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11/12/2010

Les Nobel de la paix empêchés

Contrairement aux informations données dans de nombreux médias, l’empêchement fait à Liu Xiaobo de se rendre à Oslo pour recevoir son prix Nobel de la Paix n’a pas eu qu’un seul précédent attaché au nom de Carl Von Ossietzky.

Si la mémoire fait défaut à ces médias plus préoccupés semble-t-il par la Chine et ses avoirs dans l’économie capitaliste que par ses dissidents, c’est surtout l’absence de vérification qui choque, au moins autant que l’absence d’intérêt porté à ces Nobel qui se sont trouvés en butte avec des dictatures. Certains sont toujours vivants et c’est leur manquer de respect autant qu’à l’Histoire que de passer sous silence le fait que, eux aussi, ont été empêchés de recevoir leur prix pour cause d’entrave à leur liberté.

Il faut donc rappeler leur nom :

  • Carl von Ossietzky, condamné pour « haute trahison » pour avoir publié des informations sur le réarmement clandestin de l'Allemagne, Hitler ordonne son transfert dans un camp de concentration. Il reçoit le Nobel de la paix pour l'année 1935 en 1936, mais le gouvernement nazi lui interdit de se rendre en Norvège.
  • En 1975, le Nobel de la paix est attribué au physicien russe Andreï Sakharov, défenseur des droits de l'homme en URSS. Les autorités soviétiques l'empêchent de quitter le territoire pour aller chercher son prix.
  • En 1983, le polonais Lech Walesa, cofondateur de Solidarnosc, est en résidence surveillée quand il est désigné prix Nobel de la paix.
  • Aung San Suu Kyi reçoit le prix Nobel de la paix en 1991, pour son combat non-violent pour la démocratie. La lauréate est maintenue par la junte birmane en résidence surveillée jusqu'en 2010.
  • En 2010,Li u Xiaobo dédit son prix aux victimes de la place Tienanmen. Sa chaise est vide et personne ne le représente, mis à part quelques dissidents en exil en Norvège.

09/12/2010

Disposer de son corps et de sa vie

Une campagne anti-avortement a récemment pu être menée par un professeur d’histoire-géographie dans un lycée de Manosque et a justement été dénoncée grâce à la vigilance des parents d’élèves, qui ont vu leur action aboutir à la suspension pour quatre mois de l’enseignant incriminé. Au-delà de cette information, la LDH des Alpes de Haute Provence s’inquiète des dérives rendues possibles dans les lycées à travers les programmes d'enseignement d'éducation civique, juridique et sociale.

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Ces programmes officialisés de façon laxiste dans l’annexe d’un arrêté du 27 juillet 2010 ont en effet permis à un enseignant de faire œuvre de prosélytisme anti IVG sous couvert de « parcours civique » et de « formation à la citoyenneté », en diffusant notamment un vidéo-montage de fœtus manipulés pour justifier un mensonge religieux. 

La LDH rappelle :

  • Que la décriminalisation de l’avortement est le résultat d’une longue lutte collective menée par le mouvement des femmes pour que leur soit reconnu le droit fondamental de disposer de leur corps et de leur vie.
  • Que depuis la loi Veil en 1975, le fait d’empêcher une interruption volontaire de grossesse est une infraction (instaurée par la loi Neiertz du 27 janvier 1993) appelée « délit d’entrave ».
  • Qu’il n’appartient pas à un enseignant dans l’exercice de ses fonctions de faire part à ses élèves de ses convictions personnelles, encore moins si celles-ci sont sous-tendues par des considérations religieuses à moins de porter atteinte au principe de laïcité.
  • Que le droit à l’avortement, en dehors de ses aspects constitutionnels et juridiques relève du droit à la santé et qu’à ce titre le corps médical est seul compétent pour informer des risques éventuels à pratiquer une interruption volontaire de grossesse.
  • Que l’Inspection des Affaires Sociales (IGAS) se doit d’intervenir elle-même et en toute neutralité dans ce qu’elle qualifie d’ « obligation légale » et qui impose à juste titre une information et une éducation à la sexualité dans les établissements relevant de l’Education Nationale.

Pour ce qui la concerne, la LDH des Alpes de Haute Provence, qui dispose d'un agrément du ministère de l'Education Nationale pour animer tout débat au sein des lycées, dans le respect de la laïcité et à la demande du corps enseignant, se tient prête à se porter partie civile pour que soient respectées les lois en vigueur, à relayer et organiser, en partenariat avec les associations et les professionnels concernés, toutes informations et réunions utiles sur ce sujet. Elle saisit le Président du Conseil Régional pour qu'il prenne acte de la situation et des faits. 

Communiqué original tel que transmis pour information

En outre, deux livrets pratiques sur le sujet peuvent être consultés ici. L'un concerne l'IVG, l'autre la sexualité.

Les faits relatés dans la presse locale.

08/12/2010

Procès pour l'Histoire

Un procès historique en France sur les crimes internationaux

Communiqué commun FIDH, CODEPU et LDH

Initialement prévu en mai 2008, le procès a été reporté une première fois. Il se tiendra finalement devant la Cour d’assises de Paris – la plus haute juridiction criminelle française – du 8 au 17 décembre 2010.

La FIDH, le CODEPU et la LDH, ainsi que l’Association des ex prisonniers politiques chiliens en France et l’Association France Amérique Latine se sont constituées parties civiles aux côtés des familles des quatre franco-chiliens dans un procès qui devrait permettre la première condamnation du système répressif de la la dictature de Pinochet (1973-1990).

Les crimes de disparition et de torture, commis à l’encontre des 4 victimes au cœur de ce procès, rendent en effet compte de l’échelle très hiérarchisée de commandement du régime et des évènements marquants de cette dictature : le bombardement du Palais présidentiel de la Moneda, où s’est suicidé Salvador Allende ; la répression systématique des opposants (notamment les militants du Mouvement de la gauche révolutionnaire – MIR - et les acteurs de la réforme agraire lancée par Allende) ; la torture pratiquée de manière massive et systématique dans les centres de torture, tels que Londres 38, Villa Grimaldi, ou la « Colonia Dignidad » ; et le Plan Condor visant l’élimination des opposants aux régimes dictatoriaux de la région.

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Parmi les 14 suspects qui seront jugés à Paris figure le général Manuel Contreras, ex-chef de la DINA (première police secrète du régime militaire chilien). Augusto Pinochet était également poursuivi dans cette affaire, mais il est décédé le 10 décembre 2006, quelques semaines avant l’ordonnance de mise en accusation de la juge d’instruction française Sophie Clément. Quatre autres suspects sont décédés avant l’ouverture de ce procès.

« Les audiences permettront aussi de faire entendre plusieurs témoins historiques. En dépit de la mort d’Augusto Pinochet, ce procès n’en sera pas moins celui, posthume, du dictateur, mais également le seul de l’ensemble du système de répression mis en place », ont déclaré Maîtres William Bourdon, Sophie Thonon, Claude Katz et Benjamin Sarfati, avocats des victimes et des parties civiles.

« La détention d’Augusto Pinochet à Londres en 1998 a permis de relancer les procédures en cours, initiées par les victimes de la dictature chilienne, au Chili comme à l’étranger. Ce procès, de par la nature imprescriptible des crimes concernés, dépasse les frontières et contribue à la lutte contre l’impunité au niveau mondial. On espère maintenant que la vérité qui sortira de ce procès sera entendue au Chili et permettra enfin d’affronter la réalité de ces crimes », ont déclaré Hiram Villagra et Federico Aguirre, avocats du CODEPU au Chili.

La FIDH et ses organisations membres au Chili et en France, la Corporación de Promoción y Defensa de los Derechos del Pueblo (CODEPU) et la Ligue des droits de l’Homme (LDH), se réjouissent de l’ouverture du procès de 14 anciens hauts responsables de la dictature de Pinochet, auteurs présumés de la disparition de quatre franco-chiliens : Georges Klein, Etienne Pesle, Alfonso Chanfreau et Jean-Yves Claudet.

Paris, Santiago, le 3 décembre 2010.

03/12/2010

« Retraits cantona »

Vouloir aujourd’hui remettre la réforme des retraites sur le tapis n’est pas réaliste. D’autant qu’en 2013, voire en 2012, il en sera à nouveau question. Par ailleurs, l’idée d’Eric Cantona consistant à vider son compte en banque, n’est plus ce moyen de pression qui, à l’ origine, visait à ce que le projet de réforme des retraites soit purement et simplement retiré. C’est devenu un moyen de «faire la révolution».

Pourquoi pas ? Mais même O. Besancenot qui fait pourtant semblant de la soutenir (l'idée), n’y croit plus vraiment puisque, prenant appui sur l'exemple de l'Argentine au début des années 2000, il justifie de sa tiédeur en déclarant : « les gens se sont précipités, les banques ont fermé, la police a frappé. Les banques sont toujours du côté du pouvoir ». (ou les pouvoirs du côté des banques)

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L’idée pourrait quand même faire son chemin à condition de l’adapter. Et pour y parvenir, de considérer par exemple :

  • Que le système capitaliste ne peut pas être démantelé du jour au lendemain surtout si l’on oublie au passage le contexte de la mondialisation et que le rejet, si rejet il y a, ne peut être qu’universel. Donc, au moins dans un premier temps, il semble préférable d'utiliser le principe du «retrait Cantona» à des fins géographiquement plus réduites.
  • Qu’à moyen terme, l’entreprise peut être difficile à vivre surtout si l’on n’a pas mesuré les conséquences matérielles d’un abandon radical de ses habitudes de consommateur ou de salarié. L'important étant de faire passer le citoyen avant le consommateur.
  • Que l’argent n’existe pas, sauf en tant que symbole. Mais qu’il est nécessaire à la survie des banques et que prendre en otage cet argent de façon conséquente, implique que ce soit surtout les classes moyennes, voire aisées, qui s’en chargent, le but étant, in fine, de rendre incontournables des négociations avec le pouvoir sur des objectifs précis et en relation avec l'intérêt général.
  • Que les syndicats, enfin et définitivement lavés du soupçon dit de l'UIMM (Union des Industries Métallurgiques), encore appelé «fluidification des relations sociales», pourraient alors et en effet orchestrer les «retraits cantona» pour négocier en position de force, avec une efficacité plus évidente que celle déployée à l’occasion des dernières manifestations contre les retraites. Pour un syndicat, se contenter de «gagner la bataille de l’opinion» n’est pas un objectif utile.
  • Que cette pratique du retrait bancaire, expérimentée ici et dès le 7 décembre à sans doute très petite échelle, pourrait l’être ailleurs et peser sur une véritable remise en cause d’un ultralibéralisme sans frontières et sans garde-fous.

Une façon comme une autre d’obliger les pouvoirs, les banques et les marchés à prendre la mesure des inégalités qu’ils savent si bien pouvoir creuser en toute impunité. L’idée sympathique des «retraits cantona» a le mérite d’affoler les tenants du système.   

Mise à jour du 8 décembre :

« Le problème n’est pas l’existence des banques, évidemment utiles et nécessaires au fonctionnement de nos sociétés modernes, mais le détournement de leurs fonctions pour servir l’avidité d’une poignée d’individus. »