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28/02/2013

Devoir d’intelligence et de vérité

Thierry Tuot : «C’est tellement simple de dire 
qu’il y a trop d’immigrés…»

Synthèse - Rapport de Thierry Tuot sur la refondation des politiques d'intégration


Remis il y a peu au premier ministre Jean-Marc Ayrault, le rapport de ce conseiller d’État pointe les ratés de trente ans de politiques d’intégration et d’immigration. Ancien juge délégué de la reconduite aux frontières, Thierry Tuot appelle à un « devoir d’intelligence et de vérité » sur le sujet. Entretien avec un haut fonctionnaire qui n’a pas la langue dans sa poche.

Vous consacrez de nombreuses pages 
de votre rapport à tenter de circonscrire le terme d’« intégration ». Faut-il 
le remplacer ?

Thierry Tuot. Je n’ai rien contre le mot lui-même. Ce qui est important, ce sont les réalités sociales plutôt que la façade. Mais ce terme se prête à des interprétations extrêmement variées. Certains considèrent que ça ne concerne que les primo-arrivants, c’est-à-dire les étrangers qui viennent de passer notre frontière. Je ne suis pas sûr que la politique d’intégration concerne les Américains qui séjournent en France, même durablement. C’est la première difficulté : il n’y a pas de consensus politique sur la signification de ce mot. Deuxième problème : les personnes qui sont l’objet de ces politiques sont majoritairement françaises, parfois depuis deux à trois générations. Leur dire, alors qu’ils ont une carte d’identité française et qu’ils sont eux-mêmes enfants de Français, « vous n’êtes pas intégrés », c’est quand même assez dur à entendre. Ce mot pose aussi des problèmes théoriques : intégrer à quoi ? La nation, la France, la République ? Et puis, il place les gens comme objets d’une politique : « Restez passifs, on va vous intégrer. » Mais la question est politique avant d’être lexicale : que veut-on faire de nos compatriotes qu’on répute d’origine étrangère ? Quand on saura cela, on saura le nommer.

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Vous proposez le mot « inclusion »…

Thierry Tuot. J’essaye d’explorer une alternative, mais je ne prétends pas l’avoir trouvée. Je propose d’aller vers une société inclusive, dans laquelle personne ne serait sur les marges, ni, surtout, de l’autre côté des marges. Le but, c’est que les immigrés n’aient plus le sentiment – ni la perception réelle – qu’ils ont des problèmes de logement, d’emploi, etc., parce qu’ils sont immigrés. La dimension étrangère ne serait pas niée, mais elle ne serait plus la variable explicative majeure des difficultés sociales. Le chemin pour y parvenir pourrait être ce que les Américains appellent l’« empowerment », que j’ai traduit par « mise en capacité ». Il s’agit de donner des moyens (sociaux, culturels, politiques, etc.) aux gens de participer à la vie sociale. Cela ne veut pas dire qu’ils réussiront mieux que les autres ou auront des droits supplémentaires, mais ils seront à égalité de capacité. La création de réseaux au profit des plus démunis pourrait supprimer le plafond de verre. Ces barrières – qui sont souvent en béton et pas en verre – les empêchent d’être les acteurs de leur propre destin social.

Existe-t-il des exemples de pays ayant réussi 
leur politique inclusive?

Thierry Tuot. Aucun modèle n’est réplicable. On cite souvent le modèle canadien qui intègre assez bien les flux d’étrangers, mais qui reste très dominé par le modèle anglo-saxon. Je ne crois pas qu’il y ait de modèle étranger applicable en France. À nous de nous débrouiller avec notre modèle républicain et notre roman national.

Vous exhortez les politiques à un « devoir d’intelligence » sur ces questions…

Thierry Tuot. Le discours politique ne peut avoir de crédibilité s’il ne repose pas sur une bonne compréhension des faits. J’appelle aussi à un devoir de vérité. Je prends l’exemple des clandestins, parce que c’est l’un des points de mon rapport sur lequel j’ai été le plus mal compris. Les gouvernements – gauche et droite confondues – de ces quinze dernières années ont régularisé le même nombre de clandestins chaque année. Et ce quelles que soient les différences de discours. Pourquoi ? Parce que ces gens se sont maintenus sur le territoire. Ils ont statistiquement été appréhendés deux ou trois fois par la police, mais on n’a jamais réussi à les reconduire à la frontière. Heureusement, car nous sommes dans un État de droit. Ces gens ont des enfants scolarisés en France, ou sont ascendants de Français, ou malades sans pouvoir être soignés à l’étranger, etc. Donc on n’a pas le droit de les expulser. Pourquoi continue-t-on à dire « nous allons lutter contre les clandestins » ? En laissant croire qu’on pourrait faire autrement, alors qu’on fait le contraire, on détruit la crédibilité de l’action publique. Commençons par admettre la réalité : nous ne pouvons pas peser sur les flux migratoires. Pour une raison simple : nous avons ratifié la Déclaration des droits de l’homme, puis la Constitution en 1946. Ce droit nous engage collectivement et représente nos valeurs vis-à-vis des étrangers. Donc reconnaissons-le. Et puisque, à la fin, ils sont régularisés, est-ce qu’on ne pourrait pas faire un travail social avant, plutôt que de le faire du bout des lèvres, en créant de l’amertume ?

Ce « titre de tolérance » que vous proposez n’est pas une régularisation immédiate de la majorité des sans-papiers, comme certains l’ont dit, mais un projet sur cinq ans…

Thierry Tuot. Sous le gouvernement Sarkozy, il y avait 30 000 régularisations par an. Je ne propose pas d’en régulariser plus, ce n’est pas la question, je dis simplement : plutôt que de laisser les gens entre cinq et dix ans à la dérive, en les pourchassant, en les laissant dans des hôtels pourris avec du saturnisme, à la merci des employeurs clandestins, pourquoi ne pas dire : « On va vous régulariser dans cinq ans, entrons dans une démarche ensemble. » Si vous trouver une adresse autre qu’un foyer, on vous donne des allocations logement ; si vous suivez des cours de français, on vous donne le RSA, etc. Cela permettrait que les régularisations ne soient plus un sacrifice, mais la reconnaissance d’un vrai travail d’intégration. Mon modèle est d’un gauchisme échevelé : c’est celui de Mme Merkel. Le gouvernement allemand a mis en place ce titre de tolérance depuis cinq ou six ans.

Ce sont donc des régularisations au mérite ?

Thierry Tuot. Ce sont des régularisations issues d’un travail social et qui ne sortent pas les gens d’un no man’s land juridique.

Le ministre de l’Intérieur vous a déjà répondu qu’il ne mettrait pas cette mesure en place…

Thierry Tuot. Non, Manuel Valls a dit : « Je ne vais pas régulariser massivement tous les clandestins. » Je confirme : je ne propose nulle part de régulariser plus de clandestins, je propose que les régularisations auxquelles nous sommes contraints par le droit international soient précédées d’un travail social plutôt que par du harcèlement. Le gouvernement a dit qu’il allait réfléchir à mes propositions.

Mais ces régularisations représentent forcément plus de 30 000 personnes !

Thierry Tuot. Je ne me prononce pas sur les chiffres. Je propose que, dans le cadre de la nouvelle ­circulaire Valls sur les régularisations, ces mesures soient mises en place. Mon propos n’est pas sur le nombre de régularisations, mais sur le chemin pour y aboutir.

Comment expliquez-vous que cette mesure 
de votre rapport fasse déjà polémique ?

Thierry Tuot. Travailler sur l’immigration place tous ceux qui en parlent dans une situation politique extrêmement délicate. Depuis 1945, au lieu de parler d’intégration, nous parlons d’immigration. C’est tellement simple de dire qu’il y a trop d’immigrés. On se cache derrière les flux migratoires pour ne pas traiter les réalités sociales.

Vous proposez aussi un assouplissement 
des règles pour obtenir la nationalité française. Pourquoi lier nationalisation et intégration ?

Thierry Tuot. Si le gouvernement a, comme il l’a annoncé, une grande ambition en matière d’intégration, il part avec un handicap très lourd : la remise en cause très forte de la parole publique. Cela fait des années que nous promettons des choses qui ne fonctionnent pas. La deuxième partie de mon rapport appelle le gouvernement à prendre des mesures symboliques et concrètes pour réhabiliter cette parole publique. Si on dit « valeurs républicaines », « école », je dis : « Chiche !» Donnons la nationalité aux enfants qui ont suivi une scolarité complète en France, alors même qu’ils étaient en ­situation irrégulière. Cela crédibiliserait le discours sur l’école auquel personne ne croit plus ­aujourd’hui. De même, quand on dit « il faut s’intégrer à la France, servir la patrie » avec un discours grandiloquent très 1870, moi je dis qu’une femme qui a des enfants français, qui vit ici depuis vingt-cinq ans, on n’a pas le droit de lui dire qu’elle n’est pas bien intégrée et de lui refuser des papiers parce qu’elle n’a pas passé le test de connaissance sur Louis XIV ! Quand on donne des enfants à la France, on est français. Je ne crois pas que donner une carte d’identité confère une identité reconnue par la collectivité, mais c’est un acte qui crédibilise un discours public.

Vous évoquez longuement, dans votre rapport, la place des vieux immigrés, avec les propositions de rénover les foyers, de faciliter les allers-retours entre la France et les pays d’origine…

Thierry Tuot. Là aussi, c’est une question de ­crédibilité. Si on veut parler aux jeunes, il faut leur retirer tous les arguments qu’ils ont pour être révoltés et tomber dans l’islamisme le plus débile. Si on continue à mépriser leurs pères et leurs grands-pères, non seulement on se prive d’une richesse humaine extraordinaire, mais, en plus, on s’enlève toute crédibilité dans le discours moralisateur. Quand on a visité un foyer de travailleurs migrants, les droits et les devoirs, ça fait doucement rigoler…

C’est la même logique pour le devoir de mémoire ? Vous réclamez des monuments aux morts pour les anciens combattants immigrés…

Thierry Tuot. Oui, je prends les nationalistes au pied de la lettre. Moi aussi, je suis attaché à la nation. Et à tous ceux, noirs, jaunes, basanés, qui sont morts sous le drapeau. Je voudrais qu’on se rappelle que si Jean Moulin portait une écharpe sur toutes les photos, c’était pour cacher les cicatrices de sa tentative de suicide. Cette tentative a eu lieu en juin 1940, parce que les Allemands lui avaient demandé de signer un papier qui leur aurait permis d’exécuter les prisonniers sénégalais. Plutôt que de se prêter à une ignominie, il a préféré essayer de se suicider. Je ne suis pas sûr que les tirailleurs sénégalais avaient demandé à mourir près de la cathédrale de Chartes. On pourrait peut-être avoir un peu de reconnaissance pour eux. Quand on parle de la racaille islamiste des banlieues, qu’on se souvienne de ce que leurs grands-pères ont fait pour la France.

Vous proposez la publication annuelle 
de chiffres sur les flux migratoires. Le FN 
s’est empressé de se réjouir… Ne craignez-vous pas que ces chiffres soient récupérés ?

Thierry Tuot. Pas du tout. Ce que je propose, c’est que l’appareil statistique soit refondé scientifiquement, en mobilisant l’Insee, l’Ined, toute la recherche universitaire, et que tout cela soit expertisé par des scientifiques français et européens, pour qu’il n’y ait pas le moindre doute sur ces chiffres. Je propose ensuite que le Haut Conseil à l’intégration, complètement reformé, soit le garant de ces statistiques. Si on le fait de cette façon-là, je pense que les partis qui se réjouiront ne seront pas les mêmes que ceux qui se réjouissent aujourd’hui. Que va-t-on apprendre ? Que l’immigration est à peu près constante, que les immigrés sont à 80 % européens, que l’immigration est un immense atout qui nous aide à tenir le coup malgré la crise économique, que les immigrés font à peine plus d’enfants que nous. On pourra avoir des débats, non plus sur des fantasmes ou des chiffres bidon, mais sur des réalités. Il y a quinze ans, on se battait sur les chiffres du chômage, maintenant personne ne discute ces chiffres, mais les politiques de l’emploi. Il faut qu’on arrive à cette pacification, pour qu’on puisse parler des vrais problèmes.

Qu’attendez-vous de la « réflexion interministérielle » lancée par 
Jean-Marc Ayrault pour une nouvelle 
politique d’immigration et d’intégration ?

Thierry Tuot. Mon travail est fini. Ce que j’espère comme citoyen, et pas comme auteur du rapport, c’est que le débat reprenne avec des ambitions collectives et sur des bases sereines. Je ne veux pas savoir si je vais être suivi sur la mesure B ou 24, je suis le premier à dire que mes suggestions ne sont pas forcément les bonnes. Ce qui me navrerait, c’est que le débat retombe. Le silence est ce qui est le plus grave après la xénophobie dans ce champ des politiques sociales.

Le rapport de Thierry Tuot, « La grande nation : 
pour une société inclusive », est téléchargeable dans 
son intégralité sur le site de la Documentation française.

Un rapport qui dérange, du PS à l’UMP  Remis à Jean-Marc Ayrault le 11 février, le rapport 
de Thierry Tuot a immédiatement déclenché les foudres de l’opposition et... du ministre de l’Intérieur. Pour 
le député UMP Guillaume Larrivé, ce « rapport caché » définit le « mode d’emploi d’une régularisation générale des clandestins ». Manuel Valls a assuré qu’« il n’y 
aura pas de régularisations massives » avant de réagir 
sur la question du port du voile. Dans son rapport, 
Thierry Tuot regrette que « la question musulmane, 
pure invention, (...) ne cesse de polluer le débat public » et s’interroge : « La France a-t-elle jamais dépendu de 
ce qu’un bout de tissu (boubou, coiffe bretonne, chèche ou béret) soit porté d’une façon ou d’une autre ? » Manuel Valls lui a sèchement répondu que le voile « restera pour (lui) et doit rester pour la République 
un combat essentiel ». Le premier ministre a lancé 
une « réflexion interministérielle » à partir des préconisations de ce rapport, pour « proposer une profonde refondation de notre politique d’intégration ».

Entretien réalisé par Marie Barbier pour l'Humanité des débats - 22 Février 2013

27/02/2013

Exit Stéphane Hessel

Vous nous aviez prévenu...

Stephane Hessel

"Prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie. Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous, d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux. Quand quelque chose vous indigne, comme j'ai été indigné par le nazisme, alors on devient militant, fort et engagé. On rejoint le courant de l'histoire et le grand courant de l'histoire doit se poursuivre grâce à chacun. Et ce courant va vers plus de justice, plus de liberté, mais pas cette liberté incontrôlée du renard dans le poulailler."
Stéphane Hessel.

 Stephane Hessel

Merci.

19/02/2013

On étiquette bien les chevaux

Campagne de la Plateforme des ONG dont la LDH est membre : « Colonisation israélienne illégale, Palestine en danger ». Quelle "réglementation" du commerce des produits fabriqués dans les colonies israéliennes ?

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Quels objectifs ?

Les colonies israéliennes installées dans les Territoires palestiniens depuis 1967 sont illégales au regard du droit international. De nombreuses déclarations européennes et françaises répètent le caractère illégal de ces colonies. Pourtant, les colonies bénéficient des relations économiques entre l’Union européenne et Israël. Il est impossible de savoir si un produit étiqueté « Made in Israel » a été fabriqué ou non dans une colonie. C’est pourquoi nous appelons, dans un premier temps, le gouvernement français à mettre en place l’étiquetage des produits des colonies. Laurent Fabius dans une réponse à la question d’un parlementaire, a affirmé que la France « étudie actuellement, en lien avec plusieurs de ses partenaires européens, la possibilité de publier un code de conduite sur l’étiquetage distinctif des produits issus des colonies ». Le chemin est encore long. Le rôle des parlementaires sera crucial pour que s’exerce la pression populaire sur nos dirigeants et que le gouvernement passe à l’acte. Nous vous proposons donc de rentrer en contact avec votre déput-é-e afin de lui soumettre des questions écrites à poser au gouvernement et/ou de lui-la faire signer un appel volontairement centré sur l’étiquetage, plus accessible à un(e) élu(e) sans connaissance approfondie de la situation en Israël/Palestine).

Nous concevons néanmoins l’étiquetage comme une première étape, qui permettra au consommateur de faire son choix en connaissance cause. La Plateforme des ONG françaises pour la Palestine soutient l’interdiction des produis issus des colonies. Nos gouvernements ont, selon le droit international, le devoir de ne pas reconnaître ou contribuer au maintien d’une situation illégal. Les colonies sont la principale menace contre un Etat palestinien, la France doit interdire les produits qui y sont fabriqués sur le marché français

Comment ?

Interpellez votre député(e) et/ou sénateur(trice)
- Les député(e)s ou sénateurs/trice ont la possibilité d’interpeller le gouvernement en lui posant une question écrite ou orale. Plus le nombre de questions sera important, plus le gouvernement sera contraint de se mobiliser. En tant qu’associations, allez à la rencontre de votre élu(e) et soumettez lui les propositions de questions, inclues dans la brochure jointe à ce message.
- Faites-lui/la signer l’appel aux parlementaires (en pièce jointe) pour l’étiquetage des produits des colonies israéliennes (cet appel est volontairement centré sur l’étiquetage, qui est plus accessible à un(e) élu(e) qui n’a pas une connaissance approfondie de la situation en Israël/Palestine)

Interpellez le grand public
Informez le grand public, grâce à la brochure d’information jointe, et faites signer, diffusez la pétition pour l’interdiction des produits des colonies, lequel est aussi en ligne sur le site de la Plateforme.

Quels outils ?

- Une brochure d’information destinée à la fois aux élus et au grand public – 8 pages – sur les enjeux de la colonisation, des produits des colonies, sur la nécessité d’étiqueter et interdire les produits des colonies, comprenant une carte et des propositions de questions écrites à destination des Parlementaires. Cette brochure est téléchargeable ici et/ou disponible en couleur, 4 volets 3 plis accordéon, voir schéma. Vendue 0,60 centimes/pièce frais de port compris – attention ! quantité minimum : 20 exemplaires (soit 12 euros). Si vous en souhaitez des exemplaires, merci de remplir le bon de commande.
- Un appel destiné aux parlementaires, demandant l’étiquetage des produits des colonies.
- Une pétition électronique destinée au réseau de solidarité et au grand public demandant l’interdiction des produits des colonies
- Une pétition papier(texte identique à la version électronique) destinée au réseau de solidarité et au grand public demandant l’interdiction des produits des colonies, à faire signer lors des rassemblements publics, débats, projection, manifestations. A retourner à la Plateforme (adresse indiquée dans le document).
- Un récapitulatif des député(e)s qui ont posé une question écrite sur les produits des colonies sur le site.
- Le visuel haute définition de la campagne

Plateforme des ONG françaises pour la Palestine
14, passage Dubail
75010 Paris
Contact
Pour plus d’information, voir le site internet

14/02/2013

Droit d'asile - état des lieux 2012

Communiqué CFDA, dont la LDH est membre :


La Coordination française pour le droit d’asile (CFDA) présente aujourd’hui son rapport intitulé « Droit d’asile en France : conditions d’accueil – Etat des lieux 2012 ». Le constat dressé après plusieurs mois d’enquête réalisée dans 31 départements de quinze régions en France montre que le système d’asile est à bout de souffle.

Les vingt associations regroupées au sein de la CFDA tirent la sonnette d’alarme sur le système français d’asile. Alors que le nombre de demandes d’asile a tendance à baisser (41 222 primo-demandeurs adultes en 2012 soit moins qu’en 1989 (61 400), ou 2003 (52 200), la CFDA dénonce l’incapacité à sortir d’une logique qui porte atteinte aux droits des demandeurs.

L’enquête révèle que les délais pour accéder à la procédure d’asile sont de plus en plus longs. La gestion par les préfectures de région de l’accueil des demandeurs d’asile complique souvent l’accès matériel à la procédure et conduit parallèlement à la saturation des services administratifs. Faute d’infrastructures suffisantes, les conditions dans lesquelles sont accueillis des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants se résument aux dispositifs d’urgence ou à la rue. L’Etat se défausse de ses responsabilités en laissant les associations pallier son inaction.

Une demandeure d’asile malienne raconte les conditions d’accueil en préfecture « je me présente presque toutes les semaines. Les policiers ne nous traitent pas comme des humains. Comme si tu mentais sur les raisons qui t’ont fait fuir ton pays. Tu passes la nuit dehors dans le froid. On te reçoit 5 minutes. On te dit qu’il n’y pas de place. Après on te renvoie chez toi sans explication. Et tu recommences ». Ayant fui les menaces pour son engagement contre l’excision, elle attend depuis un an en France de pouvoir déposer son dossier.

Au final, les personnes qui sont venues en France pour chercher refuge contre les persécutions sont à nouveau mises face à un danger : celui de ne pouvoir déposer à temps leur demande d’asile ou d’être déboutées de leur demande, faute d’avoir pu correctement exposer leurs craintes de persécutions.

coordination française pour le droit d’asile

« La prise en charge des demandeurs d’asile est déshumanisée et incohérente, déplore Franck Ozouf, rédacteur du rapport. Déshumanisée, car de plus en plus de demandeurs ne sont pas ou mal accueillis et les organisations d’aide financées par l’Etat contraintes à délaisser l’accompagnement social et juridique pour un travail de gestion administrative. Incohérente, car le coût augmente par des systèmes de contrôle, une dissuasion à tous les niveaux de la procédure et une préférence donnée au dispositif d’urgence, cher et précaire, le tout pour un service rendu bien loin des normes minimales d’accueil ».

La CFDA appelle à une réforme en profondeur de la procédure d’asile et du dispositif d’accueil des demandeurs d’asile. La course à la réduction des délais et la lutte contre les détournements de procédure doivent céder la place à une réflexion d’ensemble pour assurer l’accueil et la protection des réfugiés grâce à une procédure efficace et équitable.

- Rapport, 13 février 2013, Droit d’asile en France : Conditions d’accueil - Etat des lieux 2012
- Synthèse, 13 février 2013, Rapport « Droit d’asile en France : Conditions d’accueil - Etat des lieux 2012 »
- Recommandations, 13 février 2013, « Conditions minimales pour que l’asile soit un droit réel »

Paris, le 13 février 2013

La Coordination française pour le droit d’asile rassemble les organisations suivantes :
ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture), Amnesty International France, APSR (Association d’accueil aux médecins et personnels de santé réfugiés en France), ARDHIS (Association pour la Reconnaissance des Droits des personnes Homosexuelles et transsexuelles à l’Immigration et au Séjour), CAAR (Comité d’Aide aux Réfugiés), CASP (Centre d’action sociale protestant), Centre Primo Levi (soins et soutien aux personnes victimes de la torture et de la violence politique), La Cimade (Service œcuménique d’entraide), Comede (Comité médical pour les exilés), Dom’asile, ELENA (Réseau d’avocats pour le droit d’asile), FASTI (Fédération des associations de solidarité avec les travailleur-eu-se-s immigré-e-s), GAS (Groupe accueil solidarité), GISTI (Groupe d’information et de soutien des immigrés), JRS-France (Jesuit Refugee Service), LDH (Ligue des droits de l’Homme), Médecins du Monde, MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples), secours Catholique (Caritas France), SNPM (Service National de la Pastorale des Migrants). La représentation du Haut Commissariat pour les réfugiés en France et la Croix rouge française, sont observateurs des travaux de la CFDA.

 

07/02/2013

Que le jasmin refleurisse

La situation en Tunisie est inquiétante depuis quelque temps, et l’assassinat de l’homme politique Chokri Belaïd agrave cette inquiétude. Pour les opposants au parti islamique au pouvoir, Ennahdha, il ne fait aucun doute que cet assassinat a été sinon commis, du moins suscité par certains responsables de ce parti qui, depuis plusieurs jours, désignaient Chokri Belaïd comme responsable des manifestations qui perturbent la vie du pays. Interviewé sur France Inter ce jeudi midi, le philisophe franco tunisien Abdelwahab Meddeb, (qui anime l’émission Culture d’Islam, le vendredi après-midi sur France-Culture) s’est montré particulièrement sévère pour ce parti et ses responsables. Il estime que ces militants, affolés par la perspective d’être devenus minoritaires après quelques mois d’exercice du pouvoir, s’y accrocheront désespérément, et il n’exclut pas un risque de guerre civile. « Ils veulent installer un Islam dont personne ne veut », dit-il en substance.

Chokri Belaïd, tunisie, jasmin

Le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH) a publié hier un communiqué, dans lequel il livre son analyse et son sentiment après le drame qui secoue le pays, et appelle les autorités à « mettre un terme au climat d’intimidation et de violence qu’elles ont laissées s’installer ».

Le communiqué du REMDH :

Le REMDH condamne l’assassinat de Chokri Belaïd

Tunis/ Le Caire/ Bruxelles, le 6 février 2013 - Le Réseau Euro-méditerranéen des droits de l’homme (REMDH) condamne l’assassinat de Chokri Belaïd et présente ses plus sincères condoléances et sa solidarité à sa famille, à ses proches et à tous les démocrates tunisiens.

Cet évènement dramatique s’inscrit dans un contexte où le gouvernement a laissé s’installer un climat d’intimidation et de violences contre le mouvement démocratique tunisien.

Les attaques répétées provenant des responsables gouvernementaux comme de certains dirigeants du parti Ennahdha désignant Chokri Belaïd comme le principal responsable des manifestations ouvraient la porte à son assassinat. L’usage partial de la Justice et des forces de l’ordre accompagne ce processus qui voit un seul parti s’emparer des principaux leviers de l’Etat.

Le peuple Tunisien n’a pas mis à bas le régime de M BEN ALI pour cela.

Bien entendu, c’est la première responsabilité des autorités publiques que d’arrêter rapidement les auteurs et les commanditaires de cet acte insupportable.

Mais, c’est tout autant la responsabilité des autorités publiques tunisiennes de mettre un terme au climat d’intimidation et de violence qu’elles ont laissées s’installer.

A défaut, c’est la perspective d’élections démocratiques et loyales qui est remise en cause.


Lire aussi sur Rue 89 et Libération et le site www.euromedrights.org/fra/

04/02/2013

Terre brûlée, bibliothèques en feu

Aucune époque, aucun peuple, n’est à l’abri du désastre moral que constitue la destruction de livres, de bibliothèques, comme de tout ce qui permet à l’homme de réfléchir sur sa condition.

Aujourd’hui la destruction d’une des bibliothèques de Tombouctou, comme il y a cinquante ans l’incendie de la bibliothèque universitaire d’Alger relèvent d’une même barbarie.

bibliothèques en feu

Terre brûlée, livres en péril

Les islamistes radicaux ne sont pas les seuls à s’être attaqués au patrimoine culturel de l’humanité au cours de l’histoire. Avant eux, on a vu défiler les Vandales, les Huns, les Croisés, les Conquistadors, les nazis et les maoïstes, pour ne nommer que les démolisseurs les plus connus. Il est quand même manifeste que les extrémistes musulmans se sont particulièrement illustrés à ce chapitre depuis le début du XXIe siècle.

Les islamistes en déroute ont mis le feu cette semaine à l’une des principales bibliothèques de Tombouctou, l’Institut Ahmed Baba, qui recèle d’inestimables trésors. On a d’abord cru que la quasi-totalité des 30 000 manuscrits anciens de sa collection avait été détruite, mais heureusement, il semble que la majorité des ouvrages avaient été transférés à Bamako ou cachés en divers lieux sûrs à Tombouctou dès le début de la rébellion, l’an dernier.

Évidemment, le plus grave dans une crise comme celle qui secoue le Mali, ce sont les exactions et les violences commises par les milices qui ont pris le contrôle du nord du pays, puis par l’armée malienne dans sa reconquête de cette région.

La destruction d’éléments du patrimoine ajoute cependant à la barbarie. Les miliciens rebelles s’en sont pris dans un premier temps à certains sites architecturaux, dont les quelque 300 mausolées de mystiques soufis recensés dans la ville. On a comparé leur frénésie destructrice à celles des talibans qui avaient dynamité les Bouddhas de Bamyan.

Le fait de détruire des livres anciens et rares est peut-être plus grave, en ce sens que ces oeuvres contiennent des informations nombreuses qui sont perdues à jamais si elles n’ont pas encore été photocopiées ou numérisées. Les nihilistes se réclamant d’Allah en ont clairement autant contre le savoir qu’ils en ont contre la beauté.

C’est le maire de Tombouctou qui a annoncé cette semaine l’incendie de l’Institut Ahmed Baba. Cette bibliothèque fondée en 1970 s’est dotée en 2009 d’un pavillon moderne équipé pour conserver et restaurer les manuscrits précieux, dont plusieurs sont extrêmement fragiles. Cet ajout a été construit avec l’aide de l’Afrique du Sud.

En visitant le Mali en 2001, le président sud-africain Thabo Mbeki avait déclaré que les documents réunis à Tombouctou comptaient « parmi les trésors culturels les plus importants » du continent.

Les manuscrits en question datent du Moyen Âge, certains remontant au XIIIe siècle. À cette époque-là, Tombouctou était à la fois un carrefour des caravanes et une ville universitaire qui attirait de nombreux étrangers. Elle était alors la métropole d’un grand empire, celui des Songhaï, qui allait atteindre son apogée au XVIe siècle avant de décliner et de tomber dans l’oubli.

L’éclipse a été telle que bien des Européens en sont venus à douter de l’existence de Tombouctou, jusqu’à ce que les premiers voyageurs originaires du Vieux Continent s’y rendent dans les années 1830.

Les livres de l’Institut Ahmed Baba, qui doit son nom à un érudit du XVIIe siècle, traitent aussi bien de religion que de science, de géographie et d’histoire. La plupart sont écrits en arabe, mais plusieurs sont rédigés dans des langues locales. Ils contribuent à déboulonner le mythe voulant que l’Afrique subsaharienne ne possédât pas de civilisation ni d’histoire écrite avant la colonisation européenne. [...]

 Claude Lévesque, Le Devoir, 31 janvier 2013

 

Incendie de la Bibliothèque Universitaire d’Alger le 7 juin 1962

incendie bibkiothèque d'Alger

Le soir du 6 juin 1962, les Algérois qui venaient de vivre une sixième journée sans attentat entendirent, au cours d’une émission pirate, l’O.A.S. annoncer la fin de la trêve : « L’O.A.S. reprend sa liberté d’action dès ce soir. Nous demandons à nos commandos de reprendre les opérations en visant surtout les objectifs économiques. »

« Cette fois P. semblait avoir gagné. Il l’avait sa terre brûlée ! On cassait, on détruisait. En une seconde des dizaines d’années d’efforts étaient anéanties. Tout plutôt que de “leur” laisser notre belle ville, nos installations. Puisqu’on ne pouvait pas gagner, puisqu’on avait trop tardé à s’entendre, on partirait.
« Mais avant...
« Le 7 juin un panache de fumée couronna Alger. La bibliothèque de l’Université venait de sauter. Six cent mille livres brûlaient. Et l’on criait de joie. Et les laboratoires des Facultés furent plastiqués à leur tour, et deux amphithéâtres. On n’allait quand même pas leur laisser “notre” culture et “notre” science ! » (Yves Courriére [1])

Le sinistre faisait encore rage quatre heures plus tard dans les locaux de l’Université, complètement isolés par les pompiers et par la troupe : la bibliothèque, le laboratoire des Sciences, plusieurs amphithéâtres de Médecine ont subi entre autres, des dégâts considérables. Tout le passé et un avenir de culture sombraient dans la fournaise. Les 500.000 volumes de la bibliothèque ont été détruits par le feu ». La chaleur dégagée par le foyer était telle qu’on ne pouvait approcher à moins de cent mètres…[2]

[1] La Guerre d’Algérie, tome 4, « Les feux du désespoir », page 637.

[2] Référence : Histoire de la bibliothèque universitaire d’Alger et de sa reconstitution après l’incendie du 7 juin 1962 (pdf).