Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09/04/2010

BDS : thème tabou ?

La campagne BDS - boycott, désinvestissement, sanctions - à l'encontre de l'Etat d'Israël est-elle un sujet tabou ?

La prise de position de J-P Dubois, reproduite ci-après, à propos du boycott des produits israéliens, a le mérite de souligner l'incongruité des déclarations gouvernementales devant le CRIF, Conseil Représentatif des Institutions Juives de France, prononcées à Bordeaux en février dernier.

Elle a aussi le mérite de recadrer un boycott qui ne serait qu'un ensemble de réactions spontanées mais éparses, sans organisation véritable, et donc sans véritable efficacité contre un gouvernement israélien qui se permet de passer outre les sanctions votées par l'ONU aussi bien que les recommandations très diplomatiques qu'on ne cesse de lui adresser.

«Le camp du Droit» dans lequel se situe la LDH et son président, J-P Dubois, fait implicitement référence au processus de Barcelone de 1995 à travers lequel  l'Union Européenne et les signataires de l'accord qui en a suivi, se sont engagés sur la base des frontières définies en 1967. Ce faisant les produits issus des territoires occupés de Palestine ne peuvent pas être vendus au bénéfice d'Israël. C'est le sens de l'arrêt prononcé par la Cour de justice de l'Union européenne le 25 février 2010 à propos de l'affaire Brita.

cartes_israel_raye_Palestine.jpg

Sortir de ce débat là, ne pas insister sur la question du droit international comme peut le faire le Tribunal Russell, serait prendre le risque d'une polémique sans issue et se condamner à l'inertie ou à l'inefficacité qui a trop souvent été l'apanage de la communauté européenne.

Le boycott pourrait être une arme pour faire triompher le Droit. Les tentatives pour le justifier ne manquent pas. (1) (2) Mais dans la mesure où l'Etat d'Israël est mis en cause, c'est aussi prendre le risque de toucher à un tabou, être aussitôt taxé d'antisémitisme et jugé coupable d'«incitation à la discrimination raciale»(!).

Et si la tribune de J-P Dubois ne va pas au bout d'un raisonnement établissant un plan d'action contre la colonisation des «territoires occupés», c'est que demeure la question : comment faire tomber un tabou ?



Tribune : "Agir aujourd'hui contre la colonisation des «territoires occupés»"

Aujourd'hui comme hier, le conflit israélo-palestinien projette sur la société française un halo de passions, de solidarités et de colères. Toutes ne servent pas la solution juste de ce conflit et certaines mettent parfois gravement en danger les principes que nous avons en partage. Comment sortir de la confusion, comment agir, assurer, enfin, la victoire du droit sur le fait ?

On a vu une ministre de la République, «ministre du droit» qui plus est, critiquer devant ses amis du CRIF une campagne de boycott, et parler de «produits casher» pour désigner les «produits des colonies illégales d'Israël». De tels propos nourrissent la confusion entre religieux et politique et de fait, légitiment une ethnicisation du politique.

Des aveuglements symétriques poussent d'autres acteurs politiques ou communautaires à ne plus distinguer les peuples des gouvernements, imputant à l'ensemble des Israéliens la politique criminelle du gouvernement Netanyahu... ou à l'ensemble des Palestiniens les crimes du Hamas. Certes, ceux qui ont ordonné ou commis les crimes de guerre établis, au nom de l'Onu, par le rapport Goldstone ont été légitimés par des élections libres. Et ce fait interdit d'envisager la moindre perspective de paix en les excluant d'une négociation.

Mais ces assimilations opposent la colère à la colère, la négation à la négation ; elles conduisent à la folie et au meurtre de masse. Dans ce contexte, l'alternative laïque d'un Etat de Palestine démocratique, multinational et non religieux dans lequel athées, chrétiens, juifs et musulmans cohabiteraient égaux en dignité et en droits n'est qu'un rêve. Un rêve qui serait rapidement submergé par les fantasmes de disparition de l'Autre, par la « purification » du territoire par la force.

Faut-il alors se résigner à un avenir de sang et de terreur pour tous, y compris pour ceux qu'enivre l'actuelle supériorité militaire et financière d'Israël ?

Notre conviction est qu'il faut tenir bon sur les principes de la justice et du droit. Même si la tâche est rude. Car nous sommes au plus noir d'une histoire sombre depuis des décennies, celle d'un peuple sur lequel l'Europe s'est déchargée de sa mauvaise conscience ; ceux qui fuyaient la « destruction des Juifs d'Europe » ont construit leur Etat-refuge autour du rêve millénaire de «l'an prochain à Jérusalem». Nul - et les Européens moins que tout autre - n'a le droit d'oublier ce contexte effroyable. Mais Jérusalem n'était pas vide, la Palestine n'était pas un désert préservé inhabité et deux peuples devaient trouver un foyer national. On sait la suite ; le rêve des uns s'est nourri du cauchemar des autres, chaque jour davantage.

Chacun sait - citoyens, Etats comme gouvernements - qu'aucun des deux peuples ne pourra rejeter l'autre ni à la mer, ni au désert. Mais nous laissons, par notre inertie, l'irréparable s'accomplir. Nous laissons les gouvernants israéliens briser tout espoir d'un Etat palestinien digne de ce nom, détruire systématiquement toute ébauche de société palestinienne viable ; enfermer, coloniser, morceler, asservir. Les Etats-Unis financent cette violence, l'Europe en achète les fruits.

Ce faisant, l'Europe dément quotidiennement ses propres discours sur les valeurs humanistes de l'Union ; elle se fait complice des fossoyeurs de l'avenir commun. Car cet avenir n'est pas seulement désespérant pour les Palestiniens abandonnés de tous : que sera dans dix ans un Etat d'Israël hérissé de murs et de missiles antimissiles, devenu le symbole universel de la loi du plus fort, du reniement répété de la parole donnée et de la dernière expression historique de l'oppression coloniale ? Croit-on qu'une démocratie déjà gravement malade résistera indéfiniment à la banalisation de l'injustice et, désormais, même des crimes de guerre ?

Sauf à nous laisser contaminer par le cynisme des actuels gouvernants israéliens, nous ne pouvons continuer à détourner les yeux. Mais comment agir sans ajouter la rage à la rage et l'injustice à l'injustice ? D'abord en refusant d'assimiler les peuples et leurs gouvernants. Les Israéliens ne se confondent pas plus avec Benyamin Netanyahu ou Avigdor Lieberman que les Palestiniens ne s'identifient avec les dirigeants du Hamas. Ensuite en veillant à soutenir celles et ceux qui, au sein de la société israélienne, continuent à se battre courageusement pour que le nom d'Israël ne devienne pas synonyme d'oppression. Enfin, en sanctionnant ceux qui violent la légalité internationale. Il nous faut rappeler, fermement, que les territoires occupés, tous les territoires occupés depuis plus de quarante ans le sont illégalement ; que Jérusalem n'est pas plus la «capitale éternelle et indivisible d'Israël» que le Koweït n'était la 19e province de l'Irak de 1990 ; que chaque colonie devra être évacuée, que chaque territoire devra être restitué, que chaque morceau du mur déclaré illégal par la Cour internationale de justice devra être détruit.

Tout simplement parce que la loi du plus fort doit plier devant le droit commun de l'humanité.

Parler, même fermement, ne suffit pas. Il faut des actes qui sanctionnent la colonisation, particulièrement au plan économique. Il faut rendre l'exploitation des terres annexées et de ceux qui en ont été spoliés plus coûteuse que ce qu'elle rapporte.

Boycotter, donc, les produits des entreprises coloniales ? Difficile, car le gouvernement israélien en dissimule systématiquement l'origine. Boycotter alors tous les produits israéliens, puisque ce serait « cela ou rien » ? Ce serait confondre Israël et ses colonies, c'est-à-dire faire exactement le jeu des partisans du «Grand Israël» en entrant dans leur logique. Et ce serait aussi alimenter les tentatives d'assimilation de toute critique de l'Etat d'Israël à de l'horreur de l'antisémitisme. Confondre le combat contre les gouvernants avec le boycott de toute une société, ce serait nourrir l'amalgame entre boycott des produits israéliens et «boycott des Juifs», amalgame que certains nourrissent sans scrupules. L'effroyable lapsus de la ministre française de la Justice, venant après les accusations aussi injustes qu'insultantes d' «incitation à la discrimination raciale» dirigées contre des militants et notamment contre une adhérente de la LDH, témoigne déjà d'une légitimation par les plus hautes autorités de l'Etat de cette dérive vers une «importation ethnicisante» du conflit israélo-palestinien. Nous devons nous en garder comme de la peste.

La Ligue des droits de l'Homme n'a, dans cette affaire comme en toute autre, qu'un seul «camp» : le camp du droit.

C'est pourquoi elle appelle aujourd'hui tous les citoyens à exiger des autorités françaises qu'elles le fassent respecter. Il leur revient de refuser le « traitement préférentiel » - accordé aux produits israéliens par l'Union européenne - à toute importation de produits « coloniaux » ou même de produits dont il n'est pas indiscutablement établi qu'ils ne sont pas les fruits de l'oppression coloniale. C'est non seulement possible, c'est légal : la Cour de justice de l'Union européenne vient, dans un arrêt du 25 février 2010, de donner raison aux autorités du port de Hambourg qui ont pris cette décision.

L'Europe est aujourd'hui le premier partenaire commercial d'Israël : si les Etats membres de l'Union suivent l'exemple des autorités de Hambourg, la loi sera dite et les exploiteurs des territoires occupés devront bien l'entendre.

La LDH appelle donc à élargir cette campagne aux dimensions de toute l'Union européenne. Elle appelle à cesser toute complicité même passive avec la colonisation, et à faire enfin appliquer l'article 2 de l'accord d'association entre l'Union et Israël qui fait du respect des droits de l'Homme la condition des relations commerciales privilégiées qu'il institue. Elle appelle à la sanction de tous les crimes de guerre dont le rapport Goldstone a établi l'existence à la demande de l'Onu, que ces crimes aient été commis par l'armée israélienne, par le Hamas ou par quelque autre criminel que ce soit.

Elle appelle enfin à la mobilisation internationale pour que l'Etat palestinien promis par la communauté internationale il y a déjà dix-sept ans voie enfin le jour, dans l'intégralité des territoires volés aux Palestiniens il y a déjà quarante-trois ans, afin que cesse une des plus anciennes injustices qui font injure au droit international.

Il y a cent douze années, face à l'antisémitisme d'Etat que révélait l'affaire Dreyfus naissaient d'une part le projet sioniste de Theodor Herzl, d'autre part la mobilisation universaliste qui créait la Ligue française pour la défense des droits de l'Homme et du citoyen. La naissance d'Israël a donné corps au premier ; ne laissons pas la lâcheté et la haine le défigurer en oubliant les exigences du second de ces deux projets. Parce qu'il n'est pas d'avenir humain à Jérusalem hors de la coexistence de deux Etats viables pour deux peuples égaux en droits, la LDH reste fidèle au refus de l'injustice qui l'a fait naître. Ni pro-israélienne ni pro-palestinienne, encore moins « pro-casher » ou « pro-halal », elle campe du côté du droit, de l'égalité et de l'universalité des droits de l'Homme. De grands mots ? Il ne tient qu'à nous d'en faire de grands actes. L'injustice ne durera que tant que nous la tolèrerons.

Jean-Pierre Dubois
Président de la Ligue des droits de l'Homme



05/04/2010

Des enfants contre la peine de mort

Selon le dernier rapport d'Amnesty International, outre la Chine, les Etats qui ont le plus recouru à la peine de mort en 2009 sont l'Iran (388 exécutions), l'Irak(120), l'Arabie saoudite (69) et les Etats-Unis (52).

Etats-Unis où trois adolescents, neveux d'un condamné à mort, ont lancé une association contre la peine capitale devenue un pilier de la communauté abolitionniste au Texas.

Gavin, Nick et Nathan Been (12, 13 et 15 ans) ont leur oncle Jeffrey Wood qui est dans le couloir de la mort au Texas. C'est Gavin qui a eu l'idée de fonder Kids Against the Death Penalty, leur propre association abolitionniste. Selon la loi texane, les personnes coupables d'avoir aidé un meurtrier peuvent être condamnées à mort tout comme lui.

Kids Against the Death Penalty from ECPM on Vimeo.

23/03/2010

Réforme de la santé made in USA

Enfin un sujet de satisfaction. Avec cette réforme, même si des compromis peuvent l'édulcorer, le principe de solidarité sort gagnant aux Etats-Unis près de quatre-vingt-dix ans après les tentatives de Franklin Delano Roosevelt. Une leçon autrement plus forte comparée aux pseudos réformes à sens unique pratiquées dans l'hexagone. Dans ces conditions, la déclaration officielle de Barack Obama n'a pas besoin de mise en scène et se suffit à elle-même :

«Ce soir, après près d'un siècle de discussions et de frustrations, après que l'on ait passé des décennies à essayer, et après un an de travail et de débats, le Congrès des Etats-Unis a finalement déclaré que les travailleurs américains et les familles américaines méritaient la sécurité de savoir qu'ici, dans ce pays, ni une maladie ni un accident ne devrait mettre en péril le rêve construit en une vie de travail.
Ce n'est pas la victoire d'un parti, c'est la victoire du peuple américain, et c'est la victoire du bon sens. Ce n'est pas une réforme radicale, mais c'est une réforme majeure. Cette loi ne va pas régler tous les problèmes de notre système de santé, mais c'est un pas décisif dans la bonne direction. C'est à ça que ressemble le changement.»

santé USA.jpg

C'est aussi un signal ultra positif lancé à l'ensemble de la communauté internationale pour lui signifier que la résistance peut finir par payer quelque soit le degré de mauvaise foi et de bassesse proféré pour empêcher toute amélioration des politiques sociales attendues par les plus démunis. Et ce, même dans un pays réputé ultraconservateur comme les EU. Encourageant et surement pas sans conséquences.

Rue 89 a produit une note très claire sur le sujet

19/03/2010

De la consommation à la contribution

Pas plus «tard» que le 18 mars à 22H45, Bernard Stiegler a été sollicité pour faire une lumineuse description de ce dont la téléréalité est capable dans le contexte économique actuel. Transcription vidéo à venir ? Rare aujourd'hui d'entendre un discours limpide, cohérent, réaliste et à travers lequel une lueur d'espoir semble pourtant percer. Ce discours, Bernard Stiegler le tient, notamment pour dénoncer les pouvoirs exorbitants tombés aux mains de la «télécratie», alors que le sujet déborde très largement ce cadre.

télécratie.jpg

Tout y est cohérent, du moment où le consumérisme, considéré comme invariant dans la plupart de nos sociétés développées, y a été pointé et où une économie contributive peut mécaniquement remplacer un «capitalisme financier ultra-spéculatif» en perte d'audience quoi qu'on en dise.

Tout y est lié, du pouvoir de la télévision à la perte de confiance éprouvée par les individus étouffés et pris pour cible par un marketing sans maître ni limite, en passant par une remise en cause de ce qui fonde les espaces dits démocratiques par le biais d'un décervelage quasi universel.

Reste à faire passer le raisonnement et espérer que l'autocritique devienne un facteur d'innovation et de reconstruction des individus avant que le château de cartes dans lequel nous vivons ne s'effondre.

A la question : un nouveau modèle économique peut-il émerger de la crise actuelle, B Stiegler répond ainsi :

«Selon moi, ce qui est en train de disparaître, c'est un monde où il existe d'un côté des producteurs et de l'autre, des consommateurs. D'autres modèles commencent à se développer avec la révolution numérique. Sur Internet, il n'y a ni des producteurs ni des consommateurs mais des contributeurs. On entre dans la nouvelle logique de l'économie contributive, qui repose sur des investissements personnels et collectifs et qui crée une autre forme de valeur. Les exemples ne manquent pas, du logiciel libre à Wikipédia. Une récente étude de l'Union européenne pronostique que près d'un tiers de l'activité dans l'économie numérique fonctionnera sur un tel modèle d'ici trois ans. Mais il ne concerne pas uniquement l'informatique, il peut également se décliner dans l'énergie, avec les modèles décentralisés, la distribution alimentaire ou la mode...»

La vidéo qui suit fait aussi partie de ce discours que l'on aimerait entendre plus souvent de la part de ceux qui, à gauche, souhaitent constituer une réelle alternative.

Bio Express de Bernard Stiegler : Philosophe de formation, élève de Jacques Derrida, Bernard Stiegler est l'auteur de «Ré enchanter le monde», «Pour en finir avec la mécroissance», «Economie de l'incurie et économie de la contribution»... Parallèlement, il dirige le département culturel du Centre Georges-Pompidou après avoir exercé des responsabilités à l'INA et à l'Ircam.

Il sera par ailleurs intéressant de confronter le constat d'une économie contributive basée sur la contestation du consumérisme et l'appréhension de ses limites, tel que décrit par le philosophe B. Stiegler, avec le concept d'économie distributive énoncée par Jacques Duboin, parlementaire au temps de Raymond Poincarré qui, outre le partage équitable des richesses produites, fait entrer en jeu, d'autres notions, quantitatives, telles que la valeur d'échange basée sur le montant de la masse monétaire émise pendant une période donnée, et égal au prix total des biens mis à la vente.

Deux analyses vraisemblablement complémentaires.

15/03/2010

« J'ai froid »

1980, Jean Ferrat chante « J'ai froid ».

2010, 21% aux régionales PACA pour le FN : Triomphe de l'imposture, de l'indigence, de la vulgarité.

POURQUOI ? ... A-t-on la réponse ?

Toujours pas. Pas vraiment. C'est encore plus gênant.

Le vent du midi s'abat en rafales
Sur la vallée noire où les arbres ploient
Leurs bras désolés fument des gitanes
J'ai froid
Une fois de plus tous les droits de l'homme
Sont foulés aux pieds sont jetés à bas
Les maîtres sanglés dans leurs uniformes
J'ai froid

Une fois de plus la grande injustice

La force imbécile triomphe du droit
Quand la liberté tombe sa pelisse
J'ai froid
Encore une fois les lettres anonymes
La bêtise épaisse en guise de loi
La salve éclatant au milieu de l'hymne
J'ai froid

Si la bête immonde sort de sa tanière

Nous retrouverons le chemin des bois
Mets dans ma valise un gros pull-over
J'ai froid
Dans tes yeux soudain ivres de colère
La révolte éclaire un grand feu de bois
Quand fera-t-il donc le tour de la terre
J'ai froid

08/03/2010

TRP, les conclusions de Barcelone

On ne redira jamais assez que le Tribunal Russell pour la Palestine qui s'est réuni à Barcelone au tout début mars 2010 s'était donné pour mission d'évaluer la responsabilité de la communauté internationale et, plus spécifiquement celle de l'Union Européenne quant à sa possible collaboration, active ou passive, avec les acteurs directs du conflit israélo-palestinien.

Le TRP agissait comme tribunal de la conscience. Il cherche à apporter de facto son concours à la Cour de Justice Internationale. Ses conclusions rendues publiques en fin de semaine, ne sont certes pas contraignantes sur le plan juridique. Elles n'en constituent pas moins une énième tentative pour renforcer un objectif de pacification conforme aux principes énoncés par la DUDH de 1948.

justice internationale copier.jpg
Le TRP en appelle ainsi à l'Union européenne et à chacun de ses Etats membres pour que soient respectées les clauses du droit international concernant :
  • Les résolutions de l'Assemblée Générale des Nations Unies
  • Les dispositions du Traité de Lisbonne de l'UE entré en vigueur en Décembre 2009

... et, «au cas où l'UE et les Etats membres n'en montreraient pas le courage, le Tribunal compte sur les citoyennes et les citoyens de l'Europe pour exercer les pressions nécessaires (...)», afin que cessent :

  • les exportations d'équipements militaires,
  • les importations de produits israéliens en provenance des territoires occupés
  • et, d'une façon générale tout commerce né d'accords d'association ou de partenariat avec un Etat d'Israël en délicatesse avec le droit international (le rapport Goldstone l'ayant mis en évidence), et les droits de l'homme qu'il implique.

Cette conclusion intermédiaire du TRP doit être comprise comme un appel à organiser un boycott sélectif et à marquer de sa désapprobation toute entreprise ou manœuvre tendant à perpétuer l'injustice faites aux victimes civiles qui ne demandent qu'à sortir d'un enfermement meurtrier.

Après Barcelone, d'autres sessions se tiendront d'ici 2012, d'abord à Londres, en fin d'année 2010, puis en Afrique du Sud, en 2011, et enfin probablement aux Etats-Unis.

Reste à espérer qu'alors les responsables de l'Union Européenne et de ses Etats membres ne se contenteront pas de décliner par courrier l'invitation qui leur est faite de venir s'expliquer sur les raisons de leur bienveillance à l'égard des belligérants, bienveillance qui ne fait qu'aggraver le sort des populations sur le terrain.


Documentaire : Gaza-Strophe, le jour d'après sur France Ô
envoyé par UniversFreebox. - Plus de vidéos de blogueurs.

La principale difficulté rencontrée par le TRP est sans doute de donner l'impression de se focaliser sur l'unique responsabilité du gouvernement israélien. Ce qui constitue une mauvaise raison (toute faite) pour la partie de la communauté internationale qui souhaite à travers le statu quo être dégagée de toute implication.
Sans que soit évitée la mauvaise foi consistant à affirmer, par exemple que «(...) la conduite de Tsahal dans l'opération «Plomb durci» n'a pas affecté son engagement aux droits de l'homme, mais l'a plutôt renforcé. (...)», ou que toute critique adressée à Israël et à ses dirigeants relèverait d'un antisémitisme avéré.

Il n'existe malheureusement pas d'Etat qui ne soit susceptible d'enfreindre les Droits de l'Homme, pas même Israël, et c'est précisément la raison d'être du TRP qui s'appuie sur la justice pénale internationale.

Dernières nouvelles (7 mars - AFP)

Autres notes du blog sur le sujet :
Novembre 2009 ; Février 2010

02/03/2010

L'antipathique M. Milgram

En ces temps de campagne électorale, on parle beaucoup de «remettre l'humain au cœur de la politique». Ce qui naturellement fait chic, n'engage personne, ni ne constitue une réelle nouveauté dans le discours des prétendants à une victoire même douteuse pourvu qu'elle ne remette pas en cause des prétentions claniques ou individuelles. Ce discours, creux, est savamment entretenu par des mass media audiovisuels (MMAV) connectés entre eux et, concurrence oblige, empêtrés dans l'imbroglio de l'évaluation média métrique, de la rentabilité immédiate et de la censure, voire de la répression de l'information dissidente.  Dans ces conditions, les mass médias audiovisuels sont particulièrement mis à contribution comme le démontre Naomi Klein à travers sa description de la «Stratégie du Choc».

Et cependant, pendant que L'Express ose dévoiler dans un dossier  consacré à la mise en pratique de l'expérience de Milgram sur les chaines télé, le degré de sadomasochisme auquel «l'humain» peut atteindre par pure jouissance, et rejouer très exactement «1984» de G. Orwell, Peter Watkins, cinéaste né en 1935, monte lui aussi au créneau en rappelant ce qu'il écrivait en 2004 dans «Media Crisis» *. A savoir :

«Par l'expression Média Crisis (Crise des médias), j'entends l'irresponsabilité croissante des MMAV et leur impact dévastateur sur l'Homme, la société et l'environnement.
Je parle aussi de la léthargie généralisée du public face à des MMAV qui agissent ouvertement comme vecteurs d'idéologies violentes, manipulatrices et autoritaires ; tout comme je me réfère au déficit cruel et prolongé de connaissances que présente le public et à l'effet que les mass-médias audiovisuels produisent sur nous. (...)»

P. Watkins fait aussi paraître une lettre ouverte assortie de 35 questions relatives à un concept qu'il décrit et nomme «Monoforme» (à traduire par «pensée unique») sur le site «L'Atelier des Icones», questionnement sans mise en scène plutôt que débat traditionnel qui ne permettrait pas, c'est son point de vue, «de participation véritable, laissant la plupart des gens plus aliénés que jamais.»

Parmi ces questions, mais toutes sont essentielles :

  • Partout dans le monde il y a des famines, de la malnutrition et de l'exploitation économique. Le problème loin de diminuer, semble s'aggraver. Les MMAV rendent-ils compte de ce problème de manière suffisante ? Comment ? De façon à contrebalancer la place la place qu'ils accordent au matérialisme mondialisé ?
  • Peut-on imaginer que cette relation entre les mass medias audiovisuels et leur public soit une relation de pouvoir ? Si tel est le cas, qui est investi de ce pouvoir ? Et cette investiture a t'elle, démocratiquement, fait l'objet d'un vote ?
  • Pensez-vous qu'il soit possible, à l'avenir, que des collectifs citoyens se développent, dans des quartiers et dans des écoles, où les gens mettraient en place d'autres formes de médias pluralistes, qu'ils y produisent des informations, de la culture, des débats hors-Monoforme, et participent ainsi à un processus démocratique de réponse à la crise mondiale?

Par opposition au fait que Naomi Klein, L'Express et Peter Watkins font référence, chacun à sa manière, au thème de la manipulation reposant, en fin d'analyse, sur la cupidité, la volonté de puissance et l'abandon de toute considération pour autrui, un autre auteur, Frans de Waal, riche de ses observations du monde animal, introduit une autre perspective pour le moins édifiante : l'empathie animale.

Osiris - Hector.jpg

Dans son livre «L'Age de l'empathie, leçons de la nature pour une société solidaire» **, il décrit l'expérience suivante :

des singes rhésus ont refusé, plusieurs jours durant, de tirer sur une chaîne libérant de la nourriture si cette action envoyait une décharge électrique à un compagnon dont ils voyaient les convulsions, préférant ainsi endurer la faim qu'assister à la souffrance d'un semblable.

Description qui contraste singulièrement avec l'expérience de Milgram décrite dans l'Express :

«(...) Jean-Paul doit mémoriser des associations de mots. S'il se trompe, son questionneur lui administrera des chocs électriques de plus en plus violents, de 20 à 460 volts. Stupeur : la totalité des 80 candidats ont accepté de participer, donc d'administrer des décharges électriques à un inconnu pour les besoins d'un show sans enjeu (...)» !

Si on ne peut pas confronter aussi simplement l'empathie, à la compétition et à l'agressivité qu'elle suppose, dans la mesure où c'est aussi sur la capacité à ressentir les émotions d'autrui que se fondent la cruauté et la torture, il n'en reste pas moins que la reconnaissance de l'autre dans ses besoins et difficultés, le respect réel et la solidarité non feinte restent une nécessité absolue pour éviter la crise sociale qui vient. La question est alors de tenir le choc et de se risquer à l'insoumission, le «hors-Monoforme».



*(Editions Homnisphères . 2004 . 272 pages. Collection Savoirs Autonomes - Format 11x19cm. Prix : 19 euros. Traduit de l'anglais par Patrick Watkins. À noter en fin d'ouvrage une biofilmographie exhaustive qui retrace très précisément le parcours cinématographique de Watkins en résonnance avec l'actualité historique de l'époque.)

** (Editions Les liens qui libèrent, 2010, 392 p., 22,50 euros.)

27/02/2010

Vous avez dit « pauvreté » ?

A propos, un président de conseil général et député, ancien secrétaire général de l'Elysée et titulaire de quelques autres fonctions honorifiques comme celle qui consiste à soutenir une candidate à quasiment tout de la région Charente - Poitou a commis un article paru en plusieurs endroits sur le Net. Très bon article sur la pauvreté. Très généreusement documenté. Très audacieux par son absence de conclusion.

Pour compléter cette contribution quelques éléments annexes sont disponibles sur le site, éléments selon lesquels 60% des députés classés dans le top 10 des cumulards sont encore comptés dans les travées très denses du PS.
L'auteur de cet article sans concession, et c'est tout à son honneur, n'arrive ainsi qu'à la 46ème place sur 576 députés, même s'il faut pondérer ce résultat et tenir compte du fait que Didier Migaud, autre socialiste notoire et dont le parcours vient d'éclaircir le paysage institutionnel, a été, ou sera, obligé de renoncer au 34ème rang auquel il tenait tant. Ce qui fait remonter l'ensemble de cette classe politique d'un cran dans le classement et dans l'estime que l'on a d'elle.

A cela pourrait s'ajouter une mise en perspective assez intéressante concernant les régimes spéciaux de retraites prévues pour noszélus qui n'y toucheront donc pas (entendons : ne les remettront pas en cause). Par inadvertance, comme on peut se le figurer.
Idem pour les indemnités en cas de non renouvèlement de mandat, de chômage en quelque sorte.

Aussi excellent soit-il, l'article ne dit pas non plus comment réduire les inégalités, redistribuer les richesses, résister à l'attirance d'une indécence ordinaire consistant à utiliser la pauvreté comme faire-valoir et certificat de bien-pensant remarquable, tenant au bonheur de ses électeurs plus qu'à la prunelle de ses yeux. On se demande bien pourquoi.

pauvreté.jpg

Mais au fait, le rédacteur éclairé qui semble s'indigner de la pauvreté dans l'hexagone, n'a fait que reprendre à son compte un article paru dans Libération - il aurait pu au moins citer «Le quai de Ouistreham», dernière publication de Florence Aubenas sur le sujet -, lui même tiré d'un tableau noir dressé par l'ONPES, Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale, dans son rapport sur ses dix ans d'activité.
Rapport dans lequel on décèle entre autres problématiques celle d'un clientélisme subi par les élus locaux qui auront, si l'on en croit les statistiques, de plus en plus intérêt à se pencher sur le sort de leurs pauvres, du moins ceux qui ont le droit de vote.
La guerre contre la pauvreté sera-t-elle alors déclarée par nécessité par les professionnels de la politique ?

C'est ce qu'on serait au moins en droit d'espérer à lire Agnès de Fleurieu, Présidente de cet Observatoire national lorsqu'elle déclare :

«La décennie qui vient de s'écouler aura aussi été marquée par une prise de conscience progressive du fait qu'il ne suffisait pas de disposer d'une batterie d'indicateurs de suivi pour atteindre des résultats concrets en matière de lutte contre la pauvreté mais qu'il fallait fixer des objectifs clairs sur les résultats à atteindre pour déterminer les leviers adaptés en matière d'action publique. C'est ainsi qu'après des expériences pionnières, menées par le Canada, l'Irlande et la Grande Bretagne, une vingtaine de pays européens se sont, aujourd'hui, fixé des objectifs quantifiés en matière de lutte contre la pauvreté.»

Ce qui revient à dire que l'observation ne saurait se substituer à l'action. Reste à savoir si les parlementaires accepteront de faire le job au niveau de rémunération qui est le leur, voir à moindre coût et en dehors des heures passées à battre campagne, la guerre contre la pauvreté méritant mieux que de simples mais ostensibles arrosages.

23/02/2010

Tribunal Russell et résistance

La première session du Tribunal Russell sur la Palestine aura lieu à Barcelone, les 1, 2 et 3 mars 2010. Il s'agira pour cette instance «de se pencher sur l'inapplication du droit (...)» et de souligner les responsabilités de la communauté internationale, cette dernière ne pouvant continuer à fuir ses obligations, plutôt que d'attribuer de bons ou mauvais points aux parties qui se font face sur le terrain.

drapeau_israelien-palestinien.gif
Il y aura (la semaine prochaine) très exactement un an, Stéphane Hessel déclarait à ce sujet :

«(...) Ce tribunal d'opinion vise à éveiller les consciences sur la responsabilité de la communauté internationale dans la perpétuation du conflit. Intellectuels, militants de la paix, juristes, politiques, membres d'organisations et d'associations internationales ont tous répondu à cet appel pour mettre en lumière les responsabilités qui incombent à nos gouvernements. Il ne suffit pas de dénoncer la violation du droit, il faut œuvrer pour y mettre un terme. Or nos gouvernements pèchent non seulement par leur inaction mais aussi parfois en contribuant directement ou indirectement à la pérennisation de l'illégalité. Notre mobilisation est donc essentielle pour forcer lesdits gouvernements à prendre enfin les mesures qui s'imposent. Une telle mobilisation peut être salvatrice pour les peuples de la région et pour nous-mêmes (...)»

Les six questions auxquelles devront répondre le jury de ce tribunal d'opinion sont les suivantes :

  1. L'Union européenne et ses Etats membres ont-ils manqué à leur obligation de promouvoir et de faire respecter le droit du peuple palestinien à l'autodétermination ? Ont-ils coopéré afin de mettre fin à toute violation grave de ce droit ? Ont-ils prêté aide ou assistance à une violation de ce droit ?
  2. L'Union européenne et ses Etats membres ont-ils manqué à leur obligation de faire respecter le droit international humanitaire à l'égard du peuple palestinien en ce qui concerne le blocus de la bande de Gaza et l'opération militaire israélienne « Plomb durci » ? Ont-ils coopéré afin de mettre fin à toute violation grave de ce droit ? Ont-ils prêté aide ou assistance à une violation de ce droit ?
  3. L'Union européenne et ses Etats membres ont-ils manqué à leur obligation de faire respecter le droit international humanitaire et le droit du peuple palestinien à la souveraineté sur ses ressources naturelles en ce qui concerne l'installation de colonies de peuplement et de pillage des ressources naturelles par Israël dans les Territoires palestiniens ? Ont-ils coopéré afin de mettre fin à toute violation grave de ces droits ? Ont-ils prêté aide ou assistance à une violation de ces droits ?
  4. L'Union européenne et ses Etats membres ont-ils manqué à leur obligation de faire respecter le droit international humanitaire, le principe de non acquisition de territoire par la force et le droit à l'autodétermination du peuple palestinien en ce qui concerne l'annexion par Israël de Jérusalem-Est ? Ont-ils coopéré afin de mettre fin à toute violation grave de ces droits ? Ont-ils prêté aide ou assistance à une violation de ces droits ?
  5. L'Union européenne et ses Etats membres ont-ils manqué à leur obligation de faire respecter le droit international en ce qui concerne l'édification du mur par Israël dans les Territoires palestiniens ? Ont-ils coopéré afin de mettre fin à toute violation grave de ce droit ? Ont-ils prêté aide ou assistance à une violation de ce droit ?
  6. Au regard de ce qui précède, l'Union européenne et ses Etats membres ont-ils manqué à leur obligation de faire respecter le droit international et le droit européen dans le cadre des accords signés entre l'Union européenne et l'Etat israélien ?

Les chefs de gouvernement, ministres des Affaires étrangères des pays de l'Union Européenne, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, le président du Conseil européen Herman Van Rompuy et la Haute Représentante de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Catherine Ashton, ont été informés de la tenue de la session du Tribunal et invités à venir présenter des arguments pour la défense, «s'ils le souhaitent (!)».

Seront-ils présents ? Rien n'est moins sûr, mais la plus grande publicité devra en tout cas être faite autour des conclusions de ce tribunal de la conscience et ce, malgré une attitude hexagonale et européenne le plus souvent assez indifférente au droit international rapporté aux strictes droits de l'homme, sujet très peu médiatisé par temps de campagne électorale, et pourtant oh combien préoccupant.

A propos du Tribunal Russell

Lire aussi

18/02/2010

Les retraites Maginot

Le problème avec les retraites, c'est que personne n'ose vraiment y toucher et que personne n'y touchera sans doute vraiment, chacun se retranchant derrière de vraies-fausses contraintes démographique (papy-boom) ou conjoncturelle (crise économique). Et pour commencer, comme on pouvait s'y attendre, il faudra encore attendre, septembre, pour voir une soi-disant vraie réforme vraiment négociée d'un des pans de notre protection sociale rendu dangereusement déficitaire.

Car aujourd'hui, pour la grande majorité des observateurs, le gouvernement use du mot négociation, sans négocier réellement. D'ailleurs quelques rongeurs aux affaires ne se sont pas privés de s'attaquer dès le mois de novembre 2009 aux caisses complémentaires Agirc-Arrco et Ircantec. L'information est passée à peu près inaperçue. Elle date de novembre 2009, un peu avant la vraie-fausse privatisation de la Poste. Elle est significative de la manière dont ce gouvernement «anticipe» les «concertations» sans tenir compte des avis qu'il sollicite, comme ici celui du Conseil d'Orientation des Retraites.

L'opération annoncée devant le sénat par Christian Estrosi consiste à puiser plusieurs milliards d'euros dans une caisse privée, Cnav/ Agirc-Arrco, pour en alimenter une autre, l'Ircantec, au prétexte que cette dernière, réservée aux fonctionnaires, ne percevra plus les cotisations des postiers sortis du secteur public ! Source

affiche_Temps_modernes_1936_2.jpg

Croit-on devoir être délivré de ce type de gestion en 2012 ? Pense-ton qu'un Dominique Strauss-Kahn, en tête des sondages de popularité, ne pervertira pas le principe de redistribution, clef de voute d'un socialisme idéal et théorique ?

Ses propositions faites en 1982, si elles n'ont pas changé, sont les suivantes : assortir les retraites par répartition d'une part de capitalisation non plus volontaire, l'actuel «si on veut et si on peut», mais obligatoire avec un coût d'accès certes rendu accessible mais sans que celui-ci soit défini. Ce qui équivaut à un abandon programmé des retraites par répartition.

Faut-il en effet rappeler que cette vision du mode de financement des retraites en France, lui était commune avec un certain Denis Kessler, camarade de promotion et pourfendeur du programme économique et social du Conseil National de la Résistance (L'épargne et la retraite. L'avenir des retraites préfinancées. Paris, Economica, 1982) ? S'il devait être candidat à la succession de l'actuel chef de l'Etat, le discours de DSK serait-il différent ?

Renoncerait-il aussi à cette à affirmation de 2007, un rien cynique : «la gauche avait ramené l'âge de la retraite de 65 ans à 60 ans : cela a été un grand progrès. Maintenant le progrès ce n'est pas de passer à 59 ans ou 58 ans. Le progrès, c'est de dire que certains puissent travailler plus, l'âge de la retraite ne doit plus être un couperet».

Il faudrait qu'il change son fusil d'épaule pour convaincre un électorat qui lui est aujourd'hui favorable.

départs anticipés.jpg
Les lignes Maginot sont donc déjà tracées :
  • La «patronne des patrons» s'inquiète pour les entreprises et explique : «On pourra bien taxer les profits : on va tuer les entreprises et on n'aura même pas assez d'argent pour financier les retraites donc c'est une vue de l'esprit» . C'est en effet  «une vue de l'esprit» que d'attendre une quelconque contribution de la part d'actionnaires préoccupés du bon fonctionnement de leur parachute et autres dividendes. Ce qui serait pourtant une bonne idée, même si elle est insuffisante.
  • Les régimes spéciaux - spécieux comme ceux des élus ont peu de chance d'être remis en cause pour qu'un effort national pourtant nécessaire soit rendu efficace.
  • Qui se prépare sérieusement à un compromis et qui peut croire qu'il sera procédé «sans remettre en cause la retraite par répartition ou diminuer le montant des pensions». ?

D'un autre côté, la précarité grandissante liée au «triangle des Bermudes du travail», l'emploi, l'absence de solidarité entre tranches d'âge et secteurs d'activité public - privé, un vieillissement trop souvent sans ressource et sans défense confié tout au plus à Martin Hirsch ou à d'hypothétiques ONG, l'échec probable de cette réforme, restent des prévisions bien plus réalistes.

16/02/2010

Résister pour Gaza

On s'indigne parfois et d'un peu trop loin, de ce qui se passe à Gaza. Mais il serait triste de ne pas savoir que des israéliens, en l'occurrence des soldats, militent de l'intérieur, eux aussi et parallèlement à la communauté internationale, pour que le gouvernement israélien cesse d'agir en toute impunité, en violation des traités humanitaires internationaux et les Droits de l'Homme. Preuve, une fois de plus, que la résistance est une manière d'être, heureusement universelle.

gazaouis.jpg

Tout cela a pour origine le blocus instauré par le gouvernement israélien il y a de cela plusieurs années.

Ces résistants témoignent de ce qu'a été l'opération « Plomb Durci » et n'admettent pas que les victimes d'hier soient devenues les bourreaux d'aujourd'hui.

« Par Amina Semmoud, publié le 10/02/2010 à 12:30 - mis à jour le 10/02/2010 à 12:36 dans LEXPRESS.fr :

L'opération Plomb durci a commencé fin décembre 2008. Elle a fait 1400 morts du côté palestinien et 13 morts du côté israélien.

A l'occasion de son passage à Paris, a rencontré Yehuda Shaul, ancien soldat de Tsahal, qui du haut de ses 27 ans, se bat pour dénoncer certains agissements de l'armée israélienne.

(...) C'est un homme grand et imposant qui fait son entrée d'un pas assuré. Il s'installe, se présente et rentre d'emblée dans le vif du sujet. Yehuda Shaul a été soldat dans l'armée israélienne entre 2001 et 2004. Après avoir servi à Hébron, il quitte les Forces de Défense d'Israël et fonde avec des membres de son unité l'organisation Breaking the Silence (Briser le silence). « Nous partagions tous le même sentiment très désagréable que quelque chose ne s'était pas passé comme prévu lors de notre dernière mission » dit-il.

L'organisation s'évertue depuis 2004 à recueillir des témoignages de soldats qui dénoncent certaines pratiques honteuses au sein de l'armée. Plus de 700 cas ont été recensés. Yehuda Shaul précise d'entrée de jeu: « Breaking the Silence ne propose pas de solution spécifique au conflit israélo-palestinien. Notre but est d'ouvrir un débat. Dans ce sens, nous nous apparentons plus à un miroir. »

Lire la suite...

12/02/2010

Europe, la guerre du rire jaune

Quand on prend les interventions de Dany Cohn-Bendit pour des provocations, on risque de passer à côté de quelques évidences. Exemple : le « ta gueule » adressé à Martin Schulz (candidat président du Parlement européen en 2012, à la suite d'un accord passé entre les socialistes du PSE et les conservateurs du PPE) n'est vraiment pas très important à côté des vérités relevées par DCB sur les hypocrisies, incohérences et autres impuissances européennes comme celles concernant la Grèce, Haïti, et quantité de directives absurdes que l'intéressé, personne n'étant parfait, a peut être parfois lui même approuvé.


Cohn-Bendit voit rouge au Parlement Européen.
envoyé par StrasTv. - L'info video en direct.

Absurdes, iniques et parfois carrément comiques.

Absurdes parce que reposant sur des compromis, ne servant qu'à satisfaire des équilibres médiocres entre groupes parlementaires élus à la proportionnelle, livrés aux lobbies (Groupes d'Intérêts Accrédités, ou pas), sans réelles attention pour les réalités de terrain. Pas question dans ces conditions de rechercher une harmonisation politique ou sociale, tout ce qui constitue pourtant les raisons d'un vote pro-européen raisonné et pourrait asseoir enfin la crédibilité d'une communauté d'Etats.

Si DCB est drôle, c'est que ses colères et sorties sont gênantes pour ceux qu'il prend à parti sans trop se tromper sur leur comportement, intentions ou absence d'intention. Et ce n'est surement pas l'humour qui tuera l'Europe. Il faudrait seulement pouvoir aller au-delà du seul spectacle, ce qu'on ne peut pas faire seul.

10/02/2010

L'esprit de Philadelphie

C'est sous le titre exacte de « L'esprit de Philadelphie : la justice sociale face au marché total » (Seuil / la République des idées. Collection Débats - 2010) qu'Alain Supiot (*) vient de publier un essai, reprenant la Déclaration de Philadelphie qui sert encore de base au droit social. Y sont données des clés d'analyse, d'action et de compréhension, sur la mondialisation et la justice sociale qui n'en finissent pas de se heurter.


Alain Supiot - les matins
envoyé par franceculture. - L'actualité du moment en vidéo.

Les 4 principes fondateurs de l'Organisation Internationale du Travail, énoncés le 10 mai 1944 à Philadelphie, déjà très présents dans les années qui précèdent (New Deal, discours de Roosevelt...) sont révélateurs d'un « esprit » tout à fait perceptible dans le programme du Conseil National de la Résistance du 15 mars 1944 et dans les droits économiques et sociaux contenus dans les articles 22 et suivants de la Déclaration Universelle de 1948.

Ces principes fondateurs sont aujourd'hui pour le moins très malmenés et ce n'est sans doute pas un hasard si un Denis Kessler, (Vice-président exécutif du MEDEF de 1998 à 2002, Officier de la Légion d'Honneur le 31 décembre 2009 et coauteur avec Dominique Strauss-Kahn, de « L'épargne et la retraite ») a confié au magazine Challenge :

« Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance [...] Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s'y emploie [...] La liste des réformes ? C'est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception [...] Il s'agit aujourd'hui de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance. »

Rappel de ces principes jugés, on s'en doute, « révolutionnaires », « alter mondialistes » pour ne pas dire « ultra-gauchisants » par les gouvernants du jour :  

- Le travail n'est pas une marchandise,

- La liberté d'expression et d'association est une condition indispensable d'un progrès continu,

- La pauvreté, où qu'elle existe, constitue un danger pour la prospérité de tous,

- Tous les êtres humains, quels que soient leur race, leur croyance ou leur sexe, ont le droit de poursuivre leur progrès matériel et leur développement spirituel dans la liberté et la dignité, dans la sécurité économique et avec des chances égales.

Dans cet essai, Alain Supiot souligne le fait qu'il n'y a pas de paix sans justice et que la dignité n'est pas un droit mais un principe, source d'obligations pour chaque individu.

Une remarque au passage et pour conclure très provisoirement :
L'actuel président de la république exerce une fonction qui devrait transcender sa personne. Or c'est l'inverse que l'on constate. Ce qui est particulièrement « gênant » lorsque l'intéressé, mélangeant les genres et oubliant l'article 29 de la DUDH, veut faire respecter, sans la respecter lui-même, une charte des « droits et devoirs » !

De quoi déclarer l'état d'urgence.

(*) Spécialiste du droit du travail, directeur de l'Institut d'études avancées de Nantes.

04/02/2010

Retour à Marciac

France 2 - jeudi 4 février - Envoyé Spécial

policeenfant.1257756507.jpg
Le 19 novembre 2008, des gendarmes, accompagnés d'un chien, pénétraient dans des classes de 4ème et 3ème du collège de Marciac, dans le Gers, pour procéder à une opération de contrôle anti-drogue, présentée préalablement comme une opération de sensibilisation et de prévention.

Fouilles et palpations sont pratiquées sur des élèves mineurs. Pourtant rien ne permettait de soupçonner des infractions à la législation sur les stupéfiants, dans ce collège réputé calme. Aucune infraction n'est relevée.

La gravité de cette initiative et la manière dont elle fut menée amenent la Commission Citoyens-Justice-Police (composée de membres de la Ligue des droits de l'Homme, du Syndicat des Avocats de France et du Syndicat de la Magistrature), sur saisine d'un parent d'élève, à procéder à une enquête suivie d'un rapport rendu public en mai dernier.

La Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité (CNDS), saisie par la Défenseure des enfants, vient de publier son propre rapport sur cette affaire, qui confirme les analyses de la Commission Citoyens-Justice-Police.

La CNDS, organisme officiel indépendant, a démontré à cette occasion et depuis plusieurs années l'importance de son rôle en matière d'analyse critique et de recommandations au sujet de comportements illégaux et de violences illégitimes commis par des personnels et responsables des forces de sécurité.

Or le gouvernement, dans un projet de loi organique, prévoit la suppression de la CNDS et de la Défenseure des enfants et le transfert de leurs attributions à une seule personne, le Défenseur des droits.

A suivre...

30/01/2010

No sarkosy day

Une date à retenir : 27 mars 2010..., un appel

Inconséquence politique, échec économique, casse sociale, rupture du pacte républicain, atteinte à l'égalité des chances, politique de la peur, stratégie de la division, lois liberticides, pratiques autocratiques du pouvoir, favoritisme, népotisme, manipulations médiatiques, ingérences judiciaires, collusion avec le monde des affaires et les forces de l'argent...

no sarko.jpg

Nous avons tous nos raisons pour nous opposer à Sarkozy et à son clan, pour résister au sarkozysme. Mais ce président sans envergure, effrayé par le peuple, prend grand soin de le tenir à l'écart, muselant au besoin sa parole derrière des cordons de CRS.

Alors, ENSEMBLE, nous élèverons la voix plus haut, nous nous ferons entendre plus fort, unis dans la défense des valeurs de notre République :

Liberté - Egalité - Fraternité - Laïcité - Démocratie

Nous, simples citoyens, vigilants et inquiets, en conscience et indépendamment de tout parti ou syndicat, appelons toutes celles et tous ceux qui ressentent l'envie, le besoin de dire NON ! à Nicolas Sarkozy, à se rassembler pour un No Sarkozy Day.

Le 27 mars 2010 : une journée pour lui dire NON !

Des rassemblements seront organisées partout en France, à partir de 14 Heures devant les préfectures et les sous-préfectures, à Paris place de la Bastille, et dans le monde entier devant les ambassades de France.

A l'issue de cette journée de mobilisation, se tiendront partout des réunions ouvertes, où nous pourrons ensemble, démocratiquement, décider de la suite à donner à ce mouvement de contestation populaire du sarkozysme, contestation que nous espérons aussi large que possible.

SIGNER L'APPEL

Le groupe Facebook du No Sarkozy Day a été supprimé.

Facebook aurait-il subit des pressions ?

Voici le nouveau groupe en attendant pensez à vous y inscrire et à en diffuser l'adresse.

26/01/2010

Autre chose, au choix

Il faudrait avoir la vue basse pour ne pas s'apercevoir qu'au moment même où le squatter de l'Elysée tente de rassurer son bon peuple sur des retraites futures, paisibles et choisies, le pays où les droits de l'homme sont soldés avec la bénédiction de Bercy et du Quai d'Orsay, maintient son taux d'ignominies à un échelon que chacun appréciera.
Exemples bien réels d'une réalité cauchemardesque ...

magritte.jpg

C'est à Calais où la pression policière sur les migrants est « revenue à un niveau comparable à celui d'après la destruction de la jungle en septembre dernier (...). Alors que parmi les migrants, il y a des mineurs, des gens qui ont déposé une demande d'asile et qui ont normalement droit à un hébergement, (...) des Soudanais (...) ont vu leurs effets personnels confisqués. On a retrouvé des demandes d'asile à la déchetterie. »

C'est dans le Val de Marne où un arrêté d'expulsion a été émis à l'encontre de deux Haïtiens coupables d'avoir fuit un séisme dont personne, c'est sûr, n'a entendu parler et de s'être retrouvés à Orly Sud munis de papiers aux photos d'identité douteuses, un peu comme ces corps voilés que l'on a extirpés des décombres de Port au Prince.

C'est à Bonifacio où cent vingt-quatre Kurdes de Syrie débarqués sur une plage, dans la nuit du 21 au 22 janvier, ont tous été placés dans des centres de rétention du continent avant même d'avoir pu formuler la moindre demande d'asile. Ce qui a eu pour effet - encore heureux - d'aboutir à leur remise en liberté qui, toute provisoire, permettra au Besson de service d'envisager une modification prochaine des procédures existantes. Il faudra donc y revenir.

19 clandestins kurdes ont été remis en liberté - kewego
Ils risquent toujours une reconduite à la frontière.

Autre chose.
Ca n'a rien à voir, mais puisque l'on nage en pleine indécence Henri Proglio dispose de « quelques mois » - pas un de plus - pour se consacrer exclusivement à EDF et peaufiner avec discrétion, une vraie fausse hausse des tarifs, aux alentours de 24%, au prorata de ses notes de frais.

Rien de bien nouveau donc puisque de l'inénarrable général d'empire Frédéric Lefebvre au très imperceptible lieutenant et néanmoins souriant Claude Bartolone pour le PS, les avis (pardon les expertises) continuent d'entretenir espoirs et illusions... Au choix.

19/01/2010

Ubu est arrivé, Ubu est là

L'administration soumet les Français nés à l'étranger, ou de parents nés à l'étranger, à d'humiliantes et absurdes obligations pour renouveler leurs papiers. Michel Tubiana, président d'honneur de la Ligue des droits de l'homme, a répondu à des questions de lecteurs de Libération, et la LDH a lancé un appel «Vous êtes Français, prouvez-le», pour dénoncer cette situation.

Malek.
Si les preuves de nationalité de mon père ou grand-père sont perdues, comment vais-je faire ?

Michel Tubiana. Il va falloir reconstituer à tout prix les preuves de la nationalité, ou si vous pouvez prouver que vous avez vécu comme un Français pendant plus de dix ans, vous pouvez faire une déclaration acquisitive de la nationalité française au tribunal d'instance de votre domicile.

Capucine.
J'ai 66 ans, mon père était marié à une Française, s'est engagé dans la Gendarmerie et à vécu plusieurs années en Afrique du Nord, nous sommes tous nés en Afrique du Nord dans des villes différentes, avons-nous à craindre pour renouveler notre carte d'identité ?

M. T. Oui, malheureusement, c'est l'imbécilité de la législation actuelle.

Votre pseudo.
En France, le quai d'Orsay explique par téléphone que les ambassades de France ont tous les pouvoirs. Le fait du prince en quelque sorte. De quels recours dispose-t-on en cas de «mauvaise foi» de la part de l'ambassade ?

M. T. Aucun.

Premiere_Ubu_Roi.jpg

Philippe.
A qui adresser une réclamation qui aura quelque chance d'aboutir rapidement ?

M. T. Au préfet, en l'état actuel des choses, mais nous envisageons d'autres moyens de recours, que nous évoquerons sous peu.

Cape Town.
Comment prouve-t-on que l'on a vécu dix ans ou plus en France ?

M. T. Par tous les moyens de preuves possibles : quittance de loyer, carte Navigo, Carte Orange, adresse figurant sur des quittances EDF, cartes bancaires... Ce qui est intéressant dans cette question, c'est qu'au fond un certain nombre de Français se retrouvent presque dans la même situation que les sans-papiers à qui l'on demande de prouver qu'ils demeurent en France depuis plusieurs années pour les régulariser. Nous avons toujours dis que la politique suivie à l'égard des étrangers finissait par retomber sur les Français.

Cape Town.
Je suis Français, né en France, marié à une Sud-Africaine et j'habite au Cap (Afrique du Sud), depuis 2002. Ma fille est née au Cap, et la naissance de ma prochaine fille est prévue pour le 2 février 2010. Que dois-je faire ?

M. T. Propulsez-vous d'urgence à l'ambassade, afin de déclarer les naissances de vos enfants et de les faire enregistrer à l'état civil français.

Melody.
Je suis née en Amérique latine, j'ai des parents français et j'ai vécu en grande majorité en France. J'avais une carte d'identité que j'ai faite faire lorsque j'étais encore mineure. Lorsque j'ai fait une demande de renouvellement, il a fallu pourtant donner des papiers montrant que mes parents étaient bien français. Pourquoi ai-je dû faire cela, alors que j'avais déjà une pièce d'identité française ?

M. T. Même réponse que ci-dessus : en raison des pratiques discriminatoires en vigueur.

Minou.
Les «administrations» demandent des documents qu'ils possèdent déjà... Pourquoi donc les redemander. Ils demandent par exemple le certificat de naturalisation alors qu'il leur incombe de le rechercher eux-mêmes, ils sont payés pour ça.

M. T. Je suis tout à fait d'accord, nous sommes dans le cadre de cette législation discriminatoire, souvent appliquée de manière stupide. Mais, surtout, ce que cette législation montre, c'est la phobie gouvernementale actuelle de tout ce qui pourrait être un étranger.

Loulou.
J'ai été très choquée de m'entendre dire par un fonctionnaire d'une mairie parisienne «madame, vous êtes française comment ?». Que l'on soit né France ou à l'étranger, il n'y a que deux possibilités : soit on est Français, soit on n'est pas Français ! On ne peut pas être légèrement Français ou à peu près Français. Qu'est-ce que vous en pensez ?

M. T. Si, malheureusement, je peux imaginer la situation, surtout que les personnes derrières les guichets ne sont pas formées à traiter de ces sujets.

Gaspard.
Quelles conséquences pour un Français n'arrivant pas à justifier sa nationalité via les papiers de ses parents ou par une domiciliation ? Des personnes sans domicile fixe, françaises depuis toujours, pourraient-elles être expulsées avec ces nouvelles dispositions ?

M. T. Difficilement, puisque alors elles seraient apatrides - sans nationalité - et ce serait encore plus les enfoncer dans l'abandon social où elles vivent.

Yann Lardeau.
Deux points de réflexion : 1°) La procédure de justification de la nationalité française pour les Français nés à l'étranger est le sujet de M. Klein de Joseph Losey. Autrement dit, nous autres Français, nés à l'étranger, vivons sous l'esprit des lois de Vichy. Les socialistes se réveillent bien tard sur cette question.

M. T. L'initiative dans ce domaine datant de la première cohabitation, de l'initiative de Charles Pasqua de renouveler toutes les cartes d'identité. Je ne comprends pas trop l'allusion que vous faites, ce que l'on peut en revanche reprocher à tous les gouvernements, c'est de cautionner la force d'inertie de l'administration, d'avoir continuer à laisser faire, alors qu'ils étaient alertés depuis le début.

Votre pseudo.
J'ai un cas qui peut être intéressant : ma mère âgée de 82 ans a passé toute sa vie en France, elle est arrivée ici en 1930 venant d'Italie. Elle s'est mariée avec mon père, Français de souche, a eu des enfants. Ses parents ont été nationalisés Français, donc nationalisée elle aussi, elle a toujours vécu ici. Aujourd'hui, elle doit refaire ses papiers d'identité (perte de la CI) et c'est la galère depuis plus de deux ans ! Voilà, histoire vécue, elle doit justifier sa vie entière pour avoir une carte d'identité...

M. T. Je partage, surtout j'imagine ce que peut être le désarroi de cette femme.

Corine.
Mes enfants sont adoptés à l'étranger et Français. Ils ont une CNI depuis plusieurs années. Ils vont bientôt devoir les renouveler, risquent-ils d'avoir des problèmes ?

M. T. Oui, malheureusement.

Judith.
Pour ceux dont les papiers des parents ou des grands-parents ont été détruits dans leur municipalité de naissance du fait de la 2e guerre mondiale, comment faire ? En 2004, les démarches nécessaires m'ont demandé un an. Et d'ailleurs, j'ignore le lieu et la date de naissance de mes grands-parents !

M. T. En dernier ressort, si vous pouvez prouver que vous êtes Français - c'est-à-dire que vous avez vécu en tant que tel depuis plus de dix ans - il faut faire une déclaration acquisitive de nationalité française, auprès du tribunal d'instance de votre domicile.

Wikio

21/12/2009

Catch à trois sur A2

Antenne 2 et sa directrice, A. Chabot, ont donc programmé pour la prochaine émission « A vous de juger » (14 janvier 2010, selon Le Post et Libération) un combat Marine Le Pen vs Eric Besson, et il est inutile de refaire le portrait de ces protagonistes pour se rendre compte à quel point le débat citoyen va y être rabaissé. Inutile aussi de souligner les manquements volontaires d'une télévision soi-disant rattachée au service public.

besson_calais-2.jpg

Mais, ce qui est prévisible et insupportable dans ce faux débat où la posture et le spectacle l'emporteront sur un échange vicié de points de vue, sera vraisemblablement la mise en pièce du monde associatif défendant les Droits de l'Homme. Même si une majorité de téléspectateurs n'est pas dupe, comment supportera-t-on d'entendre les Droits de l'Homme défendus par Eric Besson avec sa mauvaise foi consubstantielle et à travers des arguments fourbis d'avance difficilement réfutables :

  • Propos tenus par Georges Frêche sur les Harkis ou l'équipe de France de football
  • Propos tenus par Manuel Valls sur les blacks de sa circonscription
  • Trafics organisés par les passeurs de migrants clandestins

Puisqu'ils ne pourront intervenir sur le plateau, il ne serait pas inutile que les défenseurs des Droits de l'Homme, notifient publiquement leur réprobation avant même que cette émission ait lieu. Non pas pour interdire le spectacle (ce qui serait contraire à la liberté d'expression), mais pour désavouer l'utilisation qui sera faite à tout coups des Droits de l'Homme, dans une opération dont la bassesse et le cynisme ne servent que de tristes personnes en pleine crise d'hystérie égo centrée sur les régionales et un service public à la recherche d'une audience perdue depuis longtemps.

03/12/2009

Droits de l'enfant

20/11/89 - 20/11/09 : le XX° anniversaire de la convention internationale des droits de l'enfant consacre un traité adopté à l'ONU par 191 pays hors les Etats-Unis et la Somalie.

Ce texte qui peut être invoqué directement par les justiciables âgés de moins de 18 ans (art. 1), ne se contente plus de considérer les enfants comme des personnes fragiles qu'il faut protéger contre autrui ou contre elles-mêmes. Il traite aussi de l'ensemble des droits civils et politiques économiques, sociaux et culturels, et reconnaît aux mineurs les droits politiques de la personne humaine : liberté de conscience, liberté d'opinion, liberté d'expression et liberté d'association (art. 12 à 15).

Il est recommandé d'en orchestrer la promotion à travers l'Education Nationale, conseil généraux, associations... Le défenseur du droit des enfants est on-ne-peut-mieux placé pour jouer ce rôle. Mais...

C'est dans un contexte très peu médiatisé, que Dominique Versini, défenseure des enfants a remis son rapport au président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer, le 30 novembre dernier, faute d'avoir pu le remettre directement au chef de l'Etat, voire à Nadine Morano, Ministre de la famille, ce qui aurait été malgré tout plus logique.

Le peu de cérémonie accompagnant la remise de ce rapport serait négligeable si le fait n'était souligné par des signes démontrant que les droits de l'enfant constituent un thème qui dérange ou, pire, que les responsables hexagonaux chargés de veiller à leur application ont d'autres chats à fouetter. Parmi ces signes, le plus lisible concerne la suppression de la fonction occupée jusqu'ici par Mme Versini. (Voir note précédente)

Celle-ci n'omet pas de pointer dans son rapport que «la force symbolique de la suppression de l'institution du Défenseur des enfants serait d'autant plus remarquée que le Comité des droits de l'enfant de l'ONU vient d'inviter le Gouvernement français dans son rapport du 12 juin 2009 « à continuer à renforcer le rôle du Défenseur des enfants (...) et à lui allouer les ressources financières et humaines suffisantes ».

Le rapport qui se montre également critique sur la question de la justice pénale appliquée aux mineurs, devrait constituer un outil pour un ministère de l'enfance restant à créer. Mais l'Etat veut rester en retrait par rapport à l'intérêt porté à ce texte par la communauté internationale. Communauté internationale qui, selon Jean-Pierre Rosenczveig, Président du Tribunal pour enfant de Bobigny, « (...) devant le non respect des droits de l'homme, a adopté la stratégie de promouvoir les droits des enfants. »

Cette position n'enlève rien à la prépondérance de la Déclaration universelle des droits de l'homme. On peut même penser que les deux textes se confortent, alors que la position de l'Etat français reste ambiguë. Il est vrai que ces textes font obstacle au rayonnement des équipes qui nous gouvernent. A moins que ce ne soit l'inverse.

01/12/2009

Détenus à 3000 € pièce

En mars 2008, le tribunal administratif de Rouen, construite en 1864 et appelée "Bonne nouvelle" avait condamné l'Etat à verser 3.000 € à un détenu. Rebelote : la cour d'appel administrative de Douai (Nord) a confirmé jeudi 12 novembre la condamnation de l'Etat par le tribunal administratif de Rouen.

Un trou noir pour le ministère de la justice aveugle. A creuser sur le site Ban Public.

Alors, les détenus dédommagés ? La belle affaire !

Aucun problème ne sera réglé pour celles et ceux qui croupissent dans leur cellule en attendant d'être reconnus innocents. Pour eux, la folie est la seule compagne qui vaille encore la peine ; la seule échappée belle ; la seule façon de marteler le réel ; sa seule réfutation sereine. La dignité humaine ne se monnaye pas.


Ce qui ne veut évidemment pas dire que les conditions de détention de l'ensemble de la population carcérale ne relèvent pas d'un droit humain. Géographiquement universel. Alors, c'est tant mieux si on arrive à tordre le bras de l'institution judiciaire pour une meilleure prévention des risques sanitaires et pour une réelle réinsertion dans le monde des vivants. Sinon aucun «kits de protection», destinés aux détenus susceptibles d'attenter à leurs jours, contenant des draps et couvertures indéchirables et des pyjamas en papier à usage unique pour éviter les pendaisons, ainsi que des matelas anti-feu etc... » ne fera l'affaire.

Aucun grand emprunt ne saurait non plus y suffire. Pas même en « lâchant » une pincée d'euros sonnants et trébuchants. Ce qui frôle l'indécence.

26/11/2009

Solidarités programmées

Le politiquement incorrect de cette fin d'année consisterait-t-il à comparer la tonalité du discours tenu par Yann Artus Bertrand à celle des bateleurs télégéniques du Téléthon ou du Sidaction ? En tout cas les ressemblances sont frappantes.

Sur le fond tout le monde est à peu près sur la même longueur d'onde. Les maladies, génétiques ou pas, ne peuvent se combattre que par une la recherche scientifique rendue efficiente et le réchauffement climatique que par une diminution volontaire et progressive des émissions de gaz à effet de serre. Jusque là, tout va bien. Là où ça se complique, c'est quand il faut financer cette logique.

A ce niveau, il est seulement dommage que ce soit les opinions publiques qui soient prioritairement appelées à se substituer au pouvoirs en place sous prétexte que ces deux grandes causes (santé & climat) contribuent à créer un lien de solidarité entre celles et ceux qui y adhèrent. C'est une tradition. L'hypocrisie n'est pas loin, d'autant moins loin que les budgets nationaux consacrés à la recherche médicale sont proches du degré zéro de l'écriture comptable ou que les ambitions affichées du Ministère-de-l'Ecologie-de-l'Energie-du-Développement-durable-et-de-la-Mer-en-charge-des-Technologies-vertes-et-des-Négociations-sur-le-climat (ouf, nous y voilà !) consistent à remporter une partie de poker menteur, et rien de plus.

Besoin de personne pour répondre favorablement aux appels lancés par l'évidence climatique ou celle non moins douloureuse des maladies génétiques ou pas. Inutile donc d'inventer de faux prétextes pour récolter des fonds ou pour responsabiliser des consommateurs jamais contrits.

Mais, les bateleurs sont là et à l'affut de soi-disant tiers, irréductibles à leurs appels répétés en boucle du type : «il est trop tard pour être pessimiste», «nous sommes au bord d'une catastrophe si nous n'agissons pas», «le compte à rebours est lancé» ou «tous plus fort que tout», «vaincre le mauvais sort», «on commence à sentir les prémisses d'un début de solution».
A l'affut de contradicteurs pouvant être désignés comme des images en négatif de cette opinion publique si maniable. Et cette année... ont été tirés au sort.... Claude Allègre pour le climat et, ... pour sa contribution au téléthon... Pierre Bergé . Chacun illustrant sa catégorie avec les moyens du bord : esprit de contradiction pour l'un, maladresse naïve pour l'autre. Qu'importe, ces oiseaux de mauvais augure l'ont bien cherché. Ils auraient simplement du s'exprimer autrement.

Le problème c'est qu'à force de bateler à tort et à travers, on risque l'overdose et que le côté «people» de ces solidarités programmées peut contribuer à dévaluer ce sur quoi elles sont humainement fondées.

hiatus.jpg

Il faut ajouter que le ridicule est atteint lorsque, faute de programmation cohérente, des causes estimables en viennent à se chevaucher dans le temps. Cherchons l'erreur : le 28 novembre sera à la fois une journée sans achat et une journée consacrée à aider les banques alimentaires.

23/11/2009

Prix et salaires : la peur

Pour conserver le ventre plat, rien de mieux qu'une cure de poireaux. D'autant qu'avec le pas de deux qui s'annonce entre une TVA à 5,5% et une autre à 19,6 %, les restaurateurs vont pouvoir faire valser une nouvelle fois leurs étiquettes. Ce qui ne coupera surement pas l'appétit des prédateurs du CAC 40 ni celui des sénateurs qui ont mis le sujet sur le tapis.

restau.jpg

Illustration de Kahmmille Daindein Farai

La TVA étant réputée comme l'impôt le plus injuste de nos sociétés repues, il serait pourtant de bon goût de la supprimer carrément.

Augmentations prix & salaires depuis 2000
animation à télécharger

Ce qui, de toute façon, serait loin de contrebalancer l'ensemble des inégalités qui apparaissent à la lecture de l'animation qui précède. Ca fait même assez peur tant c'est écœurant.

 

Mise à jour du 24/11/09 ou pilule du lendemain : la nuit a porté conseil aux sénateurs. Ils ne changeront décidément rien à la « TVA - restauration » (5,5%).

Les lobbyistes de la petite cuillère sont parvenus à leur fin. Et selon Gérard Longuet, « la situation est sous contrôle et personne n'est dupe de personne ». Traduisons : les sénateurs chargés d'écrire la loi et non de la faire respecter (il y a encore des tribunaux pour ça), demeurent libres et indépendants. Ce qu'il fallait démontrer.

17/11/2009

Corruption portes ouvertes

Les chambres régionales des comptes ont été crées en mars 1982 pour constituer des juridictions financières attachées aux gestions locales. Leur jugement est susceptible d'appel devant la Cour des Comptes et de cassation devant le Conseil d'Etat.

goldenracailles.jpg
Il y avait le droit pénal dans lequel les financiers les plus « initiés » finissaient par se prendre les pieds : d'où la dépénalisation du droit des affaires.
Il y avait (il y a encore, mais pour combien de temps ?) les juges d'instructions, capables de mettre en examen ces mêmes financiers : d'où la furieuse envie exprimée à l'Elysée de supprimer le juge d'instruction au profit d'un hyper magistrat instructeur nommé par "le président de tous les français".
Il y a aujourd'hui les magistrats de la chambre régionale des comptes (CRC) : ils risquent d'être remplacés par des observateurs beaucoup moins encombrants et nettement plus dociles aux injonctions venues d'en haut. De quoi être inquiet.

Leurs torts ? Contrôler les recettes et les dépenses des collectivités territoriales, intervenir chaque fois qu'un ordonnateur (un maire par exemple) se trouve en situation de gestion de fait. Traduire : en train de manier de l'argent public à des fins irrégulières, voire personnelles, à travers de fausses factures, des subventions détournées de leur finalité, des déficits budgétaires quasi volontaires etc. Jusqu'à présent et à quelques exceptions près, le principe de séparation entre l'ordonnateur et le comptable du trésor public, fonctionnait à peu près bien. Et le contrôle s'exerçait, dérangeait même parfois jusque dans les couloirs de Bercy.

On comprend alors que cette énième réforme soit imaginée pour transformer le contrôle des dépenses publiques des collectivités territoriales par les CRC en une simple évaluation. Ce qui équivaut à la mise en place d'une corruption organisée. Comme pour la dépénalisation du droit des affaires, la tentation sera grande de fermer les yeux sur les pratiques douteuses de gestionnaires proches du sérail ou ayant partie liée avec lui. Elle tombe à pic et au moment même ou les maires de France, sifflent le courageux fantôme de Matignon à la porte de Versailles à propos de la suppression de la taxe professionnelle. En cas de fronde tenace, on pourra toujours marchander une déresponsabilisation du  statut d'élu local.

A propos, les magistrats de la Chambre Régionale de Comptes ont fait grève aujourd'hui 17 novembre pour revendiquer ce qui leur reste d'indépendance. Si on ne s'en est pas rendu compte c'est qu'ils ne sont que 300 sur l'ensemble du territoire et que le tapage est ailleurs.

20/09/2009

CCAS en danger

La suppression de la taxe professionnelle peut-elle avoir une incidence sur le fonctionnement des Centres Communaux - ou Intercommunaux - d'Action Sociale (CCAS ou CIAS) ? La réponse officielle sera évidemment « Non ». Et pourtant...

D'un montant de 28 milliards d'euros, la taxe professionnelle représente la moitié des recettes fiscales des collectivités locales. Ce n'est donc pas en diminuant leurs revenus fiscaux que le risque qui plane sur les dépenses publiques de solidarité vis-à-vis des plus démunis sera écarté.

Bien qu'aucune mesure sérieuse n'ait encore été arrêtée pour compenser cette perte de ressources, le risque est d'autant plus préoccupant que les mairies peuvent décider à tout moment de la fermeture des CCAS / CIAS. Une décision qui s'inscrit dans le processus général de démantèlement du service public, ce qui en période de récession est totalement insupportable et catastrophique.

CCAS.jpg

Or deux types d'aide sociale sont mis en question :

  • l'aide sociale légale constituée d'une obligation pour la collectivité publique et d'un droit pour l'individu. Elle recouvre l'ensemble des prestations dont les conditions d'attribution sont fixées par la loi.
  • l'aide sociale facultative relève de la libre initiative des collectivités territoriales. En 2007, cette action sociale facultative a failli être radicalement supprimée. L'UNCCAS s'y est opposé.

C'est cette dernière aide qui est la plus immédiatement menacée.

En dehors du fait que la libre administration des collectivités territoriales est un principe constitutionnel inscrit dans la logique de la décentralisation, d'autres menaces, au-delà des clivages politiques, obscurcissent l'avenir des CCAS :

Pendant ce temps, la situation des personnes directement concernées par l'action des CCAS, de plus en plus nombreuses, ne cesse d'empirer. C'est ce que révèle une enquête présentée lors du congrès de l'UNCCAS qui s'est tenu les 16 et 17 septembre dernier.


Pour mieux lire les informations de ce récapitulatif défilant,
on peut l'agrandir et/ou le bloquer à l'aide de la souris enclenchée.

Les CCAS sont loin de ressembler à leurs ancêtres, les Bureaux de bienfaisance et d'assistance. S'ils devaient faire les frais de la crise, les associations attachées à défendre les droits économiques et sociaux seraient parmi les premières à porter les revendications des plus précaires.

Voir aussi ce que constate Patrick Kanner, président de l'UNCCAS, dans un entretien accordé à la Gazette Santé-Social.

15/09/2009

Paniques, paranos ... Pa-d'soucis ...

... c'est rentable.

On avait déjà entendu qu' «aucun pouvoir ou aucun contre-pouvoir, n'a plus la moindre influence sérieuse sur le cours des événements, parce que l'humanité s'est laissée déborder par les systèmes qu'elle a créés, à commencer par le marché ».

On peut aussi préciser que les dits pouvoirs et contrepouvoirs sont d'autant plus impuissants et muselés qu'ils se sont depuis longtemps laissés piégés par des lobbies dont on mesure mal aujourd'hui la capacité réelle à « orienter » les gouvernances. Les plus efficaces sont sans doute ceux qui sont au service de multinationales de type Monsanto. Ils détiennent les clés du système, l'influencent et le verrouillent, mais ne le contrôlent pas forcément.

monsantofrankenfoods.jpg
Sur ce constat, on peut ainsi avancer qu'il est plus important pour une multinationale de rémunérer et de protéger ses lobbyistes que d'être cotée en bourse. A moyen terme, c'est par ce biais que ses intérêts financiers seront les mieux servis.

Dès lors, comble du cynisme, les catastrophes, pandémies, famines organisées, guerres et autres peurs paniques deviennent des opérations rentables pour les Etats (nouveau PIB) pour ces multinationales qui ne « travaillent » pas toutes dans le même secteur et dont les intérêts peuvent se télescoper, concurrence oblige.

Quant au long terme, le capitalisme ayant ses limites, c'est plutôt catastrophique : inégalités intérieures aux Etats, inégalités entre Etats, entre continents, inégalités aggravées par les taux de croissance démographique, accrues par l'épuisement des ressources naturelles et par les pollutions résultant de l'activité industrielle... Comme tout a une fin..., on imagine la suite.

Les pouvoirs politiques des Etats, pour se maintenir en place n'ont d'autres solutions que d'employer une série d'outils qui, n'ayant rien à voir avec l'idée idyllique que l'on peut se faire de la démocratie, s'apparente à une propagande digne d'Orwell. La manipulation est à l'œuvre. Une œuvre de survie avant le carnage. Et pas pour l'éviter !!!

D'où le développement pour ainsi dire généralisé de techniques éprouvées visant à développer et entretenir les thèmes sécuritaires, à décerveler, à culpabiliser, à infantiliser, paniquer, divertir et maintenir sous contrôle l'opinion public. Laquelle, impuissante et aveuglée, en déduira alors une quelconque théorie du complot fomentée par des maîtres du monde s'entendant en coulisses pour le mettre à sac.


Et des réunions cultivant cet obscurantisme existent bel et bien. Des plus « connues » quoique secrètes et réservées à des invités triés sur le volet, celle de Bilderberg par exemple, se voudrait être une occasion de discuter aimablement, « librement », et sans opposition à propos des grandes questions de ce monde. Ceux qui y participent peuvent-ils être pour autant qualifiés de « Maîtres du Monde » ? Les réponses ne peuvent pas être unanimes puisqu'elles font appel au subjectif, à l'émotionnel.

Tout au plus peuvent-ils se dire : « Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d'en être les organisateurs, nous n'en seront que plus redoutés et mieux à même de susciter un quelconque intérêt (...) Organisons nos petites affaires discrètement pendant qu'il en est encore temps ».

Ce qui n'est bien entendu pas sans incidence sur l'avenir immédiat de la planète, mais à long terme, pas ou très peu déterminant.

Les véritables maîtres du monde, les détenteurs de « capitaux  significatifs » auxquels les "Bilderbergers" voudraient tous être assimilés, sont de toute façon incapables d'anticiper les catastrophes planétaires dont tout le monde sera finalement victime, eux y compris. C'est peu dire qu'entre le Docteur Faust, l'Apprenti sorcier et eux, la ressemblance est frappante. Il reste que la recette de la rumeur - deux tiers de vrai, pour un tiers de faux rendu apparemment crédible - lorsqu'elle fonctionne, contribue à détourner l'attention et à masquer la réalité,exemptée du coup de toute explication, avec un résultat identique à celui de la propagande. Pa-d'soucis, dans ce cas là aussi et surtout en période de crise, la rumeur est une affaire qui marche toute seule. A moins de ne pas accepter d'y succomber.

12/09/2009

Dégradation des services postaux

Le Conseil des ministres a examiné, mercredi 29 juillet, le projet de loi relatif à l'évolution de La Poste. L'entreprise publique devrait prendre la forme d'une société anonyme le 1er janvier 2010, bien que la directive européenne n'impose ni le statut de société anonyme ni la privatisation. Les avis contraires (1) (2) ne changent rien à l'affaire.

affiche poste.jpg
Retour en arrière ....

Le lundi 2 décembre 1974, le personnel des PTT reprend le travail après plus de 45 jours de grève particulièrement mal vécue par les grévistes, le gouvernement de V.G.E., les usagers (qui ne sont pas encore des « clients »), les syndicats, les entreprises...

Dans certains établissements, la reprise du travail est difficile : des affiches incitant le personnel à ralentir les cadences sont apposées au centre de tri de la gare de Lyon. Le directeur réagit immédiatement en publiant une note de service : «L'agent qui travaille avec un rendement volontairement inférieur à la normale engage sa responsabilité au plan disciplinaire. Tout agent qui incitera ses collègues à travailler avec un rendement inférieur à la normale fera l'objet d'un retrait de service immédiat suivi d'une procédure disciplinaire».

Chanson initiée pendant cette grève qui en dit assez, déjà à l'époque, de la transformation-dégradation de l'institution

« Les grosses sociétés sont privilégiées

Le p'tit usager n'a que le droit d'payer

Lelong veut nous vendre, ITT achète

Allons-nous attendre sans relever la tête

Aux PTT, on a en marre d'être exploités

D'avoir des salaires de misère

Pour vaincre, il nous faudra

Postiers et usagers, la solidarité

Y'a les auxiliaires qui coûtent pas cher

Qu'ont pas le droit d'gueuler, sans être licenciés

On est des milliers, bretons, antillais

A être déportés loin d'où on est né

On est encadré, on est minuté

Sur notre clavier, il faut s'acharner

On est attaché, pas le droit d'parler

Et il faut mendier pour aller pisser »

Durant les années 80-90 qui suivent, dans un contexte de crise économique, l'Etat se révèle incapable de préserver croissance et plein-emploi. La notion de service public qui reposait sur l'idée d'infaillibilité de la gestion publique et sur l'affirmation de sa supériorité sur la gestion privée est remise en cause, preuves à l'appui, par un ultralibéralisme rampant qui, sciemment, entretient la confusion entre secteur public, service public et mission de service public. L'incapacité de l'Etat à réagir n'était/n'est pourtant pas une fatalité.

Les principes de concurrence et de rentabilité sont devenus les arguments massue d'une construction européenne. Le terme de service public n'est quasiment plus employé dans les textes de Bruxelles. On lui préfère les notions de service universel ou de services d'intérêt économique général.

Les plus pessimistes pensent aujourd'hui que la logique du marché néolibéral a définitivement triomphé. Sauf que les artisans de ce jeu de massacre continuent de se justifier comme s'ils n'avaient pas encore tout à fait obtenu gain de cause.
Les raisons invoquées, un déluge d'hypocrisies, sont toujours les mêmes. Elles recouvrent un vocabulaire et un arsenal discursifs éculés. Trop pour être vraiment crédibles. Qui pourrait croire par exemple que la poste devienne dans le contexte actuel une banque postale comme les autres banques, l'éthique en plus ?!!

Reste que deux catégories de missions de service public peuvent peut-être encore être défendues y compris à l'échelle européenne :

  • Celles qui, au-delà de la lutte contre l'exclusion et la pauvreté, contribuent à la cohésion sociale nationale et européenne.
  • Celles qui visent à favoriser une utilisation cohérente des territoires et des ressources communes.

Pour la Poste, symbole de lien social depuis sa création au XVIIème siècle, l'enjeu tourne autour d'une régulation qui concilierait concurrence et sauvegarde des missions de service public, indispensable à l'exercice des droits fondamentaux.

De quoi être en tout cas mobilisé contre un texte de loi entérinant une situation qui s'est lentement et depuis longtemps dégradée sous le regard bienveillant des gouvernements de tous bords.

03/09/2009

150ème anniversaire de Jean Jaurès

Républicain, dreyfusard, défenseur de la laïcité, pacifiste, Jaurès avait de ces envolées qui rendent bien médiocres les discours actuels qui, s’inscrivant dans un contexte de désacralisation de la fonction politique, s’en trouvent trop souvent abâtardis et vidés de toute référence à ce que l’on appelle «Humanisme» ou «grandeur d’âme».

Le 3 septembre 2009, Jean Jaurès aurait eu 150 ans. Le 30 juillet 1903, il prononce au Lycée d'Albi l’un de ses discours les plus retentissants : Le discours à la jeunesse.

Jaurès.jpg

Un discours qui est à replacer dans le contexte de l’époque : fragilité des nations qui vivent dans la hantise des conflits armés à venir et fragilité de l’institution républicaine d’une part ; nouvelle conception droits économiques et sociaux, nouvelle conception de la laïcité d’autre part.

Extraits :

«(…)  Ce qui reste vrai, à travers toutes nos misères, à travers toutes les injustices commises ou subies, c’est qu’il faut faire un large crédit à la nature humaine ; c’est qu’on se condamne soi-même à ne pas comprendre l’humanité, si on n’a pas le sens de sa grandeur et le pressentiment de ses destinées incomparables.
Cette confiance n’est ni sotte, ni aveugle, ni frivole. Elle n’ignore pas les vices, les crimes, les erreurs, les préjugés, les égoïsmes de tout ordre, égoïsme des individus, égoïsme des castes, égoïsme des partis, égoïsme des classes, qui appesantissent la marche de l’homme, et absorbent souvent le cours du fleuve en un tourbillon trouble et sanglant».

(…) «Instituer la République, c’est proclamer que des millions d’hommes sauront tracer eux-mêmes la règle commune de leur action ; qu’ils sauront concilier la liberté et la loi, le mouvement et l’ordre ; qu’ils sauront se combattre sans se déchirer ; que leurs divisions n’iront pas jusqu’à une fureur chronique de guerre civile, et qu’ils ne chercheront jamais dans une dictature même passagère une trêve funeste et un lâche repos. Instituer la République, c’est proclamer que les citoyens des grandes nations modernes, obligés de suffire par un travail constant aux nécessités de la vie privée et domestique, auront cependant assez de temps et de liberté d’esprit pour s’occuper de la chose commune».

(…) «Ce n’est pas seulement dans les relations politiques des hommes, c’est aussi dans leurs relations économiques et sociales qu’il faut faire entrer la liberté vraie, l’égalité, la justice (…)».

Jean Jaurès est mort à Paris, assassiné le 31 Juillet 1914 à 21 h 30, à l’angle de la rue du Croissant et de la rue Montmartre. Le 2 août  suivant l'ordre de mobilisation est affiché sur tout le territoire.


La chanson de Jacques Brel intitulée «Jaurès», reprise par la suite par Manu Dibango puis ensuite par Zebda, rappelle à quel point l’homme politique était devenu une figure mythique. En 2005, un téléfilm lui est consacré : «Jaurès, naissance d’un géant».

28/08/2009

Pas touche aux niches fiscales

En matière de bouclier fiscal : à la trappe, à la niche, Pierre Méhaignerie est prié d’avaler son chapeau. On n’y touchera pas. Le président UMP de la Commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, ex président du Centre des Démocrates Sociaux avait pourtant eu, en mars 2009, de bons sentiments et arguments :

  • « En cette période de crise, il faut demander aux catégories les plus aisées un effort financier ».
  • Proposition d'appliquer pendant deux ans « une contribution fiscale supplémentaire sur les revenus qui dépassent l'entendement », (entre 300.000 et 400.000 euros par an). « Compte tenu des écarts de revenus qui se sont creusés ces dernières années, une action politique forte sur ce point me semble légitime. C'est une question de justice ».
bouclier.jpg

Un affront qui aurait pu coûter cher à l’insoumis de l’Ille-et-Vilaine, une fronde pour l’Elysée.

Pour ce qui est des niches fiscales : même topo ou presque. Les députés de la majorité étaient partis du principe que, pour renflouer les caisses de l’Etat, il fallait s’attaquer à ces niches. Nous sommes début août 2009.

Le bon Méhaignerie, en accord avec Bercy étudie donc deux pistes. La première consiste à « réduire les réductions d’impôt ». Par exemple pour les emplois à domicile, on passerait du taux de 50% à 45%.

Seconde piste : appliquer une franchise à l’ensemble des ristournes dont bénéficie le contribuable. Par exemple, si l’on bénéficie de 3000 euros de baisses d’impôt et qu’une franchise de 1% est mise en œuvre comme le préconise le ministre du budget, l’avantage est ramené à 2970€.

Révolutionnaire ! Presque’ autant que de vouloir « terroriser les terroristes ».

Finalement, le 26 août, on décide de ne pas toucher non plus aux niches fiscales. Et le même Méhaignerie, interrogé sur cette énième volte face d’expliquer :
« Avec le débat sur la taxe carbone, il fallait éviter de prêter le flanc à la critique d'une droite alourdissant la fiscalité (...) tant qu'il n'y aura pas de reprise économique, modifier à la marge la politique fiscale ne serait pas d'une très grande efficacité ».

Mais qui a donc bien pu convaincre les parlementaires de ne même plus rêver à des ressources budgétaires qui pouvaient et peuvent encore faire figure de symbole en matière de justice fiscale ?

20/08/2009

Ricardo Petrella

Sous titre actuel ou impossible : La gauche a-t-elle un avenir ?

Une intervention vidéo intéressante de Ricardo Petrella qui dévoile son analyse critique des formes actuelles de la mondialisation :

 

Contre la marchandisation du monde, Ricardo Petrella, énonce quelques vérités bonnes à marteler et qui ne devraient pas seulement figurer au catalogue des bonnes intentions d’une gauche de terrain. Par exemple :

  • La gauche européenne serait-elle incapable d’imaginer un système rendant la fiscalité plus juste et plus efficace ?
  • D’imaginer un véritable plan de guerre contre la pauvreté ?
  • Serait-elle incapable d’affirmer la prééminence de biens publics mondiaux (santé, éducation, habitat etc.), plutôt que de succomber aux sirènes du néolibéralisme et de ne pas oser affronter ses adversaires réels ?

Ne souhaitant visiblement pas que l’expression «passer l’arme à gauche» devienne autre chose qu’une simple façon de parler, Ricardo Petrella s'étonne aussi, que l’on ne soit toujours pas capable de garantir un accès équitable aux ressources vitales et naturelles, alors qu'on a presque tout mondialisé (transports, commerce, agriculture, culture, finance...).


 

14/08/2009

Lobbys et opinion publique

Les acteurs du lobbying peuvent être scindée en deux catégories en fonction des intérêts qu’ils défendent : intérêts publiques (causes sociales, environnementales, sanitaires) ; intérêts marchands (finances, industrie, distribution, filières professionnelles). Dans chacune de ces catégories, les enjeux divergent et sont source de compétition. C’est à qui fera la meilleure pression ou impression sur le décideur institutionnel. Il ne s’agit plus de savoir si l’existence du lobbying est légitime ou non. Le lobbying est un fait, il s’agit de savoir qui peut et comment en réguler les activités.

Solution de facilité, l’Union européenne a opté pour l’autorégulation. Tout député doit ainsi faire « volontairement » une déclaration précise de l’ensemble de ses activités professionnelles, et doit refuser tout cadeau ou compensation financière dans l’exercice de ses fonctions. Idem pour ses assistants. Est-ce suffisant pour que les conflits d’intérêts soient évités ? On peut en douter et ce, quelque soient les sanctions prévues et/ou mises en œuvre, seraient-elles envisagées par un quelconque G20.

La confiance ou la défiance de l’opinion publique est fonction du niveau de démocratie auquel elle se situe. Elle peut agir comme un garde-fou.

opinion publique.jpg

D’où la nécessité pour elle, l’opinion publique et donc pour nous qui y contribuons, d’être à l’écoute de l’actualité et de résister au bourrage de crâne ambiant. Le contraire de l’indifférence. Les lobbies et les élus y sont sensibles qui aimeraient bien que soient passés sous silence de petits arrangements douteux.

 

lobbying.jpg

Si les déficits démocratiques se font sentir « chaque fois que le cercle des personnes qui participent aux décisions démocratiques ne recoupe pas le cercle de ceux qui subissent les conséquences de ces décisions » (Jürgen Habermas), le risque est grand d’être lobés comme au tennis.

C’est si vrai que pour Jean-Christophe Alquier, président d’Harrison and Wolf, l’une des principales agences de communication institutionnelle françaises :

« Dans une démocratie d’opinion, telle que la nôtre, où les perceptions des politiques publiques comptent presque plus que les politiques elles-mêmes, il est déterminant pour nos gouvernants de préparer (manipuler ?) l’électorat à une décision, surtout si celle-ci semble servir des intérêts particuliers (…) » Extrait de Libération, le 23/07/09

Et les exemples récents ne manquent pas :

10/08/09 – A propos des algues vertes en Bretagne

23/07/09 – Hadopi et Frédéric Mitterrand

16/06/09 – Tourisme : la loi Novelli débattue à l’Assemblée

24/06/09 – Adoption du projet de loi Bachelot sur l’Hôpital

10/03/09 - Lutte contre l’obésité et contre l’alcool : les députés ont bien entendu les lobbys

27/01/09 - La Formule 1 est-elle “grenello-compatible” ?