans l'incapacité d'assainir la situation, dommage qu'il n'ait pas voulu tenir compte des souvenirs que Louis Mexandeau, ancien ministre de François Mitterrand, exprimaient en février 2007 dans l'indifférence générale.  Comble de l'ironie, on lui avait même reproché de faire campagne pour l'actuel locataire de l'Elysée.

Lui reprocherait-on aujourd'hui sa lucidité ?

« Je n'ai aucun contentieux avec Ségolène, rien de personnel contre cette femme au regard clair, au physique agréable, mais sitôt qu'elle apparaît à la télévision, l'historien et militant socialiste que je suis est saisi de crainte, pour ne pas dire d'effroi. Je ne puis m'empêcher de penser à Léon Blum au XXXe congrès national de la SFIO, en juillet 1933, lorsque Marquet préparait avec Déat la scission néosocialiste sous le slogan de l'Ordre et de l'Autorité. Blum s'était exclamé : « Je suis épouvanté ! » Et de fait, je suis terrifié par Ségolène prétendant militariser le traitement de la délinquance ; je suis abasourdi par son projet de jurys populaires façon cours d'assises pour les élus, comme si le suffrage universel et les structures judiciaires appropriées n'existaient pas ; je suis confondu par sa planétaire indigence qui lui fait improviser cette réponse à propos de l'entrée de la Turquie dans l'Europe : « Mon opinion est celle du peuple français. » Je veux être leur chef, donc je les suis !

Mais d'où vient cette propension à la dérive populiste, au démagogique, à l'erratique, au saugrenu, et finalement à la mise en danger de la France ? Cynisme ? Voire ! La vérité est plus simple et bien plus inquiétante : Ségolène, c'est une inculture de taille encyclopédique, une sorte de trou noir de la science. Une ignorance crasse, pire que reaganienne : bushiste.

Comme si elle n'avait pas lu un seul livre. Des cours seulement. Pour passer des concours... Je la connais depuis plus de vingt-cinq ans, j'ai assisté à ses débuts. Sa carrière a commencé en Basse-Normandie, lorsqu'elle venait rejoindre sa mère en fin de semaine dans la demeure familiale de Villers-sur-Mer. Elle gravitait alors autour de l'Elysée, rédigeant des notes à l'intention de Jacques Attali. Dès 1983, elle était conseillère municipale minoritaire de Trouville. Deux ans plus tard, le scrutin proportionnel ayant été adopté en vue des législatives de 1986, se posait la question du deuxième de liste dans le Calvados. Au vu de nos résultats de 1981, même érodés par le désamour, l'obtention de deux sièges apparaissait certaine. Un ticket s'imposait : 1. Louis Mexandeau. 2. Henry Delisle. Mais comme ce dernier venait de perdre la mairie de Mézidon, sa position était fragilisée. André Ledran, qui m'avait succédé comme secrétaire de fédération, se mettait sur les rangs. Rude dilemme que de devoir choisir entre deux amis. La solution n'était-elle pas d'opter pour une troisième personne ? Nous étions dans une période où l'on commençait à parler d'un rôle accru des femmes en politique. Oh ! Avec frilosité, les socialistes se déclarant en faveur de la promotion féminine à condition qu'elle s'appliquât dans le département voisin...

A l'été 1985, lors d'une réunion de la commission exécutive du Calvados, à Caen, il fallut commencer à en débattre. Chacun des 60 participants n'avait encore en tête que l'enjeu entre Delisle et Ledran. L'atmosphère était lourde. Soudain, sur la gauche de la grande salle de la rue Paul Toutain se leva une frêle créature, une femme jeune et jolie dont j'étais le seul à connaître l'identité. Qui pouvait savoir alors que même sa timidité devait avoir été étudiée ? Même pas moi ! Elle déclara dans un grand silence  : « Voilà, je m'appelle Ségolène Royal, je suis membre de la section de Trouville et conseillère municipale. J'ai 28 ans. Je suis mère d'un enfant. Je travaille à l'Elysée auprès de François Mitterrand. Les deux personnes que j'aime le plus au monde, c'est mon bébé et François Mitterrand. Je voudrais être candidate aux élections législatives de l'an prochain en deuxième position, derrière Louis. » Puis elle se rassit. Il n'y eut aucune discussion. Suffoquée par tant d'audace, la salle restait muette. Que cette jeune personne, même présentant bien, même proche, prétendait-elle, du président de la République, mais n'ayant aucune expérience militante, revendique une candidature qui l'enverrait automatiquement au Parlement paraissait complètement incongru, ahurissant, surréaliste. On passa donc sans commentaire à la suite de l'ordre du jour et, au final, quelques semaines plus tard, ce fut Yvette Roudy qui fut choisie.

(...)

Surfant sur les sondages, (...) elle a floué Jospin, Lang et les autres. Paralysés à l'idée de passer pour sexistes - Ségolène excellant dans la posture de prétendue victime - ils l'ont laissée faire la course en tête, tels ces coureurs pistards de l'ancien Vél'd'Hiv, au temps de Toto Gérardin et de Lapébie. Soucieux de ne pas partir les premiers dans le rôle du lièvre, ils n'ont pas pu, ou voulu voir le VTT chevauché par cette amazone qui les coiffe au poteau en leur lançant joyeusement le fameux : « T'as le bonjour d'Alfred ! » Une chose est certaine, en tout cas : si, à la faveur de cette dérive médiatique, elle vient à gagner en novembre, le parti socialiste risque d'entrer dans une phase noire de son histoire, une période glaciaire, telle qu'il en a connu en 1920 et 1940"