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29/11/2013

Convergence des marches

LA RÉPUBLIQUE N’A D’AVENIR
QU’ÉGALE, SOLIDAIRE ET FRATERNELLE


Appel commun à manifester le 30 novembre à MANOSQUE :
distribution de tracts sur le marché dès que possible, autant que possible...

Appel à la mobilisation de Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des Droits de l’Homme :

Le 30 novembre, dans les villes, petites et grandes, nous allons manifester contre le racisme dont la ministre de la justice, Garde des sceaux, Christiane Taubira, a été la cible.

Le 30 novembre au soir, nous aurons lavé l’affront. Et nous serons d’autant plus forts pour poursuivre notre combat contre le racisme et ses trop nombreux compagnons de route, la xénophobie, les discriminations…

Racisme, xénophobie, droits économiques et sociaux

Pour ce faire, et cela dépend pour une part de chacune et chacun d’entre nous, ils nous faut contribuer au succès de cette journée de marches tenues dans la France entière. Car pour réussir, créer ensemble une dynamique forte, porter un coup d’arrêt aux droites extrêmes et aux désignations de boucs émissaires, il convient de se rassembler, le plus largement possible.

Car notre ambition va au-delà de la simple expression de notre dégoût. Nous voulons mettre un terme à toutes les dérives, rétablir une norme républicaine de débat et, à cette fin, faire montre d’une vigilance, d’une détermination que nous n’aurions jamais dû laisser s’affaiblir. Mieux encore : nous voulons redonner souffle et allant à l’utopie magnifique de la fraternité et à l’égalité, sa sœur jumelle.

Il n’est que temps. Une ministre de la République traitée de singe, la prise à partie lancinante des étrangers, un autre ministre qui décrète l’incapacité à s’intégrer de telle catégorie de population… Avec cette incroyable dégradation du débat public, dont les exemples hélas, foisonnent, des millions d’entre nous se retrouvent déniés dans leur citoyenneté, que ce soit en raison de leurs origines, de leur situation sociale, de leur culture et de leur religion.

Il n’est que temps. Car une partie des hommes et des femmes politiques de notre pays s’en contentent ou, pire, exploitent cette situation. De boucs émissaires extérieurs en ennemis de l’intérieur, les doigts se tendent pour désigner les coupables qui seraient à l’origine de nos maux, qui détruiraient notre pays et ruineraient notre avenir.

Ce projet de division et d’exclusion vise la République en son cœur. Il est destructeur non seulement pour celles et ceux qui le subissent mais pour la société toute entière. La haine générée grandit, nourrie par la bêtise et l'ignorance, infiltrant tous les rouages de la vie sociale par une explosion numérique nauséeuse, générant conflits et violences, rancœurs et esprit de revanche, assignations à résidence et replis communautaires.

C’est la démocratie elle-même, au plus profond de ses ressorts, celle que nous avons mis plus de deux siècles à construire, qui est atteinte. C’est la France républicaine en ce qu’elle représente à la face du monde d’espoir d’un monde solidaire qui est rabaissée.

Voilà pourquoi il nous faut être nombreux à le réaffirmer avec force : la République n’a d’avenir qu'égale, solidaire et fraternelle.

Contexte de crise aidant, ces valeurs sont agressées par une extrême droite qui se sent des ailes, méprisées par une partie de la droite, minées par les inégalités sociales et trop souvent abandonnés par ceux là même qui devraient les graver au plus profond de notre pacte citoyen.

La mobilisation qui s’opère autour du 30 novembre montre que ces défis sont identifiés: elle porte la volonté de leur opposer une fraternité de combat, une égalité effective, pétrie de dignité et de droits concrets. Elle permet de faire entendre une exigence, de faire montre d’une vigilance, d’une détermination que nous n’aurions jamais dû laisser s’affaiblir. Mieux encore, elle permet de redonner souffle à l’utopie magnifique de la fraternité et allant à l’égalité, sa sœur jumelle.

Elle inaugure de fait un agenda de rencontres qui peut s’avérer fructueux si chacun y travaille et – pourquoi pas ? – ensemble. La Ligue des droits de l’Homme entend ainsi commémorer solennellement la marche pour l’égalité d’il y a trente ans ce 3 décembre place de la République à Paris ; elle manifestera le 7 décembre pour rappeler que les mesures d’égalité réclamées il y a trente ans sont hélas des revendications toujours d’actualité ; et le 18 décembre elle défilera pour le respect des droits des migrants dans notre pays.

Cet agenda n’est-il pas mobilisateur et possiblement  rassembleur autour de l’égalité des droits ?

Il nous permet d’inscrire le refus de la haine au cœur des débat publics à venir, de rappeler à tous ceux qui seraient tentés par un dialogue avec les « bonnes questions» de l’extrême droite que les seules bonnes réponses qui vaillent sont, résolument, enracinées dans la justice sociale et son indispensable corollaire, l’égalité.

28/11/2013

La France et la rançon exigée d’Haïti

« Haïti où la négritude se mit debout pour la première fois et dit qu’elle croyait à son humanité» 
A. Césaire

Haïti, rançon,bataille de Vertières

La France et la rançon exigée d’Haïti

Par Gilles Manceron

Bien peu de Français savent qu’il y a tout juste deux-cent-dix ans, le 18 novembre 1803, a eu lieu, un siècle et demi avant Diên Biên Phu, la première défaite d’un corps expéditionnaire français envoyé combattre une guerre d’indépendance d’un peuple colonial : la bataille de Vertières. Par elle, quelques semaines plus tard, Saint-Domingue, devenue Haïti en janvier 1804, a été la première colonie française à conquérir son indépendance.

Mais pour prix de son indépendance et afin de permettre que d’autres États la reconnaissent à leur tour, la France lui a imposé en 1825 le paiement d’une somme de 150 millions de francs « destinée à dédommager les anciens colons qui réclameront une indemnité »

Haïti dut emprunter –en l’occurrence auprès de banques françaises– pour payer cette somme, qui fut réduite en 1838 par un traité inégal, imposé par la France, à 120 millions au total, auxquels s’ajoutaient les intérêts de l’emprunt qu’Haïti avait dû contracter pour effectuer le premier versement. Du fait de ce paiement qui, sous la Troisième République, a duré jusqu’en 1883, suivi de celui des intérêts versés à des banques françaises jusqu’en 1915, la France a infligé à Haïti un coût à son indépendance qui a considérablement entravé son développement. Ce préjudice historique n’a été que partiellement reconnu dans le rapport remis en 2004, à la demande du ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, par le Comité indépendant de réflexion et de proposition sur les relations franco-haïtiennes, rédigé par Régis Debray. 

Ces faits sont emblématiques du « trou de mémoire » des institutions et de la société française vis-à-vis des crimes et des forfaits que la politique coloniale les ont conduit à commettre dans le passé. Mettre fin à leur déni et à leur occultation implique, avant tout, leur reconnaissance par nos institutions et la diffusion dans notre société du XXI siècle de la connaissance de ces faits qui font partie de notre histoire.

Mais la Ligue des droits de l’Homme estime aussi que la France pourrait faire un geste fort, de nature à renforcer l’image et la crédibilité internationale en affirmant sa volonté d’en finir avec les rapports de force coloniaux et d’assumer réellement aujourd’hui son attachement aux principes des droits de l’Homme dont l’esclavage et la politique coloniale l’ont fait s’écarter dans le passé. Il pourrait consister à poser le principe d’un remboursement des sommes indûment exigées de son ancienne colonie d’Haïti pour le prix de son émancipation.

20/11/2013

Foot, une victoire à exploiter.

Que feront les joueurs de l'équipe de France de football lorsqu'ils arriveront au Brésil ?...

Football, brésil,droits de l'enfant
Fermeront-ils les yeux sur la réalité de la misère,
sur son exploitation ? S'en désolidariseront-ils ? Si seulement leurs jeux rémunérés pouvaient avoir cette vertu, il n’y aurait pas de plus belle victoire et il ne se trouverait personne pour s'indigner de la savoir politiquement récupérée.


Droits de l’enfant : plus que jamais à défendre (Communiqué LDH)

A l’occasion du 20 novembre, Journée internationale des droits de l’enfant, la LDH tient à réaffirmer son attachement aux droits proclamés par la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) et à leur effectivité.

Elle rappelle notamment que tout mineur en danger se trouvant sur le territoire français doit pouvoir bénéficier d’une réelle protection, quelle que soit son origine ou sa nationalité. C’est pourquoi elle dénonce tout particulièrement les difficultés rencontrées par bon nombre de mineurs étrangers dont la minorité est contestée, alors même qu’ils disposent de documents établis en conformité avec la législation de leur pays d’origine, et que les résultats de l’examen osseux ne peuvent en aucun cas être considérés comme fiables.

De telles décisions exposent les jeunes concernés à une grande vulnérabilité, les renvoient à la rue, leur ôtent toute perspective de formation ou mettent un coup d’arrêt à leur scolarité. La LDH rappelle d’ailleurs son opposition à toute expulsion de jeunes en parcours de formation et sa volonté de voir la loi changer sur ce point, afin que ces jeunes et leurs familles puissent être régularisés.

A l’instar des observations émises par le Comité des droits de l’enfant en 2009, elle s’inquiète également du nombre croissant d’enfants vivant en dessous du seuil de pauvreté. Du fait même de la crise économique et sociale, qui touche encore plus durement les plus démunis et accroît les inégalités d’accès aux droits fondamentaux, des millions d’enfants vivent aujourd’hui dans des conditions indignes et sont confrontés à un véritable processus d’exclusion sociale, voire de discrimination, pour fait de précarité sociale.

La LDH demande une impulsion politique forte en direction de la petite enfance, de l’enfance et de la jeunesse, et la mise en place d’une stratégie globale et nationale permettant de mettre la France en conformité avec les engagements qu’elle a pris en étant le deuxième pays à ratifier la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE).

Paris, le 20 novembre 2013

15/11/2013

Contre le racisme et l'extrême droite

Bien entendu l'heure est au rassemblement contre le racisme et l’extrême droite.
Cela dit et bien dit dans le communiqué qui suit, s'agissant des insultes faites à Christiane Taubira, il faut aussi de relever quelques réflexions de bons sens:

Christiane Taubira, Ministre en charge de la Justice fait partie d'un gouvernement qui n'agit surement pas dans le sens attendu par celles et ceux, Ligue des Droits de l'Homme inclue, qui se battent ou devraient se battre contre ce dont elle a été victime. Il y a même tout lieu de penser que l'actuel gouvernement  favorise l'expression raciste et extrême droitière en mettant en place ou en permettant (ce qui revient au même) qu'une longue série d'injustices économiques, fiscales et sociétales finissent par libérer des revendications corporatistes et communautaristes. De ce point de vue Christiane Taubira qui, il faut le répéter, n'a pas à être insultée comme elle l'a été, est devenue le faire valoir d'un gouvernement largement fautif en matière de recrudescence d'actes et de propos racistes. 

Par ailleurs, en s'affichant aux côtés de Manuel Valls, artisan consciencieux de cette dérive, en lui manifestant une sympathie extrêmement équivoque, Christiane Taubira devient ipso facto le faire valoir d'un ministre lui même mis à l'index pour avoir tenu des propos plus que contestables à propos des Roms, par exemple, exposant ces derniers à des manifestations de haine raciste non réprimées à ce jour.
La solidarité gouvernementale a des limites.
La réalité du racisme et de l'extrême droite n'en n'a malheureusement pas.

Racisme, Taubira, extreme droite

Communiqué LDH :
"
Pour l’égalité, rassembler contre le racisme et les "idées" d’extrême droite"

Après la une du journal Minute, après les incidents qui ont marqué la commémoration nationale du 11 novembre, on constate partout une forte envie d’agir et de se rassembler contre les manifestations de racisme et de l’extrême droite. Cela s’est vérifié à Angers où, avec la Ligue des droits de l’Homme, associations, organisations syndicales et politiques se sont rassemblées autour des valeurs de la République.

Cela se traduit par les plaintes déposées contre le journal Minute et par la saisine du procureur de la République par le Premier ministre. Dans le même temps, une série de manifestations et de rassemblements sont proposés pour peser avec force dans le débat public.

La LDH se félicite de ce sursaut salutaire et des diverses formes qu’il adopte ; au-delà des actions juridiques, elle entend construire une démarche pleinement citoyenne, englobant dans une même condamnation, les attaques racistes ainsi que les actes et propos qui en ont permis la maturation.

Car s’en tenir à la seule une de Minute serait permettre à trop de forces et de responsables de s’exonérer à bon compte de leurs responsabilités. Elle engage donc ses militantes et militants, ses sections et fédérations à assumer la vocation de force de rassemblement de la LDH ; partout, à inviter ou participer à des réunions pour permettre les expressions et manifestations les plus larges et les plus déterminées contre le racisme et les dérives d’extrême droite.

Elle entend, enfin, contribuer, à sa place, aux processus pouvant permettre une expression forte, unitaire et visible de ce sursaut citoyen ; à cet égard, elle estime que le 3 décembre, date anniversaire de l’arrivée à Paris de la Marche pour l’égalité et contre le racisme, peut être l’occasion d’un grand rassemblement à Paris, place de la République ; elle rappelle, enfin, que le 7 décembre, date choisie par nombre de forces pour faire revivre l’esprit de la Marche, est d’ores et déjà placé sous le signe de l’égalité, de la défense de la démocratie et de la République

Paris, le 14 novembre 2013

13/11/2013

Hollande en Israël, pour quoi faire ?

"La France (lire son représentant attitré) devrait (normalement) agir pour les droits du peuple palestinien" titre un communiqué de la LDH.
Il y a fort à parier que cet émissaire n'en ai ni l'intention, ni l'ambition, ni les moyens. Et ce ne sont pas ses "amis" Valls ou Moscovici - pour ne citer qu'eux - qui, tapis dans l'ombre de ses bévues répétitives, qui le convaincront "d'agir" dans le sens espéré par la LDH.
Pourra-t-on jamais rêver qu'il s'inspire, par exemple, de Maite Nkoana-Mashabane, ministre des affaires étrangères sud-africaine ?

Ce serait bien improbable.

Communiqué LDH

Le 17 novembre 2013, François Hollande se rendra en Israël et en Palestine pour une visite d’État. La Ligue des droits de l’Homme est extrêmement attentive à ce que le Président de la République, qui portera la parole de la France, puisse ainsi prendre la mesure du blocage total de la situation du fait de la seule volonté d’Israël et le dénoncer.

  • Non seulement il n’a pas été mis fin à l’implantation de colonies sur le territoire palestinien, mais Benjamin Netanyahou a décidé quelques milliers de logements supplémentaires tout en satisfaisant l’aile la plus intransigeante de sa majorité, les ultra religieux et nationalistes du parti Shass.

  • Le blocus de Gaza ne connaît aucun répit, entraînant des pénuries extrêmes de produits de première nécessité et provoquant un intense trafic irrégulier de marchandises au seul profit des mafias diverses qui fondent leur richesse sur les malheurs d’une population écrasée dans ce qui est une prison à ciel ouvert.

  • La rigoureuse occupation militaire de la Cisjordanie découpe un pays en zones sous contrôle et détruit la continuité territoriale d’un ensemble qui constitue pourtant la base internationalement reconnue de constitution de l’État de Palestine, dont le statut d’observateur au sein de l’ONU et de membre de l’UNESCO sont niés par Israël.

  • Au mépris du droit international, Israël revendique son refus d’appliquer les successives résolutions des Nations unies qui rappellent l’illégalité de la poursuite de l’occupation et partant, de l’agression permanente des droits du peuple palestinien.

  • Le mur, symbole extrême de la politique de force du gouvernement israélien, provoque asphyxie économique, brutalité policière, comportements méprisants et racistes des occupants contre les occupés.
  • Au jour le jour, les droits des prisonniers, des contrôlés, des expulsés, des Bédouins du Néguev, de tous ces gêneurs qui entravent le développement tel qu’il est conçu par le gouvernement israélien sont bafoués par des forces militaires et policières d’occupation qui pratiquent un cantonnement sécuritaire à la mesure d’un ordre colonial parfaitement assumé et annoncé et dont le symbole est le défaut d’information réelle sur l’origine des produits issus de façon illégale des colonies dont le droit international condamne l’existence.
hollande en israël, bédouins du néguev

Voilà ce que le président de la République pourrait dénoncer en présentant à ses interlocuteurs israéliens l’impérieuse et urgente nécessité de faire vivre l’État de Palestine à côté de celui d’Israël, dans des frontières sûres et garanties par le droit international telles qu’elles ont été fixées en 1967, avec Jérusalem Est comme capitale. Voilà ce que François Hollande pourrait ainsi présenter à l’Autorité palestinienne comme étant l’engagement de la France.

La LDH, quant à elle, continuera sans relâche à agir pour ces objectifs. Elle rappelle et apporte son soutien à tous les démocrates et les militants qui luttent en Israël et en Palestine pour une paix juste et durable entre les deux peuples, pour qu’il n’y ait plus d’agresseurs et d’agressés, d’occupants et d’occupés, juste les citoyennes et les citoyens de deux États, amenés à travailler ensemble pour l’intérêt général, pour l’avenir de la région, et plus largement pour la paix du monde.

Paris, le 12 novembre

12/11/2013

La Marche pour l'égalité et contre le racisme

Trente ans après, que reste-il de la Marche pour l’égalité et contre le racisme de l’automne 1983 ? Initiée par des jeunes du quartier des Minguettes à Vénissieux et des militants antiracistes de la Cimade à la suite des rébellions urbaines de la banlieue lyonnaise, cette mobilisation sans précédent symbolise l’apparition dans l’espace public des enfants d’immigrés post-coloniaux.

la marche pour l'égalité
Affiche

La Marche représente une sorte de «Mai 68 » des jeunes immigrés qui prennent la parole contre les crimes racistes, pour l’égalité devant la justice et la police, le droit au travail, le droit au logement, l’accès à la culture, etc. S’appuyant sur une étude empirique, La Marche pour l’égalité et contre le racisme se donne pour objectif d’éclairer certaines zones d’ombre d’un événement mythique mais méconnu.
Il s’agit aussi pour l'auteur, Abdellali Hajjat, d’une porte d’entrée idéale pour éclairer les relations sociales entre groupe national majoritaire et groupes minoritaires, au travers d’enjeux cruciaux pour la société tout entière : légitimité de la présence des immigrés sur le territoire, reconnaissance des déviances policières violentes, recrudescence des crimes racistes, passage de la rébellion violente à l’action collective non-violente, politisation des jeunes de cité, question post-coloniale, construction du «problème musulman», etc.

L’histoire de la Marche constitue un puissant révélateur de ces enjeux politiques toujours d’actualité.

"La Marche pour l'égalité et contre le racisme"
d'Abdellali Hajjat
ISBN 9782354801333
14 euros, 264 pages
en librairie depuis le 22 octobre 2013



Abdellali Hajjat a été interviewé par Mediapart.

Il est sociologue, maître de conférences en science politique à l’Université Paris-Ouest Nanterre et membre de l’Institut des sciences sociales du politique. Il a publié Islamophobie (avec Marwan Mohammed, La Découverte, 2013), Les Frontières de l’« identité nationale » (La Découverte, 2012), et co-dirigé Histoire politique des immigrations (post)coloniales (avec Ahmed Boubeker, éditions Amsterdam, 2008) et Engagements, rébellions et genre dans les quartiers populaires en Europe (1968-2005) (avec Sophie Béroud, Boris Gobille et Michelle Zancarini Fournel, EAC, 2011).

11/11/2013

La couardise en guise de royale bravitude

Çà leur a coûté la vie, ça ne lui a rien coûté.

Fusillés pour l'exemple

Qui pourra feindre de s’en étonner ? François Hollande a courageusement décidé de ne pas rendre justice à ceux qui, d’une façon ou d’une autre, avaient refusé de mourir pour rien. On connaissait sa bravoure, on appréciera sa sagesse à  travers cet acte hautement symbolique qui consiste à trouver une petite place dans un des cagibis de la République pour ces hommes qui ont tous eu le courage d’avoir peur et qui, eux, l’ont assumé ! ! !

Communiqué de la Ligue des Droits de l'Homme

07/11/2013

"Plutôt la mort que la souillure !"

Quelques questions qui viennent à propos des bonnets rouges qui voudraient se faire passer pour phrygiens :

  • Défendre les emplois en Bretagne. Seulement en Bretagne ?… Pourquoi ?
  • Réclamer que soient rétablies les subventions européennes à l’exportation, et le dumping agro-alimentaire qui s’en suit avec toutes ses conséquences ?… Vraiment ?
  • Se refuser à toute mesure destinée à protéger l’environnement ?… Est-ce bien raisonnable ?
  • Emboîter le pas du Medef et de la Fdsea ?… Jusqu’où ?

Plutôt la mort que la souillure, éco-taxe"Plutôt la mort que la souillure !" ?

Il ne suffit pas de mettre un bonnet si c'est pour éviter les coups de froid ou si c'est pour s’affranchir de la logique des exploiteurs

Suit un beau billet de Yves-Marie Le Lay daté du 3 novembre 2013
"Breton et fier de l’être : samedi j’étais à Carhaix."

« Je suis breton et fier de l’être. Samedi, j’étais à Carhaix, pas à Quimper. Pourtant, parait-il, l’avenir de la Bretagne, se jouait dans la capitale de la Cornouaille. Ce grand bal pour l’emploi était organisé par les pollueurs de nos rivières et de notre littoral, et par les exploiteurs de la force de travail bretonne. Avec un tel passif, qu’est-ce qui les autorisait à défendre notre région qu’ils ont tant abîmée ? On pouvait encore penser hier que c’était le prix à payer pour une économie florissante. Forts alors de ce seul actif, ces acteurs de premier plan donnaient l’illusion d’une certaine compétence, les autorisant à un grand rassemblement pour l’emploi. Mais devant l’effondrement de l’économie bretonne dont ils sont les seuls responsables, quelle légitimité ont-ils encore à parler d’économie et d’emplois ?

Il leur aura suffi de casser quelques portiques d’éco-taxe pour redorer leur blason et trouver le coupable idéal. Comme les garnements dans la cour de récréation, pris la main dans le sac, ils disent alors : c’est pas nous, c’est les autres. Et les autres, ce sont toujours ceux qui sont loin : Paris, la République, l’Europe, la mondialisation, tout ce qui mettrait des freins à l’économie. Se dessine alors le cadre idéal : les autres sont les méchants responsables de tous nos malheurs. Faisons bloc entre nous Bretons contre eux. Et il faudrait croire à cette fable battue et rebattue qui a conduit à tant de tragédies ?

Je suis breton et fier de l’être, et me voilà invité par ceux qui ont apporté à la Bretagne la pollution de l’eau, les troubles musculo-squelettiques et maintenant la fermeture d’usines agroalimentaires, malgré des aides publiques massives. Me voilà invité à Quimper par tous ceux qui ont perdu la Bretagne depuis 40 ans et qui n’ont comme avenir à lui proposer que de continuer à la gérer comme avant pour la perdre demain encore et toujours ! Me voilà invité à Quimper par des décideurs publics et privés incompétents et cyniques qui cachent mal sous leur bonnet rouge les oreilles de leur bonnet d’âne !

Quant aux salariés de l’agroalimentaire, on est triste pour eux, tant leur désarroi les égare.  Les voilà mariés, bras dessous bras dessous, avec ceux qui ont cassé leur corps pour trois francs six sous et qui leur promettent pour avenir de continuer à le faire pour encore moins cher ! Inutile de se voiler la face. Samedi à Quimper, ce n’était pas un bal de mariage, seulement et tristement le bal des cocus...

C’est parce que je suis breton et fier de l’être que je n’en peux plus de cette Bretagne qui souffre et surtout de tous ceux qui la font souffrir ! Je n’en plus de tous ces bateleurs d’une bretonitude rabâchée et racoleuse qui s’en servent pour mieux asservir les corps et les esprits ! Être breton, c’est autre chose que d’être supporter d’un club de foot et d’applaudir  les vedettes payées à prix d’or ! Être breton, c’est respecter la dignité des femmes et des hommes. Être breton, c’est respecter l’environnement dans lequel ils vivent et qui les fait vivre ! Être Breton, c’est avoir l’humanité comme maison, et la Bretagne comme berceau.

C’est parce que je suis breton et fier de l’être que je veux que tous les enfants de cette terre aient un avenir différent de celui qu’ont connu beaucoup de leur parent. Et pour cela, qu’on ne me demande pas de faire confiance à ceux qui portent depuis 40 ans ce modèle économique et humain qui a tant failli en Bretagne. Il faut en changer et ce changement se fera sans eux.

C’est pour cela que j’étais à Carhaix. Samedi, c’est là que je me suis senti breton, avec toutes les organisations syndicales et politiques qui pensent un autre avenir pour notre région.
Dans la capitale du Poher, loin de tous les démagogues nationalistes qui agitent le gwen a du et le bonnet rouge pour mieux masquer qu’ils sont les auteurs de la crise sociale, environnementale, économique et politique, loin des fossoyeurs de la Bretagne, il faisait bon être breton.»
Yves-Marie Le Lay - Locquirec - le 03 novembre 2013


05/11/2013

Insulte contre Ch. Taubira

Insulte contre Ch. Taubira : le silence des politiques, l’indignation des artistes
via la section LDH de Loudéac centre Bretagne

Les réactions politiques avaient tardé, après l’agression verbale raciste dont a été victime Christiane Taubira à Anger il y a quelques jours. On avait davantage entendu le front national exiger des preuves de cette agression. Il a été gâté : le journal Anger Mag Info a diffusé sur son site une vidéo filmée par un amateur avec son téléphone où on assiste de façon très claire à l’agression. Mais la vidéo révèle autre chose : la complicité des adultes autour de la gamine, ce qui contredit l’affirmation des organisateurs de la « manif pour tous » qui considéraient qu’il s’agissait d’un acte isolé. Cette gamine était en fait manipulée par des adultes (on voit la banane circuler de main en main) soucieux, on le sait, de la protection morale des enfants…

taubira,racisme

Les politiques muets, ce sont les artistes qui se sont exprimés, et leur voix a sans doute plus d’écho que n’aurait eu celles des utilisateurs de la langue de bois.

Vendredi matin, c’est François Morel qui a commencé, avec une chronique remarquable de sensibilité, d’élégance et d’efficacité, dans laquelle il demande à « la petite conne » : « Pour qui la banane ? » Cette chronique a été relayée tout le week-end sur les réseaux sociaux et on ne se lasse pas de l’écouter.

Le musicien Titi Robin, nominé en 2012 aux Victoires de la musique et qui a une quinzaine d’albums à son actif a choisi pour sa part d’écrire une lettre ouverte qui a été publiée dans la presse locale, et que nous reproduisons ici. Une lettre qui, comme la chronique de François Morel, ne se contente pas de dénoncer le fait divers : il l’analyse.

Lettre ouverte

« Permettez-moi de prendre la parole d’une manière personnelle. Je suis né dans un village angevin où on élevait (comme toujours aujourd’hui) des vignes pour élaborer un vin moelleux, généreux, destiné au partage, à l’accueil des visiteurs, aux célébrations familiales. J’ai reçu dans ce village une éducation traditionnelle, riche, que je porte avec fierté, qui m’a permis de voyager et de rencontrer de par le monde des hommes et des femmes avec leurs propres bagages culturels. Nous avons échangé, et ainsi je me suis construit, j’ai grandi, mariant mes racines à celles rencontrées. Comme je savais d’où je venais, je retrouvais toujours ma route. Durant toutes ces années, je suis toujours resté fidèle à ma région. Je l’aime.

Aujourd’hui, je suis blessé, humilié, et en colère. Les paroles et gestes d’une enfant d’une douzaine d’années et d’un notable expérimenté auraient-ils souillé l’air ? Ou bien est-ce le silence et l’apathie qui ont suivi ces événements qui me troublent ? De France et de l’étranger me parviennent des messages : « Que se passe-t-il chez vous ? Pourquoi les gens sont-ils devenus ainsi, en Anjou ? » Dans les rues d’Angers, des gens évoquent leur gêne ou leur honte à voix basse. Je ne pense pourtant pas que nous ayons changé. La lâcheté ou tout au moins le manque de clairvoyance de nos dirigeants (de gauche) comme de leurs collègues dans l’opposition (de droite) encourage certains intellectuels, certains médias et des gens de pouvoir à développer dans le pays une atmosphère profondément malsaine. Il y a là quelque chose de pathologique, la crise encourageant le repli sur soi.

Du coup, cette minorité dans notre société qui a porté et portera toujours en son sein des idées empoisonnées se sent soudain libre de les exprimer au grand air. Notre pays avait connu ce phénomène il y a longtemps. Il y a aujourd’hui comme un relâchement moral nauséabond. Et puis voilà : Une fillette de douze ans peut traiter comme un animal, en rigolant, en l’insultant, devant le public, la presse, et ses parents ravis, une femme d’une grande culture intellectuelle et morale, représentante du gouvernement, car l’enfant a la peau blanche et la femme la peau noire. Un notable d’une ville de la région ironise autour de l’extermination pendant la deuxième guerre mondiale des ancêtres d’une partie, minoritaire, de sa population (qu’on appellera ici Gens du voyage) et se félicite aujourd’hui de les chasser de son territoire. Ces événements sont mis en lumière car ils concernent des personnages publics. Nous devons savoir qu’ils correspondent à la face émergée du problème. Cela signifie que bien d’autres personnes souffrent en silence. Si notre corps social est endormi, affaibli, il importe de réveiller ses anticorps. Il importe aussi de parler fort. Ayons confiance en nos forces, nous devons pouvoir continuer à être fier de qui nous sommes, de nos racines comme de notre hospitalité, qui vont de pair. »
Thierry ROBIN

04/11/2013

Retour des expulsés, régularisation

Il faut entendre la jeunesse : retour des expulsés, régularisation !

Communiqué commun : LDH, FIDL, UNL, Solidaires Étudiant-e-s, Unef, FSU, CGT Éduc’action, Sud Éducation, Gisti, La Voix des Rroms, RESF, JC


À l’initiative du Réseau Éducation sans Frontières, des représentants de syndicats lycéens et étudiants, de syndicats de personnels de l’éducation, et d’associations des droits de l’homme ont tenu une réunion unitaire le 28 octobre pour envisager les suites à donner aux inadmissibles expulsions de jeunes scolarisés auxquelles le gouvernement a procédé ces deniers mois.

Expulsions, lycées,

Pour nous, il est hors de question d’accepter que la scolarité d’élèves soit saccagée par des décisions injustes, arbitraires et brutales. Tout élève doit pouvoir mener sa scolarité à terme, quels que soient sa nationalité, son statut ou celui de ses parents. La disparition d’un élève, capturé dans le cadre scolaire ou ailleurs, est un événement intolérable.

Nous exigeons le retour des élèves expulsés avec leurs familles : de Khatchik, lycéen parisien expulsé en Arménie, de Léonarda avec toute sa famille, expulsées au Kosovo, mais aussi de Cheikh Kouyate, lycéen de Crest (Drome) expulsé au Mali en juin alors qu’il allait passer une épreuve de baccalauréat, de David Victor, élève malgache de BTS au lycée L. Rascol d’Albi expulsé en mai, de Dreini Kalanderi, élève kosovar du lycée d’Audincourt expulsé le 1er octobre, et de tous ceux et de toutes celles qui ont sans doute été expulsés en silence.

Un changement profond de la politique migratoire menée depuis des années par les gouvernements successifs est indispensable.

Nous exigeons un changement de loi afin que l’expulsion des jeunes en parcours de formation (apprentis, lycéens, étudiants...) ne soit plus possible. Leur régularisation, comme celle des familles d’enfants mineurs, doit être la règle.

Pour atteindre ces objectifs, les syndicats lycéens appellent les élèves à engager l’action dès la rentrée, dans tous les établissements. Des manifestations sont notamment d’ores et déjà prévues le mardi 5 novembre et le jeudi 7 novembre. Les syndicats et les associations représentées apportent leur soutien au mouvement lycéen, et l’accompagneront avec leurs moyens spécifiques.

Nous appelons à manifester massivement avec les lycéen-ne-s.

Paris, le 2 novembre 2013

01/11/2013

La Hongrie d'Orban

Hongrie : Les sans-abri sont désormais considérés comme des criminels

Par Danielle Bleitrach via Citizenpost le 1er novembre 2013

Un spectre hante l’Europe, celui des boucs émissaires, celui de la peur entretenue de glisser dans la catégorie stigmatisée parce que le chômage, la misère sont là et qu’il est tellement plus facile de s’acharner sur plus misérable que soi…

Stupeur pour les organisations de défense des Droits de l’Homme. Les parlementaires du gouvernement hongrois de Victor Orban ont voté lundi une loi permettant la criminalisation des sans-abri.

Hongrie, SDF, Orban

La loi qui autorise les municipalités à poursuivre les sans-abri qui vivent sur l’espace public ou fouillent les poubelles a été acceptée par 245 voix pour et 45 contre ce lundi 30 septembre. Le gouvernement a prétexté un maintien de l’ordre public, de la sécurité, de la santé et des valeurs culturelles en faisant adopter cette loi.

« Ils veulent cacher les SDF, en pensant que cela va améliorer l’image de la ville. C’est très problématique, parce que cela va à l’encontre de droits humains tels que la liberté de mouvement » a dénoncé Rita Bence, responsable de TASZ, l’Union hongroise pour les libertés civiles.Pour l’ONG Human Rights Watch, cette décision est insupportable. Les sans-abri qui sont déjà souvent victimes de leur situation pourront être condamnés à des travaux d’intérêt général, voir même à de la prison s’ils récidivent. Il y a quelques mois déjà, la municipalité de Budapest avait fait voter un décret permettant d’emprisonner les SDF qui ne paieraient pas leur amende de 180 € pour avoir occupé l’espace public.Pourtant, la cour constitutionnelle hongroise avait rejeté une loi similaire en 2012, estimant qu’elle serait une violation de la dignité humaine.

« Plutôt que de respecter la décision de la cour, le gouvernement, grâce à sa majorité absolue au Parlement, a répondu en faisant inclure au mois de mars une disposition dans la Constitution permettant la criminalisation des sans-abri » dénonce Human Rights Watch.Pour les 30 000 sans-abri hongrois, l’arrestation est maintenant un risque de tous les jours.