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31/12/2013

Vivre pour comprendre

« La fraternité est la loi humaine, le racisme une monstruosité. Mais, attention, si vous ne luttez pas contre la misère, si vous laissez des gens mourir de solitude, ils peuvent devenir un jour la proie du racisme.»
Germaine Tillion

2014

A méditer en guise de vœux pour l'année 2014 et suivantes...

29/12/2013

« Les FTP-MOI dans la Résistance »

La LDH soutient le film documentaire « Les FTP-MOI dans la Résistance » de Mourad Laffitte et Laurence Karsznia

Le 21 février 2014, il y aura soixante-dix ans que le groupe Manouchian aura été fusillé au Mont-Valérien. L’année même de la Libération et du programme du Conseil national de la Résistance.

FTP-MOI,

C’était donc le moment de revenir sur cette histoire, ici de façon très différente de celle de Robert Guédiguian dans son film de 2009, L’Armée du crime. Ce sont les survivants ou leurs enfants qui racontent, témoignent, sans intervention de voix-off, et avec l’appui de documents audiovisuels, d’archives publiques et privées, d’historiens. Le récit s’ordonne chronologiquement : les origines de la FTP-MOI, son engagement dans la Résistance, la traque, le procès.

La MOI, Main-d’œuvre immigrée, était pour l’essentiel issue de l’organisation syndicale par nationalité des ouvriers étrangers, fondée par la CGTU. La France d’avant-guerre, très xénophobe, comptait 2,2 millions d’étrangers pour quarante millions d’habitants. Beaucoup avaient fui les persécutions dans leur pays – l’Arménie, l’Italie, l’Espagne, la Pologne – pour rejoindre la France, vue comme le pays de la liberté et des droits de l’Homme. C’est autour des plus politisés d’entre eux, comme Manouchian, poète arménien qui avait adhéré au Parti communiste à la suite de février 1934, et d’anciens des Brigades internationales, que de jeunes étrangers s’engagent dans la Résistance contre un régime collaborationniste et antisémite, inspiré par l’Action française, qui les désigne comme l’anti-France – Vichy effectue quinze mille dénaturalisations, dont cinq mille Juifs. Leur engagement a un caractère d’évidence.

Dès 1940, l’organisation est interdite et se reconstitue dans la clandestinité. Le film raconte comment elle passe d’une première phase d’action politique – tracts, inscriptions, propagande – à une organisation militaire, solidement structurée et commandée, qui pratique désormais le renseignement, la guérilla urbaine, le sabotage des usines et des trains, et les attentats individuels. Ils – et elles, les femmes aussi – n’étaient en fait que quelques dizaines, mais devenus des professionnels des attentats, malgré la difficulté de tuer des êtres humains. Stéphane Hessel raconte comment de Gaulle reconnut leur combat, comment Jean Moulin intégra, comme soldat d’une Résistance unifiée, les FTP dirigés par Charles Tillon, comment surtout, au-delà de la Résistance immédiate, ils étaient porteurs d’une foi humaniste pour la France d’après la guerre, la foi qui inspira le programme du CNR.

Auteurs d’actions retentissantes, pris en filature pendant l’année 1943, les membres du groupe Manouchian furent décimés en région parisienne grâce au zèle de la police française, traditionnellement très anticommuniste, et livrés aux nazis. Tout le monde connaît l’affiche rouge, destinée à convaincre le bon peuple, qui n’en crut rien, que des bandits juifs étrangers s’en prenaient à la France pour de l’argent. Condamnés d’avance, les « terroristes judéo-communistes » furent fusillés après une parodie de procès. Un célèbre poème d’Aragon les transforma en légende.

Entre cette légende, nourrie des belles photographies de certains de ces très jeunes gens, et le débat historique, parfois nauséabond, qui s’en est pris qui à ces « staliniens », qui à Jean Moulin lui-même, il reste des faits, des souvenirs personnels, des transmissions familiales, des lettres qui disent l’espoir pour la France, du courage plus que de la haine, de l’humanité. C’est ce que montre fort bien ce film de forme modeste, en fait bien plus ambitieux qu’il y paraît. Ajoutons qu’il est dédié à un ami de la LDH, Raymond Aubrac.

Les FTP-MOI dans la Résistance
Film documentaire, 2013
Durée : 90’
Réalisation : Mourad Laffitte et Laurence Karsznia
Production : Images contemporaines

23/12/2013

LAMPEDUSA, le sale business de l'accueil

Au lendemain de la diffusion d'une vidéo choc montrant le traitement épouvantable des migrants dans le centre d'accueil de Lampedusa, le grand quotidien national La Repubblica dénonce le cynique et juteux marché de l'accueil des immigrés et demandeurs d'asile en Italie.

Voir aussi "L'immigration, trop ou pas assez ?..."

Ce qu'en dit  la maire de Lampedusa...

Veuillez installer Flash Player pour lire la vidéo
 

La Repubblica - Alessandra Ziniti / 19 Décembre 2013
 
«Plus ils sont entassés dans les dortoirs, mieux c’est. Plus ils restent, mieux c’est. Et s’ils sont mineurs, c’est la cerise sur le gâteau : l’État paie encore plus. Chaque fois qu’un bateau de migrants accoste, les "professionnels de l’accueil" sortent leurs calculatrices. Et les chiffres ont souvent beaucoup de zéros.

lampedusa,immigration

En 2013, l'Italie a déboursé plus de 1,8 million d’euros par jour pour accueillir les 40 244 migrants qui ont débarqué sur ses côtes. Lit, repas, vêtements, médicaments et argent de poche, la dépense moyenne se monte à 45 euros par immigré reçu dans l’un des 27 centres d’accueil, d’identification et d’expulsion (CIE) ou d’asile. L’addition atteint 70 euros pour les mineurs (ils sont 8 000 à avoir posé le pied en Italie cette année) en raison de l'attention particulière qui doit leur être accordée.

C’est une part de gâteau gargantuesque que se partagent depuis dix ans les géants du business de l’accueil : la Legacoop [Ligue nationale des coopératives et mutuelles], les entreprises du mouvement catholique Communion et Libération, les sociétés proches de la Ligue et quelques multinationales. Les appels d’offres du ministère de l’Intérieur sont généralement adjugés aux enchères avec un rabais moyen de 30 %. Mais les migrants restent parqués pendant des mois dans des centres qui sont surchargés au double ou au triple de leur capacité. Au détriment des conditions de vie, que beaucoup considèrent comme étant dignes des camps de concentration, mais au bénéfice des responsables de ces centres.

“Tout cela est possible parce qu’en Italie, la plupart des services à l’immigration sont attribués en fonction d’un seul principe : celui de l’offre la plus avantageuse financièrement. Ce commerce de l’immigration est inacceptable. On parle là de commande de plusieurs millions d’euros grâce auxquelles les dirigeants s’enrichissent, alors que les droits de la personne sont bafoués”, dénonce Christopher Hein, directeur du Conseil italien pour les réfugiés.

Univers concentrationnaire

Ceux qui aspirent au statut de réfugié constituent la part la plus importante du gâteau. C’est ainsi que le centre d’accueil pour les demandeurs d’asile (CARA) de Mineo [dans la commune de Catane en Sicile] est devenu une véritable ville dans la ville. Mineo, le "village des oranges", abritait autrefois les militaires américains déployés dans la base aérienne de Sigonella [près de Catane, en Sicile]. Depuis, le CARA s’est imposé comme moteur de l’économie dans la région. Quatre mille personnes issues de 50 ethnies, soit deux fois plus que le centre ne peut en accueillir, rapportent quelque 50 millions d’euros par an au consortium Calatino Terre di accoglienza [Calatino, terres d’accueil].

Ce groupe rassemble des entreprises telles que Sisifo (Legacoop) qui gère le centre de Lampedusa, la coopérative Senis Hospes, Cascina Global Service (lié à Communion et Libération), la Croix rouge, le consortium Casa Solidale (proche de l’ancien parti de Berlusconi Peuple de la liberté). Sans oublier la famille parmesane Pizzarotti, propriétaire des bâtiments réquisitionnés en échange de 6 millions d’euros par an en 2011, quand l’état d’urgence humanitaire avait été déclaré en raison de l’afflux massif de migrants venus d’Afrique du Nord. L’état d’urgence terminé, les Pizzarotti ont intégré à leur tour le consortium.

Ce que Silvio Berlusconi [alors président du Conseil] présentait il y a deux ans comme un modèle d’accueil des migrants en Europe s’est aujourd’hui transformé, à en croire les accusations des associations humanitaires, en un univers contrationnaire. Il y a quelques jours à peine, un jeune Syrien qui attendait son permis de séjour depuis des mois s’y est suicidé. Retenir les demandeurs d’asile plus que de raison est l’une des nombreuses "astuces" déployées par les responsables des différents CARA.

À Sant'Angelo di Brolo (dans la commune de Messine), le parquet a conclu que certains migrants étaient restés 300 jours après avoir obtenu leur permis de séjour, ce qui aurait rapporté 468 000 euros dans les caisses de Sisifo, qui a également remporté l’appel d’offres des centres d’Elmas (près de Cagliari en Sardaigne), de Foggia (dans les Pouilles) et de Lampedusa, où sont passés plus de 100 000 migrants.

L’appel d’offres prévoyait 2,5 millions d’euros pour les 250 places correspondant à la capacité officielle du centre. Pour chaque personne supplémentaire, le ministère de l’Intérieur sort le chéquier.

Et c’est partout pareil : la coopérative Auxilium à Potenza, dirigée par les entrepreneurs Pietro et Angelo Chiorazzo, touche bien plus des 40 millions d’euros prévus pour la gestion des centres de Bari Palese, de Ponte Galeria à Rome et de Pian del Lago à Caltanissetta (en Sicile).

La bonne affaire

L’entreprise française Gepsa [du groupe GDF-Suez, elle a en partie géré le centre de rétention italien de Gradisca d’Isonzo, Frioul-Vénétie Julienne], spécialisée dans les services aux établissements pénitentiaires, a également flairé la bonne affaire. Tout comme la multinationale Cofely Italia, qui ne nie pas collaborer avec l’association culturelle Acuarinto d’Agrigente (Sicile) et la coopérative sociale Synergasia pour gérer le CARA de Castelnuovo di Porto (Rome) et le centre d’expulsion de Gradisca d’Isonzo. Enfin, le prêtre-entrepreneur d’Isola Capo Rizzuto (Calabre) a aussi sa part de gâteau. Sa Fraternité de la Miséricorde gère depuis dix ans, en échange de 28 millions d’euros par an, un CARA où les migrants dorment pour la plupart entassés par dizaines dans de vieux conteneurs.»

13/12/2013

L'austérité, c'est çà !

Explosion des suicides, des meurtres, détérioration de la santé publique, extrême droite exubérante ... taux de chômage passé de 7,2 % en 2008 à 22,6 % au début de 2012, la Grèce, le peuple grec, n'a pas fini de s'étonner de l'inertie de l'UE et de ses propres "dirigeants" qui s'agrippent à un radeau d'infortune trop exigu et menacé par d'insatiables méduses.
Cette agonie est contagieuse. D'une certaine façon, à moins d'un sursaut de simple bon sens, çà ne serait que justice. A moins que l'on ne soit en train d'inventer l'euthanasie collective ?

austérité, grèce
Messages de protestation contre les mesures d'austérité

sur la façade de la Banque de Grèce à Athènes.
14 février 2012. (LOUISA GOULIAMAKI / AFP)

"Si la crise a montré à quel point les structures de l’Union européenne sont inadaptées pour permettre une coopération efficace sur le plan économique, elle suggère d’autres dangers immédiats. Cet article (qui suit) sur le défaut de couverture sociale de 30% des Grecs pose le problème du déferlement de maladies sur le continent, dans un tel contexte les épidémies de toutes sortes vont ressurgir. Sans en être au point de l’Asie centrale où la peste est réapparue, la tuberculose est déjà là… Enfin le désastre humanitaire qui a commencé à s’étendre dans certains pays de la zone européenne nous laisse de plus en plus fragiles au moment même où l’on attaque nos propres protections sociales qui ont atténué jusqu’ici l’impact de la dite crise en France. Enfin quand l’on voit la pression des Ukrainiens guidés par une extrême-droite qui ne cache pas ses sympathies nazies, racistes, antisémites et l’enthousiasme manifesté par l’Allemagne à cet accueil pour y trouver de la main d’œuvre taillable et corvéable, l’inquiétude augmente sur l’avenir de ce continent arrimé de surcroît aux États-Unis qui en font leur nouvelle terre d’expansion."
Note de Danielle Bleitrach

L’organisation Médecins du monde s’est alarmée lundi de la situation des personnes sans couverture sociale en Grèce, qu’elle évalue à 27,7% de la population, soit plus de 3 millions de personnes, avec des conséquences particulières sur les enfants et les femmes enceintes.

"Nous sommes très inquiets du nombre des gens qui ont perdu leur sécurité sociale en Grèce" en raison de l’explosion du chômage et de la récession, ce qui a notamment "de graves conséquences pour la santé des enfants et des femmes enceintes", a indiqué Anna Maïli, présidente de la section grecque de Médecins du monde (MdM) lors d’une conférence de presse.

Selon des données des services de santé publique, "trois millions de personnes, sans prendre en compte les sans-papiers, n’ont pas accès à la santé publique", a relevé Mme Maïli.

La vaccination des enfants défaillante

Elle a souligné que "la vaccination des enfants (était) insuffisante ou parfois inexistante" pour les familles sans couverture sociale.

"Nous rencontrons tous les jours des enfants âgés de deux ou trois ans qui n’ont pas été vaccinés", et au cours des neuf derniers mois, MdM a examiné "10 633 enfants dont plus de la moitié (6580) ont dû être vaccinés", a-t-elle poursuivi.

Sans couverture sociale, le coût de vaccination d’un enfant jusqu’à l’âge de 6 ans s’établit entre 1400 et 1800 euros, selon MdM.

En raison des coupes dans le secteur public et les services sanitaires, "il n’y a aucune aide prévue pour les enfants des familles sans sécurité sociale, et les femmes sans protection sociale doivent payer pour les examens et l’accouchement", note Mme Maïli.

"Entre 2008 et 2011, le nombre d’embryons nés morts a augmenté de 21%, ce qui est le résultat de la récession et du taux de chômage", a-t-elle affirmé, en soulignant qu’outre "la crise humanitaire en Grèce, il y a maintenant une bombe sanitaire".

Soumise à une austérité stricte par ses créanciers, UE et FMI, en échange des prêts internationaux destinés à lui éviter la faillite, la Grèce est plongée dans la récession pour la sixième année consécutive, le chômage ayant explosé à plus de 27%, le taux le plus élevé dans la zone euro.

11/12/2013

La lutte contre le racisme n'est pas un jeu

“Personne n’est né avec la haine pour l’autre du fait de la couleur de sa peau, ou de son origine, ou de sa religion. Les gens ont appris à haïr, et s’ils peuvent apprendre à haïr, ils peuvent apprendre à aimer car l’amour jaillit plus naturellement du cœur humain que son opposé.”

Nelson Mandela

Les dérives et propos racistes se répètent désormais à l’envi au quotidien. Les attaques abjectes contre Christiane Taubira ne sont que le révélateur du racisme ordinaire subi par des millions de concitoyens ordinaires. Le champ des discriminations est aujourd'hui sans limite.

Racisme, xénophobie, droits économiques et sociaux

Sous quelque forme qu’il s’exprime, le racisme est un délit, il est intolérable. Alors que les politiques d'austérité creusent les inégalités, les théoriciens du choc des civilisations désignent des boucs émissaire et déplacent ainsi la question sociale sur le terrain identitaire favorisant le développement d’un racisme décomplexé et assumé comme en attestent les propos tenus sur les roms ou les musulmans. Largement banalisé par la mandature Sarkozy, il se nourrit des renoncements du gouvernement actuel et de la politique conduite par son ministre de l'intérieur.

La lutte contre le racisme n'est pas un jeu. Elle ne peut s’accommoder d'actions qui clivent et braquent les uns contre les autres, meilleur moyen de déclencher des tensions supplémentaires qui creuseraient encore un peu plus le lit de l’extrême droite.

Bien au contraire, elle a besoin d'actions rassembleuses permettant de gagner de nouvelles consciences. Elle s’inscrit dans une dénonciation sans relâche des causes du racisme et des phobies destructrices. Elle est un combat permanent pour combattre les inégalités et conquérir une égalité de droits pour toutes et tous. Un gouvernement digne de ce nom doit donner l’exemple en produisant des actes concrets pour l’égalité : le droit de vote des résidents étrangers, la mise en place d’un récépissé contre les contrôles au faciès, la régularisation des sans-papiers, la réalisation d’un travail de mémoire et d’histoire critique sur la colonisation et les migrations ....

On ne fera pas reculer la haine en lui opposant la haine et l’intolérance mais en construisant pas à pas une société de justice et d'égalité pour toutes et tous.

Communiqué commun LDH – Assemblée Citoyenne du Bassin Manosquin

10/12/2013

Meurtre de Dulcie September

"J’ai la mémoire qui flanche dit une chanson, la mienne a trop de souvenirs… elle déborde… Comme en ce jour de 1988, quand avec les dirigeants de parti Communiste je me trouvais au premier rang de l’enterrement de Dulcie September, la représentante communiste de l’ANC assassinée en plein Paris. C’est même là que j’ai rencontré pour la première fois Harlem Désir, j’en garde un souvenir inoubliable vu qu’il m’a flanqué des coups dans les côtes et des coups de pieds pour prendre ma place au premier rang. Mes camarades m’ont intimé l’ordre de ne pas lui céder, l’un d’eux m’a même dit "Ils sont dans le coup"… Je n’ai pas très bien compris mais j’ai tenu bon malgré la rage du dit Harlem Désir qui a été repoussé plus loin… Le temps était celui de la première cohabitation, Mitterrand allait être réélu et la politique étrangère était son domaine réservé, il avait déjà mis ses pas dans la politique des réseaux Foccart après une tentative méritoire au départ… Le ministre de l’intérieur lui était de sac et de cordes… Parmi les assassins on a non seulement suspecté l’Afrique du sud mais Bob Dénard le mercenaire bien connu… C’était une entente avec les pires salopards en Afrique à la fois pour le trafic d’armes et dans l’anticommunisme… L’assassinat de Dulcie September en Afrique du sud ne fait aucun doute, accompli par les hommes de l’apartheid et au meilleur des cas les dirigeants français, socialistes et de droite ont fermé les yeux. Dulcie September s’intéressait un peu trop au trafic d’armes des français vers Prétoria."

Note de Danielle Bleitrach

dulcie september,apartheid afrique du sud

Meurtre de Dulcie September :
le rôle trouble de la France. L’enquête sur la mort de la militante de l’ANC pourrait rebondir.

Maria MALAGARDIS 13 novembre 1997, Le Cap, à 13:51....

«Qui a tué Dulcie September ? La question est à nouveau posée près de dix ans après l’assassinat à Paris de la représentante du Congrès national africain (ANC) en France. Une enquête présentée cette semaine en Afrique du Sud invite aujourd’hui à rouvrir le dossier de cette affaire. «Dulcie September a été tuée le 29 mars 1988 par les services secrets sud-africains avec la complicité passive des services secrets français», affirme Peter Hermes, le directeur de l’Institut néerlandais pour l’Afrique australe. Emanation d’anciens mouvements antiapartheid aux Pays-Bas, cet institut a été mandaté pour compléter l’enquête inachevée sur le meurtre de Dulcie September, à la demande de la commission Réconciliation et Vérité, chargée de faire la lumière sur les crimes de l’apartheid en Afrique du Sud.

En réalité, la culpabilité des services secrets du régime de l’apartheid ne fait depuis longtemps aucun doute. Et la «complicité passive» des services secrets français a déjà été évoquée. Mais la résurgence de l’affaire semble à présent intéresser l’ANC, aujourd’hui au pouvoir, qui a réclamé mardi une enquête «en détails» sur le rôle des services secrets français.

«Les services secrets français n’ont pas participé directement à l’assassinat. Mais ils étaient au courant de sa préparation», affirme Hermes, qui a repris à son compte un certain nombre d’éléments parus dans la presse française, impliquant directement l’entourage de Charles Pasqua alors ministre de l’Intérieur. Mais Hermes s’est aussi efforcé de comprendre pourquoi Dulcie September a été assassinée. «Si le régime de l’apartheid voulait affaiblir l’ANC en exil, il aurait pu choisir d’autres cibles plus importantes», explique-t-il avant de lancer quelques pistes: «Dulcie September était une cible facile pour les services secrets sud-africains qui considéraient que le mouvement antiapartheid n’était pas suffisamment mobilisateur en France pour provoquer des manifestations à Paris, à la différence de Londres ou Amsterdam. Mais le vrai motif du meurtre pourrait bien être ailleurs: Dulcie September s’intéressait de trop près au commerce des armes entre Paris et Pretoria.»

Toute la lumière n’a pas encore été faite sur les liaisons dangereuses entre certains pays européens, dont la France, et l’Afrique du Sud de l’apartheid. L’enquête aura peut-être le mérite de susciter un intérêt nouveau pour ces relations ambiguës qui ont souvent permis aux services secrets sud-africains de bénéficier d’une certaine impunité dans le cadre de leurs «activités extérieures». «Ces opérations d’escadrons de la mort ont fait beaucoup de victimes aussi bien dans les pays frontaliers de l’Afrique du Sud qu’en Europe», souligne Peter Hermes qui a enquêté également sur la mort, en 1984, de l’ancien président mozambicain Samora Machel dans un mystérieux accident d’avion, ainsi que sur la «piste sud-africaine» évoquée dans l’assassinat d’Olof Palme, le Premier ministre suédois en 1986. Les résultats «confidentiels» de ces enquêtes ont été confiés à la commission Réconciliation et Vérité. Reste à savoir quel en sera l’usage. «Les travaux de la commission s’achèvent en mars prochain et d’ici là beaucoup d’affaires n’auront pas le temps d’être examinées, regrette Peter Hermes. Mais je suis certain que le dossier Dulcie September ne sera pas oublié».

MALLAGARDIS Maria

06/12/2013

Après Nelson Mandela

Il n'y a plus rien à dire. Tout reste à faire. Toujours. Mais qu'il soit entendu que l'on ne saurait faire reculer la haine en lui opposant la haine, les vociférations et des cris d'intolérance.

nelson mandela Nelson Mandela est mort à l'âge de 95 ans
à son domicile de Johannesburg,
dans la soirée du jeudi 5 décembre 2013.
RIP

 

Communiqué LDH

De la prison de Robben Island à la présidence de l’Afrique du Sud, la vie de Nelson Mandela a été marquée par son combat pour la liberté, qu’il ne concevait pas sans l’égalité. Sous le régime de l’apartheid, qui combinait à la fois le racisme biologique le plus sophistiqué et l’exploitation économique la plus systématique, ces deux mots relevaient d’un challenge cruel et, à première vue, insurmontable.

Le courage, la détermination de Nelson Mandela et de ses camarades de lutte – défenseurs des droits, mineurs, populations des townships – en sont pourtant venus à bout, sans jamais perdre de vue qu’il faudrait, une fois la victoire venue, préserver l’unité de l’Afrique du Sud, construire la justice et non la vengeance ; enfin, là où régnait une hiérarchie des races, faire place à l’égalité et à la fraternité.

Avec la mise en place, après la fin de l’apartheid, de la commission « Vérité et réconciliation », Nelson Mandela a indiqué que tout avenir commun doit reposer sur la mémoire et non sur l’oubli des crimes commis.

La Ligue des droits de l’Homme s’incline devant la dépouille de celui qui fut un révolutionnaire, un immense défenseur des droits, l’incarnation de la marche d’un peuple vers sa dignité et sa liberté. Elle adresse ses condoléances à la famille de Nelson Mandela et à son peuple tout entier.

Elle invite les Françaises et les Français à participer aux cérémonies qui se tiendront en France, en hommage à celui qui fut, et reste, l’une des plus magnifiques incarnations de l’humanité.

Paris, le 6 décembre 2013

05/12/2013

Le racisme selon l'Article R625-7

Le racisme et la haine ne doivent pas faire débat. Juste passibles de condamnations pénales. A Roquebrune sur Argens comme ailleurs. On attend que les sanctions tombent.

Communiqué LDH
La Ligue des droits de l’Homme condamne vigoureusement les scandaleux propos tenus le 12 novembre 2013 à l’encontre des Roms, à Roquebrune-sur-Argens par son maire, Luc Jousse. Celui-ci y exprimait son regret que les secours intervenus dans un camp, à l’occasion d’un incendie, aient été appelés trop tôt.

Roquebrune sur argens, racisme
Fall of the Magical Hermogenes, 1565 by Bruegel


La Ligue des droits de l’Homme déplore que se poursuive cette libération de propos racistes et stigmatisants, en particulier émanant d’élus. Cette attitude, liée évidemment aux prochaines échéances électorales, ne fait que placer ceux qui tiennent ces propos dans une course aux extrêmes qui est insupportable.

La Ligue des droits de l’Homme a déposé une plainte auprès de la procureure de la République du tribunal de grande instance de Draguignan, pour provocation à la haine ou à la violence et à la discrimination raciale.

La Ligue des droits de l’Homme rappelle que la haine ne doit en aucun cas faire débat.

Paris, le 5 décembre 2013