Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23/11/2010

Rétropédalages

Le rétropédalage (ou rétro-planning) est

  • Une technique qui consiste à construire un échéancier à rebours depuis une date prévue correspondant à l’aboutissement d’un événement programmé.
  • Ce peut être aussi un moyen de freiner dans la perspective d’éviter un accident dommageable dont on ne se relèverait pas.
  • Ou encore une façon élégante de renoncer à ses croyances ou convictions. Si l’on en a. Le cas échéant, un double rétropédalage s’impose et dans ce cas, on ne renonce à rien, vraiment.

Plus couramment, l’actualité en fait la démonstration, il s’agit d’administrer la preuve de ses facultés d’adaptation dans la pure tradition d’un populisme bien compris et d’une témérité mesurée. Le rétropédalage présume une lutte contre soi-même difficilement supportable. Mais, à part une réputation d'instabilité, qu’est-ce que les adeptes du rétropédalage y auront finalement gagné ? …

Duane_Michals copier.jpg

Exemples :

  1. Jean-Luc Mélenchon, chantre du «bruit, de la fureur, du tumulte et du fracas», n’hésite pas à se commettre avec Voici, revue-du-peuple (1) ou revue-pour-le-peuple-puisqu’il-en-raffole et se refreine presqu’aussitôt en apercevant dans son rétroviseur (très utile pour rétropédaler) le PC qui lui signale ne pas vouloir viser un Front populiste mais un Front populaire. (2)
    JLM, ne tenant pas à se faire de nouvelles inimitiés, et appréciant du coup la remarque doucereuse «avec gratitude», se justifiera en proclamant humblement : «je suis du peuple». Au moins aura-t-il tenté par là, de passer pour plus populaire que populiste sans pourtant faire illusion sur sa capacité à enrayer le système ultralibéral que l’on dénonce bien au-delà du Front de Gauche.
  2. Benoît XVI qui avait cru bon de prendre position contre le préservatif au point de le mettre à l’index sans aucune précaution, (1) revient sur sa bévue (2) pour en commettre une autre à propos de son prédécesseur Pie XII.
    Le saint père peut donc très bien prendre sa vessie pour une lanterne, rétropédaler et finir par dérailler. Le Vatican veille.
  3. Tenté par Venise aussi bien que par Montréal, Alain Juppé, ayant trouvé l’atmosphère détestable à Bordeaux et à Paris, et l’ayant proclamé à plusieurs reprises avec courage et virulence, apparemment pour que ça se sache (1),  a finit par se raviser.
    Toujours aussi «droit dans ses bottes» et quitte à se faire une entorse, la meilleure cheville ouvrière des emplois fictifs à la mairie de Paris s’offre un petit retour (2), juste quelques mois, parmi ses amis délinquants de l’UMP via le ministère de la défense. Les bordelais devraient apprécier.
  4. Partant du principe qu’une cible mouvante n’est atteinte que par hasard, Dominique de Villepin, lui, a choisit de courir de clearstream à Karachi (1), tout empanaché de déclarations flamboyantes, puis de Karachi à clearstream (2) en ravalant cette fois un peu de sa superbe jusqu’en mai 2011, date à laquelle il saura si, oui ou non, il peut concourir pour la grande finale élyséenne.

La course aux rétropédalages est ouverte. Malgré les apparences, Jean-Luc Mélanchon, Benoit XVI, Alain Juppé, Dominique de Villepin ont au moins en commun de frôler la schizophrénie, comme tant d’autres avant eux.

09/11/2010

Démantèlement de l’Aide médicale d’Etat

 L'équation de l'UMP et du ministre de la santé «sans papier = sans droits = sans toit = sans aide médicale» équivaut à une invitation à mourir sans état d'A.M.E., sans déranger personne, à la limite de l’hygiénisme.

Apparemment les partis dits de gauche restent sans voix ? Seraient-ils malades ? Mystère ?

Pour sa part, la Ligue des Droits de l'Homme a relayé le communiqué suivant :

«

La Ministre de la Santé renonce à défendre la santé des plus pauvres

Dès juillet 2010, plus de 900 organisations, rassemblées au sein des associations et collectifs FNARS, ODSE (Observatoire du Droit à la santé des Etrangers) et UNIOPSS, regroupant notamment des professionnels de santé et des usagers, ont alerté la Ministre de la santé sur le risque de démantèlement de l’Aide médicale d’Etat. Ce dispositif permet aujourd’hui l’accès aux soins des étrangers les plus précaires sur le plan économique et administratif.

Nous avons, à de multiples reprises, mis en garde le ministère de la santé sur les conséquences catastrophiques en matière de santé publique de la mise en place d’un droit d’entrée et d’une remise en cause de l’Aide médicale d’Etat. 

Pourtant l’expertise sanitaire et sociale des acteurs de terrain n’a pas été entendue. Malgré l’imminence de la remise d’un rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales et de l’Inspection Générale des Finances sur l'AME, certains députés de la majorité ont hâté la décision politique sans prendre le temps d'évaluer la réalité du dispositif. Le ministère avait pourtant déclaré attendre les conclusions du rapport. Ce 2 novembre à l’Assemblée nationale, la Ministre de la santé et plusieurs députés de la majorité ont défendu et fait voter le démantèlement de l’AME.

En matière de santé publique, le vote de l’Assemblée nationale, soutenu par le gouvernement, aboutit à :

  • Eloigner les plus pauvres des structures de soins en mettant en place un droit d’entrée annuel à 30 euros : Cet accès payant conduira les bénéficiaires de l’AME à retarder encore leur entrée dans le dispositif voire à renoncer aux soins. La prévention et le suivi médical régulier seront entravés et les personnes seront soignées à un stade plus avancé de leur pathologie. Cela compromettra l’efficacité du traitement et coûtera plus cher à la collectivité.
  • Retarder les soins lourds pour ceux qui en ont le plus besoin en mettant en place des procédures de contrôle inutiles : Un agrément préalable de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie sera nécessaire pour recourir à des soins à l’hôpital pour des personnes dont les droits à l’AME sont déjà ouverts.
  • Priver les plus pauvres de certains soins : Les bénéficiaires de l’AME ont déjà accès à un panier de soins réduit par rapport aux assurés sociaux à revenu équivalent, les mesures votées à l’Assemblée renforceront ce différentiel.

Si l’objectif poursuivi est exclusivement budgétaire, nous savons et la Ministre de la santé sait mieux que personne que ces mesures seront à terme particulièrement coûteuses. Elles auront en effet pour conséquence une prise en charge plus tardive des pathologies, ce qui aura un coût à long terme sans commune mesure avec les économies réalisées.

Alors que l’AME est l’un des dispositifs de solidarité envers les plus vulnérables, ces mesures laissent entendre que certaines populations, aujourd’hui les étrangers vivant en France, pauvres et précaires, n’auraient plus légitimement le droit d’accéder aux soins. La Ministre ne peut évidemment pas cautionner une telle politique de santé.

Nous exigeons que le gouvernement revienne sur ces mesures injustes, discriminatoires, financièrement lourdes pour la collectivité et contraires à toute logique de santé publique.

Nous demandons par ailleurs aux sénateurs de s’y opposer lors de l’examen du projet de loi de finances au Sénat.

»

Contacts Presse :

  • Pierre Carpentier (ODSE) 06.03.85.09.35
  • Didier Maille (COMEDE) 06.82.17.31.25
  • Solenn Assathiany / Florence Priolet (MDM) 01 44 92 14 32 /14 31

05/11/2010

Bourdouleix sed lex !

Il faut remonter au temps du Directoire pour rencontrer autant d’ «Incroyables» engoncés dans un ridicule dont ils s’accommodent à «Merveille». Hasard de la modernité, ils ont quasiment tous une place dans les ministères et les assemblées.

Précédemment déjà, le Canard enchaîné avait pu sauter sur l'occasion, pour tourner en ridicule Gilles Bourdouleix, député-maire UMP de Cholet. Ce dernier déclarait en effet, dans un édito de Cholet Magazine :

«Je ne crois plus en la Justice de cette République. Je n'entrerai plus dans les palais qui sont censés l'abriter, ni n'assisterai à des réunions où siégeront des magistrats qui sont à l'image d'une France devenue bien médiocre.»

Ayant prêté serment d’avocat en janvier dernier, celui qui est aussi président du Centre national des indépendants (CNI) rejoindra, peu après un cabinet parisien, où il sera spécialisé en droit public. La Justice et les Institutions iront dès lors beaucoup mieux !

Quelque temps plus tard, Gilles Bourdouleix, toujours député Umpiste de la même ville de Cholet, ce qui en soi est étonnant, vient de se faire moucher par la LDH qui avait pu lire de lui la déclaration  suivante, parue dans Ouest-France à propos des Roms :

«On a la trouille de ces gens-là, ils ont tous les droits. Je suis prêt à prendre un camion plein de m... pour le déverser au milieu de leurs caravanes. Ces gens, c'est beaucoup d'emmerdes. S'ils choisissent de vivre comme ça, en caravanes et qu'on fait un effort pour les accueillir, au moins qu'ils aient un peu de respect. Les caravanes qu'ils ont, avec les Mercedes et les camions pour les tracter, on ne pourrait pas se les payer. Mais eux, ils en ont les moyens puisqu'ils n'ont pas de revenus et ne paient pas d'impôts ! Ces caravanes, elles sont équipées de toilettes, mais ils ne les utilisent pas.»

Ce bon député-maire s’est bien sûr indigné que l’on ait pu (Ouest-France) mal interpréter ses propos délicats et, tout naturellement se propose de porter plainte contre… la Ligue des Droits de l’Homme pour «dénonciation calomnieuse». Logique, non ?!

D’après lui, il aurait en effet fallu lire entre les lignes et comprendre :

«(…) J’ai seulement répondu à l'assistance que la prochaine fois que ce groupe de gens du voyage viendrait, je ne pense pas qu'ils seraient contents si on leur déversait un camion d'excréments au milieu de leur caravane.»

Ce qui change tout !! Ne s’agirait-il pas effectivement d’une invitation à se débarrasser discrètement de déjections nauséabondes plutôt que d’une bête incitation à la haine raciale ? D’autant que pour lui, il est «scandaleux et honteux que la LDH estime que les gens du voyage constituent une race à part».

Bourdouleix sed lex !

 

envoyé par LDH_St_Germain_en_Laye.

04/11/2010

Communiqué commun LDH, FIDH, ICT et Human Rights in China

«

Alors que M. Hu Jintao, Président de la République populaire de Chine et secrétaire général du Parti communiste de Chine est en visite officielle en France, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) et ses organisations membres, Human Rights in China (HRIC), International Campaign for Tibet (ICT) et la Ligue française des droits de l’homme (LDH) demandent au président français, M. Sarkozy de mettre les droits humains au sommet de l’ordre du jour des réunions bilatérales.

liu_Xiaobo.jpg

Nos organisations ont exprimé leur profonde préoccupation concernant la détérioration des droits de l’homme en Chine, dans la foulée des Jeux olympiques et de l’Exposition universelle de Shanghai. Selon Human Rights in China près de 40 personnes ont été mise en résidence surveillée en Chine dans les semaines suivant la remise du prix Nobel de la paix à 2010 à Liu Xiabobo (刘晓波). Un militant des droits nationaux a fait remarquer que l’intensité et la portée de cette répression est supérieure à celles qui a sévi lors des Jeux olympiques de Beijing 2008, de la signature de la Charte 08, et du 60e anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine en 2009. D’autres observateurs prédisent que la répression va se poursuivre et que davantage de personnes seront probablement placées en résidence surveillée.

Outre le harcèlement continu et l’intimidation exercée à l’encontre de la société civile chinoise et des défenseurs des droits humains, les autorités continuent de violer les droits fondamentaux des personnes appartenant à des minorités ethniques. Selon l’International Campaign for Tibet, plusieurs manifestations ont eu lieu il y a deux semaines à l’initiative d’écoles et collèges tibétains alors que de nouvelles mesures ont été prise mettant l’accent sur le chinois comme langue principale d’enseignement et faisant du tibétain un simple cours de langue avec moins de temps attribué dans les programmes. Les protestations se sont propagées dans plusieurs zones du Qinghai à Beijing, impliquant des milliers d’étudiants tibétains. L’ampleur de ces protestations à travers le Tibet reflète la force des sentiments des Tibétains au sujet de la marginalisation et de l’érosion de leur langue, et du fondement de l’identité tibétaine, la religion et la culture. Plus de 300 enseignants et étudiants du Qinghai ont signé une pétition en faveur de la langue tibétaine. Alors que la sécurité a été renforcée dans les lieux de protestation, des sources ont confirmé l’arrestation et la détention de plus de 20 élèves d’une école tibétaine en Chabcha le 22 Octobre. La FIDH, HRIC, ICT et la LDH notent que les membres de la minorité ouïgoure ont également longtemps souffert de l’érosion de leurs droits linguistiques dans toutes les écoles du Xinjiang.

Alors que la communauté internationale concentre son attention sur ses liens économiques avec la Chine, plusieurs sujets de préoccupation demeurent sans réponse adéquate de la part de la communauté internationale. Les déficiences graves et chroniques du système judiciaire chinois, en particulier l’insuffisance des garanties de procédure, la procédure pénale, bien documentées par le groupe droits de l’homme, et la fameuse législation sur les secrets d’Etat ont créé des conditions favorables à l’impunité. Les garanties fondamentales inscrites par les normes internationales des droits de l’homme et par la Constitution chinoise ne sont pas remplies, malgré les déclarations contraires des autorités chinoises.

La FIDH, HRIC, ICT et la LDH, appellent M. Sarkozy à aborder ces questions cruciales lors de sa rencontre avec la délégation chinoise et à exercer des pressions sur la Chine afin qu’elle prenne des mesures immédiates en vue de l’amélioration concrète de son bilan des droits de l’homme. La France doit exiger la libération immédiate du lauréat du prix Nobel de la paix 2010, Liu Xiaobo et de tous les autres défenseurs des droits humains et militants en emprisonnés. En outre, la France doit demander la publication des statistiques et autres informations pertinentes concernant l’application de la peine capitale en Chine. La France et l’Union européenne, dans le cadre du dialogue bilatéral UE/Chine sur les droits de l’homme, doit s’assurer que les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, ainsi que les droits des personnes appartenant à des minorités soient respectées par les autorités chinoises.

Alors que la Chine va de l’avant comme une grande puissance au niveau international, la communauté internationale doit envoyer un message fort selon lequel ce rôle porte également la responsabilité de protéger les principes universels des droits humains. Nos organisations membres regrettent que ce message n’ai pas été effectivement porté aux autorités chinoises dans le passé. Nous espérons sincèrement que cette occasion ne sera pas perdue.

Paris - Bruxelles - New York 3 novembre 2010.

»

02/11/2010

" Madame le garde des Sceaux, ...

Publié le 28 octobre 2010, par un syndicat de la magistrature tel qu’on l’aime :

jpg_justice-2-5fac5.jpg

" Madame le garde des Sceaux,

Invitée hier matin sur France Inter, vous avez expliqué à votre manière, inimitable, le dépaysement de l’affaire Woerth-Bettencourt.


Gérald Dahan : lourdingue, mais réaliste !
Ca lui aura d'ailleurs valu d'être licencié illico par Ph. Val (source)


L’aplomb avec lequel vous leur avez livré ce conte pour enfants sages aura peut-être convaincu certains de nos concitoyens que, décidément, c’est la raison qui l’emporte et l’indépendance de la justice qui triomphe. Nous les invitons pourtant à dévider, avec vous, la pelote de fil blanc dont cette histoire est cousue.

Pour planter le décor, on retiendra d’abord de vos fortes paroles que « cette affaire n’est pas politique » et que « [vous] ne [voulez] pas qu’elle le soit ».

Nous voici donc sommés de comprendre que n’est pas politique une affaire dans laquelle un procureur de la République – qui ne dément pas ses liens avec le président de la République – enquête sur un financement illégal du parti de ce président ainsi que sur des trafics d’influence susceptibles de concerner un ministre et ce, alors même que des enregistrements ont révélé des liens directs entre ce même procureur et le conseiller justice de ce même président…

Que vous soyez désireuse d’ôter toute coloration politique à cette affaire ne surprendra personne ; avouez cependant qu’il fallait quand même oser aller aussi loin dans le déni !

Expliquant ensuite pourquoi le tribunal correctionnel de Nanterre, pourtant naturellement compétent, devait être désormais dessaisi de la procédure d’abus de faiblesse – qui fait l’objet d’un supplément d’information instruit par sa présidente – vous avez indiqué que « des soupçons se sont portés sur une juge », désignant à deux reprises cette présidente comme la cause de tous les maux affectant la juridiction nanterrienne.

Et sur le procureur qui s’est acharné à faire obstacle à ce supplément d’information, sur ce procureur qui mène seul, contre l’avis de tous et dans le secret, toutes les enquêtes dont cette procédure pour abus de faiblesse est la source, sur ce procureur qui explore les factures téléphoniques de sa collègue dans des conditions invraisemblables, ouvrant contre elle une enquête qui alimente opportunément les fameux « soupçons » dont on se saisit pour la… dessaisir : à l’égard de ce procureur, donc, aucun soupçon ? Allons, cherchez bien…

Expliquant encore pourquoi il avait fallu attendre si longtemps pour que des informations judiciaires soient ouvertes, vous avez déclaré que « ça n’était demandé par personne », que « ce sont les parties qui sont le plus directement intéressées » et que « si ça n’était pas demandé, c’est parce qu’il y avait des enquêtes qui étaient en cours et qui permettaient d’aller plus vite ».

Mélangeant allègrement les cadres juridiques respectifs des enquêtes préliminaires et de la procédure pour abus de faiblesse, vous voulez donc nous faire croire que le procureur de la République de Nanterre, maître de l’action publique et premier informé de tous les éléments justifiant l’ouverture d’une information judiciaire – information que toute la communauté judiciaire réclamait, procureur général près la Cour de cassation en tête – que ce procureur, donc, attendait servilement qu’une partie lui en fasse la demande ?

Glissons sur le fait que, si vous avez tenu à vous féliciter à plusieurs reprises de ce que « les enquêtes progressaient », les reproches adressés aux investigations du procureur de Nanterre n’ont jamais concerné leur lenteur mais bien le fait qu’elles se déroulaient dans l’opacité la plus totale et sans aucun autre contrôle que celui qu’exerçait le parquet général pour votre compte.

A propos de contrôle... Poursuivant votre démonstration du parfait fonctionnement de la justice jusqu’aux fâcheux « soupçons » venus disqualifier la présidente du tribunal correctionnel de Nanterre, vous vous êtes lancée dans une comparaison des garanties respectivement offertes par un procureur de la République et par un juge d’instruction, dont tout le sens visait à justifier la suppression du second au profit du premier. Vos auditeurs apprirent ainsi que « le juge d’instruction ne travaille pas sous le contrôle d’autres magistrats » et que « c’est l’un des problèmes avec l’Union européenne qui reproche qu’il n’y ait pas procès équitable lorsqu’une personne mène l’enquête et est juge de l’enquête ».

Sur le premier point, nos collègues des chambres de l’instruction, auxquelles faisait explicitement référence le journaliste qui vous interrogeait, seront heureux (ou pas...) d’apprendre que vous venez de les décharger de l’examen en appel des actes des juges d’instruction de leur ressort et du contrôle de leurs cabinets.

Sur le second point, votre propos est juridiquement aberrant à au moins deux titres, ce qui est doublement ennuyeux pour un ministre de la justice et mérite que l’on s’y attarde un peu.

Il est d’abord faux d’affirmer que le juge d’instruction est « juge de l’enquête ». Le juge de la légalité des actes de l’instruction, qu’il s’agisse des actes accomplis sur commission rogatoire ou de ceux réalisés par le juge d’instruction lui-même, est la chambre de l’instruction, seule compétente pour les annuler – le cas échéant à la demande du juge d’instruction, c’est dire ! – aux termes de l’article 170 du Code de procédure pénale. Le seul acte qui n’entre pas dans le champ de compétence de la chambre de l’instruction est l’ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, qui peut cependant être annulée par ce tribunal. Quant au fond, le juge d’instruction n’est évidemment pas juge de sa propre enquête puisqu’il est possible de faire appel de ses décisions et que le tribunal correctionnel peut ordonner un supplément d’information.

Il est ensuite faux d’affirmer que l’institution du juge d’instruction pose problème au regard du droit européen. La Cour européenne des droits de l’Homme – si c’est bien à elle que vous pensiez – a même affirmé le contraire dans le fameux arrêt Medvedyev c. France rendu par sa Grande chambre le 29 mars 2010 : « Les juges d’instruction (...) sont assurément susceptibles d’être qualifiés de “juge ou autre magistrat habilité par la loi à exercer des fonctions judiciaires” au sens de l’article 5§3 de la Convention » (paragraphe 128).

Vous le savez d’ailleurs parfaitement puisque le gouvernement français, représenté par vos services, a soutenu à Strasbourg que « si la Cour a jugé qu’un procureur ou un autre magistrat ayant la qualité de partie poursuivante ne pouvait être considéré comme un “juge” au sens de l’article 5§3, une telle hypothèse ne correspond aucunement au juge d’instruction », en prenant soin de rappeler que « la Cour a déjà jugé que le juge d’instruction remplit les conditions posées par l’article 5§3 (A.C c. France (déc.), n° 37547/97, 14 décembre 1999) » (paragraphe 114).

Enfin, vous occultez l’essentiel, à savoir la question de l’indépendance, qui est précisément celle du contrôle. Selon vous, qui du procureur de la République ou du juge d’instruction est sous le contrôle du pouvoir exécutif, que ce soit dans le régime actuel ou dans celui que vous prétendez instaurer à l’avenir ? Vous devez bien avoir une idée...

Vous le voyez, Madame le ministre, il eût sans doute mieux valu raconter la véritable histoire de ce dépaysement :

  • expliquer qu’il devenait impératif de dessaisir Isabelle Prévost-Desprez, non pas à cause de l’inimitié qui l’opposerait à Philippe Courroye et dont la mise en scène ne sert qu’à masquer les enjeux réels de ce dossier, en particulier l’impérieuse nécessité de garantir l’indépendance du ministère public, mais bien parce que ses investigations alarmaient de plus en plus le pouvoir exécutif ;
  • expliquer que ce dépaysement devait emporter celui des autres enquêtes et donc (enfin !) la désignation de juges d’instruction, à défaut de quoi l’inégalité de traitement entre les différents volets de l’affaire eût été inexplicable et la ficelle trop visible ;
  • expliquer que ce dépaysement général est finalement un moindre mal pour ceux qui ont si longtemps résisté à l’ouverture d’informations judiciaires, compte tenu du temps déjà gagné et de celui qui le sera encore, en attendant que les juridictions désignées, après avoir tout repris « à zéro » et fait face à la guérilla procédurale que le parquet ne manquera pas de continuer à mener, finissent un jour par être en mesure de statuer, idéalement après le printemps 2012...

Terminant en apothéose et bouclant la boucle, vous avez souhaité « que l’on s’abstienne désormais de continuer à vouloir faire de l’ingérence politique dans ces dossiers ».

Plutôt que de relever mesquinement qu’il y a donc bien eu, finalement, « de l’ingérence politique dans ces dossiers », nous vous disons seulement : chiche !

Nous vous prions d’agréer, Madame le garde des Sceaux, l’expression de la haute considération dans laquelle nous tenons vos fonctions.

Pour le Syndicat de la magistrature

Clarisse Taron, présidente "

30/10/2010

Contrepied ? Vraiment ?

La précédente note était intitulée « Les pousses-au-crime ».  A ce moment-là on ne pensait pas que le procureur Courroye puisse se déprendre de son entêtement à étouffer une affaire compromettant son mentor Sarkosy. Malgré tous les efforts ostensiblement déployés pour calmer l’opinion publique, l’exaspération est toujours présente et le sens du titre « pousses-au-crime » toujours d’actualité.

contrepied.jpg

Contrepied, galipette et autosatisfaction, le procureur Courroye serait brusquement devenu cet être refusant toute compromission que l’on ne connaissait pas ! Contre toute attente, et faisant plus ou moins violence à son égo, il a accepté d’ouvrir une information judiciaire à propos des affaires Woerth-Bettencourt. Et tout le monde de s’en réjouir puisque ces affaires vont pouvoir être dépaysées en conformité avec l’art. 665 du code de procédure pénale.

Même Eva Joly aura failli ne pas en croire ses lunettes. Se serait-elle tromper dans son analyse ? C’est peu probable car ce soi-disant rebondissement n’est surement pas le résultat d’un désaveu. Au contraire. Il intervient :

  • au moment où la réforme des retraites, réforme à refaire, a été bouclée au Sénat et à l’Assemblée Nationale par des parlementaires à la botte, au nez et à la barbe de l’opinion publique qui manifestait à la fois son refus de la réforme telle que présentée autant que son exécration des injustices fiscales et autres largesses indues
  • au moment où il est clamé bien fort qu’il faut s’abstenir de tout triomphalisme, qu’il faut apaiser les esprits en rognant du bout des dents, en faisant mine de rogner, par exemple, sur le régime de retraites des élus
  • au moment où quelques sbires zélés emportés par leur élan, ont tenté d’impressionner les sources qui informent les salles de rédaction en mettant la main sur des ordinateurs a priori compromettants
  • au moment où, la classe politique européenne et internationale regarde de plus en plus de travers ou avec un sourire amusé le président le plus capricieux et le plus incompétent que la France ait connu depuis l’après-guerre et plus encore 
  • au moment où, « agitant de nouvelles marionnettes » en guise de ministres, le chef du service com. de l’Elysée voudrait attirer l’attention ailleurs pour mieux entrer en campagne pour 2012.

La bombe Woerth-Bettencourt va-t-elle donc pour autant exploser ? Si le proc. Courroye est apparemment mis sur la touche, il faudrait être très naïf pour imaginer que la justice va passer du seul fait du prince. La manipulation suit et suivra son cours aussi longtemps que le pervers narcissique qui fait office de président de la république n’aura pas été démasqué.

27/10/2010

Les pousses-au-crime

Si ce n’est pas de l’art, la provocation est l'arme idéale pour entretenir frustration, désillusion, résignation et désespoir. Aujourd’hui, cette arme est maniée en permanence par des gouvernants sans âme et sans talent au risque d’entraîner un coup de corne ou une sortie de route fatidiques. La rue a ses poètes que la justice ne contrôle pas.

jean-michel-basquiat.jpg
J-M Basquiat


L’article 665 du code de procédure pénale ne permet la procédure du dépaysement qu’à l’égard d’un juge d’instruction. Contrairement à ce que Philippe Ingall-Montagnier, procureur général de Versailles, voudrait faire croire à l’opinion publique, rien ne permet de dessaisir un procureur de son enquête préliminaire. Or, Ph Courroye est procureur de Nanterre. Donc les dossiers qu’il détient, où se trouvent incriminé le toujours ministre Woerth, et par voie de conséquence le toujours Président de la République, ne seront pas dépaysés. Sauf, sauf ... ceux qui sont entre les mains de la juge d’instruction Isabelle Prévost Desprez. Et c’est précisement de ce juge d’instruction que peut venir le danger d’une réelle révélation et mise en cause judiciaire du pouvoir en place.

La recommandation, consistant à désigner un nouveau juge d’instruction pour instruire le volet "financement illicite", formulée par Jean Louis Nadal, procureur général près la Cour de cassation, qui avait un temps fait illusion, est devenue lettre morte. Le procureur Courroye et l’ancien trésorier de l’UMP pavoisent, leur commanditaire aussi. D’autant que la réforme des retraites aura été voté envers et contre une opinion publique qui collectionne les rancœurs et les raisons objectives d'embardée.

 
Eva JOLY, france-info, 24 10 2010
envoyé par FranceInfo. - L'info video en direct.

L’eurodéputée Eva Joly reconnaît donc implicitement s’être réjouie un peu vite de ce qui aurait pu effectivement sauver l’honneur de la justice et témoigner d’une moindre manifestation d’indépendance. Supercherie !

Comme pour mieux accentuer le pied de nez fait à l'opinion, dans le même temps, on apprend que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, contiguë à la réforme des retraites, va donner lieu à une nouvelle série de déremboursements  et que, sans doute pour amuser la galerie, la téléconsultation va régler la question de la démédicalisation en milieu rural sans que la toujours ministre de la santé ait à toucher au « Numerus clausus » dans les facultés de médecine.

Etc, etc. Dans ces conditions, comment ne pas envisager le pire. Mais ici, en Europe, qu’est-ce que « le pire » ? La réponse est sans doute sécuritaire, hélas.

21/10/2010

La chute ? Et après ?

« Nicolas Sarkozy (encore lui !) a également déploré les "désordres" suscités par les blocages de dépôts de carburant, estimant qu'ils constituaient de "nombreuses injustices" à l'endroit de "la majorité des Français qui souhaitent pouvoir continuer à travailler et à circuler librement. » source

Le refus justifié de la réforme des retraites masque celui des injustices multiples et variées qui nous sont imposées. Passer la vitesse supérieure signifierait que l’on ne vise plus seulement à faire tomber cette réforme injuste et inutile, mais que l’on embraye sur le rejet complexe de ce qui fonde l’injustice sociale en général.

On peut s’amuser de l’hystérique présidence mise en place en 2007. Mais cela ne mène pas loin sauf à maintenir par un rire grinçant une résistance rentrée. « Il faut bien que le corps exulte ». Et dans ce cas on peut se régaler d’une parodie sous-titrée du film « La Chute ».

la chute vidéo.jpg

Capture d'écran

Porte ouverte : la réforme des retraites est injuste et inutile

  • parce qu’elle ne met réellement et majoritairement à contribution que les personnes les plus modestes, salariés dans le meilleur des cas, tout en aggravant les discriminations existantes pour les femmes et sans considération pour l’usure physique ;
  • parce qu’elle oublie sciemment de taxer les revenus boursiers du capital et les entreprises les plus « rentables », notamment celles qui font transiter leurs bénéfices dans les paradis fiscaux ;
  • parce que son mode de financement est tel que, de toute façon, il faudra vraisemblablement revoir l’ensemble de la réforme avant qu’elle ait vraiment produit des effets, dans les trois ou quatre prochaines années.

Tout le monde sait ça ou fait semblant de ne pas le savoir. Dialogue de sourds.

la chute vidéo 2.jpg

Capture d'écran

Faux dialogues, pseudos consultations, délibérations sans débat, adoptions à la hussarde ? A quoi servent aujourd’hui les parlements ? Même Marie France Garaud, un comble, reconnaît qu’ils sont quasiment devenus hors d’usage. Vidéo

Comme le prévoyait Simone Weil, le « régime des partis » est en train de produire ses effets les plus néfastes, tout parlementaire ne dépendant plus de ses électeurs mais du parti qui l’a aidé à financer sa campagne et donc ses revenus, retraites et cumuls compris.

Au blocage de la société -pénurie d’essence organisée- s’ajoute le blocage des institutions -vote bloqué via l’art. 44 ou 49.3 et stérilité parfois consentie des opposants -.

Pour le court terme, l’alternative présidentielle serait entre :

  • « négocier enfin » (ou faire semblant) ;
  • « parier sur la décrue » des blocages pétroliers et des mouvements sociaux ;
  • « jouer la carte sécuritaire », encore un peu plus ;
  • « agiter de nouvelles marionnettes » en guise de ministres.

Pas terrible.

Au final, tout le monde sera de toute façon perdant et, sauf surprise, nous n’aurons même pas eu la mince satisfaction de voir les affaires Woerth ou Karachi justement traitées devant les tribunaux, ou ce qu’il en reste.

Un vrai suicide, façon kamikaze dont la responsabilité incombe au seul président de la République.

Et après ? Mis à part l’élimination du pouvoir en place, la reconstruction, si-reconstruction-il-y-a, passera nécessairement et en toute urgence par :

  • une nouvelle gouvernance mondiale préoccupée par la guerre à la pauvreté et la cohérence écologique ;
  • la remise en cause, sanctions à l’appui, de l’amoralité et du cynisme des marchés financiers ;
  • la conjonction des oppositions valorisées ;
  • la restauration du principe de séparation des pouvoirs.

Ce n’est qu’ensuite, toutes mesures transitoires ayant été prises, qu’un nouveau financement des retraites, sans passe-droits, et une réévaluation des protections sociales pourront être envisagés.

Qui sera en mesure de s’y attaquer ? Réponse en 2012 ou jamais.

15/10/2010

Bien obligé de le répéter

L’amendement 249 soumis au vote des députés le 3 septembre dernier a été rejeté.

Il concernait l’alignement de la retraite des députés et membres du gouvernement sur le régime général, cumul et montants.
Quels sont ceux qui ont pris part au vote ?...Qui a voté pour ce rejet ?...Faudra-t-il en rester là ? Autant de questions qui restent en suspens.

Pour mémoire :


Le scandal des retraites des parlementaires
envoyé par SudSdis. - L'actualité du moment en vidéo.

11/10/2010

Ne serions-nous pas tous des larbins laqués ?

Possible. Au hasard de la toile, deux vidéos surprenantes qui prennent à contrepied l’opinion publique, celle qui se fait jour à travers le mécontentement ambiant. L’une concerne les retraites et conclue que le meilleur moyen pour atteindre un minimum de justice sociale serait, au lieu d'aller manifester, de vider ses comptes bancaires (encore faut-il avoir quelque chose à retirer) tous ensemble comme un seul homme et au même moment … C’est signé Eric Cantona et c’est finalement assez sympathique même si la vidéo en question a été inopinément retirée du site Bellaciao, le risque de démobilisation pour le 12 octobre étant effectivement trop grand.


Eric Cantona et les Banques


L
’autre vidéo serait une leçon infligée par nos amis chinois qui n’hésitent pas (n'hésiteraient pas),à nous décrire tels que nous sommes : des « larbins ». Montage ou pas, même si les chinois, sauf leur prix Nobel et quelques réfractaires au régime, ne sont pas les mieux placés pour parler d'asservissement et de droits de l'homme, c’est bien vu, drôle et pas faux... Ce pourrait être signé Jean-Luc Mélanchon, un familier du terme ! Pourquoi pas, mais un peu gag quand même pour un possible candidat à la présidentielle de 2012. Pour l'instant, on suppute, mais il n'est pas interdit de penser que les chinois aussi peuvent se foutre de notre gueule. Probable.

Cynisme, humour et autodérision ? Un joli une-deux pour un contrepied qui a d'autant plus de sens qu'il permet de mieux digérer l'actualité assez grise.

01/10/2010

Récit de Yonatan et Itamar

Le bateau Irene, un petit voilier battant pavillon britannique, avec à bord sept militants juifs pro-palestiniens et deux journalistes, avait appareillé dimanche 26 septembre 2010 de Famagouste, dans le nord de Chypre. Il a été arraisonné par Tsahal.

Yonatan et Itamar Shapira sont deux des Israéliens qui étaient à bord de l’Irene, le bateau juif pour Gaza. C’est la raison pour laquelle ils ont été victimes de violences de la part des forces israéliennes qui ont intercepté le bateau. Voici leur récit une heure après avoir pu rejoindre leur famille en Israël :

Culomba Palistina.jpg

« Les médias israéliens sont sous l’influence de la propagande de l’armée. Ils proclament que l’arraisonnement du bateau s’est déroulé tranquillement et sans violence des deux côtés. La vérité, c’est que si les passagers du bateau étaient effectivement non-violents, il n’en a pas du tout été de même de la marine israélienne…
Au lever du soleil, nous avons stoppé à environ 35 miles de la côte, et avons placé toutes les banderoles des organisations et les fanions portant les noms des personnes qui nous ont soutenus. Le bateau avait l’air tellement mignon avec toutes ces couleurs… Nous avons alors navigué au sud-est en direction du port de Gaza. Le cinéaste Vish et le journaliste Eli sont alors montés à bord du dinghy pour prendre des photos du bateau et le filmer. Nous éprouvions tous un sentiment d’excitation et nous trouvions sur le pont pour dire au revoir à la quiétude du voyage que nous venions de vivre. Nous savions que nous allions être interceptés, et nous avons consacré le temps qui nous restait à nous préparer… Nous tenant chacun par la main, nous avons parlé des principes qui étaient ceux de ce bateau et avons décidé de la stratégie que nous adopterions pour traiter avec la marine.

Arrivés à environs 20 miles de Gaza, nous avons aperçu un imposant navire de guerre. À ce moment, tout était encore calme et nous avons donc poursuivi notre route. Lorsque le navire de guerre s’est rapproché, ils nous ont hélés et se sont adressés à Glyn, le capitaine de bord. Ils nous ont dit que nous pénétrions dans une zone fermée. En réponse, notre bateau a progressivement réduit son allure. Nous avons alors aperçu un autre bateau plus petit à ses côtés. Lorsque le navire de guerre s’est encore rapproché de l’Irene pour se mettre parallèlement à lui le petit bateau est resté sur place. Nous avons aussi aperçu d’autres petits vaisseaux qui se dirigeaient vers nous, venant de l’est. La marine nous a alors interpellés, nous demandant quelles étaient nos intentions… Nous avons répondu que nous nous dirigions vers Gaza.

La marine nous a fait la même réponse que celle qu’elle avait faite juste avant d’attaquer le Mavi Marmara : « Vous entrez dans une zone sous contrôle militaire, fermée selon le droit international»

Itamar, chargé de la communication avec la marine, répondit en lisant notre propre déclaration, en anglais et en hébreu : « Notre bateau a été affrété par l’organisation européenne “Juifs pour la Justice pour les Palestiniens”. Nous ne sommes pas armés, nous sommes non-violents et déterminés à accoster au port de Gaza. Vous procédez à un blocus illégal et nous nous ne vous en reconnaissons pas le droit. Sur ce bateau de Juifs pour la Justice pour les Palestiniens se trouvent des militants de la paix de tous âges dont un survivant du judéocide, un parent en deuil et des Israéliens qui refusent de collaborer à l’occupation illégale de la Palestine ».

Nous avons attendu qu’ils confirment avoir bien entendu notre message.
La marine a répété son propre message en hébreu. Ensuite des bateaux sont arrivés de tous les côtés… Huit vaisseaux nous ont encerclés, trois ou quatre étant équipés de canons.
Nous avons appelé les soldats à refuser les ordres qui leur étaient donnés :« Nous vous appelons, vous soldats et officiers, à refuser d’obéir aux ordres illégaux qui vous sont donnés par vos supérieurs. Nous vous informons que le blocus de Gaza et l’occupation des territoires palestiniens sont illégaux selon le droit international. Vous risquez donc d’être traduits devant des tribunaux internationaux. Le blocus et l’occupation sont inhumains et contredisent les valeurs morales tant universelles que juives. Agissez selon votre conscience. Souvenez-vous de notre douloureuse histoire. Refusez de participer au blocus. Refusez de participer à l’occupation ».

Itamar a répété ce message plusieurs fois en hébreu et en anglais lorsque les vaisseaux se sont rapprochés de nous. Chacun de nous était prêt à l’interception. Nous nous tenions par la main et Vish prenait des photos et filmait.

Il y avait plus de cent soldats sur l’ensemble des vaisseaux qui nous entouraient. Deux petits vaisseaux, armés de canons, se sont placés de chaque côté de l’Irene, nous invectivant avec des mégaphones et se rapprochant de plus en plus de nous. Glyn, notre capitaine, restait calme et agissait exactement selon les principes que nous avions établis, continuant de naviguer et provoquent le marine.

Le militaire s’est alors adressé directement à Itamar, lui signifiant qu’il serait tenu pour responsable des dommages qui pourraient nous être causé et du risque que nous prenions en ne changeant pas de direction. Nous avons très vite compris qu’il pourrait y avoir un abordage à tout moment. Les petits vaisseaux se rapprochèrent de nous et un soldat a sauté à bord.

ITAMAR : « Alors que j’étais occupé à parler avec le bateau qui naviguait à nos côtés avec, à bord, quelque 20 soldats armés, je fus stupéfait, pour la millième fois dans ma vie, de constater combien l’armée pouvait instrumentaliser la réalité. Ils insistaient sur le fait que c’était moi qui porterais l’entière responsabilité de la violence que nous pourrions avoir à subir si nous n’obéissions pas et du fait qu’ils seraient « contraints » d’aborder notre petit bateau. J’essayais ironiquement de leur faire comprendre combien il était ridicule de mobiliser tant de militaires bien entraînés et armés pour aborder un bateau naviguant avec neuf personnes non armées et non-violentes. Comment pouvaient-ils nous tenir pour responsables d’éventuelles violences ? Je leur rappelai qu’il y avait à bord un survivant du judéocide et un parent en deuil de l’assassinat de sa fille dans un attentat suicide, et que nous ne voulions pas de confrontation physique. Je pense que ça les a rendus furieux, mais les a aussi empêchés d’user de la violence à l’encontre de la majorité des passagers, mis à part Yonatan et moi. Il est très important de se rappeler que, quelques jours plus tôt, l’armée israélienne avait tué, sans battage médiatique, deux pêcheurs gazaouis qui avaient eu le tort de s’approcher d’un peu trop près de ce que l’armée a fixé comme frontière maritime. Il fut donc relativiser la violence qui nous a été faite ».

Ils s’en donc pris à Itamar et l’ont emmené sur leur bateau. D’autres soldats s’en sont vicieusement pris à Glynn en le poussant et en lui faisant lâcher la barre. Les autres passagers se tenaient par la main et chantaient “We Shall Overcome”. Il est possible que Reuven ait joué de l’harmonica !


ITAMAR : « D’après ce que j’ai compris, au moins deux soldats avaient été chargés de saisir tous les appareils audio-visuels. Le journaliste israélien de Channel 10 se tenait près de moi et un des soldats lui a tout simplement enlevé se caméra des mains. J’ai repris la caméra en prenant bien soin de ne pas toucher le soldat et l’ai mise derrière mon dos, refusant de la rendre au soldat. Celui-ci en a appelé un autre et ils s’y sont mis à deux, en hurlant, pour me faire bouger et lâcher la caméra. Voyant qu’ils n’y arrivaient pas, ils ont demandé l’autorisation à leur supérieur de m’arrêter. Quatre d’entre eux m’ont conduit sur leur bateau et ont voulu me forcer à m’allonger sur le sol pour me menotter. J’ai tenu bon jusqu’à ce que l’un d’entre eux me comprime l’artère du cou. J’ai alors entendu un affreux cri de Yonatan et l’ai vu perdre le contrôle de son corps suite à une décharge électrique qui lui avait été infligée. Yonatan a alors été amené sur le bateau sur lequel je me trouvais. Nous avons tous les deux été menottés et amenés sur un plus grand bateau ».

Pendant que nous nous tenions par la main, les soldats ont commencé à tout saisir. À ce moment, j’étais assis sur le sol du bateau, serrant Glyn et Reuven dans mes bras, tentant d’atténuer le risque pour eux. Ensuite, je suis allé m’asseoir à côté de Rami. Des soldats se sont approchés de Rami et de moi avec l’intention évidente de m’emmener sur un bateau de la marne. Rami et moi nous sommes étreints, la plus intense étreinte de ma vie !

Un officier s’est approché de nous en sortant son taser et en nous ordonnant d’arrêter de nous tenir l’un l’autre. Il m’a ensuite tiré deux décharges de taser dans l’épaule droite. Ça m’a fait un mal de chien, mais pas aussi mal que la décharge que j’ai reçue ensuite en pleine poitrine. J’ai totalement perdu le contrôle de mon corps et j’ai convulsé comme un épileptique. C’est ensuite qu’ils m’ont transféré sur un autre bateau.

C’est ainsi que s’est déroulée l’« interception non-violente » du bateau juif pour Gaza. Évidemment, si nous avions été Palestiniens ou Musulmans, ils auraient tiré à balles réelles… Mais comme nous étions des Juifs et des Israéliens, bénéficiant de l’attention du monde, ils n’ont pas voulu nous faire ce qu’ils ont fait au Mavi Marmara. Bien sûr, ils ont ensuite saisi toutes les preuves filmées par Eli et Vish. Et les seules images qui restent sont celles filmées par l’armée. Ce serait formidable si une pression s’exerçait sur l’armée pour qu’elle restitue les images que nous avons filmées. Quelles raisons peut-elle invoquer pour les garder ? Il s’agit d’un formidable document sur les 48 heures de notre voyage et des messages que nous avons écrits sur les banderoles de tous ceux qui nous ont soutenus.

Toutes les banderoles ont été jetées à terre par l’armée et le bateau a été conduit avec les passagers laissés à bord vers le port d’Ashdod.

Itamar et moi avons été conduits à Ashdod à bord du navire de guerre, ce qui a pris plusieurs heures. Nous y avons vu notre bateau à quai. Nous avons vu les manifestants qui protestaient, nos amis et nos familles qui nous attendaient sur la plage depuis le matin, ainsi qu’un bateau avec des cameramen qui attendaient de pouvoir nous parler mais qui furent interceptés et forcés de rentrer au port.

Nous avons été fouillés intimement et puis emmenés dans un bureau de police à Ashdod où nous avons aperçu d’autres manifestants qui nous attendaient.

Notre interrogatoire à Rami, Itamar, Reuven, Eli et moi dura plusieurs heures. Nous fûmes accusés d’avoir tenté de pénétrer dans une zone interdite. Rami, Itamar et moi fûmes de plus accusés d’avoir insulté et attaqué des soldats. Nous avons tous été relâchés vers 20 heures. Il est choquant d’avoir été attaqués aussi brutalement alors que nous nous étreignions et chantions, et il est surtout choquant d’avoir entendu l’armée prétendre que l’interception s’était déroulée pacifiquement.

À notre sortie du bureau de police, nous étions attendus par de nombreux médias israéliens, ainsi que par des journalistes de Reuters et d’autres médias. Nous avons répondu à leurs questions et puis Reuven a sorti son harmonica et nous a interprété un splendide chant juif à propos de personnes éprises de paix. Tout un public s’est joint à nous, mais nous n’en avons pas moins entendu certains passants crier «mort aux Arabes».

Si nous n’avions pas été des Juifs et des Israéliens nous aurions eu beaucoup moins de chances d’en sortir vivants. J’adresse mon amour et mes remerciements à tous ceux qui nous ont soutenus et aidés.»


NB : Yonatan ne s’est vu proposer aucun suivi médical après qu’il ait été victime de tirs de taser. Les Israéliens interrogés par la police ont été libérés moyennant une caution de 5000 nouvelles livres israéliennes et devront être à nouveau interrogés. La question de savoir s’ils seront inculpés n’est pas encore claire.

Outre les journalistes Eli et Vish, les passagers du bateau étaient :

  • Reuven Moskovitz : Israël, survivant du judéocide, il est membre fondateur du village judéo-arabe Neve Shalom (oasis de paix)
  • Rami Elhanan : Israël, il a perdu sa fille Smadar dans un attentat suicide en 1997, membre fondateur du Cercle des familles en deuil, réunissant des Israéliens et des Palestiniens ayant perdu un proche dans le conflit
  • Lilian Rosengarten : États-Unis, psychothérapeute ayant fui l’Allemagne nazie
  • Glyn Secker : Grande-Bretagne, il est le commandant de bord et membre de l’Organisation Juifs pour la justice pour les Palestiniens
  • Yonatan Shapira : Israël, ancien pilote de l’armée israélienne, initiateur de la lettre des 27 pilotes ayant refusé de larguer des bombes sur Gaza, il est membre du mouvement israélo-palestinien Combattants pour la paix
  • Carole Angier : Grande-Bretagne, biographe de l’écrivain, survivant d’Auschwitz, Primo Levi
  • Edith Lutz : Allemagne, infirmière, elle était déjà à bord du premier bateau pour Gaza en 2008
  • Alison Prager : Grande-Bretagne, enseignante, elle est  la coordinatrice médias sur le bateau
  • Itamar Shapira : Israël, frère de Yonatan, membre de l’équipage du bateau

29/09/2010

Le pied de nez permanent

Le dénouement au mal être général de l’Etat n’apparaîtra qu’au jour où la séparation des pouvoirs et l’effective prise en compte de l’intérêt général seront peu ou prou devenues et/ou redevenues une réalité. Utopie que de penser cela ? Peut-être.

En tout cas, c’est pour l’instant très clair : personne n’est aujourd’hui en mesure de contraindre le pouvoir en place de répondre au minimum de respectabilité ou de simple cohérence que l’on est en droit d’attendre de lui. Pire, le cynisme, le pied de nez permanent, jamais sanctionné ne débouche sur aucune révolte réelle ou aboutie, sur aucun retournement qui ne serait que justice. Les critiques passent comme les caravanes sans rien déclencher d’immédiatement audible et significatif.

Jusqu’à quand ?

Les diagnostics s’enchaînent sans véritable thérapie, sans qu'aucune garantie ne soit assurée de préserver un indispensable minimum constitutionnel . Un indispensable minimum qui passe, comme le soutient Serge Portelli, vice-président au Tribunal de Paris, par la restauration d’une justice indépendante et le maintien des juges d’instruction.


Affaire Woerth : pourquoi le juge d'instruction est crucial


Même le très docte Jean Daniel dans un éditorial pour le Nouvel Obs a fini par reconnaître que « S’il (NS) perd, il entraîne la France dans sa chute, s’il gagne, il entraîne le peuple dans le déshonneur. » Bel effort d’objectivité quoiqu’un peu tardif !

  • Manifestations contre les retraites : minimisées, voire méprisées.
  • Remarques humiliantes d’instances européennes ou internationales : ignorées, voire ridiculisées.
  • Recommandations d’institutions, dont c’est le rôle, pour prévenir les dérives d’un pouvoir qui n’a plus de frein : pas entendues, voire lettres mortes.
  • Le président de l’Assemblée nationale «ne se sent pas menacé».
  • le premier procureur de France, J-L. Nadal, recommande un dessaisissement du procureur Courroye, lequel refuse de céder le dossier Woerth à un juge d’instruction moins dépendant que lui. Ce qui ne serait pourtant pas bien difficile !...

Tout pourrait concourir à la violence, même si celle-ci s’avère inutile et sans effet sur le long terme.

Même s’ils peuvent apparaitre un peu crispés, les sourires des Woerth, Besson et consorts ont quelque chose de provoquant. Et ils s’en amusent ouvertement devant micros et caméras. Mais n’est pas humoriste qui veut et, en 2012, ne sera-t-il pas trop tard pour, ne serait-ce que pour, réhabiliter ce qu’il restera de cohésion sociale ?

16/09/2010

La honte habite à l’Elysée (suite)

Jean-Pierre Dubois, président de la Ligue des Droits de l’Homme a répondu aux internautes au cours d’un tchat organisé par le Nouvel Observateur.

Retenues ici, deux questions et deux réponses qui laissent envisager un regain de réactivité citoyenne qui dépasse une légitime indignation, très largement partagée, mais insuffisante au regard de l’escalade à laquelle se livre le régime sarkosien …

Et pour commencer, une plainte sera incessamment déposée à l’encontre du ministre Hortefeux à propos de la circulaire du 5 août émanant de ses services et discriminant nommément les Roms en tant que groupe ethnique.

 

Ce n’est pas parce que, le chef de l'Etat tente de se faire passer pour une victime incomprise ou que cette circulaire a soi-disant été remplacée, que cette dernière est devenue caduque et, surtout qu’elle n’est plus significative d’une xénophobie avérée et instrumentalisée sans vergogne.
Si la Cour de Justice européenne respecte les prérogatives qui lui sont échues de par les traités, elle devrait, comme l’y invite l’ensemble des opinions publiques, sanctionner l’Etat français, quelque soient les explications forcément oiseuses de celui-ci. Quant à la commission européenne, elle serait fondée de vérifier dans chaque pays si le droit, y compris le droit interne, est appliqué. Soit :

  • Ses propres traités sur la libre circulation dans l’espace européen
  • La mise à disposition de terrains susceptibles de recevoir les populations nomades,
  • L’utilisation des subventions européennes,
  • La non-discrimination en matière d’éducation, santé, travail

Mais revenons aux réponses de J-P. Dubois…

Question : « Comment peut-on s'organiser pour, si ce n'est annuler, tout du moins limiter, l'impact extraordinairement néfaste du virage droitier de nos dirigeants sur l'image de la France en Europe et ailleurs dans le monde ?
Comment faire entendre avec force la position française en accord avec notre histoire, nos valeurs et notre constitution sur la scène internationale ? »

Réponse : « La LDH considère qu'il est temps d'aller plus loin que l'expression légitime des indignations et protestations, d'ailleurs aujourd'hui largement partagées en France et à l'étranger. Nous devons éviter une sorte de paralysie civique dans laquelle les citoyens, tout en se déclarant très majoritairement mécontents, estimeraient que tout est joué d'avance et qu'aucune alternative crédible ne serait envisageable.

Car rien ne nous condamne à subir, "réforme" après "réforme", tant de recul de nos droits, de nos libertés, des solidarités et des valeurs mêmes de la République. Rien n'oblige les citoyens d'une démocratie à ne pas exercer leur pouvoir souverain. Encore faut-il que les cartes soient sur la table, et que les choix ne se réduisent pas à celui du prochain "monarque élu" sur son apparence, son air décidé et conquérant et une formule de "communicant" aussi creuse que sonore.

C'est pourquoi la Ligue des droits de l'Homme, avec déjà 35 organisations associatives et syndicales qui comme elles partent de la défense des droits au quotidien, va lancer le 20 septembre un" Pacte citoyen pour les droits". Pas pour bâtir un programme politique, ce qui est l'affaire des partis et non la nôtre. Mais pour combattre le défaitisme en montrant qu'il existe bel et bien des alternatives à la régression répétée des droits et des libertés, que l'on peut retrouver le chemin de plus de respect de chacun, d'égalité des droits et de solidarité, bref, retrouver la conviction que notre avenir nous appartient si nous voulons bien nous en mêler nous-mêmes et que le retour du progrès est alors parfaitement possible.

Ce Pacte s'adressera à toutes les forces politiques sauf bien sûr l'extrême droite, à tous les élus politiques et le moment venu à tous les candidats. Nous publierons sur un site dédié nos propositions et les réponses et réactions des uns et des autres, afin que les citoyens aient en mains toutes les cartes pour choisir souverainement le moment venu. Avant qu'il ne soit plus question que des personnes, des looks et de la compétition des égos, certes très importantes pour quelques centaines de personnes mais à des années-lumière des préoccupations des 60 millions de citoyens. Et parce qu'aux yeux de la LDH la défense et le progrès des droits passent d'abord par l'exercice actif de la citoyenneté. »

Question : « Pensez-vous que, s'agissant de l'amalgame entre Roms et délinquance, une majorité de Français soutiennent implicitement Nicolas Sarkozy, ou que a contrario, cela le desservirait dans ses ambitions politiques ? »

Réponse : « Je pense que la manœuvre de Nicolas Sarkozy a échoué : il y a bien sûr toujours des préjugés xénophobes dans une partie de la population, d'autant plus que la crise pèse et exaspère et que les boucs émissaires sont toujours une explication facile, mais les sondages et les mobilisations montrent que ce qui dominent c'est plutôt l'écœurement.
Vraiment, alors que des millions de gens sont touchés par la précarité, le chômage, l'inquiétude pour l'avenir, il faut jeter 15000 Rom en pâture à la vindicte et à la stigmatisation, il faut essayer de faire croire qu'ils seraient, parce que Rom, des délinquants, responsables "prioritaires" (!) de l'insécurité, et qu'il n'y aurait rien de mieux à faire que de réveiller les vieux préjugés contre les "voleurs de poule" ?
Vraiment, on va faire oublier ainsi les relations chaleureuses des familles Woerth et Bettencourt, la casse des retraites et des services publics, les promesses trahies sur les emplois de Gandrange et sur le pouvoir d'achat ?
Les Français, je le crois fermement, ne sont pas aussi bêtes qu'on le croit dans le petit groupe de collaborateurs de l'Élysée qui s'est substitué au gouvernement de la République.
Donc ne perdons ni courage ni espoir ! »

Plus d’infos sur le sujet

15/09/2010

La honte habite à l’Elysée

Contexte : cette année 2010 est consacrée, dans l'Union européenne, à la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale.
...

honte_Vincent_van_Gogh copier.jpg

Viviane Reding, issue du centre droit luxembourgeois, Vice-présidente de la Commission européenne responsable de la Justice, des droits fondamentaux et de la citoyenneté a fait une déclaration digne d’intérêt sur l'évolution de la situation concernant les Roms pris pour cible en pleine tempête franco-sarkosienne. Une tempête où tourbillonnent les affaires Woerth, Bettencourt, Karachi, Wildenstein, César …, une réforme inique des retraites, des tentatives diverses pour museler la presse et la Justice… Le tout sur fond de destruction massive de ce qu’il reste des services publics et de séparation des pouvoirs. Une calamité et un chaos sans nom.

A lire, la  résolution du parlement européen du 9 septembre. 

Déclaration de Viviane Reding, Bruxelles, le 14 septembre 2010...

« La Commission européenne a suivi de très près l'évolution de la situation concernant les Roms en France, au cours des dernières semaines. J'ai été personnellement interpelée par des circonstances qui donnent l'impression que des personnes sont renvoyées d'un Etat membre juste parce qu'elles appartiennent à une certaine minorité ethnique. Je pensais que l'Europe ne serait plus le témoin de ce genre de situation après la seconde guerre mondiale.

J'ai été on ne peut plus claire, dans ma déclaration publique du 25 août, quant aux doutes que j'avais concernant la légalité des mesures françaises – déclaration faite de commun accord avec le Président de la Commission, avec qui j'ai travaillé étroitement sur cette question pendant l'été.

Le 1er septembre dernier, j'ai, ensemble avec le commissaire Andor et la commissaire Malmström, présenté une analyse juridique préliminaire des mesures françaises, au Président Barroso et au Collège des commissaires.

Cette analyse préliminaire a souligné, entre autres, que la France serait en violation des lois de l'Union européenne si les mesures prises par les autorités françaises lors de l'application de la Directive sur la libre circulation avaient ciblé un groupe particulier de personnes basé sur la nationalité, la race ou l'origine ethnique.

Le Collège des commissaires a débattu cette question de manière intense la semaine dernière à Strasbourg.

Lors d'une réunion formelle avec les ministres Eric Besson et Pierre Lellouche, la Commission européenne – la commissaire Malmström et moi-même – a reçu des assurances politiques qu'aucun groupe ethnique spécifique n'avait été ciblé en France. Cela n'a pas permis de dissiper nos doutes.

C'est pourquoi mardi dernier, j'ai aussi envoyé une lettre formelle au ministre français Besson demandant des informations supplémentaires à envoyer rapidement à la Commission.

Je ne peux qu'exprimer mon profond regret que les assurances politiques données par deux ministres français mandatés officiellement pour discuter de cette question avec la Commission européenne, sont maintenant ouvertement en contradiction avec une circulaire administrative de ce même gouvernement.

Le rôle de la Commission en tant que gardienne des Traités est rendu extrêmement difficile si nous ne pouvons plus avoir confiance dans les assurances données par deux ministres lors d'une réunion formelle avec deux commissaires et en présence de 15 fonctionnaires de haut niveau de part et d'autre de la table.

Vu l'importance de la situation, il ne s'agit pas d'une offense mineure. Après 11 ans d'expérience à la Commission, je dirais même plus, c'est une honte.

Soyons clairs : la discrimination sur base de l'origine ethnique ou de la race, n'a pas sa place en Europe. Elle est incompatible avec les valeurs sur lesquelles l'Union européenne est fondée. Les autorités nationales qui discriminent à l'encontre de groupes ethniques lors de l'application de la loi de l'Union européenne violent aussi la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne, dont tous les Etats membres sont signataires, y compris la France.

Je trouve donc extrêmement troublant que l'un de nos Etats membres, à travers des actes de son administration, remette en question, de manière aussi grave, les valeurs communes et le droit de l'Union européenne.

Je souhaite aussi exprimer mon désaccord avec les déclarations faites hier par le Secrétaire d'Etat aux affaires européennes mettant en cause le rôle de la Commission européenne en tant que gardienne des Traités. Permettez-moi de rappeler le rôle de la Commission en tant que gardienne des Traités, qui est un des fondements de l'Union européenne – une Union dont la cohésion existe, non pas par la force, mais par le respect des règles de droit convenues par tous les Etats membres, y compris la France.

Je prends note du fait que les autorités françaises semblent elles-mêmes devenir conscientes que les évènements de ce weekend les mettent dans une situation intenable. Je prends aussi note que hier après-midi le ministre français de l'Intérieur a signé une nouvelle circulaire sur cette question, éliminant les références à un groupe ethnique spécifique.

Nous sommes en train d'en examiner les conséquences juridiques ; il est important que ce ne soient pas seulement les mots qui changent mais aussi le comportement des autorités françaises. Je demande donc aux autorités françaises une explication rapide.

La Commission tiendra compte de l'ensemble de ces évolutions ainsi que toute autre documentation pertinente, dans notre analyse juridique finale de la situation. Cette analyse juridique est conduite en étroite coopération par mes services, les services des commissaires Malmström et Andor, ainsi que le Service juridique du Président. Je m'attends à ce qu'elle soit finalisée dans les jours qui viennent.

Je suis personnellement convaincue que la Commission n'aura pas d'autre choix que d'ouvrir une procédure d'infraction à l'encontre de la France sur la base de deux motifs :

- Une procédure d'infraction contre la France pour application discriminatoire de la Directive sur la libre circulation.

- Une procédure d'infraction contre la France pour manque de transposition des garanties de procédurales et matérielles prévues par la Directive sur la libre circulation.

Bien sur, je donnerai aux autorités françaises le droit de soumettre dans les prochains jours leurs commentaires sur les nouveaux développements. Toutefois ma patience arrive à ses limites, trop c'est trop.

Aucun Etat membre n'est en droit de s'attendre à un traitement spécial lorsque les valeurs fondamentales et le droit européen sont en jeu. Aujourd'hui cela s'applique à la France. Et cela s'appliquera de la même manière à tout autre Etat membre, grand ou petit, qui serait dans une situation comparable. Vous pouvez compter sur moi. »

10/09/2010

Voyage au « Pays longiligne »

(Le « Pays longiligne », c'est ainsi que Pablo Neruda baptisait affectueusement le Chili, sa terre natale.)

Ancien médecin issu des classes moyennes et fondateur du parti socialiste (en 1933), Salvador Allende (dit "El Chicho") est le premier socialiste qui accède par les urnes à la tête d'un pays d'Amérique latine. Représentant d'une force de gauche baptisée l'Unité Populaire, il est élu à la présidence de la République le 4 septembre 1970 et mène dès lors une politique très sociale. Il nationalise les mines de cuivres, les industries, morcelant les grands domaines au profit des petits paysans et en augmentant fortement les salaires. Mais les propriétaires nord-américains ne l'entendent pas de cette oreille. Le secrétaire d'Etat, Henry Kissinger, déclare alors : «Nous ne pouvons laisser un pays devenir communiste par l'irresponsabilité de son propre peuple».

Bon nombre de Chiliens issus de classes moyennes et aisées répondent en écho aux Etats Unis de  Richard Nixon et Nelson Rockefeller. Çà et là surgissent de violents foyers d'insurrection, la plupart du temps financés par la CIA.

L'Armée décide de mettre un terme - par la force - à l'expérience socialiste. Le 11 septembre 1973, des unités de la marine neutralisent le port de Valparaiso, des chars envahissent les rues de Santiago, les militaires s'emparent des stations de radio, instaurent le couvre-feu et demandent à Allende de démissionner.

Retranché dans son Palais de la Moneda, le président refuse. Armé d'une mitraillette, il résiste tant qu'il peut, puis acculé dans le palais à demi détruit par les bombardements de l'aviation, se donne la mort. Il avait 65 ans.

… On connaît la suite.

Fjords chiliens.jpg

Retranscription en guise d’hommage du dernier discours du Président Salvatore Allende :


« Je paierai de ma vie la défense des principes qui sont chers à cette patrie. La honte rejaillira sur ceux qui ont renié leurs engagements et manqué à leur parole, comme ils ont renié la doctrine des forces armées…

...Le peuple doit être vigilant, il ne doit pas se laisser provoquer ni massacrer, mais il doit défendre ses conquêtes. Il doit défendre le droit de construire avec son travail une vie digne et meilleure…

En ce moment les avions nous survolent. Il est possible qu’ils nous criblent de projectiles. Mais sachez que nous sommes ici, ne serait-ce que pour affirmer par notre exemple que, dans ce pays, il y a des hommes qui savent accomplir leur devoir. Je le ferai comme représentant du peuple et avec la volonté lucide d’un président qui a conscience de la dignité de sa charge…

Compatriotes, il est possible qu’ils réduisent les radios au silence. Je prends congé de vous. Peut-être est-ce la dernière fois que j’ai l’occasion de m’adresser à vous. Les forces aériennes ont bombardé les tours des radios Portales et Corporación. Mes paroles n’expriment pas l’amertume mais la déception. Elles seront le châtiment moral de ceux qui ont trahi le serment qu’ils ont prêté, les soldats chiliens, les commandants en chef, l’amiral Merino qui s’est lui-même désigné comme tel, le général Mendoza, ce général vil qui, hier encore, manifestait sa solidarité et sa loyauté envers le gouvernement et qui s’est désigné lui-même commandant en chef des carabiniers.

Face à ces événements, il ne me reste qu’une chose à dire aux travailleurs : je n’abdiquerai pas. Situé en ce moment historique, je paierai de ma vie ma loyauté au peuple. Je vous dis avoir la certitude que la semence que nous avons enfouie dans la conscience digne de milliers et de milliers de Chiliens ne sera pas définitivement perdue. Ils ont la force, ils pourront nous asservir, mais on n’arrête les mouvements sociaux ni avec le crime ni avec la force. L’histoire est nôtre, ce sont les peuples qui la font.

Travailleurs de mon pays, je veux vous dire ma gratitude pour la loyauté que vous avez toujours eue, pour la confiance que vous avez mise en un homme qui fut seulement l’interprète des grandes aspirations à la justice, qui s’est engagé à respecter la Constitution et la loi, et qui l’a fait.

C’est le moment final, le dernier où je peux m’adresser à vous. J’espère que la leçon sera comprise. Le capital étranger, l’impérialisme, uni à la réaction, ont créé le climat propice pour que les forces armées rompent avec leur tradition, celle que Schneider leur avait indiquée et que le commandant Araya avait réaffirmée, victimes du même milieu social qui doit aujourd’hui attendre dans ses maisons de conquérir le pouvoir avec l’aide de l’étranger, pour continuer à défendre ses propriétés et ses privilèges.

Je m’adresse surtout à la femme modeste de notre terre, à la paysanne qui a cru en nous, à l’ouvrière qui a travaillé davantage, à la mère qui a toujours su s’occuper de ses enfants. Je m’adresse aux cadres de la patrie, aux cadres patriotes, à ceux qui depuis longtemps luttent contre la sédition dirigée par les syndicats patronaux, syndicats de classe dont le but est de défendre les avantages d’une société capitaliste.

Je m’adresse à la jeunesse, à ces jeunes qui chantèrent et communiquèrent leur joie et leur esprit de lutte.

Je m’adresse à l’homme du Chili, à l’ouvrier, au paysan, à l’intellectuel, à ceux qui seront poursuivis parce que le fascisme est déjà présent depuis longtemps dans notre pays, perpétrant des attentats terroristes, faisant sauter les ponts, coupant les voies ferrées, détruisant les oléoducs et les gazoducs, devant le silence de ceux qui avaient le devoir d’agir … l’histoire les jugera.

Radio Magallanes va sûrement être réduite au silence et le son paisible de ma voix n’arrivera pas jusqu’à vous. Peu importe, vous continuerez à m’entendre. Je serai toujours à vos côtés, mon souvenir sera au moins celui d’un homme digne qui fut loyal à sa patrie. Le peuple doit se défendre, mais ne pas être sacrifié. Le peuple ne doit pas se laisser abattre ni cribler de coups, et il ne doit pas non plus se laisser humilier. Travailleurs de mon pays, j’ai foi au Chili et en son destin. D’autres hommes surmonteront le moment triste et amer où la trahison prétend s’imposer. Continuez à penser que s’ouvriront bientôt, beaucoup plus tôt que tard, les grandes avenues où passera l’homme libre pour construire un monde meilleur.

Vive le Chili, vive le peuple, vivent les travailleurs !

Ce sont mes dernières paroles. J’ai la certitude que le sacrifice ne sera pas vain. J’ai la certitude que, du moins, il y aura une sanction morale qui châtiera la félonie, la lâcheté et la trahison. »

07/09/2010

Appel du 7 septembre

Dans un contexte de crise sociale et de politiques publiques qui augmentent les inégalités, la grève et les manifestations de mardi 7 septembre revêtent une importance cruciale pour l’avenir de la solidarité sociale.

La LDH, qui défend depuis plus d’un siècle l’indivisibilité des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels, appelle les citoyens à ne pas se laisser duper par les discours qui prétendent que la seule solution pour financer la protection sociale consisterait à aggraver les conditions d’exercice de l’activité professionnelle de toute une vie pour pouvoir bénéficier d’une retraite digne de ce nom.

DEVOIR SOLIDARITE.jpg

Parce que le droit à une retraite décente fait partie des droits de l’Homme, la LDH rappelle les raisons de son engagement dans ce mouvement social :

  •  La retraite par répartition est la seule qui garantisse les droits de tous. La crise des marchés financiers a détruit les retraites « par capitalisation individuelle » de dizaines de millions de personnes sur le continent américain. Et la capitalisation n’ouvre de droits qu’à ceux qui peuvent se la payer…
  •  L’argument démographique ne doit pas masquer l’essentiel : le nombre d’actifs et la création de richesse dans un pays donné. C’est dans la lutte contre le chômage et la précarité que se construit aussi l’avenir des retraites. Et le progrès qu’est l’allongement de la durée de la vie ne peut être confisqué pour favoriser ceux qui rêvent de vendre de l’ « épargne-retraite ».
  •  L’idée que les vieux seraient privilégiés par rapport à des jeunes pauvres est une insulte à la masse des retraités qui perçoit le minimum vieillesse non contributif ou une pension proche du Smic. En fait les inégalités passent à l’intérieur des générations, et s’il y a une opposition entre pauvres et riches, elle n’est pas entre classes…d’âge.

Tout discours sur le recul des prélèvements obligatoires et sur le développement de l’épargne-retraite a pour objet, et en tout cas pour effet, de renvoyer chacun à son propre sort supposé mieux assuré par l’individualisation et l’assurance personnelle, avec comme seule perspective l’augmentation des inégalités tout au long de la vie.

Repousser l’âge minimal légal de départ à la retraite et l’âge de retraite à taux plein, après avoir indexé les pensions sur les vingt-cinq meilleures années et sur les prix, c’est imposer une considérable diminution des pensions des salariés les plus modestes, les plus précaires, les moins qualifiés, et notamment aggraver la situation de très nombreuses femmes exposées à la précarité et aux carrières discontinues.

La retraite est le reflet du marché du travail. Prôner le recul de l’âge de départ à 62, voire à 67 ans, c’est faire semblant d’ignorer que 60% des salariés ne sont plus en activité à 60 ans, ce qui signifie, si la « réforme » devait passer, l’impossibilité pour le plus grand nombre d’avoir une retraite à taux plein.

Sauver la retraite par répartition, refuser la baisse massive des retraites et l’explosion des inégalités devant le droit à la retraite, c’est refuser un projet de société dans lequel les salariés pauvres seraient des retraités encore plus pauvres et les actifs privilégiés resteraient des rentiers protégés. C’est l’avenir de la solidarité qui se joue dès ce 7 septembre autour de la mobilisation à laquelle la LDH appelle tous les citoyens attachés à l’égalité des droits et à la justice sociale.

29/08/2010

Fin de session


28/08/2010

Santé mentale : la politique de l’enfermement sans contrôle

«Il faudrait penser une définition extensive, entre guillemets, de l’honneur et de l’indignité nationale des élites» (certaines ne se font pas prier pour occuper les plus hautes marches du podium de la honte). «Et je ne parle pas seulement des élites politiques mais aussi des élites économiques, culturelles, artistiques qui se contentent de cet écart grandissant, scandaleux, abominable» (entre eux-mêmes et les individus qui sont censés les applaudir). «Et non seulement s’en contentent mais aussi l’entérinent et le renforcent.» Cynthia Fleury

Il y a heureusement des associations et quelques libres penseurs qui restent vigilants et s’opposent aux attaques, à l’active indignité, au déshonneur insigne dont font preuve ces «élites» qui nous gouvernent et qui, si l’ironie s’en mêlait, seraient recalées au premier des contrôles de droit constitutionnel organisé pour débutants. 

chagall_homage_to_apollinaire copier.jpg

Extrême limite en forme de rappel historique :

A la fin de l'année 1939, lors de l'extermination de malades mentaux («euthanasie»), des médecins allemands commencèrent des expériences avec du gaz toxique en vue de l'extermination de masse. Euphémisme nazi, le terme «euthanasie» désignait l'extermination systématique des Allemands considérés comme «indignes de vivre» en raison de leur maladie mentale ou de leur handicap physique.

Le terme «euthanasie» (littéralement, «bonne mort») fait habituellement référence à l'administration d'une mort sans douleur à un malade atteint de maladie chronique ou en phase terminale. Dans l'usage nazi, cependant, le terme «euthanasie» désigne l'extermination systématique des handicapés physiques et mentaux accueillis dans des institutions, et ce, à l'insu de leurs familles.

....

D’où le communiqué suivant qui pointe un inquiétant projet de loi (un de plus) …

« Santé mentale : la politique de l’enfermement sans contrôle

Le projet de loi sur la psychiatrie, modifiant la loi de 1990 s’inscrit dans le mouvement de restriction des libertés individuelles développé par le gouvernement. Au nom de la sécurité, c’est sur un arsenal avant tout répressif que les pouvoirs publics comptent pour tenter de camoufler la déshérence dans laquelle le secteur de la psychiatrie publique a été laissé. Le projet de loi porte ainsi atteinte aux droits fondamentaux.

Dans la continuité des autres réformes en cours, ce projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes qui font l’objet de soins psychiatriques et à leurs modalités de prises en charge, constitue une régression manifeste de l’accompagnement des patients. A la lecture des ces articles, il est aisée de comprendre que ce projet n’a d’autres objectifs que se servir une démarche sécuritaire et non sanitaire.

La Constitution, socle de notre démocratie, garantit l’égalité d’accès au droit de tous sur notre territoire. Ainsi, dans son article 66, elle érige le juge judiciaire comme le gardien de la liberté individuelle. En revanche, le gouvernement dans son projet de loi, accentue le pouvoir de décision du Préfet au détriment du juge civil, portant ainsi atteint au principe même de l’habeas corpus à la française.

L’ensemble de ce dispositif est complété par « une garde à vue psychiatrique » d’une durée de 72 heures sans aucune garantie des droits les plus élémentaires, sans droit à un débat contradictoire, à des voies de recours immédiates et effectives.

Un Collectif auquel participe la Ligue des droits de l’Homme s'est constitué afin de défendre les libertés individuelles et de s’opposer à l’aggravation des conditions des hospitalisations psychiatriques sous contrainte.

Ce collectif propose la signature de son appel «Mais c’est un homme… appel contre les soins sécuritaires» :

http://www.maiscestunhomme.org/

25/08/2010

« Le Petit Maurice »

Rafle, bannissement, exil …, nous n’en finissons pas de vivre une époque formidable et, ce n’est surement pas l’actuelle campagne sécuritaire qui ne constitue somme toute qu'un premier niveau de noirceur, qui y changera quoique ce soit. Il faut donc continuer à résister, illustrer et faire connaître aux générations futures le fond très obscur de notre société.


TRAILER BD "Le Petit Maurice dans la Tourmente" Ed.TARTAMUDO

« Le petit Maurice dans la tourmente » est une BD qui va dans ce sens et sera mise en vente à la fin du mois d'août aux Editions Tartamudo.

On peut aussi conseiller la lecture d'un article d'Emmanuel FILHOL (spécialiste de la question Tsigane en France de 1940 à 1946), article paru dans La Vie des Idées et intitulé « La France contre ses Tsiganes ».

20/08/2010

Sakineh Mohammadi Ashtiani

Monsieur l’Ambassadeur,


Madame Sakineh Mohammadi Ashtiani est menacée de mort par lapidation. Quelles que soient les raisons qui sont mises en avant pour justifier une telle sentence, je veux vous dire combien il est révoltant qu’une femme soit condamnée à mort, qui plus est par lapidation, pour des faits qui tiennent de la libre disposition de son corps.

sakiney.jpg
Depuis plus d’un siècle, la Ligue des droits de l’Homme se bat pour que la dignité de l’humanité soit respectée, pour que chacun de ses membres soit regardé comme essentiel au devenir de tous.

C’est pourquoi, le sort de Madame Sakineh Mohammadi Ashtiani nous importe comme nous importe le sort des condamnés à mort aux Etats-Unis, en Arabie Saoudite ou en Chine.
Aucune faute, si tant est en l’espèce qu’il en existe une, pas plus qu’aucune prescription religieuse, ne peuvent justifier qu’un être humain soit privé de sa vie.

Le recours au moyen barbare qu’est la lapidation ne fait qu’ajouter à l’inacceptable. Nul n’est à l’abri d’avoir à rendre compte de ses actes, surtout lorsque, agissant au nom d’un Etat, on méprise aussi ouvertement les droits les plus élémentaires.
Le peuple d’Iran a inscrit sa marque depuis des millénaires dans la vie de l’humanité. Ce serait faire injure à son histoire et à son avenir que de commettre un tel crime.

C’est pourquoi, nous demandons aux autorités iraniennes d’abandonner toutes sanctions à l’encontre de Madame Sakineh Mohammadi Ashtiani.

Je vous prie de croire, Monsieur l’Ambassadeur, en l’assurance de notre haute considération.

Jean-Pierre Dubois
Président de la Ligue des droits de l’Homme

 

17/08/2010

Etat - limite

Un message vivifiant où tout est dit, face à la négation des valeurs humaines et à l’hypocrisie qui précèdent le renoncement dans un "Etat-limite".

Serge Portelli, magistrat, vice-président au Tribunal de Paris a prononcé le discours qui suit sur le plateau de Glières en mai 2010. Ce discours est bien sûr toujours d’actualité. Il le restera aussi longtemps que nécessaire : le temps pour l’Etat de retrouver une dignité perdue.


Serge Portelli Paroles de Résistance / Glières 2010

12/08/2010

Pour une supplique au PS

Du devoir de résistance prôné à juste titre, il n’y a pas si longtemps, par bon nombre d'associations (ex : Campagne LDH «Urgences pour les Libertés, pour les Droits»), de personnalités représentatives du réveil républicain d'après guerre - Stéphane Hessel par exemple -, implicitement par des intellectuels sans frontière comme Noam Chomsky, nous sommes passés au devoir «d'insurrection civique».

A partir de ce constat, se pose une question : sommes-nous en mesure d'adresser une supplique (pourquoi pas une pétition ?) au Parti Socialiste (qui d’autre ?) pour que, quelque soit l'estime dans lequel nous le tenons et les griefs que nous lui adressons, il se sente tenu d'organiser l’insurrection «tranquille» qui s'impose, de la «solenniser». Du même coup, il retrouverait enfin le courage qui lui a si souvent fait défaut, l'authenticité du label «de gauche» dont il se réclame chichement et l’audace d’une jeunesse retrouvée. Etant entendu que «la gauche» ne peut plus se contenter de répondre sur le seul terrain de l'efficacité sécuritaire comme s'il s'agissait d'un débat technique parmi d’autres.

Sans organisation minimum, l’insurrection civique, devenue nécessaire sous cette présidence qui aura décidément rendu la République bâtarde, serait impossible et accentuerait le sentiment d’impuissance dans lequel le peuple citoyen se trouve.

Edwy Plenel, rescapé des écoutes téléphoniques de l’ère mitterrandienne, l’a tout à fait compris qui  signe et titre sur Médiapart un article :

« Sarkozy contre la République : un président hors la loi »

Extraits :

«La diversion xénophobe organisée par le pouvoir pour tenter de faire oublier le feuilleton Bettencourt est un tournant du quinquennat : désormais, Nicolas Sarkozy est un président hors la loi. La fonction que le suffrage populaire lui a confiée en 2007 lui impose de veiller au respect d'une Constitution qui « assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine ». Par son discours de Grenoble visant les personnes « d'origine étrangère », il a donc violé la loi fondamentale et, par conséquent, manqué aux devoirs de sa charge. Cet événement ne saurait être traité à la légère par les républicains et les démocrates, de quelque bord qu'ils soient : il oblige au sursaut le plus large et le plus solennel.

(…) Nul besoin d'être un constitutionnaliste chevronné pour comprendre que Nicolas Sarkozy a commis une faute contre la nation, la république et le peuple tels qu'ils sont définis par notre loi fondamentale. Par l'affirmation que « la nationalité doit pouvoir être retirée à toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d'un fonctionnaire de police, d'un militaire de la gendarmerie ou de toute autre personne dépositaire de l'autorité publique », le chef de l'Etat a publiquement proposé d'instaurer deux catégories de Français et de ruiner le principe d'égalité devant la loi, en créant une nationalité conditionnelle pour les Français d'origine étrangère.

(…) Ces précisions historiques disent la gravité de l'enjeu. En faisant de la déchéance nationale le pivot de son discours sécuritaire, Nicolas Sarkozy a officialisé la xénophobie et le racisme comme ressorts de sa pédagogie politique. Proclamer que des Français peuvent être exclus de la communauté nationale au nom de leur « origine étrangère », c'est consacrer l'étranger comme figure du danger, de la délinquance et de la déviance. C'est affirmer que la France abriterait un peuple innocent, sain et pur que contamineraient des populations allogènes, extérieures ou différentes.

C'est encourager des persécutions de tous ordres contre les Français qui, dans l'ordinaire des préjugés contemporains, font figure d'étrangers, c'est-à-dire tous nos compatriotes issus des immigrations coloniale ou postcoloniale, arabes ou noirs, de culture ou de confession musulmane. Que cette ignominie soit aussi une diversion politicienne, celle d'un pouvoir discrédité, ne saurait autoriser à la relativiser …

(…) En imposant la déchéance nationale comme urgence politique, Nicolas Sarkozy savait fort bien qu'il convoquait un imaginaire d'exclusion, de tri et de sélection, où xénophobie et racisme s'entretiennent et s'épanouissent.

A peine renversée la République et instauré l'Etat français, les 10 et 11 juillet 1940, le premier geste du régime de Vichy fut de promulguer, le 16 juillet, une loi « relative à la procédure de déchéance de la qualité de Français ». Dans la foulée, le 17 juillet, les naturalisés furent exclus de toute la fonction publique, puis, successivement, dès l'année 1940, des professions suivantes : médecins, dentistes, pharmaciens, avocats, vétérinaires, architectes. Le 22 juillet, une nouvelle « loi » (…) - le maréchal Pétain exerçant seul le pouvoir législatif - instaura une procédure expéditive de révision des naturalisations. Enfin, le 23 juillet 1940, était promulguée la « loi relative à la déchéance de la nationalité à l'égard des Français qui ont quitté la France », dont furent notamment victimes Charles de Gaulle et Pierre Mendès France.
Le premier statut des Juifs suivit, …

(…) On aurait tort de se rassurer en pensant qu'il ne s'agit là que de paroles : ces mots produisent forcément des actes, tant cette hystérie verbale est un appel à la violence. En ce sens, le crime contre la République se double d'une provocation contre la Nation, son unité et sa concorde.

(…) L'énormité de la transgression présidentielle a suscité d'opportunes réactions et des protestations bienvenues. Mais l'on sent pourtant comme une retenue, voire un embarras (une incapacité à évaluer « la gravité de l'enjeu » ? ndlr).

(…) D'autres voudraient croire qu'il ne s'agit là que des «erreurs» d'une présidence qui vaudrait mieux que cette surenchère démagogique, accélérée par son affolement panique après l'affaire Bettencourt.

C'est se tromper doublement, dans l'analyse comme dans la perspective. Alliage de xénophobie et de violence, la politique de la peur est, depuis l'origine, au ressort du sarkozysme, de sa marche vers la présidence comme de sa gestion du pouvoir.

(…) Cette constance, frisant l'entêtement, montre bien que les diversions politiciennes n'excluent pas les convictions politiques. Et, de fait, qu'est-ce que la promotion de la xénophobie et la diffusion du racisme, au cœur des discours et des actes officiels, sinon une diversion à l'usage des classes populaires par rapport aux réalités sociales qu'elles endurent ? Vieille et dangereuse recette où la guerre des pauvres fait la paix des riches ; où le plus grand nombre est renvoyé aux peurs et aux haines tandis qu'une infime minorité s'enferme dans une citadelle de confort et d'indifférence.

(…) Tous ceux qui tergiversent ou calculent, conseillent de patienter ou d'attendre, n'auront à leur disposition que leur impuissance et leur solitude quand la violence présidentielle aura fait son effet, diffusé la peur et réveillé les haines, faute d'avoir été d'emblée enrayée par une force nouvelle, aussi unie que déterminée, aussi rassemblée que convaincue.

11/08/2010

A propos de la déchéance de nationalité et de la situation des Roms

Communiqué de presse de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme

La CNCDH a reçu mission de « veiller au respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans notre pays, c'est-à-dire des principes de liberté, d’égalité et de fraternité ainsi que d’égale dignité de la personne humaine qui fondent notre République ».

La CNCDH est très préoccupée par la succession de déclarations officielles de caractère discriminatoire à l’encontre des gens du voyage, des Roms, des « Français d’origine étrangère » ou encore des mineurs délinquants et de leurs parents. Elle s’inquiète en particulier des mesures annoncées en matière de sécurité et d’immigration qui seraient introduites par le biais d’amendements  dans des textes examinés en septembre, notamment le projet de loi sur la sécurité intérieure (LOPPSI) présenté au Sénat et celui sur l’immigration présenté à l’Assemblée Nationale.

La CNCDH s’est prononcée récemment sur plusieurs réformes en cours, notamment dans son avis du 5 juillet 2010 sur le projet de loi sur l’immigration, l’intégration et la nationalité. La Commission sera amenée, le moment venu à se prononcer sur les nouveaux textes, tout en déplorant cette méthode d’élaboration de la loi, dans l’urgence et l’improvisation, qui permet de contourner l’avis préalable du Conseil d’Etat et contribue à l’instabilité de notre droit, notamment, dans le domaine sensible du droit des étrangers.

La CNCDH a déjà rappelé l’importance d’une politique cohérente, stable et lisible dans tous les domaines touchant aux droits de l’homme, et notamment en matière de droit pénal et de droit de la nationalité, conformément aux principes constitutionnels et aux engagements internationaux de la France, en tant que «République indivisible, laïque, démocratique et sociale » qui « assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion » (art 1er de la Constitution de 1958).

Les déclarations visant en particulier les Roms sont l’occasion pour la CNCDH de rappeler l’étude qu’elle a publiée le 7 février 2008, ainsi que les propositions formulées dans un avis adopté le même jour. L’étude est consacrée aux discriminations à l’encontre, d’une part, des Gens du voyage et, d’autre part, des Roms migrants, en analysant ces diverses situations au regard des droits fondamentaux.

rromsA-139ab.jpg

Dans le droit fil de son avis du 10 juillet 2010, la CNCDH souligne que l’élargissement des cas dans lesquels une personne serait déchue de sa nationalité introduit une distinction entre les citoyens, ce qui est contraire au principe d’égalité. Cette mesure resterait par ailleurs purement symbolique. Elle n’aurait de plus aucun effet dissuasif et renforcerait de surcroît l’incertitude quant à l’appartenance à la nation de ceux qui ont acquis la nationalité française.

Enfin, on ne peut que s’inquiéter de l’annonce de la suppression de l’automaticité de l’acquisition  de la nationalité française, à leur majorité, pour des mineurs nés en France qui auraient été condamnés et de la proposition de loi relative à la responsabilité pénale des parents qui n’auront pas su faire respecter les obligations auxquelles leurs enfants condamnés auront été soumis. Face à ces déclarations « de guerre nationale contre la délinquance », un renforcement des mesures préventives et éducatives accompagnées de moyens humains et financiers semble plus approprié dans un Etat de droit, conciliant liberté personnelle et sécurité juridique et récusant toute forme de discrimination individuelle ou collective.

10/08/2010

Question de sécurité

ne les oublions pas copier.jpg

S’ils étaient libres Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière, enlevés le 30 décembre 2009 avec leurs accompagnateurs Afghans Mohamed Reza, Ghulam et Satar, n’oublieraient surement pas les affaires Woerth, Karachi, Wildenstein et consorts actuellement mises sous séquestre sous prétexte sécuritaire.

Nous ne les oublions pas.

05/08/2010

Stratégie du pilori

Pas question de ne pas signer l’appel à protester contre la xénophobie du gouvernement en place. Ignoble de montrer du doigt une partie de la population sous prétexte de la délinquance supposée de quelques-uns de ses membres. Il est donc indispensable et légitime de signer et manifester sa réprobation et son indignation.

doigt 3.jpg
Mais, il ne faudrait tout de même pas oublier que le déchainement sécuritaire auquel on assiste, a non seulement pour but de racoler les voix du FN, mais aussi et peut-être surtout de masquer un certain nombre d’affaires compromettantes qui, elles-mêmes, ne sont que le résultat de la dérive républicaine amorcée par le Président de la République et ses tristes lieutenants.

Il ne s’agit que «d’une stratégie», d’un contrefeu qui a, c’est à espérer, peu de chance d’aboutir puisque la déchéance de la nationalité, par exemple, contreviendrait à l’article 1er de la Constitution.

Utilisée pour détourner l’attention, - l’humiliation et l’amertume des personnes ainsi montrées du doigt n’en seront que plus grandes -, c’est contre cette manipulation indigne qu’il faut aujourd’hui s’élever.

Nous n’en serions surement pas là si la séparation des pouvoirs n’avait pas été mise à sac et si les partis politiques avaient eu d’autres préoccupations que celle de se survivre à eux-mêmes, coûte que coûte, dans le seul intérêt de leurs leaders.

L’appel lancé par la Ligue des Droits de l’Homme se matérialisera le 4 septembre à Paris, mais surement aussi en province. A souhaiter que les démarcations partisanes y soient dépassées.

« Face à la xénophobie et à la politique du pilori : liberté, égalité, fraternité

Les plus hautes autorités de l’Etat ont fait le choix de jeter à la vindicte publique des catégories entières de population : Gens du voyage accusés comme les étrangers d’être des fauteurs de troubles, Français d’origine étrangère sur lesquels pèserait la menace d’être déchus de leur nationalité, parents d’enfants délinquants, etc.

Voici que le président de la République accrédite aussi les vieux mensonges d’une immigration coûteuse et assimilée à la délinquance, et offre ainsi à la stigmatisation des millions de personnes en raison de leur origine ou de leur situation sociale.

Ce qui est à l’œuvre dans cette démarche ne s’inscrit pas dans le débat légitime, dans une démocratie, sur la manière d’assurer la sûreté républicaine. Le nécessaire respect de l’ordre public n’a pas à être utilisé pour créer des distinctions entre les habitants de ce pays et désigner des boucs émissaires. Ni pour instituer des peines de prison automatiques, contraires aux principes fondamentaux du droit pénal, à l’indépendance de la justice et à l’individualisation des peines.

La Constitution de la France, République laïque, démocratique et sociale, assure « l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ».

Nul, pas plus les élus de la nation que quiconque, n’a le droit de fouler au pied la Constitution et les principes les plus fondamentaux de la République.

Notre conscience nous interdit de nous taire et de laisser faire ce qui conduit à mettre en péril la paix civile.

Nous appelons à une manifestation le samedi 4 septembre 2010, place de la République à Paris, à 14h00, et partout en France, afin de fêter le 140e anniversaire d’une République que nous voulons plus que jamais, libre, égale et fraternelle.»

Signez la pétition en ligne à l’adresse suivante : http://nonalapolitiquedupilori.org/

29/07/2010

L’île de Lilliput

Les liens qui se sont inexorablement tissés entre ce qui nous sert de président et Lilliane Bettancourt ramènent plus d’un observateur à Napoléon et aux caricatures dont il a été l’objet.

« Irrévérencieuse, par essence, la caricature a exploité les failles et les travers du système et pris d'autant plus d'ampleur que la chute irrémédiable s'annonçait dès la fin de 1811. Le peuple Français commençait à se démobiliser et à se lasser des excès de Napoléon lui-même (guerres interminables et massacres de plus en plus grands sur les champs de bataille, conscription anticipée, restriction drastique des libertés, impôts, …) et par la crise économique commencée cette même année. »

Près de deux siècles sont passés. Le miroir de l’histoire se rappelle donc au bon souvenir du néo-lilliputien… à cela près que la caricature suffit de moins en moins à expurger le dégout et le rejet qu’il inspire. Le mot même de président en a perdu sa majuscule.


(*) Evacuation de familles sans logement à la Courneuve
envoyé par Mediapart. - L'info internationale vidéo.

L’Affaire-paravent dite "Woerth-Bettancourt", - elle-même abondamment enfumée par d’écœurants exploits dits sécuritaires (*); contrôles fiscaux qui pourraient être exercés sur les Roms et les gens du voyage; visites estivales à Grenoble (préfecture) et en Andorre (paradis fiscal dont il est Prince) -, lui aura sans doute permis de prévoir une retraite discrète sur l’île d’Arros, son île d’Elbe à lui …

reveriedelbe.gif

Triste fin pour qui se rêvait Gulliver !

Aude Doiderose a écrit un poème sur le sujet…

« Rattrapée, dans ma course vaine/ Par mes pensées dans les nuits d’ombre/ Suivie de mes fantômes sombres/ Tu vis, malaise, dans mes veines

Je résiste aux assauts du vrai/ Qui encercle ma citadelle/ Et dresse de longues échelles/ Où grimpe tout ce qui m’effraie

Combien de temps me reste-t-il/ Avant de céder sous leur nombre/ De m’effondrer sous les décombres/ De mes illusions si futiles ?

Comme une femme Gulliver/ Vaincue par leurs fines aiguilles/ Je saigne, souffre et je vacille/ Et tombe avec mon univers »

27/07/2010

Râteau d’honneur

Ou « La lettre dont on ne parlera pas », et c’est bien dommage de ne pas parler de dignité par les temps qui courent !

Rateau barbizon.jpg
En réaction à l’attribution d’une Légion d’honneur qu’il n’a jamais demandée, Jacques Bouveresse  a transmis aux Editions Agone copie d'une lettre en date du 17 juillet 2010 par laquelle il a refusé cet «honneur».

A coté d’une Légion d’Honneur accordée, acceptée et reçu des mains sales de Monsieur W. par le gestionnaire de fortune de L. Bettencourt ; le projet de donation de deux appartements à la comptable de la même L. Bettencourt, - très probablement un faux glissé dans un des tiroirs du notaire et néanmoins ami de la famille par qui le scandale arrive -, il y a aussi, et c’est très heureux :

  • une lettre adressée à un ministre de la République, V. Pécresse, par laquelle son auteur refuse très clairement de servir de caution intellectuelle à une politique «inacceptable». Un euphémisme. Cette lettre est signée par Jacques Bouveresse, philosophe exigeant et connu pour ses positions critiques contre les impostures. A noter que Jacques Bouveresse  avait déjà refusé cet «honneur supposé» à Jack Lang.

Il a répondu en Mars 2008, à une interview dans Médiapart qui éclaire les non philosophes sur sa pensée.

Lettre de Jacques Bouveresse à Mme Valérie Pécresse,
ministre de l’Enseignement supérieur

« Madame la ministre,

Je viens d’apprendre avec étonnement par la rumeur publique et par la presse une nouvelle que m’a confirmée la lecture du Journal officiel du 14 juillet, à savoir que je figurais dans la liste des promus de la Légion d’honneur, sous la rubrique de votre ministère, avec le grade de chevalier.

Or non seulement je n’ai jamais sollicité de quelque façon que ce soit une distinction de cette sorte, mais j’ai au contraire fait savoir clairement, la première fois que la question s’est posée, il y a bien des années, et à nouveau peu de temps après avoir été élu au Collège de France, en 1995, que je ne souhaitais en aucun cas recevoir de distinctions de ce genre. Si j’avais été informé de vos intentions, j’aurais pu aisément vous préciser que je n’ai pas changé d’attitude sur ce point et que je souhaite plus que jamais que ma volonté soit respectée.

Il ne peut, dans ces conditions, être question en aucun cas pour moi d’accepter la distinction qui m’est proposée et – vous me pardonnerez, je l’espère, de vous le dire avec franchise – certainement encore moins d’un gouvernement comme celui auquel vous appartenez, dont tout me sépare radicalement et dont la politique adoptée à l’égard de l’Éducation nationale et de la question des services publics en général me semble particulièrement inacceptable.

J’ose espérer, par conséquent, que vous voudrez bien considérer cette lettre comme l’expression de mon refus ferme et définitif d’accepter l’honneur supposé qui m’est fait en l’occurrence et prendre les mesures nécessaires pour qu’il en soit tenu compte.

En vous remerciant d’avance, je vous prie, Madame la ministre, d’agréer l’expression de mes sentiments les plus respectueux. »

Jacques Bouveresse

23/07/2010

Violences

Violence des propos : jeudi 22 juillet sur France Inter, le président du MoDem, François Bayrou a estimé, après les voies de faits constatées à Grenoble et dans le Loir-et-Cher, que la politique de sécurité de Nicolas Sarkozy montrait aujourd'hui «ses très grandes limites» et qu'il fallait la remettre en question. La très grande violence des propos ainsi tenus a empêché le leader de garder tout son calme pour entretenir les auditeurs, qui n'attendaient pourtant que ça, du financement de :

etc, etc… Silence sur ces points névralgiques pour les moins bien lotis de l’hexagone. On avait pourtant connu le président du modem plus convaincant et incisif. Plus aérien.

violence.jpg

Les retraites négociées en douce, l’imperceptible mais nécessaire courtoisie que l’on se doit entre gens de pouvoir, l’éducation des jeunes enfants et la grande déréliction de l’Etat ont tant accaparé F. Bayrou, qu’il a du aussi faire silence sur le fond de l’Affaire W-B et ses satellites. Il a notamment ignoré de rappeler le pourquoi de l’arrêt Medvedyev concernant l’indépendance de la Justice,  tout comme ce qui constituait à juste titre l’un de ses chevaux de bataille en 2007 : la séparation des pouvoirs.

A sa décharge, et sans être pour autant à ranger aux oubliettes d’une opinion publique mithridatisée, ("la mithridatisation consistant à ingérer des doses croissantes d’un produit toxique afin de devenir insensible vis-à-vis de celui-ci"), l’affaire Woerth-Betancourt occulte d’autres turpitudes. D’où l’importance réitérée ici de signer l’appel pour une justice indépendante et impartiale, pour que soit levé le discrédit jeté sur elle.

Au moment où une autre affaire, Woerth-Wildenstein, impliquant sociétés écran, paradis fiscaux et «optimisation fiscale», revient sur le tapis, ce serait bien le minimum.

13/07/2010

Médiapart

Sans contre-pouvoirs, plus rien ne nous protègera de la racaille obscène qui nage dans le déni. Si l’indépendance de la presse est une priorité, Médiapart est devenu un symbole à défendre à tout prix.

Pour l’Elysée, Isabelle Prévost-Desprez, présidente la chambre financière du tribunal de grande instance de Nanterre et Claire Thibout, ex comptable de Liliane Bettancourt, sont elles aussi à abattre. La première a écrit un opus sur le sujet (*), les déclarations de la seconde sont loin de relever du  phantasme ou de l'imagination.

La-Femme-a-abattre-1-8144.jpg

A lire : un article éclairant d’Antoine Perraud paru sur Mediapart le 11 juillet et intitulé « Les aboutissants de la contre-attaque élyséenne »

«Comparaison n'est pas raison; surtout maniée à mauvais escient. Or dans l'affaire Bettencourt-Woerth-Sarkozy, les voltigeurs du verbe au service de l'Élysée établissent des parallèles, non pas pour clarifier mais en vue de circonvenir.

Les hommes politiques, prétendus stipendiés par l'ex-comptable Claire Thibout, sont-ils comparables à Dominique Baudis, accusé en 2003, par deux anciennes prostituées (Christelle Bourre dite «Patricia» et Florence Khelifi dite «Fanny»), de crimes sexuels imaginaires à Toulouse? Les visiteurs pour cause électorale de la maison Bettencourt, qui seraient rarement repartis les mains vides, sont-ils calomniés au même titre que le «réseau pédophile» victime des sornettes d'une égarée (Myriam Badaoui) à Outreau entre 2001 et 2005?

Avons-nous, de nouveau, affaire à une ardente égérie dénonciatrice, capable de susciter ce que l'universitaire américaine Elaine Showalter a baptisé l'«Hystoire»: ce grand concours d'agitation de l'inconscient collectif à l'ère électronique, qui s'inscrit dans de précédents récits médiatiques, et balise, jusqu'au cliché, la révélation sidérante de turpitudes propres aux notables?

Claire Thibout n'a ni le profil psychologique, ni la désespérance sociale des Pythies de Toulouse ou d'Outreau, dont les oracles diffamatoires entraînèrent les emballements médiatiques et judiciaires de sinistre mémoire. De plus, Claire Thibout ne fut pas soumise à quelques conciliabules étouffants avec un juge (comme à Outreau) ou un gendarme (comme à Toulouse). Ceux-ci profitèrent des fragilités d'êtres déchus se rêvant reine d'un jour, pour siphonner leurs aveux au cours de séances en tête-à-tête. Un homme de loi buvait les paroles d'une délatrice ; celle-ci mesurait que c'est en mentant qu'on devient écoutée...

Claire Thibout n'a jamais été exposée à une telle économie libidinale de la confession: livrer, seul à seul, son philtre sans trouver aucun filtre. Au contraire, son avocat, Me Antoine Gillot, tout comme le journaliste de Mediapart, Fabrice Lhomme, n'ont cessé de lui rappeler les risques et les conséquences de ses déclarations, non pas recueillies en face à face mais toujours en présence d'un témoin. Nul vampirisme, donc, mais une médiation.

Surtout, les déclarations de Claire Thibout ne constituent pas l'alpha et l'oméga d'un scandale fantasmagorique, qui se déclinerait à partir et en fonction de cette pièce unique au dossier. Les allégations de l'ancienne comptable s'inscrivent dans une enquête politico-financière sérieuse menée par Mediapart, fondée sur des révélations vérifiées (les 30 millions d'euros restitués à Liliane Bettencourt au titre d'un curieux «bouclier», mais surtout un système d'évasion fiscale sous égide étatique, sur fond de conflit d'intérêts touchant la femme d'un ministre du Budget au service de la millardaire).

«Cantonner la justice dans un périmètre qui ne menacera plus les puissants»

Nous sommes donc loin des délires de l'affaire Alègre. Là, les accusatrices étaient aux mains des gendarmes et des magistrats, qui peaufinaient leurs propos calomniateurs. Un quotidien régional instrumentalisait leur parole pour détruire Dominique Baudis, en position de faiblesse malgré sa condition de président du CSA. La presse nationale, savamment enfumée, suivait lamentablement. Le moindre revirement de la partie dénonciatrice devenait un grain de sable dans la machine à broyer. C'était signe d'affranchissement.

Dans le scandale actuel, l'accusatrice se retrouve face à des policiers et à des magistrats qui veulent lui faire rendre gorge, pour disculper un président de la République et un ministre gênés par son témoignage. L'essentiel des moyens de communication, notamment audiovisuels, n'assaillent pas les suspects mais les protègent. Le moindre revirement de la partie dénonciatrice reflète donc la pression exercée sur elle de la part d'un pouvoir étatique ayant mobilisé les grands moyens. Ce n'est pas un signe d'affranchissement mais d'assujettissement. Voilà ce que n'a pas voulu comprendre Dominique Baudis, interrogé par Le Figaro de Serge Dassault sur l'affaire Bettencourt-Woerth-Sarkozy.

Cette propension du régime à tirer profit des graves dérives passées de la justice et des médias, pour dorénavant neutraliser l'une comme les autres, s'avère essentielle.

Isabelle Prévost-Desprez préside la chambre financière du tribunal de grande instance de Nanterre (Hauts-de-Seine). Là, elle se heurte au procureur Courroye, truchement zélé de la Chancellerie voire de l'Élysée, qui veille sur le suivi de l'affaire Bettencourt en dépit du bon droit. Écœurée par le monde judiciaire où l'on verse, selon l'expression d'un magistrat, dans la «torpeur de la soumission récompensée», Isabelle Prévost-Desprez vient de publier: Une juge à abattre (Fayard, 248 p., 16€), qui entend témoigner d'une défaite de la démocratie: «Le pouvoir de l'argent a fini par vaincre la justice.»

Elle revient sur la visite de Nicolas Sarkozy le 30 août 2007 à l'université du Medef, qui accueillait ainsi son premier chef de l'État en exercice. L'assistance exulta quand le président s'est égosillé: «À quoi sert-il d'expliquer à nos enfants que Vichy, la collaboration, c'est une page sombre de notre histoire, et de tolérer des contrôles fiscaux ou des enquêtes sur des dénonciations anonymes (... ) On ne peut continuer à mener aux entrepreneurs une guerre judiciaire sans merci.»

Isabelle Prévost-Desprez affirme: «Après un tel discours, même les juges d'instruction financiers les plus optimistes ne pouvaient que perdre leurs dernières illusions. La plus haute instance de l'État venait d'annoncer leur enterrement (...) Ne s'en remettre qu'à une supposée éthique des entreprises pour faire barrage aux dérives de l'argent n'était pas un pari naïf, c'était poser le principe de l'inégalité devant la loi pénale comme une évidence.»

L'auteure explique ensuite comment le pouvoir actuel, pour vouer aux gémonies la pénalisation du droit des affaires, pour envoyer aux oubliettes le juge d'instruction jugé trop fouineur, se servit de l'épouvantail d'Outreau; en tablant sur l'effet produit par la diffusion, en direct à la télévision, des auditions de la commission d'enquête parlementaire. Et elle conclut: «Ce trou noir de notre histoire judiciaire a été utilisé pour cantonner la justice dans un périmètre qui ne menacera plus les puissants. Les politiques et les décideurs économiques auront dès lors beau jeu de renvoyer les juges aux erreurs d'Outreau, pour se présenter eux-mêmes comme des victimes de l'institution judiciaire.» Ajoutons «ainsi que des victimes du journalisme», et nous y sommes !

«Quand le pouvoir de l'argent ne reconnaît plus aucune légitimité à la justice et entend se soustraire aux lois de la République, le contrat social est rompu», souligne Isabelle Prévost-Desprez dans son épilogue. Sous nos yeux, s'écrit cet additif : quand le pouvoir politique ne reconnaît plus aucune légitimité au journalisme et entend se soustraire aux lois de l'admonestation, le contrat moral est rompu.

Ainsi va la régression de cette culture de contre-pouvoir si fragile en France, que rêvent d'achever nos puissants qui s'érigent en victimes de l'affaire Bettencourt.»

(*) « Une juge à abattre »
Jacques Follorou, Isabelle Prévost-Desprez

Date de Parution : 19/05/2010

Collection : Documents
Prix public TTC : 16,00 €
Code ISBN / EAN : 9782213643168 / hachette : 3549011

04/07/2010

Merde à Vauban

Ils, Simone Veil et Michel Rocard, ont osé déclarer  :

(…)

« Mesure-t-on bien les effets dévastateurs du spectacle affligeant qui se donne jour après jour devant l'opinion autour de « l'affaire Bettencourt » ? Veut-on définitivement démonétiser une parole politique déjà suffisamment dévalorisée, décriée, diminuée ?

Les sondages nous disent ces jours-ci que nos compatriotes trouvent cette « affaire » (ndlr : Bettencourt) grave. Grave, elle l'est d'autant plus en effet que les représentants des institutions les plus éminentes de notre pays - présidence, gouvernement, Parlement, justice - se trouvent interpellés, parfois en des termes plus qu'inappropriés, par des responsables politiques plus soucieux de leur carrière que de l'intérêt public. Qu'ils soient de droite ou de gauche, aux affaires ou dans l'opposition.

Comprenons-nous bien : chacun a parfaitement le droit, et même le devoir démocratique, de dénoncer, ou de défendre, telle ou telle situation de cumul de responsabilités, tel ou tel risque de conflit d'intérêts, tel ou tel motif de confusion des genres. Rien de plus normal, ni de plus sain, que cela : c'est l'essence même du débat politique en démocratie.

Mais débattre est une chose, vouloir à tout prix abattre l'adversaire en est une autre. Attaquer ad hominem, harasser sans relâche, dénoncer sans preuves, d'un côté comme de l'autre, ce n'est pas servir le débat, c'est desservir la démocratie, l'affaiblir et finalement l'asservir au nom même des principes que l'on croit si bien défendre. C'est porter atteinte à la dignité de la personne, c'est porter un coup à la politique, à la République.

N'oublions pas que le mot « république » vient de la res publica latine, la « chose publique », qui désigne l'intérêt général et le fonde en principe supérieur à tous les autres.

Aussi, reprenons quelque hauteur, ne cédons pas aux facilités rhétoriques et aux emportements à visée scénique, cessons les excès de tous ordres et débattons. Dignement. »

Voilà donc deux « sages » qui estiment encore devoir « débattre » dans un club privé, le club Vauban, pour savoir si à travers les comportements du sieur Woerth, honnête homme s'il en est, et des affaires en cours, la « chose publique » - la république - serait mise à mal par … celles et ceux qui s’indignent d’apprendre que l’on fait si peu cas dans leur pays des règles de droit constitutionnel ou simplement pénal. Qui s’étonnent aussi et surtout que les sanctions à l’encontre de la délinquance en col blanc soient si difficiles à prendre.

Si l’on s’intéresse à cette chose publique, de quoi peut-on bien débattre aujourd’hui ? De qui, de quoi, doit-on prendre la défense ? A part précisément de la République qui est aujourd'hui vidée de son contenu.

A qui cette injonction «halte au feu» est-elle adressée ? Où se trouve l'anathème lorsque les personnes et les institutions se trouvent dans un état tel, qu'il y a en effet de quoi s'indigner. Le mot est faible.

La «parole politique» a-t-elle plus de valeur que ce qu’elle est présumée défendre, à savoir les principes sans lesquels la «chose publique», toujours elle, risque de disparaître si ce n’est déjà fait ?

Pauvres petits vieux Veil et Rocard ! Ils ont l'âge d'une retraite bien méritée et ils s'agitent encore pour tenter d'allumer un contrefeu à ce qui «fait les titres de la presse ces derniers jours». Qui cherchent-ils à protéger en prenant le risque de ternir leur réputation ?

Pourquoi ne leurs conseille-t-on pas de prendre un peu de repos ?