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17/11/2009

Corruption portes ouvertes

Les chambres régionales des comptes ont été crées en mars 1982 pour constituer des juridictions financières attachées aux gestions locales. Leur jugement est susceptible d'appel devant la Cour des Comptes et de cassation devant le Conseil d'Etat.

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Il y avait le droit pénal dans lequel les financiers les plus « initiés » finissaient par se prendre les pieds : d'où la dépénalisation du droit des affaires.
Il y avait (il y a encore, mais pour combien de temps ?) les juges d'instructions, capables de mettre en examen ces mêmes financiers : d'où la furieuse envie exprimée à l'Elysée de supprimer le juge d'instruction au profit d'un hyper magistrat instructeur nommé par "le président de tous les français".
Il y a aujourd'hui les magistrats de la chambre régionale des comptes (CRC) : ils risquent d'être remplacés par des observateurs beaucoup moins encombrants et nettement plus dociles aux injonctions venues d'en haut. De quoi être inquiet.

Leurs torts ? Contrôler les recettes et les dépenses des collectivités territoriales, intervenir chaque fois qu'un ordonnateur (un maire par exemple) se trouve en situation de gestion de fait. Traduire : en train de manier de l'argent public à des fins irrégulières, voire personnelles, à travers de fausses factures, des subventions détournées de leur finalité, des déficits budgétaires quasi volontaires etc. Jusqu'à présent et à quelques exceptions près, le principe de séparation entre l'ordonnateur et le comptable du trésor public, fonctionnait à peu près bien. Et le contrôle s'exerçait, dérangeait même parfois jusque dans les couloirs de Bercy.

On comprend alors que cette énième réforme soit imaginée pour transformer le contrôle des dépenses publiques des collectivités territoriales par les CRC en une simple évaluation. Ce qui équivaut à la mise en place d'une corruption organisée. Comme pour la dépénalisation du droit des affaires, la tentation sera grande de fermer les yeux sur les pratiques douteuses de gestionnaires proches du sérail ou ayant partie liée avec lui. Elle tombe à pic et au moment même ou les maires de France, sifflent le courageux fantôme de Matignon à la porte de Versailles à propos de la suppression de la taxe professionnelle. En cas de fronde tenace, on pourra toujours marchander une déresponsabilisation du  statut d'élu local.

A propos, les magistrats de la Chambre Régionale de Comptes ont fait grève aujourd'hui 17 novembre pour revendiquer ce qui leur reste d'indépendance. Si on ne s'en est pas rendu compte c'est qu'ils ne sont que 300 sur l'ensemble du territoire et que le tapage est ailleurs.

10/11/2009

Rencontres littéraires

La littérature fait l'actualité. Ou l'inverse.

C'est le Prix Renaudot 2009 qui, très involontairement peut être, contribue à commémorer le 11 novembre, les « morts pour l'exemple » de la guerre de 14 et beaucoup d'autres injustices ...

Extrait de " Un roman français" de F. Beigbeder- Grasset (p11 & 12)

« Dans sa dernière lettre à mon arrière-grand-mère,Thibaud affirme qu'il ne dispose pas des tenailles pour découper les barbelés afin de se frayer un chemin vers les positions ennemies. Il décrit un paysage crayeux et plat, une pluie incessante qui transforme le terrain en marécage boueux et confie qu'il a reçu l'ordre d'attaquer le lendemain matin (...).

Le 161è Régiment d'Infanterie s'est jeté sur un mur de balles ; comme prévu, mon arrière-grand-père et ses hommes ont été déchirés par les mitrailleuses allemandes... On peut dire que Thibaud a été assassiné par sa hiérarchie. »


C'est aussi Marie NDiaye, Prix Goncourt 2009, racontant des vies déchirées entre l'Afrique et la France qui pose la question de la multiethnicité et constitue un pied de nez au questionnement identitaire actuel...

Extrait d'une interview réalisé pour les Inrockuptibles le 30 août 2009.

Vous sentez-vous bien dans la France de Sarkozy ?

« Je trouve cette France-là monstrueuse. Le fait que nous (avec son compagnon, l'écrivain Jean-Yves Cendrey, et leurs trois enfants - ndlr) ayons choisi de vivre à Berlin depuis deux ans est loin d'être étranger à ça. Nous sommes partis juste après les élections, en grande partie à cause de Sarkozy, même si j'ai bien conscience que dire ça peut paraître snob. Je trouve détestable cette atmosphère de flicage, de vulgarité... Besson, Hortefeux, tous ces gens-là, je les trouve monstrueux. Je me souviens d'une phrase de Marguerite Duras, qui est au fond un peu bête, mais que j'aime même si je ne la reprendrais pas à mon compte, elle avait dit : "La droite, c'est la mort." Pour moi, ces gens-là, ils représentent une forme de mort, d'abêtissement de la réflexion, un refus d'une différence possible. Et même si Angela Merkel est une femme de droite, elle n'a rien à voir avec la droite de Sarkozy : elle a une morale que la droite française n'a plus. »

07/11/2009

Les sceaux du roi

« La justice sans la force est impuissante, la force sans la justice est tyrannique » Blaise Pascal

Dépénalisation du droit des affaires, plus ou moins douteuses, et suppression du juge d'instruction, aimé ou pas, faut-il rapprocher ces deux projets ? Si elles étaient mises en œuvre, l'une comme l'autre, ensemble ou séparément, ces deux « idées géniales » permettraient de contourner, un peu plus, le délit de corruption et de garder les sceaux du roi intacts.

« Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots » disait Jean Jaurès. Ce qui, transposée à la dépénalisation du droit des affaires, pourrait donner : « Quand les Etats ne peuvent, ni ne veulent mettre un terme à la corruption, ils lui inventent un cadre juridique qui la justifie ».

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Lorsqu'à l'automne 2007, le chef du gouvernement déclarait : « La pénalisation à outrance de notre droit des affaires est une grave erreur. Je veux y mettre un terme », il oubliait simplement avoir reçu une formation d'avocat « d'affaires » et que l'avenir pouvait l'amener à vouloir les faire prospérer.

Plus sérieusement ou simplement, la suppression du juge d'instruction, qui peut encore déstabiliser quelques de « destins nationaux » et chefs d'entreprises en exercice, correspond mieux aux objectifs de l'Elysée. Et c'est bien ce qui a été mis en œuvre dès 2007.

Entre 2007 et 2008, le nombre de dossiers confiés par le procureur à des juges d'instruction est passé de 467 à 251. Il y en avait 734 en 2002. La dégringolade est encore plus vertigineuse pour les délits financiers, pour lesquels 21 informations judiciaires seulement ont été ouvertes en 2008, contre 88 en 2007 et 101 en 2006.

Il ne reste plus qu'à « terminer le job » et surtout oublier les protestations comme celle que le juge Eva Joly avait adressée à qui de droit via Le Monde du 15 janvier 2009 :

... « Qui peut encore croire que le juge d'instruction est "l'homme le plus puissant de France" ? Certainement pas vous, Monsieur le président. L'homme le plus puissant de France, c'est vous. Vous avez le pouvoir de faire saisir un tribunal arbitral qui attribue 285 millions d'euros à un de vos soutiens. Vous avez le pouvoir de déguiser une grâce individuelle à un préfet dévoyé en grâce collective. »...

... La liste des enquêtes non effectuées est impressionnante : les soupçons de corruption à l'encontre de Christian Poncelet, ex-président du Sénat ; les flux financiers allégués de Jacques Chirac au Japon ; les fortunes apparemment mal acquises des présidents africains placées en France ; le rôle supposé de la BNP Paribas dans les montages corrupteurs au Congo-Brazzaville et Congo-Kinshasa. ...

... j'appelle les Françaises et les Français épris de justice à la mobilisation contre votre projet. »

Le plus grave dans cette affaire reste que supprimer le juge d'instruction porte atteinte au plus intangible des principes républicains, celui de la séparation des pouvoirs qui inclut l'indépendance de la justice, et revient à donner un cadre légal à toute corruption d'Etat. Beaucoup plus grave que les faits de malversation stricto sensu qui pourront être révélés par Transparency International, organisation de la société civile pour la lutte mondiale contre la corruption.

Cette agence publiera comme tous les ans son Indice de Perception de la Corruption (IPC) le 17 novembre 2009. (Disponible à cette date sur www.transparency.org)

Il faudra alors faire preuve de perspicacité pour mettre à jour les affaires blanchies d'une délinquance en col blanc déjà très occultées par l'Etat.

Pour la petite histoire, Patrick Ouart, issu du sérail présidentiel et Jiminy Criquet de Mam'Dati & Co, pourrait bien être le futur « juge de l'enquête et des libertés » pressenti par l'Elysée pour remplacer le juge d'instruction. A condition que cette réforme se fasse sans trop de résistances...

06/11/2009

Claude Levi Strauss

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Dans un monde qui s'autodétruit et fait une large place à un « mono culturalisme universel », au moment où un débat mesquin, minable et "imbécile" sur l'identité nationale est lancé, Claude Levi Strauss suscite aujourd'hui les éloges de ceux qui, pour la plupart, n'ont tiré aucun enseignement de son humanisme et de ses travaux. Le découvrir en toute humilité et sans discours superflu est le seul hommage qu'on puisse lui rendre.


 

Entretien avec Claude Levi-Strauss - kewego
Rencontre filmée en 1998 au Collège de France lors de laquelle le célèbre penseur et anthropologue évoque ses souvenirs des Landes et du lycée de Mont-de-Marsan où il enseigna.

30/10/2009

Diversions

Que masque le déluge d'informations auquel nous sommes soumis ? Après les sketchs Hortefeux, Mitterrand et Sarkozy 2, nous voilà plongés dans une nouvelle marmite où les affaires « Boulin », « Angolagate », « Levée du secret-défense », « Grandes surfaces pénalisées », « Evadés fiscaux », « Sommet pour l'Union de la Méditerranée », « Débat sur l'identité nationale » et autre « pandémie » distillent leurs effluves.

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Prises l'une après l'après l'autre, toutes ces informations provoquent une indignation certaine et ouvrent un champ utile à la lucidité. Ensemble, elles deviennent illisibles et font diversion.

Les grandes questions environnementales et/ou économiques sont, de cette manière, plus ou moins évacuées, passées sous silence, et l'opinion publique, lancinée par les inégalités qui la concerne aussi directement que douloureusement, est mise à contribution, prise à témoin, détournée de ses préoccupations pour une mascarade d'affaires tendant à prouver, qu'au fond, la justice fonctionnerait à peu près normalement. Triste tropisme.

Mais l'artifice ne fonctionne plus, tant il est sûr que :

  • Jamais l'affaire Boulin ne débouchera sur la mise au ban de personnalités ayant « trempé » dans des ventes d'armes, trafics d'influence et réseaux douteux tels que ceux révélés par l'Angolagate, autre affaire où « maître » Pasqua tente encore de terroriser un public suspendu à sa cause de grand conspirateur.
  • Jamais le secret-défense, ne sera tout à fait levé sur les commissions occultes perçues ici et là.
  • Jamais les «évadés fiscaux» ne seront rattrapés, et s'ils l'étaient ce ne serait sans doute pas suffisant pour renflouer les caisses d'un Etat hyper endetté.
  • Jamais les grandes surfaces, qui pour la plupart appartiennent à des amis de la famille au pouvoir, ne seront pénalisées pour avoir fait usage de clauses abusives avec leurs fournisseurs.
  • Jamais les dépenses élyséennes pointées du doigt par la cour des comptes ne seront revues à la baisse surtout si elles peuvent contribuer à rehausser, même artificiellement, l'exercice de la fonction présidentielle.

On en oubliera certainement et de meilleures sur la réalité des collusions et arrangements consentis entre pouvoirs publics, qui se disent indépendants, et intérêts privés au détriment des trois principes républicains, entre prétendants et détenteurs d'une fonction représentative au détriment d'une logique démocratique.

Entre communication, «pédagogie» et manipulation, la confusion des genres est savamment entretenue sans que personne n'ait encore programmé le prochain faux semblant ni jusqu'à quand la superposition des diversions laissera la cible que nous sommes indifférente et sans réelle réaction.

Autre approche de la diversion : celle de Marc Fiorentino, banquier, trader et PDG français, spécialiste des marchés financiers. Fils d'un père manutentionnaire et d'une mère ouvrière, Marc Fiorentino est diplômé d'HEC. Il a dirigé des banques d'affaires américaines en Europe durant seize ans.
« Gagner du temps, faire diversion est une technique gouvernementale pour noyer une situation mauvaise pour les français (...) Marc Fiorentino est déçu, aussi, que la presse en soit le porte-parole ! »
Voir son interview vidéo par Trixie de Geffrier

14/10/2009

Défense du Théâtre Toursky

Richard Martin et l'ensemble de la délégation partie de Marseille pour soutenir l'existence du Théâtre Toursky se présenteront à 14h30 au Ministère de la Culture et de la Communication, rue de Valois, afin d'y rencontrer Frédéric Mitterrand ou l'un de ses représentants habilité à traiter du dossier de ce théâtre  qui existe

Le 15 octobre sera le 12e jour de la grève de la faim de Richard Martin et Jean Poncet. Tergiversations et faux-fuyants ne pourront plus être de mise. La crédibilité des propos récurrents du Ministre quant à son souci de "défendre et promouvoir les artistes, porter le multiculturalisme et s'investir dans la culture populaire", est à ce prix. Le fonctionnement du théâtre Toursky aussi, qui n'a d'autre raison d'être que de conjuguer culture, mixité sociale et internationalisme.

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MICHEL BOUQUET, comédien :

« Avec ce théâtre, je défends avant tout le respect du public. J'y ai joué plusieurs fois des pièces très importantes comme Le roi se meurt de Ionesco, comme des Molière et chaque fois, sur les trois ou quatre représentations que nous donnions, j'ai trouvé d'abord une salle absolument comble et un public tout à fait magnifique. Et je me suis dis que ce public trouvait une complète satisfaction dans les spectacles qui lui étaient présentés, puisqu'il s'abonnait et restait fidèle. C'est une chose très rare et très importante de pouvoir rassembler autant de monde sur une pièce comme celle de Ionesco.
J'ai joué dans différents endroits à Marseille, mais j'ai rarement trouvé une chaleur aussi forte que chez Richard Martin. J'en ai déduit que non seulement le théâtre Toursky était nécessaire, mais qu'en plus il avait totalement fait ses preuves.
A mon âge, je sais quelle est la difficulté de construire un vrai public. Un public prêt à entendre les textes les plus difficiles et à voir les spectacles les plus importants. Pas forcément distrayants comme on l'entend dans certains cas, mais complètement distrayants sur le plan de l'esprit et du cœur. Un public qui se réunit en très grand nombre pour se frotter aux plus grands auteurs du siècle passé ou des auteurs contemporains.
Je suis très heureux de saluer en Richard Martin quelqu'un que je respecte infiniment. Sa personnalité est très importante, au même titre que les grands hommes de théâtre qui, entre les deux guerres, ont construit avec le Cartel des publics magnifiques. Que ce soit Dullin, Jouvet, Baty, Pitoeff... Richard est à mon avis de cette race-là. J'ai trouvé en Richard un défenseur de cette forme d'esprit, de cette forme de théâtre qui s'apparente au Cartel (*).
Je ne comprendrais donc pas qu'on puisse priver cet homme de son outil de travail et ce nombre de spectateurs de ce lieu de rencontres et d'évolution intellectuelle. »
La Marseillaise du 9/10/09.


(*) Michel Bouquet veut parler du « Cartel des quatre » (Dullin, Jouvet, Baty, Pitoeff), association d'entraide créée en 1927, basée sur l'estime professionnelle, le respect réciproque et dans le but de donner une visibilité au théâtre d'avant-garde.

10/10/2009

Walter, retour en résistance

A travers l'histoire de Walter, ancien résistant, ancien déporté haut-savoyard et sur fond de politique actuelle, deux questions se posent tout au long d'un film qui sortira sur les écrans le 4 novembre 2009 :
« Qu'avons-nous fait des idéaux du Conseil National de la Résistance ? »
« Résister se conjugue-t-il au présent ? »

Deux questions qui font la trame du film de Gilles Perret « Walter, retour en résistance » et qui confirment une stratégie de résistance civile déjà perceptible sur le net comme sur le blog d'hypos.
Résistance historiquement mise en œuvre par le CNR, puis par des prix Nobels de la Paix tels qu'Albert Luthuli contre l'apartheid en Afrique du Sud (Prix Nobel en 1960), Martin Luther King en faveur des droits civiques des Noirs nord-américains (1964), Andreï Sakharov pour les droits de l'homme dans l'ex-Union Soviétique (1975), le Dalaï Lama contre l'occupation chinoise au Tibet (1989) ou Aung San Suu Kyi, dirigeante de l'opposition démocratique en Birmanie (1991). (*)

Résistance non violente et pourtant "révolutionnaire" en ce sens qu'elle a contesté ou conteste encore un Etat de fait fondé sur l'injustice et la violence policière dans le but de rétablir ou d'établir un Etat de droit fondé sur la justice et la paix sociale. A noter que personne ne peut raisonnablement appeler aujourd'hui à une guerre civile, contestable à plus d'un titre bien que compréhensible.

Evidemment pour parvenir à cet Etat de droit idéal, une des grandes difficultés à surmonter réside encore aujourd'hui dans cette remarque tirée du Discours de la servitude volontaire d'Etienne de La Boétie qui notait en son temps : "Je désirerais seulement qu'on me fit comprendre comment il se peut que tant d'hommes, tant de villes, tant de nations supportent quelquefois tout d'un Tyran seul, qui n'a puissance que celle qu'on lui donne". Autrement dit : il faut surmonter la force d'inertie des opprimés.
Autre difficulté : Les pouvoirs criminalisent les comportements et les répriment au nom de la délinquance ou du terrorisme. Mais comme le souligne Alain Refalo, Président du Centre de ressources sur la non-violence :

"Le caractère public, collectif et non-violent de la désobéissance civile manifeste le caractère civique de l'acte commis. Il n'appelle pas à une désobéissance généralisée à toutes les lois et ne conduit pas à une forme d'anarchie non maîtrisée comme les pouvoirs voudraient le faire croire. Celui qui transgresse la loi pour défendre une juste cause assume les conséquences de son acte, à la différence du délinquant qui le plus souvent cherche à nier les faits qu'on lui reproche. C'est pourquoi « criminaliser » la désobéissance civile, c'est, pour l'Etat, la discréditer auprès de l'opinion publique. En restant ferme sur l'éthique des moyens employés et en communiquant sur l'affichage non-violent de la démarche, les militants de la désobéissance possèdent une arme à double coup pour dénoncer les mensonges de l'Etat et gagner la bataille de l'opinion publique." (...)

La résistance civile, paradoxalement, apparaît comme un temps privilégié de renforcement de la démocratie. La vitalité démocratique d'une société pourrait se mesurer à la capacité des citoyens à enfreindre la loi dans certaines circonstances, c'est-à-dire à prendre des risques personnels et collectifs pour défendre des causes essentielles. Les lois ne sont jamais figées, elles sont en constante évolution. C'est pourquoi les citoyens ont un rôle particulièrement actif à jouer pour faire évoluer le droit, y compris en transgressant certaines lois lorsque cela est justifié. « Tout le droit s'est construit parce que des gens ont résisté, ont désobéi à un droit qui était devenu injuste, admet François Roux, avocat de José Bové. La société se donne des règles et il est inadmissible d'imaginer que ces règles soient intangibles. Le monde est en mouvement." Extraits d'un article paru dans la revue Silence, Novembre 2005.

La résistance civile opposée au pouvoir abusif n'a jamais eu d'autre solution que de prendre à partie l'opinion publique, que de se constituer un tiers pouvant appuyer sa cause pour peu que ce tiers réussisse à identifier sa propre révolte ou à ressentir une certaine solidarité. La croissance de la résistance obéit ainsi à une série de réactions sociales en chaîne perceptible dans les circuits économiques ou les réseaux culturels du corps social. Médias, sites et blogs citoyens compris y participent n'en déplaise aux partisans d'Hadopi.


(*) Pour l'instant, l'attribution du Nobel de la Paix 2009 à B. Obama n'est pas comparable puisqu'il ne récompense pas une quelconque résistance, sauf à considérer celle-ci comme « préventive ». Ce qui pose problème.

08/10/2009

Tout le monde le sait

Everybody Knows
Leonard Cohen


Tout le monde sait que les dés sont truqués
Tout le monde les jettent avec les doigts croisés
Tout le monde sait que la guerre est terminée
Tout le monde sait que les bons gars ont perdu
Tout le monde sait que le combat était arrangé d'avance
Les pauvres restent pauvres, les riches s'enrichissent
C'est comme ça
Tout le monde le sait

Tout le monde sait que le bateau fuit
Tout le monde sait que le capitaine a menti
Tout le monde a ce sentiment de déchirement
Comme si leur père ou leur chien venait de mourir
Tout le monde parle à ses poches
Tout le monde veut une boîte de chocolats
Et une rose à longue tige
Tout le monde le sait

Tout le monde sait que tu m'aimes bébé
Tout le monde sait que tu m'aimes vraiment
Tout le monde sait que tu as été fidèle
Ah, à une ou deux nuits près
Tout le monde sait que tu as été discrète
Mais il y avait tellement de gens que tu devais rencontrer
Sans tes vêtements
Et tout le monde le sait

Tout le monde le sait, tout le monde le sait
C'est comme ça
Tout le monde le sait

Tout le monde sait que c'est maintenant ou jamais
Tout le monde sait que c'est toi ou moi
Et tout le monde sait que tu vis éternellement
Et quand que tu t'es fait une ligne ou deux
Tout le monde sait que le marché est pourris
Old Black Joe cueille encore du coton
Pour vos rubans et vos foulards
Et tout le monde sait

Et tout le monde sait que la peste arrive
Tout le monde sait que ça bouge rapidement
Tout le monde sait que les hommes et les femmes nues
Sont seulement un artéfact du passé
Tout le monde sait que la scène est morte
Mais il y aura un compteur sur ton lit
Qui révélera
Ce que tout le monde sait

Et tout le monde sait que tu es dans le trouble
Tout le monde sait ce que tu as dû traverser
Depuis la croix sanglante au dessus du Calvaire
Jusqu'aux plages de Malibu
Tout le monde sait que ça se casse
Jette un dernier coup d'œil au sacré cœur
Avant qu'il n'éclate
Et tout le monde sait

01/10/2009

Outrage ? Où ça ?

La CNDS, autorité administrative indépendante créée en 2000 était jusqu'ici chargée de veiller au respect de la déontologie par les personnes exerçant, sur le territoire de la République, des activités liées à la sécurité. Pratique : vous aviez été victime ou témoin d'outrance policière, vous pouviez saisir la Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité.
C'était pratique mais de moins en moins efficace, les crédits budgétaires étant progressivement restreints.

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Il faut dire que le contenu des rapports annuels, présentés pourtant sous forme de simples recommandations par la commission devenaient de plus en plus gênants. Par exemple dans son rapport de 2008, il était écrit :

« Cette année, la CNDS a décidé de recourir à deux reprises à la publication de rapports spéciaux au Journal Officiel de la République française, plusieurs de ses recommandations dans deux dossiers particulièrement importants à ses yeux n'ayant pas été suivies d'effet. L'un concernait des violences commises en milieu pénitentiaire, favorisées par de multiples négligences simultanées ou successives du personnel pénitentiaire et traitées de manière inadéquate par la direction de l'établissement pénitentiaire (saisine 2007-23, rapport 2008 - J.O. du 2/12/2008). L'autre évoquait des violences subies par un étranger après son refus d'embarquement et imputées à des fonctionnaires de la police aux frontières qui ont, de surcroît, tenté d'échapper par diverses manœuvres à la compétence et aux investigations de la Commission (saisine 2006- 29, rapport 2007 - J.O. du 18/01/2009). »

A cela s'ajoutait dans le même rapport, toute une série de dénonciations qui pour un fonctionnaire de police sont d'autant plus dures à entendre qu'elles sont justifiées :

« Dans d'autres situations, les fonctionnaires se sont adressés de manière irrespectueuse aux personnes auxquelles ils ont eu affaire, alors même qu'elles restaient calmes et obtempéraient aux ordres (v. not. saisine 2007-19, à Villiers-le-Bel). La pratique du tutoiement, l'usage de paroles vexantes, ainsi que toute attitude susceptible d'être interprétée comme un acharnement discriminatoire, sont à proscrire absolument. »

C'était plus qu'il n'en fallait pour que la CNDS soit définitivement dissoute.

Au passage, on en profite pour que le défenseur du droit des enfants soit lui aussi supprimé alors que de par sa fonction il était habilité à saisir ministre et préfet pour un plus grand respect des mineurs de plus en plus inquiétés par les services de police.

Alors, où est l'outrage ? Un début de réponse se trouve dans la vidéo qui suit et diffusée sur « Envoyé Spécial ». Pas même censurée.

De quoi demander la dépénalisation du délit d'outrage pour au moins deux raisons strictement objectives :

  • Le soi-disant outrage sert à masquer et à couvrir des dérives policières inacceptables
  • Il est utilisé à des fins mercantiles par des fonctionnaires qui arrondissent leurs fins de mois en se portant partie civile.

Trois clics pour rejoindre les 12479 signataires qui partagent à ce jour cette évidence.

Et dans la foulée, pourquoi ne pas imaginer que les missions dévolues hier à la CNDS et au défenseur du droit des enfants relèvent demain d'une commission européenne ?

22/09/2009

Cyber dissidence

Sous la pression d'un nouveau type de vidéosurveillance qui les déstabilise et se retourne contre ceux qui voudraient contrôler TOTALEMENT l'opinion, Vincent Peillon pense aussi mal qu'Henri Guaino, JF Copé et quelques autres :
«Je viens d'une culture républicaine qui considère que le pire c'est qu'on veuille montrer tout. (...) J'ai toujours pensé que tout rendre visible, c'est le début du totalitarisme» dit-il sur FranceInfo.

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Les progrès technologiques constituent sans doute une source d'asservissement et il n'est pas faux de dire que les utilisateurs d'internet, de compacts ou autres téléphones portables sont devenus dépendants du numérique.

Mais le malaise éprouvé par les politiques ne vient pas de là. Depuis quand se préoccuperaient-ils en effet du degré de liberté, de l'absence de dépendance accordée à leurs électeurs potentiels, voire d'une option sécuritaire qui ne soit pas qu'un prétexte.
La plupart acceptent d'être faussement effarouchés dans l'indécence de leur vie privée véhiculée par la presse people. Puisqu'on est ici dans la logique du «gagnant-gagnant», - tout au plus intentent-ils des procès rémunérateurs - le malaise ne vient donc pas de là non plus.

Il ne serait pas faux de dire que le numérique et donc internet est ouvert à tout le monde y compris aux dictateurs et aux gouvernants. La polémique actuelle semble oublier volontairement (?) la question. Et lorsque la CNIL est chargée de rendre un rapport sur le projet de «Loi d'Orientation et de Programmation pour la Performance de la Sécurité Intérieure», Loppsi 2, ce ne sont pas les blogueurs de l'Elysée qui sont concernés.

Par ailleurs, mis à part les dérapages révélateurs et politiquement honteux dans lesquels se sont fait surprendre les Vals, Hortefeux et quelques autres, aurions-nous, sans ressource au numérique, une idée des résistances qui s'expriment un peu partout dans le monde.
Il semble qu'une bataille par internet interposé ait vraiment commencé. Peut-on alors parler de totalitarisme lorsqu'une opposition cyberdissidente parvient à contourner la censure et que les organisations concernées par les droits de l'homme y trouvent un moyen de dénoncer les dictatures au pouvoir ?


Personne ne sera suffisamment naïf pour croire que cette bataille est forcément gagnée puisque, et ce n'est qu'un exemple, des logiciels espions sont en cours d'élaboration et que la chasse aux blogueurs indépendants est lancée. Selon Reporters Sans Frontières, leur nombre ne cesse d'augmenter. Ils sont actuellement emprisonnés en Chine, Iran, Birmanie, Syrie ..., tandis que les Peillon, Guaino, Copé et quelques autres commencent ici à s'agiter et à imaginer courageusement une "régulation des libertés fondamentales" !!!

17/09/2009

Patrimoine et partis politiques

Les partis politiques appartiennent-ils au patrimoine ?

Pas de doute en ce qui concerne quelques uns de leurs lieux de réunions : Versailles, Palais du Luxembourg, Palais Bourbon qui seront visités les 19 & 20 septembre à l'occasion des journées du patrimoine.
Quant aux partis politiques eux-mêmes, acteurs d'un spectacle devenu répétitif et éprouvant, il se pourrait bien qu'ils so
ient enfin «revisités» comme le souhaitait la philosophe Simone Weil (1909‑1943), dans sa «Note sur la suppression générale des partis politiques» écrite en 1940.

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Argumentaire en dix points résumés de la philosophe :

  1. Critère du bien : "en premier lieu, la vérité et la justice ; en second lieu, l'utilité publique". (p.25)
  2. "La démocratie, le pouvoir du plus grand nombre, n'est pas le bien. C'est un moyen, pour satisfaire vérité, justice et utilité publique". (p.25)
  3. "Il y a plusieurs conditions pour pouvoir appliquer la notion de volonté générale. Deux retiennent l'attention (p.30) : absence de passion collective d'une part ; que le peuple ait à exprimer son vouloir à l'égard des problèmes de la vie publique et non pas de faire des choix de personnes. Encore moins un choix de collectivités irresponsables", d'autre part. (...) "Le seul énoncé de ces deux conditions montre que nous n'avons jamais rien connu qui ressemble même de loin à une démocratie." (p.32-33)
  4. "Pour apprécier les partis politiques selon les critères de vérité, de justice et d'utilité publique, il convient d'en discerner les caractères essentiels. On peut en énumérer trois (p35) : Un parti politique est une machine à fabriquer de la passion collective".
  5. "Un parti politique est une organisation construite de manière à exercer une pression collective sur la pensée de chacun des êtres humains qui en sont membres".
  6. "L'unique fin de tout parti politique est sa propre croissance, et cela sans aucune limite".
  7. "Par ce triple caractère, tout parti est totalitaire en germe et en aspiration (...)" (p.35)
  8. "Aucune quantité de pouvoir ne peut jamais être regardée comme suffisante (...) Le parti se trouve (...) dans un état continuel d'impuissance qu'il attribue toujours à l'insuffisance du pouvoir dont il dispose. Serait-il maître absolu du pays, les nécessités internationales imposent des limites étroites." (p40)
  9. "Un homme qui adhère à un parti a vraisemblablement aperçu dans l'action et la propagande de ce parti des choses qui lui ont paru justes et bonnes. Mais il n'a jamais étudié la position du parti relativement à tous les problèmes de la vie publique. En entrant dans le parti, il accepte des positions qu'il ignore (...) Quand peu à peu, il connaîtra ces positions, il les admettra sans examen". (p59)
  10. A moins de renoncer à lui-même, aucun homme ne peut servir deux maîtres à la fois, un idéal collectif et un intérêt individuel, encore moins une idéologie relevant de la pensée unique et des convictions personnelles librement assumées.

Pour éclairantes que soient ces réflexions, il faut bien s'avouer que les partis restent pour l'instant un mal nécessaire. Il serait pourtant possible, d'en rétablir la crédibilité et d'en atténuer le coté négatif au moins partiellement en :

  • établissant la validité du « vote blanc » pour qu'il soit comptabilisé
  • organisant la gratuité totale des adhésions aux partis politiques
  • alignant le salaire des élus sur celui des fonctionnaires

Quant à leur aspect « patrimoine », à l'instar de la gastronomie, les partis politiques pourraient in extremis être sauvés de leur actuelle déconfiture s'ils devaient bénéficier d'une mesure de protection opportunément concoctée par convention de l'UNESCO, ratifiée par 78 Etats le 20 juin 2007.  Et ce, au même titre que « L'isopolyphonie populaire albanaise », « Le muqam ouïgour du Xinjiang » ou « Les dessins sur le sable de Vanuatu ».

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En effet, selon cette convention,

« On entend par Patrimoine Culturel Immatériel les pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire (...) que les communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel. Ce patrimoine culturel immatériel, transmis de génération en génération, est recréé en permanence par les communautés et groupes en fonction de leur milieu (...), leur procure un sentiment d'identité et de continuité (...). Aux fins de la présente Convention, seul sera pris en considération le patrimoine culturel immatériel conforme aux instruments internationaux existants relatifs aux droits de l'homme, ainsi qu'à l'exigence du respect mutuel entre communautés, groupes et individus, et d'un développement durable. »

Ayant une part de responsabilité (trop souvent malheureuse) dans notre histoire et notre culture, « revisités » ou pas, pourquoi les partis politiques n'entreraient-ils pas au Patrimoine Culturel Immatériel de l'Humanité ?

15/09/2009

Paniques, paranos ... Pa-d'soucis ...

... c'est rentable.

On avait déjà entendu qu' «aucun pouvoir ou aucun contre-pouvoir, n'a plus la moindre influence sérieuse sur le cours des événements, parce que l'humanité s'est laissée déborder par les systèmes qu'elle a créés, à commencer par le marché ».

On peut aussi préciser que les dits pouvoirs et contrepouvoirs sont d'autant plus impuissants et muselés qu'ils se sont depuis longtemps laissés piégés par des lobbies dont on mesure mal aujourd'hui la capacité réelle à « orienter » les gouvernances. Les plus efficaces sont sans doute ceux qui sont au service de multinationales de type Monsanto. Ils détiennent les clés du système, l'influencent et le verrouillent, mais ne le contrôlent pas forcément.

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Sur ce constat, on peut ainsi avancer qu'il est plus important pour une multinationale de rémunérer et de protéger ses lobbyistes que d'être cotée en bourse. A moyen terme, c'est par ce biais que ses intérêts financiers seront les mieux servis.

Dès lors, comble du cynisme, les catastrophes, pandémies, famines organisées, guerres et autres peurs paniques deviennent des opérations rentables pour les Etats (nouveau PIB) pour ces multinationales qui ne « travaillent » pas toutes dans le même secteur et dont les intérêts peuvent se télescoper, concurrence oblige.

Quant au long terme, le capitalisme ayant ses limites, c'est plutôt catastrophique : inégalités intérieures aux Etats, inégalités entre Etats, entre continents, inégalités aggravées par les taux de croissance démographique, accrues par l'épuisement des ressources naturelles et par les pollutions résultant de l'activité industrielle... Comme tout a une fin..., on imagine la suite.

Les pouvoirs politiques des Etats, pour se maintenir en place n'ont d'autres solutions que d'employer une série d'outils qui, n'ayant rien à voir avec l'idée idyllique que l'on peut se faire de la démocratie, s'apparente à une propagande digne d'Orwell. La manipulation est à l'œuvre. Une œuvre de survie avant le carnage. Et pas pour l'éviter !!!

D'où le développement pour ainsi dire généralisé de techniques éprouvées visant à développer et entretenir les thèmes sécuritaires, à décerveler, à culpabiliser, à infantiliser, paniquer, divertir et maintenir sous contrôle l'opinion public. Laquelle, impuissante et aveuglée, en déduira alors une quelconque théorie du complot fomentée par des maîtres du monde s'entendant en coulisses pour le mettre à sac.


Et des réunions cultivant cet obscurantisme existent bel et bien. Des plus « connues » quoique secrètes et réservées à des invités triés sur le volet, celle de Bilderberg par exemple, se voudrait être une occasion de discuter aimablement, « librement », et sans opposition à propos des grandes questions de ce monde. Ceux qui y participent peuvent-ils être pour autant qualifiés de « Maîtres du Monde » ? Les réponses ne peuvent pas être unanimes puisqu'elles font appel au subjectif, à l'émotionnel.

Tout au plus peuvent-ils se dire : « Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d'en être les organisateurs, nous n'en seront que plus redoutés et mieux à même de susciter un quelconque intérêt (...) Organisons nos petites affaires discrètement pendant qu'il en est encore temps ».

Ce qui n'est bien entendu pas sans incidence sur l'avenir immédiat de la planète, mais à long terme, pas ou très peu déterminant.

Les véritables maîtres du monde, les détenteurs de « capitaux  significatifs » auxquels les "Bilderbergers" voudraient tous être assimilés, sont de toute façon incapables d'anticiper les catastrophes planétaires dont tout le monde sera finalement victime, eux y compris. C'est peu dire qu'entre le Docteur Faust, l'Apprenti sorcier et eux, la ressemblance est frappante. Il reste que la recette de la rumeur - deux tiers de vrai, pour un tiers de faux rendu apparemment crédible - lorsqu'elle fonctionne, contribue à détourner l'attention et à masquer la réalité,exemptée du coup de toute explication, avec un résultat identique à celui de la propagande. Pa-d'soucis, dans ce cas là aussi et surtout en période de crise, la rumeur est une affaire qui marche toute seule. A moins de ne pas accepter d'y succomber.

12/09/2009

Dégradation des services postaux

Le Conseil des ministres a examiné, mercredi 29 juillet, le projet de loi relatif à l'évolution de La Poste. L'entreprise publique devrait prendre la forme d'une société anonyme le 1er janvier 2010, bien que la directive européenne n'impose ni le statut de société anonyme ni la privatisation. Les avis contraires (1) (2) ne changent rien à l'affaire.

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Retour en arrière ....

Le lundi 2 décembre 1974, le personnel des PTT reprend le travail après plus de 45 jours de grève particulièrement mal vécue par les grévistes, le gouvernement de V.G.E., les usagers (qui ne sont pas encore des « clients »), les syndicats, les entreprises...

Dans certains établissements, la reprise du travail est difficile : des affiches incitant le personnel à ralentir les cadences sont apposées au centre de tri de la gare de Lyon. Le directeur réagit immédiatement en publiant une note de service : «L'agent qui travaille avec un rendement volontairement inférieur à la normale engage sa responsabilité au plan disciplinaire. Tout agent qui incitera ses collègues à travailler avec un rendement inférieur à la normale fera l'objet d'un retrait de service immédiat suivi d'une procédure disciplinaire».

Chanson initiée pendant cette grève qui en dit assez, déjà à l'époque, de la transformation-dégradation de l'institution

« Les grosses sociétés sont privilégiées

Le p'tit usager n'a que le droit d'payer

Lelong veut nous vendre, ITT achète

Allons-nous attendre sans relever la tête

Aux PTT, on a en marre d'être exploités

D'avoir des salaires de misère

Pour vaincre, il nous faudra

Postiers et usagers, la solidarité

Y'a les auxiliaires qui coûtent pas cher

Qu'ont pas le droit d'gueuler, sans être licenciés

On est des milliers, bretons, antillais

A être déportés loin d'où on est né

On est encadré, on est minuté

Sur notre clavier, il faut s'acharner

On est attaché, pas le droit d'parler

Et il faut mendier pour aller pisser »

Durant les années 80-90 qui suivent, dans un contexte de crise économique, l'Etat se révèle incapable de préserver croissance et plein-emploi. La notion de service public qui reposait sur l'idée d'infaillibilité de la gestion publique et sur l'affirmation de sa supériorité sur la gestion privée est remise en cause, preuves à l'appui, par un ultralibéralisme rampant qui, sciemment, entretient la confusion entre secteur public, service public et mission de service public. L'incapacité de l'Etat à réagir n'était/n'est pourtant pas une fatalité.

Les principes de concurrence et de rentabilité sont devenus les arguments massue d'une construction européenne. Le terme de service public n'est quasiment plus employé dans les textes de Bruxelles. On lui préfère les notions de service universel ou de services d'intérêt économique général.

Les plus pessimistes pensent aujourd'hui que la logique du marché néolibéral a définitivement triomphé. Sauf que les artisans de ce jeu de massacre continuent de se justifier comme s'ils n'avaient pas encore tout à fait obtenu gain de cause.
Les raisons invoquées, un déluge d'hypocrisies, sont toujours les mêmes. Elles recouvrent un vocabulaire et un arsenal discursifs éculés. Trop pour être vraiment crédibles. Qui pourrait croire par exemple que la poste devienne dans le contexte actuel une banque postale comme les autres banques, l'éthique en plus ?!!

Reste que deux catégories de missions de service public peuvent peut-être encore être défendues y compris à l'échelle européenne :

  • Celles qui, au-delà de la lutte contre l'exclusion et la pauvreté, contribuent à la cohésion sociale nationale et européenne.
  • Celles qui visent à favoriser une utilisation cohérente des territoires et des ressources communes.

Pour la Poste, symbole de lien social depuis sa création au XVIIème siècle, l'enjeu tourne autour d'une régulation qui concilierait concurrence et sauvegarde des missions de service public, indispensable à l'exercice des droits fondamentaux.

De quoi être en tout cas mobilisé contre un texte de loi entérinant une situation qui s'est lentement et depuis longtemps dégradée sous le regard bienveillant des gouvernements de tous bords.

01/09/2009

Presse, le repli numérique

La presse sous contrôle, c'est une réalité qui n'est pourtant pas ou mal acceptée par la plupart des patrons de presse et directeurs de publication qui se disent, à tort, encore indépendants. Ce qui relèverait d'une forme de déni s'ils en étaient vraiment convaincus. En tous cas, si les journaux dont ils ont la responsabilité et qui ne leur appartiennent heureusement pas, sont encore dignes de crédit c'est le fait de salariés qui essaient d'y transmettre l'information en toute conscience et honnêteté.

Parmi les exemples d'indépendance perdue, quasi définitivement et de façon plus ou moins spectaculaire, on peut notamment citer le cas du Nouvel Observateur, volontiers récidiviste.

Avant les vacances, ce bastion supposé de la presse d'opposition socialiste, a préféré consacrer quelques pages d'interview à N. Sarkosy, entrecoupées de publicités glacées très chiques, plutôt que de s'intéresser à un vrai débat de société ou à l'évolution du PS, en butte à ses démons et pour cause. Du « j'aime tellement la gauche que je lui tape dessus en permanence à bras raccourcis », on est passé à « j'ai tellement réfléchi à ce que pouvait être l'opposition que, finalement, j'y renonce et me soumets à la résistible pensée unique ». Le magazine gauche caviar s'est visiblement rangé du côté des Bruni, Val, Lang, BHL, Kouchner et Cie, et s'est glissé dans une des antichambres de la presse people. Ce qui est étonnant, c'est le peu de bruit que cette contorsion a suscité. Pas même un courrier des lecteurs qui lui ait été dédié dans les numéros d'après.  Quant à l'efficacité du coup médiatique « pour sauver le journal », il y a de quoi rester perplexe. Voir note précédente.

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Du moins dans sa forme traditionnelle, la presse écrite est peut être en train de disparaître définitivement. Mais du même coup, le meilleur de son contenu échapperait à ceux qui souhaite encore la contraindre. Désormais on peut compter sur un nombre croissant d'anciens journalistes qui, d'Edwy Plenel - Mediapart -, à Daniel Schneidermann - @rrêt sur images -, en passant par Eric Mettout - Nouvelle Formule -,  préfèrent dirent ce qu'ils pensent en dehors des canaux officiels. En passant par le numérique, ils échappent à la censure, souvent à la médiocrité.

Autre avantage pour les lecteurs : la parole de ces insubordonnés devenant diffuse, il leur faut un surcroît d'énergie, de savoir faire et d'intelligence pour la rendre audible ou lisible. Les lecteurs qui sont aussi des blogueurs ont tout à y gagner.

Si ce n'est pas déjà une réalité, une autre presse est donc en train de se mettre en place. Comme son ainée, elle peut être sujette à caution mais au moins la liberté y est-elle protégée. De fait comme aux Etats-Unis, et de façon extensive, au-delà de la Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen de 1789, qui autorise des restrictions à cette liberté.

Difficile d'imaginer en effet que la presse internet puisse être aussi bien contrôlée ou muselée que l'actuelle presse écrite concentrée entre les mains de personnes physiques dont les capitaux et/ou connivences politiques sont synonymes de pluie et de beau temps. Même la Chine ne parvient pas tout à fait à baîlloner ses blogueurs récalcitrants.

La partie n'est pas gagnée pour autant et même si le repli vers le numérique s'organise, c'est bien la presse traditionnelle qui pour le moment, est en danger, et qu'il faut aider.

.... AFP ; Pour soutenir l’agence Gamma, envoyer vos signatures et coordonnées à soutien.agence.gamma@gmail.com ) .....

Lors d'une réunion organisée le 26 août dernier à Jarnac par la Convention pour la 6ème République, quelques pistes ont été indiquées par Edwy Plenel. Notamment :

  • Généralisation du droit d'accès des citoyens à la « mémoire publique »
  • Garantie réelle du secret des sources
  • Création d'un statut européen de sociétés de médias à but non lucratif, qui seraient exonérées de TVA
  • Re-fondation les droits et les devoirs des journalistes et du public.

Si les contre-pouvoirs démocratiques font de la résistance, c'est tant mieux et c'est à suivre...

20/08/2009

Ricardo Petrella

Sous titre actuel ou impossible : La gauche a-t-elle un avenir ?

Une intervention vidéo intéressante de Ricardo Petrella qui dévoile son analyse critique des formes actuelles de la mondialisation :

 

Contre la marchandisation du monde, Ricardo Petrella, énonce quelques vérités bonnes à marteler et qui ne devraient pas seulement figurer au catalogue des bonnes intentions d’une gauche de terrain. Par exemple :

  • La gauche européenne serait-elle incapable d’imaginer un système rendant la fiscalité plus juste et plus efficace ?
  • D’imaginer un véritable plan de guerre contre la pauvreté ?
  • Serait-elle incapable d’affirmer la prééminence de biens publics mondiaux (santé, éducation, habitat etc.), plutôt que de succomber aux sirènes du néolibéralisme et de ne pas oser affronter ses adversaires réels ?

Ne souhaitant visiblement pas que l’expression «passer l’arme à gauche» devienne autre chose qu’une simple façon de parler, Ricardo Petrella s'étonne aussi, que l’on ne soit toujours pas capable de garantir un accès équitable aux ressources vitales et naturelles, alors qu'on a presque tout mondialisé (transports, commerce, agriculture, culture, finance...).


 

18/08/2009

Indifférence et soumission

Soumise ou indifférente, les pouvoirs en place ont de toute façon besoin de l’opinion publique pour fonctionner. Le consentement de cette opinion a été, est, fabriquée compte tenu de mécaniques inconscientes décrites entre autre au travers des expériences de Milgram (estimation de la capacité des individus à obéir quelques soient les ordres reçus ou les cas de conscience posés), ou du syndrome de Stockholm (les sujets sont amenées à prendre la défense du maître qui les humilie, les maltraite et les domine).

Soumission ou indifférence, notre condition de citoyen est faite de crainte, d’attentisme et d’espoir forcément déçus. Nous ne nous sentirions en sécurité qu’à condition d’obéir sans barguigner à une hiérarchie établie. Pas question de risquer de perdre son boulot, son statut, sous prétexte d’indépendance d’esprit ou de révolte affichée. C’est évidemment difficile à reconnaître. Mais la dialectique soumission-domination s’installe inconsciemment. Et la mécanique des « Bienveillantes », best seller de Jonathan Littell, devient possible avec son cortège d’acceptations aveugles, de soumissions volontaires et de contradictions pourtant évidentes. Le totalitarisme n’est pas loin.

Autre illustration : Ce sont les employés du ministère de la vérité, le "miniver" d’Orwell dans « 1984 », qui reçoivent des corrections à effectuer sur des articles faussés.

 

 

 

Réalité ? Fiction ?

Les mensonges, les promesses non tenues, les leurres ou les chefs d’Etat (ça revient au même), incapables de s'imposer (le voudraient-ils) face au pouvoir occulte de l'argent, sont à l'oeuvre. Nous sommes malheureusement les premiers responsables à ne pas savoir ou vouloir y résister. Isolement, rapport de force, absence d'alternative politique réelle, sensément probable ou possible finissent par nous tétaniser. Est-ce irréversible ? La question est ouverte.

17/08/2009

Presse - SOS

La liberté d’opinion est en danger. Selon la Convention européenne des Droits de l'Homme de 1950 « Toute personne a droit à la liberté d'expression. Ce droit comprend la liberté d'opinion et à la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu'il puisse y avoir ingérence d'autorités publiques et sans considération de frontière (…) » art. 10

Le fait que la presse people soit en voix d’extension, ne peut pas être dissocié des difficultés rencontrées par l’Agence Gamma, l’AFP et par la plupart des journaux d’information.


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Gamma, propriété du groupe Hachette est en liquidation judiciaire et en attente d’un repreneur. L’agence se prépare à se défaire du secteur photoreportage qui, autour de R. Depardon, en avait pourtant fait le renom.

Soutien à Gamma

L’AFP, constamment mise sous pression par les pouvoirs en place, est menacée de perdre son indépendance. Jusqu’ici, son personnel avait réussi à s’y opposé. Il en appelle aujourd’hui aux lecteurs de la presse écrite pour refuser "toute modification qui aurait pour effet soit de transformer l'AFP en agence gouvernementale, soit de la livrer en totalité ou en partie à des entreprises privées quelles qu'elles soient et sous quelque forme que ce soit".

Soutien à l'AFP

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Quant aux journaux d'information, les évolutions technologiques, (passage au numérique, bulle internet) n’expliquent pas tout de leur malaise. Au-delà des tentatives directes de soumission du type monopole de l’ORTF, un classique encore très pratiqué, pointent les questions de rentabilité qui, elles, sont directement fonction du comportement des lecteurs.

De fait, les chiffres donnés par l’Observatoire de la presse placent les « hebdomadaires de news » (Nouvel Observateur, L’Express, Le Point, Marianne, Courrier International) en position assez inconfortable par rapport aux autres magazines dont ceux de la presse people.

Si Gamma et l’AFP sont « entrés dans l’Histoire » pour mieux la faire partager, c’est aux lecteurs de savoir ce qui dans l’actualité doit rester déterminant. L’identification, virtuelle, à telle ou telle célébrité jouant de sa popularité, ou la réalité du monde qui, c’est vrai, est loin d’être un divertissement ?
D'où la nécessité de répondre de toute urgence aux SOS lancés par la presse au nom de la liberté d'opinion.



14/08/2009

Lobbys et opinion publique

Les acteurs du lobbying peuvent être scindée en deux catégories en fonction des intérêts qu’ils défendent : intérêts publiques (causes sociales, environnementales, sanitaires) ; intérêts marchands (finances, industrie, distribution, filières professionnelles). Dans chacune de ces catégories, les enjeux divergent et sont source de compétition. C’est à qui fera la meilleure pression ou impression sur le décideur institutionnel. Il ne s’agit plus de savoir si l’existence du lobbying est légitime ou non. Le lobbying est un fait, il s’agit de savoir qui peut et comment en réguler les activités.

Solution de facilité, l’Union européenne a opté pour l’autorégulation. Tout député doit ainsi faire « volontairement » une déclaration précise de l’ensemble de ses activités professionnelles, et doit refuser tout cadeau ou compensation financière dans l’exercice de ses fonctions. Idem pour ses assistants. Est-ce suffisant pour que les conflits d’intérêts soient évités ? On peut en douter et ce, quelque soient les sanctions prévues et/ou mises en œuvre, seraient-elles envisagées par un quelconque G20.

La confiance ou la défiance de l’opinion publique est fonction du niveau de démocratie auquel elle se situe. Elle peut agir comme un garde-fou.

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D’où la nécessité pour elle, l’opinion publique et donc pour nous qui y contribuons, d’être à l’écoute de l’actualité et de résister au bourrage de crâne ambiant. Le contraire de l’indifférence. Les lobbies et les élus y sont sensibles qui aimeraient bien que soient passés sous silence de petits arrangements douteux.

 

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Si les déficits démocratiques se font sentir « chaque fois que le cercle des personnes qui participent aux décisions démocratiques ne recoupe pas le cercle de ceux qui subissent les conséquences de ces décisions » (Jürgen Habermas), le risque est grand d’être lobés comme au tennis.

C’est si vrai que pour Jean-Christophe Alquier, président d’Harrison and Wolf, l’une des principales agences de communication institutionnelle françaises :

« Dans une démocratie d’opinion, telle que la nôtre, où les perceptions des politiques publiques comptent presque plus que les politiques elles-mêmes, il est déterminant pour nos gouvernants de préparer (manipuler ?) l’électorat à une décision, surtout si celle-ci semble servir des intérêts particuliers (…) » Extrait de Libération, le 23/07/09

Et les exemples récents ne manquent pas :

10/08/09 – A propos des algues vertes en Bretagne

23/07/09 – Hadopi et Frédéric Mitterrand

16/06/09 – Tourisme : la loi Novelli débattue à l’Assemblée

24/06/09 – Adoption du projet de loi Bachelot sur l’Hôpital

10/03/09 - Lutte contre l’obésité et contre l’alcool : les députés ont bien entendu les lobbys

27/01/09 - La Formule 1 est-elle “grenello-compatible” ?

 

13/08/2009

Véa Santos (suite)

13 août 2009 : Véa Santos, 5 ans, et ses parents viennent d'être libérés. Très bien. Mais alors pourquoi les avoir retenus dans un Centre avec à la clef, la menace d'une expulsion ?

Répondre que c'est "pour ne pas séparer les enfants de leur parents", c'est faire preuve d'un cynisme et d'une mauvaise foi sans bornes.

 

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C’est pourtant la réponse faite par le ministre de l’immigration et de l’identité nationale à l’association de terrain Réseau Éducation Sans Frontières.
Mais si ce cas (et seulement ce cas) est réglé (pour l'instant), rien n'est pour autant résolu en ce qui concerne les pratiques et les conditions de rétention "administratives" qui se sont généralisées ces dernières années.

Et, à défaut de parler de dénouement pour cette question de fond, on peut seulement exprimer sa satisfaction pour la résolution de ce cas d’espèce qui n’aurait sans doute pas été suivi d’effet sans la mobilisation et la résistance de simples citoyens.

11/08/2009

Projet de loi Hôpital, Patients, Santé et Territoires

Le 6 novembre 2007, nous pouvions déjà écrire :

« Le fondement même de la loi CMU est de traiter le bénéficiaire de la Couverture Maladie Universelle comme tout autre assuré social et lui permettre d’avoir accès à toutes les formes de soins sans le renvoyer vers une «médecine du pauvre». Le fait qu’un professionnel de santé ne respecte pas ce principe de base est à l’origine de ce que l’on appelle en terme générique « refus de soins ». Ca existe. Des testing l’ont prouvé qui porte à 14 % la fréquence de ces cas de discrimination choisie.

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Dans le texte de loi du 27 juillet 1999 ne figure aucune disposition spécifique pour encadrer et réprimer ces pratiques. Ce n’est pas un oubli dans la mesure où le législateur pouvait espérer que le code de déontologie pouvait y suffire.
Le législateur s’est donc visiblement mis le doigt dans l’œil mais comme ses
indemnités lui permettront de s’ouvrir les portes de tous les bons ophtalmos du quartier, il s’en remettra !
Quant à ceux qui sont tombés malades alors qu’ils étaient déjà dans le besoin… vae victis ! Le forfait santé les guette pour les ratiboiser tout à fait. Pour la bonne cause (le trou de la sécu) et sans obligation de résultat.
Il y a heureusement des praticiens respectueux de leur code déontologique et visant l’excellence professionnelle ».

En juin 2009, la situation se dégrade encore un peu plus. Le projet de loi Hôpital, Patients, Santé et Territoires (HPST) soutenu par R. Bachelot consacre la médecine à une logique financière.

 

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Les médecins urgentistes, préférant la légitimité à la légalité, assurent qu’ils continueront « à accomplir la mission que le Conseil national de la résistance a souhaitée pour l’hôpital public ».

 

 

Ils appellent à signer une pétition allant dans ce sens.

 

10/08/2009

Véa, 5 ans, le contraire d'un mythe

Les centres de rétention administrative (C.R.A.) reçoivent les étrangers qui n'ont pas le droit de séjourner sur le territoire français avant qu’ils ne soient raccompagnés dans leur pays d'origine. La durée moyenne de rétention est de neuf à dix jours. Selon le rapport 2007 de la Cimade (Comité Inter Mouvements Auprès Des Évacués), plus de 35.000 étrangers ont été placés en centre de rétention en 2007, parmi lesquels 242 enfants dont 80 % avaient moins de 10 ans.

On ne peut accepter ni cette situation ni le mépris ou le cynisme dont est capable E. Besson, Ministre en charge de la question dans laquelle Véa est impliquée. Cynisme manifeste lorsqu’il déclarait par exemple le 8 avril 2009 sur France Inter : « Le délit de solidarité n'existe pas, c'est un mythe. Donc celles et ceux qui manifestent pour cela doivent être rassurés, ils manifestent contre un mythe ». (voir aussi note précédente : « Surveillance ou solidarité »)

 

Pas d'enfants en prison ! (12).JPG

Pourtant, la semaine dernière la dépêche suivante tombe :

« La famille SANTOS, originaire des Philippines, habite en France depuis presque 10 ans. Les parents travaillent comme homme et femme de ménage pour des Cannois. Véa, leur fille de 5 ans est née ici. Elle est scolarisée à Cannes et a été très choquée de trouver les policiers à 7h du matin à son domicile pour l’arrêter avec ses parents, direction une cellule de commissariat, pour ensuite être enfermée au Centre de Rétention du Canet à Marseille. Elle a assisté aux audiences devant le Juge des Libertés et de la Détention où elle a compris l'ampleur de ce qui se jouait pour elle et sa famille ».

A lire aussi l’article d’Emmanuel Terray « Enfants internés : la honte ! » paru dans Libération.

Repères  utiles :

La Cimade fait partie du groupe Migreurop, réseau regroupant une trentaine d’associations telles que : SAD (Syndicat des Avocats pour la Démocratie) ; ACT UP (France) ; ANAFE (Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers) ; ATMF (Association des travailleurs maghrébins de France) ; FASTI (Fédération des associations de solidarité avec les travailleurs immigrés ; FTCR (Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives) ; GISTI (Groupe d'information et de soutien des immigrés) ; MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples). La Cimade est créée suite au constat de défaillance de la politique d’asile et d’immigration dont Sangatte est le symbole.

Le RESF (Réseau Éducation Sans Frontières), demande donc, non seulement la régularisation des jeunes étudiants et lycéens majeurs, mais également celle des parents d'enfants mineurs scolarisés en France.

Panorama des textes essentiels et des grands arrêts (entrée en France; séjour des étrangers; départ forcé; asile politique)

Droits et démarches des étrangers en Europe

 

 

30/07/2009

Surveillance ou solidarité

Le 13 juin dernier, sur RFI, Jean Pierre Dubois, Président de la Ligue des Droits de l’Homme a été interviewé sur le thème des technologies sécuritaires par Edouard Zambeaux (journaliste à France Inter et RFI) :

"

E.Z. : Est-ce qu’il y a vraiment un danger, ou ne cherchez-vous pas à nous faire peur ?

Jean Pierre Dubois Président de la LDH : Il y a un danger réel. Pendant très très longtemps, nous étions vraiment isolés. Ces technologies sont très pratiques, très commodes, j’utilise le passe Navigo (Carte à puce valant titre de transport utilisable en Île-de-France) tous les jours, j’ai un téléphone portable, j’utilise une carte bleue, c’est très pratique…

images.jpgMais lorsque j’ai accompagné les parlementaires qui protestaient contre le fichier Edwige, le conseiller sécurité de Michèle Alliot-Marie Big Brother Awards lui a été décerné le prix Georges Orwell 2009 pour l’ensemble de son œuvre. Et donc pour son goût immodéré des fichiers de police (+ 70% en 3 ans, dont Ardoise, Edwige, Cristina ou encore Gesterex), mais aussi pour sa "novlangue" avec sa promotion de la vidéosurveillance, ses invitations à la délation et son talent à fabriquer un "ennemi intérieur" - qui nous a reçu, de manière assez polie, mais cynique, m’a dit :

Mais vous savez monsieur, vos histoires de fichiers, c’est pas très grave. A partir du moment où vous avez un téléphone, une carte bleue et un passe Navigo, je sais tout ce que vous faites“.

J’étais un peu surpris, je lui ai demandé s’il m’autorisait à rapporter ses propos à la presse, et il m’a dit “bien sûr“. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le cabinet d’Alliot Marie.

Beaucoup de gens se disent qu’ils n’ont rien à se reprocher, et qu’ils ne risquent donc rien. Bien sûr ! Mais la question est très simple : si vous n’avez rien à vous reprocher, pourquoi on vous fiche ? Pourquoi on vous surveille ? Qu’on surveille les détenus dans les prisons, on peut le comprendre, mais pourquoi surveiller tous les citoyens a priori ?

C’est la notion de vie privée, et celle de présomption d’innocence, qui sont attaquées tous les jours directement.

E.Z. : Comment se fait-il que l’opinion publique n’est pas encore très sensible à ces questions ?

J-P. D. : L’opinion publique est soumise à un matraquage depuis des années, qui lui fait peur. A la Ligue des Droits de l’Homme, nous appelons ça la politique de la peur. Peur du terrorisme, avec le 11 septembre. Peur de l’immigration, de l’islamisme, des attentats. Peur des jeunes, qui seraient effrayants, peur de l’avenir et de tout ce qui vient de l’extérieur.

Et quand on est soumis à la peur, on a tendance à se protéger et à craindre. Et nous pensons qu’il faut réveiller un débat démocratique qui n’existe plus. En gros : le FN a construit l’agenda politique de la France depuis 10 ans, la droite court après l’extrême-droite, une partie de la gauche court après la droite, et il n’y a plus de débat démocratique, les citoyens ne sont plus éclairés.

E.Z. : Pour vous, en filigrane, c’est la tentation d’un contrôle social, avec des pressions faites sur des militants, associations, agents de l’Etat…

J-P. D. : … et ça commence à susciter beaucoup de révoltes. Depuis le début de l’année 2009, il y a des centaines d’enseignants, éducateurs, magistrats, avocats, médecins, etc., qui disent qu’ils ne veulent plus continuer à faire ce qu’on leur demande. Il en va de leur éthique, de leur déontologie professionnelle : ils travaillent pour les autres, et ne veulent pas devenir des auxiliaires de police. base élèves.jpg

Il y a une forme de surveillance par ricochet : on demande de plus en plus souvent aux gens, soit comme citoyens de ne plus être solidaires -ce qui arrive aux délinquants de la solidarité que Mr Besson veut poursuivre pénalement-, soit comme fonctionnaires de n’être, non seulement pas solidaires, mais aussi d’être des indicateurs de police.

Et ça, je pense que les gens le refuseront de plus en plus, et que ce combat va monter. Pour dire les choses rapidement, aujourd’hui, on a le choix entre une société de surveillance et une société de solidarité.

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Pour dire les choses encore autrement, à la société de surveillance il nous faut aujourd’hui opposer une société de solidarité. Quitte à désobéir. Nous n’avons pas tellement le choix.

Et c’est possible. Exemples :

Juin 2009, le prix Voltaire, qui s’oppose au prix Orwell, est décerné à Mireille et Monique, bénévoles à Calais. Mireille est une mère de 11 enfants qui héberge des jeunes migrants chez elle au risque d’être poursuivie, et Monique a été interpellée pour apporter une aide matérielle régulière aux sans papiers.

Autre exemple, suite à la sortie du film Welcome de Philippe Lioret, le député PS Daniel Goldberg a déposé une proposition de loi visant à dépénaliser le délit de solidarité et débattue à l'Assemblée Nationale le 30 avril 2009.

Le 17 juillet, Le Monde relate dans ses colonnes une minuscule avancée - mais avancée quand même - obtenue auprès d’Eric Besson, candidat au prix G. Orwell 2010.

A suivre…