18/04/2015
Retrait du délit de racisme de la loi de la presse
Le Plan d'action contre le racisme ne règle en rien le traitement de "discours politiques ambigus", qui alimentent le racisme sous toutes ses formes dont celle de l’antisémitisme, notamment sur les Roms ou par exemple la question du port du voile.
On rappellera aussi que « Sortir les injures et diffamations du droit de la presse – loi du 29 juillet 1881 – pour les introduire dans le code pénal lorsqu’elles sont aggravées par une circonstance liée au racisme, à l’antisémitisme, à l’homophobie » était un projet porté par Christiane TAUBIRA.
Le 9 avril 2015, plusieurs organisations dont le SNJ, le Syndicat de la Magistrature et la LDH avaient attiré l’attention du pouvoir en place sur les dangers que ce projet faisait courir à Liberté de la Presse. Lire ce courrier
Le Plan d’action contre le racisme du gouvernement est ambitieux mais déséquilibré.
Et surtout, la LDH condamne le retrait du délit de racisme de la loi de la presse.
Communiqué LDH
La Ligue des droits de l’Homme prend acte de ce que le gouvernement adopte un Plan d’action contre le racisme affichant de grandes ambitions. C’est en soi une bonne nouvelle, notamment au vu de la situation inquiétante que connaît notre pays en ce domaine.
La LDH déplore que ce Plan ne comporte aucune mesure pour lutter contre le développement des inégalités, lequel porte une grande responsabilité dans l’exacerbation des frustrations, des colères et des dérives haineuses. Elle souligne que le budget annoncé de cent millions d’euros sur trois ans apparaît en deçà des ambitions annoncées, qui portent sur les champs pénal, éducatif, sportif et des réseaux sociaux. Elle salue les propositions concernant la mémoire et la création, pour éduquer contre le racisme et l’antisémitisme. Elle regrette que sur les cent millions annoncés, vingt-cinq soient annuellement dévolus à des actions locales dans le cadre des contrats de ville et des contrats locaux de sécurité, puisque ceux-ci ne concernent que les quartiers prioritaires de la politique de la ville.
Elle regrette également que ce Plan n’aborde pas les questions des rapports entre la police et la jeunesse, et ignore la dimension particulière de certaines politiques et déclarations publiques à l’encontre de populations stigmatisées.
Elle condamne vigoureusement l’un des points phares du plan, à savoir le fait de faire basculer le délit de racisme dans le Code pénal. Comme la plupart des associations antiracistes, comme la totalité des syndicats de journalistes, la LDH estime que cette mesure, loin de régler quelque problème que ce soit, ne fera que brouiller les termes du débat public.
Enfin, l’appel – aux accents de mobilisation décrétée – des acteurs de l’Éducation, du monde sportif et du monde associatif constitue un hommage, hélas tardif, à leur rôle et à la qualité de leur engagement. Mais la tonalité est largement répressive, au détriment du volet pédagogique, lequel en est dénaturé. C’est également le cas concernant Internet, dans le droit fil de la loi sur le renseignement. La répression est certes nécessaire, ainsi d’ailleurs que la pédagogie ; encore faut-il que l’une épaule l’autre, que la dernière ne soit pas strictement descendante et que les deux soient placées au service d’un projet de société clairement solidaire, traitant chacun sur un pied d’égalité. C’était l’esprit qui prévalait lors de la grande manifestation du 11 janvier ; on en est loin.
La LDH se saisira en tout état de cause de tout ce qui, dans ce plan national, est susceptible d’appuyer les efforts développés par ses sections, ses militantes et militants, en lien avec tous les acteurs locaux de l’Éducation nationale, les associations de quartier et les mouvements d’éducation populaire.
Paris, le 17 avril 2015
06/07/2013
Censure prise
Au moment où l’ancien président de la République veut faire croire à un come-back, au moment où le nouveau se trouve dans l’incapacité de réunir sur son nom, son parti et son autorité une majorité d’électeurs lassée par sa couardise et sa médiocrité, l’indépendance de la presse et de la justice restent l’un des seuls recours pour éviter que l’histoire ne se répète.
D’où la manœuvre sans surprise consistant à vouloir museler Médiapart, bien isolé dans le marais d’une presse dépendante ou à peser sans retenue sur des magistrats chargés de rendre justice.
"Trois magistrats ont donc rêvé la mort de Mediapart. Ils se nomment Marie-Gabrielle Magueur, président, Annie Vaissette, conseiller, Dominique Ponsot, conseiller, et siègent à Versailles, à la première chambre de la cour d’appel. Dans une décision ubuesque, aussi aberrante factuellement qu’inconséquente judiciairement, ils nous (Médiapart) ordonnent de supprimer, sur l’ensemble du site, tout extrait et toute retranscription des enregistrements du majordome qui sont à l’origine de l’affaire Bettencourt et nous interdisent d’en publier à l’avenir.
C’est une incohérence supplémentaire. Mais c’est très bien si les autres médias continuent de publier. C’est important car le peuple doit savoir au nom de quoi on a condamné. Il ne faut pas oublier que la justice est rendue au nom du peuple français. Le peuple a le droit de savoir et c’est toujours au peuple que reviendra le dernier mot, dixit Jean-Pierre Mignard, avocat de Mediapart
Quelques pièces du dossier constitué par Médiapart sur l'affaire Bettencourt, sont reprises ici et surtout le verbatim des enregistrements visés.
Voir aussi et entre autres documents (1); (2)
Communiqué LDH :
Censure des enregistrements effectués dans l’affaire Bettencourt, une atteinte à la liberté de la presse
Veut-on revenir aux temps obscurs de la censure ? D’allure baroque, la question doit pourtant être posée après l’arrêt de la cour d’appel de Versailles, rendu le 4 juillet, qui ordonne à Mediapart et Le Point de supprimer de leurs sites, dans les huit jours, toute citation des enregistrements effectués par le majordome de madame Bettencourt. L’arrêt va jusqu’à interdire qu’ils soient mentionnés.
On se souvient que ce sont ces révélations qui ont été à la source d’une enquête journalistique éclairante sur les rapports entre le monde de l’argent et de la politique. L’arrêt de la cour d’appel, censurant de fait l’information, est un coup porté aux titres de presse Mediapart et Le Point, et à la liberté de la presse d’une façon générale. Au moment où la ministre de la Justice dépose un projet de loi qui affirme que « les journalistes doivent pouvoir exercer leur mission sans entraves », cette décision est rien moins qu’inquiétante ; au lendemain du refus de la France d’accorder l’asile à Edward Snowden, elle rappelle à quel point la liberté d’informer et d’être informé, en toute liberté, reste fragile.
La Ligue des droits de l’Homme exprime sa solidarité avec Mediapart et Le Point ; elle appelle à une grande vigilance pour défendre la liberté de la presse, facteur incontournable de la démocratie.
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03/05/2013
Liberté de la presse
Le 20 décembre 1993, l'Assemblée générale de l'ONU proclame le 3 mai Journée mondiale de la liberté de la presse (décision 48/432). Depuis, le jour de l'anniversaire de la Déclaration de Windhoek est célébré dans le monde entier comme étant la Journée mondiale de la liberté de la presse.
Son 20e anniversaire est l'occasion :
- de célébrer les principes fondamentaux de la liberté de la presse;
- d'évaluer la liberté de la presse;
- de défendre les médias des attaques contre leur indépendance; et de se souvenir des journalistes tués parce qu'ils faisaient leur devoir.
- de prendre conscience d'une évidence relevée par Hannah Arendt et qui s'énonce : "c'est dans le vide de la pensée que s'inscrit le mal" Hannah Arendt.
Par la voix d'Edwy Plenel elle dit aussi...
La presse est donc elle aussi prise en otage par la pensée unique. Et nous ne l'oublions pas !
C'est si vrai qu'entre autres ironies du sort ou cynisme orchestré à l'encontre de la liberté d'expression, on aura pris acte de l'interdiction faite à Aminata Traoré d'obtenir un visa pour honnorer une invitation qui lui a été faite par des responsables de Die Linke, le parti de gauche allemand, et des militants de mouvements associatifs français de Paris et de Lille . Ce n'est malheureusement qu'un exemple parmi d'autres, que l'on aurait tort de banaliser et qui ne sera que très peu relayé.
Symbole des rapports de force Nord-Sud et porte-flambleau du « Non à l’intervention militaire étrangère au Mali », Aminata Traoré livre à cameroonvoice son sentiment après cette "déconvenue" :
Cameroonvoice : Nous avons appris avec stupéfaction que les autorités françaises ont refusé de vous accorder un visa d’entrée en France pour participer à une réunion publique le 22 avril dernier. Pouvez vous nous confirmer cette information ?
Aminata Traoré : En fait, j’ai été invitée par Die Linke, un parti de gauche allemand, et des militants français. Je devais faire un tour à Berlin et par la suite donner une conférence à Paris et Lille. J’avais un visa de circulation de 4 ans de l’espace Schengen qui a expiré au mois de Février.
Quand je me suis rendue à l’ambassade d’Allemagne pour solliciter un droit d’entrée dans l’espace Schengen, ils m’ont accordé un visa de trois jours uniquement pour leur pays en me notifiant que la France a donné des instructions pour qu’aucun pays de l’espace Schengen ne m’accorde de visa.
Il y avait donc une interdiction de circulation dans l’espace Schengen vous concernant, dont vous ignoriez totalement l’existence ?
Non non, on ne me l’avait pas notifié avant, c’est à la faveur de ce voyage que je l’ai su. J’ai été autorisée à aller en Allemagne et à revenir au Mali directement sans fouler le sol de l’espace Schengen mis à part l’ Allemagne. Je ne sais pas si c’était une exception allemande, ou si les autres pays de l’espace Schengen pourront m’accorder la même « faveur ».
Ma liberté de circuler est maintenant restreinte. Les consulats européens échangent entre-eux, des listes de personæ-non-grata, et les dispositions changent selon la gravité du délit entre guillemets. En ce qui me concerne, je ne sais pas ce que l’on me reproche. Dans mon cas, j’ai eu la chance d’avoir cette ouverture de la part de l’Allemagne, mon compatriote Oumar Mariko( Secrétaire général du SADI, Ndlr), lui il n’a pas pu voyager du tout.
Vos prises de position contre l’intervention militaire des forces étrangères au Mali et notamment celle de la France ne seraient pas la cause de cette interdiction ?
Certainement, sinon je ne comprends pas pourquoi, la France et surtout les membres de ce gouvernement de gauche, qui m’ont reçu et qui me connaissent parfaitement le feraient. En principe, nous partageons les même idées.
Sauf que, la France considère son intervention au Mali comme une réussite politique et militaire, c’est le Premier ministre Jean-Marc Ayrault qui l’a dit et ce success story de leur point de vue exige certainement un verrouillage, qu’il n’ y ait pas de critiques, puisque l’unanimité leur réussit si bien ! Vous vous souvenez bien que toutes les résolutions concernant cette guerre ont été adoptées à l’unanimité au Conseil de sécurité des Nations Unies, et avant-hier ( mardi 23 avril Ndlr) ils viennent aussi de voter à l’ unanimité à l’ Assemblée nationale et au Sénat français pour la prolongation de l’Opération Serval au Mali.
Le pouvoir politique a changé de main en France voilà bientôt un an et on peut constater pour le déplorer avec cette opération que la politique africaine de la France, demeure toujours la même.
Elle demeure inchangée et il ne nous le cache pas. Le Général De Gaulle l’a dit : « la France n’a pas d’amis mais des intérêts ». Peut-être c’est nous qui nous faisons des illusions, François Hollande l’a d’ailleurs répété récemment en parlant dossier Centrafricain quand François Bozizé l’appelait à l’aide. Il lui a fait savoir que la France défendait ses intérêts et ses ressortissants.
Nous l’apprenons peut-être à nos dépens, parce qu’on se disait aussi que les temps ont changé et puisqu’ils sont confrontés aux mêmes difficultés que nous, liées au même environnement économique international, avec les questions d’aide, de chômage de pauvreté etc. Mais à la lumière de ce qui se passe, il y a une grille de lecture qui s’applique à l’Afrique, on est considéré comme des pays en faillite, pas de d’états, pas d’ armées, ils peuvent faire la pluie et le beau temps et ne tolèrent pas de voix discordantes.
Ils ne tolèrent pas de voix discordantes, pourtant ils se clament chantre de la liberté de la d’expression. Peut-on interpréter cette interdiction de territoire comme une entrave à la liberté d’expression, puisque vous avez un point de vue discordant ?
Oui ! Pourtant moi je n’ ai pas changé, tout ceux qui me suivent depuis savent que j’ai pas changé de discours ceux sont les mêmes idées que je véhicule. Je ne m’attaque à personne, je condamne tout simplement un système économique mondial cynique et la guerre fait parti de ce système.
Aujourd’hui la militarisation pour le contrôle des ressources de l’Afrique fait parti de l’agenda. C’est ce que j’ai dit et c’est ce qu’ eux mêmes ils reconnaissent !!! Alors moi malienne, pourquoi je n’ai pas le droit de poser ce regard sur les réalités de mon pays en guerre !!!
Comment envisagez-vous l’avenir du Mali et de la sous-région suite à cette intervention militaire française appuyée par des troupes africaines ?
Je pense que les troupes africaines sont mises à contribution, et comme je l’ai déjà dit dans mon manifeste ce n’est pas notre guerre, nous sommes entrés dans une phase de la globalisation qui implique la diplomatie économico-offensive et la militarisarisation.
Mais seulement, Al Qaida est une réalité et en même temps une aubaine, elle permet aux dirigeants Africains qui ont mal géré de dire maintenant que la priorité c’est la lutte contre le terrorisme et aux puissance étrangères de dire faisons cause commune luttons d’abord contre le terrorisme.
Et moi je dis que le véritable terrorisme c’est la misère, c’est les injustices, parce que je sais qu ’une bonne partie des combattants des djihadistes sont avant tout, des jeunes désespérés sans boulot, ils n’ont pas de visas et se font recruter à la fois par les narcotrafiquants et les djihadistes. C’est cette réalité qu’il nous faut regarder maintenant de près.
Quelles leçons devrons nous tirer de la situation au Mali et de ce qui vous arrive à vous ?
Je souhaite que les Maliens et les Africains s’ouvrent grandement les yeux et les oreilles et se disent qu’en réalité, il n’y a pas un cas malien. Ce qui se passe aujourd’hui au Mali est l’illustration d’une nouvelle étape de la politique de mainmise sur les ressources du continent, notamment les ressources énergétiques, sans lesquelles la sortie de crise, la croissance et la compétitivité ne sont pas envisageables par l’Occident.
Au lieu de jouer cartes sur table et changer les règles du jeu on préfère, nous écrire un autre histoire, nous humilier, nous culpabiliser. Avec tout ce qui se passe je considère que le Mali est humilié, il y a donc aucune raison d’en ajouter en gardant le silence et c’est ce que tout le monde fait, et les occidentaux le savent pertinemment.
Raison pour laquelle, je me réjouis aujourd’hui de ce soutien international parce qu’il y a énormément de gens qui ne comprennent pas, quelque soit la différence de lecture qu’un tel traitement me soit réservé. C’est donc une nouvelle phase de la décolonisation de l ’Afrique. Il nous appartient maintenant à nous mêmes de voir ou sont les véritables défis.
Propos recueillis par rédaction de cameroonvoice
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17/08/2009
Presse - SOS
La liberté d’opinion est en danger. Selon la Convention européenne des Droits de l'Homme de 1950 « Toute personne a droit à la liberté d'expression. Ce droit comprend la liberté d'opinion et à la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu'il puisse y avoir ingérence d'autorités publiques et sans considération de frontière (…) » art. 10
Le fait que la presse people soit en voix d’extension, ne peut pas être dissocié des difficultés rencontrées par l’Agence Gamma, l’AFP et par la plupart des journaux d’information.
L’AFP, constamment mise sous pression par les pouvoirs en place, est menacée de perdre son indépendance. Jusqu’ici, son personnel avait réussi à s’y opposé. Il en appelle aujourd’hui aux lecteurs de la presse écrite pour refuser "toute modification qui aurait pour effet soit de transformer l'AFP en agence gouvernementale, soit de la livrer en totalité ou en partie à des entreprises privées quelles qu'elles soient et sous quelque forme que ce soit".
De fait, les chiffres donnés par l’Observatoire de la presse placent les « hebdomadaires de news » (Nouvel Observateur, L’Express, Le Point, Marianne, Courrier International) en position assez inconfortable par rapport aux autres magazines dont ceux de la presse people.
Si Gamma et l’AFP sont « entrés dans l’Histoire » pour mieux la faire partager, c’est aux lecteurs de savoir ce qui dans l’actualité doit rester déterminant. L’identification, virtuelle, à telle ou telle célébrité jouant de sa popularité, ou la réalité du monde qui, c’est vrai, est loin d’être un divertissement ?
D'où la nécessité de répondre de toute urgence aux SOS lancés par la presse au nom de la liberté d'opinion.
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