Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

29/01/2013

Egalité pour tous, flash mob pour les autres

En écho à un article paru sur Hte-Pce-Infos.com ...

Les opposants au «mariage pour personnes de même sexe» ont choisi de s’exprimer «dans la bonne humeur et la joie ...» le 2 février, place de la mairie à Manosque. C’est leur droit.

mariage pour personnes de même sexe,manosque,laïcité

Ils réclament l'ouverture d'un large débat national sur cette question et c’est tant mieux, mais ils ne semblent pas enclin à entendre leurs contradicteurs qui ayant quant à eux choisi de défendre l'égalité des Droits, ne peuvent que décliner leur invitation.

Nous leur aurions fait remarquer, entre autre, que  leur discours masque une peur panique qui n’a rien de laïque, puisqu’elle porte sur un ordre qu'ils voudraient immuable, dans lequel les pères de l’Eglise ont voulu assigner la famille et asseoir le patriarcat, synonyme de domination sociale.
Mais comment débattre raisonnablement avec un attelage qui fait si souvent de l’inconscient et de la mauvaise foi son credo ?

L’entreprise des opposants au «mariage pour personnes de même sexe», à Manosque et ailleurs, ne consisterait-elle pas plutôt  à instrumentaliser à des fins politiques un vieux débat de société pour faire diversion et se refaire une santé vaticane ?
Qui sont ces manifestants qui répondent à l'appel d’un général à la retraite des 14 juillet (1), d’une fausse madone des outrances (2) et d’un cardinal tourmenté du règne animal (3) ?...
Poser la question, c’est y répondre, mais il est certain que la peur n’est pas un argument à mettre entre toutes les mains ni au compte d’une laïcité bien assimilée.

La manifestation de ce samedi ne pourra pas faire oublier que la société française dans toute sa diversité est prête et majoritairement favorable à ce que deux personnes qui s'aiment puissent s'unir – si elles le souhaitent - par les liens du mariage, quelle que soit leur orientation sexuelle, pour peu qu’elles accordent du crédit à cette institution.

25/01/2013

Droit de vote des étrangers aux élections locales (1)

Monsieur le Président de la République,

Nous vous demandons d’engager le processus de révision constitutionnelle permettant d’instaurer le droit de vote et d’éligibilité pour nos concitoyen(ne)s résident(e)s étranger(e)s aux élections locales, dès les municipales de 2014.

Cet impératif d’égalité et de démocratie est urgent !


Égaux mais pas trop : Etranger, citoyen ou les... par LCP

elections locales, droit de vote

Signez cette pétition en ligne.

Le suffrage universel a été une longue conquête dans l’histoire de la République.

Si, en 1793, lors de la Révolution, la première République en adopta le principe, il fut réellement mis en œuvre par la IIe République, après la Révolution de 1848. Mais le suffrage resta limité aux hommes jusqu’en 1944, lorsque fut enfin instauré, à la Libération, le droit de vote pour les femmes. Trente ans plus tard, en 1974, l’âge du droit de vote fut abaissé de 21 à 18 ans.

En 1998, les étranger(e)s citoyen(ne)s des pays de l’Union européenne résidant en France ont été admis(es) au vote et à l’éligibilité pour les élections municipales et au Parlement européen.

En mai 2000, l’Assemblée nationale vote une proposition de loi accordant le droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales pour les étranger(e)s extracommunautaires, qui résident légalement sur le territoire depuis cinq ans au moins. Le Sénat, à son tour, le 8 décembre 2011, adopte cette même proposition. Il reste à mettre en œuvre la révision constitutionnelle nécessaire.

De nombreux(ses) responsables politiques de gauche, et aussi du centre et de droite, se sont exprimé(e)s en faveur de ce droit.

En 2012, lors des élections présidentielles et législatives, la nouvelle majorité a inscrit cette réforme dans son programme. Conformément à ses engagements dans sa déclaration de politique générale, le Premier ministre, en juillet puis en septembre, a promis qu’il y aurait un projet de loi en 2013.

Près de deux millions et demi d’étranger(e)s extracommunautaires vivent et travaillent dans des communes où elles/ils participent à la vie locale et paient des impôts. Nombre d’entre elles/eux sont responsables d’associations, délégué(e)s de parents d’élèves, délégué(e)s syndicaux(cales)...

La vie locale est un lieu essentiel de la vie démocratique et il n’existe aucune raison pour que toutes celles et tous ceux qui résident sur ces territoires n’y participent pas de façon égale. Il est temps de franchir une nouvelle étape pour l’élargissement du suffrage universel, la démocratie, la cohésion sociale et pour l’égalité des droits.

Les promesses électorales faites depuis plus de trente ans, approuvées par les électeurs(trices) à au moins quatre reprises, depuis 1981, doivent maintenant être tenues.

Nous appelons à la mobilisation citoyenne pour que cette réforme, essentielle pour une République ouverte et fraternelle, soit mise en œuvre dès les élections municipales de 2014.

 

Signataires de la pétition au 23 janvier 2013 :

Associations : Ligue des droits de l’Homme (LDH), Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), SOS Racisme, Collectif « Votation citoyenne », Réseau éducation sans frontières (RESF), Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (Acort), Association des Marocains de France (AMF), Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), Association pour une citoyenneté européenne de résidence (Acer), Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR), Mouvement citoyen des Tunisiens en France (MCTF), Union des Tunisiens pour l’action citoyenne (Utac), Réseau Euromed France, Conseil français de la citoyenneté de résidence (Cofracir), Collectif pour l’avenir des foyers (Copaf), Ligue de l’enseignement (LE), Solidarité laïque, France terre d’asile (FTDA), La Cimade, Aseca – Lettre de la citoyenneté, Collectif national pour les droits des femmes (CNDF), Mouvement de la paix, Attac France, Cedetim, Fondation Copernic, Gisti, Banlieues actives, Les Indivisibles, Association nationale des élus communistes et républicains (Anecr), Fédération des élu(e)s verts et écologistes (Feve), Agir contre le racisme (ACR) – Nice, Association biterroise contre le racisme, Association de soutien aux étrangers du Val-de-Marne (Assouevam), Association Horizome, Association Nedjma, Association Partage – Bezons, Atams, Collectif « Avà Basta », Collectif « Diversi-T37 », Emmaüs Pointe-Rouge, Ensemble nous sommes le 10e, Gauche citoyenne 94, Go citoyenneté – Grenoble, Groupe non-violent Louis Lecoin, Ipam, Les diffuseurs humanistes, Mémorial 98, Mouvement Utopia, Pays-de-Loire-Gaza-Jérusalem, Printemps ligueur, RESFIM – Mayotte, Ruptures, Sortir du colonialisme, Tends la main, TET-LLÄ, Turbulences Marne-la-Vallée, Union juive française pour la paix (UJFP), Vérité et justice pour l’Algérie, Visa.

Syndicats : Confédération française démocratique du travail (CFDT), Confédération générale du travail (CGT), Fédération syndicale unitaire (FSU), Union syndicale Solidaires, Syndicat des enseignants (SE-Unsa), Syndicat de la magistrature (SM), Union nationale des étudiants de France (Unef), Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL), Union nationale lycéenne (UNL), Snasub-FSU, Snep-FSU, Snes-FSU, SNPES-PJJ/FSU, Snuclias-FSU, CFDT Mutualité Île-de-France, CFDT Taxis parisiens, Union départementale CFDT du Rhône, CGT-Educ’Action, CGT-Radio France, Syndicat national des journalistes CGT, UL CGT – Feurs.

Partis politiques : Europe écologie les Verts (EELV), Front de gauche (Convergences et alternative (CetA), Fédération pour une alternative sociale et écologique (Fase), Gauche anticapitaliste (GA), Gauche unitaire (GU), Les Alternatifs, Parti communiste des ouvriers de France (PCOF), Parti communiste français (PCF), Parti de gauche (PG), République et socialisme (RetS)), Parti radical de gauche (PRG), Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Mouvement des jeunes socialistes (MJS), Mouvement des jeunes communistes de France (MJCF), Jeunes radicaux de gauche (JRG), Jeunes écologistes, Force citoyenne populaire (FCP), Front de gauche – Bezons, Fase 56, Jeunes de l’Union démocratique bretonne (UDB Yaouank/UDB Jeunes), Union démocratique bretonne (UDB), Rouge vif 13.

 Signez cette pétition en ligne.

 Télécharger la pétition pour signature individuelle
 Télécharger la feuille de collation de signatures
 Télécharger la pétition en format texte

20/01/2013

Synthèse

Ca pourrait nous échapper :

« Il faudra leur montrer (aux Emirats) toutes les qualités du Rafale (...). C’est aussi un élément très important de votre mission (au Mali) : montrer que les matériels français sont les plus performants. Merci pour votre double mission, à la fois opérationnelle et... commerciale ».

Rafale, Mali, émirats

D'après une info relayée par Le Canard Enchaîné (p.2 du n° paru le 16 janvier 2013) et par Daniel Schneidermann - Fondateur d'@rrêt sur images, relayée ici :
http://www.rue89.com/2013/01/18/mourir-de-rire-pour-le-rafale-238743

18/01/2013

Paris – Bamako

C’est le moment ou jamais de faire quelques flash-back pour tenter de comprendre ce qui se passe au Mali. Pour y arriver encore faut-il apurer les déclarations et expressions brevetées par une bonne conscience qui ne peut être que de façade et se rappeler qu’il n’y a de guerre que celles qui ont été motivées par une somme d’intérêts économiques échappant aux peuples qui devraient pourtant en bénéficier.

mali,bamako,terrorisme

Personne ne sait comment ni quand, se terminera la chasse aux « terroristes » au Mali. Sans doute jamais ou dans longtemps, mais ce combat-là a été rendu inévitable. Le film Bamako, l’extrait qui suit dit, assez bien pourquoi :


Il faut se féliciter que le Mali soit médiatiquement présenté comme un pays ami. Ce même Mali dont les ressortissants ont été et sont encore reconduits hors hexagone pour peu qu’ils ne correspondent pas aux critères d’une politique migratoire renfermée sur elle-même. Autrement, qu’en aurait-il été ? Qu’en aurait-il été si cette intervention à la rescousse contre une résurgence d’Al Quaida avait dû se dérouler ailleurs sur l’«autoroute de l’internationale insurgée» ?...

Ces expéditions militaires menées au nom d’une guerre sans fin contre le terrorisme ont eu pour effet paradoxal de renforcer ces organisations que l’Occident affirmait vouloir détruire. Il s’est créé, en réponse aux interventions multiples, «une autoroute de l’internationale insurgée», du Pakistan au Sahel, en passant par l’Irak, la Somalie : par elle circulent les combattants, les idées, les techniques de combats, les armes de tous ceux qui veulent lutter contre « les nouveaux croisés ».

Noam Chomsky a raison de déclarer «On ne combat pas le terrorisme avec des armes. On le prive de ce qui le nourrit : la misère, l’injustice, l’arrogance des puissants.»
ou encore : « Nos guerres ne sont pas commandées que par la raison ou l’intérêt maquillé sous de vagues prétextes idéologiques, mais par l’impossibilité de notre raison et de notre intelligence à enrayer nos pulsions aveugles de dominance.»

Il est donc vraisemblablement trop tard pour reculer.
Trop tard parce que le mal est fait.
Trop tard parce que chevauchant leur pick-up, djellabas au vent, les islamistes fous sont devenus incontrôlables.
Trop tard parce que leur rage à saccager autant que la morgue des pays occidentaux ne seront jamais déglutie et s'entretiennent.
Trop tard parce que les intérêts qu’on nous dit ne pas être en jeu sont au contraire tout à fait présents à travers le secteur minier du Mali qui représente un potentiel certes encore inexploité mais suffisamment impressionnant et donc attractif pour déclencher une prise de contrôle de ressources énergétiques et autres positions géopolitiques.

Mali ressources minières

Trop tard parce «(...) A un système dont l'excès de puissance même pose un défi insoluble, les terroristes répondent par un acte définitif dont l'échange lui aussi est impossible. Le terrorisme est l'acte qui restitue une singularité irréductible au cœur d'un système d'échange généralisé. Toutes les singularités (les espèces, les individus, les cultures) qui ont payé de leur mort l'installation d'une circulation mondiale régie par une seule puissance se vengent aujourd'hui par ce transfert terroriste de situation.»
Jean Baudrillard - L'esprit du terrorisme - Le Monde, le 02.11.01

12/01/2013

On vous le dit gentiment Manuel

Au temps des Hortefeux, Besson, Guéant, le PS faisait encore semblant d'être indigné. Aujourd'hui, maintenant, depuis quelque temps déjà, la "banalité du mal" a fait son entrée au ministère de l'Intérieur et dans ses succursales.
De façon tout à fait gratuite et comme par plaisir, à force de les couvrir ou de faire mine de les ignorer, Valls-Manuel-police-française est en train de faire de la «bavure» au sens générique du terme, un état social chronique dont, à la Ligue des Droits de l’Homme, nous ne nous accommoderons jamais.

Ces brûlures multiples (par exemple) ne sauraient être apaisées par une poignée de déclarations sélectives et circonstanciées propres à donner le change ou à faire réagir les affects collectifs comme pour mieux masquer une réalité beaucoup plus sordide, surtout si la haine des hommes ne comporte aucun risque et que leur bêtise devient une évidence.

Concernant l'immigration, Pierre Tartakowsky, gardant son calme, lui rappelle ce qu’il n’aurait jamais dû oublier s’il n’avait fait l’impasse sur la Raison autant que sur l’Humain.

Faudra-t-il prouver, ici aussi, qu’une formule mathématique est à l’origine de ces errements ?…

Tartakowski, Valls, Immigration


Lettre ouverte au Ministre de l'Intérieur


LE PRÉSIDENT
Réf: 29/13/PT/VP
Monsieur Manuel Valls
Ministre de l’Intérieur
Place Beauvau
75800 Paris cedex 08

Paris, le 10 janvier 2013



Monsieur le Ministre,

"J’ai eu à plusieurs reprises, au cours de l’année écoulée, l’occasion de manifester auprès de vos services les incompréhensions, les inquiétudes et la désapprobation grandissante que suscite la politique actuelle du gouvernement en direction des femmes et des hommes dits « sans papiers » qui vivent, habitent et travaillent dans notre pays. Je saisis ce début d’année nouvelle pour exprimer le voeu que ces messages soient pris en compte au niveau où ils le méritent et que l’actualité, hélas, illustre sans désarmer sur l’ensemble du territoire français.

Tout récemment, le préfet du Nord a reçu les représentants des grévistes de la faim du Nord, engagés dans une longue et cruelle grève de la faim pour l'obtention de la régularisation de leur séjour en France, en présence de la fédération du Nord de la Ligue des droits de l'Homme. Un conflit d’autant plus douloureux qu’il a été marqué par des expulsions dont la seule raison était d’intimider les grévistes, alors même que leurs revendications sont légitimes. Elles correspondent à la situation de nombre de personnes étrangères présentes sur le territoire national. C’est dire que si l'étude au cas par cas de la situation de ces grévistes de la faim est un acte responsable de votre administration, il ne saurait à lui seul suppléer à la définition législative et réglementaire d'une régularisation objective, permanente et stable.

Lors des nombreuses rencontres que vous avez eues avec les associations et syndicats membres de la « Plateforme des 12 », avant la publication de la circulaire du 28 novembre, dite de régularisation, nous vous avons présenté et expliqué la convergence, l'accumulation, la combinaison des effets de précarisation, de flexibilisation, de mise en clandestinité de milliers de personnes qui, pourtant, participent à la vie économique de notre pays au point que des secteurs notables, tels les services, la manutention, le bâtiment, la restauration et même la sécurité, ne peuvent plus s’en passer. Simplement parce que ces travailleurs effectuent le travail dont personne d'autre ne veut.

Discriminés, stigmatisés, ignorés, fragilisés, ces femmes et ces hommes subissent de plus le poids de l'arbitraire que leur infligent souvent, si ce n'est la plupart du temps, les services préfectoraux, soit qu’ils ignorent vos directives quand elles s'avèrent plus favorables qu'auparavant, soit qu’ils les appliquent avec un zèle excessif, quand malheureusement elles ont renforcé un arsenal répressif existant. Ce que nous disent les grèves de la faim et autres occupations c’est que votre réglementation, trop timide dans ses avancées par rapport à une situation qui n'a fait que se dégrader ces dix dernières années, ne peut plus en compenser l'aggravation. La seule solution serait une régularisation massive et généreuse.

L'argument qui sert à refuser ces régularisations parce qu'elles produiraient un appel d'air – une forme de primes à la clandestinité – repose sur une déformation des liens de causalité. La présence de ces travailleurs est directement liée aux rigueurs des contrôles migratoires, qui renforcent l'organisation économique dominante vivant de la précarité et de la concurrence y compris monétaire entre les salariés. Cette gestion sécuritaire produit de la clandestinité et de la discrimination, comme les excès du marché financier produisent des licenciements. Ce n’est donc pas en expulsant des immigrés même « clandestins » au seul sens administratif du terme, que la politique de votre gouvernement restaurera de l'emploi et de la confiance.


Nous attendons autre chose de votre gouvernement. Nous souhaitons qu’il traduise dans les faits ce qui a été affirmé pendant les campagnes électorales : puisque les immigrés ne sont pas le problème, les expulser n'est pas la solution. Nous réitérons auprès de vous et de vos services, que ces gens qui vivent, étudient, travaillent, jouent, aiment ici, doivent voir reconnue leur place dans la République, bénéficier de ses principes et de ses valeurs. Il est à cet égard parfaitement regrettable que vous ayez cru devoir reprendre à votre compte un objectif chiffré de rapatriement, autrement dit d'expulsions, sans qu'aucun argument objectif n'ait pu vous permettre de le fixer. Comment oublier d’ailleurs que ce chiffre de 35 000 expulsions est déjà atteint avec toutes les personnes expulsées au mépris de la loi, du droit et des droits, à partir de la Guyane ou de Mayotte ?

Il suffit, Monsieur le Ministre, de se pencher et de décomposer les données publiées dans les différents rapports sur l'immigration soumis à l'Assemblée nationale, pour comprendre que l'objectif fixé d'un nombre d'expulsions n'est que le masque d'une politique de communication.
C'est un gage donné non pas à la réalité, mais à la peur.

Je me permets d’attirer votre attention sur un chiffre. Il s'agit du nombre de régularisations par le travail arrachées, depuis la grève des sans-papiers de 2008, à un gouvernement dont l'aménité vis-à-vis des « immigrés clandestins » n'était pas établie : 11 à 12 000 de plus par an !
La régularisation en nombre est donc possible, et sans dégâts perceptibles pour notre pays, lorsque les premiers concernés se mobilisent et bénéficient de la solidarité populaire. C’était sous un gouvernement de droite. Faut-il aujourd’hui recourir au même bras de fer en redoutant des résultats moindres ? Nous voulons espérer que ce n’est pas le cas.

Nos craintes s’enracinent dans les critiques et jugements de la circulaire du 28 novembre, que nous avons formulés. Les grèves de la faim attestent de leur validité. Car cette circulaire dite de « régularisation » exclut de fait certaines catégories d’étrangers, tout en prévoyant une maîtrise d’œuvre par les préfectures qui reste changeante et aléatoire.

Sur le fond, la logique des critères pour obtenir un titre de séjour reste restrictive. En fixant des chiffres très élevés de présence constatée, la circulaire apporte certes des améliorations par rapport à la situation précédente, et ouvre la possibilité d’un nombre notable d’issues positives. Mais, que ce soit pour les enfants et les jeunes majeurs en cours d’études, pour leurs familles, que ce soit pour les salarié(e)s, les durées exigées sont trop loin de la réalité des demandes déposées ou exprimées. De plus, les autres conditions ajoutent une très rigoureuse limitation des situations éligibles à la régularisation, telle l’exigence de bulletins de salaire sur toute la période de référence, ce qui évacue de façon massive et négative toutes celles et tous ceux qui subissent nécessairement le système du travail non déclaré.
Si nous avons apprécié que votre ministère s’engage à mettre un terme à l’arbitraire des administrations préfectorales, en fixant des dispositions stables et pérennes applicables partout, nous sommes inquiets d’observer que la réalité est bien éloignée de cet objectif, parce que l’éloignement du territoire demeure encore et toujours la règle. Il est donc de votre responsabilité de ministre de l’Intérieur de s’assurer que les dérives de ces dernières années cessent.

Notre pays a besoin de fraternité, de justice, de sérénité et de progrès social, qui sont autant d’atouts dans la lutte contre les crises économiques et les extrémismes xénophobes qu’elles attisent. C’est pourquoi la LDH souhaite une autre orientation de la politique gouvernementale vis-à-vis des étrangers, de leur rôle et de leur apport. Il dépend de cela que l’espoir revienne chez des milliers de familles, de jeunes et de travailleurs sans papiers, dès maintenant.
Vous comprendrez que nous rendions cette lettre publique.

Veuillez croire, Monsieur le Ministre, etc, etc..."


Pierre Tartakowsky
Président de la Ligue des droits de l’Homme

09/01/2013

«Les austéritaires ?... Il faut les fusiller»

Extraordinaire: l'austérité est une erreur mathématique !

jean luc godard,austérité

"(...) Les ignares vous saluent bien, mais les dévots de l’austérité n’ont pas rendu les armes. L’histoire de l’équation commence à cheminer, on en a parlé dans le journal de France 2 hier soir, l’Humanité l’a évoquée, le Washington Post aussi, mais elle ne fait pas encore la une. C’est qu’on ne renonce pas d’un jour à l’autre à une idéologie. Même vermoulus les murs de Berlin ne s’affaissent pas d’un jour à l’autre." Hubert Huertas 

      France Culture 7h37, France Musique 8h06, twitter : @huberthuertas

Ce qui n'est pas sans rapport avec cet interview de Jean Luc Godard devancant "LA" découverte du siècle et des précédents (par Stéphane Benoit-Godet et Myret Zaki, le 12 décembre 2012 dans "Bilan", un magazine économique suisse.)

C'est que le réalisateur Jean-Luc Godard possède un regard unique sur le capital et le monde de l’argent. Entretien.

«...»  Le cigare est allumé, moteur!

Bilan: Que pensez-vous des économistes?
Jean-Luc Godard: Les économistes? Il faut les fusiller. L’économie, oui cela m’intéresse. Adolescent, j’ai lu Marx, Ricardo et Althusser, le premier surtout pour ses qualités littéraires. En général, les économistes n’écrivent pas bien. Ils ne vont pas sur le terrain, comme je continue à le faire. Il y a un parallèle à faire avec l’industrie du cinéma, surtout Hollywood, et l’économie. Pour moi, la vraie économie comme le vrai cinéma, ce n’est pas ce qu’on voit aujourd’hui. Je préfère les ethnologues, les anthropologues.

B: Qu’est-ce que l’économie, pour vous?
JLG: Il y a peu de réalité derrière «l’économie» d’aujourd’hui, et beaucoup de façade. A l’époque de la Nouvelle Vague, le cinéma pour nous, c’était ce qui ne se voit pas. C’était des films, comme Le cuirassé «Potemkine», ou La femme au corbeau, qui ne passaient pas dans les salles. Aujourd’hui, tout est disponible pour tout le monde en DVD. Mais à l’époque les belles choses étaient en quelque sorte invisibles. Dans les livres, c’est pareil: aujourd’hui, nous n’avons que des livres à mettre dans les livres. Quand est-ce que la réalité sera dans les livres?

Les économistes ne prennent pas la parole au sens profond de Freud. Ils peignent la réalité d’une façon détériorée. Ceci est une chaise: mais ensuite, il faut Van Gogh pour peindre une chaise. Celui qui est au bout de la caméra peut faire dire ce qu’il veut à l’image qu’il filme.

Les scientifiques ne font pas comme les économistes. Ils prennent un microscope, regardent, et ensuite ils pensent. Les économistes ont une vision détériorée des choses. Contrairement aux scientifiques, ils ne regardent rien! Ce sont des gens de «lettres», pas de «l’être». «Etre» a disparu au profit d’«avoir». J’ai petit à petit vu les enjeux économiques.

B: La France va-t-elle si mal?
JLG: La France garde une aura. Car sa littérature et son rapport «son/images/mots» sont plus riches que ceux des Américains ou des Allemands, par exemple. En termes de puissance, la France équivaut désormais à, disons, le Guatemala. Mais sa littérature et sa poésie font que la France est plus intéressante.

B: Que devraient faire alors les économistes?
JLG: Ils auraient tout à apprendre de l’industrie du cinéma. Les Français ont ce mot quand ils parlent de société de production dans le cinéma. C’est une «maison de production». Personne n’imagine Universal dire cela, par exemple. «Maison», cela suppose beaucoup de choses: cela veut dire une porte, une famille qui y vit, un rez-de-chaussée, des étages supérieurs, une cave… Durant le temps d’un film, c’est toute une petite société, avec ses relations humaines, pécuniaires, professionnelles, sentimentales, sexuelles, qui se met à exister. Durant trois à quatre mois, ce microcosme offre un poste d’observation idéal. Puis, tout cela disparaît. C’est fascinant.

B: Les rapports sexuels, c’est obligatoire sur un tournage?
JLG: Si vous regardez les affiches de films il y a toujours une fille et un garçon, cela tourne toujours un peu autour de ça quand même.

B: Pour revenir aux économistes, vous êtes vraiment fâché avec eux?
JLG: Parfois, il y en a bien un qui peut dire des choses intéressantes comme Stiglitz mais c’est rare. Une fois, l’un d’eux a dit: «Ce qu’il faut, ce n’est pas avoir plus, c’est vouloir moins.» Et c’est vrai, il faut moins: d’argent, de vedettes, de paradis artificiels. Les gens réclament le «droit» d’être heureux. Mais où ont-ils conquis ce droit? On a le devoir de vivre, le devoir de manger. Il n’y a pas de droits d’auteur, que des devoirs. On confond être et avoir, tout comme droit et devoir. Un mendiant n’a pas le droit de mendier, il en a le devoir si c’est sa seule manière de vivre. Idem pour l’enfant qui naît, pas de droit mais un devoir de vivre. Nous n’avons que des devoirs.

B: Comment voudriez-vous voir les économistes parler?
JLG: Les économistes sont trop abstraits. Les démocraties modernes font de la pensée politique un domaine de pensée séparé. Cela prédispose au totalitarisme. De même, on ne peut pas parler d’«économie». Les «économistes», qui séparent l’économie de tout le reste, cela n’existe pas. Il y a des «emplois», mais il n’y a plus de travail. On dit qu’il faut «sauver l’emploi». Pourtant, il y a toujours des travailleurs, mais ce qui manque, c’est le travail physique, les possibilités de créer avec ses mains.

B: Vous êtes-vous frotté à une économie autre que celle du cinéma?
JLG: J’avais un cousin qui travaillait pour Paribas à l’époque. Je lui disais toujours, donne-moi de l’argent pour filmer les gens sur la place de la Concorde et tu comprendras tout de l’économie. Comment font-ils pour ne pas se télescoper par exemple? Cela reste un mystère. J’aurais pu amener des pistes de réflexion.

B: Cela n’a jamais abouti?
JLG: Un jour, le patron de Darty est venu me voir en me disant qu’il gagnait trop d’argent et qu’il ne savait plus qu’en faire. Je lui ai proposé de financer mon prochain film: j’ai donc fait Le Rapport Darty. Une manière différente de voir l’entreprise plutôt que ses gros rapports que personne ne lit. Il y en a plein les ministères, des rapports!

B: Qu’a-t-il pensé du film?
JLG: A la première vision, il était furieux. Ensuite, il l’a vu 60 fois et il m’a remercié de cela.

B: Imaginons: les banquiers suisses viennent vous voir en vous disant qu’ils ont besoin que vous leur donniez des pistes de réflexion et en gros de faire la place de la Concorde + Le Rapport Darty, vous dites quoi?
JLG: Je ne peux pas, je tourne avec Myret bientôt (rires). Non, pour eux, c’est trop tard. Cela ne les intéresse pas d’apprendre.

B: Et la Confédération, elle n’est pas venue vous voir pour redorer l’image de la Suisse?
JLG: Les Suisses, ils ne savent pas ce que c’est, l’image. Il n’y a pas de cinéma suisse. Ce n’est pas une école en la matière.

B: Et l’échec du communisme, vous qui étiez proche de ce mouvement, ça vous inspire quoi?
JLG: Ce n’est pas l’échec du communisme. C’est l’échec de salauds qu’on a pris pour des communistes! Tout comme il suffit de passer une heure avec Cohn-Bendit pour comprendre l’échec de l’Europe.

On assiste à une grande détérioration aussi du point de vue culturel: on ne filme plus pour découvrir, mais pour affirmer quelque chose. J’écoutais l’autre jour ce philosophe un peu stupide, Michel Serres, qui a écrit Petite Poucette: il a oublié en parlant des nouvelles technologies que les gens parlent d’icônes pour les portables, alors que le terme icône a une signification autrement plus sacrée! C’était de la peinture byzantine et regardez ce que le mot est devenu. L’un des premiers inventeurs de la télévision appelait son tube un iconoscope: cela voulait dire quelque chose, et il y avait une véritable ambition scientifique derrière.

B: Ce double sens du langage, vous le recherchez toujours?
JLG: Oui, prenez le titre de votre livre, Myret. On peut lire «la fin du dollar» mais entendre «la finalité du dollar», ou même «la faim du dollar», ce qui voudrait dire qu’il n’est justement pas fini.

B: Vous sentez venir un déclin irréversible pour notre civilisation?
JLG: Elle changera dans la mesure où les Chinois eux-mêmes se mettent à lutter maintenant contre la contrefaçon. Si c’est un péril pour eux, c’est bien que les choses changent.

On a plus peur aujourd’hui. Il y a un manque de courage et de liberté évident.

B: Parce qu’on pressent des changements?
JLG: Savez-vous que le cinéma a été inventé, initialement, en couleur et parlant? Mais le monde n’était pas prêt; c’était trop, pour ceux qui allaient voir, dans la salle de cinéma, le train entrer dans la gare de La Ciotat et sembler les percuter. En outre, on perçoit les choses en fonction de nos présupposés culturels. Les Russes, qui ont vu ce même film à l’époque, étaient persuadés d’avoir vu Anna Karénine se jeter sous les rails du train!

B: Cela signifie-t-il le primat de la littérature sur tout le reste?
JLG: Non, simplement la littérature avait fabriqué cette image dans leur tête. Cette dernière peut fabriquer de très belles images, il suffit de relire Rimbaud.

B: Est-il vrai que vous n’êtes pas allé à Cannes pour protester contre la crise grecque?
JLG: Je n’y suis pas allé, car je n’y ai plus jamais retrouvé le plaisir d’il y a cinquante ans.

B: Vous lisez les journaux?
JLG: Non, parfois Le Matin au bistro mais cela ne m’intéresse pas. Le Journal de Genève, le Courrier de Neuchâtel ou l’hebdomadaire Curieux me manquent. En France, je lis Le Canard enchaîné et Charlie Hebdo qui ne vivent pas de publicité. Et Libé. Mais ils parlent du chômage en première page et ils ont ces pubs, Gucci et Hermès en dernière page… De toute façon, l’actualité, ça n’existe pas. En tout cas plus dans le sens où ceux de ma génération suivaient le ciné-bref au cinéma.

B: Et les médias sociaux, comme Facebook, vous intéressent-ils?
JLG: Je ne sais pas ce que c’est.

B: Que pensez-vous des écartsde richesse?
JLG: Tous les gens qui acceptent d’avoir une voiture avec chauffeur ont une vie pitoyable.

B: Si je touche au Loto et je vous dis que mon rêve est de produire un de vos films, vous me dites quoi?
JLG: Je prends tout votre argent, je me réserve 10%, et je donne 90% à Amnesty International.

B: Combien coûte un film de Godard?
JLG: 300 000 euros, environ.

La vidéo intégrale de cet entretien est ici.

Un rappel : Depuis 2011 et suite à un certain nombre de réclamations de J-L. Godard a été mis en demeure de payer ses impôts en Suisse, alors qu'il s'en acquittait jusque-là en France.
Source

A suivre ....

      

01/01/2013

2013...

Ne soyons pas, ne soyons plus, les marionnettes de leur destin.

georges mazilu,2013
Illustration : Georges Mazilu