16/04/2015
Le cimetière marin ne cesse de s'agrandir
« 400 morts supplémentaires en Méditerranée »
Communiqué de Marie-Christine Vergiat, membre de la Ligue des Droits de l'Homme et députée européenne (FdG)
Selon les témoignages des survivants, près de 400 migrants auraient encore disparu dans le naufrage de leur embarcation dimanche en Méditerranée. Alors même que les gardes côtes auraient porté secours à près de 42 embarcations et 8 000 personnes depuis vendredi.
Si ce naufrage est confirmé, ce serait le pire que la Méditerranée ait jamais connu.
Morbide décompte que celui que nous faisons depuis le début de l'année : au moins 900 personnes seraient mortes ou disparues cette année en tentant de traverser la Méditerranée.
Morts qui viennent s'ajouter aux 30 000 au moins déjà recensés des vingt dernières années.
Le cimetière marin ne cesse de s'agrandir.
Cela n'est plus supportable, la route migratoire vers l'Europe est devenue la plus dangereuse du monde.
Il ne suffit pas de s'émouvoir à chaque naufrage, il faut agir pour stopper l'hécatombe.
Combien notamment de Syriens, d’Érythréens, de Soudanais, de Somaliens, tous des demandeurs d'asile potentiels, devront encore perdre la vie avant que les gouvernements des États membres de l'UE respectent enfin leurs obligations internationales, au moins en matière de sauvetage en mer et d'accueil des réfugiés et se décident à changer de politiques migratoires.
Nous faisons aujourd'hui face à l'une des pires crises humanitaires qu'ait connue la planète depuis la Seconde Guerre mondiale, en raison notamment de la situation au Moyen-Orient, et nos dirigeants se lavent les mains de tous ces morts. Les décisions prises ces dernières semaines par le Conseil de l'UE et la Commission européenne vont toujours dans le même sens : plus de fermeture, plus d'externalisation et donc plus de risques pour les migrants, plus de violences sur leurs parcours. Et toujours plus de morts.
Le HCR, l'Organisation Internationale pour les Migrations, les ONG et bon nombre de parlementaires européens avaient pourtant prévenu que la fin de l'opération Mare Nostrum et son pseudo-remplacement par l'opération Triton sous l'égide de Frontex étaient dangereuses. Cela fait des mois maintenant que nous sonnons l'alarme :
SANS POSSIBILITÉ DE VOIES LÉGALES D’ACCÈS
AU TERRITOIRE EUROPÉEN,
L’HÉCATOMBE CONTINUERA.Les États membres de l'UE sont tous signataires de la Convention de Genève de 1951. Ils se sont donc engagés à accueillir tous ceux qui fuient la violence et les persécutions. Il est temps de mettre en place des politiques migratoires répondant aux défis du XXIe siècle. Cela passe par l'abrogation de la directive retour, la réforme du Règlement de Dublin, des politiques en matière de visas ambitieuses, l'ouverture de voies d'immigration en partenariat avec les pays concernés et l'abandon des "processus de Rabat" et surtout de "Khartoum". Assez de cette Europe forteresse qui tue un peu plus chaque jour à ses frontières.
C'est d'humanité, de dignité, de respect du droit international et des droits fondamentaux dont ces femmes, ces hommes et ces enfants ont besoin.
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26/06/2014
Naufrageur en méditerranée : Frontex
« Frontex entre Grèce et Turquie : la frontière du déni » - Le déploiement de Frontex nuit au droit d’asile. Un rapport accablant.
A la frontière gréco-turque, l’agence européenne de surveillance des frontières extérieures, Frontex, participe à un dispositif qui empêche les réfugiés de bénéficier de la protection internationale. Le dernier rapport de la campagne FRONTEXIT, « Frontex entre Grèce et Turquie : la frontière du déni » souligne les conséquences dramatiques de l’intensification de la surveillance à cette frontière (« push back », non accès à la demande d’asile, violences physiques et verbales, etc.) ainsi que le défaut de responsabilité de l’agence.
S’appuyant sur des dizaines de témoignages, ainsi que de nombreux échanges avec Frontex, le rapport documente des violations graves des droits humains commises dans ce centre de gravité des opérations de l’agence. Le Conseil de l’Europe, l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne et le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits humains des migrants ainsi que de nombreuses organisations de la société civile ont récemment exprimé leurs vives préoccupations vis-à-vis des violations commises à cette frontière.
En effet, alors que l’agence et l’Union européenne se targuent d’un nombre croissant d’interceptions ces derniers mois en mer Egée, les statistiques officielles ignorent les conséquences meurtrières de cette politique : 18 naufrages recensés par nos organisations depuis septembre 2012, au moins 191 morts et plus de 30 disparus. Parmi les victimes, une majorité de réfugiés syriens, afghans, érythréens, dont beaucoup de familles et d’enfants. Si leurs embarcations avaient pu atteindre les côtes de l’Union européenne, ces personnes auraient certainement pu obtenir l’asile.
De nombreux témoignages ont confirmé la pratique d’expulsions collectives (« push-back ») : des bateaux de migrants sont interceptés et remorqués par les gardes-côtes grecs vers la Turquie, souvent avec violence, sans que les réfugiés soient identifiés, au mépris du droit international. Le rapport documente également l’usage de techniques de « dissuasion » visant à repousser les embarcations de migrants.
« Au lieu de mettre en place des mesures pour accueillir les réfugiés, l’Union européenne, à travers Frontex a persisté dans une politique intolérable de fermeture, qui vise à tout prix à empêcher les réfugiés d’atteindre les côtes européennes » a dit Karim Lahidji, Président de la FIDH.
Au vu d’un document transmis par l’agence à nos organisations, Frontex a été informé de 27 rapports d’expulsions collectives, ainsi que des problèmes d’accès à la procédure d’asile, de violences et de traitements inhumains et dégradants. Malgré ces violations, l’agence continue de fournir un soutien logistique aux opérations (bateaux, avions, caméras thermiques, formation des gardes-côtes, identification des nationalités des migrants).
« En continuant ses activités à cette frontière, malgré sa connaissance de ces violations avérées et répétées, l’agence se montre complice » a déclaré Olivier Clochard, président de Migreurop.
Enfin, le rapport souligne le manque de transparence, notamment, le non accès à la totalité des plans opérationnels (base juridique des opérations de l’agence) et les difficultés à engager la responsabilité de Frontex dans le déroulement des actions qu’elle coordonne. Frontex a récemment rejeté une recommandation de la médiatrice européenne demandant la mise en place d’un mécanisme de plainte permettant de mettre en cause l’agence et ses agents.
« Cette réponse vient confirmer la volonté de l’agence de ne pas engager sa responsabilité en tant que coordinatrice des opérations déployées aux frontières extérieures de l’Union européenne », a conclu Michel Tubiana, président du REMDH.
Le rapport est disponible en français et prochainement en anglais, en turc et en grec.
Rapport_FR_GRECE_TURQUIE_SITE.pdf
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11/02/2014
«Fermer les frontières est inefficace et coûteux»
Présentation intéressante mais qui, dans le contexte de la dernière votation suisse, ne tient pas compte des différentes formes de migration. Difficile en effet de mettre sur le même plan les travailleurs frontaliers résidents en France ou en Allemagne ; les travailleurs détachés embauchés à bas coût par des entreprises européennes en général peu versées dans l'acte philanthropique (!); les migrants économiques venus d’Afrique, du Moyen-Orient et d’ailleurs.
Par ailleurs, il semble bien que les remous de cette votation suisse n’auraient pas l’écho qu’on lui prête si les «frontaliers» n’étaient pas concernés.
Mais Catherine Wihtol de Wenden connaît bien ce sujet et l’aborde comme toujours, sans affect. Ce qui peut déranger !.
Et si les Suisses, en cherchant à limiter l'immigration, agissaient contre leurs intérêts ? Dans son livre "Faut-il ouvrir les frontières?", la chercheuse Catherine Wihtol de Wenden explique pourquoi les politiques de renforcement des contrôles aux frontières sont contre-productives.
À l’heure où les Suisses veulent limiter l’immigration des ressortissants de l’Union européenne et où la Grande-Bretagne envisage de plafonner les entrées d’Européens de l’Est, une meilleure compréhension des mécanismes migratoires internationaux est indispensable. C’est à cette remise à plat que s’emploie Catherine Wihtol de Wenden, spécialiste des questions d’immigration en France et dans le monde.
Dans son livre Faut-il ouvrir les frontières ? publié aux Presses de SciencesPo, la directrice de recherche du CNRS au Centre d’études et de recherches internationales (Ceri) rappelle que le renforcement des contrôles aux frontières est non seulement inefficace mais aussi coûteux. Inefficace car la multiplication des barrières et des législations répressives n’a jamais empêché quiconque de migrer. Tout juste les personnes désireuses de quitter leur pays, quelles qu’en soient les raisons, prendront plus de risques pour parvenir à leurs fins.
Ces politiques sont par ailleurs coûteuses, humainement, tout d’abord, comme en témoignent les drames à répétition aux abords de Lampedusa. Mais aussi économiquement : l’auteur liste les millions d’euros utilisés par les pays d’accueil pour les reconduites à la frontière (de l’interpellation des sans-papiers aux expulsions en passant par l’enfermement dans des centres de rétention) et la surveillance des frontières extérieures de l’UE via Frontex notamment. Elle constate que le faible rythme des régularisations, en particulier de déboutés du droit d’asile pourtant non expulsables, représente un manque à gagner pour les finances publiques.
Catherine Wihtol de Wenden estime enfin que ces politiques sont contre-productives. À court terme, elles peuvent apparaître aux responsables politiques comme la réponse adéquate aux interrogations d’opinions publiques tentées par le repli sur soi, mais à long terme, estime-t-elle, elles mettent en péril les économies du vieux continent, vouées à péricliter sans l’apport de main-d’œuvre étrangère. Anticipant les critiques qui pourraient lui être adressées, elle explique pourquoi les systèmes de protection sociale n'en pâtiraient pas, malgré les idées reçues.
Pour finir de convaincre les lecteurs réticents à l'idée d'une ouverture des frontières, la chercheuse propose d'inverser la logique, en appelant les États à considérer que la liberté de circulation des personnes est un droit universel, tout en leur laissant la possibilité de restreindre l'entrée sur leur territoire. Ni plaidoyer ultra-libéral (au sens où toute frontière serait un frein à l'enrichissement capitalistique), ni «angéliste» (selon l'une des expressions favorites de la droite pour désigner les politiques migratoires et sécuritaires de la gauche), ce livre se veut une alternative pragmatique, fondée sur le droit international et les intérêts bien compris de chacun.
Carine Fouteau
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05/10/2013
Morts en mer
- « Lampedusa : l'Europe assassine »
- « Le drame de Lampedusa n'est pas une fatalité. L’Union européenne doit sortir de sa logique sécuritaire et renouer avec les valeurs qu'elle prétend défendre. » :
Titre et sous-titre Libération.
C'est d'autant moins une fatalité que l'immigration est un véritable BUSINESS ... L'émotion suscitée par la tragédie de Lampedusa servira à masquer cette réalité derrière des "larmes de crocodile".
"(...) Les morts de Lampedusa, comme ceux d’hier et de demain, sont les victimes d’une Europe enfermée jusqu’à l’aveuglement dans une logique sécuritaire (...)".
Certes, mais en poussant plus loin cette logique, le signataire de cette tribune de Libération aurait pu mettre en évidence une autre réalité. A savoir que le budget de Frontex (Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l'Union européenne) provient de subventions de l'Union européenne dans le cadre d'un programme spécifique 2007-2013 dépendant du Programme européen pour la protection des infrastructures critiques (PEPIC).
Depuis 5 ans ce budget alloué à Frontex a été multiplié par 15.
Par ailleurs, comment faire semblant d’oublier que cette logique sécuritaire est auto-entretenue par la montée en puissance des extrêmes droites partout en Europe.
Comment méconnaître que, ne serait-ce que le 27 septembre dernier, le Réseau Euro-Méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH) a dénoncé le Programme de surveillance maritime SEAHORSE MEDITERRANEO et la dangereuse dérive sécuritaire de l’Europe ?
Que le REMDH exhorte l’Union Européenne à :
- une inflexion de sa politique migratoire, en conditionnant à un respect effectif des droits de l’Homme des migrants et des réfugiés toute forme de coopération avec la Libye, l’Algérie, l’Egypte et la Tunisie, où les droits des migrants et des réfugiés ne sont pas respectés;
- promouvoir l’accès des demandeurs d’asile et des réfugiés à une protection internationale et, dans le contexte actuel de non-respect de ces droits dans les Pays d’Afrique du Nord, garantir leur accès au sol européen;
- soutenir efficacement la mise en place dans ces pays de régimes d’asile nationaux en mesure d’apporter une protection aux réfugiés et de respecter les droits découlants de ce statut.
Comment passer outre la campagne « Frontexit », campagne portée par des associations, des chercheurs et des individus issus de la société civile du Nord et du Sud de la Méditerranée à l'initiative du réseau Migreurop qui déclare justement que
« L’Europe est en guerre contre un ennemi qu’elle s’invente » et que :
« Pour protéger ses frontières face à une prétendue invasion, l’Union européenne (UE) a créé une agence dotée de moyens militaires et d’un budget en constante augmentation.
Cette campagne dénonce les nombreuses violations des droits des migrant-e-s et exige
la transparence des activités de Frontex, ses responsabilités, et tente de contraindre l’UE et ses États membres, ainsi que l’agence et ses partenaires, à respecter les droits fondamentaux des migrant-e-s.
Comment enfin tenir pour nul et négligeable l’aspect humain de la situation faite ainsi aux immigrés ?….
Déjà nos villages s'éloignent
Quelques fantômes m'accompagnent
Y'aura des déserts, des montagnes
A traverser jusqu'à l'Espagne
Et après... Inch'allah
On a de mauvaises chaussures
L'argent cousu dans nos doublures
Les passeurs doivent nous attendre
Le peu qu'on a ils vont le prendre
Et après...
Est-ce que l'Europe est bien gardée ?
Je n'en sais rien
Est-ce que les douaniers sont armés ?
On verra bien
Si on me dit, c'est chacun chez soi
Moi je veux bien, sauf que chez moi
Sauf que chez moi y'a rien
Pas de salon, pas de cuisine
Les enfants mâchent des racines
Tout juste un carré de poussière
Un matelas jeté par terre
Au dessus... Inch'allah
Vous vous imaginez peut-être
Que j'ai fait tous ces kilomètres
Tout cet espoir, tout ce courage
Pour m'arrêter contre un grillage
Est-ce que l'Europe est bien gardée ?
Je n'en sais rien
Est-ce que les douaniers vont tirer ?
On verra bien
Si on me dit, c'est chacun chez soi
Moi je veux bien, sauf que chez moi
Sauf que chez moi y'a rien
Je n'en sais rien
On verra bien
Moi, je veux bien
Sauf que chez moi...
La moitié d'un échafaudage
J'en demande pas davantage
Un rien, une parole, un geste
Donnez-moi tout ce qu'il vous reste
Et après...
Je n'en sais rien
On verra bien
Moi, je veux bien
Sauf que chez moi...
Déjà nos villages s'éloignent...
Francis Cabrel - African Tour - Des roses et des orties
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