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23/09/2014

Pour un titre de séjour unique

Manifeste pour un titre de séjour unique, valable 10 ans, délivré de plein droit

À force de réformes du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda), de plus en plus d’étrangers et d’étrangères sont placés dans une situation insupportable : précarité des titres de séjour délivrés, délais interminables pour en obtenir le renouvellement même dans les cas où il est de plein droit, arbitraire d’une administration qui interprète les textes le plus restrictivement possible, conditions d’accueil déplorables dans les préfectures…

titre de séjour

La situation s’est dégradée à un point tel que les soutiens habituels ou les personnes qui sont en relation avec des immigré-e-s ne sont plus les seules à s’en émouvoir : en haut lieu aussi on commence à se préoccuper des retombées néfastes de la réglementation actuelle et de ses conditions d’application, comme en témoigne le rapport Fekl remis au gouvernement en mai 2013 [1].

Pour sortir de cette situation, ce rapport préconise, comme s’il s’agissait d’une grande avancée, la création d’une carte « pluriannuelle », intermédiaire entre la carte temporaire d’un an et la carte de résident de dix ans. Mais pourquoi se contenter de cette demi-mesure ? Il y a trente ans, l’Assemblée nationale votait, à l’unanimité, la création de la carte de résident, valable dix ans et renouvelable de plein droit. Ce « titre unique de séjour et de travail » avait vocation à devenir le titre de séjour de droit commun pour l’ensemble de ceux et celles qui étaient installés durablement en France ou qui avaient vocation à s’y établir en raison de leurs attaches familiales ou personnelles. Les réformes successives ont détricoté ce dispositif, alors considéré, à droite comme à gauche, comme le meilleur garant de l’insertion – selon la terminologie de l’époque – des personnes concernées : c’est la carte de séjour temporaire qui fait aujourd’hui figure de titre de droit commun, tandis que l’accès à la carte de résident n’est plus qu’une perspective lointaine et aléatoire, soumise au bon vouloir de l’administration qui vérifie préalablement l’« intégration républicaine » des postulant-e-s.

N’ayons pas la mémoire courte : la loi du 17 juillet 1984 a été adoptée dans un contexte qui avait beaucoup de points communs avec celui d’aujourd’hui : le chômage de masse sévissait déjà, le Front national était une force politique montante et l’inquiétude quant à l’avenir n’était pas moindre. Pour des raisons essentiellement électoralistes, les gouvernements successifs ont mené des politiques systématiques de précarisation dont nous constatons chaque jour les effets dévastateurs.

Revenir à la carte de résident telle qu’elle avait été initialement instituée est une revendication nécessaire et réaliste. Les raisons mises en avant en 1984 pour réclamer et obtenir l’instauration de la carte de résident demeurent toujours valables aujourd’hui : simplification des démarches administratives, amélioration des conditions d’accueil dans les préfectures – et accessoirement des conditions de travail des fonctionnaires, mais surtout garantie de sécurité juridique indispensable pour pouvoir construire sa vie dans la société française.

Nous, organisations signataires, refusons qu’en 2014 les personnes étrangères qui ont construit leur vie en France soient maintenues dans l’insécurité d’un droit au séjour précaire.

Nous voulons qu’il soit mis fin aux effets désastreux de cette précarité dans les domaines de l’activité professionnelle, de la vie familiale, de l’accès aux droits sociaux, à un logement, à un prêt bancaire...

Nous demandons que leur soit remis un titre de séjour pérenne, le même pour tous.

Ce titre de séjour, créé il y a trente ans, existe encore dans la réglementation, même si les conditions de sa délivrance ont été progressivement dénaturées : nous réclamons le retour à la philosophie qui avait inspiré sa création et la rupture avec une politique aux conséquences injustes et inhumaines. La carte de résident, valable dix ans, doit à nouveau être délivrée et renouvelée de plein droit aux personnes établies en France, garantissant leur droit à y demeurer sans crainte de l’avenir.

[1Sécurisation des parcours des ressortissants étrangers en France, rapport au premier ministre par Matthias Fekl, parlementaire en mission auprès du ministre de l’intérieur.

Réfugiés syriens vs ministère de l'intérieur

En Syrie, entre mars 2011 et fin avril 2014, plus de 190.000 personnes ont été tuées directement en raison du conflit (chiffre annoncé le vendredi 22 août par le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme).
Comme si ce n'était pas suffisant, fin 2013, alors que plus de 2,3 millions de réfugiés avaient fui la Syrie, la France a très généreusement décidé d’en accueillir 500 !

syrie,asile

"On a frappé à toutes les portes. En vain"

 

Comme si ce n'était pas suffisant, en refusant des visas à une famille syrienne, le ministère de l’intérieur vient de violer le droit constitutionnel à l’asile.

Le tribunal administratif de Nantes a donné raison, le 16 septembre 2014 à une famille syrienne à laquelle la France avait refusé de délivrer des visas de court séjour. Le Gisti (Groupe d'Information et de Soutien des immigr-é-s) était intervenant volontaire à ses côtés.

Mme K, mère de trois enfants, dont deux mineurs, vit à Alep, deuxième ville de Syrie, martyrisée depuis des mois par des combats meurtriers et destructeurs entre toutes les forces en conflit (armée du régime, armée libre, islamistes). L’aviation d’Assad bombarde régulièrement la cité à coups de barils incendiaires.

Outre cette situation générale, connue de tous, a fortiori du ministère de l’intérieur, cette famille faisait état des raisons particulières qu’elle avait de rechercher à tout prix une protection.

Le Gisti a aidé cette famille à déposer une demande de visas de court séjour, à l’appui de laquelle la démonstration était faite des risques encourus par ses membres pour leur vie et leur sécurité.

Les visas sollicités ont été néanmoins refusés sans explication avec pour conséquence d’empêcher cette famille de déposer une demande d’asile, puisqu’il n’est possible de le faire que depuis le territoire français.

Devant le tribunal administratif de Nantes, le ministère de l’intérieur a soutenu que son refus était juridiquement fondé. Il a même avancé que la famille aurait pu se mettre à l’abri au Liban, alors qu’il sait parfaitement qu’un million d’exilés syriens ont trouvé refuge dans ce petit pays de 4 millions d’habitants, dont le territoire est 55 fois plus petit que l’Hexagone. Qu’à cela ne tienne : c’est un pays... ami de la France. Le ministère sait parfaitement aussi, car c’est de notoriété publique, que nombre de Syriennes n’ont d’autre solution que la prostitution pour y survivre, tandis qu’une sévère malnutrition frappe la plupart des enfants réfugiés.

C’est la raison pour laquelle le tribunal a considéré que le ministère de l’intérieur avait violé le droit constitutionnel d’asile. Il a ordonné la délivrance des visas dans un délai de cinq jours.

Le ministère osera-t-il se dérober à cette injonction en faisant appel ?

20/09/2014

Khalida Jarrar

Khalida Jarrar, est une députée du FPLP, avocate et militante pour les droits de l’homme et des prisonniers politiques palestiniens.
Mercredi 20 août 2014, une cinquantaine de soldats de l’armée israélienne a fait irruption à son domicile situé à Ramallah, à quelques centaines de mètres seulement du Palais présidentiel, la Mouquata’a. Un haut gradé lui a alors remis un ordre militaire rédigé en hébreu, lui demandant de quitter expressément son domicile, pour aller vivre durant un période initiale de 6 mois, accessoirement renouvelable, à Jéricho, ville où elle n’a pas d’attache particulière, et ce, dans un délais éclair de 24h. Les faits qui lui sont reprochés ne lui ont pas été précisés, l’armée se cachant, comme bien souvent derrière l’appellation « dossier secret », ce qui ne veut bien entendu rien dire mais qui permet régulièrement à Israël d’inculper et d’incarcérer des Palestinien-ne-s.

Khalida Jarrar, palestine

Une carte du district de Jéricho lui a été remise et il lui a été précisé qu’elle ne pourrait pas sortir de la ville sans avoir l’autorisation du tribunal militaire israélien. Khalida Jarrar a refusé de signer cet ordre. Le haut gradé a pris note de ce refus et lui a demandé si elle souhaitait rajouter quelque chose. Khalida Jarrar répondit : « Vous, l’occupant, tuez notre peuple palestinien. Vous pratiquez des arrestations massives, démolissez des maisons, kidnappez des personnes à leur domicile et les déportez. C’est à vous de quitter notre maison ».


La détermination et la résistance, la campagne menée par des milliers de gens en Palestine et dans le monde aux côtés de Khalida Jarrar, membre du Conseil Législatif Palestinien ont remporté aujourd’hui une victoire et annulé l’arrêté d’expulsion à Jéricho pris à son encontre par les autorités israéliennes d’occupation.

Le 16 septembre, le tribunal militaire d’occupation a déclaré que la décision d’expulsion était revue à un mois (au lieu des six mois initialement prévus) et que, le mois étant écoulé la veille, le 15 septembre, elle ne pesait plus sur Khalida Jarrar, une dirigeante politique en vue, féministe de gauche, représentante du Front Populaire pour la Libération de la Palestine.

L’ordonnance avait été signifiée à Jarrar le 20 août par une invasion de son domicile par 50 soldats de la force d’occupation à son domicile. Jarrar refusa l’ordonnance et monta une tente de protestation permanente et de solidarité devant le Conseil Législatif Palestinien à Ramallah. C’est devenu un lieu d’organisation, d’activités pour la jeunesse, de délégations de militants internationaux et de parlementaires. En Palestine, Kalida et ses camarades ont travaillé sans relâche non seulement pour faire annuler l’ordonnance d’expulsion mais pour combattre l’oppression exercée par l’occupant sur les dirigeants politiques palestiniens, les membres du Parlement et les milliers de prisonniers politiques.

Ils furent des milliers de gens et d’organisations de par le monde à signer la lettre ouverte de soutien à Khalida Jarrar et à envoyer des messages aux représentants officiels de l’occupation israélienne, exigeant l’annulation de l’ordonnance d’expulsion. Parmi eux des partis politiques, des syndicats, des groupes d’avocats, des organisations pour les droits humains, des groupes de solidarité, des membres de parlements dans le monde, des écrivains et des militants.

La campagne de solidarité avec Khalida Jarrar dit que c’est « un triomphe pour la position nationale de la Palestine, pour la détermination et la volonté des gens de tous secteurs et de partout… Cela montre que le rejet et la résistance peuvent mettre à bas l’occupation et déjouer ses plans. »

Merci à tous ceux qui ont manifesté leur soutien, aux organisations et aux individus, palestiniens et internationaux, qui ont été aux côtés de Khalida Jarrar. En avant pour continuer à résister à l’occupation, pour la libération des prisonniers politiques et pour libérer la Palestine et la totalité du peuple palestinien !

Source et Traduction SF pour lAgence Media Palestine

18/09/2014

Madame la misère

Pourra-t-on jamais déshumaniser la pauvreté ? Les gens de pouvoir s'y emploient. Pourquoi leur faciliter la tâche ?

Quant aux "illettrés", faudra-t-il les privés de la collection "Folio" ?

misère,sans-dents,illetrés ...

Dans un rapport publié en 2013 et intitulé « Penser l’assistance », l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes) notait déjà que les Français sont des « solidaristes soupçonneux ». Solidaristes, ils le sont en comparaison de beaucoup d’Européens, par l’importance qu’ils accordent au devoir des pouvoirs publics de venir en aide aux personnes en difficulté. Mais en même temps, ils soupçonnent les bénéficiaires de l’aide publique d’abuser de leurs droits. C’est ici qu’apparaissent des stéréotypes. Le plus tenace est celui du tire-au-flanc, image typée d’un bénéficiaire de prestations volontairement oisif, cumulant les avantages divers au point de vivre aussi bien qu’une personne gagnant durement sa vie. Il faudrait que des émissions de grande écoute rétablissent des vérités sur la réalité du sous-emploi, de l’errance, du découragement. (Source)

 

Madame la misère écoutez le vacarme
Que font vos gens le dos voûté la langue au pas
Quand ils sont assoiffés il se soûlent de larmes
Quand ils ne pleurent plus il crèvent sous le charme
De la nature et des gravats


Ce sont des suppliciés au ventre translucide
Qui vont sans foi ni loi comme on le dit parfois
Régler son compte à Monseigneur Éphéméride
Qui a pris leur jeunesse et l'a mise en ses rides
Quand il ne leur restait que ça

Madame la misère écoutez le tumulte
Qui monte des bas-fonds comme un dernier convoi
Traînant des mots d'amour avalant les insultes
Et prenant par la main leurs colères adultes
Afin de ne les perdre pas

Ce sont des enragés qui dérangent l'histoire
Et qui mettent du sang sur les chiffres parfois
Comme si l'on devait toucher du doigt pour croire
Qu'un peuple heureux rotant tout seul dans sa mangeoire
Vaut bien une tête de roi

Madame la misère écoutez le silence
Qui entoure le lit défait des magistrats
Le code de la peur se rime avec potence
Il suffit de trouver quelques pendus d'avance
Et mon Dieu ça ne manque pas

17/09/2014

Gaza : le silence tue, la désinformation rend complice

Gaza : le silence tue, la désinformation rend complice
(Suite à une note précédente intitulée "Du non isolement d'Israël")

ACRIMED, le 16 septembre 2014

Nous publions, sous forme de tribune [1], un texte signé par plusieurs chercheurs, intellectuels, et par le Secrétaire général de la Fédération Européenne des Journalistes. Ce texte a été rédigé en Belgique et adressé en priorité aux médias belges, mais aucun des titres de presse sollicités n’a souhaité le publier. Il dénonce des mécanismes également identifiables dans les médias français (Acrimed).

Gaza, désinformation

Quel bilan tirer de l’opération israélienne « Bordure Protectrice », 3 semaines après l’accord d’un cessez-le feu ? C’est avec amertume, indignation, mais aussi avec inquiétude que nous nous interrogeons sur le traitement médiatique de la tragédie qui a frappé la Bande de Gaza. En faisant - consciemment ou non - usage d’expressions communément acquises, la presse s’est rendue coupable de désinformation.Nous, citoyens belges et européens, accusons la majorité des médias d’appliquer – délibérément ou non – la politique des « deux poids, deux mesures » lorsqu’il s’agit d’aborder ces événements atroces. Ainsi, parler de « guerre » est-il correct alors que le conflit oppose David à Goliath ? L’histoire atteste que nous sommes face à une répression de type colonial contre une population en résistance face aux occupants. Nous sommes consternés par la représentation d’un « conflit » où oppresseurs et opprimés se valent. Le principe d’« équidistance » a-t-il quelque sens dans un affrontement qui oppose l’armée israélienne - considérée comme la cinquième armée la plus puissante au monde - à des roquettes palestiniennes, pour la plupart artisanales ?Il ne s’agit pas ici de reprocher aux médias de parler « des deux camps », mais bien leur représentation systématique, toujours au nom de l’« équidistance », des opérations des uns et des autres. Cette approche crée chez le lecteur, l’auditeur ou le téléspectateur le sentiment d’une égalité entre protagonistes. Ainsi, les roquettes palestiniennes, qui pour près de 87% sont interceptées, en arrivent à être présentées comme l’équivalent des chars, drones, F16, hélicoptères et missiles dernier-cri israéliens. Les 1,7 million de Gazaouis, eux, n’ont pas de Dôme de fer… Ils connaissent par contre une densité démographique supérieure à celle du Bangladesh sur 365 km2 (la moitié de la superficie du littoral belge). Une telle densité permet d’apprécier à sa juste valeur le leitmotiv propagandiste des « boucliers humains » du Hamas et la prétention d’Israël à s’en tenir à des « frappes chirurgicales ».
Nous dénonçons cette prétendue égalité entre protagonistes, renforcée par un traitement le plus souvent purement événementiel de l’actualité. Il faut rappeler que la Bande de Gaza est occupée depuis 1967 et assiégée depuis l’arrivée au pouvoir du Hamas, il y a 7 ans. Depuis, la population entière en fait les frais : encerclée par mer, terre et air pour avoir « mal choisi », dit-on, ses dirigeants. On l’a souvent dit : « Gaza est une prison à ciel ouvert ». Ce qui explique que l’ONU considère toujours le territoire comme étant sous occupation. Ni sortie de secours, ni lieu sûr. Pas même au sein des hôpitaux ou des écoles. Dans cette atmosphère oppressante, toute tentative de révolte des Palestiniens est présentée comme « activité terroriste » par des journalistes qui se font ainsi les porte-voix de la propagande israélienne.
Faut-il rappeler que les résolutions de l’ONU et principalement la résolution 37/43 légitiment la lutte armée contre la domination coloniale ? Trop souvent, nos médias présentent exclusivement le Hamas comme un mouvement « islamiste radical », jamais comme un mouvement de libération nationale, déclenchant ainsi de façon pavlovienne des réflexes de peur et de rejet.
C’est l’enlèvement de trois jeunes Israéliens retrouvés morts en Cisjordanie occupée qui est systématiquement présenté comme l’élément déclencheur des hostilités entre Israël et Gaza. Le Hamas, accusé sans preuves de ce rapt a vu des centaines de ses militants et cadres locaux arrêtés. Malgré l’humiliation et les privations quotidiennes que subissent les Gazaouis, ce n’est que suite à ces arrestations d’envergure que les premières roquettes ont été tirées depuis la Bande de Gaza. Les premières du Hamas depuis… 2012. C’est aussi l’élimination, le 7 juillet, de sept combattants du Hamas qui a mené celui-ci à considérer que le cessez-le-feu avec Israël, négocié en novembre 2012 et qui engageait chaque partie à ne pas mener d’opérations militaires contre l’autre, était rompu.Les finalités de l’opération israélienne « Bordure Protectrice » se voient tout à fait discréditées : mener des attaques de « représailles légitimes » afin d’éradiquer les tirs de roquettes. Or l’on sait que ce sont les opérations militaires israéliennes qui engendrent davantage de tirs de roquettes et font donc des victimes israéliennes. La boucle est bouclée, le cercle vicieux installé. Israël dit vouloir arrêter la violence contre ses citoyens, mais, contribue paradoxalement à la provoquer.Nous accusons la plupart des médias de manipuler l’opinion en présentant le Hamas comme « l’organisation qui n’a pas accepté la trêve » ou « qui la viole constamment ». Et qui par conséquent, ne protège pas ses civils. Rappelons que la première proposition de cessez-le-feu a été discutée entre le gouvernement israélien et le gouvernement égyptien dirigé par le maréchal Al-Sissi, fervent opposant au Hamas. Peut-on imaginer la négociation d’une trêve si toutes les parties concernées ne sont pas présentes aux discussions ou si aucune des conditions demandées, par les représentants du peuple palestinien, n’a été évoquée ?Des médias comparent les statistiques des morts civils palestiniens à celles des soldats israéliens tombés. Comparaison honteuse.
 
D’autres médias cultivent la peur des « djihadistes » belges ou français partis combattre en Syrie, mais épargnent l’image de ces autres Belges ou français enrôlés dans l’armée d’occupation israélienne.
 
Cette approche médiatique, ce constat flagrant de sympathie première envers Israël se révèlent consternants et nous poussent à nous interroger sur les fondements d’une « osmose culturelle » avec cet État, alors que ce dernier piétine de manière constante les principes démocratiques et le droit international.
« Bordure protectrice » a fait plus de 2.100 victimes palestiniennes dont 500 enfants.
Nous, lecteurs, auditeurs, et téléspectateurs belges et européens, accusons une partie de la presse, de désinformation lorsqu’il s’agit de traiter des crimes de guerre commis par Israël à Gaza et en Palestine occupée.Des gouvernements en passant par la population, toute la société dépend du Quatrième pouvoir, celui des médias, pour se forger son opinion. Jusqu’à présent, le travail indispensable d’investigation journalistique a souvent fait défaut.
 
Sous couvert de neutralité, beaucoup de médias désinforment. Ils se rendent et nous rendent complices de la tragédie de Gaza. Comme l’affirmait Desmond Tutu, « rester neutre face à l’injustice, c’est choisir le camp de l’oppresseur ».

- Anissa Amjahad - Docteure en sciences politiques et sociales (ULB)
- Frank Barat - Militant et auteur
- Sébastien Boussois - Docteur en sciences politiques
- François Burgat - Politologue, Aix-en-Provence
- Paul Delmotte - Professeur retraité de politique internationale à l’Institut des Hautes Études des Communications Sociales
- Ricardo Gutiérrez - Secrétaire général de la Fédération européenne des Journalistes
- Imane Nachat - Étudiante en dernière année de Master en Sciences de la communication - VUB
- Julien Salingue - Chercheur en science politique Pour l’analyse d’Acrimed sur le traitement médiatique de la dernière offensive israélienne contre Gaza, voir notre article : « Offensive israélienne contre Gaza : les partis pris du traitement médiatique ».

16/09/2014

Tou⋅te⋅s supect⋅e⋅s ?

La LDH est associée à la campagne citoyenne proposée par la QUADRATURE DU NET contre ce projet de loi «renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme».... Pour en savoir plus

En tant que citoyen·ne·s dans un pays démocratique, nous avons le droit de penser différemment et participer à des manifestations exprimant notre désaccord face à certaines décisions prises par le gouvernement.

terrorismeCette loi, avant de viser le terrorisme, vise toute personne ayant des idées différentes et/ou radicales ou tout simplement voulant se renseigner sur des mouvements radicaux.
Ce projet de loi s'attaque aux intentions plutôt qu'aux actes. En tant que citoyen, ma liberté d'information (aller regarder les contenus que je souhaite sur internet pour m'informer, comme un individu responsable), ma liberté de circulation (quitter mon pays sans que les autorités ne préjugent de mes intentions), ma liberté d'expression sont menacées.

12/09/2014

Gilles Antonowicz, l’affaire Halimi, du crime crapuleux au meurtre antisémite: histoire d’une dérive

Gilles Antonowicz est avocat. Lors des procès d’assises de l’affaire du « gang des barbares » qui a provoqué en février 2006 - après vingt-quatre jours de séquestration - la mort d’Ilan Halimi, il a été le défenseur d’une jeune mineure, « l’appât », utilisée par Youssouf Fofana pour l’enlèvement.

Par Patricia Jolly, journaliste au Monde

Un avocat de la défense peut-il écrire un livre dans une affaire où il a plaidé ?

Antisémitisme

« Dans ce cas, oui. C’est l’annonce du tournage du film d’Alexandre Arcady « 24 jours : la vérité sur l’affaire Ilan Halimi », sorti en avril, qui m’y a décidé. Car ce film ne reflète qu’une vérité : celle de la souffrance, de la peine et de la douleur, bien légitimes, de la famille Halimi. Ma connaissance approfondie du dossier et ma présence aux deux procès - dont j’ai suivi intégralement les débats - m’a convaincu de la nécessité de m’acquitter du devoir d’information que n’ont pas rempli les médias. Ni le public, ni la presse n’ont eu accès à la cour d’assises parce qu’il y avait des mineurs dans l’affaire, ce qui a contribué à en fausser la perception.

Tous les livres écrits à ce sujet l’ont été, soit avant l’ouverture des procès - c’est notamment le cas du livre de Ruth Halimi, la mère d’Ilan, adapté à l’écran par M. Arcady - soit par des gens n’y ayant pas assisté, comme Morgan Sportes qui a prudemment porté la mention « roman » sur la couverture de son livre « Tout, tout de suite ». Aucun des deux auteurs n’a donc pu restituer la réalité de cinq mois d’audiences et de débats contradictoires.

Mais vous étiez partie prenante dans ce dossier...

Je ne décris pas dans mon livre l’affaire Halimi du point de vue d’un avocat de la défense. Je n’y parle d’ailleurs quasiment pas de ma cliente. Je raconte l’affaire comme un témoin qui souhaite porter un regard distancié sur un drame qui a traumatisé la société française. J’ai écrit ce livre pour remettre de l’ordre. J’ai estimé nécessaire de dire ce qu’il en était réellement de la prétendue dimension antisémite de ce crime. Elle est très différente de celle qui a été abusivement présentée. L’opinion publique doit enfin être informée du véritable contenu d’un dossier dont quelques éléments distillés - sous formes de raccourcis, de caricatures ou d’à-peu-près - ont alimenté les peurs, accentué les fractures sociales, provoqué des replis communautaires, stigmatisé un prétendu « antisémitisme des banlieues ». Ce n’est pas Ilan Halimi pris en sa qualité de jeune juif que nous aurions tous dû pleurer, c’est Ilan Halimi en sa qualité de jeune Français.

Le crime de Youssouf Fofanna n’était pas antisémite ?

C’est un crime crapuleux fondé sur des préjugés, des idées reçues et non sur une haine antisémite. L’objectif de Youssouf Fofana était d’obtenir de l’argent. Avant de s’en prendre à Ilan Halimi, il a organisé huit tentatives d’enlèvements dont les victimes étaient musulmans, « Français jambon beurre » comme dirait Morgan Sportès, ou parfois juifs, mais ce n’était alors que le fruit du hasard. Les juifs sont devenus une cible spécifique le jour où Fofana a appris qu’Israël avait libéré plusieurs centaines de prisonniers palestiniens en échange de la dépouille de quelques soldats israéliens. Ce fut pour lui une révélation. Il s’est dit alors que la communauté juive était solidaire. Il s’est dit que s’il enlevait un juif, que ce dernier ait ou non de l’argent, la communauté paierait. Il a enlevé Ilan Halimi comme il aurait enlevé le baron Empain ou le petit-fils Peugeot s’il en avait eu les moyens. Son but est exclusivement crapuleux. Youssouf Fofana n’a en cet instant rien contre les juifs en tant que tels, ou, plus exactement, il ne les déteste pas plus que les autres puisque, en vérité, il déteste tout et tout le monde : les blancs, la France qu’il veut « niquer », l’Europe et, plus généralement, tout le monde occidental…

Sur quels éléments vous appuyez-vous ?

Notamment sur l’analyse des heures de conversations téléphoniques échangées entre lui, le père et la petite amie d’Ilan Halimi. Enregistrées par les enquêteurs, elles ne contiennent pas la moindre injure antisémite. Le mot « juif » n’y est même jamais prononcé.

Auprès du cousin qui l’a reçu en Côte d’Ivoire pendant sa cavale, ou dans l’interview qu’il a donné à I-télé le 26 février 2006 lors de sa garde-à-vue à Abidjan, Fofana ne se revendique jamais antisémite, même s’il reconnaît avoir visé la communauté juive parce qu'elle est « riche et soudée ». Il tente alors de donner une coloration politique à son crime en prétendant avoir enlevé Ilan Halimi pour apporter son soutien financier aux rebelles qui combattent en Côte d’Ivoire. Il ne parle pas des juifs et, après son extradition, sa première déclaration devant le juge d’instruction français est : « Je ne suis pas antisémite ».

Qu'est-ce qui déclenche alors l’idée d'un crime antisémite ?

Un malentendu et les hasards du calendrier. Quelques jours après la découverte du corps d’Ilan Halimi a lieu le dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). Dominique de Villepin, alors premier ministre, en est l’invité. Interrogé sur la possible dimension antisémite du crime, il déclare que le juge d’instruction a « retenu » l’antisémitisme comme circonstance aggravante. Ce qui signifie seulement que le juge d’instruction a retenu cette hypothèse, qu’il va « instruire », « enquêter » à ce sujet. Mais l’assistance et la presse interprètent ce propos comme si le caractère antisémite du crime était désormais avéré, non seulement pour Fofana, mais à l’égard des 27 personnes impliquées dans le dossier.

Fofana s’empare alors de ce quiproquo et va désormais se revendiquer antisémite car il comprend que cela confère à son crime un caractère « exceptionnel » qui attire l’attention des médias. Au procès, un expert psychiatre dira que deux choses intéressaient Fofana : l’argent et le pouvoir. Il a échoué dans sa quête d’argent. Reste le pouvoir qu’il prend grâce à sa posture antisémite. Du coup, le juge le renvoie aux assises avec la circonstance aggravante d'antisémitisme et la cour d'assises le condamne pour cela.

 Vous dénoncez la « désinformation » qui a entouré cette affaire...

Oui. Tout le monde pense par exemple que les geôliers ont été complices du meurtre. C’est faux. Seul Fofana en est l’auteur. Tout le monde pense également que Fofana a tué Ilan Halimi parce qu’il était juif. C’est tout aussi inexact. Fofana tue Ilan Halimi par rage. Il faut lire les propos qu’il tient auprès de la fiancée d’Ilan et de son père après le crime pour en être convaincu. Tout cela figure dans le dossier et n’a jamais été évoqué. »

 

04/09/2014

Du non isolement d'Israël

En matière de sanctions à infliger à Israël pour ses « manquements » au droit, l’attentisme de la communauté internationale à quelques exceptions près, et singulièrement l'attentisme de l’Europe, relève d’une stratégie.
L’impérialisme américain et de ses sbires, sans lesquels le gouvernement fascisant de Nétanyaou ne pourrait exister, ayant plusieurs fers au feu – Ukraine, Irak, Grand Marché Transatlantique notamment – a tout intérêt à « laisser filer » le droit pourvu qu’un cessez-le-feu très provisoire et illusoire le lui permette.
Mais le peuple palestinien « pacifié » par Tsahal, écarté de tout processus politique réel, risque à tout moment d’être replongé dans l’horreur à la moindre velléité qu’il aurait de faire valoir ses droits.

israël, stratégie

La stratégie d’Israël consiste à faire de la question palestinienne un non-problème, que les palestiniens soient cloîtrés, livrés à la folie meurtrière des extrémismes, contrôlés dans leur prison très provisoirement "paisible" pourvu qu’ils y soient ignorés, mais que, surtout, Israël puisse librement commercer, renforcer son lobbying et maintenir son impunité intacte.
Par son attentisme, la communauté internationale participe honteusement à cette stratégie.

Communiqué de l’AEDH
(Association Européenne pour la Défense des droits de l'Homme)

Gaza : après le cessez-le-feux, l’UE paiera pour ne pas avoir à prendre de décision

L’Association européenne pour la défense des droits de l’Homme (AEDH) regrette vivement que l’Union européenne se soit contentée lors de la réunion du Conseil du 30 août 2014 d’une déclaration attentiste sans effet alors que l’on compte plus de 2 000 morts et 10 000 blessés palestiniens et qu’une issue durable et négociée directement reste toujours aussi incertaine. Il convient que les organisations internationales qui pensent représenter la « communauté internationale » – dont l’UE se targue de faire partie – prennent enfin la mesure du danger que fait planer la poursuite de la politique israélienne. Si la sécurité de l’État d’Israël est au prix d’offensives aussi meurtrières, dont témoigne le déséquilibre des morts, c’est parce que les droits de tous les peuples de la région ne sont pas considérés comme de même valeur. Si une tentative de résolution peut un jour déboucher sur une paix réelle, ce ne peut être que dans le respect du droit international, des résolutions de l’ONU, un accord mutuel de reconnaissance entre deux États souverains, la fin du blocus de Gaza, l’arrêt de de la colonisation et le retrait de toutes les colonies israéliennes qui rendent illusoire la viabilité d’un état palestinien.

Le 22 juillet 2014, le Conseil des affaires étrangères de l’Union européenne s’était contenté de choisir une position d’évitement avec comme axe central : « Tous les groupes terroristes dans la bande de Gaza doivent désarmer » tout en accordant que « l’opération de l’armée israélienne doit être proportionnée et conforme au droit international humanitaire ». Le Conseil du 30 août évolue mais avec beaucoup de prudence et appelle « les deux parties » à « aboutir à une amélioration fondamentale des conditions de vie des Palestiniens dans la bande de Gaza par la levée du bouclage et demande qu’il soit mis un terme à la menace que le Hamas et les autres groupes radicaux actifs à Gaza constituent pour Israël ». Il demande au « gouvernement palestinien de consensus » d’exercer « l’ensemble de ses responsabilités à la fois en Cisjordanie et dans la bande de Gaza », il demande un « accès humanitaire immédiat et sans entrave ». Il est aussi rappelé que l’UE est prête à contribuer à une solution globale et durable renforçant la sécurité, le bien-être et la prospérité des Palestiniens comme des Israéliens » et le conseil se prononce pour « un accord définitif reposant sur une solution fondée sur la coexistence de deux États pour instaurer « une paix et une stabilité durables ». Le Conseil rappelle que « la bande de Gaza fera partie d’un futur État de Palestine ».

L’AEDH considère que cette analyse même si elle manifeste une certaine évolution positive, ne représente pas la réalité, mais justifie une prudence de l’Union européenne. S’il est justifié de condamner la violence du Hamas, cela n’a de sens que si dans le même temps le recours à une invasion militaire destructrice est dénoncé comme tel. Sinon, il s’agit d’un texte qui a pour fonction de ne pas risquer de mettre en contradiction les principes de démocratie, de primauté du droit, d’universalité et d’indivisibilité des droits qui ont présidé à la construction de l’UE, et la poursuite de l’accord d’association signé en 1995 avec l’État d’Israël et dont l’article 2 précise que les relations entre les deux parties doivent être fondées sur le respect des droits de l’Homme et sur les principes démocratiques qui régissent leurs politiques intérieures et internationales. L’AEDH considère que l’accord d’association qui lie l’UE et l’État d’Israël aurait dû être immédiatement suspendu, comme le permet son article 2 dès le début de l’offensive militaire sur Gaza.

En 2002, le Parlement européen avait adopté une résolution demandant avec raison la suspension de cet accord et prévoyait même l’envoi d’une « force internationale d’interposition et d’observation » au Proche-Orient sous l’égide des Nations-Unies. Douze ans plus tard, les droits de l’Homme sont encore moins respectés par le gouvernement israélien. Douze ans plus tard, le respect des droits pour tous reste à imposer.

L’AEDH considère que le Conseil européen du 30 août aurait dû être le moment pour l’UE de sortir de son équilibrisme qui revient à privilégier un compromis provisoire au détriment de la recherche de la justice. L’AEDH attend de l’UE qu’elle fasse usage de tous les moyens de pression dont elle dispose pour obliger le gouvernement israélien à adopter une politique de respect du droit international qui sorte de l’oppression, de la colonisation, de l’occupation militaire et de la guerre et du blocus de Gaza qui interdit à la population palestinienne tout moyen de vivre.

Bruxelles, le 3 Septembre 2014