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31/12/2012

Casser l’ambiance ?

Les  squatters du 149, rue du Château dans le 14e arrondissement à Paris, utilisé par le parti communiste local, mais déserté depuis plus de trois ans, doivent donc être poursuivis prochainement pour « dégradations de biens privés en réunion. »
Comme nous en avons été informé via le site Bellaciao, ces squatters ont été "extraits" de leur gîte de fortune le 19 décembre par les forces de l’ordre habilitées par le chasseur de Roms, Manuel Valls.
Mais, ce n’est pas là le plus troublant.
squatters, PC XIV, Hélène BidardBellaciao : "Au vu du nombre de sociétés immobilières détenues par le Parti communiste, (…) celui-ci doit savoir que le péril fait l’objet de dispositions légales permettant une évacuation immédiate quelle que soit la période de l’année. Les architectes de sécurité de la préfecture de Police de Paris, seuls habilités à déterminer le péril, ont des astreintes régulières pour être en capacité de faire des constats à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit en cas d’urgence. La procédure est purement administrative, le statut et la durée de l’occupation importent peu. Encore faut-il qu’il y ait péril ! »
On en déduit que si ces communistes-là ont choisi la voie pénale, c’est bien parce qu’ils savaient ne pas pouvoir obtenir une expulsion pour péril."

Autre fait « troublant » : le rapport conjugal (rien à voir avec un classique « rapport de force ») qui existe entre Hélène Bidard, Présidente-Directrice-Générale de la Société Immobilière * propriétaire de l’immeuble qui ordonne l’extraction manu militari, puis porte plainte contre les squatters et, son époux Igor Zamichiei, secrétaire fédéral du PCF75, lequel, solidarité oblige, justifie et tente d’étouffer l’affaire.

Sans vouloir casser un peu plus l’ambiance, on notera qu’Hélène Bidard est membre du Conseil National du PCF, Conseillère de Paris, Conseillère d'arrondissement (le XIème) chargée des Droits de l’Homme et de la Lutte contre les discriminations.(!!!)

Au moment où avec le Front de Gauche, nous nous réjouissons d’avoir ensemble à « rallumer  les étoiles » en 2013, au moment où le slogan « l’Humain d’abord ! » n’a jamais été plus indispensable pour faire obstacle à une droite ragaillardie par les reniements successifs d'un gouvernement Hollande de plus en plus soumis aux diktats d’un libéralisme sans gêne et sans remords, cet épisode est en effet susceptible de « casser l’ambiance ».
Ne pas en parler reviendrait à s’autocensurer, trop le souligner à se tirer une balle dans le pied.

Vœu pour 2013 et plus si affinités : que le Parti Communiste sache réagir et s’éviter comme à l’ensemble du Front de Gauche de tristes et préjudiciables contradictions.

* NB : Hélène Bidard, présidente de la SEMIDEP (Société d’économie mixte immobilière interdépartementale de la région parisienne),est également présidente de la société immobilière Rochechouart, propriétaire du 149 rue du Château, société écran du Parti Communiste Français. La SEMIDEP avait déjà expulsé les mal-logés acharnés du 141, rue de Charonne.

24/12/2012

Symphonie des Droits de l'Homme

Oh, mon bel enfant !
Libre et prisonnier,
Prisonnier des contraintes que s’imposent les hommes
Et libre de les transcender.
N’aie jamais peur du vide,
Car c’est le vide qui t’a enfanté.
Accroche-toi aux parois lisses et dures de la vie
Accroche tes ongles aux moindres interstices,
A la moindre anfractuosité du roc.
Ouvre large tes oreilles à l’appel du vent,
A la musique du silence.
Ouvre tes narines aux odeurs fortes et subtiles des parfums de la Terre,
De la sueur, de la peau, de tout ce qui vit,
Qui exhale, qui respire.
Pour que lorsque t’arrivera le pire,
Tu puisses en tirer le meilleur.
Ouvre tes bras à la détresse humaine
Car ta propre détresse peut en être le ferment.
Ouvre ton cœur à la beauté secrète, sourde, aveugle et muette.
Parce que rare est celui qui la voit,
Parce que rare est celui qui l’entend.
Garde ton âme ouverte comme une source offerte
A la soif du mendiant, de l’errant, du poète, du chercheur, de l’enfant.
Et ton regard innocent, et ton esprit honnête,
Garde-les toute la vie car la simplicité est la marque des grands.

18/12/2012

Michel Warschawski

Michel Warschawski, président du Centre d’Information Alternative (AIC) de Jérusalem, vient de recevoir (10/12/2012) le prix des droits de l'homme de la République française et c'est mérité.

Du coup, Richard Prasquier, président du Conseil représentatif des institutions juives de France, se fend d’une lettre ouverte à Christine Lazerges, présidente de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH). Mais peu importe les aigreurs du CRIF puisque même un hebdo comme Le Point ne "frissonne pas en entendant prononcer le nom de Michel Warschawski".

Pour mesurer son engagement à défendre l’idée qu’ « Un autre Israël est possible », on pourra s’en référer à une suite d’articles parus dans Médiapart, et à quelques interviews dont celui qui suit, accordé le 5 novembre au site Alohanews :

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Michel Warschawski: “Israel n’existe que par la guerre”

Journaliste et membre du Tribunal Russel, Michel Warschawski contribue à la cause palestinienne en combattant l’occupation et le colonialisme organisé depuis plus de quarante ans par les gouvernements israéliens successifs.
Lors de cet entretien, il est question de la société israélienne, la politique israélienne ainsi que ses rapports avec l’Iran.

Dans le livre Un autre Israël est possible que vous avez co-écrit avec Dominique Vidal, vous mettez en lumière le mouvement des “indignés” de la population israélienne qui a planté ses tentes l’été 2011 à Jérusalem, Haïfa et Tel-Aviv. Quelles étaient leurs revendications ?

Ce mouvement qu’on appelait le mouvement des tentes ou mouvement des indignés de 2011, s’est intentionnellement limité à des revendications d’ordre socio-économiques. Les revendications étaient le droit au logement, le droit à une santé publique gratuite, le droit à l’éducation. Il s’agit de droits et pas d’une marchandise dans le cadre d’une libéralisation et d’un néo-libéralisme débridé. Il a fait l’impasse sur les questions liées au conflit en Palestine et au conflit israélo-arabe en général.

Ce mouvement s’est questionné sur les sujets de société, mais s’est bien gardé de s’exprimer sur les questions politiques bien qu’il y ait une corrélation entre les deux. Les injustices naissent en partie d’une politique ultralibérale sécuritaire qui consacre la majorité de son budget à la Défense. Votre analyse là-dessus ?

Effectivement, cette séparation entre le social d’un coté et le politique de l’autre est une scission totalement artificielle loin de la réalité. Pour satisfaire les revendications du mouvement, il faut faire des choix politiques! Il faut réduire substantiellement le budget militaire. Il faut arrêter de subventionner les colonies. C’est la faiblesse du mouvement, il fallait lier les deux et ne pas se focaliser sur l’aspect économique. Le mouvement devait dénoncer une classe politique qui a fait le choix de l’occupation coloniale depuis maintenant quarante ans.

Quel est votre rapport à l’État d’Israël ?

Je suis citoyen israélien. Je me sens totalement impliqué comme citoyen, comme père, comme grand-père dans cette société israélienne tout en étant radicalement critique non seulement de la politique menée par les différents gouvernements israéliens depuis qu’il existe, mais aussi envers la nature même de l’État. Israël n’est pas un état normal. Israël selon sa propre définition est un État juif dont l’objectif est de renforcer le caractère juif démographiquement parlant. C’est-à-dire l’État qui considère l’indigène, le Palestinien comme un étranger sur sa terre. Une grande partie a été expulsée de cette terre, ce sont les réfugiés. Et ceux qui sont restés sont perçus comme des locataires tolérés. Sans parler de la population occupée de Cisjordanie et de la bande de Gaza qui n’a aucun droit politique et qui vit sous administration militaire maintenant depuis plus de quarante ans.

Vous êtes président du Centre d’Information Alternative (AIC) de Jérusalem, comment ce projet a vu le jour ?

C’est un projet éminemment politique. Nous étions des militants et c’était une initiative ancienne puisque le centre a été constitué en 1984. Sa spécificité est que ce centre est composé de militants politiques israéliens et palestiniens. C’est une organisation réellement mixte de militants de la gauche palestinienne et militants antisionistes israéliens qui collaboraient depuis bien longtemps dans le combat contre le colonialisme, contre l’occupation coloniale, contre la politique de guerre.

À un certain moment, nous avons été confrontés à un déficit d’informations. Rappelons-nous qu’en Israël, en 1982, c’est la guerre du Liban, un immense mouvement antiguerre se met en place. Plus de 400.000 personnes descendent dans les rues de Tel-Aviv pour condamner les massacres. Nos amis palestiniens avec qui nous étions ensemble dans le combat politique nous disent: “Nous ne comprenons pas ce qui se passe, nous ne nous attendions pas à une telle mobilisation”. Il y avait donc une demande d’intelligibilité, de faire comprendre ce qui se passe en Israël. Et parallèlement en Palestine s’est déroulé à la même époque un nouveau phénomène à savoir l’émergence des mouvements populaires qui deviendra plus tard la première Intifada. Les mouvements de femmes, des syndicats étudiants, des syndicats ouvriers ont pris les devants de la scène. Ces derniers étaient totalement méconnus du côté israélien. Il y avait une volonté dans notre centre de faire connaître la réalité de la société palestinienne aux Israéliens, aux médias israéliens, aux faiseurs d’opinions, aux militants. Et aussi d’expliquer aux Palestiniens, de leur donner des clés de compréhension des évolutions de la société israélienne.

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Quelle est votre analyse sur l’actualité entre Israël et l’Iran ?

Israël a besoin d’un ennemi. Il doit être en état de guerre permanent. Sans beaucoup d’exagération, Israël n’existe que par la guerre. Israël n’est soutenu par les États-Unis (3,5 milliards $ par an) que parce qu’il joue un rôle militaire dans la région. La pire catastrophe qui puisse arriver à Israël, c’est qu’il n’y ait pas de guerre, qu’il n’y ait pas d’ennemi, pas de menace. Il s’agit donc toujours d’identifier une nouvelle menace. Nous avons eu le terrorisme qui est devenu le terrorisme islamiste et qui ensuite s’est généralisé à l’Islam. Ce n’est pas suffisant, alors on prend le Hezbollah, mais ce dernier est trop petit. Il faut trouver plus grand,  j’irai même à dire qu’il faut vendre à Washington que cet ennemi ne menace pas seulement Israël, mais menace la civilisation judéo-chrétienne tout entière. Nous arrivons à cette équation générale que la civilisation judéo-chrétienne est menacée par l’Islam représenté par la République Islamique d’Iran.

On prend les fanfaronnades, des déclarations qui parfois sont stupides de Mahmoud Ahmadinejad monnaie comptant. Le gouvernement israélien s’insurge en accusant ce dernier de vouloir détruire Israël. Alors que toute analyste sérieux vous dira que ce n’est pas vrai. Faisant d’ailleurs le jeu d’Ahmadinejad qui comme cela peut se présenter comme le seul qui maintient le combat pour défendre le droit des Palestiniens. De ce fait, Israël permet de justifier cette stratégie de guerre permanente et préventive dans la région.

Est-ce qu’au final, Mahmoud Ahmadinejad ne serait pas l’ennemi utile d’Israël ?

Tout d’abord, Mahmoud Ahmadinejad est à la tête d’une puissance régionale. Ce dernier se bat non pas contre Israël, ce n’est pas du tout son objectif. Ce dernier veut assoir la place de l’Iran comme puissance incontournable dans la région. L’ennemi d’Ahmadinejad, le vrai conflit n’est pas du tout avec Israël, mais c’est avec l’Arabie Saoudite et les pays du Golfe.

Le clivage sunnite-chiite ?

Ce n’est pas essentiellement une question sunnite-chiite. C’est une question d’ordre économique et de pouvoir stratégique dans la région. L’hégémonie dans cette région, notamment dans le détroit d’Ormuz, dans la région du Golfe est extrêmement importante. Mahmoud Ahmadinejad se sert de la question palestinienne et d’une rhétorique radicalement antiisraélienne pour renforcer sa position dans la région. Il veut montrer que ses adversaires arabes en font moins que lui sur la question palestinienne. Là est véritablement l’enjeu d’Ahmadinejad. Ce n’est pas du tout la guerre contre Israël.

Je partage l’opinion des services de renseignements israéliens intelligents qui disent qu’il faut arrêter de considérer l’Iran comme un pouvoir irrationnel, que ce sont des fous, des fanatiques, ce n’est pas tout sérieux comme analyse. En Iran, il y a un agenda politique, il y a des objectifs politiques sur lesquels se greffe cette rhétorique radicale, mais qui est tout à fait rationnelle. D’ailleurs, Barack Obama l’a compris, car il entreprend des négociations avec le gouvernement iranien. C’est ce que veut l’Iran, parlez avec eux et donnez leur la place, arrêtons de les marginaliser.

Quel est l’enjeu réel de la visite de Benjamin Netanyahou dans l’Hexagone ?

Je ne crois pas qu’il y ait d’enjeux importants. C’est une opération de relations publiques. Le gouvernement d’extrême droite israélienne est assez isolé et critiqué y compris par des pays de l’Union européenne, y compris par les États unis bien que ce soit discret, élections présidentielles obligent. Le gouvernement israélien est totalement en porte à faux face aux politiques qui se dessinent en Occident.  Ces derniers essayent de se replacer dans la région du Moyen-Orient qui est en pleine mutation. Pendant ce temps-là, de nouvelles puissances s’affirment comme la Russie qui revient, la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud. Dans ce cadre-là, les États-Unis seront obligés de s’adapter à cette nouvelle réalité. Tandis que du côté du israélien, nous avons un gouvernement qui vit vingt ans en arrière. Ce dernier agit comme si le président était encore George Bush, qui est encore dans la guerre globale et préventive. Ce ne peut être la stratégie américaine d’aujourd’hui parce qu’elle a échoué et leur a couté très cher.

Il y a donc les germes d’une tension, non pas d’une remise en question de l’alliance stratégique qui unit les deux pays, celle-là est malheureusement encore présente pour longtemps. Il y a une question primordiale qui se pose: comment gérer la nouvelle donne internationale et régionale ? Benjamin Netanyahou est totalement isolé. Ce n’est pas le cas en Israël malheureusement, mais nous sommes à contre-courant de la plupart des chefs d’États européens et des Américains. Nous ne pouvons pas continuer comme cela.

Alors on essaie de montrer que tout va bien, on va faire beaucoup de photographies sur le parvis de l’Élysée. C’est une opération assez inutile. Je ne donne aucune importance à cela. Il y a quand même quelque chose d’important, l’Union européenne vient de rehausser le statut d’Israël dans les institutions européennes. Non seulement, il n’y a pas de sanctions, mais on donne une reconnaissance, un bonus à Israël. C’est rendre un très mauvais service à la population israélienne. Je crois que les sanctions, cela permet parfois d’ouvrir les yeux et de réaliser que nous sommes dans le gouffre. Nous sommes en train de nous isoler. Qu’on nous caresse dans le sens du poil quoiqu’on fasse malgré les massacres, malgré la colonisation, malgré le refus de négocier quoi que ce soit. Nous ne faisons que renforcer les mauvaises tendances.

Un mot pour Alohanews ?

Continuez ! Je pense qu’il est extrêmement important d’aider le public à avoir des clés de compréhension. Ce n’est pas l’information qui manque. Moi je ne suis pas de ceux qui lisent les journaux. L’important n’est pas de savoir, mais de comprendre. Ce que beaucoup de citoyens européens n’arrivent pas à comprendre. Qu’est ce que cela veut dire ? Il faut décrypter l’information qu’on nous donne et non l’intérioriser de façon passive.

Propos recueillis par Mouâd Salhi

Site du Centre d’Information Alternative: Cliquez ici

14/12/2012

Droit d’asile à la sauvette ?

L’association européenne pour la Défense des Droits de l’Homme s’adresse aux parlementaires européens :

Ne bradez pas les droits des demandeurs d’asile !

demandeurs d'asile,aedh

Une lettre ouverte leur est adressée qui s’appuie sur une note d’analyse
(à télécharger)

En application des objectifs fixés par le programme de Stockholm, le Parlement européen mène, depuis 2009, des travaux sur la refonte de plusieurs textes de directives et règlements afin de parvenir à l’adoption d’un régime d’asile européen commun (RAEC).

Depuis le traité de Lisbonne, il est co-législateur, avec le Conseil, sur les questions de cette nature et l’on sait que les discussions avec cette instance se sont souvent avérées difficiles. On sait aussi que la Présidence aurait souhaité parvenir rapidement à l’adoption des textes encore en cours de discussion, si possible avant la fin 2012.

Il est certain que le système d’asile européen doit être réformé. Et il doit l’être dans l’esprit du programme de Stockholm. Mais l’AEDH craint que l’urgence du calendrier institutionnel ne prime sur l’objectif de respect des droits fondamentaux des demandeurs d’asile et réfugiés.

D’où, une « Lettre ouverte » adressée à tous les membres de cette Assemblée. Elle s’appuie sur « une note d’analyse » où sont développés plusieurs points particulièrement préoccupants dans les projets actuels de refonte des directives et règlements et sur lesquels il est nécessaire d’attirer l’attention.

L’objectif étant que l’Union européenne se dote d’un système d’asile digne et respectueux des droits des personnes qui requièrent une protection internationale.

L’AEDH

12/12/2012

Pour « les pré-fêtes »

Pour remercier madame la préfète à l’égalité des chances qui, dans les Bouches du Rhône, se donne tant de mal pour faire respecter la loi et les ordres de son ministre, ce film réalisé par un terroriste notoire : Tony Gatlif…

Ignorant l’injonction qui vise à prévenir d’éventuelles sanctions "l’indiscrétion" qu’il y aurait à contester   quelque mesure toute et rien que "sécuritaire" (du type « délocalisations faites aux roms »), lui fait suite et l’accompagne pourtant et par ailleurs une lettre dont la teneur porte la marque de la très haute considération dans laquelle on peut tenir les exécuteurs des basses œuvres sociales libérales, pour lesquels la défense des droits de l’homme est si évidemment inaliénable !

 

A l’attention de :
Madame la Préfète à l’égalité des chances

Préfecture des Bouches-du-Rhône.
Copie : Monsieur le Préfet Régnier

Marseille, le 11 décembre 2012

Madame,

Dans la nuit du vendredi 7 au samedi 8 décembre, par des températures en-dessous de zéro, vous avez fait procéder à l'évacuation du site du chemin des tuileries qui était occupé depuis 6 mois par des familles Roms extrêmement précaires. Cette évacuation s'est déroulée dans une grande précipitation, sans interprète et, de fait, dans un climat de violence qui n'a échappé à aucun des témoins présents. L'opération était manifestement commandée par le souci urgent de dégager votre responsabilité ainsi que celle de la Mairie de Marseille, et ce, à la suite du rapport d’expertise que vous avez diligenté, qui a fait état d’un risque imminent d'effondrement du hangar - risque qui n’avait pas été signalé lors de la précédente évaluation...

Conformément à la procédure, vous avez mis à disposition des familles un gymnase pour trois ou quatre nuits. Lundi 10 décembre, journée mondiale des droits de l'homme, les familles frigorifiées n’ont pu pénétrer que tardivement dans le gymnase et ce, après une longue journée d’errance et d’incertitudes quand à la possibilité que leur soit proposé un abri. Ce matin, mardi 11 décembre 2012, les familles expulsées ont du quitter le gymnase sans aucune assurance de disposer d’un abri le soir venu.

Les associations signataires de ce courrier sont inquiètes des conséquences de vos décisions.

La simple humanité mais aussi la perspective de températures négatives ces prochaines nuits et l’arrivée de l'hiver  imposent de prévoir pour ces enfants et ces familles une mise à l'abri effective jusqu'à ce qu'une solution de relogement pérenne soit trouvée.  A cette fin, un relogement pourrait prendre la forme d'une réquisition d'immeuble vacant comme le suggérait hier la ministre du logement, Mme Cécile Duflot.

Par ailleurs, la circulaire du 26/08 suggère l'humanisation des procédures d'expulsion ainsi que la mise en place d'une politique d'intégration. Cette circulaire s'impose à tous et nécessite une anticipation et des procédures contraignantes qui tendent à retarder l'échéance en permettant l'amorce d'un travail de fond.

Nous regrettons que vous contourniez ces difficultés par l'usage quasi systématique de" l'évacuation pour péril". Cette attitude qui accélère les déplacements et précarise chaque fois davantage les familles est de nature à compromettre  le travail souhaité par le gouvernement, travail coordonné par la Préfet Alain Reigner.  Vous savez comme nous que l'humanisation des sites et l'effort d'intégration des familles ne peut aller de pair avec la perpétuelle errance induite par ces déplacements forcés.  Les processus d'accompagnement sanitaire, la scolarisation, l'accès à l'emploi et aux droits sociaux ne peuvent être engagés qu'au prix d'une stabilisation de l'habitat. Les expulsions anticipées et encadrées y contribuent un peu alors que les évacuations précipitées comme celle de vendredi soir la compromettent gravement.

Nous sommes conscients de la difficulté de votre tâche et nous sommes prêts à vous soutenir et à vous aider dès lors que vos actions s'inscriront plus clairement dans la perspective dessinée par la DIHAL sous l'autorité de Mr Alain Reigner, mais pour l'heure nous sommes inquiets.

Signataires:

  • Médecins du Monde Marseille / Dr Philippe RODIER
  • Fondation Abbé Pierre / Mr Fathi BOUAROUA
  • Emmaüs Pointe Rouge / Mr Kamel FASSATOUI
  • Rencontre Tsiganes / Mr Jean-Paul KOPP
  • Ligues des droits de l’homme / Mr Bernard EYNAUD