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25/03/2013

L'immigration, trop ou pas assez ?...

C'est sous le titre «L'immigration: trop ou pas assez  ?...» que l'on pouvait sous-titrer « L'immigration a-t-elle une fonction  ?» que l'Université populaire Graines de Savoirs de Forcalquier a dénoncé un certain nombre d'idées reçues à l’origine d’un nombre croissant de comportements xénophobes. Les interventions de J-L. Odekerken, économiste membre d'Attac et de Ch. Charles-Fouilloux (*), de Ligue des Droits de l'Homme à Manosque, s'inscrivaient dans le cadre d'une semaine contre le racisme. Elles ont permis de nombreuses prises de parole confirmant les dangers d'une xénophobie entretenue par les gouvernants de façon à masquer aux yeux de l'opinion publique l'échec de leurs choix économiques.

Xénophobie Business, Claire Rodier
Lu avec intérêt le travail de Claire Rodier « Xénophobie business »
(Ed. La découverte)

Un constat confirmé par les chiffres qui révèlent, preuves à l’appui, que la population immigrée ne coûte rien à l'Etat, mais au contraire lui rapporte. Un constat qui rejoint et corrobore celui de la Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme qui s'alarme, sondage à l'appui, que 69% des personnes interrogées puisse croire qu'il y a “trop d’immigrés aujourd’hui en France”  !

D'où la nécessité de dénoncer aussi souvent que possible la diabolisation des étrangers et de réclamer le respect de celles et ceux qui, français ou non, sont avant tout des êtres humains. Ils n'ont pas «  vocation  » à servir de boucs émissaires ou de pare-feu aux indécences et erreurs politiciennes en cours.

En conclusion, cette citation empruntée à Gilles Deleuze :
« Au lieu d’être une politique et une économie de guerre, le néo-fascisme est une entente mondiale pour la sécurité, pour la gestion d’une “paix” non moins terrible, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de microfascistes, chargés d’étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma. »

Février 1977, Deux régimes de fous – Textes et entretiens 1975 – 1995, Les éditions de Minuit, 2003.


(*) Canevas de cette intervention

19/03/2013

Le miroir aux alouettes

Trop souvent la surface des mots nous effleure et nous glissons sur eux comme pour prendre la fuite. La poudre aux yeux ne serait alors qu'un fard d'inconsistance, fausses certitudes organisées au bénéfice du monde marchand. Faux-fuyants.
Résultats :
«On ne va pas à l’école pour grandir en humanité (et humanités), ni pour y trouver le pouvoir de devenir créateur de sa vie, cette vie unique propre à chaque citoyen respecté et respectable. Non, on va à l’école pour accéder aux gradins supérieurs, avec pour ligne de mire les sommets bancaires où se prélassent les nouveaux aristocrates.»
Mais Xavier Lainé qui dénonce cet Etat de défaites programmées ouvre d'autres perspectives...

miroir aux alouettes, xavier lainé

 Extrait de Poïésis 24 – "Le miroir aux alouettes" :

"La République n'est qu'un mot, si elle n'aboutit pas à une plus grande somme de bien-être positif et de dignité pour l'immense foule des petits"
Jean Jaurès
 
« Toujours on nous demande : tu es qui ? Tu fais quoi ? A quel parti appartiens-tu ?
Toujours. Et toujours il nous faut répéter la longue litanie, dire d’où on vient, qui étaient nos parents, nos grands-parents, nos arrière-grands-parents, jamais tu ne peux être qui tu es, détaché d’un statut ou d’une identité.
On te demande statut social, diplômes ad hoc, en grand triomphe de statut bourgeois.
Tu le vois bien, ce triomphe, cette apothéose qui mène tant de jeunesse à des brevets qui ferment plus de portes qu’elles n’en ouvrent.
L’école et l’université réduites à leur fonction utilitaire, dans un monde qui oublie l’essentiel, ne peuvent que grossir les rangs des insatisfaits.
Mais on pousse, on sème l’illusion avant d’être confronté au doute.
Ce qui compte n’est pas une ouverture au savoir, mais l’accumulation de celui-ci à la seule fin de son utilité républicaine.
Il est demandé à l’élève, à l’étudiant, au chercheur de se conformer aux impératifs imposés par le système économique, non à la puissance de leur curiosité.
Le curieux est un empêcheur de fonctionner en rond et doit être exclu avant qu’il ne gangrène les étages de ce monde parfait.
Tu dois te balader en fringues bobos, qui sont ta distinction d’avec le monde des exclus, ou en costume trois pièces cravates marquant ton accession au monde des dirigeants, âpres au gain et capable de louvoyer dans les eaux troubles de la finance nationale et internationale.
On te gratifie ici de quelque poste honorifique, tu peux même parader comme élu du « peuple de gauche », ou de quelques stock options qui t’ouvriront les portes de la jet set.
C’est poudre aux yeux, mais on te fait croire que tu en es, alors que tu n’es, dans un cas comme dans l’autre, que jouet entre les mains de pilotes bien mieux lotis que toi qui émargent dans les hautes sphères de la nouvelle aristocratie.
 
Car c’est une constatation quotidienne que même les plus belles intentions démocratiques, les plus belles envolées en faveur de l’art pour tous sont immanquablement dévoyées en recherche de gains, toujours plus de gains.
Et le plus sûr moyen d’obtenir l’art qu’on veut est encore d’acheter l’artiste.
C’est un procédé aussi vieux que le monde : il n’y a de choix qu’entre une pensée inféodée aux puissants par un mécénat prétendument éclairé, ou cigüe d’une vie perdue à tenter de réunir pensées libres, poussées aux ravins broussailleux, aux sentes délaissées.
N’est aucune reconnaissance à attendre pour celui qui veut créer sans contrainte.
Celui-là commence par rêver tandis que le maître s’acharne à lui prouver que « deux plus deux font quatre » ; puis ne tarde pas à suivre les chemins buissonniers d’un savoir incapable de se contraindre à la page bien propre des pleins et des déliés ; délié, il finit par opter par la marge, par écrire sur les murs, sous le regard suspicieux des universitaires patentés, érigés en gardiens du temple de la culture bourgeoise élue comme seule et définitive représentante de toute culture. Celle-là seule trouve les bonnes grâces des institutionnels de tous bords.
Il te faut être docteur en poésie pour que tes poèmes entrent au panthéon littéraire des bibliothèques, et ce n’est que muni de ton Diplôme Universitaire d’ateliers d’écritures que tu peux répandre ta parole, à l’intime condition qu’elle respecte les canons de la bourgeoisie triomphante.
 
L’heure n’est plus à la curiosité mais à son apparence qui rapporte. La bourgeoisie nous a tellement appris, tellement façonnés que nous ne savons plus distinguer ce qui est de notre réel besoin d’exister et de savoir, ou des nécessités qu’un mode de fonctionnement industriel et marchand nous a peu à peu imposé.
On ne va pas à l’école pour grandir en humanité (et humanités), ni pour y trouver le pouvoir de devenir créateur de sa vie, cette vie unique propre à chaque citoyen respecté et respectable. Non, on va à l’école pour accéder aux gradins supérieurs, avec pour ligne de mire les sommets bancaires où se prélassent les nouveaux aristocrates.
Chacun rêve, en franchissant les grilles, de parvenir un jour en ces sommets de bien être, en cet art de vivre où chaussures de cuir très modes, petits sacs en croco, et bijoux voisinent avec l’art de parler des livres parcourus sans avoir jamais été lus.
Car le triomphe de la bourgeoisie sied aux petits egos démultipliés. La culture est son viatique, il faut pouvoir se dire écrivain, dès lors que trois mots sont alignés et que par copains, copines, et retours d’ascenseurs ils se trouvent projetés au pinacle de l’audimat. On joue les bohêmes, on se fait arranger la chevelure en coup de vent savamment organisé. On a alors réponse à tout. L’écrivain en posture d’oracle, la montre brillante au poignet, est adulé, la bouche en cul de poule, dans les cérémonies officielles de ce nouveau culte que sont les festivals, les fêtes du livre, les printemps de poètes dûment patentés par quelque certificat universitaire.
Ceux-là auraient quelque chose à nous dicter qui ne sont que les faire-valoir des boursicoteurs richement propriétaires de tout ce qui s’édite et se crée en la paroisse de France.
Et ils se répandent de journaux de province en pages nationales, sur toutes les radios, dans tous les petits écrans. Ils détiendraient, par la grâce de l’université au service des marchands, le savoir parfait tandis que le peuple, laminé et miséreux, dépourvu de toute identité culturelle mais stigmatisé comme jamais par sa présupposée inculture, devrait boire comme petit lait les pensées et poncifs assénés en paroles absconses.
 
Qu’on m’entende : je n’ai rien contre les universitaires, ni contre les « artistes » ou écrivains arrivés au sommet (même si parfois les moyens d’y parvenir peuvent laisser à désirer). Non, ce que je montre ici, ce que j’entends dénoncer, c’est l’usage de la culture comme outil au service d’un système qui se définit comme immuable, indépassable, persuadé de la juste raison alors même qu’il nous embarque peut-être vers la pire tourmente qu’ait jamais connue l’humanité, compte tenu du niveau technologique atteint.
La culture devient ce cache sexe qui permet de ne plus parler de cette face pourtant visible de la perte du sens contemporain. A grands frais on déplace les foules pour les jeux du cirque, tandis qu’en deçà des lieux idylliques où s’épanouit la parole poétique, on crève, on zone, on galère, on cherche en vain issue à une vie qui n’en est plus une, et, de plus en plus souvent, on y met un terme, volontaire ou non.
 
Il est de bon ton, pour un écrivain, pour un artiste, de montrer sa zen attitude, de se montrer au dessus de la mêlée (lire et relire Romain Rolland, http://fr.wikisource.org/wiki/Au-dessus_de_la_mêlée/Au-dessus_de_la_mêlée : prendre de la hauteur, n’est pas forcément se poser en donneur de leçons). De sa tour d’ivoire, l’artiste autoproclamé contemporain daigne faire état avec compassion de son goût pour l’élévation.
Il se plaint parfois de la mévente de ses œuvres, mais ne glissera pas un mot sur l’extension chronique du domaine de la misère !
Parfois même il cautionne par son silence complice, par sa prose creuse, un système dont il est de bon ton de parler en noir, mais sans chercher le moindre pinceau, le moindre pigment qui en changerait l’aspect.
 
J’ai en mémoire le dit d’un professeur des écoles, un instituteurs d’il n’y a pas si longtemps, au bord du gouffre de sa retraite, épuisé, pleurant pour ses élèves perdus sur le territoire du sens : « Au début, j’avais dans ma classe des enfants d’ouvrier qui avaient une culture d’ouvrier, des fils et filles de paysans qui avaient une culture paysannes, des italiens avec leurs chansons, des espagnols avec leur verbe haut… Désormais, je vois passer toutes les couleurs du monde, mais aucune n’a plus la moindre racine culturelle. Le dénominateur commun  s’appelle la Star Ac. »
 
Et je pleure avec lui.»
 
Xavier Lainé

2 février 2013

17/03/2013

Valls abjection

Sur quelles flammes souffle le ministre de l’Intérieur ?

Provocation verbale assumée, retour du refoulé, dérapage soigneusement contrôlé ? Quelle que soit l’explication qu’on choisisse d’adopter, les propos du ministre de l’Intérieur reprenant une série de clichés détestables à l’encontre des Roms sont proprement intolérables, comme ils le seraient vis-à-vis de toute autre population.

Valls - abjection, roms, assignation à résidence

Alors que les Roms, citoyens européens, devraient bénéficier de la législation en vigueur, ils se voient assignés à résidence à travers une expression dépréciative, inimaginable pour tout autre membre de l’Union européenne. La déclaration du ministre exprime par ailleurs, et sur un mode catégorique, une sorte de vérité révélée selon laquelle les Roms « ne souhaiteraient pas s’intégrer ». C’est ahurissant : jusqu’à plus ample informé, ce sont bien les enfants roms qui tentent de faire valoir leur droit à la scolarisation et certains maires qui les en empêchent, pas le contraire. Il y a, de la même manière, une certaine indécence à leur reprocher les actes d’incendies volontaires dont ils ont été les victimes…

La Ligue des droits de l’Homme tient à exprimer sa condamnation de propos tout à la fois inconséquents et lourds de conséquences, très éloignés de la circulaire interministérielle du 26 août 2012. Les populations roms, les défenseurs des droits et de la solidarité qui sont à leurs côtés, ont besoin de tout autre chose que de propos incendiaires. La LDH invite le gouvernement à inscrire son action dans le respect des droits fondamentaux et de la dignité des personnes.


Communiqué de la LDH

15/03/2013

Robert Castel (1933-2013)

Robert Castel (1933-2013), un éclaireur du social

Robert Castel

Robert Castel aurait eu 80 ans le 27 mars prochain. Directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), ses premiers travaux portaient sur la psychiatrie. Mais son grand œuvre est d’avoir été l’un des plus perspicaces analystes de la condition salariale. Observateur ? Non point seulement, car son empathie faisait que les « gens de peu » n’étaient pas simplement des objets d’étude, mais des sujets politiques, dont il suscitait et justifiait l’irruption sur le devant de la scène.
Dans l’un de ses ouvrages majeurs, Les Métamorphoses de la question sociale, une chronique du salariat, paru en 1995, partant d’une analyse de la constitution de la société salariale, il a montré que son effritement, à partir du milieu des années 1970, menait à une « désaffiliation » faite de vulnérabilité et de fragilisation des personnes. D’un modèle salarial dominant fait de subordination mais aussi de protection sociale, il a montré l’arrivée d’un nouveau régime fondé sur l’insécurité sociale et la précarité. Il en concluait à l’absolue nécessité de se battre pour le maintien et l’approfondissement d’une société de solidarité.

Cette analyse a débouché sur les publications suivantes : L’Insécurité sociale : qu’est-ce qu’être protégé ?, en 2003, La Discrimination négative, en 2007, La Montée des incertitudes : travail, protections, statut de l’individu, en 2009.

La LDH se retrouvait dans cette analyse pratique et concrète de la nécessité de tous les droits pour tous, et partout. Robert Castel aimait les gens, il écrivait pour justifier leurs droits et militait ainsi pour ces derniers. La LDH salue l’homme, sa vie, son œuvre et son engagement.

La LDH s’honore par ailleurs d’avoir eu Robert Castel comme contributeur à la livraison 2011 de L’Etat des droits de l’Homme en France avec un article, justement intitulé : « La fragmentation sociale ». En ces temps rudes pour toutes celles et tous ceux que leur vulnérabilité sociale expose à tous les vents mauvais, il est judicieux de lire et relire ces textes qui refondent l’universalité et l’indivisibilité de tous les droits.

Communiqué LDH - Paris, le 14 mars 2013

14/03/2013

Une suite au CESEDA

En France, de plus en plus d’enfants étrangers sont enfermés dans des centres de rétention. La Cour européenne des droits de l’homme a condamné l’Etat pour détention "inhumaine" et "dégradante" de réfugiés mineurs.

Qu'à cela ne tienne, Valls "infléchie" le ceseda vers l'assignation à résidence et décomplexe la tentation xénophobe.

ceseda, valls

Pénalisation des étrangers : « tout changer pour que rien ne change » ?

Contraint de se plier aux décisions de la Cour de justice de l’Union européenne, le gouvernement a fait adopter la loi du 31 décembre 2012 supprimant le délit de séjour irrégulier.

Une rupture avec la ligne de fermeté envers les étrangers en situation irrégulière ? Un pas vers plus d’humanité dans une logique de protection des droits fondamentaux ? Ce n’est malheureusement pas le cas.

Pour pallier la suppression du délit de séjour irrégulier, des infractions demeurent ou sont mises en place. C’est ainsi que l’article L. 621-2 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda) prévoit toujours la répression de l’entrée irrégulière et que la loi du 31 décembre 2012, reprenant d’une main ce qu’elle donne de l’autre, introduit une infraction de résistance passive à une mesure d’éloignement ou d’assignation à résidence (nouvel alinéa 1 ajouté à l’article L. 624-1 du Ceseda) : une façon de ne pas heurter de front la jurisprudence de la Cour de Luxembourg ;

La garde à vue des étrangers, rendue impraticable du fait de la dépénalisation du séjour irrégulier, est remplacée par une mesure de retenue administrative qui en est la copie quasi conforme : les services de police peuvent continuer de remplir les centres de rétention et les salles d’embarquement en tout confort.

L’essentiel répressif étant ainsi préservé, ce même gouvernement aurait pu se montrer plus compréhensif dans le traitement des conséquences réglementaires et administratives de ce tour de passe-passe législatif. Il n’en est rien.

Le décret n° 87-249 du 8 avril 1987 portant création du fichier automatisé des empreintes digitales (FAED) n’autorise que l’enregistrement de données destinées à permettre l’identification d’auteurs de crimes ou délits ; il est donc en toute logique devenu inutilisable pour identifier les étrangers en situation de séjour irrégulier. Qu’à cela ne tienne, le ministère de l’intérieur prépare un décret élargissant l’objet du FAED, qui permettra de continuer à traiter leurs empreintes comme s’il s’agissait de délinquants ;

Les dépenses médicales et d’interprétariat engagées dans le cadre des nouvelles mesures de retenue administrative ne peuvent plus constituer des frais de justice, car ne se rattachant plus à la recherche d’auteurs d’infraction ; le ministère de la justice demandait donc que la logique budgétaire soit respectée et que le ministère de l’intérieur les prenne en charge. Matignon a pourtant tranché : ces dépenses continueront d’être imputées sur les frais de justice correctionnelle.

Ainsi, malgré la suppression du délit de séjour irrégulier, la pénalisation des étrangers continue d’imprégner la loi jusque dans ses moindres détails.

Le 13 mars 2013

Les associations membres de l’Observatoire de l’enfermement des étrangers sont : Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat), Anafe, ADDE, Comede, Emmaüs France, Fasti, Gisti, La Cimade, LDH, Mrap, Observatoire du CRA de Palaiseau, Revue « Pratiques », Syndicat de la magistrature (SM), Syndicat de la médecine générale (SMG), Syndicat des avocats de France (SAF)

13/03/2013

Congrès de Niort 2013

La LDH de Manosque s'associe pleinement à la résolution suivante et souhaite s'en faire le relais auprès des sections qui n'y auraient pas encore souscrit.
Mieux, elle sollicite l'attention de ses instances parisiennes pour l'inscrire lors du prochain congrès sur ses tablettes et engagements ...

Congrès de Niort, Palestine
Source : Bastamag.net

Proposition de résolution des sections soussignées

La Palestine : un sociocide programmé

L’analyse du "conflit" israélo palestinien se termine trop souvent sur l’invocation d’une paix inéluctable entre peuples qui sont faits pour s’entendre, analyse démentie par la réalité sur le terrain. Côté israélien, le parti des colons et des sionistes ultras et racistes gagne en influence dans l’ensemble de la société. Côté palestinien, le processus de réconciliation nationale, condition d'élaboration d'une stratégie unifiée pour mettre fin à l'occupation et à la colonisation, se heurte encore à de nombreux obstacles ainsi qu’à des rancœurs accumulées et progresse par à-coups.
Tout en dénonçant les crimes de l’État d’Israël, son refus permanent de respecter les décisions de justice internationale, son mépris absolu des conventions de Genève, notamment la 4ème qui proscrit toute colonisation de territoire occupé, etc., etc., les mouvements démocratiques et les intellectuels se rejoignent tous ainsi par leurs analyses en critique pointilliste de l’action terroriste de cet État.
Par la voix de ses responsables dans la presse, par des lettres ouvertes ou dans ses documents internes, la LDH n’envisage pas d’autre fin que la paix entre deux États, reconnus mutuellement et internationalement, à l’issue de négociations de "paix", à condition qu'ils respectent la justice et l'égalité des droits. Au cours de l’année 2012, l’un de nos présidents d’honneur (par ailleurs Président du Réseau euroméditerranéen des droits de l’Homme) et le Président de la LDH ont rendu publiques des analyses pertinentes sur des problèmes particuliers du conflit, dénonçant les abus d’Israël et la lâcheté des gouvernements occidentaux. Analyses que tout ligueur a pu faire siennes.

La colonisation n'a cessé de s'étendre et tout laisse à penser que le pouvoir militaro-politique israélien va amplifier la politique brutale menée contre les Palestiniens ces dernières années, avec la reconduction de Netanyahou à la tête du gouvernement. Ce dernier fait d’évidence entrer son pays dans ce qu’il faut bien considérer comme la dernière phase de la stratégie sioniste. Tous ses actes conduisent en effet à la conquête quasi totale de la Palestine mandataire pour créer "l’État juif" qu’il revendique, les présentes frontières étant toutes provisoires. Sharon, au pouvoir en 2001, n‘annonçait-il pas cette dernière étape en répétant : «La guerre d’indépendance de 1948 n’est pas achevée» ? Seules subsisteront des "réserves d’Indiens" pour touristes.

Le mot "sociocide" a souvent été répété avec force par Stéphane Hessel pour désigner la tragédie palestinienne. Car ce sont en effet une culture, un peuple, une société originale du Moyen-Orient qui vont disparaître. Société qui connaissait la démocratie et le multipartisme, les droits de la femme, l’éducation mixte, une riche vie associative. Un exemple mis récemment en lumière par des intellectuels israéliens démontre la détermination d’Israël, sa brutalité et le raffinement dans la volonté d’effacer ses ennemis : 70 000 livres laissés dans leurs bibliothèques par les Palestiniens fuyant la Nakbah en 1948 furent considérés par Israël comme "propriétés abandonnées".  Un patrimoine culturel est devenu une "prise de guerre" !

Cet exemple ne doit bien évidemment pas faire oublier la mort, l’exil, les drames familiaux de tant de Palestiniens victimes d’une persécution sans limites. Il doit aussi nous rappeler le travail courageux d’historiens, archéologues, journalistes, ou artistes et intellectuels israéliens. À côté ou au cœur d’associations, d’authentiques femmes et hommes de paix en Israël organisent la résistance, conscients du réveil terrible que sera pour le judaïsme et pour les Juifs de la diaspora l’aboutissement de cette politique folle et guerrière de conquête.

Pour empêcher cette fin tragique, il est du devoir de la LDH d’écouter et de soutenir, en même temps que les voix palestiniennes, celles et ceux qui, en Israël, militent pour une vraie paix. Peuple nié sur sa terre, les Palestiniens sont, pour exister, entrés en résistance, un temps armée, mais de plus en plus non-violente. Il est de notre responsabilité de relayer les appels aux actions non-violentes qui viennent de là-bas. Et, comme pour le boycott efficace de l’Afrique du Sud de l’apartheid, de reprendre à notre compte l’action "Boycott, Désinvestissement, Sanction", en particulier contre tous les produits issus des colonies, seule action qui peut en même temps sensibiliser l’opinion internationale et inquiéter économiquement Israël.

Enfin rappelons que l’implantation de colonies en terre palestinienne est depuis 1967 la marque de tous les gouvernements israéliens. N’oublions pas que l’encre de la signature du traité d’Oslo n’était pas sèche que Rabin programmait encore de nouvelles colonies au point de s’attirer, après son assassinat, les félicitations posthumes du Likoud. Les colonies sont d’évidence le fer de lance de cette politique qui vise à installer Israël du Jourdain à la Méditerranée.

Ne laissons pas s’installer la paix des conquérants, une Pax Hébraïca semblable à la Pax Romana, celle dont Tacite faisait dire à Galgacus dans sa biographie du général romain Agricola : "Où ils font un désert, ils disent qu'ils ont donné la paix" … même si "le désert" est peuplé de colonies.

Février 2013

Sections de Cannes-Grasse, de Carcassonne, d’Istres-Ouest Provence, de Mantes la Jolie et du Mantois, de Marseille 15e/16e, de Nîmes, de Perpignan-Pyrénées Orientales, de Pertuis, de Talence, de Rodez, de Uzès et Ste. Anastasie, de Manosque…

09/03/2013

Notre monde

Il est probable que pour nous, à la LDH, "Notre Monde" soit LE film de l’année : celui qui devrait donner envie à chacun de faire de la politique. La faire comme nous concevons de la faire, autrement et collectivement.

 Le film est tourné vers l’avenir, dédié « à ceux qui viendront » (B. Brecht) mais aussi à ceux qui sont venus, Lucie et Raymond Aubrac. De quoi s’agit-il ? De trouver un domaine d’action, nous dit le philosophe Jean-Luc Nancy, et ce domaine d’action c’est la pensée, qui n’est pas le contraire de l’action mais sa condition. L’humanisme est en crise, la civilisation en train de changer, les religions font croire et non penser : ce qu’il faut, dans des lieux à inventer, c’est d’un élan chercher « la commune pensée, penser la Commune ».

Prologue ambitieux. Se met alors en place une sorte de séminaire, ou de chorale, où il est question d’éducation, de santé, de justice et de libertés, de frontières et de différences, de culture, de travail, d’économie, d’Europe, de démocratie. Et ce qui est remarquable, c’est que sur des sujets différents, ces voix diverses se croisent et convergent pour dénoncer la vaste entreprise de destruction des droits qui est en cours et proposer des réformes concrètes pour les défendre. Pour que l’école cesse de classifier et d’exclure, il faut évaluer les choses et non les enfants ; pour que le système de santé français échappe à la privatisation rampante et cesse de se dégrader, André Grimaldi énumère les mesures concrètes à prendre ; Matthieu Bonduelle dénonce la débauche pénale à l’œuvre depuis 2002, Patrick Henriot l’apartheid juridique auquel sont soumis les étrangers ; Eric Fassin rappelle que les étrangers sont des êtres sociaux, avec des liens, et que leur rendre leurs droits au regroupement et au mariage, ce serait commencer à en finir avec la xénophobie ; Françoise Héritier réclame le compte du travail domestique dans le PNB, pour lutter contre le sexisme ; Michel Butel veut une presse qui fasse place à l’écriture, à la poésie et aux sans-voix. C’est sur le travail et l’économie, le cœur même de la crise avec la prise du pouvoir, y compris politique, par la finance que les convergences sont les plus fortes. L’entreprise est devenue un bien marchand, les relations de travail ont changé ; chacun s’acharne, seul, à remplir les objectifs qu’on lui a assignés (« A bas l’excellence », s’exclame Luc Boltanski) ; on voit le précariat s’installer sous le salariat, les licenciements « financiers » se multiplier, avec des suicides sur le lieu de travail et un risque d’explosion sociale, voire d’implosion du système (Toni Negri, Robert Castel, Christophe Dejours). Susan George s’indigne d’un monde qui récompense les fraudeurs et les banquiers, et punit les victimes. Jean-Pierre Dubois observe que toutes les politiques conduites depuis trente ans aggravent les inégalités et propose d’agir par une politique fiscale et sociale en sens contraire. L’Europe peut fort bien s’effondrer si l’on ne construit pas un projet alternatif, selon Etienne Balibar, qui en appelle à la liberté de circuler, au cosmopolitisme et à une insurrection démocratique. Enfin, reconstruire la démocratie exige la participation effective des citoyens à la prise de décision (Bastien François) et la conquête de lieux pour en délibérer et pour faire rendre des comptes aux parlementaires, comme les clubs de la Révolution française (Sophie Wahnich).

Tout ceci n’est qu’un résumé très incomplet, chacun aura le sien, mais peu importe. Il est clair que la domination de l’homme blanc occidental sur les étrangers et sur les femmes, que la domination des banques sur les entreprises, les travailleurs et les gouvernements, que la destruction des services publics, et plus largement des droits et des libertés, ça suffit. Et que donc pour changer ce monde, il faut faire de la politique. « Ne jamais s’arrêter de monter », écrit Marie Ndiaye, dont un récit lu par une comédienne scande ce film à la fois réaliste et utopique, politique et, oui, poétique.

A lire aussi, cet entretien avec Thomas Lacoste, le réalisateur en attendant une projection à Manosque (deuxième quinzaine de mai)...

02/03/2013

"La mémoire n'est pas un truc fiable..."

Les accords d'Évian sont le résultat de négociations entre les représentants de la France et du Gouvernement provisoire de la République algérienne formé par le Front de libération nationale (FLN) durant la guerre d'Algérie. Ces accords sont signés le 18 mars 1962 à Évian et se traduisent immédiatement par un cessez-le-feu applicable sur tout le territoire algérien dès le lendemain.

Ces accords mettaient fin à huit ans d'une guerre qui n'en portait pas encore le nom.

Meurtres pour mémoire, jeanne Puchol

Prix Artémisia 2013 avec une BD intitulée «Charonne - Bou Kadir» (Editions Tirésias) , Jeanne Puchol nous rappelle un terrifiant souvenir d’enfance qui est aussi un fait d’histoire et l’un des fondements de son militantisme politique. Elle n'en est pas à son coup d'essai puisqu'elle a déjà publié « Meurtres pour mémoire» de Didier Daeninckx en 1991 qui traitait du même sujet.....Rencontre.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce livre ?

«Charonne : ce nom sur mon enfance, qu’il traverse, à la fois lugubre et familier », ainsi commençait un témoignage que j’ai écrit pour le recueil «Elles et eux et l’Algérie», paru chez Tirésias en 2004. C’est à nouveau ce condensé de sens du mot Charonne - la rue où j’ai vécu enfant, le nom de la manifestation du 8 février 1962 – qui m’a donné envie de pousser cette première réflexion plus loin.

Quel est l’enjeu de mémoire d’un ouvrage comme celui-ci ?

Quand on voit Monsieur Gérard Longuet faire un bras d’honneur sur un plateau de télévision à l’idée de la moindre «repentance» vis-à-vis de l’Algérie, quand on voit Madame Michèle Tabarot, fille d’un dirigeant de l’OAS et fière de l’être, devenir secrétaire générale de l’UMP, quand on voit les «nostalgériques» de tout poil rendre hommage à des légionnaires putschistes et donner leur voix au FN, la question se pose-t-elle encore ?

Vous vous êtes basée sur des témoignages de militants, parfois familiaux. Quelles ont été vos autres sources ?

En dehors de ceux de mes parents, les témoignages cités sont indirects : je les ai trouvés sur le site du Comité Vérité et Justice pour Charonne et dans le livre d’Alain Dewerpe, lui-même fils d’une des victimes, «Charonne 8 février 1962. Anthropologie historique d’un massacre d’État» (Gallimard Folio Histoire, 2006).

L’OAS est au cœur du récit. Qu’a représenté cette organisation ?

J’aurais aimé dire que cette organisation n’a représenté qu’elle-même. Mais non : dès le départ, elle a été composite, rassemblant des radicaux issus de l’extrême droite française, des militaires séditieux et des Français de France ou d’Algérie, entre autres d’anciens grands résistants, sincèrement persuadés que l’Algérie devait rester française. Pourtant, ses visées auraient dû paraître claires dès le départ : créée dans une clandestinité abritée par l’Espagne franquiste, l’OAS révèle ses objectifs factieux et anti-républicains en assassinant des fonctionnaires français en poste en Algérie, tel le commissaire central d’Alger Roger Gavoury, difficilement soupçonnable de soutien au FLN.

La France a-t-elle mal géré la sortie de son aventure coloniale ?

Je ne sais trop comment elle l’a gérée, mais elle ne l’a toujours pas digérée, à mon avis. Il suffit de voir le racisme ordinaire contre les ressortissants «visiblement musulmans» dont un de ses anciens dirigeants, auteur de cette insultante périphrase, et une bonne partie de sa population, sont encore capables…

Vous décrivez les événements du Métro Charonne, le 8 février 1962. Ont-ils créé un trauma particulier dans l’opinion publique française ?

Sans aucun doute, au vu des funérailles des victimes qui ont rassemblé presque un million de personnes le 13 février suivant. Pourquoi ces morts-là ont-ils créé un tel choc, alors que le conflit avait fait déjà beaucoup de victimes de part et d’autre ? Pourquoi, parmi la dizaine d’attentats commis la veille par l’OAS, celui qui visait André Malraux et qui éborgne une fillette émeut-il l’opinion au point qu’il sera le seul qu’elle retiendra ? Peut-être parce que, dans les deux cas, ce sont des Français qui tuent ou blessent d’autres Français : policiers des Brigades Spéciales à Charonne, activistes de l’OAS la veille.

C’est annonciateur de Mai 68 ?

Je ne suis pas historienne et donc assez mal placée pour répondre à cette question, mais je n’en suis pas si sûre, ou bien vraiment de manière marginale. À Charonne, le gros du cortège est constitué de membres et sympathisants de la CGT et du PCF ; ces deux formations ont gardé leurs distances avec les événements de Mai 68. Dans d’autres parties du défilé, qui se déploie dans plusieurs quartiers parisiens, on trouve des étudiants, mais six ans plus tard, ils seront entrés dans la vie active. Sans doute, quelques lycéens auront-ils, ce jour-là, leur premier contact avec la politique et la violence policière, et se retrouveront-ils sur les barricades quelques années après. De même qu’une nouvelle force politique, le PSU, apparue en 1960 à la gauche de la SFIO pour réclamer l’indépendance de l’Algérie, prendra toute sa part à Mai 68.

Vous veniez d’une famille politisée qui habitait le quartier de Charonne. Il y a à l’époque un militantisme très déterminé, très structuré, par le Parti Communiste notamment. C’est une façon de vivre la politique qui a disparu aujourd’hui ?

Vous le savez aussi bien que moi, ce n’est pas parce que les médias ne parlent pas de certaines choses qu’elles n’existent pas. Or les militants sont toujours là, même si la télé ne les montre pas. Certes les formes de militantisme ont changé – l’époque aussi est différente ; mais il me semble que la lutte des travailleurs sans papiers, les assemblées citoyennes organisées par le Front de gauche, les nouvelles formations féministes, le mouvement contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes… relèvent d’une façon de vivre la politique peut-être moins structurée mais tout aussi déterminée qu’alors.

Il y a une très belle séquence avec Charon, le convoyeur des morts vers l’enfer. Quelle est la symbolique derrière ce personnage ?

Dans la mythologie grecque et romaine, Charon ou Caron, fils d’Érèbe et de la Nuit, reçoit les âmes des morts et les fait passer, sur sa barque, d’une rive à l’autre de l’Achéron, le fleuve qui entoure les Enfers. Encore faut-il que les morts aient de quoi le payer, raison pour laquelle les vivants doivent leur glisser une monnaie dans la bouche. Dans « Charonne – Bou Kadir », Charon passe dans un sens – quand il emmène les victimes de Charonne –, puis dans l’autre – quand il « ramène » aux vivants les morts d’Algérie, du moins leur souvenir, à travers les monuments parisiens qui leur sont dédiés.

Vous dites que la mémoire n’est pas un truc fiable. Raconter l’histoire en BD l’est davantage ?

La mémoire n’est pas un truc fiable tant qu’on n’en retourne pas les pierres, tant qu’on ne confronte pas ses souvenirs parfois défaillants avec les sources, les textes, les références… Ce que j’ai précisément été amenée à faire pour écrire et dessiner ce livre, que je vois comme un « documentaire subjectif ». Je ne sais pas si la démarche est fiable, en tout cas elle tente d’être honnête.

Vous faites en fin de volume le lien avec l’Algérie d’aujourd’hui. Il est question de « repentance » ?

La «repentance» c’est comme la «gouvernance», des mots créés de toute pièce pour éviter d’appeler les choses par leur nom. Et moi, tout ce que je souhaite, c’est qu’on appelle les choses par leur nom : voyez le temps qu’il a fallu pour qu’un précédent président français ne parle plus d’ « événements » mais de «guerre d’Algérie» ; le temps qu’il a fallu pour que l’actuel président français reconnaisse la répression de la manifestation du 17 octobre 1961…

Vous êtes publiée par un petit éditeur, plutôt versé dans la littérature, Tirésias. Comment êtes-vous arrivée à lui ?

Les éditions Tirésias publient de la littérature, certes, mais surtout des essais d’historiens sur les pages les plus sombres et souvent les plus méconnues des grands conflits du XXe siècle : guerre d’Espagne, Deuxième Guerre mondiale et guerre d’Algérie. En 1995, Michel Reynaud, directeur des éditions Tirésias, avait fait appel à plusieurs dizaines d’auteurs de BD (dont Baudoin, Chauzy, David B., Ferrandez, Guibert, Larcenet, Sfar, Willem…) pour créer un contrepoint visuel à son anthologie «La Foire à l’Homme. Écrits-dits dans les Camps du Système Nazi de 1933 à 1945». C’est ainsi que nous nous sommes rencontrés. J’ai par la suite travaillé à plusieurs reprises avec lui, en illustrant par exemple «Bleuette» de Madeleine Riffaud et «Comme une grande fête» de Max Rainat, parus à l’occasion du 60ème anniversaire de la libération de Paris. Comme je l’ai dit au début de l’entretien, j’avais envie de pousser plus loin ma réflexion sur Charonne. Ce désir a rencontré celui de mon éditeur qui m’a invitée à lui donner corps au sein de sa collection « Lieu est mémoire ». Il en a aussi accepté la forme, alors qu’il ne publie pas de bande dessinée.

Vous passez de Jeanne d’Arc à l’Algérie, toujours l’Histoire ?

Oui, bien que d’une tout autre façon. Cela m’intrigue d’ailleurs, car j’ai toujours été nulle en Histoire à l’école ! Mais dans un cas comme dans l’autre, l’Histoire a trouvé une profonde résonance avec mes propres préoccupations, qu’elles soient politiques, mythologiques, psychanalytiques… avec mes petites obsessions personnelles, en un mot.

Quels sont vos projets ?

Je travaille actuellement avec Laurent Galandon sur «Vivre à en mourir», qui paraitra au Lombard l’année prochaine. L’album raconte le parcours d’un des jeunes résistants juifs qui figurent sur l’Affiche rouge. Encore de l’historique, toujours du politique !

Propos recueillis par Didier Pasamonik pour Actua BD