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30/01/2011

Hommage à Abou El Kacem Chebbi

La révolution tunisienne couvait comme le feu sous la tourbe. Elle se répand et se propage aujourd’hui comme une trainée de poudre. Les peuples opprimés, de ce côté-là le la méditerranée se battent pour leur Liberté. Beaucoup disent que pour le pain, ils verront plus tard. C’est leur leçon et c’est en cela qu’elle est exemplaire. La liberté passe avant le consumérisme et c'est si vrai que les deux termes sont incompatibles.

Abou El Kacem Chebbi  (né le 24 février 1909 à Tozeur et mort le 9 octobre 1934 à Tunis), avait écrit «La volonté de vivre» à Tabarka le 16 septembre 1933. Il aura fallu attendre l’hiver 2010 pour que les masques et les chaines tombent comme il l’avait prédit. Leur cliquetis sonnent peut-être l’heure de la délivrance sur tout le pourtour de la méditerranée. C’est l’heure où la générosité du désespoir affronte à mains nues l’armure des intérêts géostratégiques et les politiciens tyrans et rapaces. Ici, en Europe, on ne peut que vibrer et trembler pour que cette « volonté de vivre » puisse enfin triompher sans que les religions, les partis et les opportunistes s’en approprient paternité et bénéfices.

Abou El Kacem Chebbi, Tunisie, la volonté de vivre

La Volonté de Vivre

« Lorsqu'un jour le peuple veut vivre,
Force est pour le Destin, de répondre,
Force est pour les ténèbres de se dissiper,
Force est pour les chaînes de se briser.
Avec fracas, le vent souffle dans les ravins,
au sommet des montagnes et sous les arbres disant :

"Lorsque je tends vers un but,
je me fais porter par l’espoir
et oublie toute prudence ;
Je n’évite pas les chemins escarpés
et n’appréhende pas la chute
dans un feu brûlant.
Qui n’aime pas gravir la montagne,
vivra éternellement au fond des vallées".

Je sens bouillonner dans mon cœur
Le sang de la jeunesse
Des vents nouveaux se lèvent en moi
Je me mets à écouter leur chant
A écouter le tonnerre qui gronde
La pluie qui tombe et la symphonie des vents.

Et lorsque je demande à la Terre :
"Mère, détestes-tu les hommes ?"
Elle me répond :
"Je bénis les ambitieux
et ceux qui aiment affronter les dangers.
Je maudis ceux qui ne s’adaptent pas
aux aléas du temps et se contentent de mener
une vie morne, comme les pierres.
Le monde est vivant.
Il aime la vie et méprise les morts,
aussi fameux qu’ils soient.
Le ciel ne garde pas, en son sein,
Les oiseaux morts
et les abeilles ne butinent pas
les fleurs fanées.
N’eût été ma tendresse maternelle,
les tombeaux n’auraient pas gardé leurs morts".

Par une nuit d’automne,
Lourde de chagrin et d’inquiétude,
Grisé par l’éclat des étoiles,
Je saoule la tristesse de mes chants,
Je demande à l’obscurité :
"La vie rend-elle à celui qu’elle fane
le printemps de son âge ? "
La nuit reste silencieuse.
Les nymphes de l’aube taisent leur chant.
Mais la forêt me répond d'une voix
aussi douce que les vibrations d'une corde :
" Vienne l'hiver, l'hiver de la brume,
l'hiver des neiges, l'hiver des pluies.
S'éteint l'enchantement,
Enchantement des branches
des fleurs, des fruits,
Enchantement du ciel serein et doux,
Enchantement exquis des prairies parfumées.
Les branches tombent avec leurs feuilles,
tombent aussi les fleurs de la belle saison.
Tout disparaît comme un rêve merveilleux
qui brille, un instant, dans une âme,
puis s'évanouit.
Mais restent les graines.
Elles conservent en elles le trésor
d'une belle vie disparue..."

La vie se fait
Et se défait
Puis recommence.
Le rêve des semences émerge de la nuit,
Enveloppé de la lueur obscure de l'aurore,
Elles demandent :
"Où est la brume matinale ?
Où est le soir magique ?
Où est le clair de lune ?
Où sont les rayons de la lune et la vie ?
Où est la vie à laquelle j'aspire ?
J'ai désiré la lumière au-dessus des branches.
J'ai désiré l'ombre sous les arbres"

Il dit aux semences :
"La vie vous est donnée.
Et vous vivrez éternellement
par la descendance qui vous survivra.
La lumière pourra vous bénir,
accueillez la fertilité de la vie.
Celui qui dans ses rêves adore la lumière,
la lumière le bénira là où il va."
En un moment pas plus long
qu'un battement d'ailes,
Leur désir s'accroît et triomphe.
Elles soulèvent la terre qui pèse sur elles
Et une belle végétation surgit pour contempler la beauté de la création.


La lumière est dans mon cœur et mon âme,
Pourquoi aurais-je peur de marcher dans l'obscurité ?
Je voudrais ne jamais être venu en ce monde
Et n'avoir jamais nagé parmi les étoiles.
Je voudrais que l'aube n'ait jamais embrassé mes rêves
Et que la lumière n'ait jamais caressé mes yeux.
Je voudrais n'avoir jamais cessé d'être ce que j'étais,
Une lumière libre répandue sur toute l'existence. »

Abou El Kacem Chebbi – Tiré de "Les chants de la vie"
Traduction de S.Masliah.

abou el kacem chebbi,tunisie,aux tyrans du monde

Abou El Kacem Chebbi a aussi écrit Ela Toghat Al Alaam qu’il faut traduire « Aux tyrans du monde », la Tunisie étant alors sous protectorat français. Ce poème a été mis en musique en 2002 pour dénoncer le conflit israélo-palestinien.

Alors non, décidemment, la Tunisie n’a pas de leçon à recevoir de ces faux humanistes qui nous gouvernent. Elle leur en donne.

21/01/2011

" Tunis est une fête "

Chronique de Bernard Guetta ce matin sur France Inter :

Excellente.

« Rien n’est plus beau, émouvant, bouleversant que la liberté, non pas la liberté dont on bénéficie et n’a même plus conscience mais celle qu’on vient de recouvrer, après 23 ans de dictature en l’occurrence. Tunis est une fête, inouïe, invraisemblable, un gigantesque forum permanent de la parole retrouvée dans lequel chacun interpelle l’autre – pince-moi, est-ce vrai ? – raconte son histoire, dit ses espoirs, quête l’approbation et parle, parle, parle à n’en plus finir.

Avenue Bourguiba, hier, le Bastille République de cette révolution, en plein centre ville, il y avait un gigantesque attroupement devant la vitrine d’une librairie. Les gens se poussaient du coude pour mieux voir. On ne pouvait pas approcher, que demander ce qui se passait et une dame m’a expliqué entre colère et joie : « la voix brisée d’émotion : « Ils exposent les livres interdits sous Ben Ali, ce voleur, cet assassin, ce cochon ». Les titres étaient en arabe d’un côté, en français de l’autre et tous parlaient de démocratie et de réforme de l’Islam et l’on regardait cela comme le plus précieux des biens, comme de l’eau dans le désert.

tunisie guetta.jpg

Soudain un brouhaha. La manif du jour vient d’enfoncer un barrage de police dans des hurlements d’allégresse où le mot de « dignité » revient sans cesse. La foule, classes moyennes et toutes générations confondues, marche vers la place Mohammed V, tourne à gauche et se dirige vers un immense immeuble de verre, le siège du RCD, le parti du président déchu. Au passage on envoie fleurs et baisers aux soldats juchés sur leurs chars. La Tunisie aime son armée qui n’a pas participé à la répression et mène la chasse aux miliciens de l’ancien régime qui jouent les casseurs dans l’absurde illusion que le désordre pourrait faire regretter Ben Ali. Les soldats sourient. Les policiers qui se sont laissé déborder sans réagir fument comme des pompiers et quêtent la fraternisation avec des manifestants qui les ignorent superbement et, devant le RCD, une négociation s’engage avec un colonel, parfaitement maître de lui.

Ou bien, disent les porte-parole des manifestants, vous faîtes enlever de la façade ces lettres d’or qui proclament Rassemblement constitutionnel démocrate ou bien nous forçons les grilles et ne répondons de rien ». Le colonel sort son portable, demande des consignes, raccroche et explique que non, qu’il faut de la patience, des étapes. Les rangs se serrent, la foule avance. Le face-à-face dure près de quatre heures et les militaires cèdent. Les lettres d’or tombent l’une après l’autre dans un bruyante chute saluée de cris de joie et lorsqu’une centaine de barbus se mettent ostensiblement en prières et la ponctuent d’Allah Akbar, Dieu est grand, personne ne se retourne, personne ne les voit même parce que la liberté est la liberté mais qu’ils n’intéressent rigoureusement personne.

Tunis est une fête, la plus belle des fêtes, mais l’opposition démocratique fait ses calculs. Si la saison touristique est perdue, si les entreprises étrangères paniquent, le chômage va exploser et, sous six mois, un an, la misère aura fait regretter la stabilité de la dictature et ouvert un boulevard aux islamistes. L’économie menace la liberté. D’immenses nuages pourraient bientôt assombrir cette allégresse. Alors pas d’hésitation pour vos vacances : c’est la Tunisie, solidarité oblige.»

Oui mais de préférence chez les tunisiens. C'est eux qui en ont le plus besoin. Pas les hôtels. 

19/01/2011

Bayrou, plus à gauche que DSK !?

Suite à la note précédente intitulée « Sans commentaires », ils arrivent, les commentaires, et semblent aboutir à la conclusion qu’en définitive F. Bayrou est plus à gauche que DSK. Un moindre mal, une absurdité, un comble ? Malgré les apparences, ça n'est pas si vide de sens et, de toute façon, c'est sans doute très symptomatique du "débat" qui s'installe dans les chaumières. Décevant.

décervelage.jpg

Tout, enfin presque, sera parti d’une annonce parue sur Facebook titrée "DSK préféré des Français, devancé par Aubry et Hollande chez les sympathisants PS" et d’une vidéo visible ici.

  • 1ère réaction : Baromètre Ipsos de l'action politique : « François Bayrou dans les plus fortes hausses du mois (+8 points, soit 43%) ».

(On aura bien sûr compris que l’indépendance des soutiens à F. Bayrou qui se manifestent et trépignent ici, a des limites et que les sondages n'ont pas "forcément" à être remis en question)

  • Interlocuteur 1 : « Etonnant : quasiment tout le monde progresse !? »
  • Interlocuteur 2 : « Élément de réflexion à ne pas oublier : voyez, écoutez et prenez en de la graine... vidéo
  • Interlocuteur 1 : « C'était en 2008 et dans son rôle au FMI ! Regardons le présent en sagesse et imaginons l'avenir avec audace. »
  • Interlocuteur 2 : « Que d'audace, que d'audace ! Le rôle du FMI serait donc de féliciter et d'encourager les dictatures pour leur rigueur budgétaire ?!! On peut soutenir ce point de vue sans rougir ? »
  • Interlocuteur 1 : « Monsieur,
    je vous invitais à tourner la page 2008 que vous aviez ouverte dans un autre contexte, et voila que vous insistez en allouant au patron du FMI des intentions inimaginables....
    Dommage »

  • Interlocuteur 2 : « Je ne demande pas mieux que de tourner la page de 2008 à condition que vous me donniez votre recette pour passer à la lecture d'un autre chapitre sans avoir terminé celui que vous semblez vouloir oublier.
    En l'occurrence comment appréciez-vous, par exemple, que les fiscalités nationales (européennes ?) puissent devoir s’aligner sur les désidératas des agences de notation, recommandations du FMI ou le simple froncement de sourcil des cotations boursières pendant que les inégalités fleurissent plus vite que le jasmin partout dans le monde ? Ce n’est qu’une question parmi d’autres et si vous avez un avis sur le sujet il serait "dommage" que vous vous absteniez de le faire connaître.

    Je suis un peu (moyennement) rassuré par le sondage et l'annonce sources de notre différent.
    Mais dites-moi, comment faites-vous pour marier avec autant de dextérité la sagesse et l'audace? N'est-ce pas là une position un tant soit peu schizophrénique ?»

  • Interlocuteur 1  : « … »
  • Interlocuteur 3  : « ll me semble effectivement que cette vidéo de DSK est sur interprétée. Moi aussi je suis prêt à dire (même aujourd'hui) que sa politique économique a été remarquable en beaucoup de points.
    Le fait que les lois n'étaient qu'un prétexte à corruption massive, ou que la Famille ait usurpé une bonne partie du PNB, en a beaucoup réduit le bénéfice pour les Tunisiens. L'économie a cependant plus progressé dans ce pays, pourtant pauvre en pétrole, que chez beaucoup de ses concurrents.
    Même le bilan d'une dictature est, presque toujours, entre gris clair et gris foncé. »
  • Interlocuteur 2 : « C'est tellement vrai que, sur un autre continent, on a pu se féliciter des bienfaits économiques obtenus par un Gal. Pinochet et que l'on pourrait en faire autant aujourd’hui avec la Chine ou la Corée.
    Mais à vouloir dissocier le PNB d'un pays avec l'éthique que ses dirigeants pourraient offrir à la population, on risque de devenir haïssable. Et ce n'est pas à faire en période électorale. La position du FMI, quelque soit son directeur est de ce point de vue, indéfendable. Fort heureusement les dirigeants du FMI ne sont élus qu'en vase clos. Confortable.

    Mais en fait, la question qui pointe en creux dans cet échange est ailleurs.
    Elle peut se poser de la façon suivante : comment se passer d'un ticket gagnant DSK + X contre un UMP dominateur ? A vous entendre, on pourra toujours voir pour l'éthique ce que l'on peut faire !!! Au besoin et à la limite, il sera toujours temps de faire preuve de compassion vis à vis des victimes ou de les admirer pour leur capacité à passer le simple cap de l'indignation. Et c’est ça « mettre de l’humain au cœur de l’économique » ?!!!


    Sur l'échiquier politique, si l'on part du principe qu'il faut rester "sage" en se donnant l’apparence de l’audace, ce qui a failli marcher en 2007 avec le Modem, on restera toujours dans la contrition et à la merci de n’importe quel prédateur, dictateur. Nous vivons cette expérience, sans doute à moindre échelle, mais elle ne semble pas suffire. Devenons donc un pays où toutes les «lois ne seront QUE prétexte à corruption massive". Il n'y a qu'à se laisser aller et au point où nous en sommes ...

    C’est à ça dont vous rêvez ?!!!


    Alors la vidéo "sur interprétée", je ne vois pas. Pas plus que je ne vois comment on peut s’en référer moralement au CNR ou à Marc Sangnier tout en tressant des lauriers au duo DSK – Kessler, admirable sur la question des retraites ou sur d'autres questions touchant  à la politique étrangère : le soutien inconditionnel apporté à Netanyahou,
    par exemple.

    Il faut décidément remettre au gout du jour la parole de Simone Weill, sans faire d'erreur sur la personne. »
  • Interlocuteur 3 : "Devenons donc un pays où toutes les «lois ne seront QUE prétexte à corruption massive". Il n'y a qu'à se laisser aller et au point où nous en sommes... C’est à ça que vous rêvez ?!!!"
    Mmm… j'ai bien l'impression que là aussi, vous sur interprétez ;-) »
  • Interlocuteur 2 : "Reprenons... Le message à l'origine était le suivant :
    "Baromètre Ipsos de l'action politique : François Bayrou dans les plus fortes hausses du mois (+8 points, soit 43%)." Sur interprétation ? :-)
    Peut-on en déduire que F. Bayrou est plus à gauche que DSK ?"
     

La question peut paraître incongrue, mais après tout, c’est bien possible. Ce qui expliquerait d’ailleurs qu'en 2007 Bayrou a parait-il failli voter pour la madone du Poitou et qu’il pourrait bien, comme elle, pressentir un jour le directeur du FMI comme futur premier ministre, puisque visiblement, il n'est pas de ..... de... de... ? De gauche !

 

A moins de ne pas être très observateur.

17/01/2011

Sans commentaire, évidemment.

En 2008, déjà, la Tunisie était un modèle pour le FMI !!!
Si, si, en 2008.

Sans commentaire, évidemment.

Pour l'instant.

15/01/2011

Hessel face aux icônes de la France moisie

" L’arête Hessel ne passe pas. Ils s’en étranglent, ils en bavent, ils piaillent sur tous les plateaux leur indignation du succès d’Indignez-vous. Trop, à vrai dire, pour que ce vertueux concert d’indignation n’ait pas été orchestré.
Ils et elle : Eric Zemmour, Luc Ferry, Ivan Rioufol, Claude Askolovitch, les causeurs (1) Elisabeth Lévy et Luc Rosenzweig, Philippe Bilger… Un éventail assez disparate, qu’unit (à l’exception d’Askolovitch) un tropisme très à droite. Droite vieille France et revendiquée réactionnaire chez Rioufol, Bilger, Ferry, lou ravis de l’ordre ; droite néocon et pro-israélienne jusqu’au fanatisme chez Rosenzweig ou Lévy, les deux n’étant pas incompatibles, comme le montre Zemmour.

Qu’y a-t-il donc dans ce petit opuscule pour susciter leurs glapissements indignés ? Rien de révolutionnaire, ont justement pointé quelques lecteurs. Stéphane Hessel n’est pas Julien Coupat (qui n’avait d’ailleurs pas provoqué chez eux les mêmes cris d’orfraie).  Une critique de l’État d’Israël très largement partagée ; une indignation devant les coups de canifs sarkozyens à la République, la séparation des pouvoirs et les libertés publiques ; devant les inégalités croissantes, la pauvreté galopante et les ravages du néolibéralisme.
Bref, quelques indignations non exhaustives qui pourraient être le socle commun de ce que la gauche – ou, plus largement, la pensée humaniste – refuse.

Mais, là, j’ai dit un gros mot. Précisément, Hessel incarne une pensée de gauche, ou plutôt, a minima, un socle de valeurs qui devraient être communes à ses militants, voire ses électeurs, tous partis confondus. Et il fait consensus, là où les interminables feuilletons du combat des chefs du PS, d’EELV (2) ou du Front de gauche lassent ceux qui partagent ses indignations. Le tort de ce petit livre, auquel on ne saurait d’ailleurs réduire le parcours ni la pensée de Hessel, c’est de démontrer par l’indignation que le respect humain qu’il défend est incompatible avec les politiques de la droite actuelle : dérégulation financière, privilèges des riches, détricotage républicain, traitement inhumain des étrangers. Incompatible, enfin, avec le règne du capitalisme financier et les dogmes de ses représentants (y compris au FMI !), ce qui décoiffe Askolovitch et autres sociaux (?) - libéraux.

Or, celui qui démonte la réalité d’une politique de droite, et les raisons de s’en indigner n’est pas un obscur gauchiste ou le porte-parole d’un parti, mais un Juste, un homme au parcours incontestable et remarquable. Qui de plus a l’outrecuidance de pulvériser des records de vente!

Et vous voudriez que la droite lui pardonne sans appeler ses chiens de garde au secours pour un concert de jappements ?

L’ennui, c’est que pour mener la contre offensive, il faut un peu de talent. Face à un humaniste mesuré, ce n’est pas faire montre d’une grande intelligence stratégique que de dérouler le tapis rouge à des aboyeurs plus hystériques et excessifs les uns que les autres, de Luc Rosenzweig à Elisabeth Lévy – la Nadine Morano du journalisme, pour laquelle le mot « hystérie » semble avoir été inventé.

Pr_Charcot_DSC09405.jpg
Extrait d'une peinture d'André Brouillet montrant Blanche Wittmann
en pleine crise d'hystérie avec Jean-Martin Charcot à gauche

Il aurait fallu trouver d’autres arguments que leur sempiternel ricanement « le camp du bien ! » (Eh oui, difficile de caser Hessel dans l’axe du mal !) ou la défense pathétique, chez Bilger ou Ferry, d’un ordre établi qui ne génère que pauvreté, privation de libertés et injustice.
Se permettre de répondre à Hessel exige une autre hauteur de vues pour que la bassesse d’attaques sur l’âge du capitaine, le négationnisme sur son passé, et la vulgarité généralisée de leurs crachats.

Philippe Sollers (qui croit aujourd’hui judicieux de se joindre à ce concert) théorisait, voici quelques années, sur « La France moisie » (eut égard, notamment à la montée du Front national).
Rien n’incarne mieux cette France moisie, ne lui déplaise, que ces sarcasmes venimeux contre Hessel. À vrai dire, on ne saurait s’en étonner : voir une Elisabeth Lévy ou un Zemmour l’encenser, c’aurait été inquiétant. À ceux qui auraient encore des doutes sur ces pseudos briseurs de tabous qui ont   leur rond de serviette sur tous les médias dominants, il dévoile leurs vrais visages et ce qui les anime : une haine pure de tout ce qui est à gauche d’eux.

Une raison de plus d’être reconnaissants à Hessel de les avoir fait sortir du bois pour ce qu’ils sont : des idiots utiles du sarkozysme, voire du Front national, dont les jérémiades sur la « pensée unique » et le « politiquement correct » cache une vraie servilité à l’égard des dominants.

Qu’il continue, surtout. Les chiens aboient et la caravane passe…"

Liens :

 

(1) Animateurs du site causeur.fr, qui, de salon de thé où l’on cause, vire de plus en plus à un ersatz de tea party.

(2) Europe Ecologie Les Verts

D. ADAM
le 9 novembre 2011

 

DERNIÈRE MINUTE :

LE CRIF REVENDIQUE LA CENSURE DE STEPHANE HESSEL ET L’ATTEINTE A LA LIBERTE D’EXPRESSION A NORMALE SUP.

Communiqué publié sur Mediapart le 14 janvier à 00h55.

«Nous apprenons avec stupeur la décision de Mme Canto-Sperber, la directrice de l’Ecole Normale Supérieure, de retirer la réservation de la salle accordée pour la tenue d’une rencontre exceptionnelle avec Stéphane Hessel mardi 18 janvier. Cette conférence s’inscrivait dans la lignée de l’appel qui a reçu les signatures prestigieuses de personnalités politiques et intellectuelles de sensibilités très diverses, et de plus de 10000 citoyens. Voir et signer l’appel.

Le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) revendique cette victoire de la censure, et remercie ses amis : Valérie Pécresse (ministre de l’enseignement supérieur), Bernard-Henry Lévy, Alain Finkielkraut, Claude Cohen-Tanoudji, Arielle Schwab. Tous, selon lui, seraient intervenus activement pour bâillonner Stéphane Hessel et ses prestigieux soutiens.

Mobilisées pour les droits démocratiques et contre les menaces visant Stéphane Hessel et les prévenus de la campagne BDS, de nombreuses personnalités devaient effectivement s’exprimer à la tribune ou par des messages :

  • Benoist Hurel (secrétaire général adjoint du Syndicat de la Magistrature)
  • Leila Shahid (ambassadrice de la Palestine auprès de l’Union Européenne)
  • Haneen Zoabi (députée au parlement israélien)
  • Michel Warschawski (Israélien, fondateur du Centre d’Information Alternative, AIC)
  • Nurit Peled (mère israélienne d’une victime d’attentat, fondatrice du cercle des familles endeuillées, Prix Sakharov pour la paix du parlement européen)
  • Elisabeth Guigou (députée, ancienne Ministre de la Justice et Garde des Sceaux)
  • Daniel Garrigue (député, porte parole de République Solidaire)
  • Gisèle Halimi … et bien d’autres…

300 personnes étaient déjà inscrites pour cette conférence, exclusivement annoncée sur Mediapart. La direction de l’ENS a déjà reçu de nombreux mails de protestation, auxquels elle répond par le déni…

Le comportement indigne de la directrice d’un des hauts lieux de l’intelligence française et de celles et ceux qui ont fait pression sur elle pose de nombreuses questions auxquelles nous répondrons, avec nos invités et amis, lors du rassemblement auquel appellent les organisations ayant soutenu cette conférence.

Rendez-vous mardi 18 janvier à 18h30 pour un grand rassemblement contre la censure et pour le respect des libertés démocratiques.
Place du Panthéon, devant l'édifice où sont inhumés les grands hommes de la république, dont notamment Rousseau et Voltaire.

Nul n’a le droit d’interdire aux citoyens de ce pays de dénoncer l’impunité des violations israéliennes du droit international et la collusion de notre gouvernement avec la droite extrême au pouvoir en Israël ! »

Organisations signataires : AFPS (Association France Palestine Solidarité), CCIPPP (Campagne Civile pour la Protection du Peuple Palestinien), CJPP5 (Comité Paix Juste Palestine 5ème), Génération Palestine, GUPS (Union Générale des Etudiants de Palestine, UJFP (Union Juive Française pour la Paix).

14/01/2011

Soutien à la Tunisie

De nombreux appels ont été lancés pour qu’une alternance démocratique soit mise en place en Tunisie. Comment ne pas s’y associer ? Celui qui suit, signé Prochoix, est l’un des plus clair et concis.

Pendant ce temps, on aura noté l’extrême mauvaise foi de nos tours opérateurs gouvernementaux qui, soit se taisent et refusent de prendre position pour ne pas compromettre leur prochaines vacances chez leur ami Ben Ali, soit s’expriment de façon éhontée (1), soient continuent d’affirmer sans rougir que l’alternance n’est pas possible puisqu’il n’y aurait dans et pour ce pays aucune opposition capable de réagir.

Il n’y aurait pourtant qu’à permettre le retour en Tunisie de tous les exilés du général-président, ce qui serait en ces temps de « rilance », beaucoup plus rentable pour le budget de l’Etat sarkozien que d’exporter un savoir faire policier sur les plages d’Hammamet, Djerba ou les sables de Douz.
Les opposants au régime sont aujourd’hui en mesure de tenir les toutes dernières promesses piteuses et désespérées du dictateur encore en place et c’est eux, "les acteurs de la société civile tunisienne" , qu’il faut aider.

ALLIOT-MARIE propose d'aider la Tunisie dans la répression

Appel pour la solidarité avec le peuple tunisien, et pour une transition civile et démocratique

Au moment où des dizaines de jeunes tunisiens sont tués par la police, et des centaines gravement blessés, à la suite de plusieurs semaines de protestation pacifique, le gouvernement français – tout en poursuivant son soutien au régime dictatorial de Ben Ali et au pillage systématique du pays par sa famille – n'hésite pas, par la voix du ministre des affaires étrangère, à proposer le “savoir-faire” de la police française pour coopérer à la répression. C'est le déshonneur du gouvernement français. Nous demandons aux consciences en France et en Europe de sortir de leur silence pour refuser la complicité de leurs représentants avec des gouvernements qui font tirer sur des manifestants désarmés, et pour exprimer leur solidarité avec le peuple tunisien qui se soulève pour la liberté et pour la dignité.

Nous appelons les acteurs de la société civile tunisienne, qui disposent des intelligences et des forces politiques nécessaires – contrairement à ce que prétendent les ennemis de l'émancipation démocratique des peuples du Sud –, à s'unir pour offrir, très vite, la possibilité d'une transition démocratique, afin de ne pas donner prise au discours sur l'alternative entre “la répression ou le chaos”. C'est le moment de la responsabilité pour chacun et pour tous. © www.prochoix.org

04/01/2011

L’indignation ne suffira pas

 Le temps semble être arrivé où s’indigner peut paraître très insuffisant, où les vœux pieux et autres coups de gueule, aussi spectaculaires ou apaisants soient-ils, finissent par être médusants voire démoralisants.

Depuis 2007, aucune «compensation» n’a été enregistrée par l’immense majorité des «sans » : sans abri, sans papiers, sans soins, sans représentation donc sans voix, sans ressources suffisantes, sans emploi, sans sécurité, sans espoir de toutes sortes… Pour «compenser», on pourra toujours essayer de regonfler ses batteries à la lecture d’«Indignez-vous», le bestseller de Stéphane Hessel. Son succès n’est pas usurpé. Il s’agit même d’une nécessaire et salutaire prise de conscience des innombrables iniquités du siècle. L’opus de Stéphane Hessel est indispensable à qui ne se serait aperçu de rien et hésiterait encore à résister. Au moins pour cette raison, l’ancien ambassadeur de l’ONU mérite qu’on lui tire notre chapeau et qu’on lui témoigne tout notre respect.

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On pourra aussi être à l’écoute des fureurs de l'ami Fracasse - Mélenchon. Ce qu’il constate et dénonce est le plus souvent bien réel. Il n’invente rien. Sauf que depuis son pupitre de député européen, il lui faut ruser très fort pour attirer l’attention sur le ou les partis qu’il représente et que les solutions qu’il propose ne sont pas forcément très pragmatiques.

Hors le cas du leader du Front de Gauche, les références susceptibles de réveiller les consciences de chacun ne manquent pas et c’est toujours ça de pris sur le risque de naïveté et de soumission qui plane. Mais pour aller dans le sens de l’intérêt général, ce n’est sans doute pas suffisant. D’autant qu’il faut pouvoir aujourd’hui réfléchir à de véritables solutions dans un contexte mondialisé où l’ultralibéralisme a fait son nid et étendu ses ressorts complexes. Dans ce sens, le «Manifeste d'Economistes Atterrés» est une tentative positive qui va au-delà de la seule protestation.

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Il faut aussi et par ailleurs se rappeler que dans les premières décennies du XXème siècle, Simone Weil avait noté dans sa «Note sur la suppression des partis politiques» que la volonté générale, expression de l’intérêt général, supposait «qu’il n’y ait dans le peuple aucune passion collective et que celui-ci ait à exprimer son vouloir à l’égard des problèmes de la vie publique et non pas à faire seulement un choix de personnes (…)».

Et plus loin :

«(…) On en est arrivé à ne presque plus penser, dans aucun domaine, qu’en prenant position «pour» ou «contre» une opinion. Ensuite on cherche des arguments, selon le cas, soit pour, soi contre, c’est exactement la transposition de l’adhésion à un parti.
(…) D’autres ayant pris position pour une opinion, ne consentent à examiner rien qui lui soit contraire. C’est la transposition de l’esprit totalitaire(…)».

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 Nous venons d’entrer en période électorale et une majorité d’électeurs, dont nous sommes, sont d’accord pour mettre un terme à ce que dénoncent justement S. Hessel ou JL. Mélenchon (*). Pour s’en donner les moyens, il faudra donc bien en passer par l’élection d’untel ou d’unetelle, soutenu(e) par tel ou tel parti ayant une chance réelle, une vraie chance de second tour, de réaliser l’alternance. Mais il faudra oublier d’être naïf et résister aux matraquages partisans assénés par les médias au nom de stratégies par anticipation, biaisées et très égocentrées : le prix à payer pour réparer la grossière erreur de 2007 et peut-être enfin, une «compensation» qui pourrait être, avec un peu de chance, autre chose qu’un choix entre la peste et le choléra.

 

(*) Pour en savoir plus sur quelques candidats, leur capacité à faire don de leur personne ou, plus simplement, leur détermination à faire un choix cornélien («le moment venu») :