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05/10/2013

Morts en mer

  • « Lampedusa : l'Europe assassine »
  • « Le drame de Lampedusa n'est pas une fatalité. L’Union européenne doit sortir de sa logique sécuritaire et renouer avec les valeurs qu'elle prétend défendre. » :

Titre et sous-titre Libération. 

C'est d'autant moins une fatalité que l'immigration est un véritable BUSINESS ... L'émotion suscitée par la tragédie de Lampedusa servira à masquer cette réalité derrière des "larmes de crocodile".  
"(...) Les morts de Lampedusa, comme ceux d’hier et de demain, sont les victimes d’une Europe enfermée jusqu’à l’aveuglement dans une logique sécuritaire (...)".
Certes, mais en poussant plus loin cette logique, le signataire de cette tribune de Libération aurait pu mettre en évidence une autre réalité. A savoir que  le budget de Frontex (Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l'Union européenne) provient de subventions de l'Union européenne dans le cadre d'un programme spécifique 2007-2013 dépendant du Programme européen pour la protection des infrastructures critiques (PEPIC).
Depuis 5 ans ce budget alloué à Frontex a été multiplié par 15.
Par ailleurs, comment faire semblant d’oublier que cette logique sécuritaire est auto-entretenue par la montée en puissance des extrêmes droites partout en Europe.

Comment méconnaître que, ne serait-ce que le 27 septembre dernier, le Réseau Euro-Méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH) a dénoncé le Programme de surveillance maritime SEAHORSE MEDITERRANEO et la dangereuse dérive sécuritaire de l’Europe ?
Que le REMDH exhorte l’Union Européenne à :

  • une inflexion de sa politique migratoire, en conditionnant à un respect effectif des droits de l’Homme des migrants et des réfugiés toute forme de coopération avec la Libye, l’Algérie, l’Egypte et la Tunisie, où les droits des migrants et des réfugiés ne sont pas respectés;
  • promouvoir l’accès des demandeurs d’asile et des réfugiés à une protection internationale et, dans le contexte actuel de non-respect de ces droits dans les Pays d’Afrique du Nord, garantir leur accès au sol européen;
  • soutenir efficacement la mise en place dans ces pays de régimes d’asile nationaux en mesure d’apporter une protection aux réfugiés et de respecter les droits découlants de ce statut.


Comment passer outre la campagne « Frontexit »,  campagne portée par des associations, des chercheurs et des individus issus de la société civile du Nord et du Sud de la Méditerranée à l'initiative du réseau Migreurop qui déclare justement que
« L’Europe est en guerre contre un ennemi qu’elle s’invente » et que :
« Pour protéger ses frontières face à une prétendue invasion, l’Union européenne (UE) a créé une agence dotée de moyens militaires et d’un budget en constante augmentation.
Cette campagne dénonce les nombreuses violations des droits des migrant-e-s et exige
la transparence des activités de Frontex, ses responsabilités, et tente de contraindre l’UE et ses États membres, ainsi que l’agence et ses partenaires, à respecter les droits fondamentaux des migrant-e-s.

Comment enfin tenir pour nul et négligeable l’aspect humain de la situation faite ainsi aux immigrés ?….

lampedusa
Déjà nos villages s'éloignent
Quelques fantômes m'accompagnent
Y'aura des déserts, des montagnes
A traverser jusqu'à l'Espagne
Et après... Inch'allah

On a de mauvaises chaussures
L'argent cousu dans nos doublures
Les passeurs doivent nous attendre
Le peu qu'on a ils vont le prendre
Et après...

Est-ce que l'Europe est bien gardée ?
Je n'en sais rien
Est-ce que les douaniers sont armés ?
On verra bien
Si on me dit, c'est chacun chez soi
Moi je veux bien, sauf que chez moi
Sauf que chez moi y'a rien

Pas de salon, pas de cuisine
Les enfants mâchent des racines
Tout juste un carré de poussière
Un matelas jeté par terre
Au dessus... Inch'allah

Vous vous imaginez peut-être
Que j'ai fait tous ces kilomètres
Tout cet espoir, tout ce courage
Pour m'arrêter contre un grillage

Est-ce que l'Europe est bien gardée ?
Je n'en sais rien
Est-ce que les douaniers vont tirer ?
On verra bien
Si on me dit, c'est chacun chez soi
Moi je veux bien, sauf que chez moi
Sauf que chez moi y'a rien

Je n'en sais rien
On verra bien
Moi, je veux bien
Sauf que chez moi...

La moitié d'un échafaudage
J'en demande pas davantage
Un rien, une parole, un geste
Donnez-moi tout ce qu'il vous reste
Et après...
Je n'en sais rien

On verra bien
Moi, je veux bien
Sauf que chez moi...
Déjà nos villages s'éloignent...

Francis Cabrel - African Tour - Des roses et des orties


07/02/2013

Que le jasmin refleurisse

La situation en Tunisie est inquiétante depuis quelque temps, et l’assassinat de l’homme politique Chokri Belaïd agrave cette inquiétude. Pour les opposants au parti islamique au pouvoir, Ennahdha, il ne fait aucun doute que cet assassinat a été sinon commis, du moins suscité par certains responsables de ce parti qui, depuis plusieurs jours, désignaient Chokri Belaïd comme responsable des manifestations qui perturbent la vie du pays. Interviewé sur France Inter ce jeudi midi, le philisophe franco tunisien Abdelwahab Meddeb, (qui anime l’émission Culture d’Islam, le vendredi après-midi sur France-Culture) s’est montré particulièrement sévère pour ce parti et ses responsables. Il estime que ces militants, affolés par la perspective d’être devenus minoritaires après quelques mois d’exercice du pouvoir, s’y accrocheront désespérément, et il n’exclut pas un risque de guerre civile. « Ils veulent installer un Islam dont personne ne veut », dit-il en substance.

Chokri Belaïd, tunisie, jasmin

Le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH) a publié hier un communiqué, dans lequel il livre son analyse et son sentiment après le drame qui secoue le pays, et appelle les autorités à « mettre un terme au climat d’intimidation et de violence qu’elles ont laissées s’installer ».

Le communiqué du REMDH :

Le REMDH condamne l’assassinat de Chokri Belaïd

Tunis/ Le Caire/ Bruxelles, le 6 février 2013 - Le Réseau Euro-méditerranéen des droits de l’homme (REMDH) condamne l’assassinat de Chokri Belaïd et présente ses plus sincères condoléances et sa solidarité à sa famille, à ses proches et à tous les démocrates tunisiens.

Cet évènement dramatique s’inscrit dans un contexte où le gouvernement a laissé s’installer un climat d’intimidation et de violences contre le mouvement démocratique tunisien.

Les attaques répétées provenant des responsables gouvernementaux comme de certains dirigeants du parti Ennahdha désignant Chokri Belaïd comme le principal responsable des manifestations ouvraient la porte à son assassinat. L’usage partial de la Justice et des forces de l’ordre accompagne ce processus qui voit un seul parti s’emparer des principaux leviers de l’Etat.

Le peuple Tunisien n’a pas mis à bas le régime de M BEN ALI pour cela.

Bien entendu, c’est la première responsabilité des autorités publiques que d’arrêter rapidement les auteurs et les commanditaires de cet acte insupportable.

Mais, c’est tout autant la responsabilité des autorités publiques tunisiennes de mettre un terme au climat d’intimidation et de violence qu’elles ont laissées s’installer.

A défaut, c’est la perspective d’élections démocratiques et loyales qui est remise en cause.


Lire aussi sur Rue 89 et Libération et le site www.euromedrights.org/fra/