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13/07/2011

La rumeur comme tentative d'enfermement

Méthodologie :
On s’en souvient, Marine Le Pen, lors d’une émission qui lui était consacrée, avait utilisé l’argument « Boniface » pour tenter d’empêcher C. Fourest de s’exprimer.

Cet argument de pure mauvaise foi tournait autour de l’islamophobie fantasmée de la chroniqueuse.
Aujourd’hui ON, la rumeur, tente de déstabiliser Martine Aubry en utilisant un élément de démonstration puisé dans un essai intitulé « La Tentation Obscurantiste » écrit par…. Caroline Fourest.

La ficelle est assez grosse et il faudra sans doute attendre quelques jours pour savoir si la manip’ a fonctionné. On ne pourra évidemment pas compter sur Pascal Boniface pour faire taire les rumeurs puisqu’il semble vouloir les alimenter ou ne pas les démentir, ce qui le grandirait pourtant.

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Sur le fond :
Les islamistes ne sont pas coupables d’islamisme, mais ils représentent un danger pour les pays en mal de laïcité ou pour les personnes, hommes, femmes ou enfants, souvent menacés dans leur intégrité intellectuelle et physique pour des raisons pseudo-religieuses. Un des derniers exemples en date est celui de la réalisatrice Nadia El-Fani auteure d’un film intitulé « Ni Allah, ni maître » et rebaptisé polémique aidant, « Laïcité, Inch’Allah ».

Ce qui n’empêche pas qu’en droit ces mêmes islamistes, s’ils enfreignent le Code Civil ou Pénal, doivent nécessairement être défendus, et que le fait de les défendre ne présume en rien de l’engagement philosophique ou religieux de celle ou celui qui les représente devant un tribunal. En clair, la morale, la spiritualité, les convictions et le droit sont des domaines distincts et l’avocat Jean-Louis Brochen, compagnon de Martine Aubry est évidemment fondé à déclarer :
« De même que l'avocat d'un criminel n'est pas lui-même un criminel, j'ai défendu (des) jeunes filles (voilées) alors que je n'étais pas favorable au voile. Je suis contre le voile et encore plus clairement contre la burqa, mais c'est l'honneur d'un avocat que de faire en sorte qu'un individu ait toujours quelqu'un pour le défendre. »
Etre « l’avocat des islamistes » n’est donc pas une calomnie, mais un constat tout au plus hâtif s’il ne prend pas en compte les caractéristiques sociales de toute la clientèle de l’avocat visé.
Dans la même logique qui pourrait reprocher à Me Henri Leclerc, président d’honneur de la LDH, d’être un Strauss-khanien inconditionnel au prétexte qu’il a été chargé de réduire à rien les arguments de Tristane Banon et ce, malgré les avertissements de la Cour Européenne des Droits de l’Homme !

Dans « La Tentation Obscurantiste », Caroline Fourest qui ne se situe pas sur le terrain du droit mais sur celui de l’analyse sociale, passe son temps à prévenir la gauche, quitte à la défriser un peu, que toute complaisance politique et non critique envers les islamistes peut être fatale aux valeurs qu’elle prétend défendre. Elle s’en explique ouvertement :

« De la conférence de Durban au Forum social de Londres en passant par la pétition des “Indigènes de la République” et le débat sur les signes religieux à l'école publique, la gauche semble avoir perdu tous ses repères. Pas toute la gauche. Une partie seulement. Celle que l'on surnomme “islamo-gauchiste”, alors qu'il vaudrait peut-être mieux parler de gauche obscurantiste, pro-islamiste. Une autre gauche, anti-intégriste et anti-totalitaire, la regarde dériver, muette et paralysée d'incompréhension. Les militants de cette gauche-là ne comprennent pas pourquoi ils se font traiter d'“islamophobes” ou de “racistes”, voire de vendus à la pensée “bushienne et sharonienne” chaque fois qu'ils osent dénoncer la nature intégriste et réactionnaire de l'intégrisme, fût-il musulman, au nom de la laïcité, du féminisme ou de l'universalisme. Ou lorsqu'ils se battent pour que l'antisionisme ne serve pas à justifier l'antisémitisme. [...] La Tentation obscurantiste, c'est aussi l'histoire de ce consensus étonnant, allant de la gauche altermondialiste à la droite mondialiste, qui pourrait bien servir de voie royale, sans barrage ni obstacle, au nouveau totalitarisme. »

Sur le sens du mot « rumeur » enfin. Soit il s’agit d’un bruit informel sans source déterminée et dans ce cas ce n’est pas C. Fourest qui a colporté une « rumeur » puisqu’elle a signé et assumé la maternité de « La Tentation… » avec les exemples qui viennent y corroborer sa démonstration. Soit la « rumeur » est un phénomène de transmission d'un élément de réalité à prétention plus ou moins diffamatoire, et là encore C. Fourest n’est pas responsable de la caricature de son propos ni des bruits qui circulent sur Martine Aubry qui se veulent, eux, désobligeants pour la candidate aux primaires socialistes.

Conclusion :
A moins qu’ils ne veuillent ouvrir un boulevard à la droite et à l'extrême-droite, les candidats PS à la présidentielle devraient tenter une sortie et ne pas rester trop longtemps enfermés dans une stratégie d’évitement sur ce sujet, l’intégrisme religieux, comme sur d’autres. Même en période estivale, les débats sont faits pour s'évader, et les rumeurs qui y font obstruction ressemblent au contraire à une tentative d'enfermement. 

15/03/2011

"Petits soldats contre l'avortement"

La campagne anti-avortement récemment menée par un professeur d’histoire-géographie dans un lycée de Manosque justement dénoncée grâce à la vigilance de parents d’élèves. Sorti du cartable de cet enseignant « provie » : un vidéo-montage de fœtus manipulés, agrémenté d’un message religieux en provenance des caves du Vatican. La vidéo s’intitule «Inutile d'argumenter». De fait, elle est insoutenable et indiscutablement écœurante.

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A partir de ce dérapage dont on a pu, à tort, minimiser la portée, et à la demande de parents d’élèves, un collectif s’est constitué. Outre les parents d’élèves, il regroupe les associations aussi diverses que : Ligue des Droits de l'Homme 04; Femmes solidaires ; CGT Education ; Sud Education ; UFAL; FCPE.

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Simultanément Caroline Fourest qui avait été alertée de cette dérive anti IVG, a été la première à réagir et à s’associer à notre indignation.
Son point de vue, très largement partagé a été enregistré ici
(1) & (2) .Il sera repris et développé le 11 avril sur Canal + à travers un film intitulé "Des petits soldats contre l'avortement".

Depuis le début de l’année, par le biais de lettres et de pétitions, notre collectif a donc demandé au ministre de l’Education nationale que ce cas de prosélytisme à l’intérieur de l’école de la République ne puisse se reproduire où que ce soit sur l’ensemble du territoire.

Une audience a été demandée au rectorat pour connaître les dispositions prises à cet effet. Le Recteur a été invité à venir en débattre. Pas de réponse.

Pourtant, cette évidente atteinte à la laïcité, complaisamment regardée par le ministère et ses rectorats, a pour conséquences de porter préjudice

  • Au droit des femmes à disposer de leur corps et de leur vie
  • A celui des enfants, qui ont été traumatisés et surpris dans leur apprentissage de la citoyenneté
  • A l’art. 2 de la constitution découlant directement de la loi de 1905, à la loi Veil et à tout un panel de décrets et règlements pour, en principe, les faire respecter
  • A la neutralité qui doit prévaloir dans le service public de l’Education nationale, à moins de vouloir en pervertir la mission en vue d’une privatisation future.

Cette atteinte va donc au-delà d’un simple fait divers isolé.

A cela s’ajoute l’actualité qui favorise des commentaires amalgamant racines chrétiennes, identité nationale, Islam et laïcité, et ce au moment même où l’on peut s’attendre à accueillir un nouveau flux de migrants préventivement discriminés pour satisfaire les phobies d’une extrême droite que l’on dit euphorique.

Bizarrement, à l’heure des Tea Parties, tout le monde semble avoir oublié ou vouloir oublier que la laïcité peut très bien être mise en danger par des intégristes se réclamant de l’Eglise catholique à l’intérieur même de l’école de la République.

Dans ces conditions, pour débattre de la laïcité dans l’Education Nationale, il nous faut nécessairement éviter d’être confus et, pour commencer, ne pas tomber dans le piège d’un énième débat sur l’Islam qui n’a pas été identifié dans les faits qui nous ont amené à organiser cette réunion.

Pas question non plus de faire de procès ad hominem, en l’occurrence celui d’un professeur prosélyte et fier de l’être, puisque c’est au rectorat et au ministère concerné de mettre de l’ordre dans leurs règlements intérieurs, de veiller à recruter des enseignants indemnes de toute connivence intégriste, et de prendre des mesures pour garantir la neutralité et la survie du service public.

L’objectif du collectif consiste plutôt à plaider pour une mobilisation forte et aussi unitaire que possible autour du principe de laïcité débarrassé de tout qualificatif qui l’affaiblirait : la laïcité telle qu’elle est inscrite dans notre constitution et rien d’autre.

«La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances.»

Il ne s’agit pas de réévaluer ce principe sur le dos de telle croyance communautarisée ou sur telle autre, mais de le défendre hors de toutes polémiques et instrumentalisations partisanes et douteuses.

A minima, on partagera au moins cette évidence : l’Education nationale doit être un lieu privilégié pour faire l’apprentissage du vivre ensemble.

Comptes-rendus dans la presse : 1 - 2 - 3