Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

15/11/2013

Contre le racisme et l'extrême droite

Bien entendu l'heure est au rassemblement contre le racisme et l’extrême droite.
Cela dit et bien dit dans le communiqué qui suit, s'agissant des insultes faites à Christiane Taubira, il faut aussi de relever quelques réflexions de bons sens:

Christiane Taubira, Ministre en charge de la Justice fait partie d'un gouvernement qui n'agit surement pas dans le sens attendu par celles et ceux, Ligue des Droits de l'Homme inclue, qui se battent ou devraient se battre contre ce dont elle a été victime. Il y a même tout lieu de penser que l'actuel gouvernement  favorise l'expression raciste et extrême droitière en mettant en place ou en permettant (ce qui revient au même) qu'une longue série d'injustices économiques, fiscales et sociétales finissent par libérer des revendications corporatistes et communautaristes. De ce point de vue Christiane Taubira qui, il faut le répéter, n'a pas à être insultée comme elle l'a été, est devenue le faire valoir d'un gouvernement largement fautif en matière de recrudescence d'actes et de propos racistes. 

Par ailleurs, en s'affichant aux côtés de Manuel Valls, artisan consciencieux de cette dérive, en lui manifestant une sympathie extrêmement équivoque, Christiane Taubira devient ipso facto le faire valoir d'un ministre lui même mis à l'index pour avoir tenu des propos plus que contestables à propos des Roms, par exemple, exposant ces derniers à des manifestations de haine raciste non réprimées à ce jour.
La solidarité gouvernementale a des limites.
La réalité du racisme et de l'extrême droite n'en n'a malheureusement pas.

Racisme, Taubira, extreme droite

Communiqué LDH :
"
Pour l’égalité, rassembler contre le racisme et les "idées" d’extrême droite"

Après la une du journal Minute, après les incidents qui ont marqué la commémoration nationale du 11 novembre, on constate partout une forte envie d’agir et de se rassembler contre les manifestations de racisme et de l’extrême droite. Cela s’est vérifié à Angers où, avec la Ligue des droits de l’Homme, associations, organisations syndicales et politiques se sont rassemblées autour des valeurs de la République.

Cela se traduit par les plaintes déposées contre le journal Minute et par la saisine du procureur de la République par le Premier ministre. Dans le même temps, une série de manifestations et de rassemblements sont proposés pour peser avec force dans le débat public.

La LDH se félicite de ce sursaut salutaire et des diverses formes qu’il adopte ; au-delà des actions juridiques, elle entend construire une démarche pleinement citoyenne, englobant dans une même condamnation, les attaques racistes ainsi que les actes et propos qui en ont permis la maturation.

Car s’en tenir à la seule une de Minute serait permettre à trop de forces et de responsables de s’exonérer à bon compte de leurs responsabilités. Elle engage donc ses militantes et militants, ses sections et fédérations à assumer la vocation de force de rassemblement de la LDH ; partout, à inviter ou participer à des réunions pour permettre les expressions et manifestations les plus larges et les plus déterminées contre le racisme et les dérives d’extrême droite.

Elle entend, enfin, contribuer, à sa place, aux processus pouvant permettre une expression forte, unitaire et visible de ce sursaut citoyen ; à cet égard, elle estime que le 3 décembre, date anniversaire de l’arrivée à Paris de la Marche pour l’égalité et contre le racisme, peut être l’occasion d’un grand rassemblement à Paris, place de la République ; elle rappelle, enfin, que le 7 décembre, date choisie par nombre de forces pour faire revivre l’esprit de la Marche, est d’ores et déjà placé sous le signe de l’égalité, de la défense de la démocratie et de la République

Paris, le 14 novembre 2013

05/11/2013

Insulte contre Ch. Taubira

Insulte contre Ch. Taubira : le silence des politiques, l’indignation des artistes
via la section LDH de Loudéac centre Bretagne

Les réactions politiques avaient tardé, après l’agression verbale raciste dont a été victime Christiane Taubira à Anger il y a quelques jours. On avait davantage entendu le front national exiger des preuves de cette agression. Il a été gâté : le journal Anger Mag Info a diffusé sur son site une vidéo filmée par un amateur avec son téléphone où on assiste de façon très claire à l’agression. Mais la vidéo révèle autre chose : la complicité des adultes autour de la gamine, ce qui contredit l’affirmation des organisateurs de la « manif pour tous » qui considéraient qu’il s’agissait d’un acte isolé. Cette gamine était en fait manipulée par des adultes (on voit la banane circuler de main en main) soucieux, on le sait, de la protection morale des enfants…

taubira,racisme

Les politiques muets, ce sont les artistes qui se sont exprimés, et leur voix a sans doute plus d’écho que n’aurait eu celles des utilisateurs de la langue de bois.

Vendredi matin, c’est François Morel qui a commencé, avec une chronique remarquable de sensibilité, d’élégance et d’efficacité, dans laquelle il demande à « la petite conne » : « Pour qui la banane ? » Cette chronique a été relayée tout le week-end sur les réseaux sociaux et on ne se lasse pas de l’écouter.

Le musicien Titi Robin, nominé en 2012 aux Victoires de la musique et qui a une quinzaine d’albums à son actif a choisi pour sa part d’écrire une lettre ouverte qui a été publiée dans la presse locale, et que nous reproduisons ici. Une lettre qui, comme la chronique de François Morel, ne se contente pas de dénoncer le fait divers : il l’analyse.

Lettre ouverte

« Permettez-moi de prendre la parole d’une manière personnelle. Je suis né dans un village angevin où on élevait (comme toujours aujourd’hui) des vignes pour élaborer un vin moelleux, généreux, destiné au partage, à l’accueil des visiteurs, aux célébrations familiales. J’ai reçu dans ce village une éducation traditionnelle, riche, que je porte avec fierté, qui m’a permis de voyager et de rencontrer de par le monde des hommes et des femmes avec leurs propres bagages culturels. Nous avons échangé, et ainsi je me suis construit, j’ai grandi, mariant mes racines à celles rencontrées. Comme je savais d’où je venais, je retrouvais toujours ma route. Durant toutes ces années, je suis toujours resté fidèle à ma région. Je l’aime.

Aujourd’hui, je suis blessé, humilié, et en colère. Les paroles et gestes d’une enfant d’une douzaine d’années et d’un notable expérimenté auraient-ils souillé l’air ? Ou bien est-ce le silence et l’apathie qui ont suivi ces événements qui me troublent ? De France et de l’étranger me parviennent des messages : « Que se passe-t-il chez vous ? Pourquoi les gens sont-ils devenus ainsi, en Anjou ? » Dans les rues d’Angers, des gens évoquent leur gêne ou leur honte à voix basse. Je ne pense pourtant pas que nous ayons changé. La lâcheté ou tout au moins le manque de clairvoyance de nos dirigeants (de gauche) comme de leurs collègues dans l’opposition (de droite) encourage certains intellectuels, certains médias et des gens de pouvoir à développer dans le pays une atmosphère profondément malsaine. Il y a là quelque chose de pathologique, la crise encourageant le repli sur soi.

Du coup, cette minorité dans notre société qui a porté et portera toujours en son sein des idées empoisonnées se sent soudain libre de les exprimer au grand air. Notre pays avait connu ce phénomène il y a longtemps. Il y a aujourd’hui comme un relâchement moral nauséabond. Et puis voilà : Une fillette de douze ans peut traiter comme un animal, en rigolant, en l’insultant, devant le public, la presse, et ses parents ravis, une femme d’une grande culture intellectuelle et morale, représentante du gouvernement, car l’enfant a la peau blanche et la femme la peau noire. Un notable d’une ville de la région ironise autour de l’extermination pendant la deuxième guerre mondiale des ancêtres d’une partie, minoritaire, de sa population (qu’on appellera ici Gens du voyage) et se félicite aujourd’hui de les chasser de son territoire. Ces événements sont mis en lumière car ils concernent des personnages publics. Nous devons savoir qu’ils correspondent à la face émergée du problème. Cela signifie que bien d’autres personnes souffrent en silence. Si notre corps social est endormi, affaibli, il importe de réveiller ses anticorps. Il importe aussi de parler fort. Ayons confiance en nos forces, nous devons pouvoir continuer à être fier de qui nous sommes, de nos racines comme de notre hospitalité, qui vont de pair. »
Thierry ROBIN