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30/06/2011

Dette illégitime

Sous les yeux de Standard & Poor's, Moody's et quelques autres agences de notation qui conseillent les investisseurs et autres rentiers de la dette sur les risques boursiers, un documentaire produit par le public, « Debtocracy » cherche les causes de la crise de cette dette et propose des solutions. Ce qui se passe en Grèce est bien sûr très largement reproductible.

A moins d’abandonner ce qui lui reste de crédit et en regard de la crise grecque, la gauche française devrait se trouver dans une obligation de cohérence et d’honnêteté avec elle-même. Pour commencer il lui faut définir publiquement ses marges de manœuvre, comme une façon de faire preuve de courage avant de pouvoir peser avec une chance de succès sur une économie sociale et solidaire à échelle européenne et plus si affinités.

 

Tout le monde n’est pas du même avis et, sur le terrain,
on est apparemment loin du consensus et des discours démagogiques !

 

23/06/2011

La perpétuité au bénéfice du doute

Le bénéfice du doute et l’intime conviction sont très visiblement entrés en conflit lors du 3èm procès d’Yvan Colonna le 20 mai 2011. On ne saura même pas si le doute a pu être organisé, puisque les magistrats du siège ont négligé d’examiner les témoignages et indices qui auraient effectivement pu jouer en faveur du principal accusé ou, à l’inverse, l’enfoncer davantage. En l’occurrence, le juge s’est autorisé un préjugement sur la personne d’Yvan Colonna et s’est exposé à enfreindre l'article 6 de la Convention européenne des droits de l'homme §3-4.

Il a en outre voulu ignorer qu’aucune personne, membre d'une autorité publique, n’est en droit de porter atteinte, par des propos publics à la présomption d'innocence de quelqu'un, pendant et en dehors de tout procès. A moins que la Justice ne soit dépendante de ce type de procureur et d’apriori, à moins qu’elle n’ait été bâclée.

Erignac, Yvan Colonna, LDH Corse, justice

Toujours est-il que, sous le titre « Procès Colonna : un doute insupportable », la LDH Corse a rendu public le communiqué suivant :


« Le 3ème procès d'Yvan Colonna aura connu une seule avancée, la motivation du jugement, et celle-ci aura confirmé ce que nous savions depuis le début : la mise à l'écart du débat, d'éléments qui contrarient la déclaration de culpabilité d'Yvan Colonna faite par Nicolas Sarkosy en juillet 2003.
 
La question des témoins oculaires est ici emblématique. Tous exonèrent Yvan Colonna. Mais leurs dires, selon les juges de la Cour d'Assises antiterroriste, doivent "être appréciés avec les plus grandes réserves au regard de la rapidité du déroulement des faits, de leur ancienneté, de la position des témoins et de la qualité de l'éclairage urbain». Cette affirmation, comment devons-nous l'apprécier puisque ces mêmes juges n'ont pas associé les témoins oculaires au transport de la Cour sur les lieux de l'assassinat pendant le procès.
 
De ce procès, il restera aussi cette photocopie d'un document d'origine inconnue, transmise par la police et jetée dans le débat de manière opportune, à un moment où certains propos, certes tardifs de l'accusé, pouvaient ouvrir sur d'autres hypothèses que celle imposée depuis le début par la police antiterroriste.

Aujourd'hui nous ne savons toujours pas si la justice a dit la vérité mais elle a condamné un homme à perpétuité. »
 
Ajaccio, le 23 juin 2011.

Prochaine étape la Cour Européenne des Droits de l’Homme qui, il n’y a pas si longtemps, avait « épinglé la France pour l'absence d'indépendance de son parquet à l'égard du pouvoir exécutif. »

21/06/2011

Le sexe des anges

Deux derniers communiqués de la LDH (1) - (2)  mettent en évidence un fait dans lequel les intégristes catholiques n’ont pas manqué de s’engouffrer.

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Le premier communiqué a trait à l’homophobie et aux pratiques discriminatoires qu’elle suppose partout dans le monde. Le Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU vient de demander au Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme de réaliser une étude pour rendre compte des lois, pratiques discriminatoires et autres violences contre des personnes en raison de leur orientation sexuelle et de leur identité de genre dans toutes les régions du monde. Il serait temps !

A noter quand même, entre autres, qu'Amnesty International s’en préoccupe régulièrement et qu'SOS Homophobie a fait paraître son propre rapport pour l’année écoulée.

Dans un second communiqué, la LDH s’inquiète d’un courrier adressé au ministre de l’Education nationale par Christine Boutin. Celle-ci s’oppose, et avec elle l’ensemble des lobbies intégristes, à ce que les programmes Sciences et Vie de la Terre pour les classes de première L et ES (Bulletin officiel spécial n° 9 du 30 septembre2010 - pages 7 & 8) introduisent une réflexion sur la sexualité qui soit également «l’occasion d’affirmer que si l’identité sexuelle et les rôles sexuels dans la société avec leurs stéréotypes appartiennent à la sphère publique, l’orientation sexuelle fait partie, elle, de la sphère privée». La démarche de dame Boutin équivaut à réclamer un statuquo permettant à l’homophobie de prospérer. D’où la virulence de ses propos qui rassurent sans aucun doute les sectateurs du Vatican.

Dès septembre 2011 et malgré cette levée de bouclier à laquelle il fallait s’attendre, il s’agira donc d’introduire dans la cours de SVT la théorie du genre qui dissocie l’identité sexuelle de l’orientation sexuelle et qui, par voie de conséquence est une déconstruction de l’hétérosexualité comme modèle universel, l’homosexualité, la bisexualité ou la transsexualité relevant de la liberté souveraine des individus.

Tout en faisant reculer l’homophobie et en fonction de la compétence des professeurs, de plus en plus recrutés sans formation et tous azimuts via Pole-Emploi, cette partie du cours de SVT pourrait néanmoins être une occasion pour les élèves d’aborder quantités d’autres sciences non programmées en classe de 1ère, de la psychanalyse à la biologie, en passant par l’histoire, la sociologie ou l’anthropologie. Il faut pourtant s’attendre à ce «qu’au nom du respect de la liberté de conscience des familles et de la responsabilité des parents en matière d’éducation affective et sexuelle de leurs enfants» (sic), les gardiens d'une orthodoxie de la procréation à tout prix, viennent perturber une réflexion libre et objective sur un sujet hautement éducatif et non discriminant.

En ce qui concerne la LDH, il ne serait pas accessoire non plus que ses sympathisants  et adhérents s’interrogent sur la validité de l’article 16 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, qui énonce :

«A partir de l'âge nubile, l'homme et la femme, sans aucune restriction quant à la race, la nationalité ou la religion, ont le droit de se marier et de fonder une famille. Ils ont des droits égaux au regard du mariage, durant le mariage et lors de sa dissolution. Le mariage ne peut être conclu qu'avec le libre et plein consentement des futurs époux. La famille est l'élément naturel et fondamental de la société et a droit à la protection de la société et de l'État.» 

17/06/2011

En Iran, le FMI "termine le job"

Y-a-t-il une justice économique compatible avec un minimum de décence ? Les hauts fonctionnaires du FMI, au nom de la « stabilité du système monétaire international », n’en sont plus à leur première infamie. La pire de toutes, c’est le silence qui entoure les pays où le marché de la mort frappe à huis clos.

Iran : 155e pendaison de l'année eeeee
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Mercredi, 15 Juin 2011 08:55 

Iran Manif- Un Iranien a été pendu dans une ville du sud de l'Iran, a rapporté mercredi le site de la télévision d'Etat. Aucune précision n'a été donnée sur l'identité de l'accusé. Cette pendaison porte à 155 le nombre d'exécutions menées en Iran depuis le début de l'année, indique l'AFP. En général quand le régime ne donne aucune indication sur l'identité de la victime, il s'agit d'un manifestant arrêté lors du soulèvement ou d'un prisonnier politique de plus longue date. L'appareil de propagande des mollahs se fait fort de salir l'image de ses victimes pour ne soulever aucune vague dans l'opinion publique internationale. Qui en effet aurait des états d'âme pour un violeur d'enfant ou un trafiquant de drogue ?

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Or en premier lieu c'est de peine de mort qu'il s'agit, et les démocraties qui l'ont abolie doivent s'élever contre son usage ailleurs dans le monde. Ensuite au rythme où vont les exécutions en Iran, c'est de crime contre l'humanité qu'il s'agit.

Garder le silence ou reprendre à la lettre la propagande officielle, comme le font regrettablement certaines agences de presse par pur souci de conserver quelqu'un sur place, c'est soit taire un crime contre l'humanité, soit y participer.

Le philosophe français Jankelevitch disait avec raison que c'est en soi un autre crime contre l'humanité. Il serait temps que la presse se pose des principes déontologiques face au phénomène de propagande, qui plus est intégriste.


 

Le FMI félicite l'Iran pour sa réussite dans la réduction des inégalités

©AFP / 13 juin 2011 22h33

Washington - Le Fonds monétaire international a félicité lundi l'Iran pour sa réussite dans la réduction des inégalités, six mois après la mise en œuvre d'un ambitieux plan de suppression des subventions à l'énergie.
Le 18 décembre, le président Mahmoud Ahmadinejad avait annoncé la fin dès le lendemain de ces subventions, avec pour effet un bond du prix de l'essence compris entre 75 et 300%, ou encore une multiplication de celui du gazole par neuf, et de ceux de l'électricité, de l'eau et du gaz par trois à cinq.
Les prix de l'alimentation avaient augmenté en parallèle. Au total, l'inflation était passée de 10,1% sur un an en décembre à 14,2% en mai.
Mais, pour le FMI, ce plan qui a supprimé près de 60 milliards de dollars de subventions annuelles (l'équivalent de 15% du produit intérieur brut) et était conçu pour donner aux biens leur prix véritable, a été au final une réussite.
La redistribution, sous forme de versements aux ménages, des recettes tirées des hausses de prix a été efficace pour réduire les inégalités, améliorer le niveau de vie et soutenir la demande intérieure, a estimé le FMI, dans un communiqué publié à l'issue d'une mission d'évaluation d'une dizaine de jours en Iran.
La hausse des prix de l'énergie a déjà fait baisser la consommation domestique excessive d'énergie et le gâchis qu'elle occasionnait, a-t-il poursuivi.
Le FMI a reconnu que cette réforme avait à court terme ralenti la croissance mais a estimé qu'elle devrait considérablement améliorer les perspectives à moyen terme pour le pays.
Il lui a recommandé une réorientation globale de l'économie vers des produits, des services et des techniques de production moins gourmands en énergie et de poursuivre les efforts d'amélioration du climat des affaires afin de soutenir la création d'entreprises et d'emplois nouveaux.

13/06/2011

Dé-mondialisation : Minc vs Montebourg

Le fait qu’Arnaud Montebourg soit un candidat plus qu'improbable pour les prochaines présidentielles n’enlève rien à son mérite d’argumenter sur l’idée de dé-mondialisation, idée passant de moins en moins pour une utopie et relayée en tant qu’alternative par quantité d’économistes prospectifs. Alain Minc ne fait naturellement pas parti de ceux-là. Jean Claude Guillebaud, éditorialiste catholique lucide s’en est ému et a semble-t-il choisi son camp quitte à faire la promotion de celui qui se trouve être à l’origine des «primaires socialistes» et dont la réflexion sur le sujet mériterait d’être largement débattue. Les ténors et sopranos qui occupent la scène médiatique seraient bien inspirés de s’emparer de la question et de relever  …

« L’injure faite à Montebourg »

« La saillie hasardeuse de Luc Ferry sur la pédophilie a fait couler beaucoup d’encre. C’était mérité. Pour ma part, je me suis intéressé à une autre « saillie » verbale, tout aussi loufoque mais plus révélatrice. Dans une interview au site nonfiction.fr, Alain Minc a traité de « connards », puis de « débiles », le candidat socialiste Arnaud Montebourg et ses amis, coupables de s’intéresser au concept de « dé-mondialisation ».

C’était moins les propos de Minc qui tiraient l’oreille – il nous a dit tant de choses depuis trente ans ! – qu’un aussi brusque changement de vocabulaire. Que notre Jiminy Cricket national, perché sur l’épaule des puissants, en arrive à « se lâcher » jusqu’à user d’injures populistes donne à réfléchir. Faut-il y voir le signe d’une panique refoulée ? Sans doute. Dans le même mouvement, pour mieux salir le personnage, Minc compare Montebourg à Marine Le Pen. Vieux refrain… Pour ceux – dont je suis – qui ont lu ses livres et écouté ses prestations, l’accusation est indécente mais surtout très sotte.

Les réflexions de Montebourg sur les limites du dogme libre-échangiste sont partagées aujourd’hui par quantités d’intellectuels et d’économistes. D’Emmanuel Todd à Jacques Sapir, de Hakim El Karoui (ancien du cabinet Raffarin) à Jean-Luc Gréau, Paul Jorion ou Frédéric Lordon, en passant par le groupe dit des « économistes atterrés », on aurait donc du mal à dresser la vraie liste des « connards ». Il faudrait d’ailleurs adjoindre l’ami Georges Corm, ancien ministre libanais des Finances, dont le dernier livre (paru cet automne) s’interrogeait, lui aussi, sur la dé-mondialisation.

Démondialisaation, Montebourg

L’audace bienvenue du brillant député est d’avoir enfin introduit cette question au cœur de la campagne présidentielle. Elle mérite débat. Ajoutons qu’il aura fallu près de dix ans pour qu’elle perce le mur du dogmatisme ambiant et trouve droit de cité. C’est en 2002 que l’idée a été avancée par le sociologue philippin Walden Bello, diplômé de Princeton. En décembre 2009, un long article de « Newsweek » signalait d’ailleurs que nombre d’entreprises américaines mettaient déjà en œuvre une manière de dé-mondialisation en relocalisant leur fabrication aux États-Unis.

C’est pourtant sur le vieux continent que la remise en cause du dogmatisme libre-échangiste est la plus ardente. Rien de plus logique. L’Europe est devenue la partie du monde la plus ouverte aux quatre vents des échanges planétaires. Elle est beaucoup moins protégée que la Chine ou les États-Unis. Elle paie au prix fort – désindustrialisation, pression à la baisse sur les salaires, inégalités croissantes, désintégration des économies nationales – d’avoir oublié la clause de la « préférence communautaire » (idée française) inscrite en 1959 dans le projet européen. C’est sous la pression des États-Unis que cette clause essentielle fut démantelée.

Dans un petit livre de combat préfacé par Emmanuel Todd (« Votez pour la dé-mondialisation !  », Flammarion, 2 euros), Montebourg rappelle néanmoins que même l’Organisation Mondiale du Commerce autorise, en cas d’urgence sociale, une forme de protectionnisme communautaire. Alors ? Le plus amusant de l’affaire est que tous les « débiles » ainsi injuriés se sont beaucoup moins trompés que Minc lui-même, chantre étourdi de la « mondialisation heureuse ». Son interview récente montre que sa vision du monde n’a pas changé d’un iota. Elle tient en trois lignes : les « sur contraintes » macroéconomiques sont impératives, elles ne laissent à la démocratie qu’une infime marge de manœuvre. Pour les reste, interrogé sur les révoltes sociales en cours, il affiche un beau mépris : « Penser qu’il y a un monde alternatif… foutaise, foutaise ! »

Les « Indignés » apprécieront. À traiter impudemment de « connards » Montebourg et ses amis, Minc s’expose donc à ce qu’on lui retourne de facto le compliment. »

Nouvel Obs. Juin 2011

Jean-Claude Guillebaud