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27/01/2015

Pour une laïcité effective

Communiqué LDH

Paris, le 27 janvier 2015

Le président de la République appelle à une mobilisation pour la laïcité. La LDH s’associe à cet appel mais la laïcité, qui est une des valeurs fondatrices de la République, ne répondra à ses objectifs que si nous la mettons à l’œuvre en pleine conscience des changements que connaît le monde.

laicité

Avec la loi de 1905, la République assure la liberté de conscience, et donc la possibilité d’exprimer toutes les convictions, religieuses ou non, y compris l’athéisme, en privé ou en public, la seule réserve étant qu’elles ne mettent pas en cause l’ordre public et n’incitent pas au mépris ou à la haine. La loi garantit également le libre exercice des cultes en privé et en public. Ainsi, « La séparation des Églises et de l’État », selon l’intitulé de la loi, est assurée ; « l’Église chez elle » hors de l’État, mais entièrement libre, comme les autres acteurs et avec les mêmes contraintes au sein de la société civile.

L’assimilation de la pratique de l’islam à ce qu’il est convenu d’appeler « l’islamisme politique » laisse croire à un lien indissoluble entre la religion musulmane et une norme politique qui nierait la séparation entre les Églises et l’État.

Dans notre société, les individus refusent d’être seulement reconnus comme des citoyens assignés à résidence communautaire ou religieuse. Leurs identités multiples les relient à différentes communautés. Cette réalité du pluralisme culturel et religieux n’est en rien incompatible avec la laïcité ; celle-ci est même ce qui rend possible le pluralisme de valeurs, puisque la laïcité crée les conditions de la neutralité de l’État, sans pour autant neutraliser la société. 

Nous défendons le pluralisme convictionnel de la démocratie républicaine, à égalité et sans discrimination, la libre expression et le débat comme seuls modes de fonctionnement démocratique acceptables.

La laïcité était centrale dans les rassemblements multiples du 11 janvier, où s’exprimait une aspiration à la liberté et à la fraternité. Dans un tel contexte de pluralisme culturel, mais aussi de tensions multiples, nous avons besoin de plus que d’un rappel de la laïcité comme valeur. Jaurès disait que « la République, c’est le droit de tout homme, quelle que soit sa croyance religieuse, à avoir part à la souveraineté ». La laïcité doit être autre chose qu’un mot, elle doit être effective. Pour cela il faut que la République tienne ses promesses de liberté de conscience, d’égalité de droits, de fraternité universelle et de lutte contre toutes les discriminations.

31/07/2013

Suzanne Flon lit une page de Jean JAURES

Hommage à Jean Jaurès assassiné le 31 juillet 1914, il y a 99 ans par un obscur adhérent de la « Ligue des jeunes amis de l'Alsace-Lorraine », groupement d'étudiants ultra-nationalistes d'extrême droite.

Le texte est tiré d'un discours de Jean Jaurès à l'assemblée nationale :

« Je n'ai jamais cru que les grandes religions humaines fussent l’œuvre d'un calcul ou du charlatanisme. Elles ont été assurément exploitées dans leur développement par les classes et par les castes ; mais elles sont sorties du fond même de l'humanité, et non seulement elles ont été une phase nécessaire du progrès humain, mais elles restent aujourd'hui un document incomparable de la nature humaine et elles contiennent, à mon sens, dans leurs aspirations confuses des pressentiments prodigieux et des appels à l'avenir qui seront peut-être entendus.
Voilà, ce me semble, dans quel esprit, qui n'est pas l'esprit nouveau, mais l'esprit de la science elle-même depuis un siècle, voilà dans quel esprit doit être abordé par la démocratie le problème du monde et de l'histoire qui domine le problème de l'éducation.

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Mais ce qu'il faut sauvegarder avant tout, ce qui est le bien inestimable conquis par l'homme à travers tous les préjugés, toutes les souffrances et tous les combats, c'est cette idée qu'il n'y a pas de vérité sacrée, c'est-à-dire interdite à la pleine investigation de l'homme ; c'est cette idée que ce qu'il y a de plus grand dans le monde, c'est cette liberté souveraine de l'esprit; c'est cette idée qu'aucune puissance ou intérieure ou extérieure, aucun pouvoir et aucun dogme ne doit limiter le perpétuel effort et la perpétuelle recherche de la raison humaine ; cette idée que l'humanité dans l'univers est une grande commission d'enquête dont aucune intervention gouvernementale, aucune intrigue céleste ou terrestre, ne doit jamais restreindre ou fausser les opérations ; cette idée que toute vérité qui ne vient pas de nous est un mensonge; que, jusque dans les adhésions que nous donnons, notre sens
critique doit rester toujours en éveil et qu'une révolte secrète doit se mêler à toutes nos affirmations et à toutes nos pensées ; que si l'idée même de Dieu prenait une forme palpable, si Dieu lui-même se dressait, visible, sur les multitudes, le premier devoir de l'homme serait de refuser l'obéissance et de le traiter comme l'égal avec qui l'on discute, comme le maître que l'on subit.
Voilà ce qui est le sens et la grandeur et la beauté de notre enseignement laïque dans son principe .....»

Source: Journal Officiel, 12 février 1895

Voir aussi le site de l'Assemblée Nationale

29/01/2013

Egalité pour tous, flash mob pour les autres

En écho à un article paru sur Hte-Pce-Infos.com ...

Les opposants au «mariage pour personnes de même sexe» ont choisi de s’exprimer «dans la bonne humeur et la joie ...» le 2 février, place de la mairie à Manosque. C’est leur droit.

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Ils réclament l'ouverture d'un large débat national sur cette question et c’est tant mieux, mais ils ne semblent pas enclin à entendre leurs contradicteurs qui ayant quant à eux choisi de défendre l'égalité des Droits, ne peuvent que décliner leur invitation.

Nous leur aurions fait remarquer, entre autre, que  leur discours masque une peur panique qui n’a rien de laïque, puisqu’elle porte sur un ordre qu'ils voudraient immuable, dans lequel les pères de l’Eglise ont voulu assigner la famille et asseoir le patriarcat, synonyme de domination sociale.
Mais comment débattre raisonnablement avec un attelage qui fait si souvent de l’inconscient et de la mauvaise foi son credo ?

L’entreprise des opposants au «mariage pour personnes de même sexe», à Manosque et ailleurs, ne consisterait-elle pas plutôt  à instrumentaliser à des fins politiques un vieux débat de société pour faire diversion et se refaire une santé vaticane ?
Qui sont ces manifestants qui répondent à l'appel d’un général à la retraite des 14 juillet (1), d’une fausse madone des outrances (2) et d’un cardinal tourmenté du règne animal (3) ?...
Poser la question, c’est y répondre, mais il est certain que la peur n’est pas un argument à mettre entre toutes les mains ni au compte d’une laïcité bien assimilée.

La manifestation de ce samedi ne pourra pas faire oublier que la société française dans toute sa diversité est prête et majoritairement favorable à ce que deux personnes qui s'aiment puissent s'unir – si elles le souhaitent - par les liens du mariage, quelle que soit leur orientation sexuelle, pour peu qu’elles accordent du crédit à cette institution.

14/02/2012

La loi de 1905 dans la Constitution ?

La proposition n°46 du programme du candidat François Hollande est présentée telle que :


«Je proposerai d’inscrire les principes fondamentaux de la loi de 1905 sur la laïcité dans la Constitution en insérant, à l’article 1er, un deuxième alinéa ainsi rédigé : « La République assure la liberté de conscience, garantit le libre exercice des cultes et respecte la séparation des Églises et de l’État, conformément au titre premier de la loi de 1905, sous réserve des règles particulières applicables en Alsace et Moselle.»


Parenthèse : Pour l’instant, l’histoire ne dit pas ce que le même François Hollande fera de l’actuel alinéa n°2 : «La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales.»

Si l’on arrive déjà à admettre qu’il est indispensable de sanctuariser la Laïcité en soulignant son caractère intangible par un alinéa spécifique dans la constitution, comment accepter l’oxymore juridique qui consiste à déroger dans le même article et alinéa constitutionnel à cette «intention», supposé louable, en protégeant les bénéficiaires du statut particulier d’Alsace - Moselle ?
C‘est tout simplement aberrant et antinomique au regard du principe d’indivisibilité du territoire qui devrait au contraire être rétabli pour les départements d’Alsace et de Moselle, allemands lorsque la loi de 1905 a été votée, et restés soumis au Concordat de 1801 signé par Napoléon Bonaparte. Concordat qui prévoit notamment le financement par l’État de quatre cultes, ce qui est parfaitement dérogatoire à la loi de 1905.
On est loin du «retour de la gauche laïque et républicaine» titre généreusement attribué à l’équipe de François Hollande par Caroline Fourest. Tout le monde peut se tromper, à condition de ne vouloir tromper personne !

A l’opposé de cette proposition saugrenue de F. Hollande, la position de Jean Luc Mélenchon sur ce point est parfaitement claire, cohérente. Elle est étendue à la fin de l'ordonnance de Charles X du 27 août 1828 qui fait bénéficier le seul culte catholique d'un financement public en Guyane, ainsi qu’à l’abrogation des décrets lois qui s'appliquent dans les Départements d'outre-mer.




15/03/2011

"Petits soldats contre l'avortement"

La campagne anti-avortement récemment menée par un professeur d’histoire-géographie dans un lycée de Manosque justement dénoncée grâce à la vigilance de parents d’élèves. Sorti du cartable de cet enseignant « provie » : un vidéo-montage de fœtus manipulés, agrémenté d’un message religieux en provenance des caves du Vatican. La vidéo s’intitule «Inutile d'argumenter». De fait, elle est insoutenable et indiscutablement écœurante.

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A partir de ce dérapage dont on a pu, à tort, minimiser la portée, et à la demande de parents d’élèves, un collectif s’est constitué. Outre les parents d’élèves, il regroupe les associations aussi diverses que : Ligue des Droits de l'Homme 04; Femmes solidaires ; CGT Education ; Sud Education ; UFAL; FCPE.

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Simultanément Caroline Fourest qui avait été alertée de cette dérive anti IVG, a été la première à réagir et à s’associer à notre indignation.
Son point de vue, très largement partagé a été enregistré ici
(1) & (2) .Il sera repris et développé le 11 avril sur Canal + à travers un film intitulé "Des petits soldats contre l'avortement".

Depuis le début de l’année, par le biais de lettres et de pétitions, notre collectif a donc demandé au ministre de l’Education nationale que ce cas de prosélytisme à l’intérieur de l’école de la République ne puisse se reproduire où que ce soit sur l’ensemble du territoire.

Une audience a été demandée au rectorat pour connaître les dispositions prises à cet effet. Le Recteur a été invité à venir en débattre. Pas de réponse.

Pourtant, cette évidente atteinte à la laïcité, complaisamment regardée par le ministère et ses rectorats, a pour conséquences de porter préjudice

  • Au droit des femmes à disposer de leur corps et de leur vie
  • A celui des enfants, qui ont été traumatisés et surpris dans leur apprentissage de la citoyenneté
  • A l’art. 2 de la constitution découlant directement de la loi de 1905, à la loi Veil et à tout un panel de décrets et règlements pour, en principe, les faire respecter
  • A la neutralité qui doit prévaloir dans le service public de l’Education nationale, à moins de vouloir en pervertir la mission en vue d’une privatisation future.

Cette atteinte va donc au-delà d’un simple fait divers isolé.

A cela s’ajoute l’actualité qui favorise des commentaires amalgamant racines chrétiennes, identité nationale, Islam et laïcité, et ce au moment même où l’on peut s’attendre à accueillir un nouveau flux de migrants préventivement discriminés pour satisfaire les phobies d’une extrême droite que l’on dit euphorique.

Bizarrement, à l’heure des Tea Parties, tout le monde semble avoir oublié ou vouloir oublier que la laïcité peut très bien être mise en danger par des intégristes se réclamant de l’Eglise catholique à l’intérieur même de l’école de la République.

Dans ces conditions, pour débattre de la laïcité dans l’Education Nationale, il nous faut nécessairement éviter d’être confus et, pour commencer, ne pas tomber dans le piège d’un énième débat sur l’Islam qui n’a pas été identifié dans les faits qui nous ont amené à organiser cette réunion.

Pas question non plus de faire de procès ad hominem, en l’occurrence celui d’un professeur prosélyte et fier de l’être, puisque c’est au rectorat et au ministère concerné de mettre de l’ordre dans leurs règlements intérieurs, de veiller à recruter des enseignants indemnes de toute connivence intégriste, et de prendre des mesures pour garantir la neutralité et la survie du service public.

L’objectif du collectif consiste plutôt à plaider pour une mobilisation forte et aussi unitaire que possible autour du principe de laïcité débarrassé de tout qualificatif qui l’affaiblirait : la laïcité telle qu’elle est inscrite dans notre constitution et rien d’autre.

«La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances.»

Il ne s’agit pas de réévaluer ce principe sur le dos de telle croyance communautarisée ou sur telle autre, mais de le défendre hors de toutes polémiques et instrumentalisations partisanes et douteuses.

A minima, on partagera au moins cette évidence : l’Education nationale doit être un lieu privilégié pour faire l’apprentissage du vivre ensemble.

Comptes-rendus dans la presse : 1 - 2 - 3