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27/09/2009

Le suicide, c’est pas beau

A côté d'une expression apparemment sans queue ni tête mais révélatrice d'une tendresse enfantine et inquiète, ressemblant un peu à : «Si tu meurs, j'te tue», les discussions vont bon train sur le thème «le suicide, que faut-il en penser ?». Question absurde à propos d'un tabou douloureux qui s'ouvre sur une hypocrisie crasse.

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Si un cadre qui se suicide, est un fait «dérangeant», on constate que sur un ensemble avoisinant 12.000 cas sur une année (160.000 tentatives), seuls ceux qui remettent en cause la gestion des entreprises (on parle rarement des simples salariés), ou ceux décomptés dans les établissements publics carcéraux (environ 90), sont médiatiquement pris en charge.

Santé publique et gestions défaillantes sont à peu près les seuls axes qui orientent les réflexions pour une meilleure... «prévention» et «anticipation du risque» !!!  Et si le risque n'a pas pu être évité, encore faudra-t-il tenir compte de la difficulté à établir un lien de causalité entre suicide et travail. Du pain sur la planche en perspective pour les avocats et les assurances chargés de déterminer matériellement les pénalités infligées ou compensations accordées à «ceux qui restent» !

Mais ce qui semble être le plus «gênant» c'est de ne pas pouvoir, ni oser, désigner les suicidés comme les seuls coupables d'une «mode qui choque tout le monde».
La situation des survivants est bien entendu très inconfortable et c'est à juste titre qu'en dehors de leur deuil, l'on parle de :

  • taxer les entreprises dans lesquelles les salariés mettent fin à leur contrat de travail de façon radicale, et à minima de revoir les méthodes utilisées par les DRH,
  • ou, concernant le système pénitentiaire, d'informer des sanctions infligées à l'Etat par les tribunaux administratifs et/ou la cour européenne des droits de l'homme pour ses conditions de détention indignes sensées être à l'origine de suicides en cascade.

Sur ce dernier point, une loi visant à sécuriser la vie dans les prisons vient d'être votée sans publicité - de façon quasi honteuse - le 22 septembre dernier. Répond-elle aux attentes de Louis Albrand, auteur d'un rapport conséquent sur le sujet ? Pas vraiment ?
Qu'en pense l'Observatoire International des Prisons ? Oserait-on l'imaginer ?

Ces questions risquent de rester sans réponse d'autant que dans le contexte actuel un suicide, serait-il militant, ne suffirait pas à changer la vie et que se poser la question du «pourquoi» pourrait passer pour être l'expression d'un terrorisme rentré.

Reste l'esthétique.

Elle est parfois moins terre à terre et mieux à même de mettre en évidence les causes profondes du refus de vivre. «Le Diable Probablement», film de Robert Bresson sorti il y a plus de trente ans, en 1977, en est un exemple. Ce qu'en disait l'auteur lui-même :
«Ce qui m'a poussé à faire ce film, c'est cette civilisation de masse où bientôt l'individu n'existera plus. (...) Cette immense entreprise de démolition où nous périrons par où nous avons cru vivre. C'est aussi la stupéfiante indifférence des gens».


«Le Diable Probablement» a été interdit aux moins de 18 ans comme pouvant encourager des tendances suicidaires.

Le sujet : Un garçon d'une vingtaine d'années, Charles, est découvert, mort, dans une allée du cimetière du Père-Lachaise. Avec ses amis, il passait de nombreuses heures en discussions sans fin sur les dangers qui menacent le monde : pollution, gaspillage des ressources naturelles, décomposition du tissu social, famine, guerre... S'inquiétant pour lui, ses amis finissent par le convaincre de consulter un psychanalyste. Mais Charles ne retient de cette rencontre qu'une seule information : dans la Rome Antique, les candidats au suicide demandaient à un esclave de les aider à mourir. Il passe à l'acte en demandant à ce qu'on lui tire deux balles dans la tête.

Transcription partielle des dialogues :
« Le monde dégrade autant celui qui donne que celui qui reçoit (...) Si mon but était l'argent et le profit, je serais respecté de tout le monde (...) Je ne peux imaginer que je serai jugé pour n'avoir pas compris ce que personne ne peut comprendre (...) Plus rien n'est politique dans ma vie, si ce n'est le refus de toutes les politiques (...) Je ne suis pas déprimé. Je veux seulement avoir le droit d'être ce que je suis. Je ne veux pas que l'on me force à ne plus vouloir, à remplacer mes non désirs par de faux désirs, calculés par des statistiques, des sondages, des calculs, des classifications américano-soviétiques super-connes. Je ne veux pas être un esclave (...) Je n'ai pas envie de mourir : je déteste la vie mais je déteste aussi la mort. »

 

Mise à jour :

Dépêche du 28 septembre 2009

Un vingt-quatrième suicide à France Télécom

"Un salarié de France Télécom s'est donné la mort lundi matin à Alby-sur-Chéran, en Haute-Savoie, portant à vingt-quatre le nombre de suicides au sein de l'entreprise depuis février 2008. L'information, révélée par Le Dauphine libéré, a été confirmée par la direction du groupe.
L'employé s'est jeté d'un viaduc et a mis en cause dans une lettre son employeur

Sources Yahoo & http://contreinfo.info/

25/09/2009

Violences coupables

Les fréquentes levées de bouclier qui font généralement suite aux déclarations de Nadine Morano n'ont en général rien à voir avec des réflexes d'auto protection. Cette fois, dans le cadre des discriminations faites aux femmes, on pourrait presque porter sur le pavois la secrétaire d'Etat chargée de la Famille et de la Solidarité tant elle s'est déclarée déterminée à lutter contre les inégalités salariales, à réformer le congé parental et à agir contre les violences conjugales. Autant de mesures pouvant en effet contribuer à établir une égalité homme-femme.

Avec un peu d'avance sur la prochaine mobilisation du 17 octobre prochain et devant un aréopage d'anciennes secrétaires d'Etat ou ministres du droit des femmes, d'Yvette Roudy à Simone Veil, Nadine Morano s'est engagée - quoique de façon encore assez vague -, sur trois points :

  • Salaires : celui des femmes restent inférieurs de 27 % à ceux des hommes.
    Réponse pratique :
    "On ne peut plus se contenter de bonnes intentions, il faut désormais avoir recours à des mesures contraignantes. Quel député ou quel chef d'entreprise accepterait, à travail égal, d'être moins bien payé que ses collègues ? " dixit la secrétaire d'Etat qui plaide pour l'instauration de quotas de femmes dans les conseils d'administration des entreprises du secteur public et du CAC 40, mesures coercitives à la clé.
  • Congé parental : "Beaucoup de mères s'arrêtent de travailler non par choix, mais parce qu'elles n'ont pas trouvé de mode de garde pour leurs enfants".
    Réponse pratique :
    Mme Morano, souhaite créer 200 000 places d'ici à 2012. Cette mesure n'est pas encore chiffrée.
  • Violences : En 2008, en France, 156 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint.
    Réponse pratique :
    un bracelet électronique, expérimenté en 2010, scellé au bras de l'agresseur potentiel reliera ce dernier 24h sur 24 à un centre de contrôle GPS et permettra à la victime, potentielle, d'être alertée du danger qu'elle encourt. Cette mesure qui devrait coûter cinq millions d'euro sur la base de 2000 époux violents par an devrait être suivie d'effet si l'on s'en réfère aux résultats obtenus en Espagne. Selon le ministère espagnol de l'Égalité, le nombre de morts dues aux violences conjugales aurait baissé d'environ 14% grâce à ce système.

Amnesty International - Violences conjugales

On est bien entendu loin du compte de la stricte égalité des droits hommes - femmes. Le sujet qui n'est malheureusement pas épuisé, fera l'objet d'une manifestation nationale le 17 octobre prochain qui devrait développer les thématiques suivantes :

  • Liberté d'accès à l'avortement et la contraception ;
  • Autonomie financière ;
  • Violences faites aux femmes ;
  • Egalité dans la vie politique, économique et sociale ;
  • Ingérence des intégrismes religieux ;
  • Solidarité dans la lutte pour les droits des femmes du monde entier

Dommage que cette information, qui pourrait redorer le blason de Nadine Morano et de ses amis, risque d'être occultée par les emportements «coupables» créés par l'affaire Clearstream et autres focalisations très contrôlées. Du coup, l'essentiel des déclarations de la secrétaire d'Etat, risque de passer au second plan, inaperçu.

22/09/2009

Cyber dissidence

Sous la pression d'un nouveau type de vidéosurveillance qui les déstabilise et se retourne contre ceux qui voudraient contrôler TOTALEMENT l'opinion, Vincent Peillon pense aussi mal qu'Henri Guaino, JF Copé et quelques autres :
«Je viens d'une culture républicaine qui considère que le pire c'est qu'on veuille montrer tout. (...) J'ai toujours pensé que tout rendre visible, c'est le début du totalitarisme» dit-il sur FranceInfo.

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Les progrès technologiques constituent sans doute une source d'asservissement et il n'est pas faux de dire que les utilisateurs d'internet, de compacts ou autres téléphones portables sont devenus dépendants du numérique.

Mais le malaise éprouvé par les politiques ne vient pas de là. Depuis quand se préoccuperaient-ils en effet du degré de liberté, de l'absence de dépendance accordée à leurs électeurs potentiels, voire d'une option sécuritaire qui ne soit pas qu'un prétexte.
La plupart acceptent d'être faussement effarouchés dans l'indécence de leur vie privée véhiculée par la presse people. Puisqu'on est ici dans la logique du «gagnant-gagnant», - tout au plus intentent-ils des procès rémunérateurs - le malaise ne vient donc pas de là non plus.

Il ne serait pas faux de dire que le numérique et donc internet est ouvert à tout le monde y compris aux dictateurs et aux gouvernants. La polémique actuelle semble oublier volontairement (?) la question. Et lorsque la CNIL est chargée de rendre un rapport sur le projet de «Loi d'Orientation et de Programmation pour la Performance de la Sécurité Intérieure», Loppsi 2, ce ne sont pas les blogueurs de l'Elysée qui sont concernés.

Par ailleurs, mis à part les dérapages révélateurs et politiquement honteux dans lesquels se sont fait surprendre les Vals, Hortefeux et quelques autres, aurions-nous, sans ressource au numérique, une idée des résistances qui s'expriment un peu partout dans le monde.
Il semble qu'une bataille par internet interposé ait vraiment commencé. Peut-on alors parler de totalitarisme lorsqu'une opposition cyberdissidente parvient à contourner la censure et que les organisations concernées par les droits de l'homme y trouvent un moyen de dénoncer les dictatures au pouvoir ?


Personne ne sera suffisamment naïf pour croire que cette bataille est forcément gagnée puisque, et ce n'est qu'un exemple, des logiciels espions sont en cours d'élaboration et que la chasse aux blogueurs indépendants est lancée. Selon Reporters Sans Frontières, leur nombre ne cesse d'augmenter. Ils sont actuellement emprisonnés en Chine, Iran, Birmanie, Syrie ..., tandis que les Peillon, Guaino, Copé et quelques autres commencent ici à s'agiter et à imaginer courageusement une "régulation des libertés fondamentales" !!!

20/09/2009

CCAS en danger

La suppression de la taxe professionnelle peut-elle avoir une incidence sur le fonctionnement des Centres Communaux - ou Intercommunaux - d'Action Sociale (CCAS ou CIAS) ? La réponse officielle sera évidemment « Non ». Et pourtant...

D'un montant de 28 milliards d'euros, la taxe professionnelle représente la moitié des recettes fiscales des collectivités locales. Ce n'est donc pas en diminuant leurs revenus fiscaux que le risque qui plane sur les dépenses publiques de solidarité vis-à-vis des plus démunis sera écarté.

Bien qu'aucune mesure sérieuse n'ait encore été arrêtée pour compenser cette perte de ressources, le risque est d'autant plus préoccupant que les mairies peuvent décider à tout moment de la fermeture des CCAS / CIAS. Une décision qui s'inscrit dans le processus général de démantèlement du service public, ce qui en période de récession est totalement insupportable et catastrophique.

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Or deux types d'aide sociale sont mis en question :

  • l'aide sociale légale constituée d'une obligation pour la collectivité publique et d'un droit pour l'individu. Elle recouvre l'ensemble des prestations dont les conditions d'attribution sont fixées par la loi.
  • l'aide sociale facultative relève de la libre initiative des collectivités territoriales. En 2007, cette action sociale facultative a failli être radicalement supprimée. L'UNCCAS s'y est opposé.

C'est cette dernière aide qui est la plus immédiatement menacée.

En dehors du fait que la libre administration des collectivités territoriales est un principe constitutionnel inscrit dans la logique de la décentralisation, d'autres menaces, au-delà des clivages politiques, obscurcissent l'avenir des CCAS :

Pendant ce temps, la situation des personnes directement concernées par l'action des CCAS, de plus en plus nombreuses, ne cesse d'empirer. C'est ce que révèle une enquête présentée lors du congrès de l'UNCCAS qui s'est tenu les 16 et 17 septembre dernier.


Pour mieux lire les informations de ce récapitulatif défilant,
on peut l'agrandir et/ou le bloquer à l'aide de la souris enclenchée.

Les CCAS sont loin de ressembler à leurs ancêtres, les Bureaux de bienfaisance et d'assistance. S'ils devaient faire les frais de la crise, les associations attachées à défendre les droits économiques et sociaux seraient parmi les premières à porter les revendications des plus précaires.

Voir aussi ce que constate Patrick Kanner, président de l'UNCCAS, dans un entretien accordé à la Gazette Santé-Social.

17/09/2009

Patrimoine et partis politiques

Les partis politiques appartiennent-ils au patrimoine ?

Pas de doute en ce qui concerne quelques uns de leurs lieux de réunions : Versailles, Palais du Luxembourg, Palais Bourbon qui seront visités les 19 & 20 septembre à l'occasion des journées du patrimoine.
Quant aux partis politiques eux-mêmes, acteurs d'un spectacle devenu répétitif et éprouvant, il se pourrait bien qu'ils so
ient enfin «revisités» comme le souhaitait la philosophe Simone Weil (1909‑1943), dans sa «Note sur la suppression générale des partis politiques» écrite en 1940.

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Argumentaire en dix points résumés de la philosophe :

  1. Critère du bien : "en premier lieu, la vérité et la justice ; en second lieu, l'utilité publique". (p.25)
  2. "La démocratie, le pouvoir du plus grand nombre, n'est pas le bien. C'est un moyen, pour satisfaire vérité, justice et utilité publique". (p.25)
  3. "Il y a plusieurs conditions pour pouvoir appliquer la notion de volonté générale. Deux retiennent l'attention (p.30) : absence de passion collective d'une part ; que le peuple ait à exprimer son vouloir à l'égard des problèmes de la vie publique et non pas de faire des choix de personnes. Encore moins un choix de collectivités irresponsables", d'autre part. (...) "Le seul énoncé de ces deux conditions montre que nous n'avons jamais rien connu qui ressemble même de loin à une démocratie." (p.32-33)
  4. "Pour apprécier les partis politiques selon les critères de vérité, de justice et d'utilité publique, il convient d'en discerner les caractères essentiels. On peut en énumérer trois (p35) : Un parti politique est une machine à fabriquer de la passion collective".
  5. "Un parti politique est une organisation construite de manière à exercer une pression collective sur la pensée de chacun des êtres humains qui en sont membres".
  6. "L'unique fin de tout parti politique est sa propre croissance, et cela sans aucune limite".
  7. "Par ce triple caractère, tout parti est totalitaire en germe et en aspiration (...)" (p.35)
  8. "Aucune quantité de pouvoir ne peut jamais être regardée comme suffisante (...) Le parti se trouve (...) dans un état continuel d'impuissance qu'il attribue toujours à l'insuffisance du pouvoir dont il dispose. Serait-il maître absolu du pays, les nécessités internationales imposent des limites étroites." (p40)
  9. "Un homme qui adhère à un parti a vraisemblablement aperçu dans l'action et la propagande de ce parti des choses qui lui ont paru justes et bonnes. Mais il n'a jamais étudié la position du parti relativement à tous les problèmes de la vie publique. En entrant dans le parti, il accepte des positions qu'il ignore (...) Quand peu à peu, il connaîtra ces positions, il les admettra sans examen". (p59)
  10. A moins de renoncer à lui-même, aucun homme ne peut servir deux maîtres à la fois, un idéal collectif et un intérêt individuel, encore moins une idéologie relevant de la pensée unique et des convictions personnelles librement assumées.

Pour éclairantes que soient ces réflexions, il faut bien s'avouer que les partis restent pour l'instant un mal nécessaire. Il serait pourtant possible, d'en rétablir la crédibilité et d'en atténuer le coté négatif au moins partiellement en :

  • établissant la validité du « vote blanc » pour qu'il soit comptabilisé
  • organisant la gratuité totale des adhésions aux partis politiques
  • alignant le salaire des élus sur celui des fonctionnaires

Quant à leur aspect « patrimoine », à l'instar de la gastronomie, les partis politiques pourraient in extremis être sauvés de leur actuelle déconfiture s'ils devaient bénéficier d'une mesure de protection opportunément concoctée par convention de l'UNESCO, ratifiée par 78 Etats le 20 juin 2007.  Et ce, au même titre que « L'isopolyphonie populaire albanaise », « Le muqam ouïgour du Xinjiang » ou « Les dessins sur le sable de Vanuatu ».

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En effet, selon cette convention,

« On entend par Patrimoine Culturel Immatériel les pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire (...) que les communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel. Ce patrimoine culturel immatériel, transmis de génération en génération, est recréé en permanence par les communautés et groupes en fonction de leur milieu (...), leur procure un sentiment d'identité et de continuité (...). Aux fins de la présente Convention, seul sera pris en considération le patrimoine culturel immatériel conforme aux instruments internationaux existants relatifs aux droits de l'homme, ainsi qu'à l'exigence du respect mutuel entre communautés, groupes et individus, et d'un développement durable. »

Ayant une part de responsabilité (trop souvent malheureuse) dans notre histoire et notre culture, « revisités » ou pas, pourquoi les partis politiques n'entreraient-ils pas au Patrimoine Culturel Immatériel de l'Humanité ?

15/09/2009

Paniques, paranos ... Pa-d'soucis ...

... c'est rentable.

On avait déjà entendu qu' «aucun pouvoir ou aucun contre-pouvoir, n'a plus la moindre influence sérieuse sur le cours des événements, parce que l'humanité s'est laissée déborder par les systèmes qu'elle a créés, à commencer par le marché ».

On peut aussi préciser que les dits pouvoirs et contrepouvoirs sont d'autant plus impuissants et muselés qu'ils se sont depuis longtemps laissés piégés par des lobbies dont on mesure mal aujourd'hui la capacité réelle à « orienter » les gouvernances. Les plus efficaces sont sans doute ceux qui sont au service de multinationales de type Monsanto. Ils détiennent les clés du système, l'influencent et le verrouillent, mais ne le contrôlent pas forcément.

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Sur ce constat, on peut ainsi avancer qu'il est plus important pour une multinationale de rémunérer et de protéger ses lobbyistes que d'être cotée en bourse. A moyen terme, c'est par ce biais que ses intérêts financiers seront les mieux servis.

Dès lors, comble du cynisme, les catastrophes, pandémies, famines organisées, guerres et autres peurs paniques deviennent des opérations rentables pour les Etats (nouveau PIB) pour ces multinationales qui ne « travaillent » pas toutes dans le même secteur et dont les intérêts peuvent se télescoper, concurrence oblige.

Quant au long terme, le capitalisme ayant ses limites, c'est plutôt catastrophique : inégalités intérieures aux Etats, inégalités entre Etats, entre continents, inégalités aggravées par les taux de croissance démographique, accrues par l'épuisement des ressources naturelles et par les pollutions résultant de l'activité industrielle... Comme tout a une fin..., on imagine la suite.

Les pouvoirs politiques des Etats, pour se maintenir en place n'ont d'autres solutions que d'employer une série d'outils qui, n'ayant rien à voir avec l'idée idyllique que l'on peut se faire de la démocratie, s'apparente à une propagande digne d'Orwell. La manipulation est à l'œuvre. Une œuvre de survie avant le carnage. Et pas pour l'éviter !!!

D'où le développement pour ainsi dire généralisé de techniques éprouvées visant à développer et entretenir les thèmes sécuritaires, à décerveler, à culpabiliser, à infantiliser, paniquer, divertir et maintenir sous contrôle l'opinion public. Laquelle, impuissante et aveuglée, en déduira alors une quelconque théorie du complot fomentée par des maîtres du monde s'entendant en coulisses pour le mettre à sac.


Et des réunions cultivant cet obscurantisme existent bel et bien. Des plus « connues » quoique secrètes et réservées à des invités triés sur le volet, celle de Bilderberg par exemple, se voudrait être une occasion de discuter aimablement, « librement », et sans opposition à propos des grandes questions de ce monde. Ceux qui y participent peuvent-ils être pour autant qualifiés de « Maîtres du Monde » ? Les réponses ne peuvent pas être unanimes puisqu'elles font appel au subjectif, à l'émotionnel.

Tout au plus peuvent-ils se dire : « Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d'en être les organisateurs, nous n'en seront que plus redoutés et mieux à même de susciter un quelconque intérêt (...) Organisons nos petites affaires discrètement pendant qu'il en est encore temps ».

Ce qui n'est bien entendu pas sans incidence sur l'avenir immédiat de la planète, mais à long terme, pas ou très peu déterminant.

Les véritables maîtres du monde, les détenteurs de « capitaux  significatifs » auxquels les "Bilderbergers" voudraient tous être assimilés, sont de toute façon incapables d'anticiper les catastrophes planétaires dont tout le monde sera finalement victime, eux y compris. C'est peu dire qu'entre le Docteur Faust, l'Apprenti sorcier et eux, la ressemblance est frappante. Il reste que la recette de la rumeur - deux tiers de vrai, pour un tiers de faux rendu apparemment crédible - lorsqu'elle fonctionne, contribue à détourner l'attention et à masquer la réalité,exemptée du coup de toute explication, avec un résultat identique à celui de la propagande. Pa-d'soucis, dans ce cas là aussi et surtout en période de crise, la rumeur est une affaire qui marche toute seule. A moins de ne pas accepter d'y succomber.

12/09/2009

Dégradation des services postaux

Le Conseil des ministres a examiné, mercredi 29 juillet, le projet de loi relatif à l'évolution de La Poste. L'entreprise publique devrait prendre la forme d'une société anonyme le 1er janvier 2010, bien que la directive européenne n'impose ni le statut de société anonyme ni la privatisation. Les avis contraires (1) (2) ne changent rien à l'affaire.

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Retour en arrière ....

Le lundi 2 décembre 1974, le personnel des PTT reprend le travail après plus de 45 jours de grève particulièrement mal vécue par les grévistes, le gouvernement de V.G.E., les usagers (qui ne sont pas encore des « clients »), les syndicats, les entreprises...

Dans certains établissements, la reprise du travail est difficile : des affiches incitant le personnel à ralentir les cadences sont apposées au centre de tri de la gare de Lyon. Le directeur réagit immédiatement en publiant une note de service : «L'agent qui travaille avec un rendement volontairement inférieur à la normale engage sa responsabilité au plan disciplinaire. Tout agent qui incitera ses collègues à travailler avec un rendement inférieur à la normale fera l'objet d'un retrait de service immédiat suivi d'une procédure disciplinaire».

Chanson initiée pendant cette grève qui en dit assez, déjà à l'époque, de la transformation-dégradation de l'institution

« Les grosses sociétés sont privilégiées

Le p'tit usager n'a que le droit d'payer

Lelong veut nous vendre, ITT achète

Allons-nous attendre sans relever la tête

Aux PTT, on a en marre d'être exploités

D'avoir des salaires de misère

Pour vaincre, il nous faudra

Postiers et usagers, la solidarité

Y'a les auxiliaires qui coûtent pas cher

Qu'ont pas le droit d'gueuler, sans être licenciés

On est des milliers, bretons, antillais

A être déportés loin d'où on est né

On est encadré, on est minuté

Sur notre clavier, il faut s'acharner

On est attaché, pas le droit d'parler

Et il faut mendier pour aller pisser »

Durant les années 80-90 qui suivent, dans un contexte de crise économique, l'Etat se révèle incapable de préserver croissance et plein-emploi. La notion de service public qui reposait sur l'idée d'infaillibilité de la gestion publique et sur l'affirmation de sa supériorité sur la gestion privée est remise en cause, preuves à l'appui, par un ultralibéralisme rampant qui, sciemment, entretient la confusion entre secteur public, service public et mission de service public. L'incapacité de l'Etat à réagir n'était/n'est pourtant pas une fatalité.

Les principes de concurrence et de rentabilité sont devenus les arguments massue d'une construction européenne. Le terme de service public n'est quasiment plus employé dans les textes de Bruxelles. On lui préfère les notions de service universel ou de services d'intérêt économique général.

Les plus pessimistes pensent aujourd'hui que la logique du marché néolibéral a définitivement triomphé. Sauf que les artisans de ce jeu de massacre continuent de se justifier comme s'ils n'avaient pas encore tout à fait obtenu gain de cause.
Les raisons invoquées, un déluge d'hypocrisies, sont toujours les mêmes. Elles recouvrent un vocabulaire et un arsenal discursifs éculés. Trop pour être vraiment crédibles. Qui pourrait croire par exemple que la poste devienne dans le contexte actuel une banque postale comme les autres banques, l'éthique en plus ?!!

Reste que deux catégories de missions de service public peuvent peut-être encore être défendues y compris à l'échelle européenne :

  • Celles qui, au-delà de la lutte contre l'exclusion et la pauvreté, contribuent à la cohésion sociale nationale et européenne.
  • Celles qui visent à favoriser une utilisation cohérente des territoires et des ressources communes.

Pour la Poste, symbole de lien social depuis sa création au XVIIème siècle, l'enjeu tourne autour d'une régulation qui concilierait concurrence et sauvegarde des missions de service public, indispensable à l'exercice des droits fondamentaux.

De quoi être en tout cas mobilisé contre un texte de loi entérinant une situation qui s'est lentement et depuis longtemps dégradée sous le regard bienveillant des gouvernements de tous bords.

11/09/2009

Bretons, alsaciens, auvergnats... même combat

Encore un leurre dont tout le monde parle :

Samedi 5 septembre, à l'Université d'été de l'UMP, un jeune Maghrébin prénommé Amin se fait prendre en photo avec le ministre de l'Intérieur, ex-ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale. Une militante UMP précise, sans doute pour rassurer le ministre : « lui, il mange du cochon et il boit de la bière.» Monsieur Hortefeux répond : « Il ne correspond pas du tout au prototype »... et ajoute tranquillement : « Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes ».

Il faut sans doute être assez malintentionné pour souligner que le sieur Hortefeux a été, de 1992 à 2004, élu au conseil régional d'Auvergne, et entre 1998 et 2004, président de la commission des finances et rapporteur du budget du même conseil régional d'Auvergne. En effet, ....

« selon le cabinet de Brice Hortefeux, ces propos ne visaient que... les Auvergnats. Il est vrai qu'en janvier dernier, lorsque le même ministre avait fait remarquer aux journalistes qu'il n'était « pas évident » que Fadela Amara soit sa « compatriote », il avait déjà soutenu qu'il ne parlait que de leurs attaches auvergnates. Le préfet Girod de Langlade, sanctionné il y a quelques jours à la demande de monsieur Hortefeux pour avoir trouvé qu'à Roissy on ne voyait que des Noirs, aurait dû prétendre qu'il ne visait que des Bretons ou des Alsaciens... (...) La LDH s'inquiète des conséquences de ce triste dérapage pour les victimes présentes et à venir du racisme... anti-auvergnat.

D'après un communiqué de la LDH.

08/09/2009

Rafale ou comment s'en débarrasser...

Actuellement, la grande mode en économie c'est : emprunter vite, rembourser moins ou pas du tout, polluer plus.

Le Rafale, technologiquement dépassé parait-il, aurait dû entrer en service en 1996 dans l'armée de l'air, ce retard s'expliquant par des aléas budgétaires et des « difficultés techniques ». Info 2006

Résultat : les 294 avions, dont le coût total a été estimé à 28 milliards d'euros à la sortie de Dassault Aviation, restent sur le carreau. S'en suivent une série d'échecs commerciaux équivalant à l'impossibilité de vendre cet engin très peu pacifique à Singapour, à la Corée du Sud, aux Pays-Bas, à l'Arabie Saoudite, au Maroc, à la Lybie, malgré les ronds de jambe élyséen de 2007.

Aux dernières nouvelles, un deal semble avoir été trouvé par Luiz Inácio Lula da Silva, le président brésilien superstar des altermondialistes et Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa, grand admirateur de Jaurès et Mocquet.

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Simple et transparent comme un secret défense :

Le Brésil achète à la France 36 Rafale, les brevets technologiques qui vont avec pour sa construction in situ en solo et le droit de polluer l'atmosphère sans avoir à s'acquitter d'une taxe carbone mesquine autant qu'incongrue. Et pour rendre le marché encore plus attractif, le Brésil achète aussi le droit de construire sous-marins et hélicoptères, le tout pour une somme de ....  6,1 milliards d'euros empruntés à .... 6 banques européennes dont BNP Paribas, Société générale, Calyon (groupe Crédit Agricole), Crédit industriel et commercial (CIC, groupe Crédit Mutuel) et Natixis. Source
Une façon de récompenser ces partenaires pour leurs efforts à se faire plus discrètes en matière de rémunération des risques encourus par leurs traders, ou de les encourager à rembourser l'Etat de les avoir secourues.

Pour ce qui est de Dassault Aviation, l'avionneur et équipementier des guerres du globe devra aider le brésilien Embraer pour la construction d'une douzaine d'avions de transport et de ravitaillement en vol, le KC 390, un biréacteur pouvant contenir 19 tonnes de carburant, et qui pourrait  très bien être recyclé, en cas de besoin, dans la lutte contre les feux de forêts.

  • Double peine infligée à Serge Dassault pour avoir été invalidé aux municipales de Corbeil-Essonnes ? Peut-être pas puisqu'il est aussi patron de presse, et à ce titre encore et éventuellement utile.
  • Manière de se mettre dans la poche un membre du prochain G20 ? Probable, quoique c'est peut-être déjà fait.
  • Blanc-seing accordé au Brésil pour pratiquer la déforestation à Outrance, Amazonie ? Qui s'en préoccupe ?

Secrets/défense, mystères et boules de gomme.

04/09/2009

Taxe professionnelle. Acte 2

La taxe carbone a été l'un des feuilletons médiatiques de cet été. Un été indien. Sa création partait pourtant d'un bon sentiment. La lutte contre le réchauffement climatique était sur toutes les lèvres. Avec un peu d'imagination ou de mauvaise foi, on pouvait aussi penser que cette nouvelle recette compenserait la suppression de la taxe professionnelle. Soyons rassurés,

ceci n'est pas une ...

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Mais, mais, mais...

à quelques mois de son application, on s'interroge encore. Comment faut-il l'appeler ? « Contribution climat-énergie » plutôt que « Taxe carbone » ?
Faut-il compenser ? Qui compenser ? Mais si on compense, pourquoi taxer ? Pour contribuer comme prévu à lutter contre le réchauffement climatique. Mais c'est bien sûr !

Le gouvernement réfléchit, le président assume puisqu'il le dit. Les parlementaires parlementent et « l'équipe de François Fillon se serre les coudes. Publiquement, en tout cas. Mais dans la majorité, ça doute sérieusement et certains de ses membres osent le dire. À l'image du « meilleur d'entre eux », Alain Juppé. Dans Le Figaro, le très bref ancien ministre d'Etat à l'Environnement fait part de ses doutes : « On nous dit que ça ne sera pas un impôt de plus. On aimerait en avoir la démonstration concrète ».

... Henri Guaino va surement trouver une solution à ces balbutiements. Faudra-t-il le récompenser ?

03/09/2009

150ème anniversaire de Jean Jaurès

Républicain, dreyfusard, défenseur de la laïcité, pacifiste, Jaurès avait de ces envolées qui rendent bien médiocres les discours actuels qui, s’inscrivant dans un contexte de désacralisation de la fonction politique, s’en trouvent trop souvent abâtardis et vidés de toute référence à ce que l’on appelle «Humanisme» ou «grandeur d’âme».

Le 3 septembre 2009, Jean Jaurès aurait eu 150 ans. Le 30 juillet 1903, il prononce au Lycée d'Albi l’un de ses discours les plus retentissants : Le discours à la jeunesse.

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Un discours qui est à replacer dans le contexte de l’époque : fragilité des nations qui vivent dans la hantise des conflits armés à venir et fragilité de l’institution républicaine d’une part ; nouvelle conception droits économiques et sociaux, nouvelle conception de la laïcité d’autre part.

Extraits :

«(…)  Ce qui reste vrai, à travers toutes nos misères, à travers toutes les injustices commises ou subies, c’est qu’il faut faire un large crédit à la nature humaine ; c’est qu’on se condamne soi-même à ne pas comprendre l’humanité, si on n’a pas le sens de sa grandeur et le pressentiment de ses destinées incomparables.
Cette confiance n’est ni sotte, ni aveugle, ni frivole. Elle n’ignore pas les vices, les crimes, les erreurs, les préjugés, les égoïsmes de tout ordre, égoïsme des individus, égoïsme des castes, égoïsme des partis, égoïsme des classes, qui appesantissent la marche de l’homme, et absorbent souvent le cours du fleuve en un tourbillon trouble et sanglant».

(…) «Instituer la République, c’est proclamer que des millions d’hommes sauront tracer eux-mêmes la règle commune de leur action ; qu’ils sauront concilier la liberté et la loi, le mouvement et l’ordre ; qu’ils sauront se combattre sans se déchirer ; que leurs divisions n’iront pas jusqu’à une fureur chronique de guerre civile, et qu’ils ne chercheront jamais dans une dictature même passagère une trêve funeste et un lâche repos. Instituer la République, c’est proclamer que les citoyens des grandes nations modernes, obligés de suffire par un travail constant aux nécessités de la vie privée et domestique, auront cependant assez de temps et de liberté d’esprit pour s’occuper de la chose commune».

(…) «Ce n’est pas seulement dans les relations politiques des hommes, c’est aussi dans leurs relations économiques et sociales qu’il faut faire entrer la liberté vraie, l’égalité, la justice (…)».

Jean Jaurès est mort à Paris, assassiné le 31 Juillet 1914 à 21 h 30, à l’angle de la rue du Croissant et de la rue Montmartre. Le 2 août  suivant l'ordre de mobilisation est affiché sur tout le territoire.


La chanson de Jacques Brel intitulée «Jaurès», reprise par la suite par Manu Dibango puis ensuite par Zebda, rappelle à quel point l’homme politique était devenu une figure mythique. En 2005, un téléfilm lui est consacré : «Jaurès, naissance d’un géant».

02/09/2009

La guerre n'est plus ce qu'elle était

« La guerre est la forme la plus raffinée et la plus dégradante du travail puisque l'on y travaille à rendre nécessaires de nouveaux travaux. ».
Boris Vian

Longtemps, la guerre a paru comme le seul moyen - à la fois inéluctable et glorieux - de régler les relations entre royaumes, d'ordonner leurs rapports de dépendance ou de rivalité, de constituer des nations ou des groupes de nations géopolitiquement homogènes.

Ce n'est que vers la fin du XVIème siècle que la guerre se théorise. Le Principe de Souveraineté fait son apparition, dans le contexte des guerres de religion, après avoir été défini par le juriste Jean BODIN (1530-1596). Mise en perspective dans une histoire globale, la guerre devient alors l'étape obligée dans la lente progression des sociétés vers la concorde universelle. La guerre sera le principe régulateur de la souveraineté.

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Et, ce principe de souveraineté deviendra principe d'ordre du système international en 1648 avec la paix de Westphalie qui met un terme à la guerre de 30 ans (1618-1648). Cette date est très importante car ces traités de 1648 mettent fin, de façon définitive, à l'entité séculière et spirituelle qu'avait été la chrétienté universelle, tout au long du Moyen-âge.

L'Etat souverain devient la forme exclusive d'organisation politique des sociétés européennes :

  • Sur la scène intérieure, l'autorité de l'Etat prime celle du Pape,
  • Sur la scène extérieure, le roi est empereur en son royaume et tous les Etats sont égaux entre eux.

Cette vision du monde, fondée sur l'Etat, est appelée système westphalien. dans lequel les Etats sont des gladiateurs dans une arène et où la seule façon d'assurer sa sécurité est la Puissance.

Dans ce contexte, la guerre, échec de la diplomatie, reste, selon l'enseignement de Machiavel, un recours nécessaire même s'il est regrettable. Les politiques considéraient, en effet, que les malheurs suscités par les conflits étaient une donnée inséparable de la condition humaine.

A la même époque, la guerre est condamnée comme moralement injustifiable, stratégiquement incertaine et économiquement ruineuse. Seule la paix pouvant assurer aux peuples bonheur et prospérité, par la natalité, la sécurité, la continuité des relations commerciales, etc...

Toutefois, ce consensus « pacifiste » (adjectif anachronique et qui n'apparaît qu'à la fin du XIXème siècle) n'est pas total même s'il est majoritaire, grâce à l'apport intellectuel des hommes des Lumières.

Pour ces derniers, il ne suffit pas de sensibiliser l'opinion aux souffrances endurées par les victimes, de dénoncer tout affrontement armé comme injuste et inhumain ; encore faut-il comprendre, diagnostiquer pour proposer des remèdes, et ce, toujours dans le cadre du principe de souveraineté.

Parmi les causes :

  • L'instance économique n'apparaît jamais déterminante, sauf pour QUESNAY,
  • Les raisons religieuses ne suscitent guère l'unanimité, sauf pour VOLTAIRE,
  • En revanche, domine la position de LA BRUYERE selon laquelle la nature humaine est fondamentalement perverse et mauvaise.

Les plans ou projets de paix qui découlent de ces causes se heurtent donc d'emblée à l'impossibilité radicale de changer la nature humaine.

La notion d'humanité, en tant qu'unité légitime de réflexion, ne va émerger qu'avec la Révolution française qui verra s'affronter deux principes antinomiques :

  • Celui des droits de l'individu, consacrés par les deux premiers articles de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 (Art. 1er. - Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. Art. 2. - Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression.)
  • Celui de la souveraineté de la nation, qui ressurgit dès l'article troisième (Art. 3. -Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément.)

Des controverses exprimant la tension entre droits de l'homme et droits de la nation, les constituants fixeront, après la Terreur, le triomphe de l'intérêt collectif sur l'intérêt individuel. Et c'est bien de l'Ancien Régime que les hommes de la Révolution ont hérité leur conception de la souveraineté absolue de la nation.

Depuis, la souveraineté est l'institution centrale de l'ordre international - dit westphalien - que couronne un système onusien où l'égalité des membres se traduit par le principe « un Etat, une voix » à l'Assemblée Générale et par la non-ingérence (consacrée par la Charte) dans les affaires intérieures.

En fait, le principe de souveraineté (comme je l'ai évoqué) est une construction juridique et donc, comme telle une norme de régulation d'un système international anarchique en droit.

La souveraineté est une fiction politique cachant des relations de domination qui structurent une société internationale, de fait hiérarchique. Sa réalité est la Puissance qui se passe du multilatéralisme si nécessaire.

  • Le 28 janvier 2003, les USA mettent fin à la souveraineté irakienne au nom de leur « autorité souveraine d'utiliser la force pour assurer leur propre sécurité » (BUSH, Discours de la Nation), en se passant de toute légitimation des Nations Unies.
  • 28 juin 2004, l'Irak recouvre sa « pleine souveraineté » conformément à la résolution adoptée, à l'unanimité, par le Conseil de Sécurité de l'ONU.

Mieux qu'un long discours, cet un épisode irakien résume l'ambiguïté, pour ne pas dire l'hypocrisie, inhérente au principe de souveraineté.

Traditionnellement, l'empire américain, sauf au cours de brèves périodes de son histoire (l'élimination des indiens et la guerre du Mexique ou la politique de Théodore Roosevelt en Amérique du Sud) n'est ni volontaire, ni militaire. Les Etats-Unis ont hérité de leur position clef, en particulier à cause des deux guerres mondiales. Si les Américains sont fondés à dire qu'ils sont devenus un empire malgré eux, force est de constater qu'aujourd'hui ils ont fondé une idéologie fondée sur la force, c'est-à-dire la PUISSANCE.

Leur Unitaléralisme est entretenu par la conviction d'être la nation d'exception et d'incarner la justice, construite sur la différence absolue entre la vie des leurs et la vie des autres, les droits des leurs et les droits des autres.

Toutefois, malgré l'ampleur de leur domination, les Etats-Unis n'ont pas réussi à gouverner le Proche-Orient, où ni l'unilatéralisme, ni le régionalisme n'ont donné le moindre résultat.

Pour la première fois dans l'histoire des relations internationales, « les puissants n'ont plus le conflit sous les pieds » : les affrontements ne sont pas là où est la Puissance, d'où la possibilité de l'unilatéralisme américain et l'indifférence de l'Union européenne qui ne peut que fabriquer des normes.

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Face à la Puissance de la Souveraineté, il appartient à l'Europe de développer le Droit International Humanitaire qui ne peut être qu'une excroissance des Droits de l'Homme.

A la LDH, nous avons un travail, un devoir de mémoire, de lucidité et de reconnaissance de l'altérité. Face aux métastases de la violence, il faut transformer un cercle vicieux en cercle vertueux, c'est-à-dire, comme lors de la décolonisation, cesser de refuser la discussion avec les acteurs réels. L'ordre international n'est plus affaire de Puissance, mais d'efforts destinés à la contenir, la limiter, la civiliser en quelque sorte.

La guerre, tout comme la connerie, n'est plus ce qu'elle était !

Les Mées, le 25 juin 2008
Pour la Ligue des Droits de l'Homme

Daniel ADAM

01/09/2009

Presse, le repli numérique

La presse sous contrôle, c'est une réalité qui n'est pourtant pas ou mal acceptée par la plupart des patrons de presse et directeurs de publication qui se disent, à tort, encore indépendants. Ce qui relèverait d'une forme de déni s'ils en étaient vraiment convaincus. En tous cas, si les journaux dont ils ont la responsabilité et qui ne leur appartiennent heureusement pas, sont encore dignes de crédit c'est le fait de salariés qui essaient d'y transmettre l'information en toute conscience et honnêteté.

Parmi les exemples d'indépendance perdue, quasi définitivement et de façon plus ou moins spectaculaire, on peut notamment citer le cas du Nouvel Observateur, volontiers récidiviste.

Avant les vacances, ce bastion supposé de la presse d'opposition socialiste, a préféré consacrer quelques pages d'interview à N. Sarkosy, entrecoupées de publicités glacées très chiques, plutôt que de s'intéresser à un vrai débat de société ou à l'évolution du PS, en butte à ses démons et pour cause. Du « j'aime tellement la gauche que je lui tape dessus en permanence à bras raccourcis », on est passé à « j'ai tellement réfléchi à ce que pouvait être l'opposition que, finalement, j'y renonce et me soumets à la résistible pensée unique ». Le magazine gauche caviar s'est visiblement rangé du côté des Bruni, Val, Lang, BHL, Kouchner et Cie, et s'est glissé dans une des antichambres de la presse people. Ce qui est étonnant, c'est le peu de bruit que cette contorsion a suscité. Pas même un courrier des lecteurs qui lui ait été dédié dans les numéros d'après.  Quant à l'efficacité du coup médiatique « pour sauver le journal », il y a de quoi rester perplexe. Voir note précédente.

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Du moins dans sa forme traditionnelle, la presse écrite est peut être en train de disparaître définitivement. Mais du même coup, le meilleur de son contenu échapperait à ceux qui souhaite encore la contraindre. Désormais on peut compter sur un nombre croissant d'anciens journalistes qui, d'Edwy Plenel - Mediapart -, à Daniel Schneidermann - @rrêt sur images -, en passant par Eric Mettout - Nouvelle Formule -,  préfèrent dirent ce qu'ils pensent en dehors des canaux officiels. En passant par le numérique, ils échappent à la censure, souvent à la médiocrité.

Autre avantage pour les lecteurs : la parole de ces insubordonnés devenant diffuse, il leur faut un surcroît d'énergie, de savoir faire et d'intelligence pour la rendre audible ou lisible. Les lecteurs qui sont aussi des blogueurs ont tout à y gagner.

Si ce n'est pas déjà une réalité, une autre presse est donc en train de se mettre en place. Comme son ainée, elle peut être sujette à caution mais au moins la liberté y est-elle protégée. De fait comme aux Etats-Unis, et de façon extensive, au-delà de la Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen de 1789, qui autorise des restrictions à cette liberté.

Difficile d'imaginer en effet que la presse internet puisse être aussi bien contrôlée ou muselée que l'actuelle presse écrite concentrée entre les mains de personnes physiques dont les capitaux et/ou connivences politiques sont synonymes de pluie et de beau temps. Même la Chine ne parvient pas tout à fait à baîlloner ses blogueurs récalcitrants.

La partie n'est pas gagnée pour autant et même si le repli vers le numérique s'organise, c'est bien la presse traditionnelle qui pour le moment, est en danger, et qu'il faut aider.

.... AFP ; Pour soutenir l’agence Gamma, envoyer vos signatures et coordonnées à soutien.agence.gamma@gmail.com ) .....

Lors d'une réunion organisée le 26 août dernier à Jarnac par la Convention pour la 6ème République, quelques pistes ont été indiquées par Edwy Plenel. Notamment :

  • Généralisation du droit d'accès des citoyens à la « mémoire publique »
  • Garantie réelle du secret des sources
  • Création d'un statut européen de sociétés de médias à but non lucratif, qui seraient exonérées de TVA
  • Re-fondation les droits et les devoirs des journalistes et du public.

Si les contre-pouvoirs démocratiques font de la résistance, c'est tant mieux et c'est à suivre...