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26/10/2011

Le syndrome des habits de l'empereur

Le 5 mai 2010, Florence Palpacuer, membre du conseil scientifique d’ATTAC rédigeait un article intitulé «Débats autour de la Grèce : le roi est nu !».
Cette réflexion est malheureusement toujours d’actualité.

Pour la résumer, il s’agit de dénoncer, pour y mettre fin, la pratique de systèmes mafieux dans lesquels prêteurs et emprunteurs, avec l’aval de gouvernements sciemment laxistes, impuissants ou pris en otages, s’entendent pour réaliser des profits démesurés, justement qualifiés d’«odieux».

Pour l’instant, mis à part les mouvements d’indignés de type «Wall Street», à ne pas confondre avec ceux des «printemps arabes» qui manifestent contre des dictatures «classiques» et ont à surmonter le risque de l'intégrisme religieux, l’horizon économique est loin d’être dégagé.
Pourtant certaines initiatives commencent à percer qui pourraient à terme s'avérer positives.
Par exemple : près d’une trentaine d’associations et d’ONG européennes viennent de participer à la création de Finance Watch.
Il s'agit d'une instance indépendante qui veut jouer le rôle de «contre-pouvoir face à l’activité bancaire» et qui se donne trois missions : Expertise ; Lobbying auprès de la Commission et du Parlement européen pour contrer le travail d’influence permanent des banques ; Communication auprès du public pour l’informer des transactions bancaires au niveau européen et ouvrir un débat citoyen et transparent avec les élus et leurs électeurs.

« Débats autour de la Grèce : le roi est nu ! », florence palpacuer

Pour en revenir au contenu de la note rédigée par Florence Palpacuer à propos de la Grèce, on peut rajouter ou souligner, que toutes les simagrées actuelles mises en scène à Cannes, Deauville ou Bruxelles, ne suffiront jamais à rétablir la situation économique des pays frauduleusement endettés.

Ce qui est très souvent et soigneusement oublié lorsque l’on parle de dette souveraine : ce ne sont ni les «recapitalisations», ni les abandons de créances qui rétabliront l’équilibre budgétaire de la Grèce ou de tout autre pays trop endetté. Tant que la question de l’évasion fiscale, de ses paradis artificiels ou des infrastructures nécessaires au bon fonctionnement d’un Etat – comme par exemple un cadastre mis à jour ou des services publics et fiscaux au service de l’intérêt général - ne sont pas sérieusement remis à l'endroit, aucun sommet, aucun G20, ne répondra à l’attente de 99% des citoyens qui n'ont rien fait pour être aussi mal traités.
C’est ce que confirme Constantinos Bacouris, responsable grec de Transparency International, lorsqu’il déclare : «Nous pensons que la corruption est l'une des principales causes de la crise en Grèce. Elle a largement favorisé l’évasion fiscale (…). En tout, l’État perd entre 18 et 20 milliards d’euros par an à cause de l’évasion fiscale.»

Mais personne ou presque ne souhaitant reconnaître cette réalité, il semble bien que l'on soit en présence du «Syndrome des habits de l'empereur», qui recouvre de façon illusoire la nudité et le désarroi du roi auquel il est fait allusion dans le titre de l’article rédigé par Florence Palpacuer : «Débats autour de la Grèce : le roi est nu !»

Nous aurons sans doute l’occasion d’en reparler avec elle et Eric Toussaint qui, à l’initiative de la Ligue des Droits de l’Homme, seront présents à Manosque le 29 octobre pour une conférence –débat autour de la question :

«Une économie solidaire au service des nécessités écologiques et sociales est-elle possible ?»

23/10/2011

“Les mesures d'austérité sont une supercherie”

Eric TOUSSAINT sera l'invité de la délégation régionale PACA et de la Fédération 04 de la Ligue des Droits de l’Homme le 29 octobre prochain à Manosque (Hôtel Best Western Le Sud), et ce à la veille du G20 de Cannes.
Question centrale de cette conférence suivie d’un débat :

« Une économie solidaire
au service des nécessités écologiques et sociales est-elle possible ? »


En attendant, Eric Toussaint a été interviewé par Olivier le Bussy pour le journal La Libre Belgique :


Pour le politologue Eric Toussaint, les actuelles politiques conduites en Europe pour éponger les dettes publiques servent d’abord les intérêts des créanciers privés. Et bafouent les droits sociaux et économiques des citoyens.

Docteur en sciences politiques des Université de Liège et de Paris VIII, membre du conseil scientifique d’Attac France et président de la branche belge du Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde (CADTM), Eric Toussaint a coécrit et codirigé (avec le Français Damien Millet) un ouvrage intitulé “La dette ou la vie”. A l’aune de l’expérience de la problématique de la dette des pays du Sud, les auteurs livrent une analyse critique de politiques mises en œuvre au Nord, notamment dans la zone euro.

"
Selon vous, telle qu'elle a été conçue, la zone euro était condamnée à connaître une telle crise…

Le drachme, la peseta, l’escudo ont été surévalués par rapport aux autres monnaies, et notamment au deutsche mark, lors de la conversion en euro. Ce qui a donné un avantage compétitif aux pays comme l’Allemagne, les Pays-Bas, la France, la Belgique,… par rapport aux pays de la périphérie. De plus, il n’y a pas de mécanismes de compensations importantes pour réduire les asymétries entre les économies européennes. Enfin, les banques nationales des pays de l’UE et la Banque centrale européenne (BCE) ne peuvent pas accorder de crédits directement aux Etats (comme peut le faire la Réserve fédérale aux Etats-Unis, NdlR), ce qui laisse ce monopole aux banques privées.

On en est arrivé à une situation où la BCE a prêté à un taux de 1 %, jusqu’avril 2011, aux banques privées. Qui, elles, prêtaient à la Grèce, au Portugal et à l’Irlande à du 4 ou 5 % pour des obligations à six mois ou à un an. Ce fonctionnement a abouti à des dérives terribles. La BCE prête à court terme à des institutions privées, qui à leur tour prêtent à long terme sur le marché obligataire et se retrouvent confrontées, tôt ou tard, à des problèmes de liquidités. Ce qui amène, par exemple, à un deuxième sauvetage de Dexia par les Etats belges et français.

Vous estimez que la Grèce serait en droit de remettre en cause le remboursement d’une partie de sa dette souveraine...

En commençant à rebours, on pourrait dire que les prêts de la troïka (Commission européenne, BCE, Fonds monétaire international) à la Grèce sont des prêts odieux parce que ces institutions, avec derrière elles les gouvernements allemand et français, profitent d’une situation de détresse de la Grèce –qui depuis mai 2010 n’a plus accès à des emprunts dépassant un an –pour prêter à Athènes à du 5,5%. En contrepartie, ils exigent de la Grèce qu’elle mette en œuvre une batterie de mesures d’austérité. Mesures qui dans certains cas sont des violation des droits économiques et sociaux reconnus par l’Organisation international e du travail, par exemple. Et, de plus, ces mesures ont un effet contraire à l’objectif officiel recherché, c’est-à-dire une amélioration de la situation économique rendant soutenable le paiement de la dette. Or, on constate que cela crée une récession qui réduit les recettes fiscales et conduit à de nouvelles mesures d’austérité. Lesquelles ne permettront de toute façon pas à la Grèce de dégager dans son budget des marges suffisantes pour rembourser des montants grevés de taux d’intérêts trop élevés.

Avant cela, on a eu toute une série d’institutions financières françaises, allemandes, belges, qui au début de la crise financière se finançaient à des taux de 0,25% auprès de la Fed ou de 1% auprès la BCE puis qui prêtaient très massivement à la Grèce ­- on constate une augmentation de 80 à 120 milliards d'emprunts, soit 50% en pleine période de crise. Là, il y a des marques d’illégitimités parce que les fonds qui étaient prêtés aux banques ne devaient pas servir à cela mais à éviter un credit crunch, que ces banques n’ont pas respecté les règle de prudence en matière de solvabilité des emprunteurs et pire les ont encouragés à se surendetter.

Et si on retourne encore plus loin, on rappellera que les JO devait coûter à la Grèce 1,4 milliard et en ont coûté près de 20. Or, il y a des entreprises étrangères, comme Siemens –qui font l’objet de poursuites judiciaires –qui ont versé des pots-de-vin énormes aux autorités politiques de l'époque. Enfin, il y a les dépenses militaires énormes de la Grèce, qui représentent 4% du PIB. Les Américains, les Allemands et les Français sont les principaux fournisseurs militaires, et dans un premier temps, on a seulement demandé à la Grèce de couper dans les dépenses sociales, parce qu’il fallait qu’elle honore les commandes militaires à Berlin et à Paris. C'était tellement scandaleux que les choses sont en train de changer.

austérité,eric toussaint, supercherie

Les actuelles politiques d’austérité sont justifiées par la nécessité de préserver notre modèle social. Ce que vous contestez…

Ceux qui sont privilégiés, ce sont les créanciers privés qui sont partie du problème. Le second objectif c’est de pousser plus loin l’offensive néolibérale lancée il y a 30 ans par (le président américain Ronald) Reagan et (le Premier ministre britannique Margaret) Thatcher. On assiste à un détricotage de ce qui caractérisait les “30 glorieuses” qui ont suivi la Seconde guerre mondiale: augmentation des salaires, du bien-être, quasi-plein-emploi… De 1980 à 2010, on a détricoté le pacte social, caractérisé par des politiques keynésiennes, qui ont été remplacées par le néolibéralisme qui le remet en cause et déréglemente la législation bancaire et financière, avec les dérives que l’on connaît. C’est une supercherie de dire que ces mesures visent à consolider le modèle social européen.

En faisant appel au FMI, les Européens ont introduit le loup dans la bergerie, peut-on lire dans votre ouvrage...

Le FMI, c’est quelque part une sorte d’alibi pour les dirigeants européens, qui leur permet de justifier les politiques d'austérité en disant “Vous voyez, il n'y a pas que nous. Une institution internationale, basée à Washington, neutre le dit aussi”. Mais pendant 30 ans, le FMI a dicté les politiques qui sont aujourd’hui à l’œuvre chez nous en Amérique latine, en Afrique et en Asie, avec des résultats tout à fait négatifs. Si l’Amérique latine va mieux depuis une dizaine d’années, c’est parce qu’après 20 ans, les électeurs ont dit : “On n'en veut plus”. Les gouvernements ont remboursé anticipativement le FMI et on rompu avec les recettes qu’ils nous appliquent. Les économistes et les dirigeants latino-américains ne cachent pas leur étonnement de nous voir appliquer des formules qui ont échoué ailleurs.

Parce qu’il est le premier poste budgétaire de nombreux Etats, le remboursement de la dette peut aller à l’encontre des droits humains, écrivez-vous…

Je suggère que la part qui va au service de la dette publique dans le budget ne dépasse pas 5 % des recettes. On pourrait mettre une autre règle d’or : les dépenses qui vont à la garantie de droits économiques et sociaux, donc de droits humains, ne peuvent pas être comprimées. On dit: priorité aux créanciers, dont le comportement est délictueux dans une série de cas. Pour correspondre à l’esprit de la charte des Nations unies de 1948, il faudrait inverser les valeurs: les Etats ont une dette sociale à l’égard de leurs citoyens. Ce sont eux qui ont donné un mandat aux dirigeants politiques. Pas les banques, ni les fonds de pension, ni les marchés financiers.

Le politique a perdu la main?

C’est très inquiétant. Dans cette crise, on marginalise le choix des électeurs. En Irlande, où le nouveau gouvernement doit appliquer le plan négocié par le précédent, d'une autre couleur politique. Mais aussi en Grèce où à l’origine, le Pasok (socialiste, au pouvoir) voulait rompre avec la politique de la Nouvelle Démocratie (droite). Le pouvoir législatif est mis entre parenthèses. Le Parlement portugais provoque en mars la démission du gouvernement de José Socrates mais cet exécutif démissionnaire conclut quand même un accord avec la troïka sur un plan d’austérité dont le Parlement ne voulait pas. On pourrait aussi parler de la Belgique qui rachète Dexia pour 4 milliards. Les actionnaires sont satisfaits, mais on n’a pas demandé l’avis des parlementaires ni des citoyens belges.

Vous proposez des alternatives, mais on peut douter qu’elles trouvent un écho chez les actuels dirigeants politiques…

Le changement viendra de la prise de consciences des citoyens qui demanderont une rupture radicale avec le système. Le signal que ça commence ce sont les centaines de milliers d’Indignés espagnols, dont le mouvement a essaimé en Grèce, au Portugal, en Italie et à Bruxelles. plus enclins à se dire que ça ne marche pas et qu’il faut un changement, ce sont les jeunes européens. C’est important que les autres générations rompent aussi avec la résignation. Comme l'on fait les citoyens islandais en refusant de payer pour la faillite de la banque Icesave (et que leur gouvernement rembourse le Royaume-Uni et les Pays-Bas, qui avaient garanti les dépôts de leurs ressortissants chez Icesave, NdlR)

Ça a pris 20 ans aux citoyens d’Amérique latine de pousser à une rupture, j’espère que ce sera moins long pour les Européens.

"

En Savoir Plus : "La dette ou la vie", sous la direction de Damien Millet et Eric Toussaint, éditions Aden et CADTM, 384 pp., 

17/10/2011

Le crime d’Etat du 17 octobre 1961

Communiqué de la LDH :

Reconnaître le crime d’Etat du 17 octobre 1961 et permettre l’accès aux archives

"La Ligue des droits de l’Homme demande que, par la voix des plus hautes autorités de la République, soit reconnu dans le crime d’Etat qu’a constitué la violente répression d’une manifestation désarmée d’Algériens à Paris le 17 octobre 1961. Cet épisode est emblématique des atteintes aux droits de l’Homme commises tout au long de la période coloniale, notamment pendant la guerre d’Algérie, durant laquelle la France s’est trop souvent éloignée des valeurs qu’elle avait pourtant proclamées."

 

rafle du 17 octobre 1961,papon,soumission à l'autorité

A ceux qui ont exécuté un ordre abjecte :
"La soumission à l'autorité est un principe explicatif beaucoup plus puissant que la méchanceté, l'égoïsme ou la barbarie. Ce sont généralement des "gens normaux" qui sont les exécuteurs des massacres ; et les gens normaux ne sont pas méchants : ils obéissent."

Mais rien ne saurait les exonérer de toute responsabilité ni justifier la soumission à laquelle ils se sont abandonnés.

"Pour que soit faite, cinquante ans après, la lumière sur ce drame, elle demande que soit assurée la liberté d’accès aux archives concernant cet événement, en particulier celles :

- du conseil interministériel convoqué le 5 octobre 1961 par le Premier ministre, à la suite duquel un couvre-feu discriminatoire et inconstitutionnel a été mis en place dans le département de la Seine par le préfet de police Maurice Papon ;

- des conseils des ministres de cette période, en particulier par les notes prises par le secrétaire général de la présidence de la République, M. Geoffroy de Courcel.

- du ministère de l’Intérieur, de la préfecture de police, du Premier ministre et du Ministère des Affaires étrangères relatives aux négociations d’Evian.

Attachée à la connaissance par les citoyens de l’histoire contemporaine de la France, la Ligue des droits de l'Homme pense que c’est à ce prix que, cinquante ans plus tard, cet épisode de notre histoire pourra être mieux connu.

Plus généralement, elle demande que les archives de l’Etat soient soumises à des règles communes en matière d’archives conformes au fonctionnement des Etats démocratiques. Ce qui implique que soient versées aux Archives nationales celles de la préfecture de police de Paris, des ministères de la Défense et des Affaires étrangères, quitte à ce que leurs fonds relèvent de dispositions particulières précises et justifiées. Et que les archives des anciens ministres, Premiers ministres et présidents de la République relatives à leur fonction ne soient pas privatisées par les intéressés mais versées dans leur ensemble aux Archives nationales.

Elle réclame également que la notion d’archives « incommunicables » telle qu'elle apparaît dans la loi de 2008 soit effacée par une nouvelle loi."

15/10/2011

Nabucco

Grand moment patriotique, musical, émotionnel, que cette représentation de "Nabucco" transmis par Colette Chauvin et Marcel Pirris.

(Allez jusqu'au bout du texte ci-dessous, si vous ne comprenez pas l'Italien, puis plongez au cœur de la vidéo. C'est magnifique !!!)

Le 12 mars dernier, Silvio Berlusconi a dû faire face à la réalité. L’Italie fêtait le 150 ème anniversaire de sa création et à cette occasion fut donnée, à l’opéra de Rome, une représentation de l’opéra le plus symbolique de cette unification : Nabucco de Giuseppe Verdi, dirigé par Riccardo Muti.

Nabucco de Verdi est une œuvre autant musicale que politique : elle évoque l'épisode de l'esclavage des juifs à Babylone, et le fameux chant « Va pensiero » est celui du Chœur des esclaves opprimés. En Italie, ce chant est le symbole de la quête de liberté du peuple, qui dans les années 1840 - époque où l'opéra fut écrit - était opprimé par l'empire des Habsbourg, et qui se battit jusqu'à la création de l’Italie unifiée.

Avant la représentation, Gianni Alemanno, le maire de Rome, est monté sur scène pour prononcer un discours dénonçant les coupes dans le budget de la culture du gouvernement. Et ce, alors qu’Alemanno est un membre du parti au pouvoir et un ancien ministre de Berlusconi.

Cette intervention politique, dans un moment culturel des plus symboliques pour l’Italie, allait produire un effet inattendu, d’autant plus que Sylvio Berlusconi en personne assistait à la représentation…

Repris par le Times, Riccardo Muti, le chef d'orchestre, raconte ce qui fut une véritable soirée de révolution :
« Au tout début, il y a eu une grande ovation dans le public. Puis nous avons commencé l’opéra. Il se déroula très bien, mais lorsque nous en sommes arrivés au fameux chant Va Pensiero, j’ai immédiatement senti que l’atmosphère devenait tendue dans le public. Il y a des choses que vous ne pouvez pas décrire, mais que vous sentez. Auparavant, c’est le silence du public qui régnait. Mais au moment où les gens ont réalisé que le Va Pensiero allait démarrer, le silence s’est rempli d’une véritable ferveur. On pouvait sentir la réaction viscérale du public à la lamentation des esclaves qui chantent : « Oh ma patrie, si belle et perdue ! ».

Alors que le Chœur arrivait à sa fin, dans le public certains s’écriaient déjà : «Bis !» Le public commençait à crier «Vive l’Italie !» et «Vive Verdi !» Des gens du poulailler (places tout en haut de l’opéra) commencèrent à jeter des papiers remplis de messages patriotiques – certains demandant «Muti, sénateur à vie».

Bien qu’il l’eut déjà fait une seule fois à La Scala de Milan en 1986, Muti hésita à accorder le «bis» pour le Va pensiero. Pour lui, un opéra doit aller du début à la fin. «Je ne voulais pas faire simplement jouer un bis. Il fallait qu’il y ait une intention particulière.», raconte-t-il.

Mais le public avait déjà réveillé son sentiment patriotique. Dans un geste théâtral, le chef d’orchestre s’est alors retourné sur son podium, faisant face à la fois au public et à M. Berlusconi, et voilà ce qui s'est produit :

Traduction  et Commentaires :

[Après que les appels pour un "bis" du "Va Pensiero" se soient tus, on entend dans le public : "Longue vie à l'Italie !"] 
Le chef d'orchestre Riccardo Muti : Oui, je suis d'accord avec ça, "Longue vie à l'Italie" mais...

[Applaudissements]

Muti : "Je n'ai plus 30 ans et j'ai vécu ma vie, mais en tant qu'Italien qui a beaucoup parcouru le monde, j'ai honte de ce qui se passe dans mon pays. Donc j'acquiesce à votre demande de bis pour le "Va Pensiero" à nouveau. Ce n'est pas seulement pour la joie patriotique que je ressens, mais parce que ce soir, alors que je dirigeais le Choeur qui chantait "O mon pays, beau et perdu", j'ai pensé que si nous continuons ainsi, nous allons tuer la culture sur laquelle l'histoire de l'Italie est bâtie. Auquel cas, nous, notre patrie, serait vraiment "belle et perdue".

[Applaudissements à tout rompre, y compris des artistes sur scène]

Muti : Depuis que règne par ici un "climat italien", moi, Muti, je me suis tu depuis de trop longues années. Je voudrais maintenant... nous devrions donner du sens à ce chant ; comme nous sommes dans notre Maison, le théâtre de la capitale, et avec un Chœur qui a chanté magnifiquement, et qui est accompagné magnifiquement, si vous le voulez bien, je vous propose de vous joindre à nous pour chanter tous ensemble.

C’est alors qu’il invita le public à chanter avec le Chœur des esclaves. « J’ai vu des groupes de gens se lever. Tout l’opéra de Rome s’est levé. Et le Chœur s’est lui aussi levé. Ce fut un moment magique dans l’opéra. »

« Ce soir-là fut non seulement une représentation du Nabucco, mais également une déclaration du théâtre de la capitale à l’attention des politiciens. »    


Sincèrement MERCI à Colette Chauvin et à Marcel Pirris.                                                    

11/10/2011

Lettre ouverte d'Arnaud Montebourg

A l'attention de Martine Aubry et de François Hollande...

Sachant que le Front de Gauche a pris instantanément les devants, on attend des réponses aussi claires, pas des contorsions.

Mise à jour du 15 octobre : La fin décevante d'un engagement pas des idées représentées puisqu'elles seront bien soutenues, voire mieux soutenues par un Front de Gauche qui en a désormais la.charge quasi exclusive.

10/10/2011

Nettoyer la mêlée

Le score d’Arnaud Montebourg aux primaires socialistes n’aurait pas été aussi élevé si un mouvement de fond national et international ne l’avait pas précédé. AM a concrétisé et légitimé ce mouvement au PS sous le label «démondialisation» qui se place dans la continuité du mouvement des «indignés» et dans la logique d’une prise de conscience collective antilibérale.
Le refus des inégalités, des injustices et des tyrannies molles ou dures, ce n’est pas rien. Son score en est le reflet.

C’est un succès, pas une victoire et il faudra que cela ait une suite. On ne se contentera pas d’avoir pesé si le pire n’est pas évité, le pire étant la soumission à une oligarchie ultralibérale de droite comme de gauche, avouée ou maquillée.

Il ne s’agit pas tant de savoir sur quel candidat du PS les voix d’AM se porteront mais de savoir qui, à terme, sera le plus crédible et le plus qualifié pour relayer ce qu’elles signifient, et surtout comment se fédérera-t-on ?

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Pour l’instant et à l’instar d’une équipe de rugby capable de marquer des essais sans trop en encaisser, il va falloir nettoyer la mêlée sans mollesse. Les équipes respectives de M. Aubry et de F. Hollande comportent chacune des éléments ou joueurs suspects de hors jeux, voire d’antijeu : pacte de Marrakech et sparadrap DSK via quelques seconds couteaux (Cambadélis) pour la première ; garde rapprochée du même ex du Sofitel pour le second (Le Guen, Moscovici …), sans oublier les cartons rouges décernés ici et là par ce qu'il reste des autorités judiciaires. 

Et sans parler des ententes étranges qui subsistent et pourraient être entretenues avec l’OMC de P. Lamy, la Présidence de l'Autorité des marchés financiers de JP. Jouyet ou le FMI de C. Lagarde, laquelle a été félicité par les deux représentants du PS encore en lice, pour sa nomination à la tête de ce machin qu'il faudrait dé-mondialiser d’urgence.

Les dénégations des uns et des autres, dénégations qui se multiplieront dans les jours à venir, sur les relations privilégiées qu’ils entretiennent avec des personnages décidément douteux pour qui souhaite une République portée par une vraie gauche socialiste, ne suffiront vraisemblablement pas à enflammer la campagne. Faudra-t-il s’en contenter ?....

01/10/2011

L’étau télécratie - démocratie

Notre conscience individuelle n’aura jamais été autant menacée à travers l’exploitation de nos pulsions et il serait temps de brider cette arme de destruction massive que constitue le domaine télévisuel concentré sur la seule rentabilité commerciale.

C’est pour cette raison que la réaction d’Arnaud Montebourg est saine. C’est un des seuls candidats à la présidentielle de 2012, si ce n’est le seul, à avoir évoqué la question, même s’il se situe davantage sur le plan immédiatement réalisable de la concession du domaine public et de ses conséquences économiques que sur des considérations sociologiques et culturelles, inscrites dans le long terme. Mais si ce n’était que cela, cela serait déjà beaucoup.

Beaucoup, puisque cela induirait le contrôle des JT bidonnés et formatés façon Fouquet's, et surtout, permettrait d’envisager une fin à la braderie du «temps de cerveau humain disponible» via un CSA rendu compétent et indépendant. TF1 et M6 sont immédiatement visées. Tant mieux mais les contaminés du PAF sont aujourd’hui nombreux, pendant que l’apprentissage de la soumission s'est diversifiée et l’addiction au petit écran est devenue inappréciable.

télécratie, démondialisation, montebourg
On a beaucoup parlé de « Metropolis »… on n’a pas fini d’y penser.

L’alternance rêvée serait donc en effet, que l’on tienne compte et écoute l’analyse de Bernard Stiegler, initiateur et président d’Ars industrialis qui décrit parfaitement les mécanismes mis en jeu pour capter la foule des téléspectateurs isolés dont nous faisons parti à notre corps prétendument  défendant. C’est d’autant plus urgent que «la mondialisation et le phénomène d'uniformisation des comportements s'attaquent à la singularité des individus et des cultures», à notre identité initiale. N’en déplaise à un R. Enthoven qui, sans jamais s’investir dans une quelconque proposition constructive, considère la démondialisation comme un gadget tout juste bon à être «disséqué» et roulé dans un ridicule qui n’a rien d’humoristique.

La vidéo qui suit, terriblement angoissante, démontre comment l’émotion a fait place à l’exacerbation des pulsions les plus destructrices et mérite d’être visionnée ne serait-ce que pour prendre conscience du chantier qui reste à entreprendre.