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12/09/2012

Stéphane rempile

  • Disparu depuis le 11 septembre 2012 : Benoit Hamon
  • Disparu depuis le 22 février 2012 : Henri Emmanuelli
  • Oubliées les promises bienveillances d'avant primaires et présidentielle...

Stéphane Hessel rempile et présente sa motion au congrès PS de Toulouse !!!

Stéphane Hessel, congrès PS 2012La motion de Stéphane Hessel

Vu de l’Intérieur, que va bien pouvoir en dire le toréador de Beauvau coincé entre l’organisation de navettes aller-retour à destination de la Roumanie, quelques révocations en série, et une quinzaine de zones de sécurité prioritaire à inaugurer.

Mais surtout, comment la cohabitation va-t-elle "maintenant" être possible  ?...

11/09/2012

11 minutes, 11 septembre

D'eux dont il faut se souvenir, d'eux qui sont éloquents, et différents dans leur dignité, et vivants,

De passage sur un sol rendu instable, fragiles d’une honte lancée à leur poursuite et qui ne les atteindra pourtant jamais,

Deux vidéos pour marquer deux 11 septembre, dont on retiendra cette citation empruntée par Ken Loach à St Augustin :

"L'espoir a deux belles filles : la colère et le courage, la colère devant l'état des choses et le courage de la changer"

11 septembre - Ken Loach

Et puis aussi le rire étranger au fracas "monde", rire dernier refuge et dernière fin évoquée par Sean Penn, rire comme une errance à travers une solitude obstinée.

11 septembre - Sean Penn

28/08/2012

Un regard à soutenir …

Rroms : «Il y a un problème humain à résoudre et, pour le résoudre, les gens qui gouvernent nomment des hommes dont les qualités humaines sont atrophiées», des professionnels imbus d'eux-mêmes, attisant la xénophobie sous couvert d'efficacité prétendue.

On appelle ça du populisme.

A La Rochelle, les militants «socialistes» applaudissent leur ministre de l’intérieur … sans s’apercevoir que l’antienne sécuritaire qui lui tient lieu de prothèse n’a plus rien de différent de celle de ses prédécesseurs. On aurait pu s’en douter ? - On s’en doutait, mais pas dans de telles proportions.

Avec ses allures de matamore engoncé dans un costume trop étroit, de petite frappe bien décidé à tout défoncer autour d’elle pourvu que le dernier mot lui revienne sur un simple coup de menton, qui peut encore croire que M. Valls est un digne représentant du parti dont il ose se prévaloir, un parti au socialisme passé mais qui devrait au moins tenter de faire reluire ses origines.

Par la grâce des Rroms qu’il s’est choisi comme bouc émissaires, Valls vient de faire franchir à ses aficionados cette limite honteuse qui faisait que le gouvernement par défaut dont il est l’un des membres «solidaires», pouvait encore avoir une quelconque crédibilité. Qu'importe. "Ne pas laisser à la droite et à l'extrême droite le monopole des injustices et de la violence", telle est son credo !

Les cotes de popularité s’effondrent.

La petite frappe d’Evry n’en a cure. En trois coups de cuillère à pot, elle se permet même de piétiner les platebandes du ministère de la Justice (dont les décisions doivent « normalement » précéder tout démantèlement), celles du ministère du Logement (devant « normalement » trouver des solutions de relogement avant expulsion), celles du ministère de la Santé (jamais consulté mais concerné par les questions sanitaires que la situation des Rroms exige), etc, etc.

 

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Solidarité mal placée oblige, personne ne moufte.

Au passage, et comme si ce n’était pas assez, cet inconditionnel de la présomption d’innocence (essentiellement appliquée à son ami DSK), se permet et trouve le temps de donner (sans qu'on le lui demande) son avis (favorable) sur le nucléaire, méprisant à la fois l’Environnement, son ministre et les engagements pris par le Président «à poigne» qui lui a pourtant offert son poste à Beauvau…

Les épithètes finissent par manquer pour qualifier cet individu, sans doute bien plus nocif que toutes celles et tous ceux qui, prévisibles, lui ont ouvert la voie depuis plus de dix ans. Moins chanceux qu’un Eric Besson qui avait pu trouver refuge sous l’aile protectrice du sarkozysme, fier-à-bras déçu, il enfourche un cheval fiévreux, apparemment bien décidé à occuper le terrain de la droite extrême et populiste. Jusqu’à quand ?

Les militants godillots du PS -ce n'est donc pas incompatible- l’applaudissent encore, alors qu’ils devraient lui intimer l’ordre de décamper. Auraient-ils apprécié le spectacle ?...

Contrepoint pour aller mieux ...

Alexandre Romanès* a signé une tribune dans Le Monde intitulée : "Nomades, nous resterons". Peu probable que l’ex maire d’Evry en ait saisi le sens et a fortiori, ait songé à donner la parole à cette minorité.

" En France, sur les plateaux de télévision, toutes les minorités ont leurs représentants, sauf nous. C'est toujours un homme ou une femme, étranger à notre communauté qui parle de notre malheur. Et en parle mal. Mais nous ne sommes pas les seuls invités à se taire. Les poètes sont dans la même situation."

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Si tu veux dire la vérité, assure-toi que tu as un bon cheval." Proverbe tzigane. Dans les tribus gitanes et tziganes, on connaissait un vieux proverbe : "Pour vivre heureux, vivons cachés." Par crainte des conventions et du pouvoir, nous n'avons jamais permis aux autochtones de s'approcher de nos campements. D'un côté, les habitants des villes et des villages, désireux de voir passer le plus vite possible une population jugée dangereuse. De l'autre côté, des tribus repliées sur elles-mêmes, ne dévoilant de leur culture que ce qu'elles voulaient bien montrer, c'est-à-dire très peu.

Avec le temps, certains traits de notre culture nomade ont pénétré la société occidentale. Comme nous, une partie importante de la société veut vivre au soleil : les bureaux, les usines, les patrons, les responsables politiques, ils n'en veulent plus. Ils votent de moins en moins. Nous, on ne vote pas. Vous avez supprimé le service militaire. Nous ne l'avons jamais fait. Et la réussite sociale nous semble bébête !

Comme le dit le poète gitan Jean-Marie Kerwich : "Ils construisent des murs et ils détruisent le vent." Malheureusement, les sédentaires ne détruisent pas que le vent. Aujourd'hui, la destruction touche tout le monde : les gens de modeste condition, les faibles, les Arabes, les Noirs, les juifs et même les riches.

Le poète Jean Grosjean dit : "L'Occident me fait penser à ces troupeaux d'animaux qui se jettent par milliers du haut de la falaise pour se suicider."

Nous, nous installons notre petit chapiteau dans des villes très différentes les unes des autres. Quand nous sommes dans une ville pauvre, nous avons des contacts avec plein de gens, et quand nous partons, des dizaines d'hommes et de femmes viennent nous saluer. Je me souviens d'un commissaire de police me suppliant de rester dans sa ville. Quand nous installons le chapiteau dans les beaux quartiers, nous n'avons pas de contact avec la population. Comme dit ma fille de 14 ans : "Si les riches étaient heureux, ça se verrait sur leur visage."

Pauvres Chinois, qui travaillent comme des bêtes pour rejoindre un modèle qui les tuera eux aussi ! Que s'est-il passé pour que tant d'hommes et de femmes soient malheureux dans ce pays ? Dans les tribus gitanes et tziganes, nous avons des défauts, mais les garçons et les filles se rencontrent et n'ont pas peur de faire des enfants. Une de mes plus jeunes filles vient de fêter ses 16 ans, en même temps que les 2 ans de son fils. Nous ne connaissons pas le racisme de l'âge : les 14-15 ans entre eux, les 18-20 ans entre eux, les 30-40 ans, les 50-60 ans, et ainsi de suite jusqu'à la mort. Car, même morts, on est séparés : les chrétiens dans des cimetières chrétiens, les musulmans dans des cimetières musulmans, et les juifs dans des cimetières juifs.

Et ce mépris pour les femmes qui gagne tous les jours du terrain... Comme disait mon fils, quand il avait 10 ans : "Ce serait joli, s'il n'y avait que des femmes." Les tribus gitanes et tziganes sont des sociétés matriarcales. Les femmes prennent les décisions importantes, tout leur appartient, et les enfants portent leur nom...

Il est interdit d'offrir des fleurs car il faut les couper. Le mot "lendemain" n'existe pas. Notre langue, qui vient du nord de l'Inde, n'est pas verbeuse, elle va à l'essentiel. Souvent, un mot désigne plusieurs choses. Par exemple, "police" et "diable", c'est le même mot ; et "ciel", "donner" et "Dieu", c'est aussi le même mot. Nous avons une médecine qui guérit des maladies que la médecine officielle ne guérit pas. Cette culture s'est construite dans le vent, sur des chemins pierreux, loin des modes et du confort des villes.

Depuis quelques mois, les responsables politiques européens s'intéressent à notre sort, bien que nous soyons plusieurs millions en Europe. Personne ne nous demandera notre avis et, de plus, la présidence hongroise de l'Europe pour les six mois tombe mal car les responsables politiques hongrois nous détestent.

Mettre un Gitan ou un Tzigane dans une maison ou un appartement est une aberration. Quand le sinistre président roumain Ceausescu a mis de force les Tziganes dans des appartements, les Roumains, qui ont de l'humour, disaient en parlant de nous : "Ces gens sont bizarres : ils mettent les chevaux dans les appartements, et eux, ils vivent dehors !"

Beaucoup d'hommes et de femmes à travers le monde se soucient des tribus indiennes en Amazonie. Qui se soucie des tribus indiennes en Europe ? Notre peuple est originaire de ce "pays continent".

Il y a un problème humain à résoudre et, pour le résoudre, les gens qui gouvernent nomment des hommes dont les qualités humaines sont atrophiées, voire inexistantes. Sur cette lancée, on devrait demander au ferrailleur d'accoucher les femmes, et recruter des gars dans les écoles de flamenco pour faire la guerre.

Je ne suis pas loin de penser que, dans ce pays, tout est mal fait ! L'attaque sauvage que le pouvoir a lancée cet été sur les campements tziganes n'a pas de lien avec le nazisme, mais elle a un lien avec l'affaire Dreyfus car, si ce jeune capitaine n'avait pas été juif, il ne se serait rien passé. Si les campements délabrés avaient été occupés par des Anglais, des Allemands, des Italiens ou des Suisses, il n'y aurait pas eu d'attaque. Une fois de plus, le pouvoir se trompe. Mal informé, il pense que, demain, 500 000 Tziganes de l'Est viendront s'installer en France. Il a oublié que nous sommes des nomades et que ceux d'entre nous qui ont résisté à la sédentarisation tourneront dans toute l'Europe.

Ces responsables ont un souhait : la mixité sociale dans les aires de stationnement qui nous sont réservées, toujours entre la décharge municipale et l'autoroute. Elle est où, la mixité sociale ? Et quand l'aire de stationnement existe, c'est dans la loi, il est interdit d'aller sur le terrain vague d'à côté.

Nous ne voulons pas être parqués, nous refusons les cases, nous voulons rester dans le nomadisme. C'est déjà bien assez de vivre dans un océan de lois. On refuse de vivre entre des murs, on veut sentir le vent, voir des paysages à perte de vue, faire de la musique autour d'un feu toute la nuit. Quel mal y a-t-il ? Ce que ma communauté a vécu cet été a touché le cirque Romanès. Le pouvoir nous dit qu'il n'y a pas de lien, mais comme les accusations ne reposent sur rien de sérieux, nous sommes bien obligés de penser que le lien existe. Plusieurs personnalités du spectacle et de la politique sont intervenues, mais ça ne change rien. Faut-il se mettre à genoux pour être entendus ?

(…)

Les recueils de poésie qui paraissent en France seraient-ils plus mauvais que les romans ? Comme l'écrit un poète tzigane dont j'ai oublié le nom, la plupart des romans sont moins utiles qu'un cure-dents. Il y a actuellement en France une dizaine de poètes remarquables, notamment la poétesse Lydie Dattas. Malgré plusieurs publications au Mercure de France et chez Gallimard, elle demeure inconnue. Elle vient de publier un livre magnifique qui s'appelle La Foudre (Mercure de France). Quand elle sera morte, on découvrira une poétesse au niveau de Corneille et de Racine...

Dans ce pays, les grands moyens d'information existent, mais ils sont asphyxiés par l'Audimat, le politiquement correct, le vedettariat et les débiles mentaux. L'immense poète Jean Grosjean n'a jamais eu une heure de télévision. Mais des crétins qui se disent écrivains ont des centaines d'heures. On vient de fêter le centenaire de la naissance d'un autre grand poète, Jean Genet. Heureusement, France Culture lui a consacré plusieurs émissions et Laure Adler l'a royalement servi. Mais pour des raisons obscures, les médias font comme si ce poète n'avait jamais existé. On entend régulièrement des médiocres dire : "Il n'y a plus d'artistes en France." Si le milieu artistique se résume à ce que nous montrent les chaînes de télévision, effectivement, il n'y a pas grand-chose.

La Bible dit : "Au commencement était le Verbe." Pour les tribus tziganes et gitanes et pour les poètes, il n'y a pas de commencement.

 Alexandre Romanès

* Luthiste baroque, poète et directeur de cirque
Né en 1951, Alexandre Romanès est issu d'une grande famille du cirque, dont il s'éloigne à l'âge de 25 ans afin de retrouver la culture gitane. Poète salué par Jean Grosjean ou Christian Bobin, il a publié, aux éditions Gallimard, "Paroles perdues" (2004) et "Sur l'épaule de l'ange" (2010). Il dirige le Cirque tsigane, composé de Gitans et accompagné d'un orchestre venu des Balkans.

22/08/2012

Aubry, les Rroms, le Nord-Pas de Calais...

COMMUNIQUE APRES LA RENCONTRE DE LA LDH AVEC MARTINE AUBRY

«La LDH a participé au sein de la délégation du collectif Roms à la rencontre du 20 août avec Martine Aubry, présidente de la Communauté urbaine de Lille. Elle y a réexprimé sa condamnation ferme du démantèlement sans relogement des campements de Villeneuve d’Ascq et notamment de la Friche d’Hellemmes.

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Stes-Maries-de-la-Mer
Ferdinando Scianna - Magnum

La LDH a entendu les explications de Martine Aubry assumant les démantèlements mais regrettant que les Préfectures n’aient pas organisé les relogements hors de la Communauté urbaine. La LDH estime que cette explication marque pour le moins les dysfonctionnements du pouvoir entre ministre, préfets, partis de gouvernement, élus…

Martine Aubry a répondu favorablement aux demandes relatives à la tenue d’une conférence régionale en octobre et à la levée des mesures transitoires concernant le travail des Roms.

Sur la situation actuelle dans la Métropole lilloise, elle s’est engagée à trouver rapidement avec le Préfet de Région une solution digne pour les 200 personnes de ND des Victoires et de Villeneuve d’Ascq. Elle a précisé quelques points sur l’accueil de 1500 Roms sur la Communauté urbaine de Lille et affirmé que la France et la Région avaient les moyens d’accueillir dignement les Roms actuellement présents.

La LDH a enregistré ces engagements.

Consciente qu’il n’existe pas de solution digne pour les Roms en dehors de l’engagement du Conseil Régional, des Préfectures, des Conseils Généraux et de l’ensemble des Communautés d’agglomération, la Délégation Régionale de la LDH suivra avec vigilance la réalisation des promesses exprimées par la Présidente de LMCU.

Comme elle l’a fait dans le passé et notamment lors de la dernière crise, elle donnera son opinion, ses critiques et ses suggestions à chaque étape d’une réalisation qu’elle souhaite rapide et sans traumatisme pour les Roms.»                                 

Lille, le 21 août 2012

Gérard Minet, Délégué Régional de la LDH
Délégation régionale Nord-Pas de Calais
5 rue de Saint-Omer 59 000 Lille

Valls peut-il se sentir concerné ?

En a -t-il l'intention, les moyens ?... N'aurait-il rien d'autre à faire ?...

A moins de vouloir donner des gages à un électorat xénophobe, comment un individu, fut-il ministre, peut-il un jour défendre l'honneur perdu d'un forniqueur compulsif qu'il présume innocent, et s'acharner le lendemain, à grands coups d'arguties absurdes qui relèvent de l’hypocrisie autant que de la mauvaise foi, sur des personnes dont le seul crime est d’être Rrom et sans défense.

En novembre 1996, la franchise d’Albert Jacquard avait fini par donner lieu à une décision de justice reconnaissant la primauté de la conscience individuelle sur le droit positif.

Le syndicat Alliance avait fait assigner Albert Jacquard, en raison de propos qu’il avait tenus à la télévision au cours de l’émission "les Quatre vérités" sur France 2. En effet, commentant l’évacuation de l’Eglise Saint-Bernard par les forces de l’ordre, le 23 août 1996, Albert Jacquard avait notamment déclaré :

« Donc j’espère que Monsieur Xavier Emmanuelli démissionnera dans la journée et que d’autres ministres, tous ceux qui ont vraiment à coeur l’honneur de la France, démissionneront. Il faut leur rappeler ce qui s’est passé en 43, en 43 aussi le gouvernement de Pétain appliquait la loi... »

« C’est mon devoir de Français et aujourd’hui [...] c’est le devoir de tous les Français d’aller à Saint-Bernard pour dire non et c’est même le devoir des forces de l’ordre. Sinon elles vont avoir exactement la même attitude que les flics français quand ils sont allés au Vel d’Hiv. »

Le syndicat de policiers avait considéré que ces propos étaient « constitutifs du délit d’outrage envers une personne dépositaire de l’autorité publique » et « du délit de diffamation publique envers des fonctionnaires publics », estimant que « le fait de comparer l’intervention des fonctionnaires de police chargés de l’évacuation de l’église Saint-Bernard à la rafle du Vel d’Hiv est outrageant et infamant à leur égard ».

Devant le tribunal, Albert Jacquard, représenté par Me Jean-Jacques de Félice, a exposé que ses propos ne pouvaient être considérés comme fautifs, « s’agissant d’un appel au respect d’obligations inscrites dans la Déclaration des Droits de l’Homme, dans la Constitution ou dans la Convention Européenne des Droits de l’Homme. »

Le TGI de Paris a débouté par un jugement du 5 novembre 1997 le syndicat Alliance de toutes ses demandes, avec les attendus suivants :

« En s’adressant aux forces de l’ordre public, en les appelant à la désobéissance et en comparant, au cas où il ne serait pas entendu, leur attitude à celle qu’ont eue les “flics” français quant ils sont allés au Vel d’Hiv, Albert Jacquard, dans une objurgation qui ne comporte en elle-même aucune connotation péjorative, ni termes de mépris ou d’injure à l’égard de leur fonction, et qui s’inscrit manifestement dans une critique des actes de l’autorité publique, les a invités, selon les convictions personnelles qui sont les siennes, à une prise de conscience qui lui paraissait conforme à ce qu’il estime devoir être l’ honneur de leur profession ; »

« Quelqu’excessive que puisse être ressentie par ceux auxquels elle s’adresse la comparaison avec l’attitude de leurs prédécesseurs dans les mêmes fonctions durant la période de l’occupation, ces propos, se référant explicitement, dans un contexte politique, à un devoir qui, selon leur auteur, s’impose à tous lorsque les circonstances font apparaître une contradiction entre le droit positif et la conscience individuelle, ne sont pas de nature à porter atteinte à la dignité ou au respect des membres de la profession en cause ; »

Le jugement a été confirmé en appel le 21 mai 1999.

15/08/2012

Qui est de trop ?

Le 14 oct. 2010 Tony Gatlif était interviewé sur euronewsfr :

… Rien n’a changé, et c’est encore plus écœurant avec ce gouvernement là !

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«

A Lyon, le mardi 14 août 2012 : Expulsions sans relogement, retours contraints ...

L'ÉTAT POURSUIT AU COEUR DE L'ÉTÉ UNE POLITIQUE DISCRIMINANTE

Il y a un mois, la Fédération du Rhône de la Ligue des Droits de l'Homme communiquait déjà les expulsions de squats de Rroms, sans solution de relogement.

Aujourd'hui, en plein cœur d'août, la Fédération du Rhône de la Ligue des Droits de l'Homme doit faire l'amer constat de la continuité d’une politique discriminatoire qui montre du doigt cette population rrom, déjà malmenée sous le précédent gouvernement, une politique qui continue à les mettre en danger.

L’expulsion ce matin du 63 rue Montesquieu, qui n’avait pas eu lieu le 10 août comme nous en avions été informés, est une preuve de plus de l’acharnement voulu contre cette population. Après l’espoir du respect du à ces habitants le couperet vengeur est tombé. Les associations actives sur le terrain sont débordées par l’ampleur de la tâche.

L’expérience de terrain démontre qu’une telle politique est absurde et inopérante. Inopérante pour plusieurs raisons :

- Les déplacements forcés incessants des populations ont des conséquences humaines dramatiques, avec une absence de scolarité durable alors qu’il y a là un enjeu majeur pour l’intégration, des conditions d’hygiène et de vie déplorables, des difficultés de soins,…

- Le renvoi en Roumanie, sur la base d’un pseudo-volontariat, est inefficace, car la très grande majorité des gens revient ; cela coûte cher pour une absence de résultat réel, avec cet argent gaspillé, d’autres projets pourraient-être envisagés.

- La plupart des Rroms ainsi expulsés à grands renforts médiatiques sont déterminés à rester en France et la plupart ne sont pas expulsables.

Malgré les déclarations du ministre de l'Intérieur, ces expulsions médiatisées signent la poursuite d'une logique de discrimination. Les Rroms continuent à servir de variable d'ajustement à une politique qui confond consciemment « immigration » et « insécurité ».

Ces Rroms, pour le plus grand nombre, sont membres de l’Union européenne. Ils ont leur place ici au même titre que les autres membres de la communauté européenne.

La Fédération du Rhône de la Ligue des Droits de l'Homme, présente sur les multiples expulsions pratiquées sur le Grand Lyon ces derniers jours, travaille en lien étroit avec les autres associations concernées et cherche à trouver des solutions au drame que vivent ces familles pourchassées jusque sur le trottoir.

Une autre politique doit être demandée aux Préfets. La réponse à Romeurope du candidat François HOLLANDE, aujourd'hui président de la République, du 22 février 2012, doit servir de feuille de route. Les engagements pour une nouvelle politique vis-à-vis des Rroms y sont clairs. Les citoyens français, les associations engagées auprès d’eux attendent cela d’un gouvernement socialiste.

Le président fédéral de Ligue des Droits de l'Homme
Contact presse : Jacques DUMORTIER,
Délégué fédéral « Rroms » et « Gens du Voyage »
06 10 36 83 54

»

Que celui qui est de trop s'en aille !

30/07/2012

Envers et contre Coubertin

Limiter les performances sportives à ce qu’elles montrent c’est ignorer tout ce qu’elles escamotent ne serait-ce que dans leur propre secteur qui, au contraire de ce qu’il prétend, est loin de toucher à l’universel. Sans doute le jeu en vaut-il la chandelle et le non temps consacré au décervelage, l’anesthésie populiste.

Il est par exemple, peu probable que les jeux et enjeux des JO de Londres 2012 soient choisis comme l’occasion de révéler au grand nombre d’individus qui les suivent la face caché du triste baron Pierre de Coubertin...

Très influencé par quelques auteurs comme Francis Galton (1822-1911) naturaliste britannique, fondateur de l'eugénisme qui s'efforça toute sa vie de démontrer l'inégalité des races humaines ou Joseph Arthur de Gobineau, (1816-1882) l'un des inspirateur du caractère raciste de l'idéologie nazie (Essai sur l'inégalité des races humaines), Coubertin ne cacha pas de son vivant, ses idées ouvertement racistes et misogynes.

En 1894, Coubertin (1863-1937) rassemble autour de lui des représentants de 12 pays : l'objectif est de ressusciter les jeux olympiques antiques. Ils auront lieu deux ans plus tard à Athènes. Pour Coubertin, il s'agit de manifester aux yeux du monde la supériorité de l'occident, et surtout de prouver dans le cadre des jeux, la perfection de "l'homme blanc", autant sur le plan physique que spirituel.

Jesse Owens, JO 2012Pour Coubertin, la beauté des corps répondant à l'antique esthétique des athlètes grecs ne peut se retrouver que chez des compétiteurs Européens. Cette supposée perfection européenne doit donc se manifester clairement par une supériorité en terme de performances, cela au détriment des autres "races" considérées comme inférieures.

Resserrement du cadre idéologique proposé par le baron pour une "renaissance" des jeux Olympiques modernes :

Les femmes interdites d'accès, les "Nègres", Indiens et autres "métèques" tolérés dans le rôle de faire valoir. On retiendra d'ailleurs que pour la troisième olympiade de 1904 à St Louis au Etats-Unis, les compétitions furent organisées séparément, ceci en fonction de la "race" des compétiteurs. Les organisateurs Américains considéraient en effet les Pygmées, Turcs, Syriens et autres Sioux comme des trublions exotiques, indignes d'être comparés à la fine fleur de l'athlétisme.

Quant à Coubertin, malgré le succès grandissant des J.O. modernes, il ne cesse de tempêter contre le laxisme ethnique des jeux et surtout l'éventuelle participation des femmes aux Olympiades.
" Une olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte. Le véritable héros olympique est, à mes yeux, l'adulte mâle individuel. Les Jeux Olympiques doivent être réservés aux hommes, le rôle des femmes devrait être avant tout de couronner les vainqueurs."

Pour lui, la revendication d'une participation féminine était ressentie comme un affront majeur à la grandeur et à la pureté originelle de cette compétition. Néanmoins, la pression grandissante des mouvements féministes au cours des années 1920 finira par abattre la réglementation misogyne du comité international olympique, si bien qu'en 1928, aux jeux d'Amsterdam, (contre l'avis de Coubertin bien sûr !) les femmes, au nombre de 290, font leur entrée remarquée aux épreuves d'athlétisme.

Écœuré, Coubertin s'éloigne du comité Olympique international dont il a démissionné de la présidence en 1925, pour se rapprocher de celui de l'Allemagne, qui selon lui, est plus proche de l'idéal Olympique.
Coubertin était donc loin d'être le philanthrope que l’on nous vend.

Mais alors, pourquoi vouloir faire croire le contraire ?...

Autres citations (quelques unes) et anecdote :

  • "À la race blanche, d'essence supérieure, toutes les autres doivent faire allégeance".   
  • "Il y a deux races distinctes : celles au regard franc, aux muscles forts, à la démarche assurée et celle des maladifs, à la mine résignée et humble, à l'air vaincu. Hé bien ! C'est dans les collèges comme dans le monde : les faibles sont écartés, le bénéfice de cette éducation n'est appréciable qu'aux forts." (In "Education anglaise")
  • "La théorie de l'égalité des droits pour toutes les races humaines, conduit à une ligne politique contraire à tout progrès colonial. Sans naturellement (sic) s'abaisser, à l'esclavage ou même à une forme adoucie du servage, la race supérieure attribue ( ?) à la race inférieure certains privilèges de la vie civilisée." (In The review of the reviews avril 1901).
  • Anecdote : Coubertin n'est pas l'auteur de la formule «l'important n'est pas de vaincre mais de participer". Celle-ci a été prononcée par Ethelbert Talbot, évêque de Pennsylvanie à Londres avant le début des jeux de 1908.

Une grande partie du texte qui précède est issue de la version censurée par wikipédia en 2005 (sauvegardée en page de discussion et signée EC).

24/07/2012

Rafle du Vél d'Hiv

Pendant que l’on s’écharpe ici et là sur le bien fondé et les approximations formelles d’un discours présidentiel en commémoration de la rafle du Vel’d’Hiv (réf. et annexes), il est surprenant que nous ne soyons toujours pas en mesure d’utiliser ce qui constitue la substance et le sens de cette mémoire pour éviter de nous enfoncer dans la négation de l’Autre.

Vel d'Hiv, commémoration 2012

Si l’on ne retient de l’Histoire que sa chronologie circonstanciée comment pourra-t-on à en tirer une leçon de portée universelle ?

Car il s’agit bien de dépasser la chronologie des faits, aussi nécessaire et exacte puisse-t-elle être : ce à quoi, visiblement englués dans la polémique du jour, nous ne sommes pas parvenus.
Dans le cas contraire, nous n’aurions pas à plaider pour réhabiliter la philosophie, la conscience de l'Autre (j’insiste pour la majuscule) ou le simple fait de penser (de préférence sans les médias qui font profession de le faire à notre place).
Du devoir de mémoire, nous aurions alors fait œuvre utile envers et contre tout négationnisme et l’aurions même fait reculer. Ce qui malheureusement, pourrait-on en convenir, n’est pas vraiment le cas.

23/07/2012

Surf humanitaire

Note de lecture : Défendre les droits de l’homme n’a jamais autant nécessité de s’engager à défendre les droits économiques, culturels et sociaux.

La charité militante a jusqu’ici consisté à donner quelques miettes aux plus déshérités pour aboutir, sans que les militants eux-mêmes en aient vraiment conscience, à ce que les plus faibles restent à leur place ou disparaissent ou remercient.

"Donner, c'est manifester sa supériorité, ... ; accepter sans rendre ou sans rendre plus, c'est se subordonner..."
dixit Marcel Mauss, auteur d’un essai sur le don , dans « Sociologie et anthropologie ».

Or la charité est une relation émotionnelle et dissymétrique - à sens unique - très peu susceptible de « remettre l’humain » à la place centrale qu’il doit occuper, la charité ne maintenant l'ordre social qu’en son état inégalitaire alors que défendre les Droits de l’Homme nécessiterait de modifier cet ordre, ce système.

Existent évidemment des situations d'urgence - famines, guerre, accidents, catastrophes écologiques, tracasseries administratives et/ou policières -, conséquences de la gestion irrationnelle de notre monde, où l'intervention "humanitaire", caritative, permet de sauver des vies, d'alléger les souffrances, de rassurer et d’entourer momentanément des victimes plus ou moins isolées. Mais cela ne permet en aucun cas de résoudre les problèmes de fond qui sous-tendent ces situations et d'empêcher leur répétition à l’infini.

surf humanitaire, essai sur le don, droits de l'homme

Mieux, cela dédouane, supplée et finit par cautionner les politiques de gestion forcément insuffisantes en matière de défense des droits humains. (Voir note précédente)

A moins de croire que la théorie du don, frappé d’i-réciprocité par le système néolibéral, permette de rendre « viable » l’ordre du monde, « l’humanitaire » risque de ne satisfaire que ses adeptes et militants, sous couvert de panser à l’emplâtre les atteintes faites au corps social.

Une façon toute sociale-démocrate d’éviter d’en affronter vraiment les causes, la racine, et de surfer sur l’humanitaire, l’écorce.

Au surplus, d'après la « Chronique de l’intolérable du quinquennat du successeur de Nicolas Sarkozy », « ce qui était inacceptable sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy le reste sous celui de son successeur. » Réseau Éducation Sans Frontières.

 

 

08/07/2012

La rigueur, c'est pas sérieux

Le mot "rigueur" est donc une grossièreté à éviter. A tout prix. Et c’est bien pourquoi il faut lui préférer celui de "sérieux", même si de tous les antonymes de la litote « assumée » (dire moins pour suggérer plus) certains peuvent avoir un sens proche de la réalité : absurde.

Par exemple :

Sachant qu'un rapport du sénat de 2009 évalue le coût d’une expulsion à 20 970 € par personne...

En annonçant qu’il excluait d'aller  au-delà des quelque 30000 régularisations annuelles décidées sous le gouvernement Fillon, Manuel Valls laisse entendre qu’il en expulsera autant. Au moins ?  Guéant, allez savoir pourquoi, rêvait de 40 000 expulsions l’an.

Sur cette base, et si l’on en croit les sénateurs qui se sont donc penché sur la question, l’ensemble des contribuables devra dépenser 839 Millions d’euros compte non tenu des hausses tarifaires intervenues depuis 2009 !

De quoi faire des jaloux et aviver les aigreurs d’autant que ces expulsions touchent en priorité les citoyens roumains, malheureusement choisis comme bouc-émissaires, et qui, faisant partie intégrante de l’Union européenne, peuvent aller et venir dans cet espace, à leur gré ou presque.

La logique -- rigoureuse - voudrait qu’a minima des solutions de logement alternatif leurs soient proposées en lieu et place de ces expulsions qui ne disent pas leur nom, qui attisent les ressentiments, accentuent l’in-sécurisation généralisée et finissent par "peser" sur Bercy.

C’est en tout cas ce qui ressort de la demande faite par le Collectif national droits de l’Homme Romeurope au 1er ministre.

rigueur,roms,expulsions

Mais dans les ministères, on préfère au mot « expulsion » celui d’« ARH » (aide au retour humanitaire), nettement plus "gratifiant" puisque « l’aide au retour humanitaire est attribuée aux étrangers en situation de dénuement et de grande précarité séjournant en France depuis au moins trois mois ». (Cette aide consiste à offrir un billet d’avion et un petit pécule - 300 € par adulte et 100 € par enfant - à des personnes en situation de détresse présentes depuis au moins 3 mois en France. Ce qui équivaut, bon an mal an et au final à ces 839 M d’€.)  

Une manne pour qui veut se donner la peine d’organiser des navettes !

En fait, et dans le cas des Roms, l’ARH est une façon, très « sérieuse », de vider leur camps sans attendre que les tribunaux aient pris de temps de délibérer et de contourner la condamnation dont la France a écopé par décision du Conseil de l’Europe, lequel a dénoncé une violation du droit au logement et exigé des garanties relatives à l'expulsion inscrites dans la Charte sociale européenne.

Mise à jour du 9 juillet 2012

02/07/2012

Le manifeste censuré de Camus

Dans une note précédente, un communiqué de la section LDH d’Aix en Provence faisait état de « réticences » culturelles associées à des « complaisances » honteuses elles-mêmes liées à un devoir de mémoire non assumé de la part du maire de cette ville.
Résultat : un imbroglio sciemment orchestré qui a été à l’origine de difficultés éprouvées par les organisateurs d’une exposition consacrée à Albert Camus dans le cadre de Marseille-Provence capitale européenne de la culture 2013.

A la veille de commémorer l’anniversaire de l’indépendance de l’Algérie - 5 juillet 1962 -, les rancœurs des tenants de l’Algérie Française ressurgissent encore aujourd’hui et illustrent l'origine de la censure dont a été victime Camus autant que la cause anticoloniale et pacifiste dont il a voulu faire bénéficier ses semblables en Algérie comme en France.

On sait en effet qu’en 1939, l’auteur de La Chute a publié, dans divers journaux, des articles dénonçant la politique de répression contre les nationalistes algériens et l’étouffement de toutes les revendications du PPA (Parti du peuple algérien). Certains d'entre eux ont été censurés.

A propos de cette censure, un inédit de Camus a été exhumé des Archives Nationales d’Outre-Mer, lesquelles - coïncidence - se trouvent à Aix-en-Provence.

manifeste censuré d'Albert Camus

Ce texte traite de la liberté de la presse, du rôle du « journaliste libre », de la désinformation qui existait déjà, et qui est encore, très largement, mise en évidence sur la scène médiatique pour qui veut se donner la peine de s'y soustraire.

« 

Il est difficile aujourd’hui d’évoquer la liberté de la presse sans être taxé d’extravagance, accusé d’être Mata-Hari, de se voir convaincre d’être le neveu de Staline.

Pourtant cette liberté parmi d’autres n’est qu’un des visages de la liberté tout court et l’on comprendra notre obstination à la défendre si l’on veut bien admettre qu’il n’y a point d’autre façon de gagner réellement la guerre.

Certes, toute liberté a ses limites. Encore faut-il qu’elles soient librement reconnues. Sur les obstacles qui sont apportés aujourd’hui à la liberté de pensée, nous avons d’ailleurs dit tout ce que nous avons pu dire et nous dirons encore, et à satiété, tout ce qu’il nous sera possible de dire. En particulier, nous ne nous étonnerons jamais assez, le principe de la censure une fois imposé, que la reproduction des textes publiés en France et visés par les censeurs métropolitains soit interdite au Soir républicain, par exemple. Le fait qu’à cet égard un journal dépend de l’humeur ou de la compétence d’un homme démontre mieux qu’autre chose le degré d’inconscience où nous sommes parvenus.

Un des bons préceptes d’une philosophie digne de ce nom est de ne jamais se répandre en lamentations inutiles en face d’un état de fait qui ne peut plus être évité. La question en France n’est plus aujourd’hui de savoir comment préserver les libertés de la presse. Elle est de chercher comment, en face de la suppression de ces libertés, un journaliste peut rester libre. Le problème n’intéresse plus la collectivité. Il concerne l’individu.

Et justement ce qu’il nous plairait de définir ici, ce sont les conditions et les moyens par lesquels, au sein même de la guerre et de ses servitudes, la liberté peut être, non seulement préservée, mais encore manifestée.

Ces moyens sont au nombre de quatre : la lucidité, le refus, l’ironie et l’obstination.

La lucidité suppose la résistance aux entraînements de la haine et au culte de la fatalité. Dans le monde de notre expérience, il est certain que tout peut être évité. La guerre elle-même, qui est un phénomène humain, peut être à tous les moments évitée ou arrêtée par des moyens humains. Il suffit de connaître l’histoire des dernières années de la politique européenne pour être certains que la guerre, quelle qu’elle soit, a des causes évidentes. Cette vue claire des choses exclut la haine aveugle et le désespoir qui laisse faire. Un journaliste libre, en 1939, ne désespère pas et lutte pour ce qu’il croit vrai comme si son action pouvait
influer sur le cours des événements. Il ne publie rien qui puisse exciter à la haine ou provoquer le désespoir. Tout cela est en son pouvoir.

En face de la marée montante de la bêtise, il est nécessaire également d’opposer quelques refus. Toutes les contraintes du monde ne feront pas qu’un esprit un peu propre accepte d’être malhonnête. Or, et pour peu qu’on connaisse le mécanisme des informations, il est facile de s’assurer de l’authenticité d’une nouvelle. C’est à cela qu’un journaliste libre doit donner toute son attention. Car, s’il ne peut dire tout ce qu’il pense, il lui est possible de ne pas dire ce qu’il ne pense pas ou qu’il croit faux. Et c’est ainsi qu’un journal libre se mesure autant à ce qu’il dit qu’à ce qu’il ne dit pas. Cette liberté toute négative est, de loin, la plus importante de toutes, si l’on sait la maintenir. Car elle prépare l’avènement de la vraie liberté. En conséquence, un journal indépendant donne l’origine de ses informations, aide le public à les évaluer, répudie le bourrage de crâne, supprime les invectives, pallie par des commentaires l’uniformisation des informations et, en bref, sert la vérité dans la mesure humaine de ses forces. Cette mesure, si relative qu’elle soit, lui permet du moins de refuser ce qu’aucune force au monde ne pourrait lui faire accepter : servile mensonge.

Nous en venons ainsi à l’ironie. On peut poser en principe qu’un esprit qui a le goût et les moyens d’imposer la contrainte est imperméable à l’ironie. On ne voit pas Hitler, pour ne prendre qu’un exemple parmi d’autres, utiliser l’ironie socratique. Il reste donc que l’ironie demeure une arme sans précédent contre les trop puissants. Elle complète le refus en ce sens qu’elle permet, non plus de rejeter ce qui est faux, mais de dire souvent ce qui est vrai. Un journaliste libre, en 1939, ne se fait pas trop d’illusions sur l’intelligence de ceux qui l’oppriment. Il est pessimiste en ce qui regarde l’homme. Une vérité énoncée sur un ton dogmatique est censurée neuf fois sur dix. La même vérité dite plaisamment ne l’est que cinq fois sur dix. Cette disposition figure assez exactement les possibilités de l’intelligence humaine. Elle explique également que des journaux français comme Le Merle ou Le Canard enchaîné puissent publier régulièrement les courageux articles que l’on sait. Un journaliste libre, en 1939, est donc nécessairement ironique, encore que ce soit souvent à son corps défendant. Mais la vérité et la liberté sont des maîtresses exigeantes puisqu’elles ont peu d’amants.

Cette attitude d’esprit brièvement définie, il est évident qu’elle ne saurait se soutenir efficacement sans un minimum d’obstination. Bien des obstacles sont mis à la liberté d’expression. Ce ne sont pas les plus sévères qui peuvent décourager un esprit. Car les menaces, les suspensions, les poursuites obtiennent généralement en France l’effet contraire à celui qu’on se propose. Mais il faut convenir qu’il est des obstacles décourageants : la constance dans la sottise, la veulerie organisée, l’inintelligence agressive, et nous en passons. Là est le grand obstacle dont il faut triompher. L’obstination est ici vertu cardinale. Par un paradoxe curieux mais évident, elle se met alors au service de l’objectivité et de la tolérance.

Voici donc un ensemble de règles pour préserver la liberté jusqu’au sein de la servitude. Et après ?, dira-t-on. Après ? Ne soyons pas trop pressés. Si seulement chaque Français voulait bien maintenir dans sa sphère tout ce qu’il croit vrai et juste, s’il voulait aider pour sa faible part au maintien de la liberté, résister à l’abandon et faire connaître sa volonté, alors et alors seulement cette guerre serait gagnée, au sens profond du mot.

Oui, c’est souvent à son corps défendant qu’un esprit libre de ce siècle fait sentir son ironie. Que trouver de plaisant dans ce monde enflammé ? Mais la vertu de l’homme est de se maintenir en face de tout ce qui le nie. Personne ne veut recommencer dans vingt-cinq ans la double expérience de 1914 et de 1939. Il faut donc essayer une méthode encore toute nouvelle qui serait la justice et la générosité. Mais celles-ci ne s’expriment que dans des cœurs déjà libres et dans les esprits encore clairvoyants. Former ces cœurs et ces esprits, les réveiller plutôt, c’est la tâche à la fois modeste et ambitieuse qui revient à l’homme indépendant. Il faut s’y tenir sans voir plus avant. L’histoire tiendra ou ne tiendra pas compte de ces efforts. Mais ils auront été faits. 

»

27/06/2012

Mikis Théodorakis, antisémite ?!!!

Parmi les faits, très rares, dont les prédécesseurs du gouvernement Ayrault peuvent se vanter, il en est un qui ne devrait pas passer inaperçu : avoir élevé Mikis Théodorakis au rang de commandeur de la Légion d’Honneur.

Jean-François Copé, Alain Juppé et Nathalie Kosciusko-Morizet, n’ont cependant pas hésité à son sujet, à avancer quelques contrevérités qui les rendent clairement coupables de diffamation:

  1. Mikis Théodorakis est antisémite
  2. Jean Luc Mélenchon est l’ami de Mikis Théodorakis
  3. Donc Jean Luc Mélenchon est antisémite

Le sophisme pourrait évidemment très facilement se retourner contre ses auteurs en changeant la seconde proposition par Jean-François Copé, Alain Juppé et Nathalie Kosciusko-Morizet ont décoré Mikis Théodorakis de la Légion d’Honneur, … donc Jean-François Copé, Alain Juppé et Nathalie Kosciusko-Morizet sont (ou décorent des) antisémites.

Autre élément de réflexion : JLM n’a jamais rencontré Mikis Théodorakis, ne serait-ce que le jour où il a reçu cette décoration, ce que l’on regrette mais que l’on ne saurait reproché au leader du FdG.

Mais la question n'est pas là et quoiqu’il en soit de cette polémique construite sans aucun égard pour les victimes juives de la Shoah, le compositeur grec leur a répondu ce qui suit :

«Je suis Grec et fier de l’être, car nous sommes le seul peuple en Europe qui, pendant l’occupation allemande (1941-1944), non seulement n’a pas exercé de poursuites contre les Juifs mais, au contraire, les a aidés à vivre et à survivre avec tous les moyens dont nous disposions.

À l’époque, J’étais moi-même partisan de l’Armée populaire de Libération et je me souviens que nous avions pris sous notre protection de nombreuses familles de Juifs Grecs, que nous nous sommes souvent battus contre les SS pour les sauver et beaucoup d’entre nous l’ont payé de leur vie.

Trilogie Mathausen, Théodorakis

Plus tard, j’ai composé le cycle “Mauthausen” que, notamment en Israël, l’on considère quasiment comme un hymne national. J’ai ressenti une des plus grandes émotions de ma vie quand, dans les années 80, il m’a été accordé de diriger cette œuvre sur le site du camp de concentration de Mauthausen, tout d’abord chantée en grec par sa première interprète, Maria Farantouri, puis en allemand par Gisela May et en hébreu par la chanteuse israélienne, Elinoar Moav. Je l’ai dirigée une fois encore sur ces lieux et, depuis lors, l’œuvre enregistrée est diffusée sans interruption sur le site du camp.

En 1972, j’ai bravé le boycottage européen et j’ai donné des dizaines de concerts en Israël, des moments que je qualifierais d’historiques en raison des liens d’amour mutuel qui nous unissaient.

À cette même époque, Yigal Allon, alors Vice-Premier ministre du gouvernement israélien et Ministre de l’Éducation et de la Culture, m’a confié une première mission, celle de transmettre un message de paix à Arafat au nom de son gouvernement. C’est dans cette intention que je l’ai rencontré à Beyrouth et, à cette occasion, j’ai donné une conférence de presse dans une salle. Un groupe de fanatiques Palestiniens avait décidé de m’abattre, car il me considérait comme un complice des Juifs. C’est Arafat lui-même qui me l’a dit le lendemain avec, à ses côtés… le groupe de mes assassins en puissance. Qu’est-ce qui m’a sauvé ? Mon amour authentique pour les deux peuples martyrs : les Juifs et les Palestiniens.

«Quand on t’a entendu pendant la conférence de presse», m’ont-ils dit, « on a compris que nous nous trompions». Qu’est-ce que j’avais dit au cours de la conférence de presse ? «Le conflit qui vous oppose ne sera pas résolu par les armes, mais par la compréhension mutuelle. De l’autre côté, il y a des hommes ordinaires qui vous ressemblent, simples et travailleurs, capables d’aimer et qui, comme vous, aiment leur famille et leur pays. C’est eux que vous devez trouver, parce que c’est avec eux que vous pourrez vivre dans la paix».

Arafat m’a dit : «Tu as chanté les Juifs et tu as eu raison, car eux aussi c’est un peuple tourmenté. Comme nous. Alors, s’il te plaît, écris une chanson pour nous aussi…». C’est ainsi que j’ai écrit aussi un chant pour le peuple palestinien qui est devenu son Hymne national.

Bien plus tard, à l’occasion de la remise du prix Nobel de la Paix à Rabin (Israël) et à Arafat (Palestine), l’orchestre symphonique d’Oslo avec, en soliste, l’interprète finlandaise Arja Saijonmaa a joué “Mauthausen” en hommage à Israël et le chant que j’avais composé, reconnu comme Hymne National, en l’honneur du peuple palestinien. Ce moment symbolique suffit à démontrer la place que j’occupe dans l’esprit et dans les cœurs des deux peuples.

Je suis souvent allé en Israël, en Palestine et au Liban et c’était chaque fois la paix, l’amitié, la coexistence et la coopération entre ces deux peuples martyrs qui occupaient mes pensées. En tant que Grec, je me sens proche d’eux, comme si nous appartenions à la même famille. Et pourtant, pour certains fanatiques d’un côté comme de l’autre, je suis la cape rouge agitée devant le taureau.. Pourquoi ? Parce que j’ai la franchise et le courage de dire la vérité et de la dire même dans la gueule du loup. Ainsi, quand je suis en Palestine je m’exprime ouvertement et publiquement contre les fanatiques qui me haïssent et, quand je suis en Israël, je fais de même en critiquant tout aussi ouvertement et publiquement les fanatiques qui, en raison de la diaspora juive présente dans tous les pays du monde, ont la possibilité de transformer leur haine en venin et en mensonges monstrueux.

Dans mon opéra «les Métamorphoses de Dionysos» (dont j’ai écrit aussi le livret), il y a une scène où des Juifs sont déportés par des SS dans des camps d’extermination. Il s’agit d’un moment crucial de l’œuvre, d’une condamnation du Nazisme qui dévoile d’une façon très humaine, l’affliction psychique et intellectuelle que je ressens devant les souffrances des Juifs.

D’ailleurs, la dénonciation du racisme et la défense de ses victimes ont guidé mes décisions et mes actes tout au long de ma vie. Une vie jalonnée de poursuites qui m’ont souvent poussé jusqu’au seuil de la mort.

Donc, me qualifier de raciste et d’antisémite n’est pas une simple calomnie, mais l’expression de la pire bassesse morale, issue le plus souvent de cercles proches d’organisations et d’individus opérant dans la mouvance du Néonazisme et auxquels la crise a permis de relever la tête pour nous menacer et –incroyable, mais vrai– nous accuser, eux, d’….antisémitisme en utilisant un arsenal de mensonges et de déclarations insidieuses!

Il suffit de dire, par erreur manifeste, dans une interview de trois heures «antisémite» au lieu de «antiraciste», et on s’empare d’une seule et unique phrase dont on isole un mot, brandi comme un étendard, tout simplement pour servir l’intention de m’incriminer. Combien d’années était-on aux aguets pour une simple erreur ? Le mot «antisémite» correspond-il vraiment à ce qui suit ? «J’aime le peuple juif avec lequel nous avons vécu et souffert en Grèce pendant des années et je hais l’antisémitisme». Je suppose que mes différents ennemis se sont bien gardés de citer ces paroles. Et pourtant, c’est EXACTEMENT la phrase qui suit. Ce n’est pas quelque chose que je viens d’inventer, après-coup, en guise d’alibi. Il en EST ainsi et il est facile de le prouver de façon incontestable en écoutant TOUTE la phrase, exactement comme je l’ai prononcée et non pas en la tronquant comme l’ont voulu mes adversaires.

Peut-être va-t-on se demander pourquoi et comment certains persistent à vouloir discréditer un ami si fidèle d’Israël et des Juifs et tentent de me faire passer à tout prix pour un antisémite. (De qui parle-t-on ? De quelqu’un qui a connu les sous-sols de la Gestapo pour les sauver !)…

Toutefois, la réponse est finalement simple : beaucoup de mes amis juifs sont d’accord avec moi. Certains sont d’accord avec moi,-même s’ils vivent en Israël, donc dans la tourmente quotidienne des évènements. Alors, si les simples citoyens du peuple d’Israël entendent mes idées, telles qu’elles sont réellement exprimées, ils « risqueraient » (selon mes ennemis, bien sûr) d’être d’accord avec moi, en pensant que la solution du problème ne se trouve pas dans la violence et les armes, mais dans la coexistence et la paix. Ce qui ne plaît pas du tout à mes adversaires car, bien sûr, j’ai –à plusieurs reprises– totalement désapprouvé la politique de l’État d’Israël et j’ai exprimé ce désaccord avec force et de la façon la plus claire et la plus catégorique (comme je fais toujours). Pour ne pas courir le risque que ces citoyens se rangent à mes opinions, ils ne doivent pas les entendre. Et quelle est la meilleure et la plus sûre façon de procéder pour arriver à ses fins ? Et bien, leur tactique habituelle : me coller «l’étiquette» d’antisémite, de sorte qu’aucun Juif, où qu’il se trouve, ne veuille plus entendre non seulement mes idées, mais même mon nom.

Et maintenant, particulièrement en France où brusquement on «s’est souvenu» d’une interview donnée il environ un an et demi, il existe -de toute évidence- une autre raison: porter atteinte à la Gauche. Leur prétendu «argument» (qui est totalement mensonger) est que son leader, M. Mélenchon me connaît et que, par conséquent…il a des amis antisémites ! Toutefois, la vérité –malheureusement pour eux– est évidente et je pense que tout homme animé de bonnes intentions peut s’en rendre compte.

Donc, même si après la lecture de ce qui précède, certains persistent encore à me faire passer pour quelqu’un que je n’ai jamais été et que, bien sûr, je ne suis pas, le doute n’est plus permis. Tout est fait sciemment pour servir d’autres finalités, car ma foi inébranlable dans la paix et la coexistence de ces deux peuples martyrs dérange plus d’un.»

Athènes, le 15 juin 2012
Mikis Théodorakis
mikis@mikistheodorakis.gr

20/06/2012

Droit d'asile

Les lois sécuritaires des ministres Hortefeux, Besson et Guéant, produisent toujours les mêmes effets : des injustices d'autant plus insupportables qu'elles sont absurdes et d’autant plus absurdes que leur efficacité est loin d’être évidente !

Ce n’est pas faire un procès d’intention au nouveau gouvernement que de s'interroger dès maintenant sur les raisons pour lesquelles de mauvaises lois deviendraient bonnes dès lors qu’un nouveau ministre serait chargé de les faire appliquer.

La loi CESEDA (Code de l'Entrée et du Séjour des Etrangers et du Droit d'Asile en France) fait partie de cet arsenal juridique dont une famille arménienne de Manosque pourrait avoir à supporter les conséquences sans même plus pouvoir servir d’argument électoral à l’adresse d’une population retranchée derrière sa peur de l’Autre ou la simple indifférence.

Demander l'asile en France, Nora Zakaryan 
Les avocats appelés à plaider devant la CNDA ont fait grève pour manifester contre la dégradation de leurs conditions de travail, revendiquant d’avoir à traiter des cas humains et non des dossiers.
 

Or, la famille ZAKARYAN, ayant été gravement menacée en Arménie pour des raisons politiques indépendantes de sa volonté, a dû trouver refuge parmi nous. Elle a fait une demande d’asile auprès de l’OFPRA qui, pour l’instant l’a rejetée. Un recours auprès de la CNDA (Cour Nationale du Droit d’Asile) a été déposé. C’est peu dire que le droit d’asile en France, lorsqu’il est accordé, relève de l’exception. 

Pendant ce temps, Nora ZAKARYAN, élève de 1ère L, doit passer les épreuves du baccalauréat en 2012 & en 2013, et souhaite poursuivre ses études en France, « normalement », au même titre que ses ami(e)s.

Conscients du risque de reconduite à la frontière encouru par cette famille qui ne gène en rien l’ordre public, l’ensemble du corps enseignant du Lycée Félix Esclangon à Manosque, les camarades de classe et ami(e)s de Nora, la Ligue des Droits de l’Homme de Manosque, toutes celles et tout ceux qui veulent défendre l’effectivité des droits élémentaires et du droit d’asile en particulier, demandent à ce que la famille ZAKARYAN puisse continuer de vivre sur notre territoire.

Pour lui apporter un soutien, la section locale de la LDH lance un appel à signer une pétition en ligne : « Soutien à Nora Zakaryan et à sa famille »

En tout état de cause, les cas de familles expatriées et ayant demandé à bénéficier du droit d’asile devraient être examinés avec plus de souplesse dès lors que le nouveau gouvernement dont nous sommes désormais dotés aurait à cœur de défendre les Droits de l’Homme bien plus et bien mieux que son prédécesseur.

13/06/2012

La poésie qui soigne et sauve

« Revanche » commence comme « rêve », celui d'un poète grec, Odysseus Elytis. C'est le refus de se résigner et d'accepter une vie étriquée, l’espoir solaire, ce que Camus a appelé la « pensée de midi », méditerranéenne, lucide mais optimiste. « La poésie, disait-il, commence là où la mort n’a pas le dernier mot. » Ce diagnostic, posé au plus profond du gouffre douloureux de l'œuvre majeure de Odysseus Elytis, Axion Esti, trouve un écho tout particulier, quand son pays se noie dans les comptes obtus de la finance, des banques et des bourses.

grèce,odysseus elytis,angélique ionatos  

« La poésie vient se dresser là où le rationalisme dépose ses armes, prend la relève pour avancer dans la zone interdite, faisant ainsi la preuve que c'est elle qui est encore le moins rongée par l'usure. Elle assure, dans la pureté de leur forme, la sauvegarde des données permanentes par quoi la vie demeure œuvre viable. Sans elle et sa vigilance, ces données se perdraient dans l'obscurité de la conscience, tout comme les algues deviennent indistinctes dans le fond des mers. »



Et les rêves prendront leur revanche...  par Mediapart  

Merci à La rédaction de Médiapart d’avoir recueilli d'Angélique Ionatos ce message d’espoir et d’humanité qui induit que la seule colère est impuissante.  Merci aussi à ces commentaires qui y font échos et prennent le large loin du dérisoire et du cirque qui le met en scène.

06/06/2012

Aix en Provence, la chute

De l’inculture et de la censure comme racines et terreau du « discours » d’extrême droite … Cela peut même se passer dans une ville universitaire et culturellement élitiste.
Illustration :

Cela s'appelle la censure !

« La section d'Aix-en-Provence de la Ligue des Droits de l'Homme dénonce la censure exercée par la municipalité d’Aix-en-Provence sur les acteurs culturels de la ville à des fins de racolage électoral.

2012 est le cinquantenaire de la fin de la guerre d'Algérie. Comme dans d'autres villes de France, à Aix-en-Provence aurait dû se dérouler fin mars une manifestation rappelant le passé de notre relation à l'Algérie et interrogeant le présent de ce pays. Une manifestation d'ampleur à laquelle étaient associés des acteurs culturels aixois de premier plan : La Cité du Livre, l'Institut de l'Image, Les Ecritures Croisées, le Cobiac (Collectif de bibliothécaires et intervenants en action culturelle). Au programme, deux soirées de cinéma, de littérature, de témoignages et de débats avec des invités des deux rives de la Méditerranée.

Mais avec Maryse Joissains à sa tête, Aix-en-Provence n'est plus une ville comme les autres, la presse nationale s'en fait quotidiennement l'écho.

Alors que l'organisation programmatique et matérielle de ces journées était achevée, Patricia Larnaudie, adjointe à la culture, déléguée auprès de la Cité du Livre, faisait savoir que la programmation n'était pas validée par la municipalité ; la conséquence en fut l'annulation de la manifestation. L'explication devait venir deux mois plus tard de Maryse Joissains elle-même.

"Cette manifestation aurait pu porter atteinte à l'ordre public parce qu'elle était très pro-algérienne et que la mémoire sur ces événements n'est pas tout à fait apaisée." (La Provence du 22 mai 2012)

Cette décision et sa justification appellent deux réactions.

Sur le plan culturel d'abord. Il faut bien mal connaître les personnalités qui devaient participer à cette célébration, et il faut bien mal connaître leurs œuvres pour les qualifier de "pro-algériennes".

Qui oserait prétendre que le film de Tariq Teguia qui était programmé est un film pro-algérien ?

Comment la table ronde prévue sur le thème "50 ans après l'indépendance, l'Algérie..?" aurait-elle pu être candidement "pro-algérienne"? Est-ce la projection du film de Pontecorvo La Bataille d'Alger qu'il s'agissait d’interdire ? La décision de la majorité municipale d'Aix relève de l’inculture et du schématisme simpliste.

Mais cette décision révèle surtout le cynisme politique de nos édiles. Troubles à l'ordre public ? M. Joissains pense donc que des foules de nostalgiques de l'Algérie française seraient venues perturber cette manifestation ? Au besoin les y aurait-elle encouragées ? Elle qui a assimilé l’anniversaire du 50ème anniversaire des accords d'Evian à "l'anniversaire de l'abdication de la France face à une poignée de rebelles". En tous les cas ce message envoyé à l'extrême droite aixoise, et qui s'ajoute à beaucoup d'autres, est clair : rien ne sépare M. Joissains d'un candidat du Front National.

Les fins de guerre méritent d'être célébrées par tous. La fin de la guerre d'Algérie est inscrite dans la mémoire de millions de français et d'algériens. La mémoire de la fin des combats tout simplement ; celle, exaltée, d'un peuple accédant à l'indépendance ; celle de la fin du colonialisme français. Mais aussi la mémoire des souffrances et des tortures ; celle des vies perdues au combat ou dans les attentats ; celle des vies défaites par l'arrachement brutal du sol natal.

"La mémoire de l'Algérie est pour nous traumatisante. Le propre des mémoires est d'être plurielles, contradictoires". (Régis Debray, Colloque L'Algérie et la France au XXIème siècle, 17 décembre 2011, Assemblée Nationale-Paris).

Si "la mémoire de ces événements n'est pas tout à fait apaisée" comme le pense M. Joissains, ce sont les vérités de l'histoire et le dialogue entre les hommes qui peuvent éclairer les jugements et engendrer l'apaisement. Pas la censure. »

Communiqué de la Section d’Aix-en-Provence, 5 juin 2012

Ne pas oublier non plus que la même municipalité d’Aix-en Pce, dans le cadre de MP2013 (Marseille Provence 2013 – Capitale de la Culture), est à l’origine d’un imbroglio conduisant au sabordage de l'exposition "Albert Camus, L'étranger qui nous ressemble"  .

Moralité : ce n’est pas parce que le poisson se fait rare en Méditerranée que M. Joissains doit impérativement se mêler de culture.

MP2013

Illustration      

31/05/2012

L’avenir du Front de Gauche

Pour ne pas avoir à prendre le risque de laisser entrer par la fenêtre celles et ceux à qui nous avons clairement indiqué le chemin de la sortie, il nous faut aujourd’hui, à l’occasion des élections législatives, et, rien n’étant jamais acquis, « finir le job » sans faire preuve de crédulité. Les premières mesures hollandaises n’étant que de fragiles symboles, elles ne crédibilisent en rien la nouvelle équipe sociale-démocrate qui se veut apaisante. Le gouvernement français boycottera l'Euro 2012 de football en Ukraine ?  La belle jambe !

front de gauche,janette habel,pierre khalfa,evelyne sire-marin

La brume ayant souvent les mêmes effets que l’enfumage, nous préférons reprendre à notre compte les grandes lignes d’une note paruesous la signature de Janette Habel, Pierre Khalfa et Evelyne Sire-Marin, membres du Conseil national de campagne du Front de gauche et pour la dernière nommée, vice-présidente au BN de la Ligue des Droits de l’Homme, une note qui entame une réflexion sur l'avenir du Front de Gauche :

« Nous avons participé avec enthousiasme à la campagne du Front de gauche, sans être militants d'aucun des partis qui le composent et nous voulons prolonger ce combat, alors que la défaite de Nicolas Sarkozy ouvre une nouvelle période politique. Par son mode bonapartiste de gouvernement, sa course effrénée derrière le Front national, sa volonté de remettre en cause les fondements même des compromis sociaux issus de la seconde guerre mondiale, le Président sortant représentait un danger pour la démocratie. Mais la victoire de François Hollande, si elle ouvre bien des perspectives nouvelles, est loin de permettre de résoudre les problèmes que cette élection a mis en évidence, alors que le fort pourcentage de Marine Le Pen montre qu’une partie de l'électorat populaire croit trouver dans la xénophobie du Front national une solution à ses problèmes sociaux et à ses angoisses.

« L’austérité peut ne plus être une fatalité », a dit François Hollande le soir de son élection. Si l'on doit lui donner acte de cette affirmation, il faut cependant se rappeler que le programme du nouveau Président reste entaché par les dogmes du néolibéralisme qui ont partout mené à la catastrophe. Ainsi en est-il de sa volonté d’arriver à un équilibre budgétaire en 2017, qui l'obligera à couper massivement dans les dépenses publiques si la réforme de la fiscalité se révèle être a minima. (…)

Le programme défendu par le Front de gauche avait l’ambition de répondre à un enjeu majeur, celui de sortir la France de l’emprise des marchés financiers pour amorcer un nouveau mode de développement fondé sur la satisfaction des besoins sociaux, la réduction des inégalités et le respect des impératifs écologiques. La dynamique populaire qui s’est manifestée durant sa campagne a été le signe que ce programme de lutte contre les politiques néolibérales entrait en résonance avec des préoccupations profondes de nos concitoyens. Donné à moins de 5 % au début de la campagne électorale, Jean-Luc Mélenchon termine à plus de 11 % des suffrages malgré l'intense pression du vote utile. Pour celles et ceux qui veulent, à gauche, transformer la société, une nouvelle force politique a émergé qui peut avoir comme ambition de devenir majoritaire à gauche dans l’avenir. Il importe que les élections législatives à venir confirment et amplifient ce mouvement. (…)

Le budget 2013 sera décisif pour en juger. Mais la réponse dépendra aussi de notre propre capacité à faire prévaloir les solutions dont nous sommes porteurs. Le Front de gauche devra peser sur les orientations du gouvernement en s'appuyant sur les mobilisations sociales. Mais en tout état de cause il devra refuser un budget d’austérité. En revanche il devra soutenir toute mesure permettant de libérer le pays de l’emprise des marchés financiers, de contribuer à la transition écologique, de promouvoir les droits, l’égalité entre les hommes et les femmes, de renforcer les services publics et d’améliorer les rapports de forces des salariés vis-à-vis du patronat. (…)
Au-delà, dès cet été, il faut organiser une initiative politique commune à toutes les composantes du Front de gauche pour tirer les leçons de son expérience unitaire et pour penser son avenir.

21/05/2012

Eclipse momentanée

Illustrée par Kazimir Malevitch

eclipse partielle avec mona lisa,1914
Eclipse partielle avec Mona Lisa, 1914

 

15/05/2012

64 ème Nakba

Un accord a été signé ce lundi 14 mai 2012 pour mettre un terme à la grève de la faim dans les prisons israéliennes. Selon le document, les conditions de détention et le droit de visite sont améliorés, et Israël ne reconduira pas la période de détention administrative des quelque 300 prisonniers qui sont aujourd’hui derrière les barreaux sans inculpation, ni condamnation.

Cet accord a été conclu alors que les Palestiniens célèbrent aujourd’hui la « Nakba », la « catastrophe » que représente pour eux la création de l'Etat d'Israël en 1948.

nakba, 64ème anniversaire

La sirène hurle dans le centre de Ramallah en souvenir de la« Nakba », le début de l’exil pour les réfugiés palestiniens qui ont perdu leurs maisons et leurs terres pendant le conflit israélo-arabe de 1948.

Comme chaque année, les slogans affirment le droit au retour des réfugiés. Mais cette année, chacun pense aux quelque 1 600 grévistes de la faim dans les prisons israéliennes.

Pour certains, l’accord conclu ce lundi est une victoire. D’autres sont beaucoup plus sceptiques, comme Farideh, dont le fils prisonnier a cessé de s’alimenter il y a près d’un mois : « Maintenant, je ne sais rien ! Je n’ai pas vu mon fils et ses amis ! Jeudi, je vais le voir pour savoir ce qu’il va dire ».

Farideh et d’autres proches de prisonniers passent leurs journées sous les tentes qui ont fleuri dans les centres-villes de toutes les localités palestiniennes. Ici, chacun soutient le mouvement, même si les détenus mettent leur vie en péril. « Notre fils fait comme ça. Il ne mange pas et ne boit pas. Si notre fils ne fait pas comme ça, notre fils reste en prison ! », précise Farideh.

Comme chaque année, la célébration de la « Nakba»  donne lieu à des affrontements entre jeunes Palestiniens et soldats israéliens. Ce mardi, c’est à la prison israélienne d’Ofer, en Cisjordanie, que les militants palestiniens se sont donné rendez-vous.

Nicolas Falez, RFI , Jérusalem

12/05/2012

Greve de la faim pour la dignité

"Imaginons un instant deux mille prisonniers politiques en Chine engagés dans une grève de la faim depuis plusieurs semaines ; ou bien deux mille autres, mobilisés dans un mouvement similaire en Russie. Il y a peu de doute que les télévisions et les radios, si promptes à se mobiliser sur les atteintes aux droits humains dans de lointains pays, ouvriraient leurs bulletins d’information sur cette nouvelle, s’indigneraient de cette violation des droits élémentaires, appelleraient nos autorités à réagir et même à intervenir, à imposer des sanctions à Pékin ou à Moscou.

Il y a bien deux mille prisonniers politiques qui font la grève de la faim, mais en Palestine. Et l’information ne semble pas intéresser grand-monde. Mais nous le savons depuis longtemps, les Palestiniens, les Arabes, les musulmans ne sont pas vraiment des êtres humains comme les autres.

greve de la faim en israel

Revenons d’abord sur les faits, rapportés par le correspondant du Monde (« Le mou­vement de grève de la faim des pri­son­niers pales­ti­niens en Israël s’étendrait à 2 000 détenus », Lemonde.fr, 6 mai) :

« Israël éprouve des dif­fi­cultés crois­santes à contrôler le mou­vement de grève de la faim des pri­son­niers pales­ti­niens, qui ne cesse de s’étendre. Com­mencée le 17 avril pour pro­tester contre la pra­tique de la détention admi­nis­trative (qui permet de main­tenir un suspect en prison sans jugement, pendant une période de six mois renou­ve­lable), cette action regrou­perait aujourd’hui quelque 2 000 détenus, selon Addameer, l’association pales­ti­nienne de défense des droits des prisonniers. » (...)

« Deux pri­son­niers au moins sont dans un état cri­tique : Bilal Diab, âgé de 27 ans, est ori­gi­naire de Jénine, et Thaer Halahla, âgé de 33 ans, ori­gi­naire de Hébron (tous deux membres du Djihad isla­mique), ont com­mencé leur grève de la faim le 29 février. Après soixante-​​six jours sans ali­men­tation, ils sont entrés dans ce que les médecins appellent “une phase aléa­toire de survie”. Les deux hommes ont comparu, jeudi 3 mai, sur une chaise rou­lante, devant le Cour suprême d’Israël, mais celle-​​ci a renvoyé sa décision sur une éven­tuelle remise en liberté à une date ultérieure. »

« Au moins six autres pri­son­niers sont dans un état de santé jugé alarmant. Ce mou­vement de grève s’est étendu aux prin­cipaux centres de détention en Israël, et plu­sieurs chefs de file de la résis­tance pales­ti­nienne, comme Ahmad Saadat, chef du Front popu­laire pour la libé­ration de la Palestine (FPLP), l’ont rejoint. Alors que les mani­fes­ta­tions de soli­darité se mul­ti­plient dans plu­sieurs villes pales­ti­niennes, le gou­ver­nement du premier ministre israélien, Benyamin Néta­nyahou, hésite sur la conduite à adopter. »

Cette grève pose d’abord la question des détentions administratives (c’est-à-dire sans preuve et sans jugement), une pratique héritée de l’époque du mandat britannique, quand Londres luttait (1944-1948) contre le « terrorisme sioniste ». Comme je le rappelle dans De quoi la Palestine est-elle le nom ?, ces lois d’exception avaient été dénoncées par nombre de juristes, dont le docteur Moshe Dunkelblum, qui devait siéger plus tard à la Cour suprême d’Israël. Le 7 février 1946, il déclarait : « Ces ordonnances constituent une menace constante contre les citoyens. Nous, juristes, voyons en elles une violation flagrante des principes fondamentaux de la légalité, de la justice, de la discipline. Elles légalisent le plus parfait arbitraire des autorités militaires et administratives. (…) Elles dépouillent les citoyens de leurs droits et confèrent aux autorités des pouvoirs illimités. » Mais, une fois arrivés au pouvoir, les sionistes oublièrent ces critiques et retournèrent ces lois contre les Arabes.

La Cour suprême d’Israël, que certains présentent comme le garant de la démocratie dans ce pays, a rejeté l’appel de deux prisonniers administratifs en grève de la faim depuis deux mois (« Court rejects petition by Palestinian hunger strikers against detention », Haaretz, 8 mai 2012). En toute hypocrisie, elle a noté que cette pratique de la détention administrative était « une aberration dans le domaine juridique » et devait donc être utilisée « aussi peu que possible », mais les prisonniers qui avaient fait appel étaient déboutés. Il fut un temps où Israël autorisait officiellement des « pressions physiques modérées » contre les détenus palestiniens : un peu de torture, pas trop... Une décision que cette Cour suprême « humaniste » a soutenue jusqu’en 1999 (on était, à l’époque, en pleines « négociations de paix » entre Israël et l’OLP !).

La grève des prisonniers palestiniens a été relayée par les déclarations de Richard Falk, le rap­porteur spécial de l’ONU pour les droits de l’homme dans les ter­ri­toires pales­ti­niens occupés, qui s’est déclaré « écœuré par les vio­la­tions continues des droits de l’homme dans les prisons israé­liennes. Depuis 1967, 750 000 Pales­ti­niens, dont 23 000 femmes et 25 000 enfants, ont été en détention dans les prisons israé­liennes, soit près de 20% du total de la popu­lation pales­ti­nienne des ter­ri­toires occupés », a-​​t-​​il rappelé (cité dans Armin Arefi, « Israël : la dernière arme des prisonniers palestiniens », AFPS).


Conclusions : silence radio dans la plupart des médias ; aucune pression sur le gouvernement israélien ; aucune indignation morale de tous ces grands intellectuels... La terre continue de tourner et certains s’étonnent que les discours européens sur la démocratie et les droits humains suscitent surtout des ricanements dans le monde arabe.
"

"Palestine, ces prisonniers ignorés en grève de la faim"

Mardi 8 mai 2012, par Alain Gresh


10/05/2012

Pour des législatives utiles

A l’initiative de l’Association-France-Palestine-Solidarité des Alpes de Haute Provence, la LDH 04 prend toute sa place dans la préparation des prochaines élections législatives.

D’une façon générale, il s’agit de donner un sens au changement qui vient de nous être promis, de faire en sorte que l’Assemblée Nationale ne soit pas une simple chambre d’enregistrement et que la séparation des pouvoirs y soit effective notamment aux travers des questions relatives aux Droits civiques, économiques, culturels et sociaux.

Avant même que le siège parisien de notre association ne fasse parvenir le communiqué qui suit, notre participation à cette manifestation citoyenne allait donc de soi.

Cette rencontre aura lieu le 16 mai à 18h, salle de cinéma des Mées (04).

Les candidats y sont invités à exposer, s'ils étaient élus, ce que sera leur engagement. En présence de la presse locale, ils pourront notamment éclairer l’ensemble des électeurs sur les thèmes suivants :

Pour des législatives utiles

Communiqué LDH - Paris

Le résultat de l’élection présidentielle ouvre une phase politique nouvelle dont les législatives vont être un moment clé. Ce sont les députés élus qui détermineront dans une large mesure le profil du gouvernement à venir, sa capacité à traduire dans la loi ses orientations.

La Ligue des droits de l’Homme invite donc les citoyennes et les citoyens à s’inscrire dans les débats qui vont accompagner cette suite électorale, avec leurs préoccupations démocratiques, leur volonté de voir rendre effective l’égalité des droits.

La question de l’égalité a été au cœur de la présidentielle ; c’est sur ce choix de société que se sont prononcés électrices et électeurs. Il s’inscrit dans un besoin fort de voir engagé un travail de réhabilitation de la démocratie, au plein sens du terme : démocratie de représentation, démocratie dans les prises de décision, démocratie sociale et justice fiscale… Les attentes sont à la hauteur des défis : immenses.

Les relever implique que se développent les confrontations, le débat d’idées, les initiatives et que des décisions soient prises ; bref, une démocratie vivante. Pour y contribuer, la Ligue des droits de l’Homme soutient une série de propositions immédiates, inscrites dans le cadre du Pacte pour les droits et la citoyenneté, signé par plus de cinquante associations et organisations syndicales.

Elle en débattra avec les représentants des partis qui inscrivent leur candidature dans le cadre de la dynamique électorale qui a contribué à l’élection du nouveau Président, le 22 mai, à Paris, dans les locaux de l’Ageca (177, rue de Charonne, 75011 Paris).

Paris, le 9 mai 2012.

06/05/2012

Sur tous les tons.

A méditer cette réflexion d'Alexis CORBIERE trouvée sur son blog :

"Pour conclure momentanément (...), si l’on considère qu’une course de vitesse est engagée avec l’extrême droite, il est indiscutable qu’elle a encore une longueur d’avance sur nous, mais nous courrons plus vite qu’elle."

Le combat de demain devra en effet être concentré sur ce et ceux qui fait et font le lit de l'extrême droite, sur ses racines et pas seulement sur sa réprésentation.


Autrement dit :

Dessin Tardi, dégage


26/04/2012

Le jour d'après

La véritable souffrance, celle que l’on dit être une explication au vote d’extrême droite largement teinté de xénophobie, a été engendrée par la vulgarité des entreprises basées sur le profit que l’on peut tirer de l’inconscience et de l’ignorance, de ces notes insupportables interprétées chaque jour sur le piano déglingué des infos sous culturante.

La véritable souffrance déforme les visages au point de les rendre inaudibles.

http://1.bp.blogspot.com/_XtI1QtksMio/TUmEC_CvRkI/AAAAAAAADR4/m6JBS6OLi6U/s1600/Bacon+Study+for+the+Head+of+a+Screaming+Pope%252C+1952.jpg
Francis Bacon, 1909 - 1992

La priorité, l'urgence aujourd'hui : Battre le candidat des droites, le candidat sortant !


« La Ligue des droits de l’Homme se félicite du haut niveau de participation au premier tour de l’élection présidentielle.

Elle y voit la volonté du peuple français de restituer à la politique son rôle primordial, sans céder aux injonctions de se plier aux intérêts économiques.

La LDH constate l’ampleur du désaveu qui frappe le Président sortant. Ce qui a été sanctionné, c’est un quinquennat au service des puissants, caractérisé par des choix aggravant les injustices sociales, légitimant la xénophobie d’Etat, multipliant les atteintes aux droits et aux libertés, enfermant les citoyens dans une société de surveillance et dans une démocratie limitée. En s’en prenant à tout-va à diverses catégories de la population, parce qu’au chômage, selon leur origine, et même selon leur religion, en désignant des boucs émissaires et en attisant les peurs et les haines, Nicolas Sarkozy a légitimé les idées du Front national, qui s’en trouve plus fort que jamais.

Parce que notre pays ne peut continuer à se livrer, à lui-même, une guerre civile froide, parce que sa défaite est une étape nécessaire, il faut, le 6 mai 2012, barrer la route à Nicolas Sarkozy.

Mais, infliger une défaite au candidat sortant ne suffira pas à répondre aux angoisses et aux espoirs que traduit le premier tour des élections présidentielles. Ce sera au nouveau président de la République d’impulser une autre politique qui, dépassant l’alternance institutionnelle, ouvre la voie à une réelle alternative politique.

Rétablir un fonctionnement démocratique des institutions en supprimant le cumul des mandats, en assurant l’indépendance de la justice et en élisant les membres du Conseil constitutionnel, ainsi que les autres Autorités indépendantes, à une majorité des deux tiers du Parlement.

Bannir la xénophobie d’Etat en régularisant les sans-papiers qui étudient, vivent et travaillent ici, en ouvrant enfin un réel débat sur l’immigration, en accordant aux étrangers non européens le droit de vote et d’éligibilité aux élections locales, et faire reculer le racisme en cessant de stigmatiser des catégories entières de population en raison de leur origine ou de leur religion.

Restituer aux citoyens leurs libertés en réformant profondément la justice pénale, en abolissant les lois d’exception, en rétablissant la justice des mineurs dans toute son exceptionnalité, en limitant les fichiers et leur usage à des fins proportionnées, contrôlables et à la finalité établie.

Reconstruire des services publics qui soient à la disposition de tous et auxquels tous doivent avoir accès, lancer un plan d’action pour l’hébergement d’urgence et le logement social, construire une justice fiscale et sociale qui assure la progressivité de l’impôt et la redistribution des richesses.

Construire une autre Europe, aux institutions démocratiques, dégagée du dogme de la concurrence, et ouverte sur le monde.

La LDH, au cours des mois à venir, portera ces revendications comme autant de conditions nécessaires pour que notre société cesse de produire de l’injustice et de l’exclusion, pour que se construise l’espoir d’une société plus solidaire et plus libre.»

Communiqué de la LDH

Paris, le 24 avril 2012.

24/04/2012

L’épine du mépris

A force de confondre populisme et populaire, le peuple, faussement porté au pinacle le temps d’une élection, aura été considéré comme moins que rien et abandonné à ses phobies destructrices dont il ne guérira malheureusement ni en un jour, ni en un mois.

FN, UMP, mépris, xénophobie

« Près de sept millions de suffrages pour MLP, plus encore pour un Sarkozy qui n’a fait depuis cinq ans qu’attiser la haine des musulmans et des immigrés, et, à ce jour, pas un membre du Parti socialiste, sur les plateaux de télévisions, pour prononcer le mot « racisme ». Pas un mot de condamnation morale, pas un slogan antiraciste de base, tous reprennent en revanche, en chœur avec les sarkozystes, la thématique du "vote de protestation" et des "Français qui souffrent". » *

Comme toujours, l’intérêt supérieur et périodique de la chasse - pêche aux voix dépasse celui de la stricte et constante défense des Droits de l’Homme.

Le Front de Gauche a été seul, "front contre front", à tenter de dénoncer la bassesse d’un vote qui doit plus à l’ignorance sciemment entretenue qu’à la souffrance subie du précariat.

« C’est en somme, (…) toute la complaisance des partis de gouvernement à l’encontre du Front National, et tout le mépris de ces partis pour les immigrés, les étrangers ou les non-blancs, qui se sont (se seront ?) exhibés en un honteux spectacle. Une attitude qui a déjà fait ses preuves, depuis trente ans, en termes de lepénisation des esprits. » *

A ce moment du constat, il suffirait d’un simple fait divers dans la lignée de l’affaire Merah, voire de moindre importance, pour que la phobie xénophobe serve un peu plus d’écran aux ignominies et impostures de la clique en place et permette à son chef de clan d’être réélu malgré ses turpitudes.

Les uns comme les autres font mine d’ignorer ce que leur mépris de classe a pu engendrer dans une population coupée de ses racines culturelles et nourrie aux journaux, jeux, séries, chroniques télévisées autant qu’aux bourrages de crane consuméristes plutôt qu’à la reconnaissance de cet Autre sans qui la solidarité ne peut pas s’exprimer, de cet Autre sans lequel la citoyenneté n’a aucun sens.

Mieux, tous cynismes confondus, ils affirment « comprendre » le vote de ces électeurs qui se sont prononcés en faveur de la droite et de l’extrême droite : un vote qu’ils auront eux-mêmes contribué à fabriquer.

« C’est donc d’un même mouvement, son identité sociale et son identité anti-raciste qu’abandonne (progressivement ?) le Parti socialiste : tout se passe comment si ses dirigeants avaient renoncé à voir dans les immigrés et leurs descendants des alliés ou des victimes à défendre pour les présenter (ou les reconnaître) avant tout comme des fauteurs de troubles. » *

 

* Les citations sont extraites du site "Collectif... les mots sont importants"

20/04/2012

Pourquoi Dupond & Dupont tournent en rond

"Pourquoi Dupond et Dupont tournent en rond"... pourquoi ne pas prolonger la question dans un domaine plus humain ?

Intéressant constat qui, s’il s’avérait exact, pourrait fonctionner comme une allégorie et mener à la conclusion que nos représentants ont décidemment besoin de voix et de lumière, de "bruit et de fureur", pour ne pas être surpris en train de tourner en rond et de retomber dans les griffes besogneuses de spéculateurs dopés à l’industrie du GPS ou à celle du sondage d’opinions préfabriquées.

Présidentielles 2012

Quant aux représentés que nous sommes, nous ne devrions pas avoir à supporter d’être tenus en laisse au prétexte que notre colère ou notre indignation aurait à être « fédérée ».

A la veille de s’exprimer par un vote, il s’agit de savoir quel aura été le candidat le plus attentif au concert et à la colère que nous avons pris la peine de localiser avant de savoir contre qui elle devait en définitive être dirigée. Il s'agir de savoir aussi quel candidat sera le moins attentiste pour réparer la morsure des injustices et des inégalités subies.

Si Dupond et Dupont se posent encore la question, ils finiront bien par y répondre.

18/04/2012

SOS

L’élection présidentielle a lieu ces 22 avril et 6 mai ; elle sera suivie des élections législatives les 10 et 17 juin. La Ligue des droits de l’Homme appelle les citoyennes et les citoyens à s’approprier ces élections et à voter.

La Ligue des droits de l’Homme, qui combat depuis 1898 pour les droits politiques et sociaux de tous, Français et étrangers, n’a pas pour tradition de s’exprimer sur le vote avant le premier tour de la présidentielle.

Aujourd’hui, elle le fait avec gravité, en pleine conscience de ses responsabilités, sur la base des valeurs républicaines qu’elle défend et avec la diversité des choix et sensibilités politiques qui la caractérisent.

Présidentielles 2012

En juin 2005, face à une loi arbitraire réservant un sort inhumain aux étrangers, la Ligue des droits de l’Homme alertait sur les risques que cette politique faisait peser sur notre démocratie et sur la République. Dans une démarche exceptionnelle, elle lançait un « appel à l’insurrection des consciences ».

En mai 2007, sous l’impulsion directe de Nicolas Sarkozy, ex-ministre de l’Intérieur devenu président de la République, son gouvernement adoptait une série de mesures liberticides, asphyxiant la démocratie, construisant une société de méfiance, de surveillance et d’exclusion, bafouant la justice ainsi que la dignité et les valeurs de la République. Au point qu’en 2009, la Ligue des droits de l’Homme lançait un véritable cri d’alarme sous forme d’une campagne de mobilisation citoyenne, proclamant « Urgence pour les droits, urgence pour les libertés ! ».

En cinq ans, l’action du président de la République − à nouveau candidat − s’est partagée entre le mauvais et le pire : stigmatisations des populations fragilisées par les crises, agressions contre les organisations syndicales, exaltation de la xénophobie portée par le funeste débat sur « l’identité nationale », refus obstiné de mettre en débat les choix d’austérité, de débattre de l’emploi, des droits sociaux, régulièrement donnés comme les sujets principaux de préoccupation, avant la sécurité et l’immigration, pourtant cyniquement mis en avant pour tenter de rallier des voix sur l’unique base de la peur.

La Ligue des droits de l’Homme considère que poursuivre dans cette voie constituerait une menace des plus graves pour la République. C’est pourquoi, elle appelle les électrices et électeurs à refuser que soit poursuivie − et a fortiori aggravée − la régression des droits et des libertés, la xénophobie d’Etat et l’autoritarisme, la mise en cause de l’égalité des citoyens.

Elle les appelle à exprimer dans les urnes leur volonté de retrouver le vrai visage de la République, et à rester mobilisés au-delà des élections.

Communiqué LDH du 14 avril 2012

16/04/2012

Check-point à Paris

Une nouvelle fois, le gouvernement israélien vient d’interdire aux personnes qui soutiennent pacifiquement les Palestiniens dans leur lutte légitime de circuler librement.

check-point à Paris, israël
Source AFP

Ainsi faisant, déjà soumise à des conditions drastiques et arbitraires, l’entrée dans les territoires occupés devient, en violation flagrante du droit international, presque impossible à celles et ceux qui manifestent leur refus de la politique israélienne.

Alors qu’il lui appartenait de rappeler les autorités israéliennes à leurs obligations, le gouvernement français s’est contenté de son silence habituel. Pour s’opposer à cette complicité, faudra-t-il en venir à demander des mesures de rétorsion destinées à empêcher tel ou tel porteur de la nationalité israélienne l’entrée en France sans visa ?

A se livrer à de telles pratiques, en comptant sur la caution des gouvernements occidentaux, le gouvernement israélien s’enfonce toujours un peu plus dans le recours à une répression qui renforce son isolement.

La Ligue des droits de l’Homme demande expressément au gouvernement français (et, à terme, à celui qui lui succèdera) de faire rétablir les conditions normales du droit international de circulation qui permettraient à ses ressortissants d’entrer dans les territoires occupés.

Communiqué LDH Paris, le 16 avril 2012

10/04/2012

Paranoïa critique

Gunter Grass scandalise ?...  


[ Un documentaire de l'émission Zone Libre Radio Canada.]

Ce que l’on conteste à l’auteur du Tambour, c’est plutôt son droit moral de dénoncer le silence fait autour du nucléaire israélien au prétexte de son passé. Mais la question que G. Grass soulève est des plus importantes puisqu’elle engage la responsabilité des actuels inconditionnels soutiens au gouvernement d’Israël, ce dernier étant dirigé par ce qu’il devrait être convenu d’appeler «des kamikazes d’Etat», prêts à réduire en cendres le Moyen-Orient pour défendre ses frontières et à jouer de ses relations économiques pour exiger le silence sur les violations du droit international qu’il commet sans discontinuer et sans vergogne.

gunter grass scandalise ?,nucléaire israélien

En fait, G. Grass ne fait que remettre sur le tapis la question tabou du programme nucléaire israélien, qui date de 1954, et qui a débuté, soit dit en passant, en étroite coopération avec la France, qui elle aussi cherchait à se doter de la bombe atomique.

Tout serait évidemment beaucoup plus clair et moins conflictuel si Israël consentait à reconnaître officiellement la réalité de son appartenance au club des nations disposant de l’arme nucléaire et faisait la démonstration de sa capacité à vivre en paix avec le peuple palestinien. C’est loin d’être une demande exorbitante !

En attendant Gunther Grass, qui se reconnaît «une origine, entachée d'une tare à tout jamais ineffaçable», et voit concentrée sur sa personne quantité de ressentiments qui n’ont vraisemblablement rien à voir avec elle, fait aussi bien les frais d’une évidente hypocrisie que d'une paranoïa critique.

Il écrit :

« Pourquoi me taire, pourquoi taire trop longtemps
Ce qui est manifeste, ce à quoi l'on s'est exercé
dans des jeux de stratégie au terme desquels
nous autres survivants sommes tout au plus
des notes de bas de pages

C'est le droit affirmé à la première frappe
susceptible d'effacer un peuple iranien
soumis au joug d'une grande gueule
qui le guide vers la liesse organisée,
sous prétexte qu'on le soupçonne, dans sa zone de pouvoir,
de construire une bombe atomique.

Mais pourquoi est-ce que je m'interdis
De désigner par son nom cet autre pays
Dans lequel depuis des années, même si c'est en secret,
On dispose d'un potentiel nucléaire en expansion
Mais sans contrôle, parce qu'inaccessible
À toute vérification ?

Le silence général sur cet état de fait
silence auquel s'est soumis mon propre silence,
pèse sur moi comme un mensonge
une contrainte qui s'exerce sous peine de sanction
en cas de transgression ;
le verdict d'"antisémitisme" est courant.

Mais à présent, parce que de mon pays,
régulièrement rattrapé par des crimes
qui lui sont propres, sans pareils,
et pour lesquels on lui demande des comptes,
de ce pays-là, une fois de plus, selon la pure règle des affaires,
quoiqu'en le présentant habilement comme une réparation,
de ce pays, disais-je, Israël
attend la livraison d'un autre sous-marin
dont la spécialité est de pouvoir orienter des têtes explosives
capables de tout réduire à néant
 

en direction d'un lieu où l'on n'a pu prouver l'existence
ne fût-ce que d'une seule bombe atomique,
mais où la seule crainte veut avoir force de preuve,
je dis ce qui doit être dit.

Mais pourquoi me suis-je tu jusqu'ici ?
parce que je pensais que mon origine,
entachée d'une tare à tout jamais ineffaçable,
m'interdit de suspecter de ce fait, comme d'une vérité avérée,
le pays d'Israël, auquel je suis lié
et veux rester lié.

Pourquoi ai-je attendu ce jour pour le dire,
vieilli, et de ma dernière encre :
La puissance atomique d'Israël menace
une paix du monde déjà fragile ?
Parce qu'il faut dire,
ce qui, dit demain, pourrait déjà l'être trop tard :
et aussi parce que nous - Allemands,
qui en avons bien assez comme cela sur la conscience -
pourrions fournir l'arme d'un crime prévisible,
raison pour laquelle aucun
des subterfuges habituels n'effacerait notre complicité.

Et admettons-le : je ne me tais plus,
parce que je suis las de l'hypocrisie de l'Occident ; il faut en outre espérer
que beaucoup puissent se libérer du silence,
et inviter aussi celui qui fait peser cette menace flagrante
à renoncer à la violence
qu'ils réclament pareillement
un contrôle permanent et sans entraves
du potentiel nucléaire israélien
et des installations nucléaires iraniennes
exercé par une instance internationale
et accepté par les gouvernements des deux pays.

C'est la seule manière dont nous puissions les aider
tous, Israéliens, Palestiniens,
plus encore, tous ceux qui, dans cette
région occupée par le délire
vivent côte à côte en ennemis
Et puis aussi, au bout du compte, nous aider nous-mêmes. »

Günter Grass Traduit de l'allemand par Olivier Mannoni

08/04/2012

«Entendre les rossignols chanter des marseillaises»

«Entendre les rossignols chanter des marseillaises», c’est retrouver harmonie et noblesse dans le discours politique : un autre monde qui s’oppose à la vulgarité, à la violence ou à l’insignifiance des Le Pen et Sarkosy.

La fin de l’allocution prononcée à Limoges par le porte-parole du Front de Gauche et empruntée à un texte de Victor HUGO (William Shakespeare – 3ème partie : conclusion. Livre II – Le 19ème siècle), est un texte particulièrement riche puisqu’il se veut une déclinaison de l’Humain.

Une déclinaison précédée par une prise en compte des faiblesses individuelles :

« (…) Ah ! Il y a des heures où il semble qu’on voudrait entendre les pierres murmurer contre la lenteur de l’homme !
Quelquefois on s’en va dans les bois. A qui cela n’arrive-t-il pas d’être parfois accablé ? On voit tant de choses tristes. (…) une génération est en retard, la besogne du siècle languit. Comment ! Tant de souffrances encore ! On dirait qu’on a reculé. Il y a partout des augmentations de superstition, de lâcheté, de surdité, de cécité, d’imbécillité. La pénalité pèse sur l’abrutissement. Ce vilain problème a été posé : faire avancer le bien-être par le recul du droit (…) »

… mais qui renoue avec l’espoir d’une délivrance et la démonstration d’une force idéale et collective :

« (…) En avant ! On voudrait entendre les rossignols chanter des marseillaises. (…) Il y a des haltes, des repos, des reprises d’haleine dans la marche des peuples, comme il y a des hivers dans la marche des saisons. (…) Désespérer serait absurde ; mais stimuler est nécessaire.
Stimuler, presser, gronder, réveiller, suggérer, inspirer
, (…) De là cette parole : Délivrance, qui apparaît au-dessus de tout dans la lumière, comme si elle était écrite au front même de l’idéal. »

HUGO, JLM, LIMOGES

A Limoges, J-L. Mélenchon a repris un autre passage du texte d’Hugo. Rythmé, imagé, mobilisateur, intégré dans un ensemble sincère, cohérent et généreux :

« (…) Aujourd’hui pour toute la terre la France s’appelle Révolution ; et désormais ce mot, Révolution, sera le nom de la civilisation jusqu’à ce qu’il soit remplacé par le mot Harmonie. Je le répète, ne cherchez pas ailleurs le point d’origine et le lieu de naissance de la littérature du dix-neuvième siècle.

Oui, tous tant que nous sommes, grands et petits, puissants et méconnus, illustres et obscurs, dans toutes nos œuvres, bonnes ou mauvaises, quelles qu’elles soient, poèmes, drames, romans, histoire, philosophie, à la tribune des assemblées comme devant les foules du théâtre, comme dans le recueillement des solitudes, oui, partout, oui, toujours,

Oui, pour combattre les violences et les impostures,

Oui, pour réhabiliter les lapidés et les accablés,

Oui, pour conclure logiquement et marcher droit,

Oui, pour consoler, pour secourir, pour relever, pour encourager, pour enseigner,

Oui, pour panser en attendant qu’on guérisse,

Oui, pour transformer la charité en fraternité, l’aumône en assistance, la fainéantise en travail, l’oisiveté en utilité, la centralisation en famille, l’iniquité en justice, le bourgeois en citoyen, la populace en peuple, la canaille en nation, les nations en humanité, la guerre en amour, le préjugé en examen, les frontières en soudures, les limites en ouvertures, les ornières en rails, les sacristies en temples, l’instinct du mal en volonté du bien, la vie en droit, les rois en hommes,

Oui, pour ôter des religions l’enfer et des sociétés le bagne,

Oui, pour être frères du misérable, du serf, du fellah, du prolétaire, du déshérité, de l’exploité, du trahi, du vaincu, du vendu, de l’enchaîné, du sacrifié, de la prostituée, du forçat, de l’ignorant, du sauvage, de l’esclave, du nègre, du condamné et du damné,

Oui, nous sommes tes fils, Révolution ! (…)»

04/04/2012

Militant dans l’Hérault, une folie ?

Un communiqué commun de la section LDH de Loupian et du comité régional Languedoc Roussillon de la Ligue des droits de l’homme nous apprend que, le 26 mars 2012, un militant défenseur de l’environnement a fait l’objet d’un arrêté du maire de sa commune, confirmé deux jours plus tard par le préfet de l’Hérault, ordonnant son admission en soins psychiatriques.

Ce militant, qui manifestait par une action non-violente son opposition à un projet de déclassement d’une zone Natura 2000 dans sa commune, a été hospitalisé aux motifs allégués qu’il présentait des troubles mentaux « qui compromettent la sûreté des personnes ou portent atteinte, de façon grave, à l’ordre public », troubles qui se manifestaient par « des propos désobligeants et insultants » et par le fait qu’il s’était « cadenassé à une grille de protection de la mairie ».

La motivation ahurissante de cet arrêté, censée caractériser un trouble grave à l’ordre public – à moins que le préfet de l’Hérault ne considère que des propos désobligeants ne compromettent … la sûreté des personnes ! - révèle une dérive inquiétante : après les placements en garde à vue et les poursuites judiciaires de plus en plus fréquents, le pouvoir exécutif s’est trouvé une nouvelle arme contre les militants actifs, l’hospitalisation contrainte en psychiatrie.

folie & répression
Lire aussi :Collectif « Mais c’est un Homme » : déclaration du 1er août 2011

Ce militant, au mépris de ses droits les plus élémentaires, a été placé à l’isolement pour avoir refusé le traitement que l’on voulait lui imposer, a été interdit de tout contact avec ses proches pendant plusieurs jours, et a eu le plus grand mal à obtenir communication des décisions le concernant !!

Les organisations signataires, membres du collectif « Mais c’est un homme », dénoncent l’usage inadmissible par l’autorité administrative de ce pouvoir d’internement - survivance archaïque au regard des législations de nombreux autres pays européens – à des fins coercitives et les atteintes graves ainsi portées aux libertés et aux droits sociaux.

Elles exigent la mainlevée immédiate de la mesure de soins psychiatriques imposée à ce militant, encore hospitalisé à ce jour malgré un certificat médical récent favorable à la levée de celle-ci."

30/03/2012

Salah Hamouri, empêché de circuler

Salah Hammouri est empêché de circuler. Il était attendu un peu partout en France et en particulier dans les environs de Manosque, à Ste Tulle, le 17 avril à l'invitation de l'AFPS.

Salah Hamouri empêché de circuler

Le message qui suit nous est parvenu :

«Ce jeudi 29 mars, 18 h30, Salah n’a toujours pas le tampon sur son passeport pour circuler librement. Son avocat a fait une nouvelle demande aujourd’hui auprès des services israéliens du ministère de l’intérieur. Sans aucun résultat ni la moindre explication. Silence total mais… pas de tampon.

Les diplomates français, à Paris ou en poste à Tel-Aviv et à Jérusalem, ont fait savoir à la famille qu’ils sont intervenus et qu’ils interviennent toujours auprès de l’ambassade d’Israël en France et sur place. Selon nos informations ils n’obtiennent pas plus d’explications. Les autorités israéliennes feignant de ne pas savoir…

Demain ce sera le week-end sur place. Et le 5 avril au soir commence la Pâque juive qui durera jusqu’au 15 avril. Ne resteront plus que 5 jours – à partir de dimanche – jusqu’à la Pâque juive.»

Nous souhaitons, dans ces conditions, vous encourager à poursuivre les efforts entrepris et à intervenir auprès des autorités françaises et israéliennes, notamment auprès de l’ambassade d’Israël en France pour débloqer la situation.

Ambassadeur Yossi Gal. 3, rue Rabelais - 75008 Paris
Courriel : information@paris.mfa.gov.il