22/09/2012
Impéritie politique et démocratique
Jean-Marc Ayrault, le 6 février 2008 ... :
(…) « Les représentants du peuple ne sont pas les censeurs du peuple. » (…)
« C’est en refusant d’associer directement les peuples aux grandes décisions européennes que les dirigeants de l’Union n’ont pas vu monter la déception des catégories populaires vis-à-vis de l’Europe. C’est en croyant que l’élection nationale vaut brevet de politique européenne qu’ils ont sous estimé son manque de réponses aux problèmes structurels du chômage, des inégalités, des délocalisations, de la vie chère. Le Non au référendum sur le traité constitutionnel a été la réponse populaire à cette impéritie politique et démocratique. (…) »
Et en 2012, le Traité sur la Stabilité, la Coopération et la Gouvernance de l'Union Européenne - TSCG- ne serait donc pas soumis au débat et au vote des électeurs ?!!
C’est ce qu’a prévu le même J-M Ayrault, talonné par un Manuel Valls euphorisé par on ne sait quelle ivresse sécuritaire, xénophobe et imbécile (« mais y en-a-t-il d’autre ? »), tacitement approuvé par un François Hollande tétanisé par son seul et grand ennemi « qui n’a pas de visage » et redoublant de prévenances à son égard, qui s’abstient de soumettre ce TSCG au … référendum et a fortiori, d’en discuter.
Cauchemar absurde, suicidaire et incohérent !
Contrepoint : le discours de J-L Mélenchon au Panthéon pour célébrer Valmy, la naissance de la République le 21 septembre 1792 et la fin des privilèges.
Lumineux !
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08/04/2012
«Entendre les rossignols chanter des marseillaises»
«Entendre les rossignols chanter des marseillaises», c’est retrouver harmonie et noblesse dans le discours politique : un autre monde qui s’oppose à la vulgarité, à la violence ou à l’insignifiance des Le Pen et Sarkosy.
La fin de l’allocution prononcée à Limoges par le porte-parole du Front de Gauche et empruntée à un texte de Victor HUGO (William Shakespeare – 3ème partie : conclusion. Livre II – Le 19ème siècle), est un texte particulièrement riche puisqu’il se veut une déclinaison de l’Humain.
Une déclinaison précédée par une prise en compte des faiblesses individuelles :
« (…) Ah ! Il y a des heures où il semble qu’on voudrait entendre les pierres murmurer contre la lenteur de l’homme !
Quelquefois on s’en va dans les bois. A qui cela n’arrive-t-il pas d’être parfois accablé ? On voit tant de choses tristes. (…) une génération est en retard, la besogne du siècle languit. Comment ! Tant de souffrances encore ! On dirait qu’on a reculé. Il y a partout des augmentations de superstition, de lâcheté, de surdité, de cécité, d’imbécillité. La pénalité pèse sur l’abrutissement. Ce vilain problème a été posé : faire avancer le bien-être par le recul du droit (…) »
… mais qui renoue avec l’espoir d’une délivrance et la démonstration d’une force idéale et collective :
« (…) En avant ! On voudrait entendre les rossignols chanter des marseillaises. (…) Il y a des haltes, des repos, des reprises d’haleine dans la marche des peuples, comme il y a des hivers dans la marche des saisons. (…) Désespérer serait absurde ; mais stimuler est nécessaire.
Stimuler, presser, gronder, réveiller, suggérer, inspirer, (…) De là cette parole : Délivrance, qui apparaît au-dessus de tout dans la lumière, comme si elle était écrite au front même de l’idéal. »
A Limoges, J-L. Mélenchon a repris un autre passage du texte d’Hugo. Rythmé, imagé, mobilisateur, intégré dans un ensemble sincère, cohérent et généreux :
« (…) Aujourd’hui pour toute la terre la France s’appelle Révolution ; et désormais ce mot, Révolution, sera le nom de la civilisation jusqu’à ce qu’il soit remplacé par le mot Harmonie. Je le répète, ne cherchez pas ailleurs le point d’origine et le lieu de naissance de la littérature du dix-neuvième siècle.
Oui, tous tant que nous sommes, grands et petits, puissants et méconnus, illustres et obscurs, dans toutes nos œuvres, bonnes ou mauvaises, quelles qu’elles soient, poèmes, drames, romans, histoire, philosophie, à la tribune des assemblées comme devant les foules du théâtre, comme dans le recueillement des solitudes, oui, partout, oui, toujours,
Oui, pour combattre les violences et les impostures,
Oui, pour réhabiliter les lapidés et les accablés,
Oui, pour conclure logiquement et marcher droit,
Oui, pour consoler, pour secourir, pour relever, pour encourager, pour enseigner,
Oui, pour panser en attendant qu’on guérisse,
Oui, pour transformer la charité en fraternité, l’aumône en assistance, la fainéantise en travail, l’oisiveté en utilité, la centralisation en famille, l’iniquité en justice, le bourgeois en citoyen, la populace en peuple, la canaille en nation, les nations en humanité, la guerre en amour, le préjugé en examen, les frontières en soudures, les limites en ouvertures, les ornières en rails, les sacristies en temples, l’instinct du mal en volonté du bien, la vie en droit, les rois en hommes,
Oui, pour ôter des religions l’enfer et des sociétés le bagne,
Oui, pour être frères du misérable, du serf, du fellah, du prolétaire, du déshérité, de l’exploité, du trahi, du vaincu, du vendu, de l’enchaîné, du sacrifié, de la prostituée, du forçat, de l’ignorant, du sauvage, de l’esclave, du nègre, du condamné et du damné,
Oui, nous sommes tes fils, Révolution ! (…)»
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06/03/2012
Verve
Grand rendez-vous, grand moment. Au-delà de la performance consistant à tenir en laisse des "chiens de garde" aux mimiques flottantes puisque ravalés à des postures de chiens de salon, l’argumentation de J-L. Mélenchon du 4 mars sur I-Télé restera un modèle de cohérence et de clarté. Un grand moment à voir, entendre, ne pas oublier. Preuve que la verve et la conviction ont ce pouvoir de réveiller l’intelligence, au contraire du populisme dont ces mêmes chiens de garde tentent d'affubler le leader du Front de Gauche.
Pas de cette "gauche" "qui s’accroche au label comme à son dernier oripeau symbolique, (...) de ce parti socialiste au socialisme parti, mais maintenu dans ses titres de créance politique, (...) par un univers médiatique confusément conscient d’avoir aussi à se sauver lui-même (...)"
Frédéric Lordon in Télérama
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04/01/2011
L’indignation ne suffira pas
Le temps semble être arrivé où s’indigner peut paraître très insuffisant, où les vœux pieux et autres coups de gueule, aussi spectaculaires ou apaisants soient-ils, finissent par être médusants voire démoralisants.
Depuis 2007, aucune «compensation» n’a été enregistrée par l’immense majorité des «sans » : sans abri, sans papiers, sans soins, sans représentation donc sans voix, sans ressources suffisantes, sans emploi, sans sécurité, sans espoir de toutes sortes… Pour «compenser», on pourra toujours essayer de regonfler ses batteries à la lecture d’«Indignez-vous», le bestseller de Stéphane Hessel. Son succès n’est pas usurpé. Il s’agit même d’une nécessaire et salutaire prise de conscience des innombrables iniquités du siècle. L’opus de Stéphane Hessel est indispensable à qui ne se serait aperçu de rien et hésiterait encore à résister. Au moins pour cette raison, l’ancien ambassadeur de l’ONU mérite qu’on lui tire notre chapeau et qu’on lui témoigne tout notre respect.
On pourra aussi être à l’écoute des fureurs de l'ami Fracasse - Mélenchon. Ce qu’il constate et dénonce est le plus souvent bien réel. Il n’invente rien. Sauf que depuis son pupitre de député européen, il lui faut ruser très fort pour attirer l’attention sur le ou les partis qu’il représente et que les solutions qu’il propose ne sont pas forcément très pragmatiques.
Hors le cas du leader du Front de Gauche, les références susceptibles de réveiller les consciences de chacun ne manquent pas et c’est toujours ça de pris sur le risque de naïveté et de soumission qui plane. Mais pour aller dans le sens de l’intérêt général, ce n’est sans doute pas suffisant. D’autant qu’il faut pouvoir aujourd’hui réfléchir à de véritables solutions dans un contexte mondialisé où l’ultralibéralisme a fait son nid et étendu ses ressorts complexes. Dans ce sens, le «Manifeste d'Economistes Atterrés» est une tentative positive qui va au-delà de la seule protestation.
Il faut aussi et par ailleurs se rappeler que dans les premières décennies du XXème siècle, Simone Weil avait noté dans sa «Note sur la suppression des partis politiques» que la volonté générale, expression de l’intérêt général, supposait «qu’il n’y ait dans le peuple aucune passion collective et que celui-ci ait à exprimer son vouloir à l’égard des problèmes de la vie publique et non pas à faire seulement un choix de personnes (…)».
Et plus loin :
«(…) On en est arrivé à ne presque plus penser, dans aucun domaine, qu’en prenant position «pour» ou «contre» une opinion. Ensuite on cherche des arguments, selon le cas, soit pour, soi contre, c’est exactement la transposition de l’adhésion à un parti.
(…) D’autres ayant pris position pour une opinion, ne consentent à examiner rien qui lui soit contraire. C’est la transposition de l’esprit totalitaire(…)».
Nous venons d’entrer en période électorale et une majorité d’électeurs, dont nous sommes, sont d’accord pour mettre un terme à ce que dénoncent justement S. Hessel ou JL. Mélenchon (*). Pour s’en donner les moyens, il faudra donc bien en passer par l’élection d’untel ou d’unetelle, soutenu(e) par tel ou tel parti ayant une chance réelle, une vraie chance de second tour, de réaliser l’alternance. Mais il faudra oublier d’être naïf et résister aux matraquages partisans assénés par les médias au nom de stratégies par anticipation, biaisées et très égocentrées : le prix à payer pour réparer la grossière erreur de 2007 et peut-être enfin, une «compensation» qui pourrait être, avec un peu de chance, autre chose qu’un choix entre la peste et le choléra.
(*) Pour en savoir plus sur quelques candidats, leur capacité à faire don de leur personne ou, plus simplement, leur détermination à faire un choix cornélien («le moment venu») :
- Rémunération du directeur du FMI / et ce qui va avec...
- Rémunération du président de la République / et ce qui va avec...
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