09/12/2011
Martina Davis Correia (1967-2011)
Cette note fait écho à l’exécution de Troy Davis. La disparition de Martina Davis Correia est d’autant plus bouleversante qu’elle précède l’annonce de la non-exécution de Mumia-Abu-Jamal, lui aussi condamné à la peine de mort par une justice raciste.
Sandrine Lerma, vendredi 2 décembre 2011 sur Facebook a écrit :
«Martina Davis Correia, sœur de Troy Davis et infatigable activiste de la lutte contre la peine de mort aux USA, s'est éteinte le 1er décembre après avoir lutté 11 ans contre le cancer du sein sans jamais laissé la maladie entraver sa détermination à lutter contre la peine de mort, tout autant au nom de son frère qu'animée par un sincère désir de justice.
Elle a soutenu jusqu'au bout les causes qui lui étaient chères, l'abolition de la peine de mort et la prévention du cancer de sein avec un courage et une énergie suscitant l'admiration de tous ceux qui ont été, de près ou de loin, touchés par son travail.
Elle restera à n'en pas douter une source d'inspiration pour ceux qui ont été le témoin de son action, bien au-delà des frontières de l'état de Géorgie, et l'une des réponses à la question "L'engagement individuel peut-il vraiment faire une différence?"
Martina Correia s'était vu décerner en 2010 le Prix Seán MacBride Award décerné par Amnesty International Ireland pour sa contribution exceptionnelle à la cause des droits humains.
En 2009, son travail avait déjà été récompensé par le Georgia Civil Liberties Award décerné par l'American Civil Liberties Union et le Frederick Douglass Award, attribué par le Southern Center for Human Rights.»
Son fils De'Jaun, ainsi que Kimberly, Ebony et Lester, ses frère et sœurs, peuvent être fières d’elle. Il nous appartient de relayer sa lutte pour l’abolition de la peine de mort, et ce au moment où l’on s’apprête à commémorer la Déclaration universelle des droits de l’Homme le 10 décembre 2011
06/12/2011
L’héritage de la chouette
Documentaire réalisé en 1989 et mis en scène à partir de douze mots de racine grecque par Chris Marker, cinéaste et philosophe, auteur de "La Jetée", qui les décortique pour faire apparaître ce dont nous avons hérité de la Grèce antique.
Des États-Unis au Japon, il a baladé sa caméra là où tout mot prend sens, il a rencontré tout un aéropage d'hellénistes, logiciens, hommes politiques, artistes et a confronté leurs discours aux mémoires des cinémathèques.
Ce n’est pas un hasard si la chouette, symbole de la Grèce, avec ses immenses yeux incrédules, est omniprésente derrière les intervenants. Elle suggère la méfiance envers les opinions émises et invite à trier entre ce que nous savons et ne savons pas.
Ce documentaire rare et très peu distribué
est à consulter en 13 épisodes dans l’ordre
ou le désordre via le lien ...
http://gorgomancy.net/azertuyop/
Découpage :
1. "Symposium" ou les idées reçues
A Paris, Tbilissi, Athènes et Berkeley, des historiens se prêtent au jeu de la reconstitution du « symposium », le banquet grec, autour de tables garnies de mets et de vin. Dans ce premier volet et parfois dans les suivants, leur discussion à bâtons rompus explorent divers thèmes et rejoint, au fil des digressions, des interventions isolées.
2. "Olympisme" ou la Grèce imaginaire
L’héritage de la Grèce, recomposé dans l’imaginaire contemporain, a parfois donné lieu à de terribles détournements au profit d’idéologies totalitaires comme le nazisme. Les jeux olympiques de 1936 à Berlin sont à cet égard symboliques, et la représentation du corps dans « Olympia » de Leni Riefensthal témoigne de la récupération d’un idéal au profit d’une toute autre esthétique.
3. "Démocratie" ou la cité des songes
Que recouvre précisément le mot « démocratie » lorsqu’il désigne la cité-état antique ou nos systèmes politiques contemporains ? Quelles sont les anologies ou, au contraire, les différences radicales entre des réalités séparées de plus de vingt siècles ? Certains fonctionnements ne sont-ils pas propres à toutes les civilisations ?
4. Nostalgie ou le retour impossible
Ithaque, emblème de la patrie lointaine que nul ne doit oublier : tel serait l’enseignement universel de l’« Odyssée » d’Homère. Quels liens peuvent se tisser entre une Grèce moderne dont l’histoire fut tourmentée par tant d’exils et la Grèce antique dont l’héritage est revendiqué par toute l’humanité ? Pour Vassilikos, Ionatos et Svoronos, le mot qui définit le mieux les Grecs est « nostalgie ».
5. "Amnésie" ou le sens de l’histoire
Fondée sur le témoignage ou « l’autopsie », qui signifie littéralement « se voir soi-même », notre conception de l’Histoire s’est beaucoup transformée depuis Hérodote. A des réflexions sur l’histoire, sur la relation entre politique et mémoire, succèdent les paroles de Vassilikos et de Kazan sur la génèse difficile de la Grèce contemporaine.
6. "Mathématique" ou l’empire des signes
L’héritage que nous ont imposé les Grecs avec l’espace géométrique et le langage mathématique émerveille Serres. Pourtant, à la base de l’intelligence artificielle se trouve l’algorithme arabe qui apparaît déjà dans l’écriture hiéroglyphique ou cunéiforme. Andler évoque la recherche d’une articulation entre la logique parfaite d’Aristote et l’incertitude qui règne dans les sciences cognitives.
7. "Logomachie" ou les mots de la tribu
Tous les sens de « logos » ont jailli d’un petit territoire entre Ephèse et Patmos. Selon Aristote, l’animal humain lutte avec une arme spécifique, la parole, et dans l’univers de la dialectique, ceux qui doivent s’entendre, explique Sissa, ne doivent pas se battre, mais utiliser tous les pièges de la persuasion. Le destin du logos serait-il la « logomachie », la bataille des mots ?
8. "Musique" ou l’espace de dedans
« L’art a souvent voulu imiter le réel alors qu’il devrait créer des univers sans précédents », dit Xenakis qui, comme Ionatos, tente d’expliquer ici sa vocation musicale. Loin de là, Patmos, lors de la Pâque orthodoxe… sublime lieu d’élection pour une méditation sur la musique antique puis chrétienne.
9. "Cosmogonie" ou l’usage du monde
Pour cette réflexion sur la création, Serres part de la statuaire grecque, puis Marker nous entraîne sur les pas d’une Koré de l’Acropole exposée à Tokyo. Le mystère de la cosmogonie divine est exploré par Castoriadis et Xenakis, qui s’interroge aussi sur la créativité de l’homme. Parmi les idoles que nous érigeons, Vernant présente la face monstrueuse de la Gorgone, miroir de la mort.
10. "Mythologie" ou la vérité du mensonge
Il existe un ensemble de mythes auxquels nous nous référons toujours. Steiner s’interroge sur leur genèse et leur place dans le psychisme. Ploritis évoque leur propagation ; Yoshida montre qu’ils ont été transmis au Japon dont la religion présente de fortes affinités avec ce polythéisme grec dont Nietzsche fit un modèle de tolérance car il n’engendra aucun massacre.
11. "Misogynie" ou les pièges du désir
La conception grecque de la sexualité était très différente de la nôtre. Que pensaient les Grecs du désir ? Murray et Sissa expliquent différents enjeux sociaux de l’homosexualité masculine. Objets de conquêtes ou mères, les femmes ont un statut d’éternelles mineures et semblent réduites au silence dans la cité. Pourtant, les dramaturges ont donné vie à des femmes hors du commun.
12. "Tragédie" ou l’illusion de la mort
La scène débute dans un petit bar de Tokyo, La Jetée, où l’on discute des Atrides et d’Angelopoulos. La parenté entre la Grèce et le Japon est justifiée par Xenakis et Vassilikos, puis viennent des explications sur la tragédie. Mais qui est responsable du devenir de cet héritage? Les Grecs modernes, proclame Minotis, aussitôt démenti par les images d’une « Médée » montée en Grèce par Yukio Ninagawa.
13. "Philosophie" ou le triomphe de la chouette
Honneur à la chouette, emblème de sagesse : à l’instar du philosophe elle sonde les ténèbres… Exprimés avec passion ou austérité, les avis divergent sur la définition de la philosophie. Serres, avec gravité, récuse l’idée d’une philosophie au service du pouvoir, tandis qu’au cours du banquet réuni à Tbilissi, un hommage serein est rendu à l’art du dialogue et à la belle mort du philosophe.
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02/12/2011
La gangrène et l’oubli
Dans « La gangrène et l’oubli », Benjamin Stora écrivait en 1998 :
«La levée des sanctions à l’égard de responsables d’atrocités commises pendant la guerre d’Algérie interdit de vider l’abcès, puisqu’il y a effacement des repères qui distinguent entre ce qui est crime et ce qui ne l’est pas. (…)»
A partir de la fin de la guerre d’Algérie, les autorités françaises ont promulgué une succession d’amnisties et de grâces vis-à-vis des militaires qui avaient eu recours à la torture. Le général Bigeard en a bénéficié. D’après Gilles Manceron, membre de la LDH et rédacteur d’une de ses revue « Hommes et Libertés » :
« Ce furent d’abord les décrets promulgués lors des accords d’Évian, les 20 mars et 14 avril 1962, qui effaçaient à la fois les "infractions commises avant le 20 mars 1962 en vue de participer ou d’apporter une aide directe ou indirecte à l’insurrection algérienne", et celles "commises dans le cadre des opérations de maintien de l’ordre dirigées contre l’insurrection algérienne". Puis vinrent quatre lois successives. La première, du 17 décembre 1964, concernait les "événements" d’Algérie et fut suivie, le 21 décembre, d’une grâce présidentielle pour 173 anciens membres de l’OAS. Celle du 17 juin 1966 amnistiait les "infractions contre la sûreté de l’État ou commises en relation avec les événements d’Algérie". Vint ensuite, en pleine crise de Mai 68 et liée directement à elle, la grâce du 7 juin 1968 concernant, cette fois, tous les membres de l’OAS qui étaient encore détenus ; elle fut suivie de la loi du 24 juillet effaçant toutes les infractions liées aux "événements" y compris celles "commises par des militaires servant en Algérie pendant la période". Cette loi, malgré le dépôt d’un amendement socialiste allant dans ce sens, ne stipulait pas encore la réintégration des intéressés dans leurs fonctions civiles ou militaires ni dans leurs droits à porter leurs décorations. »
« Ce fut chose faite après l’arrivée de la gauche au pouvoir. Déjà, en 1965, l’extrême droite proche de l’OAS avait été appelée à se rallier à la candidature de François Mitterrand ; l’année suivante, un projet de loi déposé par Guy Mollet, Gaston Deferre et le même François Mitterrand avait proposé le rétablissement des condamnés de l’OAS dans leurs grades et leurs fonctions ; et, en 1972, le programme commun de la gauche ne comportait aucune référence ou allusion aux suites de la guerre d’Algérie ni à la lutte pour la décolonisation. Avant les élections présidentielles de 1981, des négociations menées par des proches du candidat François Mitterrand aboutirent à l’appel du général Salan à voter Mitterrand et, entre les deux tours, à celui de l’organisation de rapatriés le RECOURS à "sanctionner" Valéry Giscard d’Estaing. C’est donc bien dans la ligne de cette politique que fut votée le 3 décembre 1982 la dernière des lois d’amnistie réintégrant dans l’armée les officiers généraux putschistes et permettant même les "révisions de carrière" nécessaires à la perception de l’intégralité de leurs retraites. Cela, au nom de l’argument formulé par François Mitterrand : "Il appartient à la nation de pardonner." »
Aujourd’hui, il n’est donc plus question de pardonner, mais d’honorer carrément le général Bigeard, commanditaire de la torture en Algérie (!!!) et ce, malgré des témoignages sans équivoque.
Une des chevilles ouvrières de cette histoire aussi grotesque qu’abjecte est l’actuel ministre de la Défense Gérard Longuet, créateur à l’époque du Mouvement Occident (extrême droite).
Ne pouvant pas faire disperser les cendres du général au dessus de Dien Biên Phù, les autorités vietnamiennes s’y opposant, notre ministre a adressé une lettre à la fille du général, pour lui proposer que les cendres de son père soient transférées aux Invalides. Celle-ci a finalement donné son accord à ce transfert, pour lequel aucune date n’a encore été fixée, a-t-on précisé au ministère de la Défense (AFP (17/11/2011 à 18:34).
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28/11/2011
L'angle alpha convoqué à Durban
Dans un opus atypique de Frédéric Lordon intitulé « D'un retournement l'autre », (récit de la crise financière en quatre actes, et en alexandrins - Seuil, 14 euros) … on trouve cette réplique faite par un conseiller présidentiel aux banquiers cyniques :
« Vous méprisez le peuple et c'est bien votre affaire.
Vous avez de la chance, il est moins sanguinaire
Qu'à certaines époques où ceux de votre engeance
Voyaient sur une pique finir leur arrogance. »
Il n’y a bien sur pas que les banquiers qui soient susceptibles de servir de repère pour déterminer « l’angle alpha » décrit par le même Frédéric Lordon, économiste atterré, dans la vidéo qui suit :
Le néo-libéralisme et l'angle alpha de Frédéric Lordon par asi
L’angle Alpha étant, pour schématiser, l’angle qui nous rapproche ou nous éloigne de notre servitude aux systèmes dominants : une manière de mesurer notre consentement ou notre résistance au pouvoir érigé en système.
Depuis une bonne dizaine d’années, les modes de fonctionnement des entreprises privées servant de modèle à nos institutions et à nos services publics, la logique du néolibéralisme s’étend perceptiblement à des domaines qui ne sont pas seulement « financiers ». Ils peuvent être culturels au sens large et s’étendre à la vie sociale et individuelle. (*) Mais pas que.
Autre extension donc : « l'enjeu de la crise climatique est bien notre rapport malsain à la puissance, puisque le carbone fossile est la forme la plus efficace et malléable d'énergie que l'homme ait trouvé à sa disposition pour assouvir son propre désir de puissance... ou celui de ses chefs »
En période électorale, les lobbies ont carte blanche pour y parvenir puisque, vu sous cet angle, le néolibéralisme, n’est pas du tout un « laisser faire », mais au contraire le résultat d’une politique délibérée, très organisée, même si, au bout du compte, elle s’avère suicidaire.
« Aussi modestes qu'elles soient, les politiques publiques de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre ont été gravement sapées, dès le début, par les feintes de nombreux groupes industriels, sans qu'il en coûte quoi que ce soit auxdits groupes. Et l'on sait (ou l'on devrait savoir) à quel point les "climato-sceptiques", universitaires et surtout politiques, sont soutenus financièrement par les grandes firmes de l'énergie carbonée (Exxon et Koch Industries aux Etats-Unis, mais également, de ce côté-ci de l'Atlantique, GDF-Suez, Lafarge ou encore BP). » (**) (***)
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12/11/2011
Qui demain, défendra l’Etat social ?
Suite à un article paru dans le journal Le Monde titré «Les économistes de gauche poussent François Hollande à se démarquer de la politique d'austérité», on peut effectivement se demander si le nouveau leader du PS est en mesure de répondre à cette attente. (Qui défendra demain l’Etat social ?)
"Contrairement à l'idée répandue que la politique de "mondialisation" tend à favoriser leur dépérissement, les Etats continuent en fait à jouer un rôle déterminant au service de la politique qui les affaiblit. Il est remarquable que les politiques visant à déposséder les Etats au profit des marchés financiers aient été édictés par des Etats, et, qui plus est, des Etats gouvernés par des socialistes. Ce qui signifie que les Etats, et tout spécialement ceux qui sont gouvernés par des sociaux-démocrates, contribuent au triomphe du néo-libéralisme, non seulement en travaillant à la destruction de l'Etat social (c'est-à-dire notamment des droits de travailleurs et des femmes), mais aussi en cachant les pouvoirs qu'ils relaient" [Contre-feux 2, 2001].
La réflexion de Pierre Bourdieu pourrait bien être d’une cuisante actualité tant il est vrai qu’à vouloir noyer le poisson, le pêcheur social-démocrate n’a aucune chance face aux piranhas néolibéraux.
Et qu’il est de plus en plus probable que le PS tel que représenté par F. Hollande n’aura ni le courage ni la volonté de se démarquer vraiment de la droite libérale.
A moins que la mobilisation à la gauche de ce PS là ne s’active, comment évitera-t-on alors de s’enfoncer davantage encore dans la médiocrité ? La médiocrité a des œillères, ça crève les yeux ! En plus, elle est sourde, obstinée, apathique et, par faiblesse, s’amuse à noyer le …. poisson.
Les piranhas ont très peu de prédateurs et à part le caïman et le héron, les principaux dangers qui menacent ce poisson sont les membres de sa propre espèce.
Pour ce qui est de la chair de ce poisson, elle n’est pas très savoureuse et n’a pas beaucoup de goût.
Les indigènes qui doivent faire traverser un cours d’eau à un troupeau savent qu’ils doivent souvent payer un tribut aux bancs de piranhas. Ils sacrifient un animal faible ou malade afin d’attirer ces poissons. Pendant qu’ils dévorent leur proie, le reste du troupeau passe dans une sécurité toute relative.
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11/11/2011
Les fusillés pour l’exemple de 14-18
Le combat pour la réhabilitation des soldats fusillés pendant la Grande Guerre a été, après l’affaire Dreyfus, un de combats fondateurs de la Ligue des Droits de l’Homme et n’a cessé depuis, de faire son chemin.
Après le discours du premier ministre Lionel Jospin en 1998 à Craonne et les propos du président Sarkozy à Douaumont en 2008, la LDH estime qu’une véritable réhabilitation ne peut uniquement reposer sur une nouvelle déclaration présidentielle vouée à rester sans effet.
Le non engagement de l’Etat sur ce sujet est constant. Les non réponses apportées aux questions écrites que les parlementaires font régulièrement parvenir au ministère concerné sont elles aussi significatives d’une évidente mauvaise volonté. Les discours ne suffisent pas.
« France, sois fière de ton pioupiou,
Car il t’aime d’amour fou,
Pour lui c’est un délice
De t’offrir sa vie en sacrifice ».
… « Vivement l’armistice »
Concrètement, la Ligue des Droits de l’Homme demande :
- qu’après étude par une commission ad hoc, les condamnations soient annulées par la Cour de cassation, sans renvoi devant une autre juridiction, comme dans l’arrêt innocentant le capitaine Dreyfus.
- que cette commission puisse être saisie des autres cas d’injustices commises par les tribunaux militaires, et des cas d’exécutions sans jugement, exécutions qui ont touchées de nombreux étrangers engagés volontaires et des soldats appartenant aux troupes coloniales.
- qu’une commission rassemblant historiens, juristes, et représentants d’associations, puisse avoir accès sans entrave aux archives militaires nationales pour que tous les fusillés pour l’exemple soient reconnus comme tels sur les registres d’état civil et que leurs noms, s’ils n’y figurent pas déjà, soient ajoutés sur les monuments aux morts.
Ce serait leur rendre un véritable hommage si, en 2014, pour le centenaire du déclenchement de la Grande Guerre, nous pouvions être enfin dignes de leur mémoire.
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09/11/2011
1981 – 2011 : votation citoyenne
La LDH des AHP constate avec satisfaction qu’Esther Benbassa, sénatrice EELV du Val-de-Marne, vient d’être désignée rapporteur de la proposition de loi sur le droit de vote et l’éligibilité, aux élections locales, des étrangers non-ressortissants de l’Union européenne résidants en France. Et que cette proposition de loi sera discutée en séance publique le 8 décembre 2011 au Sénat.
Une occasion de ne pas manquer pour faire du vote des étrangers une réalité et non plus une 101ème proposition confinée aux oubliettes des promesses non tenues depuis 1981. Cette avancée même tardive doit être un aboutissement en regard des efforts déployés par le monde associatif autour de la votation citoyenne, efforts qui avaient été jusqu’ici largement ignorés par les médias.
De plus, ce vote intervient au moment où l’on doit surmonter le handicap d’une politique xénophobe et sécuritaire revisitée par un ministre de l’Intérieur des plus zélés dont la mission avouée est décidemment incompatible avec les Droits de l’Homme. Ce vote est donc doublement significatif.
Le 19 juillet 2011, la sénatrice d’EELV, qui est aussi directrice de recherche à la Sorbonne, et avait été auditionnée par la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) sur «Comment interpréter la montée du racisme et de l’antisémitisme en France aujourd’hui ?», avait déclaré :
« (…) aux yeux de certains on ne peut jamais devenir français. La France n’appartiendrait qu’à ceux qui sont réputés y avoir vécu de toute éternité. Comme si la mondialisation et les moyens de transport et de communication modernes n’avaient rien changé à la France d’autrefois, où l’on mourait là où l’on était né. Et comme si l’exode rural, entamé au XIXe siècle, n’avait pas depuis longtemps érodé un ancrage de plus en plus imaginaire. A vrai dire, il ne suffit même plus de naître en France pour être Français. Les Arabo-musulmans nés en France, citoyens de ce pays, ne sont toujours pas considérés comme des Français à part entière, même lorsque les aïeux de certains d’entre eux ont versé leur sang pour ce pays.
(…) dans son «J’accuse», Zola – «l’Italien» – stigmatisait l’exploitation faite des passions antisémites. Aujourd’hui, on assiste à l’exploitation faite des passions nationalistes par une droite que le FN a mise au pas, et qui, pour rattraper Marine Le Pen, s’ingénie à inoculer le poison xénophobe à une population à qui elle n’a rien d’autre à offrir pour améliorer son quotidien qu’une idéologie datée. La gauche française est en grande partie née des turbulences de l’affaire Dreyfus. Espérons qu’elle sortira renforcée de cette campagne et qu’elle arrivera au pouvoir unie, avec de vraies propositions. Si Eva Joly, à ses dépens, a servi à ce renforcement et à ce sursaut, ce sera tant mieux. On n’avait pourtant pas besoin d’une «affaire Joly». L’affaire Dreyfus nous aurait amplement suffi.» Source
Les parlementaires français et notamment ceux des partis situés à gauche de l’échiquier politique, sont aujourd’hui au pied du mur. Esther Benbassa est tout à fait capable de les aider à l’escalader conformément aux termes d’un des nombreux communiqués signés par le collectif Votation Citoyenne, pour mettre fin à trente années de faux-fuyants sur le droit de vote des étrangers.
08/11/2011
Soutien à Charlie Hebdo
Intervention de Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme, en soutien à Charlie Hebdo, dimanche 6 novembre à l’Hôtel de Ville.
Mettre le feu à un journal, empêcher le déroulement d’une pièce de théâtre ; ces actes de violence ne sont jamais anodins. L’agressivité des censeurs, le surgissement d’incendiaires, annoncent des temps difficiles et la tentation de certains d’imposer leurs détestations et leurs peurs en dogmes intangibles, indiscutables. Avec ce que cela suppose de périls pour les autres, hérétiques et boucs émissaires de tous ordres, pour leurs droits et liberté, droits et liberté qui sont les nôtres.
Après l'interdiction de l'hebdo Hara-kiri en 1970 (suite à la une du 16 novembre sur la mort du général De Gaulle titrée "Bal tragiqueà Colombey - 1 mort")
tous les membres de l'équipe
(Choron, Cavanna, Gébé, Cabu, Reiser, Delfeil de Ton, Willem, Wolinski…)
ont décidé de continuer, en changeant juste de nom : Charlie Hebdo est né.
Le premier numéro est sorti le 23 novembre 1970.
Aux fondamentalistes de tous ordres, y compris celui des simplistes et des imbéciles, la Ligue des droits de l’Homme oppose le respect de la loi commune, la défense intransigeante des libertés démocratiques, y compris celle de blasphémer, une solidarité intangible avec les victimes, même lorsqu’elle n’en partage ni les vues ni les moyens choisis pour les exprimer. Car lorsqu’on déchaîne la violence contre un théâtre, une bibliothèque, un journal, un lieu de culte ou une population ciblée comme indésirable, c’est toujours la République, la citoyenneté qu’on prend pour cible.
C’est le sens de notre présence, de notre solidarité et de notre soutien à une mobilisation puissante pour la démocratie, la laïcité, un vivre ensemble qui se décline effectivement en termes de liberté, d’égalité, et enfin de fraternité.
Pierre Tartakowky,
président de la Ligue des droits de l’Homme.
Retour de flamme à destination de Pascal Boniface et de ses soutiens qui pourraient, si ce n'est déjà fait, se croire obligés de prendre fait et cause pour les censeurs incendiares et illuminés de tout poil, lire la note intitulée "Allah est grand et Tartuffe est son prophète!"
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05/11/2011
Pour un audit citoyen de la dette !
Plus de 10000 manifestants ont parcouru les rues de Nice pour lancer le forum des peuples face au G20.
Après des semaines d’une campagne de communication alarmiste par les autorités locales, et malgré un déploiement outrancier de forces de sécurité, les organisations et mouvements sociaux présents à Nice ont réussi une marche festive, créative, loin de tous les préjugés et clichés utilisés pour déligitimer les altermondialistes.
Parti de Manosque le 1er novembre, un groupe d'amis est revenu de Nice et nous a fait parvenir son témoignage.
La video qui suit : "Debtocracy" a été réalisée par deux journalistes grecs.
Ils disent :
"(...) Le problème de la Grèce est que notre fiscalité ne s’est pas adapté au modèle d’État-providence que nous avons mis en place : les entreprises ne sont pas assez taxées, les déficits ne sont donc pas contrôlés. Nous avons aussi un grave problème de corruption, mais cela reste un détail : nous pourrions mettre tous les politiques en prison, mais qu’est-ce que cela changerait ?
"(...) les plans de sauvetage n’ont en vérité qu’un seul objectif : sauver les banques françaises et allemandes, qui tomberaient si la Grèce faisait banqueroute.
(...) Une fois que cela est dit, la première chose que nous devons faire est de mener un audit de la dette grecque, de manière à discerner la dette légale de celle qui ne l’est pas. Un certain nombre d’indices tendent à montrer qu’une grande partie de la dette est odieuse, voire illégale. Mais seule une commission d’audit saurait le démontrer. (...)"
Debtocracy International Version par BitsnBytes
Appel signé par la LDH
… et le lancement d’un vaste débat démocratique.
Écoles, hôpitaux, hébergement d’urgence… Retraites, chômage, culture, environnement… nous vivons tous au quotidien l’austérité budgétaire et le pire est à venir. « Nous vivons au-dessus de nos moyens », telle est la rengaine que l’on nous ressasse dans les grands médias.
Maintenant « il faut rembourser la dette », nous répète-t-on matin et soir. « On n’a pas le choix, il faut rassurer les marchés financiers, sauver la bonne réputation, le triple A de la France ».
Nous refusons ces discours culpabilisateurs. Nous ne voulons pas assister en spectateurs à la remise en cause de tout ce qui rendait encore vivables nos sociétés, en France et en Europe.
Avons-nous trop dépensé pour l’école et la santé, ou bien les cadeaux fiscaux et sociaux depuis 20 ans ont-ils asséché les budgets ?
Cette dette a-t-elle été toute entière contractée dans l’intérêt général, ou bien peut-elle être considérée en partie comme illégitime ?
Qui détient ses titres et profite de l’austérité ? Pourquoi les États sont-il obligés de s’endetter auprès des marchés financiers et des banques, alors que celles-ci peuvent emprunter directement et pour moins cher à la Banque centrale européenne ?
Nous refusons que ces questions soient évacuées ou traitées dans notre dos par les experts officiels sous influence des lobbies économiques et financiers. Nous voulons y répondre nous-mêmes dans le cadre d’un vaste débat démocratique qui décidera de notre avenir commun.
En fin de compte, ne sommes-nous plus que des jouets entre les mains des actionnaires, des spéculateurs et des créanciers, ou bien encore des citoyens, capables de délibérer ensemble de notre avenir ?
Nous décidons d’engager le débat et de nous mobiliser dans nos villes, nos quartiers, nos villages, nos lieux de travail, en lançant un vaste audit citoyen de la dette publique.
Nous créons au plan national et local des collectifs pour un audit citoyen, avec nos syndicats et associations, avec des experts indépendants, avec nos collègues, nos voisins et concitoyens.
Nous allons prendre en main nos affaires, pour que revive la démocratie.
26/10/2011
Le syndrome des habits de l'empereur
Le 5 mai 2010, Florence Palpacuer, membre du conseil scientifique d’ATTAC rédigeait un article intitulé «Débats autour de la Grèce : le roi est nu !».
Cette réflexion est malheureusement toujours d’actualité.
Pour la résumer, il s’agit de dénoncer, pour y mettre fin, la pratique de systèmes mafieux dans lesquels prêteurs et emprunteurs, avec l’aval de gouvernements sciemment laxistes, impuissants ou pris en otages, s’entendent pour réaliser des profits démesurés, justement qualifiés d’«odieux».
Pour l’instant, mis à part les mouvements d’indignés de type «Wall Street», à ne pas confondre avec ceux des «printemps arabes» qui manifestent contre des dictatures «classiques» et ont à surmonter le risque de l'intégrisme religieux, l’horizon économique est loin d’être dégagé.
Pourtant certaines initiatives commencent à percer qui pourraient à terme s'avérer positives.
Par exemple : près d’une trentaine d’associations et d’ONG européennes viennent de participer à la création de Finance Watch.
Il s'agit d'une instance indépendante qui veut jouer le rôle de «contre-pouvoir face à l’activité bancaire» et qui se donne trois missions : Expertise ; Lobbying auprès de la Commission et du Parlement européen pour contrer le travail d’influence permanent des banques ; Communication auprès du public pour l’informer des transactions bancaires au niveau européen et ouvrir un débat citoyen et transparent avec les élus et leurs électeurs.
Pour en revenir au contenu de la note rédigée par Florence Palpacuer à propos de la Grèce, on peut rajouter ou souligner, que toutes les simagrées actuelles mises en scène à Cannes, Deauville ou Bruxelles, ne suffiront jamais à rétablir la situation économique des pays frauduleusement endettés.
Ce qui est très souvent et soigneusement oublié lorsque l’on parle de dette souveraine : ce ne sont ni les «recapitalisations», ni les abandons de créances qui rétabliront l’équilibre budgétaire de la Grèce ou de tout autre pays trop endetté. Tant que la question de l’évasion fiscale, de ses paradis artificiels ou des infrastructures nécessaires au bon fonctionnement d’un Etat – comme par exemple un cadastre mis à jour ou des services publics et fiscaux au service de l’intérêt général - ne sont pas sérieusement remis à l'endroit, aucun sommet, aucun G20, ne répondra à l’attente de 99% des citoyens qui n'ont rien fait pour être aussi mal traités.
C’est ce que confirme Constantinos Bacouris, responsable grec de Transparency International, lorsqu’il déclare : «Nous pensons que la corruption est l'une des principales causes de la crise en Grèce. Elle a largement favorisé l’évasion fiscale (…). En tout, l’État perd entre 18 et 20 milliards d’euros par an à cause de l’évasion fiscale.»
Mais personne ou presque ne souhaitant reconnaître cette réalité, il semble bien que l'on soit en présence du «Syndrome des habits de l'empereur», qui recouvre de façon illusoire la nudité et le désarroi du roi auquel il est fait allusion dans le titre de l’article rédigé par Florence Palpacuer : «Débats autour de la Grèce : le roi est nu !»
Nous aurons sans doute l’occasion d’en reparler avec elle et Eric Toussaint qui, à l’initiative de la Ligue des Droits de l’Homme, seront présents à Manosque le 29 octobre pour une conférence –débat autour de la question :
«Une économie solidaire au service des nécessités écologiques et sociales est-elle possible ?»
23/10/2011
“Les mesures d'austérité sont une supercherie”
Eric TOUSSAINT sera l'invité de la délégation régionale PACA et de la Fédération 04 de la Ligue des Droits de l’Homme le 29 octobre prochain à Manosque (Hôtel Best Western Le Sud), et ce à la veille du G20 de Cannes.
Question centrale de cette conférence suivie d’un débat :
« Une économie solidaire
au service des nécessités écologiques et sociales est-elle possible ? »
En attendant, Eric Toussaint a été interviewé par Olivier le Bussy pour le journal La Libre Belgique :
Pour le politologue Eric Toussaint, les actuelles politiques conduites en Europe pour éponger les dettes publiques servent d’abord les intérêts des créanciers privés. Et bafouent les droits sociaux et économiques des citoyens.
Docteur en sciences politiques des Université de Liège et de Paris VIII, membre du conseil scientifique d’Attac France et président de la branche belge du Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde (CADTM), Eric Toussaint a coécrit et codirigé (avec le Français Damien Millet) un ouvrage intitulé “La dette ou la vie”. A l’aune de l’expérience de la problématique de la dette des pays du Sud, les auteurs livrent une analyse critique de politiques mises en œuvre au Nord, notamment dans la zone euro.
"
Selon vous, telle qu'elle a été conçue, la zone euro était condamnée à connaître une telle crise…Le drachme, la peseta, l’escudo ont été surévalués par rapport aux autres monnaies, et notamment au deutsche mark, lors de la conversion en euro. Ce qui a donné un avantage compétitif aux pays comme l’Allemagne, les Pays-Bas, la France, la Belgique,… par rapport aux pays de la périphérie. De plus, il n’y a pas de mécanismes de compensations importantes pour réduire les asymétries entre les économies européennes. Enfin, les banques nationales des pays de l’UE et la Banque centrale européenne (BCE) ne peuvent pas accorder de crédits directement aux Etats (comme peut le faire la Réserve fédérale aux Etats-Unis, NdlR), ce qui laisse ce monopole aux banques privées.
On en est arrivé à une situation où la BCE a prêté à un taux de 1 %, jusqu’avril 2011, aux banques privées. Qui, elles, prêtaient à la Grèce, au Portugal et à l’Irlande à du 4 ou 5 % pour des obligations à six mois ou à un an. Ce fonctionnement a abouti à des dérives terribles. La BCE prête à court terme à des institutions privées, qui à leur tour prêtent à long terme sur le marché obligataire et se retrouvent confrontées, tôt ou tard, à des problèmes de liquidités. Ce qui amène, par exemple, à un deuxième sauvetage de Dexia par les Etats belges et français.
Vous estimez que la Grèce serait en droit de remettre en cause le remboursement d’une partie de sa dette souveraine...
En commençant à rebours, on pourrait dire que les prêts de la troïka (Commission européenne, BCE, Fonds monétaire international) à la Grèce sont des prêts odieux parce que ces institutions, avec derrière elles les gouvernements allemand et français, profitent d’une situation de détresse de la Grèce –qui depuis mai 2010 n’a plus accès à des emprunts dépassant un an –pour prêter à Athènes à du 5,5%. En contrepartie, ils exigent de la Grèce qu’elle mette en œuvre une batterie de mesures d’austérité. Mesures qui dans certains cas sont des violation des droits économiques et sociaux reconnus par l’Organisation international e du travail, par exemple. Et, de plus, ces mesures ont un effet contraire à l’objectif officiel recherché, c’est-à-dire une amélioration de la situation économique rendant soutenable le paiement de la dette. Or, on constate que cela crée une récession qui réduit les recettes fiscales et conduit à de nouvelles mesures d’austérité. Lesquelles ne permettront de toute façon pas à la Grèce de dégager dans son budget des marges suffisantes pour rembourser des montants grevés de taux d’intérêts trop élevés.
Avant cela, on a eu toute une série d’institutions financières françaises, allemandes, belges, qui au début de la crise financière se finançaient à des taux de 0,25% auprès de la Fed ou de 1% auprès la BCE puis qui prêtaient très massivement à la Grèce - on constate une augmentation de 80 à 120 milliards d'emprunts, soit 50% en pleine période de crise. Là, il y a des marques d’illégitimités parce que les fonds qui étaient prêtés aux banques ne devaient pas servir à cela mais à éviter un credit crunch, que ces banques n’ont pas respecté les règle de prudence en matière de solvabilité des emprunteurs et pire les ont encouragés à se surendetter.
Et si on retourne encore plus loin, on rappellera que les JO devait coûter à la Grèce 1,4 milliard et en ont coûté près de 20. Or, il y a des entreprises étrangères, comme Siemens –qui font l’objet de poursuites judiciaires –qui ont versé des pots-de-vin énormes aux autorités politiques de l'époque. Enfin, il y a les dépenses militaires énormes de la Grèce, qui représentent 4% du PIB. Les Américains, les Allemands et les Français sont les principaux fournisseurs militaires, et dans un premier temps, on a seulement demandé à la Grèce de couper dans les dépenses sociales, parce qu’il fallait qu’elle honore les commandes militaires à Berlin et à Paris. C'était tellement scandaleux que les choses sont en train de changer.
Les actuelles politiques d’austérité sont justifiées par la nécessité de préserver notre modèle social. Ce que vous contestez…
Ceux qui sont privilégiés, ce sont les créanciers privés qui sont partie du problème. Le second objectif c’est de pousser plus loin l’offensive néolibérale lancée il y a 30 ans par (le président américain Ronald) Reagan et (le Premier ministre britannique Margaret) Thatcher. On assiste à un détricotage de ce qui caractérisait les “30 glorieuses” qui ont suivi la Seconde guerre mondiale: augmentation des salaires, du bien-être, quasi-plein-emploi… De 1980 à 2010, on a détricoté le pacte social, caractérisé par des politiques keynésiennes, qui ont été remplacées par le néolibéralisme qui le remet en cause et déréglemente la législation bancaire et financière, avec les dérives que l’on connaît. C’est une supercherie de dire que ces mesures visent à consolider le modèle social européen.
En faisant appel au FMI, les Européens ont introduit le loup dans la bergerie, peut-on lire dans votre ouvrage...
Le FMI, c’est quelque part une sorte d’alibi pour les dirigeants européens, qui leur permet de justifier les politiques d'austérité en disant “Vous voyez, il n'y a pas que nous. Une institution internationale, basée à Washington, neutre le dit aussi”. Mais pendant 30 ans, le FMI a dicté les politiques qui sont aujourd’hui à l’œuvre chez nous en Amérique latine, en Afrique et en Asie, avec des résultats tout à fait négatifs. Si l’Amérique latine va mieux depuis une dizaine d’années, c’est parce qu’après 20 ans, les électeurs ont dit : “On n'en veut plus”. Les gouvernements ont remboursé anticipativement le FMI et on rompu avec les recettes qu’ils nous appliquent. Les économistes et les dirigeants latino-américains ne cachent pas leur étonnement de nous voir appliquer des formules qui ont échoué ailleurs.
Parce qu’il est le premier poste budgétaire de nombreux Etats, le remboursement de la dette peut aller à l’encontre des droits humains, écrivez-vous…
Je suggère que la part qui va au service de la dette publique dans le budget ne dépasse pas 5 % des recettes. On pourrait mettre une autre règle d’or : les dépenses qui vont à la garantie de droits économiques et sociaux, donc de droits humains, ne peuvent pas être comprimées. On dit: priorité aux créanciers, dont le comportement est délictueux dans une série de cas. Pour correspondre à l’esprit de la charte des Nations unies de 1948, il faudrait inverser les valeurs: les Etats ont une dette sociale à l’égard de leurs citoyens. Ce sont eux qui ont donné un mandat aux dirigeants politiques. Pas les banques, ni les fonds de pension, ni les marchés financiers.
Le politique a perdu la main?
C’est très inquiétant. Dans cette crise, on marginalise le choix des électeurs. En Irlande, où le nouveau gouvernement doit appliquer le plan négocié par le précédent, d'une autre couleur politique. Mais aussi en Grèce où à l’origine, le Pasok (socialiste, au pouvoir) voulait rompre avec la politique de la Nouvelle Démocratie (droite). Le pouvoir législatif est mis entre parenthèses. Le Parlement portugais provoque en mars la démission du gouvernement de José Socrates mais cet exécutif démissionnaire conclut quand même un accord avec la troïka sur un plan d’austérité dont le Parlement ne voulait pas. On pourrait aussi parler de la Belgique qui rachète Dexia pour 4 milliards. Les actionnaires sont satisfaits, mais on n’a pas demandé l’avis des parlementaires ni des citoyens belges.
Vous proposez des alternatives, mais on peut douter qu’elles trouvent un écho chez les actuels dirigeants politiques…
Le changement viendra de la prise de consciences des citoyens qui demanderont une rupture radicale avec le système. Le signal que ça commence ce sont les centaines de milliers d’Indignés espagnols, dont le mouvement a essaimé en Grèce, au Portugal, en Italie et à Bruxelles. plus enclins à se dire que ça ne marche pas et qu’il faut un changement, ce sont les jeunes européens. C’est important que les autres générations rompent aussi avec la résignation. Comme l'on fait les citoyens islandais en refusant de payer pour la faillite de la banque Icesave (et que leur gouvernement rembourse le Royaume-Uni et les Pays-Bas, qui avaient garanti les dépôts de leurs ressortissants chez Icesave, NdlR)
Ça a pris 20 ans aux citoyens d’Amérique latine de pousser à une rupture, j’espère que ce sera moins long pour les Européens.
"
En Savoir Plus : "La dette ou la vie", sous la direction de Damien Millet et Eric Toussaint, éditions Aden et CADTM, 384 pp.,
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17/10/2011
Le crime d’Etat du 17 octobre 1961
Communiqué de la LDH :
Reconnaître le crime d’Etat du 17 octobre 1961 et permettre l’accès aux archives
"La Ligue des droits de l’Homme demande que, par la voix des plus hautes autorités de la République, soit reconnu dans le crime d’Etat qu’a constitué la violente répression d’une manifestation désarmée d’Algériens à Paris le 17 octobre 1961. Cet épisode est emblématique des atteintes aux droits de l’Homme commises tout au long de la période coloniale, notamment pendant la guerre d’Algérie, durant laquelle la France s’est trop souvent éloignée des valeurs qu’elle avait pourtant proclamées."
A ceux qui ont exécuté un ordre abjecte :
"La soumission à l'autorité est un principe explicatif beaucoup plus puissant que la méchanceté, l'égoïsme ou la barbarie. Ce sont généralement des "gens normaux" qui sont les exécuteurs des massacres ; et les gens normaux ne sont pas méchants : ils obéissent."
Mais rien ne saurait les exonérer de toute responsabilité ni justifier la soumission à laquelle ils se sont abandonnés.
"Pour que soit faite, cinquante ans après, la lumière sur ce drame, elle demande que soit assurée la liberté d’accès aux archives concernant cet événement, en particulier celles :
- du conseil interministériel convoqué le 5 octobre 1961 par le Premier ministre, à la suite duquel un couvre-feu discriminatoire et inconstitutionnel a été mis en place dans le département de la Seine par le préfet de police Maurice Papon ;
- des conseils des ministres de cette période, en particulier par les notes prises par le secrétaire général de la présidence de la République, M. Geoffroy de Courcel.
- du ministère de l’Intérieur, de la préfecture de police, du Premier ministre et du Ministère des Affaires étrangères relatives aux négociations d’Evian.
Attachée à la connaissance par les citoyens de l’histoire contemporaine de la France, la Ligue des droits de l'Homme pense que c’est à ce prix que, cinquante ans plus tard, cet épisode de notre histoire pourra être mieux connu.
Plus généralement, elle demande que les archives de l’Etat soient soumises à des règles communes en matière d’archives conformes au fonctionnement des Etats démocratiques. Ce qui implique que soient versées aux Archives nationales celles de la préfecture de police de Paris, des ministères de la Défense et des Affaires étrangères, quitte à ce que leurs fonds relèvent de dispositions particulières précises et justifiées. Et que les archives des anciens ministres, Premiers ministres et présidents de la République relatives à leur fonction ne soient pas privatisées par les intéressés mais versées dans leur ensemble aux Archives nationales.
Elle réclame également que la notion d’archives « incommunicables » telle qu'elle apparaît dans la loi de 2008 soit effacée par une nouvelle loi."
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15/10/2011
Nabucco
Grand moment patriotique, musical, émotionnel, que cette représentation de "Nabucco" transmis par Colette Chauvin et Marcel Pirris.
(Allez jusqu'au bout du texte ci-dessous, si vous ne comprenez pas l'Italien, puis plongez au cœur de la vidéo. C'est magnifique !!!)
Le 12 mars dernier, Silvio Berlusconi a dû faire face à la réalité. L’Italie fêtait le 150 ème anniversaire de sa création et à cette occasion fut donnée, à l’opéra de Rome, une représentation de l’opéra le plus symbolique de cette unification : Nabucco de Giuseppe Verdi, dirigé par Riccardo Muti.
Nabucco de Verdi est une œuvre autant musicale que politique : elle évoque l'épisode de l'esclavage des juifs à Babylone, et le fameux chant « Va pensiero » est celui du Chœur des esclaves opprimés. En Italie, ce chant est le symbole de la quête de liberté du peuple, qui dans les années 1840 - époque où l'opéra fut écrit - était opprimé par l'empire des Habsbourg, et qui se battit jusqu'à la création de l’Italie unifiée.
Avant la représentation, Gianni Alemanno, le maire de Rome, est monté sur scène pour prononcer un discours dénonçant les coupes dans le budget de la culture du gouvernement. Et ce, alors qu’Alemanno est un membre du parti au pouvoir et un ancien ministre de Berlusconi.
Cette intervention politique, dans un moment culturel des plus symboliques pour l’Italie, allait produire un effet inattendu, d’autant plus que Sylvio Berlusconi en personne assistait à la représentation…
Repris par le Times, Riccardo Muti, le chef d'orchestre, raconte ce qui fut une véritable soirée de révolution :
« Au tout début, il y a eu une grande ovation dans le public. Puis nous avons commencé l’opéra. Il se déroula très bien, mais lorsque nous en sommes arrivés au fameux chant Va Pensiero, j’ai immédiatement senti que l’atmosphère devenait tendue dans le public. Il y a des choses que vous ne pouvez pas décrire, mais que vous sentez. Auparavant, c’est le silence du public qui régnait. Mais au moment où les gens ont réalisé que le Va Pensiero allait démarrer, le silence s’est rempli d’une véritable ferveur. On pouvait sentir la réaction viscérale du public à la lamentation des esclaves qui chantent : « Oh ma patrie, si belle et perdue ! ».
Alors que le Chœur arrivait à sa fin, dans le public certains s’écriaient déjà : «Bis !» Le public commençait à crier «Vive l’Italie !» et «Vive Verdi !» Des gens du poulailler (places tout en haut de l’opéra) commencèrent à jeter des papiers remplis de messages patriotiques – certains demandant «Muti, sénateur à vie».
Bien qu’il l’eut déjà fait une seule fois à La Scala de Milan en 1986, Muti hésita à accorder le «bis» pour le Va pensiero. Pour lui, un opéra doit aller du début à la fin. «Je ne voulais pas faire simplement jouer un bis. Il fallait qu’il y ait une intention particulière.», raconte-t-il.
Mais le public avait déjà réveillé son sentiment patriotique. Dans un geste théâtral, le chef d’orchestre s’est alors retourné sur son podium, faisant face à la fois au public et à M. Berlusconi, et voilà ce qui s'est produit :
Traduction et Commentaires :
[Après que les appels pour un "bis" du "Va Pensiero" se soient tus, on entend dans le public : "Longue vie à l'Italie !"]
Le chef d'orchestre Riccardo Muti : Oui, je suis d'accord avec ça, "Longue vie à l'Italie" mais...
[Applaudissements]
Muti : "Je n'ai plus 30 ans et j'ai vécu ma vie, mais en tant qu'Italien qui a beaucoup parcouru le monde, j'ai honte de ce qui se passe dans mon pays. Donc j'acquiesce à votre demande de bis pour le "Va Pensiero" à nouveau. Ce n'est pas seulement pour la joie patriotique que je ressens, mais parce que ce soir, alors que je dirigeais le Choeur qui chantait "O mon pays, beau et perdu", j'ai pensé que si nous continuons ainsi, nous allons tuer la culture sur laquelle l'histoire de l'Italie est bâtie. Auquel cas, nous, notre patrie, serait vraiment "belle et perdue".
[Applaudissements à tout rompre, y compris des artistes sur scène]
Muti : Depuis que règne par ici un "climat italien", moi, Muti, je me suis tu depuis de trop longues années. Je voudrais maintenant... nous devrions donner du sens à ce chant ; comme nous sommes dans notre Maison, le théâtre de la capitale, et avec un Chœur qui a chanté magnifiquement, et qui est accompagné magnifiquement, si vous le voulez bien, je vous propose de vous joindre à nous pour chanter tous ensemble.
C’est alors qu’il invita le public à chanter avec le Chœur des esclaves. « J’ai vu des groupes de gens se lever. Tout l’opéra de Rome s’est levé. Et le Chœur s’est lui aussi levé. Ce fut un moment magique dans l’opéra. »
« Ce soir-là fut non seulement une représentation du Nabucco, mais également une déclaration du théâtre de la capitale à l’attention des politiciens. »
Sincèrement MERCI à Colette Chauvin et à Marcel Pirris.
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11/10/2011
Lettre ouverte d'Arnaud Montebourg
A l'attention de Martine Aubry et de François Hollande...
Sachant que le Front de Gauche a pris instantanément les devants, on attend des réponses aussi claires, pas des contorsions.
Mise à jour du 15 octobre : La fin décevante d'un engagement pas des idées représentées puisqu'elles seront bien soutenues, voire mieux soutenues par un Front de Gauche qui en a désormais la.charge quasi exclusive.
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10/10/2011
Nettoyer la mêlée
Le score d’Arnaud Montebourg aux primaires socialistes n’aurait pas été aussi élevé si un mouvement de fond national et international ne l’avait pas précédé. AM a concrétisé et légitimé ce mouvement au PS sous le label «démondialisation» qui se place dans la continuité du mouvement des «indignés» et dans la logique d’une prise de conscience collective antilibérale.
Le refus des inégalités, des injustices et des tyrannies molles ou dures, ce n’est pas rien. Son score en est le reflet.
C’est un succès, pas une victoire et il faudra que cela ait une suite. On ne se contentera pas d’avoir pesé si le pire n’est pas évité, le pire étant la soumission à une oligarchie ultralibérale de droite comme de gauche, avouée ou maquillée.
Il ne s’agit pas tant de savoir sur quel candidat du PS les voix d’AM se porteront mais de savoir qui, à terme, sera le plus crédible et le plus qualifié pour relayer ce qu’elles signifient, et surtout comment se fédérera-t-on ?
Pour l’instant et à l’instar d’une équipe de rugby capable de marquer des essais sans trop en encaisser, il va falloir nettoyer la mêlée sans mollesse. Les équipes respectives de M. Aubry et de F. Hollande comportent chacune des éléments ou joueurs suspects de hors jeux, voire d’antijeu : pacte de Marrakech et sparadrap DSK via quelques seconds couteaux (Cambadélis) pour la première ; garde rapprochée du même ex du Sofitel pour le second (Le Guen, Moscovici …), sans oublier les cartons rouges décernés ici et là par ce qu'il reste des autorités judiciaires.
Et sans parler des ententes étranges qui subsistent et pourraient être entretenues avec l’OMC de P. Lamy, la Présidence de l'Autorité des marchés financiers de JP. Jouyet ou le FMI de C. Lagarde, laquelle a été félicité par les deux représentants du PS encore en lice, pour sa nomination à la tête de ce machin qu'il faudrait dé-mondialiser d’urgence.
Les dénégations des uns et des autres, dénégations qui se multiplieront dans les jours à venir, sur les relations privilégiées qu’ils entretiennent avec des personnages décidément douteux pour qui souhaite une République portée par une vraie gauche socialiste, ne suffiront vraisemblablement pas à enflammer la campagne. Faudra-t-il s’en contenter ?....
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01/10/2011
L’étau télécratie - démocratie
Notre conscience individuelle n’aura jamais été autant menacée à travers l’exploitation de nos pulsions et il serait temps de brider cette arme de destruction massive que constitue le domaine télévisuel concentré sur la seule rentabilité commerciale.
C’est pour cette raison que la réaction d’Arnaud Montebourg est saine. C’est un des seuls candidats à la présidentielle de 2012, si ce n’est le seul, à avoir évoqué la question, même s’il se situe davantage sur le plan immédiatement réalisable de la concession du domaine public et de ses conséquences économiques que sur des considérations sociologiques et culturelles, inscrites dans le long terme. Mais si ce n’était que cela, cela serait déjà beaucoup.
Beaucoup, puisque cela induirait le contrôle des JT bidonnés et formatés façon Fouquet's, et surtout, permettrait d’envisager une fin à la braderie du «temps de cerveau humain disponible» via un CSA rendu compétent et indépendant. TF1 et M6 sont immédiatement visées. Tant mieux mais les contaminés du PAF sont aujourd’hui nombreux, pendant que l’apprentissage de la soumission s'est diversifiée et l’addiction au petit écran est devenue inappréciable.
On a beaucoup parlé de « Metropolis »… on n’a pas fini d’y penser.
L’alternance rêvée serait donc en effet, que l’on tienne compte et écoute l’analyse de Bernard Stiegler, initiateur et président d’Ars industrialis qui décrit parfaitement les mécanismes mis en jeu pour capter la foule des téléspectateurs isolés dont nous faisons parti à notre corps prétendument défendant. C’est d’autant plus urgent que «la mondialisation et le phénomène d'uniformisation des comportements s'attaquent à la singularité des individus et des cultures», à notre identité initiale. N’en déplaise à un R. Enthoven qui, sans jamais s’investir dans une quelconque proposition constructive, considère la démondialisation comme un gadget tout juste bon à être «disséqué» et roulé dans un ridicule qui n’a rien d’humoristique.
La vidéo qui suit, terriblement angoissante, démontre comment l’émotion a fait place à l’exacerbation des pulsions les plus destructrices et mérite d’être visionnée ne serait-ce que pour prendre conscience du chantier qui reste à entreprendre.
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24/09/2011
La Palestine entre miracle et désarroi
A moins d’un «miracle», les prochaines élections israéliennes n’auront lieu qu’en 2013. D’ici là, rien ne se passera sans doute sur le plan de la diplomatie et de ses cercles vicieux.
A la veille de la demande formulée par Mahmoud Abbas,la Palestine, telle qu’elle a été montrée sur les chaines de télévision européennes, - celle de nantis de Cisjordanie ayant partie liée avec la classe des affairistes israéliens; celle des dirigeants du Hamas à Gaza installés dans leur économie souterraine et leur opposition partisane à l'Autorité palestinienne - offre une image relativement inédite et désolante de ce que peut être la dépendance et l’enfermement.
Dépendance et enfermement verrouillés par le déni, l’autisme et la surdité paranoïaque de chaque camp, sur un fond de justification religieuse lui-même cadenassé par le manque de courage de ce que l’on ose encore appeler «la communauté internationale».
Tout est donc à redouter des confrontations à venir et les peuples ont ou s’octroieront carte blanche pour tenter de sortir de ce carcan. A moins d’un miracle laïc, c’est la seule alternative logique au blocage généralisé.
"Le journal de personne" illustre humainement ce désarroi :
Mon père s’est marié à deux reprises
Une fois à l’Est et une deuxième fois à l’Ouest… de Jérusalem…
Je suis palestinienne
Et ma demi- sœur est israélienne
On ne se parle plus…
Je parle arabe, elle parle hébreu
Mais on ne se comprend plus…
On fait semblant de ne plus se comprendre.
On s’est divisé sur la terre de notre père
Comme deux indignes héritières.
Je dis que c’est à moi, elle dit que c’est à elle,
Et aucune des deux ne veut lâcher prise
Elle a fait de son veau d’or une nation.
De ma nation, j’ai fait un veau de chair et de sang.
Elle est riche et prospère,
Je suis pauvre et amère
Elle a tous les puissants à ses pieds.
Je n’ai même plus d’yeux pour pleurer.
Elle dit que je lui fais la guerre
Mais ne veut surtout pas signer la paix.
Elle dit… elle dit que… je rêve de l’exterminer
Et pour m’en empêcher elle m’extermine pour de vrai !
Elle dit que son héritage est inscrit dans la bible,
en bas de chaque page
Je lui réponds… désolée
Mais ton titre de propriété n’est pas signé
Qu’il y a l’histoire que l’on fait
Et l’histoire que l’on raconte!
Et aucun lien entre les deux…
La Palestine c’est la maison de mon père
Quant à la maison de Dieu
Elle n’est pas sur cette terre
Tu la retrouveras si et seulement si
Tu ne m’ôtes pas la lumière
Tu m’ignores et tu voudrais que je m’ignore
Tu m’enterre pour me faire taire
Mais je serais pour toi, Israël
L’œil qui te poursuivra jusque dans ta tombe
Pour te dire : Abîme… Abîme !
Tu as commis le pire des crimes
En faisant de Dieu
L’instrument de ta morsure.
22/09/2011
21 septembre 2011, 23h08, Géorgie USA
Avant d'être exécuté, Troy Davis a adressé ce message hier à ses sympathisants dans le monde entier :
"Le combat pour la justice ne s'arrête pas avec moi.
Ce combat est pour tous les Troy Davis avant moi et
tous ceux qui viendront après moi.
Je me sens bien, je prie et je suis en paix.
Mais je n'arrêterai de me battre qu'à mon dernier souffle".
Le 9 octobre 2011, la France fêtera les 30 ans de la promulgation de la loi abolissant la peine de mort. Pour célébrer cet événement, Ensemble contre la peine de mort (ECPM) se mobilise en faisant des temps forts de l’année 1981 ceux de l’année 2011 au travers de nombreuses actions d’information et de sensibilisation du public à l’abolition universelle.
Le 22 septembre 2008 déjà, il avait transmis la lettre qui suit par l’intermédiaire de sa sœur, Martina Correia :
Prison de Jackson, Etat de Géorgie, Etats-UnisA vous tous,
Je tiens à vous remercier pour tous vos efforts et votre dévouement en faveur des droits Humains et de la bonté humaine. Au cours de l’année passée, j’ai éprouvé une telle émotion, une telle joie, une telle tristesse et une foi infinie.
C’est grâce à vous tous qu’aujourd’hui je suis en vie. Quand je regarde ma sœur Martina, je suis émerveillé par l’amour qu’elle a pour moi ; bien sûr je m’inquiète pour elle, pour sa santé, mais comme elle me le dit, elle est l’aînée et elle n’abandonnera pas ce combat mené pour me sauver la vie et prouver au monde que je suis innocent de ce terrible crime.
Quand je regarde mon courrier qui vient du monde entier - d’endroits dont je ne pensais pas entendre parler et de personnes dont je pouvais tout juste espérer découvrir un jour par moi-même la langue, la culture ou la religion - je ressens une grande humilité devant l'émotion qui remplit mon cœur d’une joie débordante, irrésistible.
Je ne peux même pas expliquer l’intensité de l’émotion qui monte en moi quand j'essaie d'exprimer la force que vous me donnez, qui se mêle à ma foi et me montre une fois encore qu'il ne s'agit pas d'une affaire de peine de mort, qu’il ne s'agit pas du cas de Troy Davis, mais qu’il s’agit de la justice et de l’esprit humain à l’œuvre pour voir triompher la justice.
Je ne peux pas répondre à toutes vos lettres mais je les lis toutes, je ne vous vois pas mais je peux imaginer vos visages, je ne peux pas vous entendre mais vos lettres m'emportent vers des horizons lointains, je ne peux pas vous toucher mais chaque jour qui passe je peux ressentir votre générosité.
Alors merci.Rappelez-vous que là où je me trouve, l'exécution peut seulement nous détruire physiquement mais grâce à ma foi, à ma famille et à vous tous, sur le plan spirituel, je suis libre depuis un certain temps et quoi qu’il arrive dans les jours et les semaines à venir, ce mouvement qui vise à mettre un terme à la peine de mort pour obtenir une véritable justice et dénoncer un système qui ne protège pas les innocents doit s’accélérer. Il y a tant d’autres Troy Davis.
Ce combat pour mettre fin à la peine de mort n'est pas gagné ou perdu à travers moi, il l’est à travers la force qui nous permet d’avancer et de sauver chaque personne innocente emprisonnée partout dans le monde. Nous devons démanteler ce système injuste ville après ville, Etat par Etat, pays par pays.
J’attends avec impatience de pouvoir lutter à vos côtés, que ce soit en personne ou par l’esprit, un jour j’annoncerai :
« JE SUIS TROY DAVIS et JE SUIS LIBRE. »N’arrêtez jamais de lutter pour la justice et nous vaincrons !
Troy Davis
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19/09/2011
Urgence pour la Palestine
Pendant que les commentateurs politiques cherchent encore à savoir si l’ex directeur du FMI a bien joué son rôle de victime es-gente féminine et/ou d’expert en rafistolage des dettes souveraines, l’Histoire pourrait enfin avancer de façon positive pour la Palestine dès cette semaine à l’ONU.
Quelques élus dits «de gauche» s’interposent encore à cet espoir de voir, dès cette semaine, la Palestine intégrer le cortège des Etats du monde. Ce faisant, ils s’affichent comme les alliés objectifs de l’actuel gouvernement israélien et de ses lobbies. Leur nom n’est pas un secret ni même, pour certains, une surprise :
Jean-Pierre Plancade ; Jean-Michel Baylet ; Jean-Marie Le Guen ; Serge Blisko ; Madec Roger ; Yves Dauges ; George Paul-Langevin ; Nicole Bricq ; Jean-claude Frécon ; Simon Sutour ; Gilbert Barbier ; Serge Lagauche ; Armand Jung ; Hoffman-Rispal Danièle ; Marie-Françoise Pérol-Dumont ; Jean-Jacques Urvoas ; Christiane Demontès ; David Habib ; Patrick Bloche ; André Vallini ; François Pupponi.
Leur lettre ouverte à eux est ici. Chacun appréciera !!!
La lettre ouverte qui suit n'est donc pas la leur. Elle émane de la Ligue des Droits de l'Homme :
à
Monsieur Nicolas Sarkozy
Président de la République
Palais de l’Elysée
55, rue du faubourg Saint-Honoré
75008 ParisParis, le 12 septembre 2011
Monsieur le Président,
Plus de soixante ans après l’adoption d’un plan de partage de la Palestine, si l’Etat d’Israël a été effectivement créé, l’Etat palestinien n’existe toujours pas. Les différentes résolutions des Nations unies sont restées lettres mortes et le peuple palestinien, en Cisjordanie comme à Gaza, continue à supporter occupation et blocus. La colonisation israélienne ne s’est jamais arrêtée, même pendant la période où les accords d’Oslo ont été appliqués. Aujourd’hui, contre toute légalité internationale, le Golan est passé sous souveraineté israélienne, des pans entiers de la Cisjordanie sont de fait annexés et les quartiers palestiniens de Jérusalem sont rongés par une colonisation rampante parce qu’Israël a fait de cette ville sa capitale exclusive, là aussi au mépris du droit.
Dans quelques jours, l’Assemblée générale des Nations unies sera saisie d’une demande de reconnaissance de la Palestine en tant que membre de l’ONU. Cette reconnaissance ne permettra pas à elle seule de résoudre le conflit actuel ni de faire cesser l’occupation israélienne. En même temps, elle permettra de réaffirmer ce qui tend à être oublié : le droit des Palestiniens à un Etat souverain dans des frontières aussi sûres et reconnues que celles de l’Etat d’Israël.
Cette reconnaissance de la Palestine en tant qu’Etat, membre de la communauté internationale, permettra surtout de restituer aux négociations leur point de départ : les frontières de 1967, et non la politique d’annexion de fait suivi depuis plus de soixante ans par les différents gouvernements israéliens.
S’insérant dans l’immense revendication démocratique qui se lève partout dans la région, la reconnaissance d’un Etat palestinien fera des représentants du peuple palestinien des acteurs de plein droit de la communauté internationale, avec les mêmes droits mais aussi avec les mêmes responsabilités et ouvre de nouvelles possibilités en faveur de la paix.
Nous appelons le gouvernement français, l’Union européenne et ses Etats membres à soutenir de leur vote la reconnaissance par les Nations unies de l’Etat de Palestine. Nous vous informons que cette lettre sera rendue publique.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma haute considération.
Le Pdt de la Ligue des Droits de l’Homme
Pierre Tartakowsky
Pour celles et ceux qui en ont la possibilité, un rassemblement est prévu
le 21 septembre à 18h00 à Paris (métro Opéra)
Journée de mobilisation internationale pour la reconnaissance de l’État palestinien.
La Palestine doit devenir membre de l’ONU.
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12/09/2011
11 septembre : réalité d’un paradoxe
Le point de vue d’Eva Joly sur l’après 11 septembre fait état d’un paradoxe bien réel.
Paradoxe dans le fait que les démocraties, traumatisées à cette date et qui avaient brandi jusque là l’étendard de la Liberté, ont sacrifié et continuent de sacrifier une part de cette Liberté au besoin de se protéger contre l’insécurité terroriste. Ce qui est en soi concevable.
Sauf que ces démocraties ont en fait « sauté sur l’occasion du 11 septembre » pour se justifier de l’injustifiable qui pouvait leur être imputé. Et rien n’a vraiment changé.
Par exemple : le très actuel positionnement des nations dominantes dans la volonté de se faire prier pour reconnaître l’existence d’un Etat palestinien ou leurs efforts constants à investir dans une industrie officiellement consacrée à l’anti-terrorisme au dépend de besoins essentiellement alimentaires, sanitaires, éducatifs, ou encore cette volonté de ne remettre en cause ni l’état d’esprit ni les institutions imaginées pour défendre un libéralisme inique et sans âme.
N’aurait-on pas oublié que « La condamnation morale, l'union sacrée contre le terrorisme sont à la mesure de la jubilation prodigieuse de voir détruire cette superpuissance mondiale, mieux, de la voir en quelque sorte se détruire elle-même, se suicider en beauté. Car c'est elle qui, de par son insupportable puissance, a fomenté toute cette violence infuse de par le monde, et donc cette imagination terroriste (sans le savoir) qui nous habite tous. » (…) « Quand la situation est ainsi monopolisée par la puissance mondiale, quand on a affaire à cette formidable condensation de toutes les fonctions par la machinerie technocratique et la pensée unique, quelle autre voie y a-t-il qu'un transfert terroriste de situation ? » (Extraits d’un article rédigé le 2 novembre 2001 par Jean Baudrillard jugé iconoclaste à l’époque)
Le sentiment d’injustice dans lequel continue d’être tenus un nombre croissant de pays, comme ceux du Maghreb et du Machreb par exemple, est pour l’instant une préoccupation de second plan tant il est urgent pour les peuples qui les habitent de se débarrasser des régimes dictatoriaux obscurantistes et sanguinaires. Mais ce sentiment d’injustice risque de réapparaître assez rapidement, d’autant plus rapidement que « l’effondrement des tours a correspondu aussi dans l’imaginaire et la mémoire collective à l’effondrement d’un système et d’un mode de vie occidental » imposé à la planète entière. Apparemment, il n’en a pas été tenu compte puisque l’actuel anéantissement du système économique mondialisé, bénéficiant d’emplâtres successifs, est artificiellement retardé.
Jusqu’à quand ? Jusqu’à quel autre 11 septembre ? Autrement dit : « Si Ben Laden comme Bush n’ont pas gagné, ils n’ont pas perdu la partie. »
D’où la justesse du constat d’Eva Joly lorsqu’elle écrit : « dix ans après le 11 septembre (…), nous nous trouvons (ndlr : toujours) devant le choix d’une société globale de surveillance fondée sur la peur et la stigmatisation, ou celui d’une transition économique, énergétique, démocratique fondée sur les principes de coopération et de sécurité humaine. J’ai pour ma part choisi la voix de ce changement juste, celui tracé par l’écologie politique. »
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04/09/2011
Des nanos dans la tête
Les fichiers d'Hortefeux et Guéant vont bientôt être supprimés. Ce pourrait être une bonne nouvelle, sauf qu'on est en passe d'y substituer des puces bien plus efficaces. Et le nanomonde, c'est pour maintenant :
"
En septembre 2011, à une date inconnue pour prévenir toute manifestation hostile, le techno-gratin grenoblois, député-maire, patron du CEA-Minatec, neurotechnologues, neuro-industriels, va inaugurer le bâtiment du laboratoire Clinatec, issu d’une entreprise commune au CEA-Minatec et au CHU de Grenoble.Le but revendiqué, officiel, de Clinatec, est de « nous mettre des nanos dans la tête ». En clair, des implants cérébraux. Pour être encore plus clair, le programme Clinatec travaille depuis 2006 dans une quasi clandestinité à l’interface cerveau-machine, à l’intrusion du pouvoir médical et politique dans notre for intérieur (espionnage, détection des intentions, décryptage des sentiments, reconnaissance de la « pensée »). L’interface primate-machine et, déjà, homme-machine, ouvre la porte, elle, au pilotage des rats, des macaques, des hommes – bref, à la production de robots humains, de « cyborgs » si vous voulez, « d’organismes cybernétiques ». Faut-il souligner les avantages de cette nouvelle catégorie de population pour les entreprises, les gouvernements, les armées ? Demandez donc à la direction d’Orange qui doit faire face à une vague de suicides parmi ses employés humains, d’un modèle périmé.
Naturellement, Clinatec n’est pas le seul laboratoire de neurotechnologies dans le monde à œuvrer à la société de contrainte. Naturellement, les neurotechnologies ne sont pas les seules à œuvrer à la société de contrainte. Elles complètent par un pilotage fin, individualisé, le pilotage de masse effectué par le système informatique et les puces RFID (voir IBM et la société de contrainte).
Nous voudrions toutefois souligner deux curiosités à propos de Clinatec. La réunion initiale du projet eut lieu le 2 juin 2006, dans les locaux du CEA, le lendemain de la manifestation contre l’inauguration de Minatec. Réunion secrète, avec Jean Therme, le patron du CEA-Minatec, Alim-Louis Benabid, le maniaque des électrodes cérébrales, et deux administrateurs du CEA. On voit que le millier de manifestants qui bravèrent gaz et charges policières à cette occasion, ont eu raison de se déplacer et avaient saisi l’enjeu historique de cette protestation.
L’autre curiosité, c’est la filiation scientifique d’Alim-Louis Benabid, qui se présente toujours comme un bienfaiteur de l’humanité avide de soulager les souffrances des malades de Parkinson et des paralysés à l’aide de ses implants. Nous révélons ici qu’il n’est en réalité qu’un épigone de José Delgado, l’apôtre de la « société psychocivilisée », le premier neurotechnologue à avoir piloté des rats, des singes, un taureau, des humains à l’aide d’implants cérébraux, et à avoir exposé au gouvernement américain tous les bénéfices politiques et sociaux à retirer de son « innovation ».
03/09/2011
Solder les comptes du capitalisme
Les grandes déclarations consistant à moraliser le capitalisme ont très vraisemblablement fait leur temps. Le socialisme dans lequel beaucoup d’espoirs ont été placés, et qui, faute de mieux, continue par défaut d’être la seule hypothèse acceptable, risque de tourner court, définitivement, si la notion de bien public continue d’être dévoyée au profit de combines et stratégies à court terme, partisanes et cupides. Le temps est-il venu de penser plus radicalement ? L’histoire le dira et j’espère seulement qu’elle s’abstiendra d’être trop sinistre.
En attendant, il faut tenir tout en essayant de concevoir un « après » au capitalisme finissant. Toute nouvelle évaluation se devra d’être globale, «intégrant des données économiques, sociales, culturelles et, ce qui est nouveau, environnementales. (…) Elle se devra évidemment d’inclure «le principe de l’élargissement le plus achevé de la démocratie (…)». A lire absolument : "Le Capitalisme à l'agonie" de Paul Jorion.
Pour l’heure, il faut donc survivre à un système autant qu’à ce qu’il implique au plan des pratiques sociales, certaines étant plus détestables ou évitables que d’autres, (autre façon d’introduire la notion de désobéissance civique), et posant la nécessité d’un distinguo à établir entre corruption-pouvoir-richesse, et transgression-dépendance-pauvreté.
Sur ce dernier point, on peut trouver un élément de réponse dans la note intitulée «La transgression, modèle économique alternatif pour les pays pauvres»
Mais de toute évidence, solder les comptes du capitalisme, reviendra nécessairement à remettre en cause un système autant qu’un état d’esprit et une manière de penser : une aventure humaine de longue haleine qui dépasse très largement les promesses électorales trotte-menu.
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18/08/2011
Août 80, sur les docks de Gdansk
Encore un lézard de l’Histoire.
Par hasard, je tombe sur un article de JM Bougereau (ex Libé de 1974 à 1987) paru en septembre 2008. Il retrace l’histoire d’un reportage qu’il réalisa au moment des accords de Gdansk signés en août 1980 pour un portrait de Lech Walesa. Il en ressort « Anna Walentynowicz : la véritable héroïne de Gdansk ».
Un documentaire sur Arte, très bien fait si j’en crois mes souvenirs, suivra. Il est intitulé « Anna Walentynowicz, dans l’ombre de Lech Wałęsa » (Emmy Awards en 2001 pour l’instant indisponible sur le net). Il actualise les souvenirs de JM Bougereau.
Je situe l’anecdote, historique, dans le fait que, « licenciée sans aucune possibilité de recevoir une retraite, alors même qu’il lui manquait seulement 5 mois de travail », dans un contexte de fortes revendications sociales et par solidarité avec Anna Walentynowicz, une grève est entamée à cette occasion, qui donnera naissance au syndicat Solidarność dont Anna W. aura été très discrètement reconnue comme co-fondatrice avec Lech Walesa.
Récit :
« (…) Ému d'avoir revu (ndlr. Documentaire Arte) cette petite bonne femme que, naïvement, je croyais décédée et que je viens de voir venir aux portes des chantiers navals de Gdynia, où les ouvriers sont de nouveau en grève parce que la direction ne leur donne pas la possibilité de manger chaud malgré le froid de ces villes de la côte baltique. Elle arrive devant les grilles du chantier à petits pas et les ouvriers, de l'autre côté de la grille, scandent des « Merci ! » à n'en plus finir.
Rappelons son histoire :
Ouvrière des chantiers navals de Gdansk et travaillant en tant qu’opératrice des grues, elle commence des activités associatives pour les ouvriers dans les années 70. Pour son appartenance à une association indépendante, elle reçoit le 7 août 1980, comme sanction disciplinaire, d’être licenciée sans aucune possibilité de recevoir une retraite, alors même qu’il lui manquait seulement 5 mois de travail avant la retraite. La décision de la direction entraîne une grève qui a donné naissance au syndicat NSZZ Solidarność dont elle est la co-fondatrice avec Lech Wałęsa. Figure de proue de ce syndicat, elle y a joué un rôle crucial et en a subi les conséquences, ayant été condamnée à vingt ans de prison pour ses activités et ayant passé de nombreux mois en prison. Ses compagnons se souviennent entre autres de son discours pour maintenir la grève, qui a emporté l'adhésion du reste de la direction contre l'avis de Wałęsa, et à un moment critique pour la continuité du mouvement.
Ce documentaire m'a rappelé une anecdote vécue dans les semaines qui suivirent les accords de Gdansk. Solidarność n'existait pas encore officiellement. Mais de facto. Le siège du syndicat se tenait à l'hôtel de la mer, où, envoyé spécial de Libération, je passais de nombreuses journées. Je me souviens avoir rencontré Anna pour faire un portrait d'elle et lui demander de me trouver des documents sur la période clandestine du comité qui donna l'essentiel de ses cadres à Solidarność.
Un jour une ouvrière qui servait "d'attachée de presse" à Lech Wałęsa, qui était devenu en quelques semaines une star mondiale, me proposa d'assister à l'une de ces conférences de presse que "Lechek" tenait régulièrement avec les "touristes politiques" venus de toute l'Europe, un peu comme au Portugal lors de la révolution des œillets. Je refusais, n'acceptant que de voir Wałęsa en tête à tête pendant un temps suffisant pour réaliser une véritable interview du leader du mouvement. Puis, cette possibilité semblant vaine, Libération étant peu connu en Pologne, j'acceptai. J'assistai donc à la verve oratoire de Lech Wałęsa face ces touristes politiques émerveillés par la proximité de cette vedette et dont les questions étaient toutes complaisantes. Je sentais Wałęsa bicher devant ce public acquis à sa cause et à sa personne. Puis, au beau milieu, entra Anna Walentynowicz qui me cherchait pour me donner quelques uns des tracts clandestins qu'elle avait trouvés. À ce moment-là, je sentis comme de mauvaises ondes venant de Wałęsa. Et je vis qu'il se demandait qui était ce jeune type qu'Anna venait voir, quitte à troubler la conférence de la star.
La conférence se termina avec quelques questions impertinentes de ma part auxquelles il répondit par des pirouettes. Puis, la messe étant dite, je sortis. Et Maria, "l'attachée de presse" de Wałęsa, me prit à part pour me dire que "Lechek" voulait me voir. Il sortit et, alors que je ne lui avais rien demandé, il me signa un "ex libris" à son nom, à moi qui n'ai jamais demandé d'autographe à personne. Dès ce jour, je commençai à me méfier de Lech Wałęsa, sans, évidemment, lui retirer ses mérites. À me méfier de cette grande gueule bravache, ce qui m'amena, lors de son voyage à Rome pour voir le Pape, à écrire dans Libération un portrait peu dans le ton général d'une presse qui l'encensait. Un portrait sucré-salé, en langage gastronomique...
Anna Walentynowicz, elle, quitta Solidarność dans les années 80 en critiquant la direction de cette époque assemblée autour de Wałęsa. L’essence de la dispute tenait aux accusations d’appartenance de Lech Wałęsa à la police secrète SB, accusations qui demeuraient malgré le jugement d’un tribunal ayant déclaré Wałęsa non coupable (L'ouverture des archives IPN a permis de confirmer qu'il était très probablement enregistré sous le pseudo d’« Agent Bolek », et ce malgré la disparition d'une partie des feuillets concernant cet agent à l'époque de la présidence de Wałęsa). Avec la démocratie et l’arrivée au pouvoir de Solidarność, elle n’était plus d’accord avec ses orientations. En 2000, elle a refusé le titre de citoyenne honoraire de la ville de Gdansk. À 74 ans, en situation matérielle difficile dans son petit studio d'un immeuble de Gdansk où elle vit seule, elle a demandé une indemnité de 120 000 zloty (30 000 €) pour dommages physiques et moraux subies dans les années 80. Cela lui a été refusé par le tribunal de Gdansk.
Deux itinéraires, deux destins... »,...
une victoire sur une dictature qui sans Anna Walentynowicz, décédée le 10 avril 2010 à Smolensk (Russie) dans l'accident de l'avion présidentiel polonais, aurait bien pu ne pas avoir lieu.
Source
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16/08/2011
Histoire d’un squat
Preuve que la dignité a tout à voir avec la résistance :
Sao Paulo, 18 millions d’habitants. La plus grande ville d’Amérique Latine, la plus forte concentration de mal-logés au monde.
Au 911 de l’avenue Prestes Maia, près de 2 000 personnes ont trouvé refuge dans une usine désaffectée de 25 étages. Chômeurs, ouvriers, femmes de ménage, vendeurs à la petite semaine, se côtoient. C’est le plus grand squat d’Amérique Latine, un véritable bidonville vertical.
Severino de Sousa est arrivé le premier. A 56 ans, ce « cartoneiro » est un pilier du squat. Pour faire vivre sa famille, il trie les poubelles et revend les déchets aux usines de recyclage. Au milieu des ordures, Severino a sauvé des centaines de livres pour créer la bibliothèque du 911. En 6 ans, il a rassemblé plus de 10 000 livres.
Brasiliano da Silva vend des boissons sur les voies rapides de Sao Paulo. Il en profite pour recommander ses livres préférés. La littérature l’aide à rêver d’un monde meilleur.
Le 911 a sa propre loi. Tous doivent la respecter sous peine d’être remis en place par le conseil des habitants qui se réunit une fois par semaine. Le concierge s’occupe du courrier, les gardiens se relayent pour sécuriser l’entrée, on nettoie les parties communes à tour de rôle. Loin des violences des rues de Sao Paulo, tous trouvent un refuge et peut-être même des mots pour se battre.
A lui seul, le squat 911 s’assimile à une réussite et montre à quel point une société marginale, solidaire, peut s’organiser pour sa liberté.
Le photographe brésilien Julio Bittencourt a rendu hommage aux résidents de cet immeuble en les immortalisant, dans le cadre de leur fenêtre - symbole de vie -, pour des moments empreints d’humanité et de dignité avant que tous soient expulsés en 2007 pour …. « raisons politiques » !!!
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13/08/2011
Il y a 50 ans, le mur de Berlin
Entre 1949 et 1961, près de 2,7 millions de citoyens avaient quitté la RDA et Berlin-Est. Cet exode, composé pour la moitié de jeunes de moins de 25 ans, amplifiait les problèmes du pays pour le SED (ndlr : parti socialiste unifié). Tous les jours, plus d'un demi-million de personnes passaient la frontière entre les secteurs d'occupation de Berlin et comparaient ainsi les conditions de vie. En 1960 seulement, environ 200.000 citoyens de RDA s'étaient installés définitivement en RFA ou à Berlin-Ouest. La RDA se trouvait au bord de la faillite économique.
Le 15 juin 1961, le président du conseil d'état de RDA, Walter Ulbricht, avait déclaré: "personnes n'a l'intention de construire un mur". Et pourtant, le 12 août 1961, le conseil des ministres de RDA annonça: «un dispositif de contrôle aux frontières de la RDA avec l'Allemagne de l'Ouest et les secteurs d'occupation occidentaux à Berlin, tel qu'il est pratiqué par tous les états souverains, sera mis en place, afin de mettre un terme aux activités hostiles du pouvoir militaire rancunier de l'Allemagne de l'Ouest et de Berlin-Ouest». Nulle mention ne fut faite dans cette déclaration du conseil des ministres quant au fait que les citoyens de RDA n'aurait plus le droit de quitter les frontières de leur pays.
Au petit matin du 13 août 1961 des barrages provisoires furent mis en place autour du secteur d'occupation soviétique et les routes d'accès coupées. Des détachements de la police militaire, de la police des transports et des milices ouvrières stoppèrent le trafic à la frontière avec les secteurs occidentaux de la ville. Ce n'est sûrement pas sans arrière-pensée que le SED avait choisi un dimanche pendant les congés d'été pour exécuter son opération.
Au cours des jours et semaines qui suivirent, les barrages barbelés provisoires déployés à la frontière avec Berlin-Ouest furent remplacés par un mur en dalles béton renforcé de briques creuses, monté par des ouvriers sous étroite surveillance des gardes-frontières de RDA. Les bâtiments limitrophes, tels que les immeubles de la Bernauer Straße, où le trottoir se situait dans l'arrondissement de Wedding (donc à Berlin-Ouest), et les rangées sud d'immeubles dans l'arrondissement Mitte (donc à Berlin-Est), furent tout simplement intégrés dans le dispositif de séparation entre les deux moitiés de la ville. Avec une opération coup de poing, les autorités de RDA firent murer les entrées d'immeubles et les fenêtres des rez-de-chaussée. Les habitants concernés ne pouvaient accéder à leurs logement que par les cours intérieures qui se trouvaient en territoire de RDA. C'est ainsi que de nombreux logement furent évacués de force dès 1961, non seulement dans la Bernauer Straße, mais aussi dans d'autres quartiers frontaliers.
Avec la construction du mur, certaines places ou quartiers entiers furent divisés abruptement d'un jour à l'autre, et le réseau suburbain de transports publics fut en partie neutralisé. Le soir du 13 août, le maire de Berlin déclara dans une allocution publique, devant le chambre des députés: «(...) Sous les yeux du monde entier, le sénat de Berlin condamne les mesures inhumaines et illégales adoptées par ceux qui veulent séparer l'Allemagne, opprimer Berlin-Est et menacer Berlin-Ouest (...).»
Le 25 octobre 1961 fut le jour de la confrontation des chars d'assaut américains et soviétiques devant le poste-frontière pour ressortissants étrangers de Friedrichstraße (Checkpoint Charlie): les gardes-frontières de RDA avaient exigé de contrôler des représentants des forces alliées occidentales, qui s'apprêtaient à rentrer dans la zone d'occupation soviétique. Pour les américains, cette consigne était attentatoire au principe de libre circulation des forces alliées dans la ville occupée. 16 heures durant, les deux puissances nucléaires restèrent ainsi figées, face à face, avec des blindés séparés de quelques mètres seulement. Le monde entier redouta la guerre. Mais un jour plus tard, les forces en présence se retirèrent. Grâce à l'intervention diplomatique du président américain Kennedy, le chef d'état et du parti soviétique Chruschtschow avait fini par reconnaître officiellement le statut d'occupation quadripartite de Berlin.
Par la suite, le dispositif de séparation fut étoffé et les contrôles aux frontières perfectionnés. A l'intérieur de Berlin, le mur qui séparait la partie Est de la partie Ouest, s'étendait sur 43,1 kilomètres. La portion extra-urbaine de séparation entre Berlin-Ouest et la RDA mesurait 111,9 kilomètres. Entre 1961 et 1989, plus de 100.000 personnes ont essayé de fuir la RDA en franchissant la frontière entre les deux Allemagnes ou le mur de Berlin. Plus de 600 fugitifs ont été abattus par les gardes-frontières de RDA, ou ont trouvé la mort autrement. On dénombre au moins 136 morts autour du seul mur de Berlin au cours de cette période. Source
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11/08/2011
La dette ailleurs
Douze millions de personnes dans le monde meurent de faim pendant que les agences de notation suscitent ou organisent le reflux des spéculateurs (gentiment appelés «investisseurs» par les médias) vers les places boursières qui consacrent l’essentiel de leurs activités sur les matières premières agricoles. En 2008 – 2009 déjà, ces « investisseurs » y avaient «trouvé refuge». Dans les pays occidentaux, peu de monde s’en était indigné.
«Légalement, avec les instruments spéculatifs ordinaires, ils (ndlr : toujours les mêmes) réalisent des profits astronomiques sur les aliments de base. Actuellement, la tonne de blé meunier est à 270 euros. Il y a un an, elle était de moitié. La tonne de riz a plus que doublé en un an et le maïs a augmenté de 63%. Les pays pauvres ne peuvent donc même plus acheter les aliments à même de constituer des réserves. Ils sont impuissants lorsque la catastrophe arrive.»
Autre cause de cette catastrophe humanitaire liée à la faim, et qui n’est malheureusement pas nouvelle : « le surendettement de ces pays. Le service (intérêt et amortissement) de la dette étrangère est tellement élevé qu’il absorbe pratiquement tous les revenus des États et les rend incapables d’investir dans les infrastructures notamment agricoles. Un exemple : seulement 3,8% des terres arables éthiopiennes sont irriguées alors qu’en Europe, elles le sont à 60%. L’Éthiopie n’a pas l’argent nécessaire pour puiser l’eau. Aujourd’hui, la nappe phréatique se trouve à 60, 70 mètres sous terre en raison de la sécheresse et, de ce fait, rend inopérantes les méthodes traditionnelles pour lever l’eau. » Jean Ziegler le 03/08/11.
Contre la dictature financière des marchés agités par les spéculateurs, la révolte est donc nécessaire. D’autant plus nécessaire que le discours du petit homme blanc du Cap Nègre prononcé à Toulon en 2008 s’est avéré particulièrement abjecte par son cynisme.
Comment ne pas se souvenir notamment de ce passage à corréler avec ses actes : «(…) L’idée de la toute puissance du marché qui ne devait être contrarié par aucune règle, par aucune intervention politique, était une idée folle. L'idée que les marchés ont toujours raison était une idée folle. (…) Si l'on veut reconstruire un système financier viable, la moralisation du capitalisme financier demeure la priorité. (…)»
Il est très probable que les partis d’opposition traditionnels soient dans l’incapacité de mettre fin à cette mascarade qui a pris une ampleur difficile à évaluer. Ce qui est certain, c’est que pour l’instant, ils ont la dette ailleurs avec toutes les conséquences que cela pourra entraîner. A moins qu'ils choisissent de rentrer dans l'histoire pour d'autres raisons que des enjeux purement partisans. Mais il se fait tard !
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10/08/2011
Auto décomposition
Qui parle encore du Glass Steagal Act, mis en place par Roosevelt en 1933, qui instaurait une séparation des banques de dépôts et des banques d'investissement ? De fait, seules les banques de dépôts étaient garanties par les états, assurant les dépôts des particuliers. Les risques pris par les banques d'investissement étaient supportés par les actionnaires.
Cette loi a été abolie par Clinton en 1999 sous la pression des lobbies bancaires américains. La suite a été extrêmement rapide : les banques d'investissement sont devenues aussi des banques de dépôts et ont pu prendre des risques insensés, assurées que les états ne les laisseraient pas faire faillite à cause des déposants particuliers. On a pu le vérifier en 2009, soit 10 ans après l'abolition du Glass Steagal Act. Et le lobbie bancaire est toujours très puissant et influant puisque peu de politiques en parle. Sont-ils complices ou incompétents, ou les deux ?
De toute façon, effet domino, contagion, mimétisme, inconscience…, tous les «émeutiers» de Londres, Athènes ou Mogadiscio n’ont pas les mêmes motivations ni les mêmes méthodes, mais tous participent de l’auto décomposition du système dans lequel nous sommes nés.
Les droits économiques, culturels et sociaux n’ont pas fini d’en faire les frais. Sont-ils dissociables de ce système ?...
27/07/2011
Loyal Hollande attitude
Dans la série des « EVITER », l’été risque de devenir sportif au PS puisque le challenge consiste visiblement à :
- Éviter rumeurs et boules puantes
- Éviter de dire et d’écrire trop de conneries comme « Une religion pour la République » (Peillon) ou « Si j’étais président » (Bianco)
- Éviter de se rencontrer en Avignon et ailleurs (et que ça se sache)
- Éviter de vexer les strausskhaniennes et les strausskhaniens blessés dans leur espoir, tenu secret, leur honneur et dignité
- Éviter de se mouiller sur des sujets mal maîtrisés (multiculturalisme, immigration, cumul des mandats, conflits d’intérêts…)
- Éviter les confrontations d’idées (surtout les bonnes qui ne seraient pas labellisées « Solférino » comme celles concernant la dé-mondialisation ou la sortie du nucléaire)
- Éviter la presse à scandale
- Éviter de bronzer sans en rougir ailleurs qu’à Marrakech
- Éviter de faire semblant de se fâcher ou de le faire vraiment
- Éviter de donner son opinion pour rien mais, au besoin, la vendre au plus offrant, etc, etc….
Sans oublier l’inévitable :
Éviter que le PS disparaisse pour s’être vraiment intéressé à ce qui aurait éventuellement pu le regarder : l’intérêt général ici en Europe et ailleurs.
Et que dire de François Hollande qui n'a pas évité de déclarer, sans doute par inadvertance : « Nous (ndlr. les membres du PS à l’exception d’E. Besson et de quelques autres) ne sommes pas au gouvernement depuis dix ans, et cela fait vingt-trois ans qu'un socialiste (ndlr. avec sa carte et tout) n'a pas été élu à l'Elysée »? Pourquoi ? Oui, pourquoi ?
Enfin, sachant que parmi les lames du tarot la Lune symbolise l'imagination dont l'initié a besoin pour s'avancer vers un pays inconnu, celui de la perfection, dont il ignore encore l'étendue et la nature exacte, avec un peu d’imagination, justement, pourra-t-on éviter le pire ?
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25/07/2011
La voix foudre et tonnerre
Une voix à écouter avec le cœur au ventre, en plein vent pour mieux résister au blues ambiant et à la peur de ne pouvoir échapper à la médiocrité. La voix humaine et puissante de Jacky Micaelli.
Ces voix sont de l’être, à la centaine
Qui m'égratignent le cœur et l'esprit
De toutes je me rapproche
De toutes je me sens proche.
Que mon chant éclate
Et claque comme la grand-voile
Qu'il accoste sur ces rivages audacieux
Où l'amour se lève comme le jour.
Celle-ci est trompe marine
De par ces calanques où la roche résonne
L'énorme voix de l'orient
Y sculpte foudre et tonnerre
Cette autre dévale de ces hauts lieux
Où se lamente l'épaisse brume
Chez ceux qui en sont les auteurs
Même les rires semblent des plaintes
Celle-là est voix de ce peuple
A la peau maure
Qui, les yeux brillants comme des étoiles
Se moquent bien du temps qui passe.
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21/07/2011
La lettre qui n'est pas arrivée rue de Solférino
New York, le 19 mai 2011
Chère Martine, chers camarades,
Compte tenu des circonstances judiciaires qui me sont faites, c’est avec une infinie contrariété que je me crois obligé de renoncer à présenter ma candidature à l’élection présidentielle de 2012 à travers la primaire du Parti socialiste.
Je pense d’abord en ce moment à ma femme – que j’aime plus que tout – à mes enfants, à ma famille, à mes amies.
Je pense aussi à mes collaboratrices et collaborateurs parisiens les plus proches avec lesquels j’ai correspondu pendant toutes ces années passées au FMI avec l’espoir et l’ambition de pouvoir dès 2012 donner une chance à notre parti.
A vous tous, cher(e)s camarades, je veux dire que je réfute d'avance tout ce qui m’est et me sera reproché, mais qu’il serait vain désormais d’imaginer que je puisse participer à cette l’élection.
Voulant préserver le Parti Socialiste que j’ai voulu servir avec honneur et dévouement, je souhaite que vous ne perdiez pas votre temps en conjectures sur mon avenir personnel et surtout, surtout, que vous sachiez consacrer toutes vos forces et toute votre énergie à faire la démonstration de votre capacité à convaincre.
Cette lettre qui n’a jamais existé, et c'est dommage, est révélatrice du profond mépris dans lequel a été tenu et continu d’être tenu le PS et ses militants par l'homme du Sofitel. Par voie de conséquence leur dévotion et leur grande naïveté pourrait très vite leur être préjudiciable.
Si bien qu’Edwy Plenel, en guise d'amical avertissement, a eu raison d’écrire dans Médiapart :
« (…) Comme le capitaine Haddock avec ce sparadrap dont il n'arrive pas à se débarrasser, les dirigeants socialistes continuent de vivre avec l'affaire Strauss-Kahn faute d'avoir su la clore.
Comment expliquer, par exemple, que l'intéressé, légitimement occupé à se défendre d'accusations graves, ait trouvé le temps d'écrire à ses amis du FMI, pour leur rendre leur liberté, et n'ait toujours pas réussi à s'adresser à ses camarades socialistes, pour les libérer eux aussi de l'embarras qu'il leur cause ?
En finir avec l'affaire Strauss-Kahn, son poison dépolitisant et son climat délétère, de rumeurs et de spéculations, aurait supposé une direction socialiste plus à même de faire prévaloir l'intérêt général de la gauche sur des intérêts particuliers, tissés d'alliances circonstancielles et de fidélités personnelles.
Pis, en soutenant la candidature de Christine Lagarde au FMI, notamment par la voix de Martine Aubry, le PS a réussi ce tour de force de ruiner les maigres plaidoyers en défense de « DSK vrai homme de gauche » dans ses fonctions de grand argentier du capitalisme mondial. Ainsi donc la ministre de l'économie qui incarnait en France une politique antisociale, au bénéfice des plus riches et au détriment du plus grand nombre, serait donc, pour les socialistes, la mieux à même de succéder à l'un des leurs à la tête du FMI ! Sans compter qu'en faisant cet aveu d'une classe politique interchangeable, le PS se contredisait lui-même, ignorant les procédures engagées par certains des siens contre Christine Lagarde dans l'immensément scandaleuse affaire Tapie. (…) »
Tellement raison que la lettre qui aurait pu tout changer, était très facile à rédiger par l'ex du FMI. On se prend même à imaginer qu’un faux aurait éventuellement pu mettre un terme à ce triste feuilleton.
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