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04/01/2011

L’indignation ne suffira pas

 Le temps semble être arrivé où s’indigner peut paraître très insuffisant, où les vœux pieux et autres coups de gueule, aussi spectaculaires ou apaisants soient-ils, finissent par être médusants voire démoralisants.

Depuis 2007, aucune «compensation» n’a été enregistrée par l’immense majorité des «sans » : sans abri, sans papiers, sans soins, sans représentation donc sans voix, sans ressources suffisantes, sans emploi, sans sécurité, sans espoir de toutes sortes… Pour «compenser», on pourra toujours essayer de regonfler ses batteries à la lecture d’«Indignez-vous», le bestseller de Stéphane Hessel. Son succès n’est pas usurpé. Il s’agit même d’une nécessaire et salutaire prise de conscience des innombrables iniquités du siècle. L’opus de Stéphane Hessel est indispensable à qui ne se serait aperçu de rien et hésiterait encore à résister. Au moins pour cette raison, l’ancien ambassadeur de l’ONU mérite qu’on lui tire notre chapeau et qu’on lui témoigne tout notre respect.

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On pourra aussi être à l’écoute des fureurs de l'ami Fracasse - Mélenchon. Ce qu’il constate et dénonce est le plus souvent bien réel. Il n’invente rien. Sauf que depuis son pupitre de député européen, il lui faut ruser très fort pour attirer l’attention sur le ou les partis qu’il représente et que les solutions qu’il propose ne sont pas forcément très pragmatiques.

Hors le cas du leader du Front de Gauche, les références susceptibles de réveiller les consciences de chacun ne manquent pas et c’est toujours ça de pris sur le risque de naïveté et de soumission qui plane. Mais pour aller dans le sens de l’intérêt général, ce n’est sans doute pas suffisant. D’autant qu’il faut pouvoir aujourd’hui réfléchir à de véritables solutions dans un contexte mondialisé où l’ultralibéralisme a fait son nid et étendu ses ressorts complexes. Dans ce sens, le «Manifeste d'Economistes Atterrés» est une tentative positive qui va au-delà de la seule protestation.

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Il faut aussi et par ailleurs se rappeler que dans les premières décennies du XXème siècle, Simone Weil avait noté dans sa «Note sur la suppression des partis politiques» que la volonté générale, expression de l’intérêt général, supposait «qu’il n’y ait dans le peuple aucune passion collective et que celui-ci ait à exprimer son vouloir à l’égard des problèmes de la vie publique et non pas à faire seulement un choix de personnes (…)».

Et plus loin :

«(…) On en est arrivé à ne presque plus penser, dans aucun domaine, qu’en prenant position «pour» ou «contre» une opinion. Ensuite on cherche des arguments, selon le cas, soit pour, soi contre, c’est exactement la transposition de l’adhésion à un parti.
(…) D’autres ayant pris position pour une opinion, ne consentent à examiner rien qui lui soit contraire. C’est la transposition de l’esprit totalitaire(…)».

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 Nous venons d’entrer en période électorale et une majorité d’électeurs, dont nous sommes, sont d’accord pour mettre un terme à ce que dénoncent justement S. Hessel ou JL. Mélenchon (*). Pour s’en donner les moyens, il faudra donc bien en passer par l’élection d’untel ou d’unetelle, soutenu(e) par tel ou tel parti ayant une chance réelle, une vraie chance de second tour, de réaliser l’alternance. Mais il faudra oublier d’être naïf et résister aux matraquages partisans assénés par les médias au nom de stratégies par anticipation, biaisées et très égocentrées : le prix à payer pour réparer la grossière erreur de 2007 et peut-être enfin, une «compensation» qui pourrait être, avec un peu de chance, autre chose qu’un choix entre la peste et le choléra.

 

(*) Pour en savoir plus sur quelques candidats, leur capacité à faire don de leur personne ou, plus simplement, leur détermination à faire un choix cornélien («le moment venu») :