10/11/2009
Rencontres littéraires
La littérature fait l'actualité. Ou l'inverse.
C'est le Prix Renaudot 2009 qui, très involontairement peut être, contribue à commémorer le 11 novembre, les « morts pour l'exemple » de la guerre de 14 et beaucoup d'autres injustices ...
« Dans sa dernière lettre à mon arrière-grand-mère,Thibaud affirme qu'il ne dispose pas des tenailles pour découper les barbelés afin de se frayer un chemin vers les positions ennemies. Il décrit un paysage crayeux et plat, une pluie incessante qui transforme le terrain en marécage boueux et confie qu'il a reçu l'ordre d'attaquer le lendemain matin (...).
Le 161è Régiment d'Infanterie s'est jeté sur un mur de balles ; comme prévu, mon arrière-grand-père et ses hommes ont été déchirés par les mitrailleuses allemandes... On peut dire que Thibaud a été assassiné par sa hiérarchie. »
C'est aussi Marie NDiaye, Prix Goncourt 2009, racontant des vies déchirées entre l'Afrique et la France qui pose la question de la multiethnicité et constitue un pied de nez au questionnement identitaire actuel...
Extrait d'une interview réalisé pour les Inrockuptibles le 30 août 2009.
Vous sentez-vous bien dans la France de Sarkozy ?
« Je trouve cette France-là monstrueuse. Le fait que nous (avec son compagnon, l'écrivain Jean-Yves Cendrey, et leurs trois enfants - ndlr) ayons choisi de vivre à Berlin depuis deux ans est loin d'être étranger à ça. Nous sommes partis juste après les élections, en grande partie à cause de Sarkozy, même si j'ai bien conscience que dire ça peut paraître snob. Je trouve détestable cette atmosphère de flicage, de vulgarité... Besson, Hortefeux, tous ces gens-là, je les trouve monstrueux. Je me souviens d'une phrase de Marguerite Duras, qui est au fond un peu bête, mais que j'aime même si je ne la reprendrais pas à mon compte, elle avait dit : "La droite, c'est la mort." Pour moi, ces gens-là, ils représentent une forme de mort, d'abêtissement de la réflexion, un refus d'une différence possible. Et même si Angela Merkel est une femme de droite, elle n'a rien à voir avec la droite de Sarkozy : elle a une morale que la droite française n'a plus. »
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07/11/2009
Les sceaux du roi
« La justice sans la force est impuissante, la force sans la justice est tyrannique » Blaise Pascal
Dépénalisation du droit des affaires, plus ou moins douteuses, et suppression du juge d'instruction, aimé ou pas, faut-il rapprocher ces deux projets ? Si elles étaient mises en œuvre, l'une comme l'autre, ensemble ou séparément, ces deux « idées géniales » permettraient de contourner, un peu plus, le délit de corruption et de garder les sceaux du roi intacts.
« Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots » disait Jean Jaurès. Ce qui, transposée à la dépénalisation du droit des affaires, pourrait donner : « Quand les Etats ne peuvent, ni ne veulent mettre un terme à la corruption, ils lui inventent un cadre juridique qui la justifie ».
Lorsqu'à l'automne 2007, le chef du gouvernement déclarait : « La pénalisation à outrance de notre droit des affaires est une grave erreur. Je veux y mettre un terme », il oubliait simplement avoir reçu une formation d'avocat « d'affaires » et que l'avenir pouvait l'amener à vouloir les faire prospérer.
Plus sérieusement ou simplement, la suppression du juge d'instruction, qui peut encore déstabiliser quelques de « destins nationaux » et chefs d'entreprises en exercice, correspond mieux aux objectifs de l'Elysée. Et c'est bien ce qui a été mis en œuvre dès 2007.
Entre 2007 et 2008, le nombre de dossiers confiés par le procureur à des juges d'instruction est passé de 467 à 251. Il y en avait 734 en 2002. La dégringolade est encore plus vertigineuse pour les délits financiers, pour lesquels 21 informations judiciaires seulement ont été ouvertes en 2008, contre 88 en 2007 et 101 en 2006.
Il ne reste plus qu'à « terminer le job » et surtout oublier les protestations comme celle que le juge Eva Joly avait adressée à qui de droit via Le Monde du 15 janvier 2009 :
... « Qui peut encore croire que le juge d'instruction est "l'homme le plus puissant de France" ? Certainement pas vous, Monsieur le président. L'homme le plus puissant de France, c'est vous. Vous avez le pouvoir de faire saisir un tribunal arbitral qui attribue 285 millions d'euros à un de vos soutiens. Vous avez le pouvoir de déguiser une grâce individuelle à un préfet dévoyé en grâce collective. »...
... La liste des enquêtes non effectuées est impressionnante : les soupçons de corruption à l'encontre de Christian Poncelet, ex-président du Sénat ; les flux financiers allégués de Jacques Chirac au Japon ; les fortunes apparemment mal acquises des présidents africains placées en France ; le rôle supposé de la BNP Paribas dans les montages corrupteurs au Congo-Brazzaville et Congo-Kinshasa. ...
... j'appelle les Françaises et les Français épris de justice à la mobilisation contre votre projet. »
Le plus grave dans cette affaire reste que supprimer le juge d'instruction porte atteinte au plus intangible des principes républicains, celui de la séparation des pouvoirs qui inclut l'indépendance de la justice, et revient à donner un cadre légal à toute corruption d'Etat. Beaucoup plus grave que les faits de malversation stricto sensu qui pourront être révélés par Transparency International, organisation de la société civile pour la lutte mondiale contre la corruption.
Cette agence publiera comme tous les ans son Indice de Perception de la Corruption (IPC) le 17 novembre 2009. (Disponible à cette date sur www.transparency.org)
Il faudra alors faire preuve de perspicacité pour mettre à jour les affaires blanchies d'une délinquance en col blanc déjà très occultées par l'Etat.
Pour la petite histoire, Patrick Ouart, issu du sérail présidentiel et Jiminy Criquet de Mam'Dati & Co, pourrait bien être le futur « juge de l'enquête et des libertés » pressenti par l'Elysée pour remplacer le juge d'instruction. A condition que cette réforme se fasse sans trop de résistances...
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06/11/2009
Claude Levi Strauss
Dans un monde qui s'autodétruit et fait une large place à un « mono culturalisme universel », au moment où un débat mesquin, minable et "imbécile" sur l'identité nationale est lancé, Claude Levi Strauss suscite aujourd'hui les éloges de ceux qui, pour la plupart, n'ont tiré aucun enseignement de son humanisme et de ses travaux. Le découvrir en toute humilité et sans discours superflu est le seul hommage qu'on puisse lui rendre.
Rencontre filmée en 1998 au Collège de France lors de laquelle le célèbre penseur et anthropologue évoque ses souvenirs des Landes et du lycée de Mont-de-Marsan où il enseigna.
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30/10/2009
Diversions
Que masque le déluge d'informations auquel nous sommes soumis ? Après les sketchs Hortefeux, Mitterrand et Sarkozy 2, nous voilà plongés dans une nouvelle marmite où les affaires « Boulin », « Angolagate », « Levée du secret-défense », « Grandes surfaces pénalisées », « Evadés fiscaux », « Sommet pour l'Union de la Méditerranée », « Débat sur l'identité nationale » et autre « pandémie » distillent leurs effluves.
Prises l'une après l'après l'autre, toutes ces informations provoquent une indignation certaine et ouvrent un champ utile à la lucidité. Ensemble, elles deviennent illisibles et font diversion.
Les grandes questions environnementales et/ou économiques sont, de cette manière, plus ou moins évacuées, passées sous silence, et l'opinion publique, lancinée par les inégalités qui la concerne aussi directement que douloureusement, est mise à contribution, prise à témoin, détournée de ses préoccupations pour une mascarade d'affaires tendant à prouver, qu'au fond, la justice fonctionnerait à peu près normalement. Triste tropisme.
Mais l'artifice ne fonctionne plus, tant il est sûr que :
- Jamais l'affaire Boulin ne débouchera sur la mise au ban de personnalités ayant « trempé » dans des ventes d'armes, trafics d'influence et réseaux douteux tels que ceux révélés par l'Angolagate, autre affaire où « maître » Pasqua tente encore de terroriser un public suspendu à sa cause de grand conspirateur.
- Jamais le secret-défense, ne sera tout à fait levé sur les commissions occultes perçues ici et là.
- Jamais les «évadés fiscaux» ne seront rattrapés, et s'ils l'étaient ce ne serait sans doute pas suffisant pour renflouer les caisses d'un Etat hyper endetté.
- Jamais les grandes surfaces, qui pour la plupart appartiennent à des amis de la famille au pouvoir, ne seront pénalisées pour avoir fait usage de clauses abusives avec leurs fournisseurs.
- Jamais les dépenses élyséennes pointées du doigt par la cour des comptes ne seront revues à la baisse surtout si elles peuvent contribuer à rehausser, même artificiellement, l'exercice de la fonction présidentielle.
On en oubliera certainement et de meilleures sur la réalité des collusions et arrangements consentis entre pouvoirs publics, qui se disent indépendants, et intérêts privés au détriment des trois principes républicains, entre prétendants et détenteurs d'une fonction représentative au détriment d'une logique démocratique.
Entre communication, «pédagogie» et manipulation, la confusion des genres est savamment entretenue sans que personne n'ait encore programmé le prochain faux semblant ni jusqu'à quand la superposition des diversions laissera la cible que nous sommes indifférente et sans réelle réaction.
Autre approche de la diversion : celle de Marc Fiorentino, banquier, trader et PDG français, spécialiste des marchés financiers. Fils d'un père manutentionnaire et d'une mère ouvrière, Marc Fiorentino est diplômé d'HEC. Il a dirigé des banques d'affaires américaines en Europe durant seize ans.
« Gagner du temps, faire diversion est une technique gouvernementale pour noyer une situation mauvaise pour les français (...) Marc Fiorentino est déçu, aussi, que la presse en soit le porte-parole ! » Voir son interview vidéo par Trixie de Geffrier
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16/10/2009
C'est la trève
Ce blog sera fermé pendant deux semaines.
Deux semaines hors éclipses successives et réciproques des Dati, Bachelot, Besson, Hortefeux, Mitterrand, Nano père & fils & consorts, de leurs abus, exactions et impudeurs, avec une nostalgie particulière pour des entretiens d'embauche tels que celui-ci :
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14/10/2009
Défense du Théâtre Toursky
Richard Martin et l'ensemble de la délégation partie de Marseille pour soutenir l'existence du Théâtre Toursky se présenteront à 14h30 au Ministère de la Culture et de la Communication, rue de Valois, afin d'y rencontrer Frédéric Mitterrand ou l'un de ses représentants habilité à traiter du dossier de ce théâtre qui existe
Le 15 octobre sera le 12e jour de la grève de la faim de Richard Martin et Jean Poncet. Tergiversations et faux-fuyants ne pourront plus être de mise. La crédibilité des propos récurrents du Ministre quant à son souci de "défendre et promouvoir les artistes, porter le multiculturalisme et s'investir dans la culture populaire", est à ce prix. Le fonctionnement du théâtre Toursky aussi, qui n'a d'autre raison d'être que de conjuguer culture, mixité sociale et internationalisme.
MICHEL BOUQUET, comédien :
« Avec ce théâtre, je défends avant tout le respect du public. J'y ai joué plusieurs fois des pièces très importantes comme Le roi se meurt de Ionesco, comme des Molière et chaque fois, sur les trois ou quatre représentations que nous donnions, j'ai trouvé d'abord une salle absolument comble et un public tout à fait magnifique. Et je me suis dis que ce public trouvait une complète satisfaction dans les spectacles qui lui étaient présentés, puisqu'il s'abonnait et restait fidèle. C'est une chose très rare et très importante de pouvoir rassembler autant de monde sur une pièce comme celle de Ionesco.
J'ai joué dans différents endroits à Marseille, mais j'ai rarement trouvé une chaleur aussi forte que chez Richard Martin. J'en ai déduit que non seulement le théâtre Toursky était nécessaire, mais qu'en plus il avait totalement fait ses preuves.
A mon âge, je sais quelle est la difficulté de construire un vrai public. Un public prêt à entendre les textes les plus difficiles et à voir les spectacles les plus importants. Pas forcément distrayants comme on l'entend dans certains cas, mais complètement distrayants sur le plan de l'esprit et du cœur. Un public qui se réunit en très grand nombre pour se frotter aux plus grands auteurs du siècle passé ou des auteurs contemporains.
Je suis très heureux de saluer en Richard Martin quelqu'un que je respecte infiniment. Sa personnalité est très importante, au même titre que les grands hommes de théâtre qui, entre les deux guerres, ont construit avec le Cartel des publics magnifiques. Que ce soit Dullin, Jouvet, Baty, Pitoeff... Richard est à mon avis de cette race-là. J'ai trouvé en Richard un défenseur de cette forme d'esprit, de cette forme de théâtre qui s'apparente au Cartel (*).
Je ne comprendrais donc pas qu'on puisse priver cet homme de son outil de travail et ce nombre de spectateurs de ce lieu de rencontres et d'évolution intellectuelle. » La Marseillaise du 9/10/09.
(*) Michel Bouquet veut parler du « Cartel des quatre » (Dullin, Jouvet, Baty, Pitoeff), association d'entraide créée en 1927, basée sur l'estime professionnelle, le respect réciproque et dans le but de donner une visibilité au théâtre d'avant-garde.
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10/10/2009
Walter, retour en résistance
A travers l'histoire de Walter, ancien résistant, ancien déporté haut-savoyard et sur fond de politique actuelle, deux questions se posent tout au long d'un film qui sortira sur les écrans le 4 novembre 2009 :
« Qu'avons-nous fait des idéaux du Conseil National de la Résistance ? »
« Résister se conjugue-t-il au présent ? »
Deux questions qui font la trame du film de Gilles Perret « Walter, retour en résistance » et qui confirment une stratégie de résistance civile déjà perceptible sur le net comme sur le blog d'hypos.
Résistance historiquement mise en œuvre par le CNR, puis par des prix Nobels de la Paix tels qu'Albert Luthuli contre l'apartheid en Afrique du Sud (Prix Nobel en 1960), Martin Luther King en faveur des droits civiques des Noirs nord-américains (1964), Andreï Sakharov pour les droits de l'homme dans l'ex-Union Soviétique (1975), le Dalaï Lama contre l'occupation chinoise au Tibet (1989) ou Aung San Suu Kyi, dirigeante de l'opposition démocratique en Birmanie (1991). (*)
Résistance non violente et pourtant "révolutionnaire" en ce sens qu'elle a contesté ou conteste encore un Etat de fait fondé sur l'injustice et la violence policière dans le but de rétablir ou d'établir un Etat de droit fondé sur la justice et la paix sociale. A noter que personne ne peut raisonnablement appeler aujourd'hui à une guerre civile, contestable à plus d'un titre bien que compréhensible.
Evidemment pour parvenir à cet Etat de droit idéal, une des grandes difficultés à surmonter réside encore aujourd'hui dans cette remarque tirée du Discours de la servitude volontaire d'Etienne de La Boétie qui notait en son temps : "Je désirerais seulement qu'on me fit comprendre comment il se peut que tant d'hommes, tant de villes, tant de nations supportent quelquefois tout d'un Tyran seul, qui n'a puissance que celle qu'on lui donne". Autrement dit : il faut surmonter la force d'inertie des opprimés.
Autre difficulté : Les pouvoirs criminalisent les comportements et les répriment au nom de la délinquance ou du terrorisme. Mais comme le souligne Alain Refalo, Président du Centre de ressources sur la non-violence :
"Le caractère public, collectif et non-violent de la désobéissance civile manifeste le caractère civique de l'acte commis. Il n'appelle pas à une désobéissance généralisée à toutes les lois et ne conduit pas à une forme d'anarchie non maîtrisée comme les pouvoirs voudraient le faire croire. Celui qui transgresse la loi pour défendre une juste cause assume les conséquences de son acte, à la différence du délinquant qui le plus souvent cherche à nier les faits qu'on lui reproche. C'est pourquoi « criminaliser » la désobéissance civile, c'est, pour l'Etat, la discréditer auprès de l'opinion publique. En restant ferme sur l'éthique des moyens employés et en communiquant sur l'affichage non-violent de la démarche, les militants de la désobéissance possèdent une arme à double coup pour dénoncer les mensonges de l'Etat et gagner la bataille de l'opinion publique." (...)
La résistance civile, paradoxalement, apparaît comme un temps privilégié de renforcement de la démocratie. La vitalité démocratique d'une société pourrait se mesurer à la capacité des citoyens à enfreindre la loi dans certaines circonstances, c'est-à-dire à prendre des risques personnels et collectifs pour défendre des causes essentielles. Les lois ne sont jamais figées, elles sont en constante évolution. C'est pourquoi les citoyens ont un rôle particulièrement actif à jouer pour faire évoluer le droit, y compris en transgressant certaines lois lorsque cela est justifié. « Tout le droit s'est construit parce que des gens ont résisté, ont désobéi à un droit qui était devenu injuste, admet François Roux, avocat de José Bové. La société se donne des règles et il est inadmissible d'imaginer que ces règles soient intangibles. Le monde est en mouvement." Extraits d'un article paru dans la revue Silence, Novembre 2005.
La résistance civile opposée au pouvoir abusif n'a jamais eu d'autre solution que de prendre à partie l'opinion publique, que de se constituer un tiers pouvant appuyer sa cause pour peu que ce tiers réussisse à identifier sa propre révolte ou à ressentir une certaine solidarité. La croissance de la résistance obéit ainsi à une série de réactions sociales en chaîne perceptible dans les circuits économiques ou les réseaux culturels du corps social. Médias, sites et blogs citoyens compris y participent n'en déplaise aux partisans d'Hadopi.
(*) Pour l'instant, l'attribution du Nobel de la Paix 2009 à B. Obama n'est pas comparable puisqu'il ne récompense pas une quelconque résistance, sauf à considérer celle-ci comme « préventive ». Ce qui pose problème.
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08/10/2009
Tout le monde le sait
Everybody Knows
Leonard Cohen
Tout le monde sait que les dés sont truqués
Tout le monde les jettent avec les doigts croisés
Tout le monde sait que la guerre est terminée
Tout le monde sait que les bons gars ont perdu
Tout le monde sait que le combat était arrangé d'avance
Les pauvres restent pauvres, les riches s'enrichissent
C'est comme ça
Tout le monde le saitTout le monde sait que le bateau fuit
Tout le monde sait que le capitaine a menti
Tout le monde a ce sentiment de déchirement
Comme si leur père ou leur chien venait de mourir
Tout le monde parle à ses poches
Tout le monde veut une boîte de chocolats
Et une rose à longue tige
Tout le monde le sait
Tout le monde sait que tu m'aimes bébé
Tout le monde sait que tu m'aimes vraiment
Tout le monde sait que tu as été fidèle
Ah, à une ou deux nuits près
Tout le monde sait que tu as été discrète
Mais il y avait tellement de gens que tu devais rencontrer
Sans tes vêtements
Et tout le monde le saitTout le monde le sait, tout le monde le sait
C'est comme ça
Tout le monde le saitTout le monde sait que c'est maintenant ou jamais
Tout le monde sait que c'est toi ou moi
Et tout le monde sait que tu vis éternellement
Et quand que tu t'es fait une ligne ou deux
Tout le monde sait que le marché est pourris
Old Black Joe cueille encore du coton
Pour vos rubans et vos foulards
Et tout le monde sait
Et tout le monde sait que la peste arrive
Tout le monde sait que ça bouge rapidement
Tout le monde sait que les hommes et les femmes nues
Sont seulement un artéfact du passé
Tout le monde sait que la scène est morte
Mais il y aura un compteur sur ton lit
Qui révélera
Ce que tout le monde saitEt tout le monde sait que tu es dans le trouble
Tout le monde sait ce que tu as dû traverser
Depuis la croix sanglante au dessus du Calvaire
Jusqu'aux plages de Malibu
Tout le monde sait que ça se casse
Jette un dernier coup d'œil au sacré cœur
Avant qu'il n'éclate
Et tout le monde sait
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06/10/2009
Un leurre contre un sens
Une information qui semble dérisoire, ça n'a l'air de rien, mais en cascade et à la longue... c'est décourageant comme une polémique. Nous sommes à Marseille, prochaine capitale européenne de la culture en 2013. Deux lieux emblématiques : le stade Vélodrome et le théâtre Toursky.
A droite, l'idée d'une cagnotte
- pour lutter contre l'absentéisme de lycéens qui auraient encore des envies d'école buissonnière - à cela près et compte tenu que « Les 400 coups » de JP Léaud et de François Truffaut sont largement dépassés -, ou
- pour une simple question de contrôle social, ou
- pour permettre aux dits lycéens de mieux digérer leur programme.
A gauche Richard Martin, 65 ans, qui se bat pour que le théâtre Toursky, inauguré par Léo Férré au cœur de la Belle de Mai, poursuive une mission culturelle et populaire faite de résistance, de poésie, de liberté et de créativité. Des mots qui, plus que jamais, ont un sens et qui font peur, précisément pour cette raison.
D'un côté, le proviseur lycée Mistral à Marseille qui propose à ses élèves de troquer une sieste en classe contre une place au Vélodrome de l'OM. Qui choisit donc de susciter un réflexe de Pavlov plutôt que de solliciter une prise de conscience, même minime, visant à un début d'autonomie et de responsabilisation, autres mots qui font peur. Alors bien sûr, dans l'immédiat, les résultats ne se font pas attendre puisqu'il faut, provisoirement, faire parler les chiffres et combler un vide dans l'emploi du temps.
De l'autre, un homme de théâtre, Richard Martin, dans un ailleurs utopique et vital, qui écrit dans un édito :
"Les chemins de la culture sont des chemins de patience qui demandent rigueur et qualité, constance et idéal.
Les artistes sont des passeurs nomades, acteurs de la Vérité, qui interrogent leur temps.
Sous une forme ou sous une autre, ils nous apportent les courants d'expression et les mouvements vivants de la société et du monde.
Leurs exigences me tiennent particulièrement à cœur parce qu'elles sont des outils de résistance forgés pour tous.
La parole artistique, lorsqu'elle s'attache à mettre en relief la complexité de l'humain, fait fleurir les questionnements d'une âme universelle que ne cessent d'approfondir le théâtre, la musique, la danse et la poésie.
J'ai toujours tenu pour essentiel que tous ces arts, qui composent la mosaïque du spectacle vivant, portent l'expression d'une culture pour tous, vibrante dans sa diversité, contemporaine dans ses choix et ses propositions, vigilante et combative dans ses convictions, métisse et plurielle dans son message de paix et d'espérance.
En ces temps de crise où le monde est de plus en plus déréglé et instable, égaré dans le fantasme marchand qui entraîne l'homme vers l'abandon et la solitude, je suis convaincu que l'art est un formidable tremplin à l'insoumission utile.
Conserver intacte cette capacité à donner une forme et un sens à nos utopies me semble la seule voie encore praticable pour incarner la réalité d'aujourd'hui et celle de demain.
Je souhaite que toutes ces nouvelles rencontres à venir puissent nous faire partager des instants d'humour, de tendresse et de liberté, et que le croisement de ces rêveries nous interroge au plus près du monde des passions et des idées."
Alors la « cagnotte » de Martin Hirsch vaut-elle « l'insoumission utile » de Richard Martin ?
Au bout du compte, on se trouve toujours en face du même dilemme : la facilité, l'immédiate rentabilité contre toute construction patiente ; le bruit et la gesticulation contre l'apprentissage d'une vie intérieure qui pourrait nous sauver des supermarchés ; un leurre contre un sens.
Question annexe : une place au Vélodrome vaut-elle une place au théâtre Toursky ?
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01/10/2009
Outrage ? Où ça ?
La CNDS, autorité administrative indépendante créée en 2000 était jusqu'ici chargée de veiller au respect de la déontologie par les personnes exerçant, sur le territoire de la République, des activités liées à la sécurité. Pratique : vous aviez été victime ou témoin d'outrance policière, vous pouviez saisir la Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité.
C'était pratique mais de moins en moins efficace, les crédits budgétaires étant progressivement restreints.
Il faut dire que le contenu des rapports annuels, présentés pourtant sous forme de simples recommandations par la commission devenaient de plus en plus gênants. Par exemple dans son rapport de 2008, il était écrit :
« Cette année, la CNDS a décidé de recourir à deux reprises à la publication de rapports spéciaux au Journal Officiel de la République française, plusieurs de ses recommandations dans deux dossiers particulièrement importants à ses yeux n'ayant pas été suivies d'effet. L'un concernait des violences commises en milieu pénitentiaire, favorisées par de multiples négligences simultanées ou successives du personnel pénitentiaire et traitées de manière inadéquate par la direction de l'établissement pénitentiaire (saisine 2007-23, rapport 2008 - J.O. du 2/12/2008). L'autre évoquait des violences subies par un étranger après son refus d'embarquement et imputées à des fonctionnaires de la police aux frontières qui ont, de surcroît, tenté d'échapper par diverses manœuvres à la compétence et aux investigations de la Commission (saisine 2006- 29, rapport 2007 - J.O. du 18/01/2009). »
A cela s'ajoutait dans le même rapport, toute une série de dénonciations qui pour un fonctionnaire de police sont d'autant plus dures à entendre qu'elles sont justifiées :
« Dans d'autres situations, les fonctionnaires se sont adressés de manière irrespectueuse aux personnes auxquelles ils ont eu affaire, alors même qu'elles restaient calmes et obtempéraient aux ordres (v. not. saisine 2007-19, à Villiers-le-Bel). La pratique du tutoiement, l'usage de paroles vexantes, ainsi que toute attitude susceptible d'être interprétée comme un acharnement discriminatoire, sont à proscrire absolument. »
C'était plus qu'il n'en fallait pour que la CNDS soit définitivement dissoute.
Au passage, on en profite pour que le défenseur du droit des enfants soit lui aussi supprimé alors que de par sa fonction il était habilité à saisir ministre et préfet pour un plus grand respect des mineurs de plus en plus inquiétés par les services de police.
Alors, où est l'outrage ? Un début de réponse se trouve dans la vidéo qui suit et diffusée sur « Envoyé Spécial ». Pas même censurée.
De quoi demander la dépénalisation du délit d'outrage pour au moins deux raisons strictement objectives :
- Le soi-disant outrage sert à masquer et à couvrir des dérives policières inacceptables
- Il est utilisé à des fins mercantiles par des fonctionnaires qui arrondissent leurs fins de mois en se portant partie civile.
Trois clics pour rejoindre les 12479 signataires qui partagent à ce jour cette évidence.
Et dans la foulée, pourquoi ne pas imaginer que les missions dévolues hier à la CNDS et au défenseur du droit des enfants relèvent demain d'une commission européenne ?
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27/09/2009
Le suicide, c’est pas beau
A côté d'une expression apparemment sans queue ni tête mais révélatrice d'une tendresse enfantine et inquiète, ressemblant un peu à : «Si tu meurs, j'te tue», les discussions vont bon train sur le thème «le suicide, que faut-il en penser ?». Question absurde à propos d'un tabou douloureux qui s'ouvre sur une hypocrisie crasse.
Si un cadre qui se suicide, est un fait «dérangeant», on constate que sur un ensemble avoisinant 12.000 cas sur une année (160.000 tentatives), seuls ceux qui remettent en cause la gestion des entreprises (on parle rarement des simples salariés), ou ceux décomptés dans les établissements publics carcéraux (environ 90), sont médiatiquement pris en charge.
Santé publique et gestions défaillantes sont à peu près les seuls axes qui orientent les réflexions pour une meilleure... «prévention» et «anticipation du risque» !!! Et si le risque n'a pas pu être évité, encore faudra-t-il tenir compte de la difficulté à établir un lien de causalité entre suicide et travail. Du pain sur la planche en perspective pour les avocats et les assurances chargés de déterminer matériellement les pénalités infligées ou compensations accordées à «ceux qui restent» !
Mais ce qui semble être le plus «gênant» c'est de ne pas pouvoir, ni oser, désigner les suicidés comme les seuls coupables d'une «mode qui choque tout le monde».
La situation des survivants est bien entendu très inconfortable et c'est à juste titre qu'en dehors de leur deuil, l'on parle de :
- taxer les entreprises dans lesquelles les salariés mettent fin à leur contrat de travail de façon radicale, et à minima de revoir les méthodes utilisées par les DRH,
- ou, concernant le système pénitentiaire, d'informer des sanctions infligées à l'Etat par les tribunaux administratifs et/ou la cour européenne des droits de l'homme pour ses conditions de détention indignes sensées être à l'origine de suicides en cascade.
Sur ce dernier point, une loi visant à sécuriser la vie dans les prisons vient d'être votée sans publicité - de façon quasi honteuse - le 22 septembre dernier. Répond-elle aux attentes de Louis Albrand, auteur d'un rapport conséquent sur le sujet ? Pas vraiment ?
Qu'en pense l'Observatoire International des Prisons ? Oserait-on l'imaginer ?
Ces questions risquent de rester sans réponse d'autant que dans le contexte actuel un suicide, serait-il militant, ne suffirait pas à changer la vie et que se poser la question du «pourquoi» pourrait passer pour être l'expression d'un terrorisme rentré.
Reste l'esthétique.
Elle est parfois moins terre à terre et mieux à même de mettre en évidence les causes profondes du refus de vivre. «Le Diable Probablement», film de Robert Bresson sorti il y a plus de trente ans, en 1977, en est un exemple. Ce qu'en disait l'auteur lui-même :
«Ce qui m'a poussé à faire ce film, c'est cette civilisation de masse où bientôt l'individu n'existera plus. (...) Cette immense entreprise de démolition où nous périrons par où nous avons cru vivre. C'est aussi la stupéfiante indifférence des gens».
«Le Diable Probablement» a été interdit aux moins de 18 ans comme pouvant encourager des tendances suicidaires.
Le sujet : Un garçon d'une vingtaine d'années, Charles, est découvert, mort, dans une allée du cimetière du Père-Lachaise. Avec ses amis, il passait de nombreuses heures en discussions sans fin sur les dangers qui menacent le monde : pollution, gaspillage des ressources naturelles, décomposition du tissu social, famine, guerre... S'inquiétant pour lui, ses amis finissent par le convaincre de consulter un psychanalyste. Mais Charles ne retient de cette rencontre qu'une seule information : dans la Rome Antique, les candidats au suicide demandaient à un esclave de les aider à mourir. Il passe à l'acte en demandant à ce qu'on lui tire deux balles dans la tête.
Transcription partielle des dialogues :
« Le monde dégrade autant celui qui donne que celui qui reçoit (...) Si mon but était l'argent et le profit, je serais respecté de tout le monde (...) Je ne peux imaginer que je serai jugé pour n'avoir pas compris ce que personne ne peut comprendre (...) Plus rien n'est politique dans ma vie, si ce n'est le refus de toutes les politiques (...) Je ne suis pas déprimé. Je veux seulement avoir le droit d'être ce que je suis. Je ne veux pas que l'on me force à ne plus vouloir, à remplacer mes non désirs par de faux désirs, calculés par des statistiques, des sondages, des calculs, des classifications américano-soviétiques super-connes. Je ne veux pas être un esclave (...) Je n'ai pas envie de mourir : je déteste la vie mais je déteste aussi la mort. »
Mise à jour :
Dépêche du 28 septembre 2009
Un vingt-quatrième suicide à France Télécom
"Un salarié de France Télécom s'est donné la mort lundi matin à Alby-sur-Chéran, en Haute-Savoie, portant à vingt-quatre le nombre de suicides au sein de l'entreprise depuis février 2008. L'information, révélée par Le Dauphine libéré, a été confirmée par la direction du groupe.
L'employé s'est jeté d'un viaduc et a mis en cause dans une lettre son employeurSources Yahoo & http://contreinfo.info/
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25/09/2009
Violences coupables
Les fréquentes levées de bouclier qui font généralement suite aux déclarations de Nadine Morano n'ont en général rien à voir avec des réflexes d'auto protection. Cette fois, dans le cadre des discriminations faites aux femmes, on pourrait presque porter sur le pavois la secrétaire d'Etat chargée de la Famille et de la Solidarité tant elle s'est déclarée déterminée à lutter contre les inégalités salariales, à réformer le congé parental et à agir contre les violences conjugales. Autant de mesures pouvant en effet contribuer à établir une égalité homme-femme.
Avec un peu d'avance sur la prochaine mobilisation du 17 octobre prochain et devant un aréopage d'anciennes secrétaires d'Etat ou ministres du droit des femmes, d'Yvette Roudy à Simone Veil, Nadine Morano s'est engagée - quoique de façon encore assez vague -, sur trois points :
- Salaires : celui des femmes restent inférieurs de 27 % à ceux des hommes.
Réponse pratique : "On ne peut plus se contenter de bonnes intentions, il faut désormais avoir recours à des mesures contraignantes. Quel député ou quel chef d'entreprise accepterait, à travail égal, d'être moins bien payé que ses collègues ? " dixit la secrétaire d'Etat qui plaide pour l'instauration de quotas de femmes dans les conseils d'administration des entreprises du secteur public et du CAC 40, mesures coercitives à la clé.
- Congé parental : "Beaucoup de mères s'arrêtent de travailler non par choix, mais parce qu'elles n'ont pas trouvé de mode de garde pour leurs enfants".
Réponse pratique : Mme Morano, souhaite créer 200 000 places d'ici à 2012. Cette mesure n'est pas encore chiffrée.
- Violences : En 2008, en France, 156 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint.
Réponse pratique : un bracelet électronique, expérimenté en 2010, scellé au bras de l'agresseur potentiel reliera ce dernier 24h sur 24 à un centre de contrôle GPS et permettra à la victime, potentielle, d'être alertée du danger qu'elle encourt. Cette mesure qui devrait coûter cinq millions d'euro sur la base de 2000 époux violents par an devrait être suivie d'effet si l'on s'en réfère aux résultats obtenus en Espagne. Selon le ministère espagnol de l'Égalité, le nombre de morts dues aux violences conjugales aurait baissé d'environ 14% grâce à ce système.
Amnesty International - Violences conjugales
On est bien entendu loin du compte de la stricte égalité des droits hommes - femmes. Le sujet qui n'est malheureusement pas épuisé, fera l'objet d'une manifestation nationale le 17 octobre prochain qui devrait développer les thématiques suivantes :
- Liberté d'accès à l'avortement et la contraception ;
- Autonomie financière ;
- Violences faites aux femmes ;
- Egalité dans la vie politique, économique et sociale ;
- Ingérence des intégrismes religieux ;
- Solidarité dans la lutte pour les droits des femmes du monde entier
Dommage que cette information, qui pourrait redorer le blason de Nadine Morano et de ses amis, risque d'être occultée par les emportements «coupables» créés par l'affaire Clearstream et autres focalisations très contrôlées. Du coup, l'essentiel des déclarations de la secrétaire d'Etat, risque de passer au second plan, inaperçu.
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22/09/2009
Cyber dissidence
Sous la pression d'un nouveau type de vidéosurveillance qui les déstabilise et se retourne contre ceux qui voudraient contrôler TOTALEMENT l'opinion, Vincent Peillon pense aussi mal qu'Henri Guaino, JF Copé et quelques autres :
«Je viens d'une culture républicaine qui considère que le pire c'est qu'on veuille montrer tout. (...) J'ai toujours pensé que tout rendre visible, c'est le début du totalitarisme» dit-il sur FranceInfo.
Les progrès technologiques constituent sans doute une source d'asservissement et il n'est pas faux de dire que les utilisateurs d'internet, de compacts ou autres téléphones portables sont devenus dépendants du numérique.
Mais le malaise éprouvé par les politiques ne vient pas de là. Depuis quand se préoccuperaient-ils en effet du degré de liberté, de l'absence de dépendance accordée à leurs électeurs potentiels, voire d'une option sécuritaire qui ne soit pas qu'un prétexte.
La plupart acceptent d'être faussement effarouchés dans l'indécence de leur vie privée véhiculée par la presse people. Puisqu'on est ici dans la logique du «gagnant-gagnant», - tout au plus intentent-ils des procès rémunérateurs - le malaise ne vient donc pas de là non plus.
Il ne serait pas faux de dire que le numérique et donc internet est ouvert à tout le monde y compris aux dictateurs et aux gouvernants. La polémique actuelle semble oublier volontairement (?) la question. Et lorsque la CNIL est chargée de rendre un rapport sur le projet de «Loi d'Orientation et de Programmation pour la Performance de la Sécurité Intérieure», Loppsi 2, ce ne sont pas les blogueurs de l'Elysée qui sont concernés.
Par ailleurs, mis à part les dérapages révélateurs et politiquement honteux dans lesquels se sont fait surprendre les Vals, Hortefeux et quelques autres, aurions-nous, sans ressource au numérique, une idée des résistances qui s'expriment un peu partout dans le monde.
Il semble qu'une bataille par internet interposé ait vraiment commencé. Peut-on alors parler de totalitarisme lorsqu'une opposition cyberdissidente parvient à contourner la censure et que les organisations concernées par les droits de l'homme y trouvent un moyen de dénoncer les dictatures au pouvoir ?
Personne ne sera suffisamment naïf pour croire que cette bataille est forcément gagnée puisque, et ce n'est qu'un exemple, des logiciels espions sont en cours d'élaboration et que la chasse aux blogueurs indépendants est lancée. Selon Reporters Sans Frontières, leur nombre ne cesse d'augmenter. Ils sont actuellement emprisonnés en Chine, Iran, Birmanie, Syrie ..., tandis que les Peillon, Guaino, Copé et quelques autres commencent ici à s'agiter et à imaginer courageusement une "régulation des libertés fondamentales" !!!
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20/09/2009
CCAS en danger
La suppression de la taxe professionnelle peut-elle avoir une incidence sur le fonctionnement des Centres Communaux - ou Intercommunaux - d'Action Sociale (CCAS ou CIAS) ? La réponse officielle sera évidemment « Non ». Et pourtant...
D'un montant de 28 milliards d'euros, la taxe professionnelle représente la moitié des recettes fiscales des collectivités locales. Ce n'est donc pas en diminuant leurs revenus fiscaux que le risque qui plane sur les dépenses publiques de solidarité vis-à-vis des plus démunis sera écarté.
Bien qu'aucune mesure sérieuse n'ait encore été arrêtée pour compenser cette perte de ressources, le risque est d'autant plus préoccupant que les mairies peuvent décider à tout moment de la fermeture des CCAS / CIAS. Une décision qui s'inscrit dans le processus général de démantèlement du service public, ce qui en période de récession est totalement insupportable et catastrophique.
Or deux types d'aide sociale sont mis en question :
- l'aide sociale légale constituée d'une obligation pour la collectivité publique et d'un droit pour l'individu. Elle recouvre l'ensemble des prestations dont les conditions d'attribution sont fixées par la loi.
- l'aide sociale facultative relève de la libre initiative des collectivités territoriales. En 2007, cette action sociale facultative a failli être radicalement supprimée. L'UNCCAS s'y est opposé.
C'est cette dernière aide qui est la plus immédiatement menacée.
En dehors du fait que la libre administration des collectivités territoriales est un principe constitutionnel inscrit dans la logique de la décentralisation, d'autres menaces, au-delà des clivages politiques, obscurcissent l'avenir des CCAS :
- La réforme des collectivités territoriales qui devrait conditionner l'aide sociale. Mais, heureusement, rien n'a encore été décidé.
- La très contestée réforme de l'hôpital
Pendant ce temps, la situation des personnes directement concernées par l'action des CCAS, de plus en plus nombreuses, ne cesse d'empirer. C'est ce que révèle une enquête présentée lors du congrès de l'UNCCAS qui s'est tenu les 16 et 17 septembre dernier.
Pour mieux lire les informations de ce récapitulatif défilant,
on peut l'agrandir et/ou le bloquer à l'aide de la souris enclenchée.
Les CCAS sont loin de ressembler à leurs ancêtres, les Bureaux de bienfaisance et d'assistance. S'ils devaient faire les frais de la crise, les associations attachées à défendre les droits économiques et sociaux seraient parmi les premières à porter les revendications des plus précaires.
Voir aussi ce que constate Patrick Kanner, président de l'UNCCAS, dans un entretien accordé à la Gazette Santé-Social.
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17/09/2009
Patrimoine et partis politiques
Les partis politiques appartiennent-ils au patrimoine ?
Pas de doute en ce qui concerne quelques uns de leurs lieux de réunions : Versailles, Palais du Luxembourg, Palais Bourbon qui seront visités les 19 & 20 septembre à l'occasion des journées du patrimoine.
Quant aux partis politiques eux-mêmes, acteurs d'un spectacle devenu répétitif et éprouvant, il se pourrait bien qu'ils soient enfin «revisités» comme le souhaitait la philosophe Simone Weil (1909‑1943), dans sa «Note sur la suppression générale des partis politiques» écrite en 1940.
Argumentaire en dix points résumés de la philosophe :
- Critère du bien : "en premier lieu, la vérité et la justice ; en second lieu, l'utilité publique". (p.25)
- "La démocratie, le pouvoir du plus grand nombre, n'est pas le bien. C'est un moyen, pour satisfaire vérité, justice et utilité publique". (p.25)
- "Il y a plusieurs conditions pour pouvoir appliquer la notion de volonté générale. Deux retiennent l'attention (p.30) : absence de passion collective d'une part ; que le peuple ait à exprimer son vouloir à l'égard des problèmes de la vie publique et non pas de faire des choix de personnes. Encore moins un choix de collectivités irresponsables", d'autre part. (...) "Le seul énoncé de ces deux conditions montre que nous n'avons jamais rien connu qui ressemble même de loin à une démocratie." (p.32-33)
- "Pour apprécier les partis politiques selon les critères de vérité, de justice et d'utilité publique, il convient d'en discerner les caractères essentiels. On peut en énumérer trois (p35) : Un parti politique est une machine à fabriquer de la passion collective".
- "Un parti politique est une organisation construite de manière à exercer une pression collective sur la pensée de chacun des êtres humains qui en sont membres".
- "L'unique fin de tout parti politique est sa propre croissance, et cela sans aucune limite".
- "Par ce triple caractère, tout parti est totalitaire en germe et en aspiration (...)" (p.35)
- "Aucune quantité de pouvoir ne peut jamais être regardée comme suffisante (...) Le parti se trouve (...) dans un état continuel d'impuissance qu'il attribue toujours à l'insuffisance du pouvoir dont il dispose. Serait-il maître absolu du pays, les nécessités internationales imposent des limites étroites." (p40)
- "Un homme qui adhère à un parti a vraisemblablement aperçu dans l'action et la propagande de ce parti des choses qui lui ont paru justes et bonnes. Mais il n'a jamais étudié la position du parti relativement à tous les problèmes de la vie publique. En entrant dans le parti, il accepte des positions qu'il ignore (...) Quand peu à peu, il connaîtra ces positions, il les admettra sans examen". (p59)
- A moins de renoncer à lui-même, aucun homme ne peut servir deux maîtres à la fois, un idéal collectif et un intérêt individuel, encore moins une idéologie relevant de la pensée unique et des convictions personnelles librement assumées.
Pour éclairantes que soient ces réflexions, il faut bien s'avouer que les partis restent pour l'instant un mal nécessaire. Il serait pourtant possible, d'en rétablir la crédibilité et d'en atténuer le coté négatif au moins partiellement en :
- établissant la validité du « vote blanc » pour qu'il soit comptabilisé
- organisant la gratuité totale des adhésions aux partis politiques
- alignant le salaire des élus sur celui des fonctionnaires
Quant à leur aspect « patrimoine », à l'instar de la gastronomie, les partis politiques pourraient in extremis être sauvés de leur actuelle déconfiture s'ils devaient bénéficier d'une mesure de protection opportunément concoctée par convention de l'UNESCO, ratifiée par 78 Etats le 20 juin 2007. Et ce, au même titre que « L'isopolyphonie populaire albanaise », « Le muqam ouïgour du Xinjiang » ou « Les dessins sur le sable de Vanuatu ».
En effet, selon cette convention,
« On entend par Patrimoine Culturel Immatériel les pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire (...) que les communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel. Ce patrimoine culturel immatériel, transmis de génération en génération, est recréé en permanence par les communautés et groupes en fonction de leur milieu (...), leur procure un sentiment d'identité et de continuité (...). Aux fins de la présente Convention, seul sera pris en considération le patrimoine culturel immatériel conforme aux instruments internationaux existants relatifs aux droits de l'homme, ainsi qu'à l'exigence du respect mutuel entre communautés, groupes et individus, et d'un développement durable. »
Ayant une part de responsabilité (trop souvent malheureuse) dans notre histoire et notre culture, « revisités » ou pas, pourquoi les partis politiques n'entreraient-ils pas au Patrimoine Culturel Immatériel de l'Humanité ?
15/09/2009
Paniques, paranos ... Pa-d'soucis ...
... c'est rentable.
On avait déjà entendu qu' «aucun pouvoir ou aucun contre-pouvoir, n'a plus la moindre influence sérieuse sur le cours des événements, parce que l'humanité s'est laissée déborder par les systèmes qu'elle a créés, à commencer par le marché ».
On peut aussi préciser que les dits pouvoirs et contrepouvoirs sont d'autant plus impuissants et muselés qu'ils se sont depuis longtemps laissés piégés par des lobbies dont on mesure mal aujourd'hui la capacité réelle à « orienter » les gouvernances. Les plus efficaces sont sans doute ceux qui sont au service de multinationales de type Monsanto. Ils détiennent les clés du système, l'influencent et le verrouillent, mais ne le contrôlent pas forcément.
Dès lors, comble du cynisme, les catastrophes, pandémies, famines organisées, guerres et autres peurs paniques deviennent des opérations rentables pour les Etats (nouveau PIB) pour ces multinationales qui ne « travaillent » pas toutes dans le même secteur et dont les intérêts peuvent se télescoper, concurrence oblige.
Quant au long terme, le capitalisme ayant ses limites, c'est plutôt catastrophique : inégalités intérieures aux Etats, inégalités entre Etats, entre continents, inégalités aggravées par les taux de croissance démographique, accrues par l'épuisement des ressources naturelles et par les pollutions résultant de l'activité industrielle... Comme tout a une fin..., on imagine la suite.
Les pouvoirs politiques des Etats, pour se maintenir en place n'ont d'autres solutions que d'employer une série d'outils qui, n'ayant rien à voir avec l'idée idyllique que l'on peut se faire de la démocratie, s'apparente à une propagande digne d'Orwell. La manipulation est à l'œuvre. Une œuvre de survie avant le carnage. Et pas pour l'éviter !!!
D'où le développement pour ainsi dire généralisé de techniques éprouvées visant à développer et entretenir les thèmes sécuritaires, à décerveler, à culpabiliser, à infantiliser, paniquer, divertir et maintenir sous contrôle l'opinion public. Laquelle, impuissante et aveuglée, en déduira alors une quelconque théorie du complot fomentée par des maîtres du monde s'entendant en coulisses pour le mettre à sac.
Et des réunions cultivant cet obscurantisme existent bel et bien. Des plus « connues » quoique secrètes et réservées à des invités triés sur le volet, celle de Bilderberg par exemple, se voudrait être une occasion de discuter aimablement, « librement », et sans opposition à propos des grandes questions de ce monde. Ceux qui y participent peuvent-ils être pour autant qualifiés de « Maîtres du Monde » ? Les réponses ne peuvent pas être unanimes puisqu'elles font appel au subjectif, à l'émotionnel.
Tout au plus peuvent-ils se dire : « Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d'en être les organisateurs, nous n'en seront que plus redoutés et mieux à même de susciter un quelconque intérêt (...) Organisons nos petites affaires discrètement pendant qu'il en est encore temps ».
Ce qui n'est bien entendu pas sans incidence sur l'avenir immédiat de la planète, mais à long terme, pas ou très peu déterminant.
Les véritables maîtres du monde, les détenteurs de « capitaux significatifs » auxquels les "Bilderbergers" voudraient tous être assimilés, sont de toute façon incapables d'anticiper les catastrophes planétaires dont tout le monde sera finalement victime, eux y compris. C'est peu dire qu'entre le Docteur Faust, l'Apprenti sorcier et eux, la ressemblance est frappante. Il reste que la recette de la rumeur - deux tiers de vrai, pour un tiers de faux rendu apparemment crédible - lorsqu'elle fonctionne, contribue à détourner l'attention et à masquer la réalité,exemptée du coup de toute explication, avec un résultat identique à celui de la propagande. Pa-d'soucis, dans ce cas là aussi et surtout en période de crise, la rumeur est une affaire qui marche toute seule. A moins de ne pas accepter d'y succomber.
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12/09/2009
Dégradation des services postaux
Le Conseil des ministres a examiné, mercredi 29 juillet, le projet de loi relatif à l'évolution de La Poste. L'entreprise publique devrait prendre la forme d'une société anonyme le 1er janvier 2010, bien que la directive européenne n'impose ni le statut de société anonyme ni la privatisation. Les avis contraires (1) (2) ne changent rien à l'affaire.
Le lundi 2 décembre 1974, le personnel des PTT reprend le travail après plus de 45 jours de grève particulièrement mal vécue par les grévistes, le gouvernement de V.G.E., les usagers (qui ne sont pas encore des « clients »), les syndicats, les entreprises...
Dans certains établissements, la reprise du travail est difficile : des affiches incitant le personnel à ralentir les cadences sont apposées au centre de tri de la gare de Lyon. Le directeur réagit immédiatement en publiant une note de service : «L'agent qui travaille avec un rendement volontairement inférieur à la normale engage sa responsabilité au plan disciplinaire. Tout agent qui incitera ses collègues à travailler avec un rendement inférieur à la normale fera l'objet d'un retrait de service immédiat suivi d'une procédure disciplinaire».
Chanson initiée pendant cette grève qui en dit assez, déjà à l'époque, de la transformation-dégradation de l'institution
« Les grosses sociétés sont privilégiées
Le p'tit usager n'a que le droit d'payer
Lelong veut nous vendre, ITT achète
Allons-nous attendre sans relever la tête
Aux PTT, on a en marre d'être exploités
D'avoir des salaires de misère
Pour vaincre, il nous faudra
Postiers et usagers, la solidarité
Y'a les auxiliaires qui coûtent pas cher
Qu'ont pas le droit d'gueuler, sans être licenciés
On est des milliers, bretons, antillais
A être déportés loin d'où on est né
On est encadré, on est minuté
Sur notre clavier, il faut s'acharner
On est attaché, pas le droit d'parler
Et il faut mendier pour aller pisser »
Durant les années 80-90 qui suivent, dans un contexte de crise économique, l'Etat se révèle incapable de préserver croissance et plein-emploi. La notion de service public qui reposait sur l'idée d'infaillibilité de la gestion publique et sur l'affirmation de sa supériorité sur la gestion privée est remise en cause, preuves à l'appui, par un ultralibéralisme rampant qui, sciemment, entretient la confusion entre secteur public, service public et mission de service public. L'incapacité de l'Etat à réagir n'était/n'est pourtant pas une fatalité.
Les principes de concurrence et de rentabilité sont devenus les arguments massue d'une construction européenne. Le terme de service public n'est quasiment plus employé dans les textes de Bruxelles. On lui préfère les notions de service universel ou de services d'intérêt économique général.
Les plus pessimistes pensent aujourd'hui que la logique du marché néolibéral a définitivement triomphé. Sauf que les artisans de ce jeu de massacre continuent de se justifier comme s'ils n'avaient pas encore tout à fait obtenu gain de cause.
Les raisons invoquées, un déluge d'hypocrisies, sont toujours les mêmes. Elles recouvrent un vocabulaire et un arsenal discursifs éculés. Trop pour être vraiment crédibles. Qui pourrait croire par exemple que la poste devienne dans le contexte actuel une banque postale comme les autres banques, l'éthique en plus ?!!
Reste que deux catégories de missions de service public peuvent peut-être encore être défendues y compris à l'échelle européenne :
- Celles qui, au-delà de la lutte contre l'exclusion et la pauvreté, contribuent à la cohésion sociale nationale et européenne.
- Celles qui visent à favoriser une utilisation cohérente des territoires et des ressources communes.
Pour la Poste, symbole de lien social depuis sa création au XVIIème siècle, l'enjeu tourne autour d'une régulation qui concilierait concurrence et sauvegarde des missions de service public, indispensable à l'exercice des droits fondamentaux.
De quoi être en tout cas mobilisé contre un texte de loi entérinant une situation qui s'est lentement et depuis longtemps dégradée sous le regard bienveillant des gouvernements de tous bords.
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11/09/2009
Bretons, alsaciens, auvergnats... même combat
Encore un leurre dont tout le monde parle :
Samedi 5 septembre, à l'Université d'été de l'UMP, un jeune Maghrébin prénommé Amin se fait prendre en photo avec le ministre de l'Intérieur, ex-ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale. Une militante UMP précise, sans doute pour rassurer le ministre : « lui, il mange du cochon et il boit de la bière.» Monsieur Hortefeux répond : « Il ne correspond pas du tout au prototype »... et ajoute tranquillement : « Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes ».
Il faut sans doute être assez malintentionné pour souligner que le sieur Hortefeux a été, de 1992 à 2004, élu au conseil régional d'Auvergne, et entre 1998 et 2004, président de la commission des finances et rapporteur du budget du même conseil régional d'Auvergne. En effet, ....
« selon le cabinet de Brice Hortefeux, ces propos ne visaient que... les Auvergnats. Il est vrai qu'en janvier dernier, lorsque le même ministre avait fait remarquer aux journalistes qu'il n'était « pas évident » que Fadela Amara soit sa « compatriote », il avait déjà soutenu qu'il ne parlait que de leurs attaches auvergnates. Le préfet Girod de Langlade, sanctionné il y a quelques jours à la demande de monsieur Hortefeux pour avoir trouvé qu'à Roissy on ne voyait que des Noirs, aurait dû prétendre qu'il ne visait que des Bretons ou des Alsaciens... (...) La LDH s'inquiète des conséquences de ce triste dérapage pour les victimes présentes et à venir du racisme... anti-auvergnat.
D'après un communiqué de la LDH.
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08/09/2009
Rafale ou comment s'en débarrasser...
Actuellement, la grande mode en économie c'est : emprunter vite, rembourser moins ou pas du tout, polluer plus.
Le Rafale, technologiquement dépassé parait-il, aurait dû entrer en service en 1996 dans l'armée de l'air, ce retard s'expliquant par des aléas budgétaires et des « difficultés techniques ». Info 2006
Résultat : les 294 avions, dont le coût total a été estimé à 28 milliards d'euros à la sortie de Dassault Aviation, restent sur le carreau. S'en suivent une série d'échecs commerciaux équivalant à l'impossibilité de vendre cet engin très peu pacifique à Singapour, à la Corée du Sud, aux Pays-Bas, à l'Arabie Saoudite, au Maroc, à la Lybie, malgré les ronds de jambe élyséen de 2007.
Aux dernières nouvelles, un deal semble avoir été trouvé par Luiz Inácio Lula da Silva, le président brésilien superstar des altermondialistes et Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa, grand admirateur de Jaurès et Mocquet.
Simple et transparent comme un secret défense :
Le Brésil achète à la France 36 Rafale, les brevets technologiques qui vont avec pour sa construction in situ en solo et le droit de polluer l'atmosphère sans avoir à s'acquitter d'une taxe carbone mesquine autant qu'incongrue. Et pour rendre le marché encore plus attractif, le Brésil achète aussi le droit de construire sous-marins et hélicoptères, le tout pour une somme de .... 6,1 milliards d'euros empruntés à .... 6 banques européennes dont BNP Paribas, Société générale, Calyon (groupe Crédit Agricole), Crédit industriel et commercial (CIC, groupe Crédit Mutuel) et Natixis. Source
Une façon de récompenser ces partenaires pour leurs efforts à se faire plus discrètes en matière de rémunération des risques encourus par leurs traders, ou de les encourager à rembourser l'Etat de les avoir secourues.
Pour ce qui est de Dassault Aviation, l'avionneur et équipementier des guerres du globe devra aider le brésilien Embraer pour la construction d'une douzaine d'avions de transport et de ravitaillement en vol, le KC 390, un biréacteur pouvant contenir 19 tonnes de carburant, et qui pourrait très bien être recyclé, en cas de besoin, dans la lutte contre les feux de forêts.
- Double peine infligée à Serge Dassault pour avoir été invalidé aux municipales de Corbeil-Essonnes ? Peut-être pas puisqu'il est aussi patron de presse, et à ce titre encore et éventuellement utile.
- Manière de se mettre dans la poche un membre du prochain G20 ? Probable, quoique c'est peut-être déjà fait.
- Blanc-seing accordé au Brésil pour pratiquer la déforestation à Outrance, Amazonie ? Qui s'en préoccupe ?
Secrets/défense, mystères et boules de gomme.
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04/09/2009
Taxe professionnelle. Acte 2
La taxe carbone a été l'un des feuilletons médiatiques de cet été. Un été indien. Sa création partait pourtant d'un bon sentiment. La lutte contre le réchauffement climatique était sur toutes les lèvres. Avec un peu d'imagination ou de mauvaise foi, on pouvait aussi penser que cette nouvelle recette compenserait la suppression de la taxe professionnelle. Soyons rassurés,
Mais, mais, mais...
à quelques mois de son application, on s'interroge encore. Comment faut-il l'appeler ? « Contribution climat-énergie » plutôt que « Taxe carbone » ?
Faut-il compenser ? Qui compenser ? Mais si on compense, pourquoi taxer ? Pour contribuer comme prévu à lutter contre le réchauffement climatique. Mais c'est bien sûr !Le gouvernement réfléchit, le président assume puisqu'il le dit. Les parlementaires parlementent et « l'équipe de François Fillon se serre les coudes. Publiquement, en tout cas. Mais dans la majorité, ça doute sérieusement et certains de ses membres osent le dire. À l'image du « meilleur d'entre eux », Alain Juppé. Dans Le Figaro, le très bref ancien ministre d'Etat à l'Environnement fait part de ses doutes : « On nous dit que ça ne sera pas un impôt de plus. On aimerait en avoir la démonstration concrète ».
... Henri Guaino va surement trouver une solution à ces balbutiements. Faudra-t-il le récompenser ?
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03/09/2009
150ème anniversaire de Jean Jaurès
Républicain, dreyfusard, défenseur de la laïcité, pacifiste, Jaurès avait de ces envolées qui rendent bien médiocres les discours actuels qui, s’inscrivant dans un contexte de désacralisation de la fonction politique, s’en trouvent trop souvent abâtardis et vidés de toute référence à ce que l’on appelle «Humanisme» ou «grandeur d’âme».
Le 3 septembre 2009, Jean Jaurès aurait eu 150 ans. Le 30 juillet 1903, il prononce au Lycée d'Albi l’un de ses discours les plus retentissants : Le discours à la jeunesse.
Un discours qui est à replacer dans le contexte de l’époque : fragilité des nations qui vivent dans la hantise des conflits armés à venir et fragilité de l’institution républicaine d’une part ; nouvelle conception droits économiques et sociaux, nouvelle conception de la laïcité d’autre part.
Extraits :
«(…) Ce qui reste vrai, à travers toutes nos misères, à travers toutes les injustices commises ou subies, c’est qu’il faut faire un large crédit à la nature humaine ; c’est qu’on se condamne soi-même à ne pas comprendre l’humanité, si on n’a pas le sens de sa grandeur et le pressentiment de ses destinées incomparables.
Cette confiance n’est ni sotte, ni aveugle, ni frivole. Elle n’ignore pas les vices, les crimes, les erreurs, les préjugés, les égoïsmes de tout ordre, égoïsme des individus, égoïsme des castes, égoïsme des partis, égoïsme des classes, qui appesantissent la marche de l’homme, et absorbent souvent le cours du fleuve en un tourbillon trouble et sanglant».(…) «Instituer la République, c’est proclamer que des millions d’hommes sauront tracer eux-mêmes la règle commune de leur action ; qu’ils sauront concilier la liberté et la loi, le mouvement et l’ordre ; qu’ils sauront se combattre sans se déchirer ; que leurs divisions n’iront pas jusqu’à une fureur chronique de guerre civile, et qu’ils ne chercheront jamais dans une dictature même passagère une trêve funeste et un lâche repos. Instituer la République, c’est proclamer que les citoyens des grandes nations modernes, obligés de suffire par un travail constant aux nécessités de la vie privée et domestique, auront cependant assez de temps et de liberté d’esprit pour s’occuper de la chose commune».
(…) «Ce n’est pas seulement dans les relations politiques des hommes, c’est aussi dans leurs relations économiques et sociales qu’il faut faire entrer la liberté vraie, l’égalité, la justice (…)».
Jean Jaurès est mort à Paris, assassiné le 31 Juillet 1914 à 21 h 30, à l’angle de la rue du Croissant et de la rue Montmartre. Le 2 août suivant l'ordre de mobilisation est affiché sur tout le territoire.
La chanson de Jacques Brel intitulée «Jaurès», reprise par la suite par Manu Dibango puis ensuite par Zebda, rappelle à quel point l’homme politique était devenu une figure mythique. En 2005, un téléfilm lui est consacré : «Jaurès, naissance d’un géant».
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02/09/2009
La guerre n'est plus ce qu'elle était
« La guerre est la forme la plus raffinée et la plus dégradante du travail puisque l'on y travaille à rendre nécessaires de nouveaux travaux. ».
Boris Vian
Longtemps, la guerre a paru comme le seul moyen - à la fois inéluctable et glorieux - de régler les relations entre royaumes, d'ordonner leurs rapports de dépendance ou de rivalité, de constituer des nations ou des groupes de nations géopolitiquement homogènes.
Ce n'est que vers la fin du XVIème siècle que la guerre se théorise. Le Principe de Souveraineté fait son apparition, dans le contexte des guerres de religion, après avoir été défini par le juriste Jean BODIN (1530-1596). Mise en perspective dans une histoire globale, la guerre devient alors l'étape obligée dans la lente progression des sociétés vers la concorde universelle. La guerre sera le principe régulateur de la souveraineté.
Et, ce principe de souveraineté deviendra principe d'ordre du système international en 1648 avec la paix de Westphalie qui met un terme à la guerre de 30 ans (1618-1648). Cette date est très importante car ces traités de 1648 mettent fin, de façon définitive, à l'entité séculière et spirituelle qu'avait été la chrétienté universelle, tout au long du Moyen-âge.
L'Etat souverain devient la forme exclusive d'organisation politique des sociétés européennes :
- Sur la scène intérieure, l'autorité de l'Etat prime celle du Pape,
- Sur la scène extérieure, le roi est empereur en son royaume et tous les Etats sont égaux entre eux.
Cette vision du monde, fondée sur l'Etat, est appelée système westphalien. dans lequel les Etats sont des gladiateurs dans une arène et où la seule façon d'assurer sa sécurité est la Puissance.
Dans ce contexte, la guerre, échec de la diplomatie, reste, selon l'enseignement de Machiavel, un recours nécessaire même s'il est regrettable. Les politiques considéraient, en effet, que les malheurs suscités par les conflits étaient une donnée inséparable de la condition humaine.
A la même époque, la guerre est condamnée comme moralement injustifiable, stratégiquement incertaine et économiquement ruineuse. Seule la paix pouvant assurer aux peuples bonheur et prospérité, par la natalité, la sécurité, la continuité des relations commerciales, etc...
Toutefois, ce consensus « pacifiste » (adjectif anachronique et qui n'apparaît qu'à la fin du XIXème siècle) n'est pas total même s'il est majoritaire, grâce à l'apport intellectuel des hommes des Lumières.
Pour ces derniers, il ne suffit pas de sensibiliser l'opinion aux souffrances endurées par les victimes, de dénoncer tout affrontement armé comme injuste et inhumain ; encore faut-il comprendre, diagnostiquer pour proposer des remèdes, et ce, toujours dans le cadre du principe de souveraineté.
Parmi les causes :
- L'instance économique n'apparaît jamais déterminante, sauf pour QUESNAY,
- Les raisons religieuses ne suscitent guère l'unanimité, sauf pour VOLTAIRE,
- En revanche, domine la position de LA BRUYERE selon laquelle la nature humaine est fondamentalement perverse et mauvaise.
Les plans ou projets de paix qui découlent de ces causes se heurtent donc d'emblée à l'impossibilité radicale de changer la nature humaine.
La notion d'humanité, en tant qu'unité légitime de réflexion, ne va émerger qu'avec la Révolution française qui verra s'affronter deux principes antinomiques :
- Celui des droits de l'individu, consacrés par les deux premiers articles de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 (Art. 1er. - Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. Art. 2. - Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression.)
- Celui de la souveraineté de la nation, qui ressurgit dès l'article troisième (Art. 3. -Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément.)
Des controverses exprimant la tension entre droits de l'homme et droits de la nation, les constituants fixeront, après la Terreur, le triomphe de l'intérêt collectif sur l'intérêt individuel. Et c'est bien de l'Ancien Régime que les hommes de la Révolution ont hérité leur conception de la souveraineté absolue de la nation.
Depuis, la souveraineté est l'institution centrale de l'ordre international - dit westphalien - que couronne un système onusien où l'égalité des membres se traduit par le principe « un Etat, une voix » à l'Assemblée Générale et par la non-ingérence (consacrée par la Charte) dans les affaires intérieures.
En fait, le principe de souveraineté (comme je l'ai évoqué) est une construction juridique et donc, comme telle une norme de régulation d'un système international anarchique en droit.
La souveraineté est une fiction politique cachant des relations de domination qui structurent une société internationale, de fait hiérarchique. Sa réalité est la Puissance qui se passe du multilatéralisme si nécessaire.
- Le 28 janvier 2003, les USA mettent fin à la souveraineté irakienne au nom de leur « autorité souveraine d'utiliser la force pour assurer leur propre sécurité » (BUSH, Discours de la Nation), en se passant de toute légitimation des Nations Unies.
- 28 juin 2004, l'Irak recouvre sa « pleine souveraineté » conformément à la résolution adoptée, à l'unanimité, par le Conseil de Sécurité de l'ONU.
Mieux qu'un long discours, cet un épisode irakien résume l'ambiguïté, pour ne pas dire l'hypocrisie, inhérente au principe de souveraineté.
Traditionnellement, l'empire américain, sauf au cours de brèves périodes de son histoire (l'élimination des indiens et la guerre du Mexique ou la politique de Théodore Roosevelt en Amérique du Sud) n'est ni volontaire, ni militaire. Les Etats-Unis ont hérité de leur position clef, en particulier à cause des deux guerres mondiales. Si les Américains sont fondés à dire qu'ils sont devenus un empire malgré eux, force est de constater qu'aujourd'hui ils ont fondé une idéologie fondée sur la force, c'est-à-dire la PUISSANCE.
Leur Unitaléralisme est entretenu par la conviction d'être la nation d'exception et d'incarner la justice, construite sur la différence absolue entre la vie des leurs et la vie des autres, les droits des leurs et les droits des autres.
Toutefois, malgré l'ampleur de leur domination, les Etats-Unis n'ont pas réussi à gouverner le Proche-Orient, où ni l'unilatéralisme, ni le régionalisme n'ont donné le moindre résultat.
Face à la Puissance de la Souveraineté, il appartient à l'Europe de développer le Droit International Humanitaire qui ne peut être qu'une excroissance des Droits de l'Homme.
A la LDH, nous avons un travail, un devoir de mémoire, de lucidité et de reconnaissance de l'altérité. Face aux métastases de la violence, il faut transformer un cercle vicieux en cercle vertueux, c'est-à-dire, comme lors de la décolonisation, cesser de refuser la discussion avec les acteurs réels. L'ordre international n'est plus affaire de Puissance, mais d'efforts destinés à la contenir, la limiter, la civiliser en quelque sorte.
La guerre, tout comme la connerie, n'est plus ce qu'elle était !
Les Mées, le 25 juin 2008
Pour la Ligue des Droits de l'Homme
Daniel ADAM
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01/09/2009
Presse, le repli numérique
La presse sous contrôle, c'est une réalité qui n'est pourtant pas ou mal acceptée par la plupart des patrons de presse et directeurs de publication qui se disent, à tort, encore indépendants. Ce qui relèverait d'une forme de déni s'ils en étaient vraiment convaincus. En tous cas, si les journaux dont ils ont la responsabilité et qui ne leur appartiennent heureusement pas, sont encore dignes de crédit c'est le fait de salariés qui essaient d'y transmettre l'information en toute conscience et honnêteté.
Parmi les exemples d'indépendance perdue, quasi définitivement et de façon plus ou moins spectaculaire, on peut notamment citer le cas du Nouvel Observateur, volontiers récidiviste.
Avant les vacances, ce bastion supposé de la presse d'opposition socialiste, a préféré consacrer quelques pages d'interview à N. Sarkosy, entrecoupées de publicités glacées très chiques, plutôt que de s'intéresser à un vrai débat de société ou à l'évolution du PS, en butte à ses démons et pour cause. Du « j'aime tellement la gauche que je lui tape dessus en permanence à bras raccourcis », on est passé à « j'ai tellement réfléchi à ce que pouvait être l'opposition que, finalement, j'y renonce et me soumets à la résistible pensée unique ». Le magazine gauche caviar s'est visiblement rangé du côté des Bruni, Val, Lang, BHL, Kouchner et Cie, et s'est glissé dans une des antichambres de la presse people. Ce qui est étonnant, c'est le peu de bruit que cette contorsion a suscité. Pas même un courrier des lecteurs qui lui ait été dédié dans les numéros d'après. Quant à l'efficacité du coup médiatique « pour sauver le journal », il y a de quoi rester perplexe. Voir note précédente.
Du moins dans sa forme traditionnelle, la presse écrite est peut être en train de disparaître définitivement. Mais du même coup, le meilleur de son contenu échapperait à ceux qui souhaite encore la contraindre. Désormais on peut compter sur un nombre croissant d'anciens journalistes qui, d'Edwy Plenel - Mediapart -, à Daniel Schneidermann - @rrêt sur images -, en passant par Eric Mettout - Nouvelle Formule -, préfèrent dirent ce qu'ils pensent en dehors des canaux officiels. En passant par le numérique, ils échappent à la censure, souvent à la médiocrité.
Autre avantage pour les lecteurs : la parole de ces insubordonnés devenant diffuse, il leur faut un surcroît d'énergie, de savoir faire et d'intelligence pour la rendre audible ou lisible. Les lecteurs qui sont aussi des blogueurs ont tout à y gagner.
Si ce n'est pas déjà une réalité, une autre presse est donc en train de se mettre en place. Comme son ainée, elle peut être sujette à caution mais au moins la liberté y est-elle protégée. De fait comme aux Etats-Unis, et de façon extensive, au-delà de la Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen de 1789, qui autorise des restrictions à cette liberté.
Difficile d'imaginer en effet que la presse internet puisse être aussi bien contrôlée ou muselée que l'actuelle presse écrite concentrée entre les mains de personnes physiques dont les capitaux et/ou connivences politiques sont synonymes de pluie et de beau temps. Même la Chine ne parvient pas tout à fait à baîlloner ses blogueurs récalcitrants.
La partie n'est pas gagnée pour autant et même si le repli vers le numérique s'organise, c'est bien la presse traditionnelle qui pour le moment, est en danger, et qu'il faut aider.
.... AFP ; Pour soutenir l’agence Gamma, envoyer vos signatures et coordonnées à soutien.agence.gamma@gmail.com ) .....
Lors d'une réunion organisée le 26 août dernier à Jarnac par la Convention pour la 6ème République, quelques pistes ont été indiquées par Edwy Plenel. Notamment :
- Généralisation du droit d'accès des citoyens à la « mémoire publique »
- Garantie réelle du secret des sources
- Création d'un statut européen de sociétés de médias à but non lucratif, qui seraient exonérées de TVA
- Re-fondation les droits et les devoirs des journalistes et du public.
Si les contre-pouvoirs démocratiques font de la résistance, c'est tant mieux et c'est à suivre...
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28/08/2009
Universités d'été
Note mise en ligne le 24 août, mise à jour le 28
« Tout le monde a pu faire cette expérience : quand on traverse une crise de doute dans la vie, quand tout nous dégoûte, le déjeuner devient une fête. Les aliments remplacent les idées (…). Du paysan le plus rude à l'intellectuel le plus raffiné, l'heure du repas est la liturgie quotidienne du vide spirituel ». Cioran, L'Herne.
Il était donc temps que la TVA des restaurateurs soit enfin appliquée - dans la mesure de l’acceptable - et qu’après s’être entredéchiré, les universités d’été soient l’occasion de se jurer fidélité, d’entrevoir des alliances extraconjugales attisées par l’interdit et l’imminence de prochaines élections.
Festivités à tous les étages. Du NPA à l’UMP en passant par toutes les couleurs de l’arc en ciel du monde associatif et de notre démocratie représentative, avant la rentrée et les grandes manœuvres régionales puis présidentielles, vidons nos greniers, nos querelles, banquetons à la barbe et au nez des prophéties sombres, chantons ensemble l’hymne à la joie et revigorons un enthousiasme civique en berne.
Car la pratique du banquet restant confusément laïque, on lui préfère aujourd’hui celle des fêtes saucissonantes et républicaines, voire celle des universités studieuses. Il se dit qu’on y apprend à réfléchir, à évaluer l’intérêt et la stratégie du parti tout autant que l’avenir de célébrités plus ou moins locales, bénévoles et passionnées par la chose publique.
Pour ce qui est des programmes, c’est du précuit sur-mesure et depuis longtemps imprimé sur set de table, comme les buffets commandés chez Hédiard ou Leclerc qui n'en perdent pas une miette. Ces grands raouts n’ont peut-être jamais été aussi nombreux et leurs participants aussi hilares et détendus. Certains ont déjà eu lieu, d’autres suivront. Ne vous marchez donc pas sur les tongs et si vous êtes invités, ne refusez surtout pas, on risquerait de vous y traîner de force, « au pied de biche ».
Mise à jour du 28 août 2009
Toute ironie mise à part, confusément ou pas, à travers tous ces rendez-vous et celui de La Rochelle en particulier, un besoin très réel apparaît :
Sortir de la nasse dans laquelle les gesticulations du pouvoir et les turpitudes de l’ultralibéralisme nous ont simultanément plongés.
Accroché au postulat selon lequel l’intérêt général détermine la possibilité pour chacun de vivre en harmonie avec soi-même, et non de survivre envers et contre tous en préservant ses petits intérêts, je ne suis évidemment pas le seul à souhaiter :
- Qu’une alternative, qu'une alternance puisse, au moins, être ébauchée.
- Que cette alternative ne soit pas rendue impossible par une guerre des ego, individuels ou partisans, insurmontable et déplacée.
- Que bon nombre d’anciens militants, aujourd’hui sans parti, puissent faire abstraction d’une inhibition qui les désespère : ne plus oser croire par peur du ridicule.
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Pas touche aux niches fiscales
En matière de bouclier fiscal : à la trappe, à la niche, Pierre Méhaignerie est prié d’avaler son chapeau. On n’y touchera pas. Le président UMP de la Commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, ex président du Centre des Démocrates Sociaux avait pourtant eu, en mars 2009, de bons sentiments et arguments :
- « En cette période de crise, il faut demander aux catégories les plus aisées un effort financier ».
- Proposition d'appliquer pendant deux ans « une contribution fiscale supplémentaire sur les revenus qui dépassent l'entendement », (entre 300.000 et 400.000 euros par an). « Compte tenu des écarts de revenus qui se sont creusés ces dernières années, une action politique forte sur ce point me semble légitime. C'est une question de justice ».
Un affront qui aurait pu coûter cher à l’insoumis de l’Ille-et-Vilaine, une fronde pour l’Elysée.
Pour ce qui est des niches fiscales : même topo ou presque. Les députés de la majorité étaient partis du principe que, pour renflouer les caisses de l’Etat, il fallait s’attaquer à ces niches. Nous sommes début août 2009.
Le bon Méhaignerie, en accord avec Bercy étudie donc deux pistes. La première consiste à « réduire les réductions d’impôt ». Par exemple pour les emplois à domicile, on passerait du taux de 50% à 45%.
Seconde piste : appliquer une franchise à l’ensemble des ristournes dont bénéficie le contribuable. Par exemple, si l’on bénéficie de 3000 euros de baisses d’impôt et qu’une franchise de 1% est mise en œuvre comme le préconise le ministre du budget, l’avantage est ramené à 2970€.
Révolutionnaire ! Presque’ autant que de vouloir « terroriser les terroristes ».
Finalement, le 26 août, on décide de ne pas toucher non plus aux niches fiscales. Et le même Méhaignerie, interrogé sur cette énième volte face d’expliquer :
« Avec le débat sur la taxe carbone, il fallait éviter de prêter le flanc à la critique d'une droite alourdissant la fiscalité (...) tant qu'il n'y aura pas de reprise économique, modifier à la marge la politique fiscale ne serait pas d'une très grande efficacité ».
Mais qui a donc bien pu convaincre les parlementaires de ne même plus rêver à des ressources budgétaires qui pouvaient et peuvent encore faire figure de symbole en matière de justice fiscale ?
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27/08/2009
Grand emprunt d'Etat
Quid de l'emprunt public et de la confiance qui devrait aller avec ?
Après les dernières déclarations faites par N. Sarkosy, nous ne devrions pas tarder à renouveler notre confiance aux banques. L’emprunt d’Etat, dont on ne sait pas encore précisément à quoi il servira, c’est le boulot d’une commission coprésidée par Alain Juppé et Michel Rocard, devrait en totalité être réinjecté dans l’économie.
Les banques, seront alors prêtes à aider les entreprises en difficulté sans plus se faire prier, d’autant que les rémunérations de leurs traders seraient maîtrisées et revues à la baisse comme prévu.
Questions annexes :
A qui on emprunte ? Qui prête ? Combien ? Qui rembourse ? Quelles sont les remboursements prioritaires ? A quel taux ? Quand est-ce qu'on rembourse ? Dans 10 ans, 50 ans, 100 ans ? Après que la dette de l’Etat soit épongée ? Qui est en mesure de souscrire ?
Que de bonnes questions, que de bonnes idées …
L'emprunt d'état, la loterie nationale .......explications
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21/08/2009
De l'argent qui n'existe pas
Une vidéo scindée en trois parties pour une lecture plus facile et qui ne s’adresse pas aux diplômés de science éco mais à un public plus large.
Crise financière oblige, cette vidéo d'animation réalisée en 2006 par Paul Grignon, artiste canadien, a connu depuis un certain succès. Et pour cause, elle tente d’expliquer le mécanisme par lequel les banques privées créent "de l'argent qui n'existe pas".
En dehors des remarques avisées que les économistes peuvent toujours formuler, cette vidéo a été critiquée pour l’espace qu’elle pouvait laisser à une posture conspirationniste ou à un antisémitisme latent. A chacun de se faire une idée sur la question et d’être circonspect sur la forme.
Il reste que c’est sans doute une assez bonne approche du fonctionnement des banques dans un système qui vient de trouver ses propres limites et qu’il faudra bien revoir de A à Z, voire réinventer.
Partie 1 - 19’ 36
Partie 2 - 15' 33
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20/08/2009
Ricardo Petrella
Sous titre actuel ou impossible : La gauche a-t-elle un avenir ?
Une intervention vidéo intéressante de Ricardo Petrella qui dévoile son analyse critique des formes actuelles de la mondialisation :
Contre la marchandisation du monde, Ricardo Petrella, énonce quelques vérités bonnes à marteler et qui ne devraient pas seulement figurer au catalogue des bonnes intentions d’une gauche de terrain. Par exemple :
- La gauche européenne serait-elle incapable d’imaginer un système rendant la fiscalité plus juste et plus efficace ?
- D’imaginer un véritable plan de guerre contre la pauvreté ?
- Serait-elle incapable d’affirmer la prééminence de biens publics mondiaux (santé, éducation, habitat etc.), plutôt que de succomber aux sirènes du néolibéralisme et de ne pas oser affronter ses adversaires réels ?
Ne souhaitant visiblement pas que l’expression «passer l’arme à gauche» devienne autre chose qu’une simple façon de parler, Ricardo Petrella s'étonne aussi, que l’on ne soit toujours pas capable de garantir un accès équitable aux ressources vitales et naturelles, alors qu'on a presque tout mondialisé (transports, commerce, agriculture, culture, finance...).
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18/08/2009
Indifférence et soumission
Soumise ou indifférente, les pouvoirs en place ont de toute façon besoin de l’opinion publique pour fonctionner. Le consentement de cette opinion a été, est, fabriquée compte tenu de mécaniques inconscientes décrites entre autre au travers des expériences de Milgram (estimation de la capacité des individus à obéir quelques soient les ordres reçus ou les cas de conscience posés), ou du syndrome de Stockholm (les sujets sont amenées à prendre la défense du maître qui les humilie, les maltraite et les domine).
Soumission ou indifférence, notre condition de citoyen est faite de crainte, d’attentisme et d’espoir forcément déçus. Nous ne nous sentirions en sécurité qu’à condition d’obéir sans barguigner à une hiérarchie établie. Pas question de risquer de perdre son boulot, son statut, sous prétexte d’indépendance d’esprit ou de révolte affichée. C’est évidemment difficile à reconnaître. Mais la dialectique soumission-domination s’installe inconsciemment. Et la mécanique des « Bienveillantes », best seller de Jonathan Littell, devient possible avec son cortège d’acceptations aveugles, de soumissions volontaires et de contradictions pourtant évidentes. Le totalitarisme n’est pas loin.
Autre illustration : Ce sont les employés du ministère de la vérité, le "miniver" d’Orwell dans « 1984 », qui reçoivent des corrections à effectuer sur des articles faussés.
Les mensonges, les promesses non tenues, les leurres ou les chefs d’Etat (ça revient au même), incapables de s'imposer (le voudraient-ils) face au pouvoir occulte de l'argent, sont à l'oeuvre. Nous sommes malheureusement les premiers responsables à ne pas savoir ou vouloir y résister. Isolement, rapport de force, absence d'alternative politique réelle, sensément probable ou possible finissent par nous tétaniser. Est-ce irréversible ? La question est ouverte.
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17/08/2009
Presse - SOS
La liberté d’opinion est en danger. Selon la Convention européenne des Droits de l'Homme de 1950 « Toute personne a droit à la liberté d'expression. Ce droit comprend la liberté d'opinion et à la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu'il puisse y avoir ingérence d'autorités publiques et sans considération de frontière (…) » art. 10
Le fait que la presse people soit en voix d’extension, ne peut pas être dissocié des difficultés rencontrées par l’Agence Gamma, l’AFP et par la plupart des journaux d’information.
L’AFP, constamment mise sous pression par les pouvoirs en place, est menacée de perdre son indépendance. Jusqu’ici, son personnel avait réussi à s’y opposé. Il en appelle aujourd’hui aux lecteurs de la presse écrite pour refuser "toute modification qui aurait pour effet soit de transformer l'AFP en agence gouvernementale, soit de la livrer en totalité ou en partie à des entreprises privées quelles qu'elles soient et sous quelque forme que ce soit".
De fait, les chiffres donnés par l’Observatoire de la presse placent les « hebdomadaires de news » (Nouvel Observateur, L’Express, Le Point, Marianne, Courrier International) en position assez inconfortable par rapport aux autres magazines dont ceux de la presse people.
Si Gamma et l’AFP sont « entrés dans l’Histoire » pour mieux la faire partager, c’est aux lecteurs de savoir ce qui dans l’actualité doit rester déterminant. L’identification, virtuelle, à telle ou telle célébrité jouant de sa popularité, ou la réalité du monde qui, c’est vrai, est loin d’être un divertissement ?
D'où la nécessité de répondre de toute urgence aux SOS lancés par la presse au nom de la liberté d'opinion.
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