25/03/2013
L'immigration, trop ou pas assez ?...
C'est sous le titre «L'immigration: trop ou pas assez ?...» que l'on pouvait sous-titrer « L'immigration a-t-elle une fonction ?» que l'Université populaire Graines de Savoirs de Forcalquier a dénoncé un certain nombre d'idées reçues à l’origine d’un nombre croissant de comportements xénophobes. Les interventions de J-L. Odekerken, économiste membre d'Attac et de Ch. Charles-Fouilloux (*), de Ligue des Droits de l'Homme à Manosque, s'inscrivaient dans le cadre d'une semaine contre le racisme. Elles ont permis de nombreuses prises de parole confirmant les dangers d'une xénophobie entretenue par les gouvernants de façon à masquer aux yeux de l'opinion publique l'échec de leurs choix économiques.
Lu avec intérêt le travail de Claire Rodier « Xénophobie business »
(Ed. La découverte)
Un constat confirmé par les chiffres qui révèlent, preuves à l’appui, que la population immigrée ne coûte rien à l'Etat, mais au contraire lui rapporte. Un constat qui rejoint et corrobore celui de la Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme qui s'alarme, sondage à l'appui, que 69% des personnes interrogées puisse croire qu'il y a “trop d’immigrés aujourd’hui en France” !
D'où la nécessité de dénoncer aussi souvent que possible la diabolisation des étrangers et de réclamer le respect de celles et ceux qui, français ou non, sont avant tout des êtres humains. Ils n'ont pas « vocation » à servir de boucs émissaires ou de pare-feu aux indécences et erreurs politiciennes en cours.
En conclusion, cette citation empruntée à Gilles Deleuze :
« Au lieu d’être une politique et une économie de guerre, le néo-fascisme est une entente mondiale pour la sécurité, pour la gestion d’une “paix” non moins terrible, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de microfascistes, chargés d’étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma. »
Février 1977, Deux régimes de fous – Textes et entretiens 1975 – 1995, Les éditions de Minuit, 2003.
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24/04/2012
L’épine du mépris
A force de confondre populisme et populaire, le peuple, faussement porté au pinacle le temps d’une élection, aura été considéré comme moins que rien et abandonné à ses phobies destructrices dont il ne guérira malheureusement ni en un jour, ni en un mois.
« Près de sept millions de suffrages pour MLP, plus encore pour un Sarkozy qui n’a fait depuis cinq ans qu’attiser la haine des musulmans et des immigrés, et, à ce jour, pas un membre du Parti socialiste, sur les plateaux de télévisions, pour prononcer le mot « racisme ». Pas un mot de condamnation morale, pas un slogan antiraciste de base, tous reprennent en revanche, en chœur avec les sarkozystes, la thématique du "vote de protestation" et des "Français qui souffrent". » *
Comme toujours, l’intérêt supérieur et périodique de la chasse - pêche aux voix dépasse celui de la stricte et constante défense des Droits de l’Homme.
Le Front de Gauche a été seul, "front contre front", à tenter de dénoncer la bassesse d’un vote qui doit plus à l’ignorance sciemment entretenue qu’à la souffrance subie du précariat.
« C’est en somme, (…) toute la complaisance des partis de gouvernement à l’encontre du Front National, et tout le mépris de ces partis pour les immigrés, les étrangers ou les non-blancs, qui se sont (se seront ?) exhibés en un honteux spectacle. Une attitude qui a déjà fait ses preuves, depuis trente ans, en termes de lepénisation des esprits. » *
A ce moment du constat, il suffirait d’un simple fait divers dans la lignée de l’affaire Merah, voire de moindre importance, pour que la phobie xénophobe serve un peu plus d’écran aux ignominies et impostures de la clique en place et permette à son chef de clan d’être réélu malgré ses turpitudes.
Les uns comme les autres font mine d’ignorer ce que leur mépris de classe a pu engendrer dans une population coupée de ses racines culturelles et nourrie aux journaux, jeux, séries, chroniques télévisées autant qu’aux bourrages de crane consuméristes plutôt qu’à la reconnaissance de cet Autre sans qui la solidarité ne peut pas s’exprimer, de cet Autre sans lequel la citoyenneté n’a aucun sens.
Mieux, tous cynismes confondus, ils affirment « comprendre » le vote de ces électeurs qui se sont prononcés en faveur de la droite et de l’extrême droite : un vote qu’ils auront eux-mêmes contribué à fabriquer.
« C’est donc d’un même mouvement, son identité sociale et son identité anti-raciste qu’abandonne (progressivement ?) le Parti socialiste : tout se passe comment si ses dirigeants avaient renoncé à voir dans les immigrés et leurs descendants des alliés ou des victimes à défendre pour les présenter (ou les reconnaître) avant tout comme des fauteurs de troubles. » *
* Les citations sont extraites du site "Collectif... les mots sont importants"
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12/08/2010
Pour une supplique au PS
Du devoir de résistance prôné à juste titre, il n’y a pas si longtemps, par bon nombre d'associations (ex : Campagne LDH «Urgences pour les Libertés, pour les Droits»), de personnalités représentatives du réveil républicain d'après guerre - Stéphane Hessel par exemple -, implicitement par des intellectuels sans frontière comme Noam Chomsky, nous sommes passés au devoir «d'insurrection civique».
A partir de ce constat, se pose une question : sommes-nous en mesure d'adresser une supplique (pourquoi pas une pétition ?) au Parti Socialiste (qui d’autre ?) pour que, quelque soit l'estime dans lequel nous le tenons et les griefs que nous lui adressons, il se sente tenu d'organiser l’insurrection «tranquille» qui s'impose, de la «solenniser». Du même coup, il retrouverait enfin le courage qui lui a si souvent fait défaut, l'authenticité du label «de gauche» dont il se réclame chichement et l’audace d’une jeunesse retrouvée. Etant entendu que «la gauche» ne peut plus se contenter de répondre sur le seul terrain de l'efficacité sécuritaire comme s'il s'agissait d'un débat technique parmi d’autres.
Sans organisation minimum, l’insurrection civique, devenue nécessaire sous cette présidence qui aura décidément rendu la République bâtarde, serait impossible et accentuerait le sentiment d’impuissance dans lequel le peuple citoyen se trouve.
Edwy Plenel, rescapé des écoutes téléphoniques de l’ère mitterrandienne, l’a tout à fait compris qui signe et titre sur Médiapart un article :
« Sarkozy contre la République : un président hors la loi »
Extraits :
«La diversion xénophobe organisée par le pouvoir pour tenter de faire oublier le feuilleton Bettencourt est un tournant du quinquennat : désormais, Nicolas Sarkozy est un président hors la loi. La fonction que le suffrage populaire lui a confiée en 2007 lui impose de veiller au respect d'une Constitution qui « assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine ». Par son discours de Grenoble visant les personnes « d'origine étrangère », il a donc violé la loi fondamentale et, par conséquent, manqué aux devoirs de sa charge. Cet événement ne saurait être traité à la légère par les républicains et les démocrates, de quelque bord qu'ils soient : il oblige au sursaut le plus large et le plus solennel.
(…) Nul besoin d'être un constitutionnaliste chevronné pour comprendre que Nicolas Sarkozy a commis une faute contre la nation, la république et le peuple tels qu'ils sont définis par notre loi fondamentale. Par l'affirmation que « la nationalité doit pouvoir être retirée à toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d'un fonctionnaire de police, d'un militaire de la gendarmerie ou de toute autre personne dépositaire de l'autorité publique », le chef de l'Etat a publiquement proposé d'instaurer deux catégories de Français et de ruiner le principe d'égalité devant la loi, en créant une nationalité conditionnelle pour les Français d'origine étrangère.
(…) Ces précisions historiques disent la gravité de l'enjeu. En faisant de la déchéance nationale le pivot de son discours sécuritaire, Nicolas Sarkozy a officialisé la xénophobie et le racisme comme ressorts de sa pédagogie politique. Proclamer que des Français peuvent être exclus de la communauté nationale au nom de leur « origine étrangère », c'est consacrer l'étranger comme figure du danger, de la délinquance et de la déviance. C'est affirmer que la France abriterait un peuple innocent, sain et pur que contamineraient des populations allogènes, extérieures ou différentes.
C'est encourager des persécutions de tous ordres contre les Français qui, dans l'ordinaire des préjugés contemporains, font figure d'étrangers, c'est-à-dire tous nos compatriotes issus des immigrations coloniale ou postcoloniale, arabes ou noirs, de culture ou de confession musulmane. Que cette ignominie soit aussi une diversion politicienne, celle d'un pouvoir discrédité, ne saurait autoriser à la relativiser …
(…) En imposant la déchéance nationale comme urgence politique, Nicolas Sarkozy savait fort bien qu'il convoquait un imaginaire d'exclusion, de tri et de sélection, où xénophobie et racisme s'entretiennent et s'épanouissent.
A peine renversée la République et instauré l'Etat français, les 10 et 11 juillet 1940, le premier geste du régime de Vichy fut de promulguer, le 16 juillet, une loi « relative à la procédure de déchéance de la qualité de Français ». Dans la foulée, le 17 juillet, les naturalisés furent exclus de toute la fonction publique, puis, successivement, dès l'année 1940, des professions suivantes : médecins, dentistes, pharmaciens, avocats, vétérinaires, architectes. Le 22 juillet, une nouvelle « loi » (…) - le maréchal Pétain exerçant seul le pouvoir législatif - instaura une procédure expéditive de révision des naturalisations. Enfin, le 23 juillet 1940, était promulguée la « loi relative à la déchéance de la nationalité à l'égard des Français qui ont quitté la France », dont furent notamment victimes Charles de Gaulle et Pierre Mendès France.
Le premier statut des Juifs suivit, …(…) On aurait tort de se rassurer en pensant qu'il ne s'agit là que de paroles : ces mots produisent forcément des actes, tant cette hystérie verbale est un appel à la violence. En ce sens, le crime contre la République se double d'une provocation contre la Nation, son unité et sa concorde.
(…) L'énormité de la transgression présidentielle a suscité d'opportunes réactions et des protestations bienvenues. Mais l'on sent pourtant comme une retenue, voire un embarras (une incapacité à évaluer « la gravité de l'enjeu » ? ndlr).
(…) D'autres voudraient croire qu'il ne s'agit là que des «erreurs» d'une présidence qui vaudrait mieux que cette surenchère démagogique, accélérée par son affolement panique après l'affaire Bettencourt.
C'est se tromper doublement, dans l'analyse comme dans la perspective. Alliage de xénophobie et de violence, la politique de la peur est, depuis l'origine, au ressort du sarkozysme, de sa marche vers la présidence comme de sa gestion du pouvoir.
(…) Cette constance, frisant l'entêtement, montre bien que les diversions politiciennes n'excluent pas les convictions politiques. Et, de fait, qu'est-ce que la promotion de la xénophobie et la diffusion du racisme, au cœur des discours et des actes officiels, sinon une diversion à l'usage des classes populaires par rapport aux réalités sociales qu'elles endurent ? Vieille et dangereuse recette où la guerre des pauvres fait la paix des riches ; où le plus grand nombre est renvoyé aux peurs et aux haines tandis qu'une infime minorité s'enferme dans une citadelle de confort et d'indifférence.
(…) Tous ceux qui tergiversent ou calculent, conseillent de patienter ou d'attendre, n'auront à leur disposition que leur impuissance et leur solitude quand la violence présidentielle aura fait son effet, diffusé la peur et réveillé les haines, faute d'avoir été d'emblée enrayée par une force nouvelle, aussi unie que déterminée, aussi rassemblée que convaincue.
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