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24/04/2013

Tant et plus de "mais"

Après une première victoire enregistrée contre l'homophobie le 23 avril 2013, le temps des cerises serait-il revenu ?

Accord national interprofessionnel, report ANILe vote définitif au Sénat du texte «Accord national interprofessionnel (ANI) pour un nouveau modèle économique et social au service de la compétitivité des entreprises et de la sécurisation de l’emploi et des parcours professionnels des salariés» est reporté au...

14 mai.

Il est encore temps de le remettre en cause. Comme par exemple ce rappel des "mais" émis par la LDH :

A l’attention de mesdames et messieurs
les député(e)s et sénateurs(trices)

"(...) sur plusieurs points, ce texte soulève des difficultés sérieuses. S’il n’appartient pas à la LDH de porter une appréciation détaillée sur les différentes dispositions de ce projet de loi, il est de sa responsabilité d’attirer votre attention sur plusieurs réformes envisagées. Les principaux points qui méritent d’être soulignés sont les suivants :

le droit au juge et à un procès équitable  : le projet de loi multiplie les délais de prescription réduits (art. 16 - Titre VII « Prescription des actions en justice »), notamment en matière de licenciement économique (art. 13 - Sous-section 1 « Délais de contestation et voies de recours » - art. L. 1235-7-1 versus Convention de l’organisation internationale du travail (OIT) n° 158, art. 8), rendant encore plus difficile la saisine du juge par les salariés et prévoit une indemnisation forfaitaire (art. 16), ne tenant pas compte des préjudices réels et du principe de réparation intégrale, etc.
Le projet limite le pouvoir du juge judiciaire, en supprimant son contrôle sur le motif du licenciement (art. 12 - « Accords de maintien de l’emploi », art. L. 5125-2), ou écarte le juge judiciaire, au profit du seul juge administratif, pour le contentieux des licenciements économiques (art. 13 - Sous-section 1 « Délais de contestation et voies de recours » - art. L. 1235-7-1), ou des partenaires sociaux en cas de violation de l’accord (art. 12 - « Accords de maintien de l’emploi »). Ces dispositions reprennent celles de l’ANI alors que les partenaires sociaux ne peuvent circonscrire les pouvoirs du juge.
De telles dispositions apparaissent constitutives d’une atteinte au droit au juge (Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales (CESDHLF), art. 6, et jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) ; art. 47 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne (CDFUE)). À travers le contournement du juge, c’est l’accès au droit qui est visé ;

le principe d’égalité : selon le projet de loi (art. 16 - Titre VII « Prescription des actions en justice »), toute action portant sur l’exécution ou la rupture du contrat de travail se prescrit par « deux ans » (à de rares exceptions près). Depuis la réforme de la procédure civile (loi du 17 juin 2008), la durée de prescription de droit commun est de cinq ans. Les salariés connaitraient, pour saisir le juge, des délais plus réduits que les autres justiciables. Cette atteinte au principe d’égalité devant la loi n’a aucune justification ; alors que, dans la majorité des cas, les salariés, liés à leur employeur par un lien de subordination, ne saisissent le juge qu’après leur licenciement, pour éviter des mesures de rétorsions tant qu’ils sont dans l’entreprise ;

la discrimination  : selon le projet de loi (art. 8 - Sous-section 8), un accord collectif peut prévoir la possibilité, par avenant, d’augmenter temporairement la durée du travail contractuelle. L’accord « peut » prévoir la majoration des heures effectuées. Par conséquent, l’accord peut ne pas prévoir de majoration, comme le font déjà des entreprises (la Cour de cassation sanctionne cette pratique illégale). Imagine-t-on de faire signer à des salariés à temps complet des avenants prévoyant l’augmentation temporaire de leur temps de travail sans majoration pour heures supplémentaires ? Cette disposition, si elle entrait en vigueur, constituerait une discrimination indirecte à l’égard des femmes, la majorité des salariés à temps partiel étant des femmes et une telle disposition n’ayant pas de justification (la volonté des entreprises, notamment dans le secteur de la propreté, d’augmenter leurs marges bénéficiaires ne constituant pas une justification). Une remarque de même nature peut concerner la disposition sur le contrat de travail intermittent (art. 18).

Sur d’autres thèmes, le législateur devrait sécuriser la jouissance des droits fondamentaux, en précisant des garanties d’exercice de ces droits, avant de confier aux partenaires sociaux la négociation de leurs modalités d’application concrètes dans les entreprises :

le droit de mener une vie familiale normale. Projet de loi (art. 10 - Sous-section 2 « Mobilité interne » et art. 13 - § 4 « Mobilité interne ») versus droit international et européen (Convention OIT n° 156, CESDHLF, art. 8) ;

le « droit à l’emploi ». Projet de loi (art. 12 – « Accords de maintien de l’emploi », prévoyant « un licenciement individuel pour motif économique » en cas de refus, sans mesures de Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) quel que soit le nombre de salariés concernés ; idem concernant l’art. 10 - Sous-section 2 « Mobilité interne ») versus droit international et européen (Convention OIT n° 158, spéc. art. 4, 8, 9 et 13).

Le Parlement est libre d’élaborer la loi notamment en matière de principes fondamentaux du droit du travail et il lui appartient d’exercer ses compétences. Il peut modifier la loi s’il souhaite donner toute sa portée juridique aux accords signés par les partenaires sociaux. Cependant, le législateur doit respecter les engagements internationaux et européens de la France, et il lui appartient, au-delà, d’élaborer des textes législatifs qui rendent effectifs les droits fondamentaux prévus dans ces engagements.

Le projet de loi n’est pas en harmonie avec ces exigences. Par conséquent, il semble nécessaire que la LDH saisisse les députés et les sénateurs sur ces différents points pour que le débat parlementaire permette le retrait des dispositions contraires au droit international et européen. Il n’est pas souhaitable de renouveler l’expérience du contrat nouvelle embauche (CNE), tant en ce qui concerne les conséquences sur les personnes, que celles sur la crédibilité de la législation et sur l’engagement de la responsabilité de l’Etat devant les juridictions.

Veuillez agréer, etc, etc..."

Pierre Tartakowsky
Président de la Ligue des droits de l’Homme

Paris, le 5 avril 2013

 

22/04/2013

L'im-populiste ANI

L’accord national interprofessionnel (ANI) sur la sécurisation de l’emploi n'est pas un sujet "POPULISTE" -en lieu et place du mot "populaire"- (nous disons "populiste" à dessein). D'ailleurs Gérard Filoche l'explique très bien, fort de ses 30 ans d'inspecteur du travail : le code du travail est le plus méconnu de tous les codes, et c'est la hantise des chefs d'entreprise.

C'est bien pour cela qu'on s'arrange pour ne pas trop en parler.

Sur l'audiovisuel public, le sujet est déprogrammé, ainsi que les interventions de Filoche. Arrêt sur Images l'a évoquéil y a peu, et avait déjà constitué un solide dossier sur le sujet, en détaillant les dangers de cet accord trop inspiré des désirs du Medef (A lire ici).

L'article cite la vidéo ci-dessus en ces termes : "Invité à Argelès-sur-Mer le 14 mars dernier, Filoche tient conférence pendant une heure et quart. Sans notes. Juste un micro. Autant le site est confus, autant sa parole est limpide. Excellent tribun, l’homme nous tient jusqu’au bout de sa démonstration. Son fil rouge est de nous prouver que le diable se cache dans les détails", et se conclu en ces termes : "Je vous invite à regarder entièrement cette vidéo. Sans elle vous aurez du mal à comprendre l'ensemble des enjeux de l’ANI."

Mais comme 35 députés socialistes ont préféré s'abstenir sur le projet de loi la semaine dernière, le gouvernement a utilisé samedi la procédure du vote bloqué pour accélérer l’adoption du projet de loi sur l'emploi au Sénat, où Marie-Noëlle Lienemann est une des socialistes les plus opposée au texte.
"Un déni de démocratie", attaque le PCF vent debout contre cette procédure. Eliane Assassi, chef du groupe communiste déclare au JDD : "Je leur avais dit que le temps prévu ne suffirait pas. Ce coup de force lourd de conséquences ne restera pas sans lendemain", menace-t-elle. Avant de conclure lapidaire que ce projet n’est pas "un texte de gauche".

Bien moins médiatique que l'affaire Cahuzac ou le Mariage pour tous, cette loi sur l'emploi est pourtant l'acte de trahison du gouvernement à son idéologie fondée sur la lutte sociale.

Cahuzac, justement, lançait il y a quelques temps à Jean-Luc Mélenchon, pendant leur débat télévisé : "vous croyez toujours à la lutte des classes vous ?  je n'y ai jamais cru."

Cahuzac le traître si commode, comme Goldstein dans 1984 d'Orwell, n'est plus là, mais la vraie trahison est toujours présente, pour rompre avec des siècles de progrès continu des conditions de travail.

Source

20/04/2013

Rapport sur la banalité du mal

La sortie du film de Margarethe von Trotta "Hannah Arendt" devrait être l'occasion de redécouvrir la nécessité du penser par soi-même et singulièrement de comprendre un peu mieux les origines du totalitarisme.

Si la fimographie de Margarethe von Trotta est impressionante, sa dernière réalisation est très attendue. Avant goût :

Pour un réalisateur de cinéma, le projet de montrer à l'écran le travail de la pensée est une gageure. Pourtant, c'est le dessein que s'est fixé Margarethe von Trotta dans son film intitulé Hannah Arendt. Et manifestement, la réalisatrice a atteint son objectif. Présenté en novembre 2012 au Festival international du Film d'Histoire de Pessac, le film a séduit le jury qui lui a décerné tous les prix de la catégorie fiction.

Le 10 février dernier, une séance organisée à Paris, au cinéma Le Balzac, dans le cadre de la manifestation "Avenue du Cinéma", opération de promotion du septième art sur les Champs-Élysées, a permis à quelques chanceux de voir le film en avant-première.
Après la projection, au cours d'un débat organisé par la revue L'histoire et animé par Antoine de Baecque, les spectateurs ont manifesté leur enthousiasme pour cette œuvre audacieuse qui s'adresse à tous les publics mais qui suscite beaucoup d'intérêt de la part des philosophes et des historiens.
 
Au cours d'un dialogue avec la salle, l'historienne spécialiste de la Shoah, Annette Wieviorka et Caroline Champetier, qui a participé au tournage en tant que directrice de la photographie, ont toutes les deux souligné l'honnêteté du scénario, le sérieux de la reconstitution historique, et l'originalité du film.
Depuis la parution de la biographie d'Élisabeth Young-Bruehl, nombre d'ouvrages se sont efforcés d'éclairer le parcours philosophique de l'étudiante préférée de Martin Heidegger, qui avait fui l'Allemagne en 1933 dans un contexte de persécution des Juifs, et dont la pensée a fini par s'opposer à celle de son maître.
Mais le film s'avère presqu'aussi précieux que le livre pour reconstituer l'atmosphère d'ébullition d'une période intensément intellectuelle.
 
Dix ans après son installation aux U.S.A., la parution en 1951 de son ouvrage intitulé Les origines du totalitarisme, avait permis à Arendt d'être considérée comme un des grands penseurs du XXe siècle. Grâce à ce livre magistral, elle a acquis rapidement le succès et la reconnaissance de ses pairs. Comment expliquer qu'une décennie ans plus tard, elle se soit trouvée au cœur d'une violente controverse ?
 
L'ambition de Margarethe von Trotta était double : évoquer l'existence concrète d'une intellectuelle en exil et traduire dans le langage cinématographique une querelle philosophique. Les qualités de l'œuvre tiennent d'abord au scénario auquel Margarethe von Trotta a travaillé en collaboration avec Pamela Katz durant quatre ans. Les auteures ont restreint leur rélexion à cinq années de la vie de la philosophe. Entre 1960, année de la capture en Argentine par le Mossad du criminel nazi Eichmann et 1964, année suivant la publication dans le New Yorker du reportage d'Arendt consacré au procès, des bouleversements se sont produits dans son existence.
Margarethe von Trotta a insisté pour que Barbara Sukowa, connue pour ses collaborations avec le réalisateur Rainer W. Fassbinder, endosse le rôle-titre. Et ce choix est déterminant. Cette intelligente actrice, sait imposer l'intensité de sa présence à l'écran. Qu'elle soit filmée chez elle, dans son appartement de New York scrupuleusement reconstitué, ou dans les rues de Jérusalem aux ruelles ensoleillées, elle incarne avec bonheur une indomptable femme de génie.
 
Hannah Arendt est à la fois une femme d'action et de discours qui bataille pour imposer sa pensée métaphysique et sa conception de la politique. Il fallait que l'actrice soit dotée de l'énergie intérieure suffisante pour se glisser dans la peau d'une femme d'exception, au tempérament passionné. Barbara Sukowa fait la preuve de sa maîtrise du jeu de l'acteur dans une scène d'anthologie, un discours de six minutes adressé en anglais à un auditoire constitué d'étudiants qu'elle doit convaincre.
Son courage, Arendt le puise dans la contemplation des deux photographies disposées sur son bureau : celle de Martin Heidegger, coiffé de son éternel calot noir, son amour de jeunesse, et celle de Heinrich Blücher (Axel Milberg), son second mari, tendrement chéri.
L'œuvre est un film d'atmosphère. Les soirées amicales qu'Arendt organise dans son appartement de New York sont de magnifiques scènes, sensibles et fines. Mary MacCarthy (Janet McTeer), son amie romancière y est omniprésente de même que la charmante Lotte Köhler (Julia Jentsch) qui lui sert d'assistante. Les deux femmes ne s'apprécient guère pourtant. Une rivalité sourde les oppose.

Aucune jalousie cependant de la part de Heinrich Blücher à l'égard de Martin Heidegger. Quelques retours en arrière montrent la jeune Hannah en compagnie du philosophe qui, en dépit de prises de position nazies, a inspiré la plupart des grandes pensées du XXe siècle. Cette relation amoureuse demeure une énigme.Quant à Hans Jonas, camarade d'Arendt depuis 1924, philosophe et historien de la religion, il dialogue âprement avec son amie. Leurs désaccords sont nombreux. Les deux penseurs se brouilleront d'ailleurs passagèrement après la publication du reportage d'Arendt sur le procès Eichmann.Dans ces conversations new yorkaises à bâtons rompus, l'anglais se mêle à l'allemand. Le passage d'un idiome à l'autre est symbolique d'une fracture dans la personnalité d'Arendt : coexistent en elle la nostalgie de l'Europe et son amour pour les U.S.A., le pays de l'exil. La belle musique d'André Mergenthaler souligne l'intensité dramatique de ces scènes de difficile amitié.

C'est Hannah Arendt elle-même qui, malgré son inexpérience du journalisme, a suggéré à William Shawn, directeur du New Yorker, de la dépêcher à Jérusalem pour couvrir le procès. Adolf Eichmann, accusé d'avoir participé à la solution finale, doit répondre de ses actes face aux témoins survivants de la Shoah. Malgré son allure et ses discours de bureaucrate docile, il est l'un des représentants du mal extrême. Il a tenu un rôle de tout premier plan dans une terrifiante entreprise génocidaire.
Dans le film, on voit Arendt, assise dans la salle de presse, les yeux rivés sur des écrans de télévision. Elle observe l'accusé, aussi méthodique dans sa défense qu'il l'était pour organiser le transport des Juifs vers les camps d'extermination.
C'est un des rares moments du film qui soit historiquement contestable. En effet, Hannah Arendt, dont l'emploi du temps était très chargé, n'a pas assisté à la totalité du procès. En vérité, elle a écrit les cinq articles parus dans le New Yorker, après avoir étudié à son domicile new yorkais des milliers de pages de minutes du procès. Mais ce bref recours à la fiction a permis à la réalisatrice d'intégrer au film des images d'archives tournées par le documentariste américain Leo Hurwitz, et que les plus jeunes spectateurs ne connaissent pas tous.
 
Le reportage d'Arendt sur le procès Eichmann a été conçu avec l'exigence intellectuelle et la rigueur qui la caractérisent. Malheureusement, un malentendu durable l'a brouillée avec nombre de ses lecteurs et avec les autorités d'Israël, choqués par ce qu'ils ont supposé de désinvolture dans son ton.
Kurt Blumenfeld (Michael Degan), personnalité sioniste, ami d'Arendt depuis qu'elle est jeune, son père de substitution, meurt sans lui avoir pardonné son présumé manque d'empathie à l'égard des déportés survivants et ses accusations contre les conseils juifs. Dans une scène pathétique, il renie celle qui est venue jusqu'à Jérusalem pour veiller à son chevet.Très atteinte par la polémique, Arendt a considéré qu'elle résultait de deux méprises : d'une déformation malveillante de ses propos, orchestrée par une campagne de presse hargneuse et d'un contresens dommageable sur le sous-titre de son livre Eichmann à Jérusalem, paru en 1963 : Essai sur la banalité du mal.

Arendt avait pour projet de souligner la radicalité du crime contre l'humanité, perpétré par le régime totalitaire nazi, et dont personne ne se reconnaissait coupable. Mais elle a été lue trop vite ou pas lue du tout.
Peut-être a-t-elle manqué non de lucidité philosophique mais de sens politique durant cette longue période d'épreuve. On pense seul mais on agit collectivement, avait-elle coutume de répéter. Dans ce cas particulier, aucun de ses intimes n'est parvenu à la convaincre des risques de montée de l'antisémitisme, conséquences du procès, et que sa prise de position contestée aggravait.La fin du film, qui sera projeté sur les écrans français à partir du 24 avril 2013, reste ouverte. Maintenant qu'ils sont sensibilisé à cette période, Margarethe von Trotta invite les spectateurs à lire ou relire les ouvrages d'Arendt pour penser par eux-mêmes.

19/04/2013

Les liquidateurs de la République sociale

Le communiqué qui suit ne doit pas faire oublier que la focalisation faite autour du mariage pour tous, prétexte à homophobie, tombe à pic pour évacuer d'autres sujets d’actualité tels que «l’accord national interprofessionnel», le traitement des minorités Roms et autres complaisances ou silences manifestes à l’égard des liquidateurs de la République sociale.
Au sujet stricto sensu de l’homophobie justement dénoncée par la LDH, il est regrettable que le ministère de l’intérieur se montre si «compréhensif» vis à vis de personnes qui sont en infraction par rapport au Code Pénal. Lequel prévoit (article 225-1) :  « constitue une discrimination toute distinction opérée entre personnes (…) à raison de leur sexe, de leurs mœurs, de leur orientation sexuelle ». Les sanctions encourues peuvent atteindre 3 ans d’emprisonnement et 45000 euros d’amende. »
Même si le ministre dit le contraire, ce n’est pas la première fois qu'il se fout du code pénal et des lois.

Homophobie, ernest pignon ernest, pasolini

Parcours Jean Genet, Brest, 2006
Ernest Pignon Ernest

Communiqué LDH «Mariage pour tous, homophobie :
des violences qui mettent la République en ligne de mire»

Bars gays saccagés, «chasse à l’homo», organisation systématique d’affrontements avec les forces de l’ordre, prise à partie personnelle des parlementaires, débats publics sabotés… La protestation contre le mariage pour tous, veut faire prévaloir la force sur le débat parlementaire, et sur le respect des engagements pris devant les électeurs. Elle recourt aux pires méthodes, et révèle son mépris du processus démocratique et l’homophobie qu’elle prétendait dissimuler, sous couvert de la « défense des familles ».

La Ligue des droits de l’Homme, qui a toujours soutenu le droit au mariage pour tous et l’adoption, sans considération de l’orientation sexuelle, comme des avancées fortes de l’égalité des droits, condamne avec force cette explosion calculée de violences. S’il est normal que les enjeux de société fassent débat, que les craintes et les refus s’expriment, et que la protestation s’inscrive dans l’espace public, en l’espèce, il s’agit de tout autre chose. Les organisateurs de ces manifestations construisent le cadre idéologique qui légitime les violences perpétrées contre les biens et les personnes. Ils fournissent un espace d’accueil et de rencontre à divers courants politiques et religieux de droite, historiquement marqués par leur haine de l’égalité, de la liberté et de la République. Cette stratégie de montée de la violence s’exprime également au sein de l’Assemblée nationale ; l’opposition marque ainsi son dépit, mais aussi sa disponibilité à des alliances sulfureuses, enjeux électoraux obligent.

La Ligue des droits de l’Homme s’inquiète de la conjonction de cette radicalisation avec la fragilisation politique induite par les suites de l’affaire Cahuzac. Elle demande au gouvernement de prendre conscience de l’exaspération de la population, toujours en attente des mesures de justice sociale et de rénovation éternellement remises à plus tard. Elle invite le président de la République et le gouvernement à en prendre la juste mesure, et demande aux citoyennes et citoyens de continuer à se mobiliser pour la légalisation du mariage pour tous. Au-delà, la Ligue des droits de l’Homme appelle à la plus grande vigilance face à toutes les provocations visant à affaiblir la République et délégitimer la représentation nationale.

Paris, le 19 avril 2013

18/04/2013

Nuit de cristal au Venezuela par romain Migus

Pendant ce temps-là au Venezuela, un parfum de CIA (*)

L'ingérence étasunienne est à l'oeuvre au Vénézuela. Les média européens se risqueront-ils à dénoncer ce que l'on peut d'ores et déjà qualifier de coup d'état, renonceront-ils à mettre en avant une "raison" économique tronquée pour mieux gommer la raison démocratique, la seule qui puisse prévaloir ?

Romain Mingus, un ami français de Danielle Bleitrach qui vit au Venezuela depuis plusieurs années expédie ces photos et cet article. S'il parle d’une nuit de cristal, il sait par ses origines de quoi il s’agit, et vous demande à tous de transmettre ces photos et ce récit pour vaincre le silence complice des médias. 

Fachisme en marche, vénézuela

Caracas, le 17/04/13

Il avait pourtant clairement annoncé la couleur. Le 9 avril, cinq jours avant l´élection présidentielle, Henrique Capriles déclarait : « je ne suis pas le même que le 7 octobre, je défendrai les votes »[1]. Dès le lendemain, le président de l´Assemblée Nationale, Diosdado Cabello, présentait sur la chaine publique des preuves confirmant les intentions de la droite de contester les résultats électoraux afin de tenter un coup d´Etat coloré au Venezuela[2].

Au soir des élections, malgré une différence de 272.865 votes[3] en faveur du candidat socialiste Nicolas Maduro, le candidat de la droite refuse d´admettre sa défaite. Pourtant, tous les observateurs internationaux insisteront sur la transparence des élections vénézuéliennes. Vicente Diaz, un des recteurs du Centre National Electoral (CNE), ouvertement lié aux partis d´opposition affirmera n´avoir « aucun doute sur le résultat de l´élection »[4] donnant comme vainqueur le successeur d´Hugo Chávez.

Venezuela

Voilà bien la seule promesse que le candidat de la droite aura tenu. Oubliée la rhétorique d´union, de paix et de sécurité qu´il vociférait encore une semaine auparavant. Il appelle ses partisans à se mobiliser afin d´obtenir un audit total des résultats. Curieuse manière démocratique de l´obtenir que d´envoyer les ultras de la droite prendre les rues du pays. La loi électorale vénézuélienne est pourtant très claire. Elle oblige les candidats à remettre au CNE des preuves de fraude, et dans le cas où celui-ci les rejette, un appel est possible par le Tribunal Suprême de Justice. Aucune démarche administrative n´a été engagée. Il est vrai que ces accusations ne résistent pas au fait que les membres de l´opposition désignés pour superviser les bureaux de vote ont tous donné leur aval aux résultats dans leur centre électoral respectif [5].

Qu´importe, le but recherché n´est pas de renforcer la démocratie électorale mais bien de lancer un coup d´Etat soft dans le meilleur style des précédents en Serbie, Géorgie, Ukraine, Iran, etc. Les jeunes néofascistes qui, aujourd´hui, mettent le pays à feu et à sang ont pour la plupart été formés en Serbie par le groupe Otpor, et se revendiquent des techniques de l´Albert Einstein Institution, matrice idéologique des Révolutions colorées [6].

Dès l´annonce de Capriles, des groupuscules néofascistes déferlent dans les rues du pays. Des symboles du chavisme sont détruits, des militants attaqués et assassinés, des petits commerces sont saccagés et brulés. On dénombrera 7 morts et 61 blessés, par balles pour la plupart. Cinq sièges régionaux du Parti Socialiste Uni du Venezuela (Psuv) sont dévastés par les flammes, tout comme douze cliniques populaires où officient des médecins cubains.

Dans l´Etat du Lara, où le gouverneur Henri Falcon est aussi le chef de campagne de Capriles, la police régionale à ses ordres ne fait rien pour empêcher la déferlante de haine. Dans la nuit, une grand-mère m´appelle de Barquisimeto, la capitale régionale : « je suis barricadée dans la buanderie avec ma sœur, des personnes sont en train d´essayer de défoncer la porte ». Par la petite lucarne qui la relie au monde extérieur, elle verra ses propres voisins, torches en main, aller brûler la clinique publique du quartier située en face de la maison. D´autres camarades nous témoigneront de scènes semblables qu´ils ont vécu, eux et leurs familles. Ils ne feront pas la une des journaux, et pourtant ils sont très nombreux à avoir été agressés de la sorte par les hordes fascistes.Le président de la République Bolivarienne du Venezuela, Nicolas Maduro, appellera ses partisans outragés au calme, à ne pas faire le jeu de la violence et à laisser la police et la garde nationale rétablir l´ordre. A Capriles, il lui lance: «si tu ne me reconnais pas comme président, je ne te reconnais pas comme gouverneur de Miranda ». Ultimatum logique puisque les règles de l´élection de Capriles, en décembre dernier, furent exactement les mêmes que celles qui ont permis á Maduro d´être élu président. Le bras de fer est engagé, et ne semble pas tourné en faveur de l´ancien candidat de la droite.

La plupart des dirigeants mondiaux ont reconnu Maduro comme le nouveau président du Venezuela : les pays latino-américains dont les gouvernements de droite de Colombie, du Chili et du Mexique ; les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), plusieurs pays d´Afrique, ainsi que certains pays européens comme l´Espagne. Les Etats-Unis refusent toujours de reconnaitre la légitimité du processus démocratique vénézuélien.L´armée vénézuélienne a reconnu Nicolas Maduro comme son nouveau « chef des armées », tâche qui incombe au président de la République, et a réitéré son engagement à préserver la paix et la sécurité. Par la voix de Wilmer Barrientos, chef du Commandement Stratégique Opérationnel, elle a invité les vénézuéliens à respecter les lois et les règles de la démocratie[7].
Même si la droite compte maintenir sa stratégie de tension en envoyant les mêmes groupes vêtus du rouge chaviste pour faire porter la responsabilité des violences au gouvernement, le spectre d´un coup d´Etat soft parait être écarté. Nicolas Maduro sortira renforcé de cette épreuve de force. En revanche, les messages de paix et d´union de Capriles ont volé en éclat. Des personnes ont été assassinées, blessées ou maltraitées pour avoir commis l´outrage de ne pas se reconnaitre dans le discours du responsable des violences actuelles au Venezuela. Les masques tombent et le fascisme a désormais un visage.

[1]Capriles: Yo no soy el mismo del 7 de octubre, voy a defender los votos de toda Venezuela, Dailymotion, 09/04/13. http://www.dailymotion.com/video/xyvf8j_capriles-yo-no-soy-el-mismo-del-7-de-octubre-voy-a-defender-los-votos-de-toda-venezuela_news#.UW6a4EpArVU (source consultée le 17/04/13).

[2] Capriles Radonski prepara otro golpe, no va a reconocer los resultados de la victoria del Pueblo y Nicolás Maduro. Así lo denuncia Diosdado Cabello, Presidente de la Asamblea Nacional, Youtube, 10/04/13. http://www.youtube.com/watch?v=-6Lrameqo-I, (source consultée le 17/04/13).

[3] Voir les résultats officiels sur le site web du CNE, http://www.cne.gob.ve/resultado_presidencial_2013/r/1/reg_000000.html (source consultée le 17/04/13).

[4] “Rector Vicente Díaz: No tengo dudas del resultado arrojado por el sistema electoral”, Agencia Venezolana de Noticias, 15/04/13. http://www.avn.info.ve/contenido/rector-vicente-d%C3%ADaz-no-tengo-dudas-del-resultado-arrojado-sistema-electoral , (source consultée le 17/04/13). Le 12 février 2009, le recteur Diaz faisait un déjeuner politique avec le secrétaire général d´Acción Democratica. Voir : Pillao Ramos Allup con Vicente Diaz, Youtube, 12/09/09. http://www.youtube.com/watch?v=92ZVbTR0dHo(source consultée le 17/04/13).

[5] “Publicarán este miércoles actas de votación con las firmas de la oposición”, Sistema Bolivariano de comunicación e información, 16/04/13.http://www.sibci.gob.ve/2013/04/publicaran-este-miercoles-actas-de-votacion-con-las-firmas-de-la-oposicion/ (source consultée le 17/04/13)

[6] Voir sur le blog de l´organisation d´extrême droite Juventud Unidad de Venezuela : http://javunida.blogspot.com/2009/11/enlace-libro-de-la-dictadura-la.htmlet Eva Golinger, « Huelguistas en Venezuela “Made in USA” », Correo del Orinoco, 20/02/13, http://www.correodelorinoco.gob.ve/nacionales/huelguistas-venezuela-made-in-usa/

[7] “Wilmer Barrientos: FANB continuará en las calles garantizando la paz del pueblo”, Agencia Venezolana de Noticias, 16/04/13. http://www.avn.info.ve/contenido/barrientos-deplora-violencia-derecha-e-insta-aceptar-juego-democr%C3%A1tico (source consultée le 17/04/13).

10/04/2013

Evacuations

Recensement des évacuations forcées de lieux de vie occupés par des Roms étrangers en France au 1er trimestre 2013.

évacuations forcées, roms,rapport AEDH

Bruxelles, le 9 avril 2013

Dans un rapport « Recensement des évacuations forcées de lieux de vie occupés par des Roms étrangers en France », Philippe Goossens, membre du bureau de l’AEDH en charge du dossier discrimination et droit des minorités (incluant les droits des Roms), a compilé les chiffres des expulsions de Roms en France pour le premier trimestre 2013. A travers toutes les régions, plus de 4 000 personnes ont ainsi été expulsées de leurs lieux de vie sans solution de relogement. L’AEDH et la LDH dénoncent cette situation et appellent le gouvernement français à changer sa politique envers les Roms.

Cette étude donne un aperçu chiffré des évacuations forcées de Roms étrangers et des destructions de leurs lieux de vie en France. Pendant le premier trimestre 2013, 4 152 personnes ont été obligées de quitter leurs lieux de vie. Cela correspond à un cinquième des quelque 20 000 Roms, principalement originaires de Roumanie ou Bulgarie, qui vivent en France.

Comparé à celui du premier trimestre 2012, le nombre de personnes évacuées durant le premier trimestre 2013 est en forte augmentation tant pour celui des personnes évacuées de force par les autorités (2 873 contre 2 153) que pour celui des personnes rapatriées (272 contre 70) ou forcées d’abandonner leurs lieux de vie suite à un incendie ou une agression (1007 contre 777).
De même le nombre rapporté d’OQTF1 est de 642 comparé à 347.

La mise en application de la circulaire interministérielle du 26 août 2012 reste très rare et hétérogène. L’affirmation du ministre de l’intérieur selon laquelle «  les Roms ont vocation à rester en Roumanie, ou à y retourner2 » est fausse, car la plupart des Roms présents en France souhaitent y vivre et s’y « insérer ».

En plus d’une présence policière accrue et de la multiplication des OQTF, le rapport dénonce l’absence de solution de relogement : les propositions d’hébergement d’urgence ne sont que de deux à trois jours. Elles sont généralement éparpillées et éloignées des lieux de scolarisation des enfants, et elles ne sont adressées qu’à une partie de la population du lieu de vie concerné.

« Je souhaite que, lorsqu’un campement insalubre est démantelé, des solutions alternatives soient proposées. On ne peut pas continuer à accepter que des familles soient chassées d’un endroit sans solution3. Un an après les promesses de François Hollande, le rapport montre que la situation concernant les évacuations s’est fortement dégradée avec la nouvelle majorité. Les autorités françaises continuent à pratiquer une politique de rejet qui provoque des préjudices graves et profonds à une population vivant déjà dans une très grande précarité. Elles continuent à violer les droits fondamentaux de ces personnes.

Ce discours attise des réactions d’intolérance de plus en plus fréquentes et qui se traduisent par la montée de la violence de la part des riverains et la radicalisation du rejet.

L’AEDH et la LDH considèrent que cette situation ne peut perdurer :

- le gouvernement français doit respecter les engagements pris lors de la campagne présidentielle : cesser d’expulser les Roms de leurs lieux de vie sans solution, il doit promouvoir les droits fondamentaux de toutes les populations.

_ - la Commission européenne doit rappeler à la France les engagements pris lors de l’adoption des traités européens et notamment la directive européenne de libre circulation.

_ - si les stratégies nationales d’insertion sont louables, elles doivent être fondées sur le respect de tous les droits de ces populations, pour s’opposer efficacement aux discriminations et aux violences subies en France par les populations Roms.

Le rapport de ce premier trimestre 2013 est disponible ici sur le site de l’AEDH.

(1) Obligation de quitter le territoire français.

(2) Valls : « Les démantèlements de camps Roms se poursuivront », Le Parisien, 14 mars 2013.

(3)Lettre de François Hollande à Romeurope, 27 mars 2012.

(4) Recensement des évacuations forcées de lieux de vie occupés par des Roms étrangers en France – 1er trimestre 2013

L’Association Européenne pour la Défense des Droits de l’Homme (AEDH) regroupe des ligues et associations de défense des droits de l’Homme des pays de l’Union Européenne. Elle est membre associé de la Fédération internationale pour la défense des droits de l’Homme (FIDH).
Pour en savoir plus, consultez le site www.aedh.eu

 

09/04/2013

Julius et Ethel Rosenberg…

2013 : soixante ans après l’exécution de Julius et d’Ethel Rosenberg…

1950 : le sénateur Joseph McCarthy lance une « chasse aux sorcières » qui dure de 1950 à 1953, le maccarthysme, visant les sympathisants, militants ou agents communistes poursuivis par le HUAC (House Un-American Activities Committee).

Le 5 avril 1951, deux citoyens américains, Julius et Ethel Rosenberg, sont condamnés à la peine capitale au terme d’un procès à charge et inéquitable. Malgré une très large protestation mondiale, ils seront exécutés par électrocution le 19 juin 1953.

rosenberg,peine de mort

Aux Etats-Unis, la peine de mort reste toujours pratiquée ou au moins légale. Dans les couloirs de la mort, des hommes, au terme de procès uniquement à charge, sont condamnés à cette inacceptable négation des droits, tels Mumia Abu Jamal, Hank Skinner… Pourtant, l’espoir existe puisque tout récemment, un dix-septième Etat américain, le Maryland, a décidé d’un processus législatif qui aboutira à l’abolition sur son territoire.

La Ligue des droits de l’Homme rappelle son attachement à ce que toute justice soit rendue dans des circonstances où les droits des personnes, leur présomption d’innocence, la présentation publique de preuves et leur étude contradictoire soient respectées, et son refus de tout secret dû à un supposé « intérêt supérieur ». Or, dans le cas de l’ « affaire » Rosenberg − euphémisme qui atténue les responsabilités politiques du gouvernement américain de l’époque −, Ethel et Julius Rosenberg ont subi les méfaits d’une justice aux ordres et d’une conception archaïque de la punition.

La Ligue des droits de l’Homme rappelle son opposition totale à tout traitement inhumain, et singulièrement à la peine de mort. C’est l’un de ses engagements majeurs, car aucune cause, aucune politique, aucune situation internationale ne justifient le recours à l’exécution capitale.

Conformément aux décisions prises avec l’ex-Association pour le réexamen de l’affaire Rosenberg, la LDH a pris l’initiative d’une rencontre de débat et de mémoire le 15 juin 2013 pour que l’on se souvienne du soixantième anniversaire de l’exécution des Rosenberg, pour une justice équitable, pour l’abolition universelle de la peine de mort.

08/04/2013

Racisme de classe

Trois jours avant le 21 avril 2002, Michel Broué a voulu publié, en collaboration avec le metteur en scène Bernard Murat, un article dans Le Monde intitulé "À nos amis de gauche qui deviennent fous" attirant l'attention sur le danger imminent du vote Le Pen.

Quelques mois d'avril plus tard...

Avant de transcrire une autre note de Michel Broué cadrant, celle-ci, avec l’immédiate actualité dévoilée par Médiapart, l’indépendance de la presse ne pouvant véritablement fonctionner et aboutir durablement qu’à condition qu’un pouvoir judiciaire soit, lui aussi, libre et non faussé, j'ajoute, souligne et insiste sur le fait que «ce dont nous ne voulons plus» (titre de cette note), c'est de ce système qui autorise tout ce que nous dénonçons sans arrêt.
Des dénonciations répétitives qui ne peuvent pour l'instant, malheureusement, et le plus souvent déboucher que sur des écarts de langage, violences verbales et autres emballements entretenus et largement provoqués par goût du spectacle ou jeu aussi malsain que malveillant, en toute compétitive irresponsabilité.

Sur quelle planète, dans quelle province ou village la cohorte des «penseurs» uniques payés pour leur potentiel de cynique agressivité qui ont nom R. Enthoven, J-M. Apathie, C. Barbier & C° pourraient-ils bien se réfugier si ce système basé sur la compétition, la croissance à tout prix, la corruption érigée en modèle économique, l’éducation populaire rabaissée aux contraintes des saisons touristiques, "le marché", si ce système donc pouvait disparaître une fois pour toutes ?

Rien ne se fera hélas du jour au lendemain.
Mais l’actuelle nervosité de ces nervis de la soustraitance de l'oligarchie au pouvoir est tout de même un assez bon signe en ce qu’il signifie qu’une nouvelle conscience collective est peut être en train d'émerger malgré le qualificatif de « populiste » dont ils essayent de l’affubler.

Un qualificatif discriminant, insultant mais qu’il faut relativiser et dénoncer encore et toujours et lui aussi comme étant l’expression d’un racisme de classe, une prétention à s’arroger le droit d’un « racisme de l’intelligence », forcément réversible, qui serait selon Bourdieu,

«une forme de sociodicée (explication et justification de l’organisation de la société telle qu’elle est ) caractéristique d’une classe dominante [qu’elle revendique en se baptisant « élite »] dont le pouvoir repose en partie sur la possession de titres qui, comme les titres scolaires, sont censés être des garanties d’intelligence et qui ont pris la place, dans beaucoup de sociétés, et pour l’accès même aux positions de pouvoir économique, des titres anciens comme les titres de propriété et les titres de noblesse » Source

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"Ce, et ceux, dont nous ne voulons plus"
07 avril 2013 Par Michel Broué

« La déviance, sous toutes ses formes. Déviance par rapport aux règles de base de la morale politique et à celles de la morale individuelle. Les connivences discrètes et tenaces, à Marrakech, à New York, à Marseille, et ailleurs. Les groupes de pression organisés, depuis des années, depuis peut-être des décennies, groupes de pression encadrés et soutenus par les moyens professionnels de la « communication ». La communication politique, qui n'est somme toute que de la triche, triche construite et pensée pour égarer le journaliste et le citoyen. L'appât du gain comme moteur de l'engagement politique, et tant pis si on saccage ce qui reste de l'un des plus beaux idéaux de l'histoire humaine. Le fric via le pouvoir, le fric/le fric/le fric, qui salit le socialisme presque autant que le stalinisme a souillé le communisme. Le cynisme de tous ces gens, qui savent ce qu'ils font.

Ce qu'ils font, et faisaient ? Chercher à imposer au pouvoir, si possible au pouvoir suprême, un homme qui leur assurerait protection et liberté de gain.

Et nous, nous les citoyens, nous qui sommes loin de ces bandes-là, qu'en savons-nous ? Je vais écrire ici ce que je sais, ce que je pressens, ce dont nous ne voulons plus. Puissent ces quelques lignes engager ceux qui en ont les moyens à poursuivre et approfondir les enquêtes, pousser des langues à se délier. Pour qu'enfin ceux dont nous ne voulons plus disparaissent du champ politique de notre République. Avant qu'ils ne nous emmènent tous à la catastrophe.

Pourquoi a-t-on partout entendu dire que Strauss-Kahn et Cahuzac ont « proposé leur démission », alors qu'ils y ont été contraints, l'un par Jospin, l'autre par Hollande ? Qui a donné cette « information » ? Je voudrais qu'on retrouve les traces des communiqués.

Pourquoi est-ce la même personne (Anne Hommel), qui a collaboré de si près et si longtemps avec Jean-Christophe Cambadélis dans bien des structures, puis a conseillé pendant des années Dominique Strauss-Kahn, qui depuis quelques jours est chargée de la communication de Jérôme Cahuzac ? Quels sont ses liens avec Stéphane Fouks et son entreprise ? Il faut maintenant que nous sachions.

Une autre personne (Marion Bougeard), liée à la même entreprise de communication, fut conseil de Liliane Bettencourt avant d'être celui de Cahuzac. Il y a quelques semaines, elle menait une entreprise de déstabilisation personnelle de Fabrice Arfi particulièrement répugnante. Nous ne voulons plus de ces gens-là et de leurs méthodes.

Pourquoi a-t-on entendu la même antienne répétée à satiété, celle de « l'homme superbement intelligent », du « meilleur ministre », du « grand économiste » tant à propos de Strauss-Kahn que de Cahuzac ? Car derrière l'énergie, le culot sans borne et les talents de bateleurs de ces deux hommes, on cherche en vain les contributions, les idées nouvelles, les apports de l'un ou de l'autre aux terribles problèmes de l'économie. Oui, pourquoi ? Eh bien parce qu'il s'agissait, avec les méthodes communicantes, d'imposer un homme qui pouvait s'avérer utile au groupe, si on le mettait en situation de pouvoir.

Je voudrais qu'on examine les diplômes universitaires d'un certain nombre de personnes de ce groupe. Les hommes-clef ne sont pas si nombreux, ce devrait être possible. Et on se souvient du cynisme avec lequel Alain Bauer a cherché à imposer son propre domaine de recherche (sic) au monde universitaire, afin d'obtenir sa propre chaire. Tiens ! Avec l'aide de Sarkozy.

Je voudrais que l'on cherche vraiment à comprendre le comportement de Cahuzac depuis décembre dernier. Pourquoi ces mensonges si entêtés, pourquoi ces aveux soudains, pourquoi ce montant (600 000 €) auquel personne de sérieux ne donne crédit ? Tout laisse à penser que cet argent, ce montage, ne sont pas qu'une entreprise personnelle. Qu'il a menti, puis avoué, pour protéger autre chose. Quoi ? Qui ? Il dit vouloir revenir à l'Assemblée. Cela doit-il être entendu comme une menace voilée ?

Je voudrais que l'on enquête plus sur les liens, personnels, politiques, financiers, directs ou indirects, qui unissent par exemple Fouks, Strauss-Kahn, Cahuzac, beaucoup des « strauss-kahniens », certains des ex-« rocardiens », certains des ex-responsables de l'UNEF des années 80-90, leurs « petites-mains », et bien d'autres... — et il semble nécessaire que Manuel Valls, ministre de l'intérieur, s'explique sur ses liens avec l'entreprise et les personnes qui ont assuré et assurent la « communication » de Strauss-Kahn et de Cahuzac.

Si on connait maintenant le comportement dégueulasse de Strauss-Kahn vis-à-vis des femmes, qu'en est-il de ses liens avec la droite – devenue la droite extrême – et l'argent ? Si on découvre les amitiés de Cahuzac avec les anciens du GUD, qu'en est-il des liens anciens et récents d'autres membres du groupe cité ci-dessus avec la droite extrême, et le fric ?

Je voudrais qu'on enquête sur les trains de vie de ces gens-là depuis les années 80, la taille de leurs appartements – que, pour certains, leurs revenus officiels ne sauraient expliquer. De la MNEF à Gbagbo, de Genève à Singapour, peut-être en passant par Taïwan, et bien d'autres lieux ou combines. Nous devons savoir.

François Hollande pourrait signer ce que je viens d'écrire. Il le sait, que ce groupe maîtrise l'art consommé de se mettre derrière le puissant du moment, tout en se préparant un abri sous le possible président à venir : « mitterrandiens » sous Mitterrand, puis « rocardiens » avant de soutenir Jospin, ils sont devenus les promoteurs zélés de Strauss-Kahn. Et ont rallié Hollande dès qu'il est devenu clair que Strauss-Kahn n'avait plus d'avenir politique. Leur intérêt et leurs intérêts leur servent de boussole, de principes et de convictions politiques.

Oui, François Hollande le sait. Pourquoi donc a-t-il laissé en place ces réseaux (dont il ne fait pas partie), comme d'ailleurs les réseaux du régime précédent ? Parce qu'il pensait ne pas avoir les moyens d'agir autrement ? Parce que la gangrène va plus loin que nous le pensons ? Quoiqu'il en soit, il n'a plus le choix. Il faut qu'il en débarrasse son entourage, son gouvernement, et la République. Il est temps, plus que temps, de faire barrage, de détourner le fleuve de la corruption. Nous n'en voulons plus, la démocratie n'en peut plus.»