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02/03/2013

"La mémoire n'est pas un truc fiable..."

Les accords d'Évian sont le résultat de négociations entre les représentants de la France et du Gouvernement provisoire de la République algérienne formé par le Front de libération nationale (FLN) durant la guerre d'Algérie. Ces accords sont signés le 18 mars 1962 à Évian et se traduisent immédiatement par un cessez-le-feu applicable sur tout le territoire algérien dès le lendemain.

Ces accords mettaient fin à huit ans d'une guerre qui n'en portait pas encore le nom.

Meurtres pour mémoire, jeanne Puchol

Prix Artémisia 2013 avec une BD intitulée «Charonne - Bou Kadir» (Editions Tirésias) , Jeanne Puchol nous rappelle un terrifiant souvenir d’enfance qui est aussi un fait d’histoire et l’un des fondements de son militantisme politique. Elle n'en est pas à son coup d'essai puisqu'elle a déjà publié « Meurtres pour mémoire» de Didier Daeninckx en 1991 qui traitait du même sujet.....Rencontre.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce livre ?

«Charonne : ce nom sur mon enfance, qu’il traverse, à la fois lugubre et familier », ainsi commençait un témoignage que j’ai écrit pour le recueil «Elles et eux et l’Algérie», paru chez Tirésias en 2004. C’est à nouveau ce condensé de sens du mot Charonne - la rue où j’ai vécu enfant, le nom de la manifestation du 8 février 1962 – qui m’a donné envie de pousser cette première réflexion plus loin.

Quel est l’enjeu de mémoire d’un ouvrage comme celui-ci ?

Quand on voit Monsieur Gérard Longuet faire un bras d’honneur sur un plateau de télévision à l’idée de la moindre «repentance» vis-à-vis de l’Algérie, quand on voit Madame Michèle Tabarot, fille d’un dirigeant de l’OAS et fière de l’être, devenir secrétaire générale de l’UMP, quand on voit les «nostalgériques» de tout poil rendre hommage à des légionnaires putschistes et donner leur voix au FN, la question se pose-t-elle encore ?

Vous vous êtes basée sur des témoignages de militants, parfois familiaux. Quelles ont été vos autres sources ?

En dehors de ceux de mes parents, les témoignages cités sont indirects : je les ai trouvés sur le site du Comité Vérité et Justice pour Charonne et dans le livre d’Alain Dewerpe, lui-même fils d’une des victimes, «Charonne 8 février 1962. Anthropologie historique d’un massacre d’État» (Gallimard Folio Histoire, 2006).

L’OAS est au cœur du récit. Qu’a représenté cette organisation ?

J’aurais aimé dire que cette organisation n’a représenté qu’elle-même. Mais non : dès le départ, elle a été composite, rassemblant des radicaux issus de l’extrême droite française, des militaires séditieux et des Français de France ou d’Algérie, entre autres d’anciens grands résistants, sincèrement persuadés que l’Algérie devait rester française. Pourtant, ses visées auraient dû paraître claires dès le départ : créée dans une clandestinité abritée par l’Espagne franquiste, l’OAS révèle ses objectifs factieux et anti-républicains en assassinant des fonctionnaires français en poste en Algérie, tel le commissaire central d’Alger Roger Gavoury, difficilement soupçonnable de soutien au FLN.

La France a-t-elle mal géré la sortie de son aventure coloniale ?

Je ne sais trop comment elle l’a gérée, mais elle ne l’a toujours pas digérée, à mon avis. Il suffit de voir le racisme ordinaire contre les ressortissants «visiblement musulmans» dont un de ses anciens dirigeants, auteur de cette insultante périphrase, et une bonne partie de sa population, sont encore capables…

Vous décrivez les événements du Métro Charonne, le 8 février 1962. Ont-ils créé un trauma particulier dans l’opinion publique française ?

Sans aucun doute, au vu des funérailles des victimes qui ont rassemblé presque un million de personnes le 13 février suivant. Pourquoi ces morts-là ont-ils créé un tel choc, alors que le conflit avait fait déjà beaucoup de victimes de part et d’autre ? Pourquoi, parmi la dizaine d’attentats commis la veille par l’OAS, celui qui visait André Malraux et qui éborgne une fillette émeut-il l’opinion au point qu’il sera le seul qu’elle retiendra ? Peut-être parce que, dans les deux cas, ce sont des Français qui tuent ou blessent d’autres Français : policiers des Brigades Spéciales à Charonne, activistes de l’OAS la veille.

C’est annonciateur de Mai 68 ?

Je ne suis pas historienne et donc assez mal placée pour répondre à cette question, mais je n’en suis pas si sûre, ou bien vraiment de manière marginale. À Charonne, le gros du cortège est constitué de membres et sympathisants de la CGT et du PCF ; ces deux formations ont gardé leurs distances avec les événements de Mai 68. Dans d’autres parties du défilé, qui se déploie dans plusieurs quartiers parisiens, on trouve des étudiants, mais six ans plus tard, ils seront entrés dans la vie active. Sans doute, quelques lycéens auront-ils, ce jour-là, leur premier contact avec la politique et la violence policière, et se retrouveront-ils sur les barricades quelques années après. De même qu’une nouvelle force politique, le PSU, apparue en 1960 à la gauche de la SFIO pour réclamer l’indépendance de l’Algérie, prendra toute sa part à Mai 68.

Vous veniez d’une famille politisée qui habitait le quartier de Charonne. Il y a à l’époque un militantisme très déterminé, très structuré, par le Parti Communiste notamment. C’est une façon de vivre la politique qui a disparu aujourd’hui ?

Vous le savez aussi bien que moi, ce n’est pas parce que les médias ne parlent pas de certaines choses qu’elles n’existent pas. Or les militants sont toujours là, même si la télé ne les montre pas. Certes les formes de militantisme ont changé – l’époque aussi est différente ; mais il me semble que la lutte des travailleurs sans papiers, les assemblées citoyennes organisées par le Front de gauche, les nouvelles formations féministes, le mouvement contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes… relèvent d’une façon de vivre la politique peut-être moins structurée mais tout aussi déterminée qu’alors.

Il y a une très belle séquence avec Charon, le convoyeur des morts vers l’enfer. Quelle est la symbolique derrière ce personnage ?

Dans la mythologie grecque et romaine, Charon ou Caron, fils d’Érèbe et de la Nuit, reçoit les âmes des morts et les fait passer, sur sa barque, d’une rive à l’autre de l’Achéron, le fleuve qui entoure les Enfers. Encore faut-il que les morts aient de quoi le payer, raison pour laquelle les vivants doivent leur glisser une monnaie dans la bouche. Dans « Charonne – Bou Kadir », Charon passe dans un sens – quand il emmène les victimes de Charonne –, puis dans l’autre – quand il « ramène » aux vivants les morts d’Algérie, du moins leur souvenir, à travers les monuments parisiens qui leur sont dédiés.

Vous dites que la mémoire n’est pas un truc fiable. Raconter l’histoire en BD l’est davantage ?

La mémoire n’est pas un truc fiable tant qu’on n’en retourne pas les pierres, tant qu’on ne confronte pas ses souvenirs parfois défaillants avec les sources, les textes, les références… Ce que j’ai précisément été amenée à faire pour écrire et dessiner ce livre, que je vois comme un « documentaire subjectif ». Je ne sais pas si la démarche est fiable, en tout cas elle tente d’être honnête.

Vous faites en fin de volume le lien avec l’Algérie d’aujourd’hui. Il est question de « repentance » ?

La «repentance» c’est comme la «gouvernance», des mots créés de toute pièce pour éviter d’appeler les choses par leur nom. Et moi, tout ce que je souhaite, c’est qu’on appelle les choses par leur nom : voyez le temps qu’il a fallu pour qu’un précédent président français ne parle plus d’ « événements » mais de «guerre d’Algérie» ; le temps qu’il a fallu pour que l’actuel président français reconnaisse la répression de la manifestation du 17 octobre 1961…

Vous êtes publiée par un petit éditeur, plutôt versé dans la littérature, Tirésias. Comment êtes-vous arrivée à lui ?

Les éditions Tirésias publient de la littérature, certes, mais surtout des essais d’historiens sur les pages les plus sombres et souvent les plus méconnues des grands conflits du XXe siècle : guerre d’Espagne, Deuxième Guerre mondiale et guerre d’Algérie. En 1995, Michel Reynaud, directeur des éditions Tirésias, avait fait appel à plusieurs dizaines d’auteurs de BD (dont Baudoin, Chauzy, David B., Ferrandez, Guibert, Larcenet, Sfar, Willem…) pour créer un contrepoint visuel à son anthologie «La Foire à l’Homme. Écrits-dits dans les Camps du Système Nazi de 1933 à 1945». C’est ainsi que nous nous sommes rencontrés. J’ai par la suite travaillé à plusieurs reprises avec lui, en illustrant par exemple «Bleuette» de Madeleine Riffaud et «Comme une grande fête» de Max Rainat, parus à l’occasion du 60ème anniversaire de la libération de Paris. Comme je l’ai dit au début de l’entretien, j’avais envie de pousser plus loin ma réflexion sur Charonne. Ce désir a rencontré celui de mon éditeur qui m’a invitée à lui donner corps au sein de sa collection « Lieu est mémoire ». Il en a aussi accepté la forme, alors qu’il ne publie pas de bande dessinée.

Vous passez de Jeanne d’Arc à l’Algérie, toujours l’Histoire ?

Oui, bien que d’une tout autre façon. Cela m’intrigue d’ailleurs, car j’ai toujours été nulle en Histoire à l’école ! Mais dans un cas comme dans l’autre, l’Histoire a trouvé une profonde résonance avec mes propres préoccupations, qu’elles soient politiques, mythologiques, psychanalytiques… avec mes petites obsessions personnelles, en un mot.

Quels sont vos projets ?

Je travaille actuellement avec Laurent Galandon sur «Vivre à en mourir», qui paraitra au Lombard l’année prochaine. L’album raconte le parcours d’un des jeunes résistants juifs qui figurent sur l’Affiche rouge. Encore de l’historique, toujours du politique !

Propos recueillis par Didier Pasamonik pour Actua BD

28/02/2013

Devoir d’intelligence et de vérité

Thierry Tuot : «C’est tellement simple de dire 
qu’il y a trop d’immigrés…»

Synthèse - Rapport de Thierry Tuot sur la refondation des politiques d'intégration


Remis il y a peu au premier ministre Jean-Marc Ayrault, le rapport de ce conseiller d’État pointe les ratés de trente ans de politiques d’intégration et d’immigration. Ancien juge délégué de la reconduite aux frontières, Thierry Tuot appelle à un « devoir d’intelligence et de vérité » sur le sujet. Entretien avec un haut fonctionnaire qui n’a pas la langue dans sa poche.

Vous consacrez de nombreuses pages 
de votre rapport à tenter de circonscrire le terme d’« intégration ». Faut-il 
le remplacer ?

Thierry Tuot. Je n’ai rien contre le mot lui-même. Ce qui est important, ce sont les réalités sociales plutôt que la façade. Mais ce terme se prête à des interprétations extrêmement variées. Certains considèrent que ça ne concerne que les primo-arrivants, c’est-à-dire les étrangers qui viennent de passer notre frontière. Je ne suis pas sûr que la politique d’intégration concerne les Américains qui séjournent en France, même durablement. C’est la première difficulté : il n’y a pas de consensus politique sur la signification de ce mot. Deuxième problème : les personnes qui sont l’objet de ces politiques sont majoritairement françaises, parfois depuis deux à trois générations. Leur dire, alors qu’ils ont une carte d’identité française et qu’ils sont eux-mêmes enfants de Français, « vous n’êtes pas intégrés », c’est quand même assez dur à entendre. Ce mot pose aussi des problèmes théoriques : intégrer à quoi ? La nation, la France, la République ? Et puis, il place les gens comme objets d’une politique : « Restez passifs, on va vous intégrer. » Mais la question est politique avant d’être lexicale : que veut-on faire de nos compatriotes qu’on répute d’origine étrangère ? Quand on saura cela, on saura le nommer.

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Vous proposez le mot « inclusion »…

Thierry Tuot. J’essaye d’explorer une alternative, mais je ne prétends pas l’avoir trouvée. Je propose d’aller vers une société inclusive, dans laquelle personne ne serait sur les marges, ni, surtout, de l’autre côté des marges. Le but, c’est que les immigrés n’aient plus le sentiment – ni la perception réelle – qu’ils ont des problèmes de logement, d’emploi, etc., parce qu’ils sont immigrés. La dimension étrangère ne serait pas niée, mais elle ne serait plus la variable explicative majeure des difficultés sociales. Le chemin pour y parvenir pourrait être ce que les Américains appellent l’« empowerment », que j’ai traduit par « mise en capacité ». Il s’agit de donner des moyens (sociaux, culturels, politiques, etc.) aux gens de participer à la vie sociale. Cela ne veut pas dire qu’ils réussiront mieux que les autres ou auront des droits supplémentaires, mais ils seront à égalité de capacité. La création de réseaux au profit des plus démunis pourrait supprimer le plafond de verre. Ces barrières – qui sont souvent en béton et pas en verre – les empêchent d’être les acteurs de leur propre destin social.

Existe-t-il des exemples de pays ayant réussi 
leur politique inclusive?

Thierry Tuot. Aucun modèle n’est réplicable. On cite souvent le modèle canadien qui intègre assez bien les flux d’étrangers, mais qui reste très dominé par le modèle anglo-saxon. Je ne crois pas qu’il y ait de modèle étranger applicable en France. À nous de nous débrouiller avec notre modèle républicain et notre roman national.

Vous exhortez les politiques à un « devoir d’intelligence » sur ces questions…

Thierry Tuot. Le discours politique ne peut avoir de crédibilité s’il ne repose pas sur une bonne compréhension des faits. J’appelle aussi à un devoir de vérité. Je prends l’exemple des clandestins, parce que c’est l’un des points de mon rapport sur lequel j’ai été le plus mal compris. Les gouvernements – gauche et droite confondues – de ces quinze dernières années ont régularisé le même nombre de clandestins chaque année. Et ce quelles que soient les différences de discours. Pourquoi ? Parce que ces gens se sont maintenus sur le territoire. Ils ont statistiquement été appréhendés deux ou trois fois par la police, mais on n’a jamais réussi à les reconduire à la frontière. Heureusement, car nous sommes dans un État de droit. Ces gens ont des enfants scolarisés en France, ou sont ascendants de Français, ou malades sans pouvoir être soignés à l’étranger, etc. Donc on n’a pas le droit de les expulser. Pourquoi continue-t-on à dire « nous allons lutter contre les clandestins » ? En laissant croire qu’on pourrait faire autrement, alors qu’on fait le contraire, on détruit la crédibilité de l’action publique. Commençons par admettre la réalité : nous ne pouvons pas peser sur les flux migratoires. Pour une raison simple : nous avons ratifié la Déclaration des droits de l’homme, puis la Constitution en 1946. Ce droit nous engage collectivement et représente nos valeurs vis-à-vis des étrangers. Donc reconnaissons-le. Et puisque, à la fin, ils sont régularisés, est-ce qu’on ne pourrait pas faire un travail social avant, plutôt que de le faire du bout des lèvres, en créant de l’amertume ?

Ce « titre de tolérance » que vous proposez n’est pas une régularisation immédiate de la majorité des sans-papiers, comme certains l’ont dit, mais un projet sur cinq ans…

Thierry Tuot. Sous le gouvernement Sarkozy, il y avait 30 000 régularisations par an. Je ne propose pas d’en régulariser plus, ce n’est pas la question, je dis simplement : plutôt que de laisser les gens entre cinq et dix ans à la dérive, en les pourchassant, en les laissant dans des hôtels pourris avec du saturnisme, à la merci des employeurs clandestins, pourquoi ne pas dire : « On va vous régulariser dans cinq ans, entrons dans une démarche ensemble. » Si vous trouver une adresse autre qu’un foyer, on vous donne des allocations logement ; si vous suivez des cours de français, on vous donne le RSA, etc. Cela permettrait que les régularisations ne soient plus un sacrifice, mais la reconnaissance d’un vrai travail d’intégration. Mon modèle est d’un gauchisme échevelé : c’est celui de Mme Merkel. Le gouvernement allemand a mis en place ce titre de tolérance depuis cinq ou six ans.

Ce sont donc des régularisations au mérite ?

Thierry Tuot. Ce sont des régularisations issues d’un travail social et qui ne sortent pas les gens d’un no man’s land juridique.

Le ministre de l’Intérieur vous a déjà répondu qu’il ne mettrait pas cette mesure en place…

Thierry Tuot. Non, Manuel Valls a dit : « Je ne vais pas régulariser massivement tous les clandestins. » Je confirme : je ne propose nulle part de régulariser plus de clandestins, je propose que les régularisations auxquelles nous sommes contraints par le droit international soient précédées d’un travail social plutôt que par du harcèlement. Le gouvernement a dit qu’il allait réfléchir à mes propositions.

Mais ces régularisations représentent forcément plus de 30 000 personnes !

Thierry Tuot. Je ne me prononce pas sur les chiffres. Je propose que, dans le cadre de la nouvelle ­circulaire Valls sur les régularisations, ces mesures soient mises en place. Mon propos n’est pas sur le nombre de régularisations, mais sur le chemin pour y aboutir.

Comment expliquez-vous que cette mesure 
de votre rapport fasse déjà polémique ?

Thierry Tuot. Travailler sur l’immigration place tous ceux qui en parlent dans une situation politique extrêmement délicate. Depuis 1945, au lieu de parler d’intégration, nous parlons d’immigration. C’est tellement simple de dire qu’il y a trop d’immigrés. On se cache derrière les flux migratoires pour ne pas traiter les réalités sociales.

Vous proposez aussi un assouplissement 
des règles pour obtenir la nationalité française. Pourquoi lier nationalisation et intégration ?

Thierry Tuot. Si le gouvernement a, comme il l’a annoncé, une grande ambition en matière d’intégration, il part avec un handicap très lourd : la remise en cause très forte de la parole publique. Cela fait des années que nous promettons des choses qui ne fonctionnent pas. La deuxième partie de mon rapport appelle le gouvernement à prendre des mesures symboliques et concrètes pour réhabiliter cette parole publique. Si on dit « valeurs républicaines », « école », je dis : « Chiche !» Donnons la nationalité aux enfants qui ont suivi une scolarité complète en France, alors même qu’ils étaient en ­situation irrégulière. Cela crédibiliserait le discours sur l’école auquel personne ne croit plus ­aujourd’hui. De même, quand on dit « il faut s’intégrer à la France, servir la patrie » avec un discours grandiloquent très 1870, moi je dis qu’une femme qui a des enfants français, qui vit ici depuis vingt-cinq ans, on n’a pas le droit de lui dire qu’elle n’est pas bien intégrée et de lui refuser des papiers parce qu’elle n’a pas passé le test de connaissance sur Louis XIV ! Quand on donne des enfants à la France, on est français. Je ne crois pas que donner une carte d’identité confère une identité reconnue par la collectivité, mais c’est un acte qui crédibilise un discours public.

Vous évoquez longuement, dans votre rapport, la place des vieux immigrés, avec les propositions de rénover les foyers, de faciliter les allers-retours entre la France et les pays d’origine…

Thierry Tuot. Là aussi, c’est une question de ­crédibilité. Si on veut parler aux jeunes, il faut leur retirer tous les arguments qu’ils ont pour être révoltés et tomber dans l’islamisme le plus débile. Si on continue à mépriser leurs pères et leurs grands-pères, non seulement on se prive d’une richesse humaine extraordinaire, mais, en plus, on s’enlève toute crédibilité dans le discours moralisateur. Quand on a visité un foyer de travailleurs migrants, les droits et les devoirs, ça fait doucement rigoler…

C’est la même logique pour le devoir de mémoire ? Vous réclamez des monuments aux morts pour les anciens combattants immigrés…

Thierry Tuot. Oui, je prends les nationalistes au pied de la lettre. Moi aussi, je suis attaché à la nation. Et à tous ceux, noirs, jaunes, basanés, qui sont morts sous le drapeau. Je voudrais qu’on se rappelle que si Jean Moulin portait une écharpe sur toutes les photos, c’était pour cacher les cicatrices de sa tentative de suicide. Cette tentative a eu lieu en juin 1940, parce que les Allemands lui avaient demandé de signer un papier qui leur aurait permis d’exécuter les prisonniers sénégalais. Plutôt que de se prêter à une ignominie, il a préféré essayer de se suicider. Je ne suis pas sûr que les tirailleurs sénégalais avaient demandé à mourir près de la cathédrale de Chartes. On pourrait peut-être avoir un peu de reconnaissance pour eux. Quand on parle de la racaille islamiste des banlieues, qu’on se souvienne de ce que leurs grands-pères ont fait pour la France.

Vous proposez la publication annuelle 
de chiffres sur les flux migratoires. Le FN 
s’est empressé de se réjouir… Ne craignez-vous pas que ces chiffres soient récupérés ?

Thierry Tuot. Pas du tout. Ce que je propose, c’est que l’appareil statistique soit refondé scientifiquement, en mobilisant l’Insee, l’Ined, toute la recherche universitaire, et que tout cela soit expertisé par des scientifiques français et européens, pour qu’il n’y ait pas le moindre doute sur ces chiffres. Je propose ensuite que le Haut Conseil à l’intégration, complètement reformé, soit le garant de ces statistiques. Si on le fait de cette façon-là, je pense que les partis qui se réjouiront ne seront pas les mêmes que ceux qui se réjouissent aujourd’hui. Que va-t-on apprendre ? Que l’immigration est à peu près constante, que les immigrés sont à 80 % européens, que l’immigration est un immense atout qui nous aide à tenir le coup malgré la crise économique, que les immigrés font à peine plus d’enfants que nous. On pourra avoir des débats, non plus sur des fantasmes ou des chiffres bidon, mais sur des réalités. Il y a quinze ans, on se battait sur les chiffres du chômage, maintenant personne ne discute ces chiffres, mais les politiques de l’emploi. Il faut qu’on arrive à cette pacification, pour qu’on puisse parler des vrais problèmes.

Qu’attendez-vous de la « réflexion interministérielle » lancée par 
Jean-Marc Ayrault pour une nouvelle 
politique d’immigration et d’intégration ?

Thierry Tuot. Mon travail est fini. Ce que j’espère comme citoyen, et pas comme auteur du rapport, c’est que le débat reprenne avec des ambitions collectives et sur des bases sereines. Je ne veux pas savoir si je vais être suivi sur la mesure B ou 24, je suis le premier à dire que mes suggestions ne sont pas forcément les bonnes. Ce qui me navrerait, c’est que le débat retombe. Le silence est ce qui est le plus grave après la xénophobie dans ce champ des politiques sociales.

Le rapport de Thierry Tuot, « La grande nation : 
pour une société inclusive », est téléchargeable dans 
son intégralité sur le site de la Documentation française.

Un rapport qui dérange, du PS à l’UMP  Remis à Jean-Marc Ayrault le 11 février, le rapport 
de Thierry Tuot a immédiatement déclenché les foudres de l’opposition et... du ministre de l’Intérieur. Pour 
le député UMP Guillaume Larrivé, ce « rapport caché » définit le « mode d’emploi d’une régularisation générale des clandestins ». Manuel Valls a assuré qu’« il n’y 
aura pas de régularisations massives » avant de réagir 
sur la question du port du voile. Dans son rapport, 
Thierry Tuot regrette que « la question musulmane, 
pure invention, (...) ne cesse de polluer le débat public » et s’interroge : « La France a-t-elle jamais dépendu de 
ce qu’un bout de tissu (boubou, coiffe bretonne, chèche ou béret) soit porté d’une façon ou d’une autre ? » Manuel Valls lui a sèchement répondu que le voile « restera pour (lui) et doit rester pour la République 
un combat essentiel ». Le premier ministre a lancé 
une « réflexion interministérielle » à partir des préconisations de ce rapport, pour « proposer une profonde refondation de notre politique d’intégration ».

Entretien réalisé par Marie Barbier pour l'Humanité des débats - 22 Février 2013

27/02/2013

Exit Stéphane Hessel

Vous nous aviez prévenu...

Stephane Hessel

"Prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie. Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous, d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux. Quand quelque chose vous indigne, comme j'ai été indigné par le nazisme, alors on devient militant, fort et engagé. On rejoint le courant de l'histoire et le grand courant de l'histoire doit se poursuivre grâce à chacun. Et ce courant va vers plus de justice, plus de liberté, mais pas cette liberté incontrôlée du renard dans le poulailler."
Stéphane Hessel.

 Stephane Hessel

Merci.

19/02/2013

On étiquette bien les chevaux

Campagne de la Plateforme des ONG dont la LDH est membre : « Colonisation israélienne illégale, Palestine en danger ». Quelle "réglementation" du commerce des produits fabriqués dans les colonies israéliennes ?

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Quels objectifs ?

Les colonies israéliennes installées dans les Territoires palestiniens depuis 1967 sont illégales au regard du droit international. De nombreuses déclarations européennes et françaises répètent le caractère illégal de ces colonies. Pourtant, les colonies bénéficient des relations économiques entre l’Union européenne et Israël. Il est impossible de savoir si un produit étiqueté « Made in Israel » a été fabriqué ou non dans une colonie. C’est pourquoi nous appelons, dans un premier temps, le gouvernement français à mettre en place l’étiquetage des produits des colonies. Laurent Fabius dans une réponse à la question d’un parlementaire, a affirmé que la France « étudie actuellement, en lien avec plusieurs de ses partenaires européens, la possibilité de publier un code de conduite sur l’étiquetage distinctif des produits issus des colonies ». Le chemin est encore long. Le rôle des parlementaires sera crucial pour que s’exerce la pression populaire sur nos dirigeants et que le gouvernement passe à l’acte. Nous vous proposons donc de rentrer en contact avec votre déput-é-e afin de lui soumettre des questions écrites à poser au gouvernement et/ou de lui-la faire signer un appel volontairement centré sur l’étiquetage, plus accessible à un(e) élu(e) sans connaissance approfondie de la situation en Israël/Palestine).

Nous concevons néanmoins l’étiquetage comme une première étape, qui permettra au consommateur de faire son choix en connaissance cause. La Plateforme des ONG françaises pour la Palestine soutient l’interdiction des produis issus des colonies. Nos gouvernements ont, selon le droit international, le devoir de ne pas reconnaître ou contribuer au maintien d’une situation illégal. Les colonies sont la principale menace contre un Etat palestinien, la France doit interdire les produits qui y sont fabriqués sur le marché français

Comment ?

Interpellez votre député(e) et/ou sénateur(trice)
- Les député(e)s ou sénateurs/trice ont la possibilité d’interpeller le gouvernement en lui posant une question écrite ou orale. Plus le nombre de questions sera important, plus le gouvernement sera contraint de se mobiliser. En tant qu’associations, allez à la rencontre de votre élu(e) et soumettez lui les propositions de questions, inclues dans la brochure jointe à ce message.
- Faites-lui/la signer l’appel aux parlementaires (en pièce jointe) pour l’étiquetage des produits des colonies israéliennes (cet appel est volontairement centré sur l’étiquetage, qui est plus accessible à un(e) élu(e) qui n’a pas une connaissance approfondie de la situation en Israël/Palestine)

Interpellez le grand public
Informez le grand public, grâce à la brochure d’information jointe, et faites signer, diffusez la pétition pour l’interdiction des produits des colonies, lequel est aussi en ligne sur le site de la Plateforme.

Quels outils ?

- Une brochure d’information destinée à la fois aux élus et au grand public – 8 pages – sur les enjeux de la colonisation, des produits des colonies, sur la nécessité d’étiqueter et interdire les produits des colonies, comprenant une carte et des propositions de questions écrites à destination des Parlementaires. Cette brochure est téléchargeable ici et/ou disponible en couleur, 4 volets 3 plis accordéon, voir schéma. Vendue 0,60 centimes/pièce frais de port compris – attention ! quantité minimum : 20 exemplaires (soit 12 euros). Si vous en souhaitez des exemplaires, merci de remplir le bon de commande.
- Un appel destiné aux parlementaires, demandant l’étiquetage des produits des colonies.
- Une pétition électronique destinée au réseau de solidarité et au grand public demandant l’interdiction des produits des colonies
- Une pétition papier(texte identique à la version électronique) destinée au réseau de solidarité et au grand public demandant l’interdiction des produits des colonies, à faire signer lors des rassemblements publics, débats, projection, manifestations. A retourner à la Plateforme (adresse indiquée dans le document).
- Un récapitulatif des député(e)s qui ont posé une question écrite sur les produits des colonies sur le site.
- Le visuel haute définition de la campagne

Plateforme des ONG françaises pour la Palestine
14, passage Dubail
75010 Paris
Contact
Pour plus d’information, voir le site internet

14/02/2013

Droit d'asile - état des lieux 2012

Communiqué CFDA, dont la LDH est membre :


La Coordination française pour le droit d’asile (CFDA) présente aujourd’hui son rapport intitulé « Droit d’asile en France : conditions d’accueil – Etat des lieux 2012 ». Le constat dressé après plusieurs mois d’enquête réalisée dans 31 départements de quinze régions en France montre que le système d’asile est à bout de souffle.

Les vingt associations regroupées au sein de la CFDA tirent la sonnette d’alarme sur le système français d’asile. Alors que le nombre de demandes d’asile a tendance à baisser (41 222 primo-demandeurs adultes en 2012 soit moins qu’en 1989 (61 400), ou 2003 (52 200), la CFDA dénonce l’incapacité à sortir d’une logique qui porte atteinte aux droits des demandeurs.

L’enquête révèle que les délais pour accéder à la procédure d’asile sont de plus en plus longs. La gestion par les préfectures de région de l’accueil des demandeurs d’asile complique souvent l’accès matériel à la procédure et conduit parallèlement à la saturation des services administratifs. Faute d’infrastructures suffisantes, les conditions dans lesquelles sont accueillis des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants se résument aux dispositifs d’urgence ou à la rue. L’Etat se défausse de ses responsabilités en laissant les associations pallier son inaction.

Une demandeure d’asile malienne raconte les conditions d’accueil en préfecture « je me présente presque toutes les semaines. Les policiers ne nous traitent pas comme des humains. Comme si tu mentais sur les raisons qui t’ont fait fuir ton pays. Tu passes la nuit dehors dans le froid. On te reçoit 5 minutes. On te dit qu’il n’y pas de place. Après on te renvoie chez toi sans explication. Et tu recommences ». Ayant fui les menaces pour son engagement contre l’excision, elle attend depuis un an en France de pouvoir déposer son dossier.

Au final, les personnes qui sont venues en France pour chercher refuge contre les persécutions sont à nouveau mises face à un danger : celui de ne pouvoir déposer à temps leur demande d’asile ou d’être déboutées de leur demande, faute d’avoir pu correctement exposer leurs craintes de persécutions.

coordination française pour le droit d’asile

« La prise en charge des demandeurs d’asile est déshumanisée et incohérente, déplore Franck Ozouf, rédacteur du rapport. Déshumanisée, car de plus en plus de demandeurs ne sont pas ou mal accueillis et les organisations d’aide financées par l’Etat contraintes à délaisser l’accompagnement social et juridique pour un travail de gestion administrative. Incohérente, car le coût augmente par des systèmes de contrôle, une dissuasion à tous les niveaux de la procédure et une préférence donnée au dispositif d’urgence, cher et précaire, le tout pour un service rendu bien loin des normes minimales d’accueil ».

La CFDA appelle à une réforme en profondeur de la procédure d’asile et du dispositif d’accueil des demandeurs d’asile. La course à la réduction des délais et la lutte contre les détournements de procédure doivent céder la place à une réflexion d’ensemble pour assurer l’accueil et la protection des réfugiés grâce à une procédure efficace et équitable.

- Rapport, 13 février 2013, Droit d’asile en France : Conditions d’accueil - Etat des lieux 2012
- Synthèse, 13 février 2013, Rapport « Droit d’asile en France : Conditions d’accueil - Etat des lieux 2012 »
- Recommandations, 13 février 2013, « Conditions minimales pour que l’asile soit un droit réel »

Paris, le 13 février 2013

La Coordination française pour le droit d’asile rassemble les organisations suivantes :
ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture), Amnesty International France, APSR (Association d’accueil aux médecins et personnels de santé réfugiés en France), ARDHIS (Association pour la Reconnaissance des Droits des personnes Homosexuelles et transsexuelles à l’Immigration et au Séjour), CAAR (Comité d’Aide aux Réfugiés), CASP (Centre d’action sociale protestant), Centre Primo Levi (soins et soutien aux personnes victimes de la torture et de la violence politique), La Cimade (Service œcuménique d’entraide), Comede (Comité médical pour les exilés), Dom’asile, ELENA (Réseau d’avocats pour le droit d’asile), FASTI (Fédération des associations de solidarité avec les travailleur-eu-se-s immigré-e-s), GAS (Groupe accueil solidarité), GISTI (Groupe d’information et de soutien des immigrés), JRS-France (Jesuit Refugee Service), LDH (Ligue des droits de l’Homme), Médecins du Monde, MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples), secours Catholique (Caritas France), SNPM (Service National de la Pastorale des Migrants). La représentation du Haut Commissariat pour les réfugiés en France et la Croix rouge française, sont observateurs des travaux de la CFDA.

 

07/02/2013

Que le jasmin refleurisse

La situation en Tunisie est inquiétante depuis quelque temps, et l’assassinat de l’homme politique Chokri Belaïd agrave cette inquiétude. Pour les opposants au parti islamique au pouvoir, Ennahdha, il ne fait aucun doute que cet assassinat a été sinon commis, du moins suscité par certains responsables de ce parti qui, depuis plusieurs jours, désignaient Chokri Belaïd comme responsable des manifestations qui perturbent la vie du pays. Interviewé sur France Inter ce jeudi midi, le philisophe franco tunisien Abdelwahab Meddeb, (qui anime l’émission Culture d’Islam, le vendredi après-midi sur France-Culture) s’est montré particulièrement sévère pour ce parti et ses responsables. Il estime que ces militants, affolés par la perspective d’être devenus minoritaires après quelques mois d’exercice du pouvoir, s’y accrocheront désespérément, et il n’exclut pas un risque de guerre civile. « Ils veulent installer un Islam dont personne ne veut », dit-il en substance.

Chokri Belaïd, tunisie, jasmin

Le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH) a publié hier un communiqué, dans lequel il livre son analyse et son sentiment après le drame qui secoue le pays, et appelle les autorités à « mettre un terme au climat d’intimidation et de violence qu’elles ont laissées s’installer ».

Le communiqué du REMDH :

Le REMDH condamne l’assassinat de Chokri Belaïd

Tunis/ Le Caire/ Bruxelles, le 6 février 2013 - Le Réseau Euro-méditerranéen des droits de l’homme (REMDH) condamne l’assassinat de Chokri Belaïd et présente ses plus sincères condoléances et sa solidarité à sa famille, à ses proches et à tous les démocrates tunisiens.

Cet évènement dramatique s’inscrit dans un contexte où le gouvernement a laissé s’installer un climat d’intimidation et de violences contre le mouvement démocratique tunisien.

Les attaques répétées provenant des responsables gouvernementaux comme de certains dirigeants du parti Ennahdha désignant Chokri Belaïd comme le principal responsable des manifestations ouvraient la porte à son assassinat. L’usage partial de la Justice et des forces de l’ordre accompagne ce processus qui voit un seul parti s’emparer des principaux leviers de l’Etat.

Le peuple Tunisien n’a pas mis à bas le régime de M BEN ALI pour cela.

Bien entendu, c’est la première responsabilité des autorités publiques que d’arrêter rapidement les auteurs et les commanditaires de cet acte insupportable.

Mais, c’est tout autant la responsabilité des autorités publiques tunisiennes de mettre un terme au climat d’intimidation et de violence qu’elles ont laissées s’installer.

A défaut, c’est la perspective d’élections démocratiques et loyales qui est remise en cause.


Lire aussi sur Rue 89 et Libération et le site www.euromedrights.org/fra/

04/02/2013

Terre brûlée, bibliothèques en feu

Aucune époque, aucun peuple, n’est à l’abri du désastre moral que constitue la destruction de livres, de bibliothèques, comme de tout ce qui permet à l’homme de réfléchir sur sa condition.

Aujourd’hui la destruction d’une des bibliothèques de Tombouctou, comme il y a cinquante ans l’incendie de la bibliothèque universitaire d’Alger relèvent d’une même barbarie.

bibliothèques en feu

Terre brûlée, livres en péril

Les islamistes radicaux ne sont pas les seuls à s’être attaqués au patrimoine culturel de l’humanité au cours de l’histoire. Avant eux, on a vu défiler les Vandales, les Huns, les Croisés, les Conquistadors, les nazis et les maoïstes, pour ne nommer que les démolisseurs les plus connus. Il est quand même manifeste que les extrémistes musulmans se sont particulièrement illustrés à ce chapitre depuis le début du XXIe siècle.

Les islamistes en déroute ont mis le feu cette semaine à l’une des principales bibliothèques de Tombouctou, l’Institut Ahmed Baba, qui recèle d’inestimables trésors. On a d’abord cru que la quasi-totalité des 30 000 manuscrits anciens de sa collection avait été détruite, mais heureusement, il semble que la majorité des ouvrages avaient été transférés à Bamako ou cachés en divers lieux sûrs à Tombouctou dès le début de la rébellion, l’an dernier.

Évidemment, le plus grave dans une crise comme celle qui secoue le Mali, ce sont les exactions et les violences commises par les milices qui ont pris le contrôle du nord du pays, puis par l’armée malienne dans sa reconquête de cette région.

La destruction d’éléments du patrimoine ajoute cependant à la barbarie. Les miliciens rebelles s’en sont pris dans un premier temps à certains sites architecturaux, dont les quelque 300 mausolées de mystiques soufis recensés dans la ville. On a comparé leur frénésie destructrice à celles des talibans qui avaient dynamité les Bouddhas de Bamyan.

Le fait de détruire des livres anciens et rares est peut-être plus grave, en ce sens que ces oeuvres contiennent des informations nombreuses qui sont perdues à jamais si elles n’ont pas encore été photocopiées ou numérisées. Les nihilistes se réclamant d’Allah en ont clairement autant contre le savoir qu’ils en ont contre la beauté.

C’est le maire de Tombouctou qui a annoncé cette semaine l’incendie de l’Institut Ahmed Baba. Cette bibliothèque fondée en 1970 s’est dotée en 2009 d’un pavillon moderne équipé pour conserver et restaurer les manuscrits précieux, dont plusieurs sont extrêmement fragiles. Cet ajout a été construit avec l’aide de l’Afrique du Sud.

En visitant le Mali en 2001, le président sud-africain Thabo Mbeki avait déclaré que les documents réunis à Tombouctou comptaient « parmi les trésors culturels les plus importants » du continent.

Les manuscrits en question datent du Moyen Âge, certains remontant au XIIIe siècle. À cette époque-là, Tombouctou était à la fois un carrefour des caravanes et une ville universitaire qui attirait de nombreux étrangers. Elle était alors la métropole d’un grand empire, celui des Songhaï, qui allait atteindre son apogée au XVIe siècle avant de décliner et de tomber dans l’oubli.

L’éclipse a été telle que bien des Européens en sont venus à douter de l’existence de Tombouctou, jusqu’à ce que les premiers voyageurs originaires du Vieux Continent s’y rendent dans les années 1830.

Les livres de l’Institut Ahmed Baba, qui doit son nom à un érudit du XVIIe siècle, traitent aussi bien de religion que de science, de géographie et d’histoire. La plupart sont écrits en arabe, mais plusieurs sont rédigés dans des langues locales. Ils contribuent à déboulonner le mythe voulant que l’Afrique subsaharienne ne possédât pas de civilisation ni d’histoire écrite avant la colonisation européenne. [...]

 Claude Lévesque, Le Devoir, 31 janvier 2013

 

Incendie de la Bibliothèque Universitaire d’Alger le 7 juin 1962

incendie bibkiothèque d'Alger

Le soir du 6 juin 1962, les Algérois qui venaient de vivre une sixième journée sans attentat entendirent, au cours d’une émission pirate, l’O.A.S. annoncer la fin de la trêve : « L’O.A.S. reprend sa liberté d’action dès ce soir. Nous demandons à nos commandos de reprendre les opérations en visant surtout les objectifs économiques. »

« Cette fois P. semblait avoir gagné. Il l’avait sa terre brûlée ! On cassait, on détruisait. En une seconde des dizaines d’années d’efforts étaient anéanties. Tout plutôt que de “leur” laisser notre belle ville, nos installations. Puisqu’on ne pouvait pas gagner, puisqu’on avait trop tardé à s’entendre, on partirait.
« Mais avant...
« Le 7 juin un panache de fumée couronna Alger. La bibliothèque de l’Université venait de sauter. Six cent mille livres brûlaient. Et l’on criait de joie. Et les laboratoires des Facultés furent plastiqués à leur tour, et deux amphithéâtres. On n’allait quand même pas leur laisser “notre” culture et “notre” science ! » (Yves Courriére [1])

Le sinistre faisait encore rage quatre heures plus tard dans les locaux de l’Université, complètement isolés par les pompiers et par la troupe : la bibliothèque, le laboratoire des Sciences, plusieurs amphithéâtres de Médecine ont subi entre autres, des dégâts considérables. Tout le passé et un avenir de culture sombraient dans la fournaise. Les 500.000 volumes de la bibliothèque ont été détruits par le feu ». La chaleur dégagée par le foyer était telle qu’on ne pouvait approcher à moins de cent mètres…[2]

[1] La Guerre d’Algérie, tome 4, « Les feux du désespoir », page 637.

[2] Référence : Histoire de la bibliothèque universitaire d’Alger et de sa reconstitution après l’incendie du 7 juin 1962 (pdf).

 

29/01/2013

Egalité pour tous, flash mob pour les autres

En écho à un article paru sur Hte-Pce-Infos.com ...

Les opposants au «mariage pour personnes de même sexe» ont choisi de s’exprimer «dans la bonne humeur et la joie ...» le 2 février, place de la mairie à Manosque. C’est leur droit.

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Ils réclament l'ouverture d'un large débat national sur cette question et c’est tant mieux, mais ils ne semblent pas enclin à entendre leurs contradicteurs qui ayant quant à eux choisi de défendre l'égalité des Droits, ne peuvent que décliner leur invitation.

Nous leur aurions fait remarquer, entre autre, que  leur discours masque une peur panique qui n’a rien de laïque, puisqu’elle porte sur un ordre qu'ils voudraient immuable, dans lequel les pères de l’Eglise ont voulu assigner la famille et asseoir le patriarcat, synonyme de domination sociale.
Mais comment débattre raisonnablement avec un attelage qui fait si souvent de l’inconscient et de la mauvaise foi son credo ?

L’entreprise des opposants au «mariage pour personnes de même sexe», à Manosque et ailleurs, ne consisterait-elle pas plutôt  à instrumentaliser à des fins politiques un vieux débat de société pour faire diversion et se refaire une santé vaticane ?
Qui sont ces manifestants qui répondent à l'appel d’un général à la retraite des 14 juillet (1), d’une fausse madone des outrances (2) et d’un cardinal tourmenté du règne animal (3) ?...
Poser la question, c’est y répondre, mais il est certain que la peur n’est pas un argument à mettre entre toutes les mains ni au compte d’une laïcité bien assimilée.

La manifestation de ce samedi ne pourra pas faire oublier que la société française dans toute sa diversité est prête et majoritairement favorable à ce que deux personnes qui s'aiment puissent s'unir – si elles le souhaitent - par les liens du mariage, quelle que soit leur orientation sexuelle, pour peu qu’elles accordent du crédit à cette institution.

25/01/2013

Droit de vote des étrangers aux élections locales (1)

Monsieur le Président de la République,

Nous vous demandons d’engager le processus de révision constitutionnelle permettant d’instaurer le droit de vote et d’éligibilité pour nos concitoyen(ne)s résident(e)s étranger(e)s aux élections locales, dès les municipales de 2014.

Cet impératif d’égalité et de démocratie est urgent !


Égaux mais pas trop : Etranger, citoyen ou les... par LCP

elections locales, droit de vote

Signez cette pétition en ligne.

Le suffrage universel a été une longue conquête dans l’histoire de la République.

Si, en 1793, lors de la Révolution, la première République en adopta le principe, il fut réellement mis en œuvre par la IIe République, après la Révolution de 1848. Mais le suffrage resta limité aux hommes jusqu’en 1944, lorsque fut enfin instauré, à la Libération, le droit de vote pour les femmes. Trente ans plus tard, en 1974, l’âge du droit de vote fut abaissé de 21 à 18 ans.

En 1998, les étranger(e)s citoyen(ne)s des pays de l’Union européenne résidant en France ont été admis(es) au vote et à l’éligibilité pour les élections municipales et au Parlement européen.

En mai 2000, l’Assemblée nationale vote une proposition de loi accordant le droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales pour les étranger(e)s extracommunautaires, qui résident légalement sur le territoire depuis cinq ans au moins. Le Sénat, à son tour, le 8 décembre 2011, adopte cette même proposition. Il reste à mettre en œuvre la révision constitutionnelle nécessaire.

De nombreux(ses) responsables politiques de gauche, et aussi du centre et de droite, se sont exprimé(e)s en faveur de ce droit.

En 2012, lors des élections présidentielles et législatives, la nouvelle majorité a inscrit cette réforme dans son programme. Conformément à ses engagements dans sa déclaration de politique générale, le Premier ministre, en juillet puis en septembre, a promis qu’il y aurait un projet de loi en 2013.

Près de deux millions et demi d’étranger(e)s extracommunautaires vivent et travaillent dans des communes où elles/ils participent à la vie locale et paient des impôts. Nombre d’entre elles/eux sont responsables d’associations, délégué(e)s de parents d’élèves, délégué(e)s syndicaux(cales)...

La vie locale est un lieu essentiel de la vie démocratique et il n’existe aucune raison pour que toutes celles et tous ceux qui résident sur ces territoires n’y participent pas de façon égale. Il est temps de franchir une nouvelle étape pour l’élargissement du suffrage universel, la démocratie, la cohésion sociale et pour l’égalité des droits.

Les promesses électorales faites depuis plus de trente ans, approuvées par les électeurs(trices) à au moins quatre reprises, depuis 1981, doivent maintenant être tenues.

Nous appelons à la mobilisation citoyenne pour que cette réforme, essentielle pour une République ouverte et fraternelle, soit mise en œuvre dès les élections municipales de 2014.

 

Signataires de la pétition au 23 janvier 2013 :

Associations : Ligue des droits de l’Homme (LDH), Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), SOS Racisme, Collectif « Votation citoyenne », Réseau éducation sans frontières (RESF), Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (Acort), Association des Marocains de France (AMF), Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), Association pour une citoyenneté européenne de résidence (Acer), Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR), Mouvement citoyen des Tunisiens en France (MCTF), Union des Tunisiens pour l’action citoyenne (Utac), Réseau Euromed France, Conseil français de la citoyenneté de résidence (Cofracir), Collectif pour l’avenir des foyers (Copaf), Ligue de l’enseignement (LE), Solidarité laïque, France terre d’asile (FTDA), La Cimade, Aseca – Lettre de la citoyenneté, Collectif national pour les droits des femmes (CNDF), Mouvement de la paix, Attac France, Cedetim, Fondation Copernic, Gisti, Banlieues actives, Les Indivisibles, Association nationale des élus communistes et républicains (Anecr), Fédération des élu(e)s verts et écologistes (Feve), Agir contre le racisme (ACR) – Nice, Association biterroise contre le racisme, Association de soutien aux étrangers du Val-de-Marne (Assouevam), Association Horizome, Association Nedjma, Association Partage – Bezons, Atams, Collectif « Avà Basta », Collectif « Diversi-T37 », Emmaüs Pointe-Rouge, Ensemble nous sommes le 10e, Gauche citoyenne 94, Go citoyenneté – Grenoble, Groupe non-violent Louis Lecoin, Ipam, Les diffuseurs humanistes, Mémorial 98, Mouvement Utopia, Pays-de-Loire-Gaza-Jérusalem, Printemps ligueur, RESFIM – Mayotte, Ruptures, Sortir du colonialisme, Tends la main, TET-LLÄ, Turbulences Marne-la-Vallée, Union juive française pour la paix (UJFP), Vérité et justice pour l’Algérie, Visa.

Syndicats : Confédération française démocratique du travail (CFDT), Confédération générale du travail (CGT), Fédération syndicale unitaire (FSU), Union syndicale Solidaires, Syndicat des enseignants (SE-Unsa), Syndicat de la magistrature (SM), Union nationale des étudiants de France (Unef), Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL), Union nationale lycéenne (UNL), Snasub-FSU, Snep-FSU, Snes-FSU, SNPES-PJJ/FSU, Snuclias-FSU, CFDT Mutualité Île-de-France, CFDT Taxis parisiens, Union départementale CFDT du Rhône, CGT-Educ’Action, CGT-Radio France, Syndicat national des journalistes CGT, UL CGT – Feurs.

Partis politiques : Europe écologie les Verts (EELV), Front de gauche (Convergences et alternative (CetA), Fédération pour une alternative sociale et écologique (Fase), Gauche anticapitaliste (GA), Gauche unitaire (GU), Les Alternatifs, Parti communiste des ouvriers de France (PCOF), Parti communiste français (PCF), Parti de gauche (PG), République et socialisme (RetS)), Parti radical de gauche (PRG), Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Mouvement des jeunes socialistes (MJS), Mouvement des jeunes communistes de France (MJCF), Jeunes radicaux de gauche (JRG), Jeunes écologistes, Force citoyenne populaire (FCP), Front de gauche – Bezons, Fase 56, Jeunes de l’Union démocratique bretonne (UDB Yaouank/UDB Jeunes), Union démocratique bretonne (UDB), Rouge vif 13.

 Signez cette pétition en ligne.

 Télécharger la pétition pour signature individuelle
 Télécharger la feuille de collation de signatures
 Télécharger la pétition en format texte

20/01/2013

Synthèse

Ca pourrait nous échapper :

« Il faudra leur montrer (aux Emirats) toutes les qualités du Rafale (...). C’est aussi un élément très important de votre mission (au Mali) : montrer que les matériels français sont les plus performants. Merci pour votre double mission, à la fois opérationnelle et... commerciale ».

Rafale, Mali, émirats

D'après une info relayée par Le Canard Enchaîné (p.2 du n° paru le 16 janvier 2013) et par Daniel Schneidermann - Fondateur d'@rrêt sur images, relayée ici :
http://www.rue89.com/2013/01/18/mourir-de-rire-pour-le-rafale-238743

18/01/2013

Paris – Bamako

C’est le moment ou jamais de faire quelques flash-back pour tenter de comprendre ce qui se passe au Mali. Pour y arriver encore faut-il apurer les déclarations et expressions brevetées par une bonne conscience qui ne peut être que de façade et se rappeler qu’il n’y a de guerre que celles qui ont été motivées par une somme d’intérêts économiques échappant aux peuples qui devraient pourtant en bénéficier.

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Personne ne sait comment ni quand, se terminera la chasse aux « terroristes » au Mali. Sans doute jamais ou dans longtemps, mais ce combat-là a été rendu inévitable. Le film Bamako, l’extrait qui suit dit, assez bien pourquoi :


Il faut se féliciter que le Mali soit médiatiquement présenté comme un pays ami. Ce même Mali dont les ressortissants ont été et sont encore reconduits hors hexagone pour peu qu’ils ne correspondent pas aux critères d’une politique migratoire renfermée sur elle-même. Autrement, qu’en aurait-il été ? Qu’en aurait-il été si cette intervention à la rescousse contre une résurgence d’Al Quaida avait dû se dérouler ailleurs sur l’«autoroute de l’internationale insurgée» ?...

Ces expéditions militaires menées au nom d’une guerre sans fin contre le terrorisme ont eu pour effet paradoxal de renforcer ces organisations que l’Occident affirmait vouloir détruire. Il s’est créé, en réponse aux interventions multiples, «une autoroute de l’internationale insurgée», du Pakistan au Sahel, en passant par l’Irak, la Somalie : par elle circulent les combattants, les idées, les techniques de combats, les armes de tous ceux qui veulent lutter contre « les nouveaux croisés ».

Noam Chomsky a raison de déclarer «On ne combat pas le terrorisme avec des armes. On le prive de ce qui le nourrit : la misère, l’injustice, l’arrogance des puissants.»
ou encore : « Nos guerres ne sont pas commandées que par la raison ou l’intérêt maquillé sous de vagues prétextes idéologiques, mais par l’impossibilité de notre raison et de notre intelligence à enrayer nos pulsions aveugles de dominance.»

Il est donc vraisemblablement trop tard pour reculer.
Trop tard parce que le mal est fait.
Trop tard parce que chevauchant leur pick-up, djellabas au vent, les islamistes fous sont devenus incontrôlables.
Trop tard parce que leur rage à saccager autant que la morgue des pays occidentaux ne seront jamais déglutie et s'entretiennent.
Trop tard parce que les intérêts qu’on nous dit ne pas être en jeu sont au contraire tout à fait présents à travers le secteur minier du Mali qui représente un potentiel certes encore inexploité mais suffisamment impressionnant et donc attractif pour déclencher une prise de contrôle de ressources énergétiques et autres positions géopolitiques.

Mali ressources minières

Trop tard parce «(...) A un système dont l'excès de puissance même pose un défi insoluble, les terroristes répondent par un acte définitif dont l'échange lui aussi est impossible. Le terrorisme est l'acte qui restitue une singularité irréductible au cœur d'un système d'échange généralisé. Toutes les singularités (les espèces, les individus, les cultures) qui ont payé de leur mort l'installation d'une circulation mondiale régie par une seule puissance se vengent aujourd'hui par ce transfert terroriste de situation.»
Jean Baudrillard - L'esprit du terrorisme - Le Monde, le 02.11.01

12/01/2013

On vous le dit gentiment Manuel

Au temps des Hortefeux, Besson, Guéant, le PS faisait encore semblant d'être indigné. Aujourd'hui, maintenant, depuis quelque temps déjà, la "banalité du mal" a fait son entrée au ministère de l'Intérieur et dans ses succursales.
De façon tout à fait gratuite et comme par plaisir, à force de les couvrir ou de faire mine de les ignorer, Valls-Manuel-police-française est en train de faire de la «bavure» au sens générique du terme, un état social chronique dont, à la Ligue des Droits de l’Homme, nous ne nous accommoderons jamais.

Ces brûlures multiples (par exemple) ne sauraient être apaisées par une poignée de déclarations sélectives et circonstanciées propres à donner le change ou à faire réagir les affects collectifs comme pour mieux masquer une réalité beaucoup plus sordide, surtout si la haine des hommes ne comporte aucun risque et que leur bêtise devient une évidence.

Concernant l'immigration, Pierre Tartakowsky, gardant son calme, lui rappelle ce qu’il n’aurait jamais dû oublier s’il n’avait fait l’impasse sur la Raison autant que sur l’Humain.

Faudra-t-il prouver, ici aussi, qu’une formule mathématique est à l’origine de ces errements ?…

Tartakowski, Valls, Immigration


Lettre ouverte au Ministre de l'Intérieur


LE PRÉSIDENT
Réf: 29/13/PT/VP
Monsieur Manuel Valls
Ministre de l’Intérieur
Place Beauvau
75800 Paris cedex 08

Paris, le 10 janvier 2013



Monsieur le Ministre,

"J’ai eu à plusieurs reprises, au cours de l’année écoulée, l’occasion de manifester auprès de vos services les incompréhensions, les inquiétudes et la désapprobation grandissante que suscite la politique actuelle du gouvernement en direction des femmes et des hommes dits « sans papiers » qui vivent, habitent et travaillent dans notre pays. Je saisis ce début d’année nouvelle pour exprimer le voeu que ces messages soient pris en compte au niveau où ils le méritent et que l’actualité, hélas, illustre sans désarmer sur l’ensemble du territoire français.

Tout récemment, le préfet du Nord a reçu les représentants des grévistes de la faim du Nord, engagés dans une longue et cruelle grève de la faim pour l'obtention de la régularisation de leur séjour en France, en présence de la fédération du Nord de la Ligue des droits de l'Homme. Un conflit d’autant plus douloureux qu’il a été marqué par des expulsions dont la seule raison était d’intimider les grévistes, alors même que leurs revendications sont légitimes. Elles correspondent à la situation de nombre de personnes étrangères présentes sur le territoire national. C’est dire que si l'étude au cas par cas de la situation de ces grévistes de la faim est un acte responsable de votre administration, il ne saurait à lui seul suppléer à la définition législative et réglementaire d'une régularisation objective, permanente et stable.

Lors des nombreuses rencontres que vous avez eues avec les associations et syndicats membres de la « Plateforme des 12 », avant la publication de la circulaire du 28 novembre, dite de régularisation, nous vous avons présenté et expliqué la convergence, l'accumulation, la combinaison des effets de précarisation, de flexibilisation, de mise en clandestinité de milliers de personnes qui, pourtant, participent à la vie économique de notre pays au point que des secteurs notables, tels les services, la manutention, le bâtiment, la restauration et même la sécurité, ne peuvent plus s’en passer. Simplement parce que ces travailleurs effectuent le travail dont personne d'autre ne veut.

Discriminés, stigmatisés, ignorés, fragilisés, ces femmes et ces hommes subissent de plus le poids de l'arbitraire que leur infligent souvent, si ce n'est la plupart du temps, les services préfectoraux, soit qu’ils ignorent vos directives quand elles s'avèrent plus favorables qu'auparavant, soit qu’ils les appliquent avec un zèle excessif, quand malheureusement elles ont renforcé un arsenal répressif existant. Ce que nous disent les grèves de la faim et autres occupations c’est que votre réglementation, trop timide dans ses avancées par rapport à une situation qui n'a fait que se dégrader ces dix dernières années, ne peut plus en compenser l'aggravation. La seule solution serait une régularisation massive et généreuse.

L'argument qui sert à refuser ces régularisations parce qu'elles produiraient un appel d'air – une forme de primes à la clandestinité – repose sur une déformation des liens de causalité. La présence de ces travailleurs est directement liée aux rigueurs des contrôles migratoires, qui renforcent l'organisation économique dominante vivant de la précarité et de la concurrence y compris monétaire entre les salariés. Cette gestion sécuritaire produit de la clandestinité et de la discrimination, comme les excès du marché financier produisent des licenciements. Ce n’est donc pas en expulsant des immigrés même « clandestins » au seul sens administratif du terme, que la politique de votre gouvernement restaurera de l'emploi et de la confiance.


Nous attendons autre chose de votre gouvernement. Nous souhaitons qu’il traduise dans les faits ce qui a été affirmé pendant les campagnes électorales : puisque les immigrés ne sont pas le problème, les expulser n'est pas la solution. Nous réitérons auprès de vous et de vos services, que ces gens qui vivent, étudient, travaillent, jouent, aiment ici, doivent voir reconnue leur place dans la République, bénéficier de ses principes et de ses valeurs. Il est à cet égard parfaitement regrettable que vous ayez cru devoir reprendre à votre compte un objectif chiffré de rapatriement, autrement dit d'expulsions, sans qu'aucun argument objectif n'ait pu vous permettre de le fixer. Comment oublier d’ailleurs que ce chiffre de 35 000 expulsions est déjà atteint avec toutes les personnes expulsées au mépris de la loi, du droit et des droits, à partir de la Guyane ou de Mayotte ?

Il suffit, Monsieur le Ministre, de se pencher et de décomposer les données publiées dans les différents rapports sur l'immigration soumis à l'Assemblée nationale, pour comprendre que l'objectif fixé d'un nombre d'expulsions n'est que le masque d'une politique de communication.
C'est un gage donné non pas à la réalité, mais à la peur.

Je me permets d’attirer votre attention sur un chiffre. Il s'agit du nombre de régularisations par le travail arrachées, depuis la grève des sans-papiers de 2008, à un gouvernement dont l'aménité vis-à-vis des « immigrés clandestins » n'était pas établie : 11 à 12 000 de plus par an !
La régularisation en nombre est donc possible, et sans dégâts perceptibles pour notre pays, lorsque les premiers concernés se mobilisent et bénéficient de la solidarité populaire. C’était sous un gouvernement de droite. Faut-il aujourd’hui recourir au même bras de fer en redoutant des résultats moindres ? Nous voulons espérer que ce n’est pas le cas.

Nos craintes s’enracinent dans les critiques et jugements de la circulaire du 28 novembre, que nous avons formulés. Les grèves de la faim attestent de leur validité. Car cette circulaire dite de « régularisation » exclut de fait certaines catégories d’étrangers, tout en prévoyant une maîtrise d’œuvre par les préfectures qui reste changeante et aléatoire.

Sur le fond, la logique des critères pour obtenir un titre de séjour reste restrictive. En fixant des chiffres très élevés de présence constatée, la circulaire apporte certes des améliorations par rapport à la situation précédente, et ouvre la possibilité d’un nombre notable d’issues positives. Mais, que ce soit pour les enfants et les jeunes majeurs en cours d’études, pour leurs familles, que ce soit pour les salarié(e)s, les durées exigées sont trop loin de la réalité des demandes déposées ou exprimées. De plus, les autres conditions ajoutent une très rigoureuse limitation des situations éligibles à la régularisation, telle l’exigence de bulletins de salaire sur toute la période de référence, ce qui évacue de façon massive et négative toutes celles et tous ceux qui subissent nécessairement le système du travail non déclaré.
Si nous avons apprécié que votre ministère s’engage à mettre un terme à l’arbitraire des administrations préfectorales, en fixant des dispositions stables et pérennes applicables partout, nous sommes inquiets d’observer que la réalité est bien éloignée de cet objectif, parce que l’éloignement du territoire demeure encore et toujours la règle. Il est donc de votre responsabilité de ministre de l’Intérieur de s’assurer que les dérives de ces dernières années cessent.

Notre pays a besoin de fraternité, de justice, de sérénité et de progrès social, qui sont autant d’atouts dans la lutte contre les crises économiques et les extrémismes xénophobes qu’elles attisent. C’est pourquoi la LDH souhaite une autre orientation de la politique gouvernementale vis-à-vis des étrangers, de leur rôle et de leur apport. Il dépend de cela que l’espoir revienne chez des milliers de familles, de jeunes et de travailleurs sans papiers, dès maintenant.
Vous comprendrez que nous rendions cette lettre publique.

Veuillez croire, Monsieur le Ministre, etc, etc..."


Pierre Tartakowsky
Président de la Ligue des droits de l’Homme

09/01/2013

«Les austéritaires ?... Il faut les fusiller»

Extraordinaire: l'austérité est une erreur mathématique !

jean luc godard,austérité

"(...) Les ignares vous saluent bien, mais les dévots de l’austérité n’ont pas rendu les armes. L’histoire de l’équation commence à cheminer, on en a parlé dans le journal de France 2 hier soir, l’Humanité l’a évoquée, le Washington Post aussi, mais elle ne fait pas encore la une. C’est qu’on ne renonce pas d’un jour à l’autre à une idéologie. Même vermoulus les murs de Berlin ne s’affaissent pas d’un jour à l’autre." Hubert Huertas 

      France Culture 7h37, France Musique 8h06, twitter : @huberthuertas

Ce qui n'est pas sans rapport avec cet interview de Jean Luc Godard devancant "LA" découverte du siècle et des précédents (par Stéphane Benoit-Godet et Myret Zaki, le 12 décembre 2012 dans "Bilan", un magazine économique suisse.)

C'est que le réalisateur Jean-Luc Godard possède un regard unique sur le capital et le monde de l’argent. Entretien.

«...»  Le cigare est allumé, moteur!

Bilan: Que pensez-vous des économistes?
Jean-Luc Godard: Les économistes? Il faut les fusiller. L’économie, oui cela m’intéresse. Adolescent, j’ai lu Marx, Ricardo et Althusser, le premier surtout pour ses qualités littéraires. En général, les économistes n’écrivent pas bien. Ils ne vont pas sur le terrain, comme je continue à le faire. Il y a un parallèle à faire avec l’industrie du cinéma, surtout Hollywood, et l’économie. Pour moi, la vraie économie comme le vrai cinéma, ce n’est pas ce qu’on voit aujourd’hui. Je préfère les ethnologues, les anthropologues.

B: Qu’est-ce que l’économie, pour vous?
JLG: Il y a peu de réalité derrière «l’économie» d’aujourd’hui, et beaucoup de façade. A l’époque de la Nouvelle Vague, le cinéma pour nous, c’était ce qui ne se voit pas. C’était des films, comme Le cuirassé «Potemkine», ou La femme au corbeau, qui ne passaient pas dans les salles. Aujourd’hui, tout est disponible pour tout le monde en DVD. Mais à l’époque les belles choses étaient en quelque sorte invisibles. Dans les livres, c’est pareil: aujourd’hui, nous n’avons que des livres à mettre dans les livres. Quand est-ce que la réalité sera dans les livres?

Les économistes ne prennent pas la parole au sens profond de Freud. Ils peignent la réalité d’une façon détériorée. Ceci est une chaise: mais ensuite, il faut Van Gogh pour peindre une chaise. Celui qui est au bout de la caméra peut faire dire ce qu’il veut à l’image qu’il filme.

Les scientifiques ne font pas comme les économistes. Ils prennent un microscope, regardent, et ensuite ils pensent. Les économistes ont une vision détériorée des choses. Contrairement aux scientifiques, ils ne regardent rien! Ce sont des gens de «lettres», pas de «l’être». «Etre» a disparu au profit d’«avoir». J’ai petit à petit vu les enjeux économiques.

B: La France va-t-elle si mal?
JLG: La France garde une aura. Car sa littérature et son rapport «son/images/mots» sont plus riches que ceux des Américains ou des Allemands, par exemple. En termes de puissance, la France équivaut désormais à, disons, le Guatemala. Mais sa littérature et sa poésie font que la France est plus intéressante.

B: Que devraient faire alors les économistes?
JLG: Ils auraient tout à apprendre de l’industrie du cinéma. Les Français ont ce mot quand ils parlent de société de production dans le cinéma. C’est une «maison de production». Personne n’imagine Universal dire cela, par exemple. «Maison», cela suppose beaucoup de choses: cela veut dire une porte, une famille qui y vit, un rez-de-chaussée, des étages supérieurs, une cave… Durant le temps d’un film, c’est toute une petite société, avec ses relations humaines, pécuniaires, professionnelles, sentimentales, sexuelles, qui se met à exister. Durant trois à quatre mois, ce microcosme offre un poste d’observation idéal. Puis, tout cela disparaît. C’est fascinant.

B: Les rapports sexuels, c’est obligatoire sur un tournage?
JLG: Si vous regardez les affiches de films il y a toujours une fille et un garçon, cela tourne toujours un peu autour de ça quand même.

B: Pour revenir aux économistes, vous êtes vraiment fâché avec eux?
JLG: Parfois, il y en a bien un qui peut dire des choses intéressantes comme Stiglitz mais c’est rare. Une fois, l’un d’eux a dit: «Ce qu’il faut, ce n’est pas avoir plus, c’est vouloir moins.» Et c’est vrai, il faut moins: d’argent, de vedettes, de paradis artificiels. Les gens réclament le «droit» d’être heureux. Mais où ont-ils conquis ce droit? On a le devoir de vivre, le devoir de manger. Il n’y a pas de droits d’auteur, que des devoirs. On confond être et avoir, tout comme droit et devoir. Un mendiant n’a pas le droit de mendier, il en a le devoir si c’est sa seule manière de vivre. Idem pour l’enfant qui naît, pas de droit mais un devoir de vivre. Nous n’avons que des devoirs.

B: Comment voudriez-vous voir les économistes parler?
JLG: Les économistes sont trop abstraits. Les démocraties modernes font de la pensée politique un domaine de pensée séparé. Cela prédispose au totalitarisme. De même, on ne peut pas parler d’«économie». Les «économistes», qui séparent l’économie de tout le reste, cela n’existe pas. Il y a des «emplois», mais il n’y a plus de travail. On dit qu’il faut «sauver l’emploi». Pourtant, il y a toujours des travailleurs, mais ce qui manque, c’est le travail physique, les possibilités de créer avec ses mains.

B: Vous êtes-vous frotté à une économie autre que celle du cinéma?
JLG: J’avais un cousin qui travaillait pour Paribas à l’époque. Je lui disais toujours, donne-moi de l’argent pour filmer les gens sur la place de la Concorde et tu comprendras tout de l’économie. Comment font-ils pour ne pas se télescoper par exemple? Cela reste un mystère. J’aurais pu amener des pistes de réflexion.

B: Cela n’a jamais abouti?
JLG: Un jour, le patron de Darty est venu me voir en me disant qu’il gagnait trop d’argent et qu’il ne savait plus qu’en faire. Je lui ai proposé de financer mon prochain film: j’ai donc fait Le Rapport Darty. Une manière différente de voir l’entreprise plutôt que ses gros rapports que personne ne lit. Il y en a plein les ministères, des rapports!

B: Qu’a-t-il pensé du film?
JLG: A la première vision, il était furieux. Ensuite, il l’a vu 60 fois et il m’a remercié de cela.

B: Imaginons: les banquiers suisses viennent vous voir en vous disant qu’ils ont besoin que vous leur donniez des pistes de réflexion et en gros de faire la place de la Concorde + Le Rapport Darty, vous dites quoi?
JLG: Je ne peux pas, je tourne avec Myret bientôt (rires). Non, pour eux, c’est trop tard. Cela ne les intéresse pas d’apprendre.

B: Et la Confédération, elle n’est pas venue vous voir pour redorer l’image de la Suisse?
JLG: Les Suisses, ils ne savent pas ce que c’est, l’image. Il n’y a pas de cinéma suisse. Ce n’est pas une école en la matière.

B: Et l’échec du communisme, vous qui étiez proche de ce mouvement, ça vous inspire quoi?
JLG: Ce n’est pas l’échec du communisme. C’est l’échec de salauds qu’on a pris pour des communistes! Tout comme il suffit de passer une heure avec Cohn-Bendit pour comprendre l’échec de l’Europe.

On assiste à une grande détérioration aussi du point de vue culturel: on ne filme plus pour découvrir, mais pour affirmer quelque chose. J’écoutais l’autre jour ce philosophe un peu stupide, Michel Serres, qui a écrit Petite Poucette: il a oublié en parlant des nouvelles technologies que les gens parlent d’icônes pour les portables, alors que le terme icône a une signification autrement plus sacrée! C’était de la peinture byzantine et regardez ce que le mot est devenu. L’un des premiers inventeurs de la télévision appelait son tube un iconoscope: cela voulait dire quelque chose, et il y avait une véritable ambition scientifique derrière.

B: Ce double sens du langage, vous le recherchez toujours?
JLG: Oui, prenez le titre de votre livre, Myret. On peut lire «la fin du dollar» mais entendre «la finalité du dollar», ou même «la faim du dollar», ce qui voudrait dire qu’il n’est justement pas fini.

B: Vous sentez venir un déclin irréversible pour notre civilisation?
JLG: Elle changera dans la mesure où les Chinois eux-mêmes se mettent à lutter maintenant contre la contrefaçon. Si c’est un péril pour eux, c’est bien que les choses changent.

On a plus peur aujourd’hui. Il y a un manque de courage et de liberté évident.

B: Parce qu’on pressent des changements?
JLG: Savez-vous que le cinéma a été inventé, initialement, en couleur et parlant? Mais le monde n’était pas prêt; c’était trop, pour ceux qui allaient voir, dans la salle de cinéma, le train entrer dans la gare de La Ciotat et sembler les percuter. En outre, on perçoit les choses en fonction de nos présupposés culturels. Les Russes, qui ont vu ce même film à l’époque, étaient persuadés d’avoir vu Anna Karénine se jeter sous les rails du train!

B: Cela signifie-t-il le primat de la littérature sur tout le reste?
JLG: Non, simplement la littérature avait fabriqué cette image dans leur tête. Cette dernière peut fabriquer de très belles images, il suffit de relire Rimbaud.

B: Est-il vrai que vous n’êtes pas allé à Cannes pour protester contre la crise grecque?
JLG: Je n’y suis pas allé, car je n’y ai plus jamais retrouvé le plaisir d’il y a cinquante ans.

B: Vous lisez les journaux?
JLG: Non, parfois Le Matin au bistro mais cela ne m’intéresse pas. Le Journal de Genève, le Courrier de Neuchâtel ou l’hebdomadaire Curieux me manquent. En France, je lis Le Canard enchaîné et Charlie Hebdo qui ne vivent pas de publicité. Et Libé. Mais ils parlent du chômage en première page et ils ont ces pubs, Gucci et Hermès en dernière page… De toute façon, l’actualité, ça n’existe pas. En tout cas plus dans le sens où ceux de ma génération suivaient le ciné-bref au cinéma.

B: Et les médias sociaux, comme Facebook, vous intéressent-ils?
JLG: Je ne sais pas ce que c’est.

B: Que pensez-vous des écartsde richesse?
JLG: Tous les gens qui acceptent d’avoir une voiture avec chauffeur ont une vie pitoyable.

B: Si je touche au Loto et je vous dis que mon rêve est de produire un de vos films, vous me dites quoi?
JLG: Je prends tout votre argent, je me réserve 10%, et je donne 90% à Amnesty International.

B: Combien coûte un film de Godard?
JLG: 300 000 euros, environ.

La vidéo intégrale de cet entretien est ici.

Un rappel : Depuis 2011 et suite à un certain nombre de réclamations de J-L. Godard a été mis en demeure de payer ses impôts en Suisse, alors qu'il s'en acquittait jusque-là en France.
Source

A suivre ....

      

01/01/2013

2013...

Ne soyons pas, ne soyons plus, les marionnettes de leur destin.

georges mazilu,2013
Illustration : Georges Mazilu

31/12/2012

Casser l’ambiance ?

Les  squatters du 149, rue du Château dans le 14e arrondissement à Paris, utilisé par le parti communiste local, mais déserté depuis plus de trois ans, doivent donc être poursuivis prochainement pour « dégradations de biens privés en réunion. »
Comme nous en avons été informé via le site Bellaciao, ces squatters ont été "extraits" de leur gîte de fortune le 19 décembre par les forces de l’ordre habilitées par le chasseur de Roms, Manuel Valls.
Mais, ce n’est pas là le plus troublant.
squatters, PC XIV, Hélène BidardBellaciao : "Au vu du nombre de sociétés immobilières détenues par le Parti communiste, (…) celui-ci doit savoir que le péril fait l’objet de dispositions légales permettant une évacuation immédiate quelle que soit la période de l’année. Les architectes de sécurité de la préfecture de Police de Paris, seuls habilités à déterminer le péril, ont des astreintes régulières pour être en capacité de faire des constats à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit en cas d’urgence. La procédure est purement administrative, le statut et la durée de l’occupation importent peu. Encore faut-il qu’il y ait péril ! »
On en déduit que si ces communistes-là ont choisi la voie pénale, c’est bien parce qu’ils savaient ne pas pouvoir obtenir une expulsion pour péril."

Autre fait « troublant » : le rapport conjugal (rien à voir avec un classique « rapport de force ») qui existe entre Hélène Bidard, Présidente-Directrice-Générale de la Société Immobilière * propriétaire de l’immeuble qui ordonne l’extraction manu militari, puis porte plainte contre les squatters et, son époux Igor Zamichiei, secrétaire fédéral du PCF75, lequel, solidarité oblige, justifie et tente d’étouffer l’affaire.

Sans vouloir casser un peu plus l’ambiance, on notera qu’Hélène Bidard est membre du Conseil National du PCF, Conseillère de Paris, Conseillère d'arrondissement (le XIème) chargée des Droits de l’Homme et de la Lutte contre les discriminations.(!!!)

Au moment où avec le Front de Gauche, nous nous réjouissons d’avoir ensemble à « rallumer  les étoiles » en 2013, au moment où le slogan « l’Humain d’abord ! » n’a jamais été plus indispensable pour faire obstacle à une droite ragaillardie par les reniements successifs d'un gouvernement Hollande de plus en plus soumis aux diktats d’un libéralisme sans gêne et sans remords, cet épisode est en effet susceptible de « casser l’ambiance ».
Ne pas en parler reviendrait à s’autocensurer, trop le souligner à se tirer une balle dans le pied.

Vœu pour 2013 et plus si affinités : que le Parti Communiste sache réagir et s’éviter comme à l’ensemble du Front de Gauche de tristes et préjudiciables contradictions.

* NB : Hélène Bidard, présidente de la SEMIDEP (Société d’économie mixte immobilière interdépartementale de la région parisienne),est également présidente de la société immobilière Rochechouart, propriétaire du 149 rue du Château, société écran du Parti Communiste Français. La SEMIDEP avait déjà expulsé les mal-logés acharnés du 141, rue de Charonne.

24/12/2012

Symphonie des Droits de l'Homme

Oh, mon bel enfant !
Libre et prisonnier,
Prisonnier des contraintes que s’imposent les hommes
Et libre de les transcender.
N’aie jamais peur du vide,
Car c’est le vide qui t’a enfanté.
Accroche-toi aux parois lisses et dures de la vie
Accroche tes ongles aux moindres interstices,
A la moindre anfractuosité du roc.
Ouvre large tes oreilles à l’appel du vent,
A la musique du silence.
Ouvre tes narines aux odeurs fortes et subtiles des parfums de la Terre,
De la sueur, de la peau, de tout ce qui vit,
Qui exhale, qui respire.
Pour que lorsque t’arrivera le pire,
Tu puisses en tirer le meilleur.
Ouvre tes bras à la détresse humaine
Car ta propre détresse peut en être le ferment.
Ouvre ton cœur à la beauté secrète, sourde, aveugle et muette.
Parce que rare est celui qui la voit,
Parce que rare est celui qui l’entend.
Garde ton âme ouverte comme une source offerte
A la soif du mendiant, de l’errant, du poète, du chercheur, de l’enfant.
Et ton regard innocent, et ton esprit honnête,
Garde-les toute la vie car la simplicité est la marque des grands.

18/12/2012

Michel Warschawski

Michel Warschawski, président du Centre d’Information Alternative (AIC) de Jérusalem, vient de recevoir (10/12/2012) le prix des droits de l'homme de la République française et c'est mérité.

Du coup, Richard Prasquier, président du Conseil représentatif des institutions juives de France, se fend d’une lettre ouverte à Christine Lazerges, présidente de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH). Mais peu importe les aigreurs du CRIF puisque même un hebdo comme Le Point ne "frissonne pas en entendant prononcer le nom de Michel Warschawski".

Pour mesurer son engagement à défendre l’idée qu’ « Un autre Israël est possible », on pourra s’en référer à une suite d’articles parus dans Médiapart, et à quelques interviews dont celui qui suit, accordé le 5 novembre au site Alohanews :

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Michel Warschawski: “Israel n’existe que par la guerre”

Journaliste et membre du Tribunal Russel, Michel Warschawski contribue à la cause palestinienne en combattant l’occupation et le colonialisme organisé depuis plus de quarante ans par les gouvernements israéliens successifs.
Lors de cet entretien, il est question de la société israélienne, la politique israélienne ainsi que ses rapports avec l’Iran.

Dans le livre Un autre Israël est possible que vous avez co-écrit avec Dominique Vidal, vous mettez en lumière le mouvement des “indignés” de la population israélienne qui a planté ses tentes l’été 2011 à Jérusalem, Haïfa et Tel-Aviv. Quelles étaient leurs revendications ?

Ce mouvement qu’on appelait le mouvement des tentes ou mouvement des indignés de 2011, s’est intentionnellement limité à des revendications d’ordre socio-économiques. Les revendications étaient le droit au logement, le droit à une santé publique gratuite, le droit à l’éducation. Il s’agit de droits et pas d’une marchandise dans le cadre d’une libéralisation et d’un néo-libéralisme débridé. Il a fait l’impasse sur les questions liées au conflit en Palestine et au conflit israélo-arabe en général.

Ce mouvement s’est questionné sur les sujets de société, mais s’est bien gardé de s’exprimer sur les questions politiques bien qu’il y ait une corrélation entre les deux. Les injustices naissent en partie d’une politique ultralibérale sécuritaire qui consacre la majorité de son budget à la Défense. Votre analyse là-dessus ?

Effectivement, cette séparation entre le social d’un coté et le politique de l’autre est une scission totalement artificielle loin de la réalité. Pour satisfaire les revendications du mouvement, il faut faire des choix politiques! Il faut réduire substantiellement le budget militaire. Il faut arrêter de subventionner les colonies. C’est la faiblesse du mouvement, il fallait lier les deux et ne pas se focaliser sur l’aspect économique. Le mouvement devait dénoncer une classe politique qui a fait le choix de l’occupation coloniale depuis maintenant quarante ans.

Quel est votre rapport à l’État d’Israël ?

Je suis citoyen israélien. Je me sens totalement impliqué comme citoyen, comme père, comme grand-père dans cette société israélienne tout en étant radicalement critique non seulement de la politique menée par les différents gouvernements israéliens depuis qu’il existe, mais aussi envers la nature même de l’État. Israël n’est pas un état normal. Israël selon sa propre définition est un État juif dont l’objectif est de renforcer le caractère juif démographiquement parlant. C’est-à-dire l’État qui considère l’indigène, le Palestinien comme un étranger sur sa terre. Une grande partie a été expulsée de cette terre, ce sont les réfugiés. Et ceux qui sont restés sont perçus comme des locataires tolérés. Sans parler de la population occupée de Cisjordanie et de la bande de Gaza qui n’a aucun droit politique et qui vit sous administration militaire maintenant depuis plus de quarante ans.

Vous êtes président du Centre d’Information Alternative (AIC) de Jérusalem, comment ce projet a vu le jour ?

C’est un projet éminemment politique. Nous étions des militants et c’était une initiative ancienne puisque le centre a été constitué en 1984. Sa spécificité est que ce centre est composé de militants politiques israéliens et palestiniens. C’est une organisation réellement mixte de militants de la gauche palestinienne et militants antisionistes israéliens qui collaboraient depuis bien longtemps dans le combat contre le colonialisme, contre l’occupation coloniale, contre la politique de guerre.

À un certain moment, nous avons été confrontés à un déficit d’informations. Rappelons-nous qu’en Israël, en 1982, c’est la guerre du Liban, un immense mouvement antiguerre se met en place. Plus de 400.000 personnes descendent dans les rues de Tel-Aviv pour condamner les massacres. Nos amis palestiniens avec qui nous étions ensemble dans le combat politique nous disent: “Nous ne comprenons pas ce qui se passe, nous ne nous attendions pas à une telle mobilisation”. Il y avait donc une demande d’intelligibilité, de faire comprendre ce qui se passe en Israël. Et parallèlement en Palestine s’est déroulé à la même époque un nouveau phénomène à savoir l’émergence des mouvements populaires qui deviendra plus tard la première Intifada. Les mouvements de femmes, des syndicats étudiants, des syndicats ouvriers ont pris les devants de la scène. Ces derniers étaient totalement méconnus du côté israélien. Il y avait une volonté dans notre centre de faire connaître la réalité de la société palestinienne aux Israéliens, aux médias israéliens, aux faiseurs d’opinions, aux militants. Et aussi d’expliquer aux Palestiniens, de leur donner des clés de compréhension des évolutions de la société israélienne.

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Quelle est votre analyse sur l’actualité entre Israël et l’Iran ?

Israël a besoin d’un ennemi. Il doit être en état de guerre permanent. Sans beaucoup d’exagération, Israël n’existe que par la guerre. Israël n’est soutenu par les États-Unis (3,5 milliards $ par an) que parce qu’il joue un rôle militaire dans la région. La pire catastrophe qui puisse arriver à Israël, c’est qu’il n’y ait pas de guerre, qu’il n’y ait pas d’ennemi, pas de menace. Il s’agit donc toujours d’identifier une nouvelle menace. Nous avons eu le terrorisme qui est devenu le terrorisme islamiste et qui ensuite s’est généralisé à l’Islam. Ce n’est pas suffisant, alors on prend le Hezbollah, mais ce dernier est trop petit. Il faut trouver plus grand,  j’irai même à dire qu’il faut vendre à Washington que cet ennemi ne menace pas seulement Israël, mais menace la civilisation judéo-chrétienne tout entière. Nous arrivons à cette équation générale que la civilisation judéo-chrétienne est menacée par l’Islam représenté par la République Islamique d’Iran.

On prend les fanfaronnades, des déclarations qui parfois sont stupides de Mahmoud Ahmadinejad monnaie comptant. Le gouvernement israélien s’insurge en accusant ce dernier de vouloir détruire Israël. Alors que toute analyste sérieux vous dira que ce n’est pas vrai. Faisant d’ailleurs le jeu d’Ahmadinejad qui comme cela peut se présenter comme le seul qui maintient le combat pour défendre le droit des Palestiniens. De ce fait, Israël permet de justifier cette stratégie de guerre permanente et préventive dans la région.

Est-ce qu’au final, Mahmoud Ahmadinejad ne serait pas l’ennemi utile d’Israël ?

Tout d’abord, Mahmoud Ahmadinejad est à la tête d’une puissance régionale. Ce dernier se bat non pas contre Israël, ce n’est pas du tout son objectif. Ce dernier veut assoir la place de l’Iran comme puissance incontournable dans la région. L’ennemi d’Ahmadinejad, le vrai conflit n’est pas du tout avec Israël, mais c’est avec l’Arabie Saoudite et les pays du Golfe.

Le clivage sunnite-chiite ?

Ce n’est pas essentiellement une question sunnite-chiite. C’est une question d’ordre économique et de pouvoir stratégique dans la région. L’hégémonie dans cette région, notamment dans le détroit d’Ormuz, dans la région du Golfe est extrêmement importante. Mahmoud Ahmadinejad se sert de la question palestinienne et d’une rhétorique radicalement antiisraélienne pour renforcer sa position dans la région. Il veut montrer que ses adversaires arabes en font moins que lui sur la question palestinienne. Là est véritablement l’enjeu d’Ahmadinejad. Ce n’est pas du tout la guerre contre Israël.

Je partage l’opinion des services de renseignements israéliens intelligents qui disent qu’il faut arrêter de considérer l’Iran comme un pouvoir irrationnel, que ce sont des fous, des fanatiques, ce n’est pas tout sérieux comme analyse. En Iran, il y a un agenda politique, il y a des objectifs politiques sur lesquels se greffe cette rhétorique radicale, mais qui est tout à fait rationnelle. D’ailleurs, Barack Obama l’a compris, car il entreprend des négociations avec le gouvernement iranien. C’est ce que veut l’Iran, parlez avec eux et donnez leur la place, arrêtons de les marginaliser.

Quel est l’enjeu réel de la visite de Benjamin Netanyahou dans l’Hexagone ?

Je ne crois pas qu’il y ait d’enjeux importants. C’est une opération de relations publiques. Le gouvernement d’extrême droite israélienne est assez isolé et critiqué y compris par des pays de l’Union européenne, y compris par les États unis bien que ce soit discret, élections présidentielles obligent. Le gouvernement israélien est totalement en porte à faux face aux politiques qui se dessinent en Occident.  Ces derniers essayent de se replacer dans la région du Moyen-Orient qui est en pleine mutation. Pendant ce temps-là, de nouvelles puissances s’affirment comme la Russie qui revient, la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud. Dans ce cadre-là, les États-Unis seront obligés de s’adapter à cette nouvelle réalité. Tandis que du côté du israélien, nous avons un gouvernement qui vit vingt ans en arrière. Ce dernier agit comme si le président était encore George Bush, qui est encore dans la guerre globale et préventive. Ce ne peut être la stratégie américaine d’aujourd’hui parce qu’elle a échoué et leur a couté très cher.

Il y a donc les germes d’une tension, non pas d’une remise en question de l’alliance stratégique qui unit les deux pays, celle-là est malheureusement encore présente pour longtemps. Il y a une question primordiale qui se pose: comment gérer la nouvelle donne internationale et régionale ? Benjamin Netanyahou est totalement isolé. Ce n’est pas le cas en Israël malheureusement, mais nous sommes à contre-courant de la plupart des chefs d’États européens et des Américains. Nous ne pouvons pas continuer comme cela.

Alors on essaie de montrer que tout va bien, on va faire beaucoup de photographies sur le parvis de l’Élysée. C’est une opération assez inutile. Je ne donne aucune importance à cela. Il y a quand même quelque chose d’important, l’Union européenne vient de rehausser le statut d’Israël dans les institutions européennes. Non seulement, il n’y a pas de sanctions, mais on donne une reconnaissance, un bonus à Israël. C’est rendre un très mauvais service à la population israélienne. Je crois que les sanctions, cela permet parfois d’ouvrir les yeux et de réaliser que nous sommes dans le gouffre. Nous sommes en train de nous isoler. Qu’on nous caresse dans le sens du poil quoiqu’on fasse malgré les massacres, malgré la colonisation, malgré le refus de négocier quoi que ce soit. Nous ne faisons que renforcer les mauvaises tendances.

Un mot pour Alohanews ?

Continuez ! Je pense qu’il est extrêmement important d’aider le public à avoir des clés de compréhension. Ce n’est pas l’information qui manque. Moi je ne suis pas de ceux qui lisent les journaux. L’important n’est pas de savoir, mais de comprendre. Ce que beaucoup de citoyens européens n’arrivent pas à comprendre. Qu’est ce que cela veut dire ? Il faut décrypter l’information qu’on nous donne et non l’intérioriser de façon passive.

Propos recueillis par Mouâd Salhi

Site du Centre d’Information Alternative: Cliquez ici

14/12/2012

Droit d’asile à la sauvette ?

L’association européenne pour la Défense des Droits de l’Homme s’adresse aux parlementaires européens :

Ne bradez pas les droits des demandeurs d’asile !

demandeurs d'asile,aedh

Une lettre ouverte leur est adressée qui s’appuie sur une note d’analyse
(à télécharger)

En application des objectifs fixés par le programme de Stockholm, le Parlement européen mène, depuis 2009, des travaux sur la refonte de plusieurs textes de directives et règlements afin de parvenir à l’adoption d’un régime d’asile européen commun (RAEC).

Depuis le traité de Lisbonne, il est co-législateur, avec le Conseil, sur les questions de cette nature et l’on sait que les discussions avec cette instance se sont souvent avérées difficiles. On sait aussi que la Présidence aurait souhaité parvenir rapidement à l’adoption des textes encore en cours de discussion, si possible avant la fin 2012.

Il est certain que le système d’asile européen doit être réformé. Et il doit l’être dans l’esprit du programme de Stockholm. Mais l’AEDH craint que l’urgence du calendrier institutionnel ne prime sur l’objectif de respect des droits fondamentaux des demandeurs d’asile et réfugiés.

D’où, une « Lettre ouverte » adressée à tous les membres de cette Assemblée. Elle s’appuie sur « une note d’analyse » où sont développés plusieurs points particulièrement préoccupants dans les projets actuels de refonte des directives et règlements et sur lesquels il est nécessaire d’attirer l’attention.

L’objectif étant que l’Union européenne se dote d’un système d’asile digne et respectueux des droits des personnes qui requièrent une protection internationale.

L’AEDH

12/12/2012

Pour « les pré-fêtes »

Pour remercier madame la préfète à l’égalité des chances qui, dans les Bouches du Rhône, se donne tant de mal pour faire respecter la loi et les ordres de son ministre, ce film réalisé par un terroriste notoire : Tony Gatlif…

Ignorant l’injonction qui vise à prévenir d’éventuelles sanctions "l’indiscrétion" qu’il y aurait à contester   quelque mesure toute et rien que "sécuritaire" (du type « délocalisations faites aux roms »), lui fait suite et l’accompagne pourtant et par ailleurs une lettre dont la teneur porte la marque de la très haute considération dans laquelle on peut tenir les exécuteurs des basses œuvres sociales libérales, pour lesquels la défense des droits de l’homme est si évidemment inaliénable !

 

A l’attention de :
Madame la Préfète à l’égalité des chances

Préfecture des Bouches-du-Rhône.
Copie : Monsieur le Préfet Régnier

Marseille, le 11 décembre 2012

Madame,

Dans la nuit du vendredi 7 au samedi 8 décembre, par des températures en-dessous de zéro, vous avez fait procéder à l'évacuation du site du chemin des tuileries qui était occupé depuis 6 mois par des familles Roms extrêmement précaires. Cette évacuation s'est déroulée dans une grande précipitation, sans interprète et, de fait, dans un climat de violence qui n'a échappé à aucun des témoins présents. L'opération était manifestement commandée par le souci urgent de dégager votre responsabilité ainsi que celle de la Mairie de Marseille, et ce, à la suite du rapport d’expertise que vous avez diligenté, qui a fait état d’un risque imminent d'effondrement du hangar - risque qui n’avait pas été signalé lors de la précédente évaluation...

Conformément à la procédure, vous avez mis à disposition des familles un gymnase pour trois ou quatre nuits. Lundi 10 décembre, journée mondiale des droits de l'homme, les familles frigorifiées n’ont pu pénétrer que tardivement dans le gymnase et ce, après une longue journée d’errance et d’incertitudes quand à la possibilité que leur soit proposé un abri. Ce matin, mardi 11 décembre 2012, les familles expulsées ont du quitter le gymnase sans aucune assurance de disposer d’un abri le soir venu.

Les associations signataires de ce courrier sont inquiètes des conséquences de vos décisions.

La simple humanité mais aussi la perspective de températures négatives ces prochaines nuits et l’arrivée de l'hiver  imposent de prévoir pour ces enfants et ces familles une mise à l'abri effective jusqu'à ce qu'une solution de relogement pérenne soit trouvée.  A cette fin, un relogement pourrait prendre la forme d'une réquisition d'immeuble vacant comme le suggérait hier la ministre du logement, Mme Cécile Duflot.

Par ailleurs, la circulaire du 26/08 suggère l'humanisation des procédures d'expulsion ainsi que la mise en place d'une politique d'intégration. Cette circulaire s'impose à tous et nécessite une anticipation et des procédures contraignantes qui tendent à retarder l'échéance en permettant l'amorce d'un travail de fond.

Nous regrettons que vous contourniez ces difficultés par l'usage quasi systématique de" l'évacuation pour péril". Cette attitude qui accélère les déplacements et précarise chaque fois davantage les familles est de nature à compromettre  le travail souhaité par le gouvernement, travail coordonné par la Préfet Alain Reigner.  Vous savez comme nous que l'humanisation des sites et l'effort d'intégration des familles ne peut aller de pair avec la perpétuelle errance induite par ces déplacements forcés.  Les processus d'accompagnement sanitaire, la scolarisation, l'accès à l'emploi et aux droits sociaux ne peuvent être engagés qu'au prix d'une stabilisation de l'habitat. Les expulsions anticipées et encadrées y contribuent un peu alors que les évacuations précipitées comme celle de vendredi soir la compromettent gravement.

Nous sommes conscients de la difficulté de votre tâche et nous sommes prêts à vous soutenir et à vous aider dès lors que vos actions s'inscriront plus clairement dans la perspective dessinée par la DIHAL sous l'autorité de Mr Alain Reigner, mais pour l'heure nous sommes inquiets.

Signataires:

  • Médecins du Monde Marseille / Dr Philippe RODIER
  • Fondation Abbé Pierre / Mr Fathi BOUAROUA
  • Emmaüs Pointe Rouge / Mr Kamel FASSATOUI
  • Rencontre Tsiganes / Mr Jean-Paul KOPP
  • Ligues des droits de l’homme / Mr Bernard EYNAUD 

30/11/2012

« Régularisations » : tout ça pour ça !

Le ministre de l’Intérieur vient de présenter, au Conseil des ministres, le projet de circulaire dite de « régularisation ». La Ligue des droits de l’Homme condamne à la fois la méthode employée et le contenu des critères retenus envers l’ensemble des catégories d’étrangers qui auraient pu en être bénéficiaires.

La méthode choisie renvoie malheureusement les associations et les syndicats à une place de dupes. Alors qu’un temps long avait été donné avant la publication de ce texte, parce qu’il semblait nécessaire à la discussion et à la confrontation tant avec les organisations associatives que syndicales, il n’a guère été tenu compte des propositions alternatives qu’elles opposaient à celles défendues dès le départ par le ministère.

Sur le fond, la logique des critères pour obtenir un titre de séjour est particulièrement restrictive. En fixant des chiffres très élevés de présence constatée, la circulaire apporte certes des améliorations par rapport à la situation précédente et ouvre la possibilité d’un nombre notable d’issues positives, mais pas dans les catégories les plus difficiles. Que ce soit pour les enfants et les jeunes majeurs en cours d’études, pour leurs familles, que ce soit pour les salarié(e)s, les durées demandées sont incompatibles avec la réalité des demandes déposées ou exprimées. De plus, les autres conditions demandées ajoutent une très rigoureuse limitation des situations éligibles à la régularisation, telle l’exigence de bulletins de salaire sur toute la durée de référence.

régularisations

Le ministère dit avoir voulu fixer des critères stables et pérennes applicables par toutes les préfectures. On ne peut qu’apprécier cette orientation. Mais compte tenu des critères retenus, rien ne garantit que l’arbitraire des préfectures ne puisse perdurer, sachant que l’éloignement du territoire demeure la règle. Il est de la responsabilité du ministère de l’Intérieur de s’assurer que les dérives de ces dernières années cessent.

Pourtant, l’attente d’une politique différente de celle du gouvernement précédent était forte. Cette circulaire avait suscité un grand espoir, notamment pour les familles, les jeunes et les travailleurs sans papiers. Cet espoir est largement déçu.

Alors qu’elle a été reçue à plusieurs reprises au ministère de l'Intérieur, soit en son nom propre, soit au sein des collectifs qui luttent pour les droits des étrangers, la LDH entend réaffirmer la nécessité d'un débat sur l'immigration, et d'une réforme législative du droit au séjour, du droit d'asile et du contentieux de l'éloignement respectueuse des droits fondamentaux.

 

27/11/2012

Palestine - ONU

Cinq jours après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, à un moment où l'on retient son souffle de peur de voir fondre ce fragile espoir de paix comme un sucre dans un verre d’eau, le chef du bureau politique du Hamas Khaled Mechaal annonce qu’il soutient la demande palestinienne à l’ONU. Ce jeudi à New York, les Palestiniens demanderont le statut d’Etat observateur non-membre de l’ONU.

Palestine, 194èm état à l'ONU    

De son coté, oh surprise !, la France votera cette semaine en faveur de l’octroi d’un nouveau statut rehaussé de la Palestine à l’ONU -celui d’Etat observateur-, a annoncé mardi le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius.

«Ce vote, nous allons le faire avec cohérence et lucidité. Vous savez que depuis des années et des années, la position constante de la France a été de reconnaître l’Etat palestinien. C’est la raison pour laquelle jeudi ou vendredi prochain, quand la question sera posée, la France répondra « oui » par souci de cohérence», a déclaré Laurent Fabius, devant les députés.

Les Palestiniens, qui ne sont actuellement à l’ONU qu’une simple «entité observatrice», ont annoncé leur intention de demander jeudi devant l’Assemblée générale de l’ONU un statut d’Etat non-membre.

Le ministre a rappelé que cette position constante de Paris en faveur de la reconnaissance d’un Etat palestinien avait été exprimée en 1982 devant la Knesset par l’ex-président socialiste François Mitterrand. Elle avait été réaffirmée l’an dernier sous la présidence de Nicolas Sarkozy (droite) lors de l’admission de la Palestine à l’Unesco et figurait dans le programme de campagne présidentielle du candidat François Hollande.

«Mais, en même temps, il faut faire preuve de beaucoup de lucidité, d’une part parce que le texte (de la demande palestinienne) est actuellement en discussion et d’autre part parce que le moment où cette question va être proposée est très délicat», a poursuivi Laurent Fabius.

Le ministre a évoqué à cet égard le cessez-le-feu «extrêmement fragile» à Gaza, la perspective des élections israéliennes et le changement prochain de l’administration américaine.

«C’est seulement par la négociation -que nous demandons sans conditions et immédiate- entre les deux parties qu’on pourra aboutir à la concrétisation d’un Etat palestinien. Si l’on est à la fois cohérent et lucide, à ce moment-là, on travaillera pour la paix», a-t-il conclu.

La semaine dernière, Laurent Fabius, s’exprimant devant le Sénat, avait déjà laissé entendre qu’il était plutôt favorable à ce changement de statut pour les Palestiniens alors que la présidence française semblait jusqu’alors plutôt encline à choisir l’abstention. Fidèle soutien d’Israël, les Etats-Unis, eux, sont catégoriquement opposés à la démarche palestinienne à l’ONU.

(AFP)

22/11/2012

Du 25 novembre... au quotidien

Les Nations unies, qui ont fait du 25 novembre la Journée internationale contre les violences envers les femmes, avaient adopté, en 1994, une résolution sur l’élimination de ces violences.

Elle affirmait que «la violence à l’égard des femmes traduit des rapports de force historiquement inégaux entre hommes et femmes, lesquels ont abouti à la domination et à la discrimination exercées par les premiers et freiné la promotion des secondes, et [qu’]elle compte parmi les principaux mécanismes sociaux auxquels est due la subordination des femmes aux hommes.»

Les luttes féministes ont progressivement fait entrer cette question dans le domaine politique, réclamant un traitement politique. Elles ont fait admettre qu’il ne s’agit pas de déviances occasionnelles d’individus présentant des troubles agressifs, mais véritablement du symptôme le plus grave d’un système de domination séculaire et universel.

L’opinion réprouve l’usage du viol comme arme de guerre au Congo, la lapidation des femmes adultères en Iran, l’agression de fillettes qui revendiquent leur scolarisation en Afghanistan ou au Pakistan. Ces violences extrêmes doivent être dénoncées, combattues et condamnées. Mais, même si tout cela est très loin de la France, on ne peut mesurer l’état de l’égalité des droits à l’aune des pires situations. Il suffit de connaître le quotidien de la police, de la justice et des associations concernées pour voir qu’il n’en est rien. Les chiffres sont connus, mais très inférieurs à la réalité : par exemple, les soixante-quinze mille viols recensés chaque année ne représenteraient que 10 % du chiffre réel, la majorité des femmes victimes craignant de porter plainte. Mais la presse et l’opinion ne s’émeuvent que dans les cas outranciers, comme celui du procès récent de Créteil, lui-même violence infligée de nouveau aux deux victimes.

Une loi de lutte contre les violences a été adoptée en juillet 2010 : mais elle est incomplète, uniquement répressive, avec une ordonnance de protection mal connue et mal appliquée, sans formation des professionnels concernés et sans moyens. Le gouvernement actuel annonce vouloir une nouvelle loi et la création d’une instance nationale de lutte contre les violences.

La Ligue des Droits de l'Homme approuve cette volonté si la loi comporte un véritable volet préventif et éducatif, mobilisant les médias et l’Education nationale ; et si sont mis en place les moyens de son application réelle, à commencer par la formation des personnels judiciaires, une aide suffisante aux associations en charge des femmes victimes et des mécanismes de contrôle de l’application de la loi. Elle rappelle, enfin, que cette loi doit s’appliquer à toutes les femmes, y compris les étrangères non communautaires et les prostituées. Elle souhaite une forte volonté politique pour que soit mise en œuvre une loi complète et ambitieuse. Il ne s’agit rien de moins que d’avancer dans la transformation des rapports sociaux vers plus d’humanité, de justice et d’égalité.

La LDH célèbrera le 25 novembre en tenant une université d’automne sur la jeunesse, sa place dans la société et son attente de l’égalité entre les femmes et les hommes.

violences faites aux femmes,25 novembre

Te doy mis ojos traite de la violence conjugale. Autant dire le genre de sujet à manipuler avec précaution dès lors qu’on sort du champ documentaire. Le résultat est très intéressant, car la réalisatrice a choisi de bons angles d’approche .Par exemple, essayer de comprendre les deux parties, les traiter quasiment sur un pied d’égalité. Et puis prendre le sujet à bras-le-corps : pourquoi Pilar (Laia Marull) supporte-t-elle depuis près de dix ans les violences de son mari Antonio (Luis Tosar) ? Pourquoi ce dernier, malgré sa tentative de soins thérapeutiques, ne parvient-il pas à se contrôler ? Ne pas donner de réponse, se demander aussi comment. Et surtout choisir de montrer avec une économie de moyens qui se révèle très efficace. Les acteurs sont tous, jusqu’aux plus petits rôles, remarquables de justesse, et il faut saluer la performance de Laia Marull et Luis Tosar. Ils incarnent parfaitement celle qui donne ses yeux et celui qui ne peut ou ne veut rien voir.

16/11/2012

Renoncements, reniement, impasse

Communiqué de la section LDH de Manosque & du bassin manosquin :

La Ligue des Droits de l’Homme de Manosque prend acte des renoncements successifs du gouvernement "JM. Ayrault". Elle constate que ces renoncements ne sont aucunement assimilables à une politique dite « de gauche » et ne sont pas « fortuits » comme voudrait le faire entendre le président de la République.

Il en va ainsi des mesures coercitives à l’encontre de minorités abandonnées à une xénophobie inculte et aveugle, de l’injustifiable arrestation de la militante basque Aurore Martin, comme des incessants OQTF (Ordres de Quitter le Territoire Français) ou du report sine die du droit de vote des étrangers non communautaires.

S’ajoutant à ces renoncements, la LDH prend acte de surenchères, telles que celle consistant à instaurer une nouvelle procédure spécifique applicable aux étrangers et permettant, pendant un délai de seize heures au lieu de quatre, de « retenir » une personne afin de vérifier son droit au séjour.

reniement,renoncement, impasse    
(Illustration de Killoffer, paru dans Libération du 10 juin 2011    )

Par ailleurs et comme on aurait pu s’en réjouir, le « délit de solidarité » n’est pas supprimé mais encadré par une nouvelle immunité définie de façon restrictive.

Concernant le projet de loi de finance pour 2013, la LDH s’insurge notamment du fait de la délivrance d’un titre de séjour moyennant une somme de plus de 700 euros. Ce montant est bien entendu exorbitant pour des personnes en situation de grande précarité et qui ne souhaitent qu’une chose : régulariser leur situation administrative pour ne pas enfreindre la loi.

Ces renoncements ne sont ni économiquement nécessaires, ni humainement acceptables, ni susceptibles de renflouer l'estime de ceux qui en sont à l’origine.

Enfin et d’une façon générale, la LDH de Manosque ne voit dans les mesures d’austérité sous-entendues dans le projet de loi de finances 2013 qu’une façon d’aggraver inégalités et injustices tout en livrant la démocratie à l’impasse de la droite extrême.

Dans ces conditions, rien ne pouvant justifier le démantèlement des droits fondamentaux, la Ligue des Droits de l’homme doit nécessairement se renforcer !  


14/11/2012

Sans surprise,... Haïti

La reprise des expulsions vers Haïti depuis la Guyane a toutes les chances de passer inaperçue. A la manœuvre l’aboyeur de Beauvau couvert par la meute réunie en conclave pour une conférence de presse désolante de platitudes. Convenues. Sans surprise.

Expulsions vers haïti

Dans un communiqué du collectif Mom (Migrants Outre-Mer) dont est membre la LDH, il est annoncé que depuis le 14 octobre 2012, au moins douze ressortissants haïtiens ont été placés au centre de rétention administrative en vue de leur expulsion vers Haïti. Parmi eux, un Haïtien dont la naissance de son enfant français est prévue début décembre, un homme de 50 ans vivant en Guyane depuis 1998 auprès de sa soeur de nationalité française et n’ayant plus d’attache en Haïti ou encore un jeune homme ayant déposé le matin même une demande d’asile à la Préfecture de Guyane.

Deux semaines auparavant, la Guyane appliquait toujours le moratoire mis en place suite au séisme de janvier 2010. Les reconduites de personnes d’origine haïtienne étaient effectivement suspendues jusqu’alors par solidarité envers le peuple haïtien. Tout comme le Préfet de Guadeloupe en juillet 2011, le Préfet de Guyane se serait engagé, dans ce nouveau cadre, à renvoyer uniquement les Haïtiens sans charge de famille et « non vulnérables ». Ces engagements n’ont, malheureusement, pas été tenus en Guadeloupe - où de nombreux pères de famille, personnes âgées et malades ont été expulsés vers Haïti- ce qui laisse craindre, qu’en Guyane également, les autorités françaises expulsent des personnes vulnérables et protégées de ces mesures d’éloignement par le droit français.

La fin de la suspension des éloignements depuis la Guyane intervient au moment même où Haïti - qui continue à gérer douloureusement les effets catastrophiques du séisme du 12 janvier 2010 - doit panser le passage dévastateur de la tempête Sandy qui a provoqué de nombreux morts et aggravé davantage encore la situation sanitaire et sociale du pays. Un premier bilan fait état de la destruction de nombreuses denrées alimentaires entrainant une possible famine, la destruction d’habitations laissant près de 20 000 personnes supplémentaires sans abri et une aggravation de la crise sanitaire laissant craindre une augmentation de l’épidémie de choléra déjà présente.

Une question parlementaire, adressée à l’ancien gouvernement en mars 2012 puis relancée auprès du nouveau gouvernement en août, sollicite les raisons de la reprise des éloignements vers Haïti depuis les Antilles françaises. Or à ce jour, aucune réponse n’a été fournie à nos élus.

Nos associations s’alarment de cette reprise, d’autant plus dans un contexte de nouvelle catastrophe naturelle ayant ravagé ce pays. Aussi, nous continuons de réclamer l’arrêt total des éloignements vers Haïti et son respect par l’ensemble des préfets.

Cayenne, Paris, Port au Prince, le 8 novembre 2012

12/11/2012

Les pigeons sont de bien sales cons !

Métaphore ou allégorie, certains pigeons ne sont vraiment pas comestibles  !

Jean-David Chamboredon, patron du fonds des entrepreneurs internet Isai et porte-parole des "Pigeons", annonce dans cette cinquième et dernière tribune, que le mouvement des #geonpi a décidé de stopper toute activité sur les réseaux sociaux à partir du lundi 29 octobre 2012 minuit. Son constat reste pourtant le même : il met en garde contre les effets "anti-croissance et récessifs" de la réforme "improvisée" du gouvernement qui en l'état, "propagerait un virus mortel pour les bébé-entreprises".

pigeonsEt finalement … Bercy a consenti à assouplir le régime initialement prévu en matière de taxation des plus-values. Etonnant, non ?
Mais quelles sont les maladies susceptibles d’être transmises à l’homme par les pigeons ?

De nombreux microbes (bactéries, levures, virus, …) peuvent être hébergés par les pigeons comme par toute espèce animale. Certains d’entre eux sont susceptibles de transmettre une maladie à l’homme qui les élève ou les héberge. Parmi ceux ci, les plus fréquemment isolés chez les pigeons d’élevage sont des salmonelles (Salmonella tiphymurium var Copenhaguen), des levures (Candida albicans). Par contre, les chlamydies de l’ornithose sont rarement isolées. Quant aux Campilobacter, on ne les isole jamais car,…. on ne les recherche pas puisque qu’il ne sont pas responsables de maladie chez le pigeon. Le virus de West Nile qui sévit aux Etats Unis ne semble pas avoir fait son apparition en France sur la population de pigeons sauvages ou domestiques. Il faut ajouter à cette liste une maladie non infectieuse : « la maladie du poumon des éleveurs d’oiseaux » qui est une maladie d’origine allergique.

Campilobacter jejuni est très fréquemment retrouvé dans le tractus digestif des volailles (jusqu’à 80% dans les élevages de poules pondeuses avec jusqu’à 25% des œufs contaminés par les fientes à la surface de la coquille). Cette bactérie est responsable d’une zoonose (= maladie d’origine animale et transmissible à l’homme) : la consommation de viande de volailles représente un risque très significatif dans l’apparition des diarrhées humaines dues à Campylobacter jejuni. La maladie peut se transmettre également lors de la manipulation des carcasses par les employés des abattoirs.

Dans une étude datant de 1999 sur des pigeons parisiens, Candida albicans a été isolé dans 68% des jabots mais seulement 20% des intestins. Si la maladie candidose existe chez l’homme, on ne peut pas dire que celle ci soit transmise par des contaminants extérieurs. C’est plus un terrain immunodéprimé (SIDA) ou des facteurs locaux qui favorisent l’implantation des levures sur la peau ou, plus souvent,  sur les muqueuses digestives, génitales,….

Chlamydia psitacci est responsable de l’ornithose chez le pigeon (psittacose chez les perroquets et…. chlamydiose chez l’homme). Attention cependant à ne pas confondre l’ornithose avec d’autres chlamydioses humaines (Chlamydia trachomatis) ou animales (Chlamydia felis chez le chat). Bien que certaines enquêtes sérologiques semblent montrer une large diffusion de la bactérie parmi les populations sauvages de pigeons, quand j’utilise des techniques modernes de recherche de la bactérie (PCR) je n’en trouve que très rarement dans les pigeons d ’élevage. Pour des raisons budgétaires, cette technique de recherche n’a pas été utilisée dans les études concernant les populations de pigeons sauvages.  Chez le pigeon, la bactérie donne des signes de coryza (inflammation des voies respiratoires) mais aussi des troubles de la reproduction (mortalité en coquille, mortalité au nid) et des arthrites. Chez l’homme, la bactérie est responsable d’un syndrome grippal voire d’une grave pneumonie. Cependant, le traitement adapté (Doxycycline) permet de guérir rapidement les personnes atteintes. La maladie se transmet par voie aérienne essentiellement lors du nettoyage des colombiers, dans des colombiers mal ventilés ou encore lors de la manipulation de carcasses en abattoir. Mais, je n’ai eu connaissance que de très peu de cas de cette maladie chez les éleveurs de pigeons. Cependant, lors de syndrome grippal ne guérissant pas spontanément (ou après traitement antibiotique non spécifique de la chlamydiose) en quelques jours, il faut envisager l’hypothèse de la chlamydiose chez les éleveurs d’oiseaux.

Salmonella tiphymurium var Copenhaguen est très régulièrement isolés dans des élevages dans lesquels sévit la paratyphose. C’est même une « dominante pathologique » et la maladie est un motif de consultation extrêmement fréquent. Des salmonelles sont régulièrement responsables de Toxi Infection Alimentaire Collective chez l’homme suite à la consommation de mayonnaise, glaces,….. dans lesquelles des œufs non cuits sont incorporés. La maladie chez l’homme apparaît toujours après ingestion d’aliments contaminés et non pas par simple contact. Pour cette raison, et bien que la maladie soit très fréquente dans les élevages de pigeons, je n’ai jamais observé de transmission de la maladie  aux éleveurs de pigeons. Il faut ajouter que les œufs de pigeons ne sont généralement pas consommés, en tous cas, s’ils le sont, ils sont cuits; que la viande de pigeon se mange bien cuite (par rapport au bœuf) et enfin que la salmonellose du pigeon est assez spécifique et est probablement peu pathogène pour les autres espèces animales.

Probablement, la maladie la plus fréquemment rencontrée chez les éleveurs d’oiseaux et de volailles et la « maladie du poumon des éleveurs d’oiseaux ». Cette maladie mérite une attention toute particulière. 
Il s’agit d’une maladie d’origine immunitaire; c’est une allergie aux poussières et autres particules véhiculées par les oiseaux (tous comme certains individus sont allergiques au poil de chat). La maladie évolue sous une forme aiguë ou chronique. Dans la forme aiguë, l’ éleveur ressent une gêne respiratoire dans les 10’ qui suivent son entrée dans le colombier. Cette gêne est aggravée lors du nettoyage des installations. Il suffit de quitter le colombier pour recouvrer la bonne santé en quelques heures. Cette forme de la maladie est donc facile à diagnostiquer. La forme chronique est plus sournoise car les signes n’apparaissent qu’après une longue période d’exposition et entraîne petit à petit des lésions irréversibles du poumon qui perd progressivement ses fonctions d’oxygénation du sang. Le meilleur conseil que l’on puisse donner à des éleveurs atteints de cette maladie et de ne plus entrer du tout dans les colombiers, les poulaillers,… Il est également possible de porter systématiquement un masque respiratoire adapté à cette maladie. Mais, la « corvée » de nettoyage doit obligatoirement être confiée à une personne non sensible à ces allergènes.

Depuis peu, durant l’année 2003 et 2004, on reparle de grippe aviaire qui peut se transmettre à l’homme. Des cas ont été répertoriés en Thaïlande et aux Pays Bas. Ces maladies évoluent sous forme d’épidémie dans les poulaillers et touchent de très nombreux élevages d’une même région. Les personnes travaillant dans ces poulaillers peuvent être contaminés par le virus. Le pigeon n’a jamais été incriminé dans ces épidémies

Cryptococcus neoformans est la levure responsable de la maladie Cryptococcose. Ce champignon est hébergé par de nombreuses espèces de volailles, dont les pigeons, sans qu’il engendre des signes cliniques de maladie.  L’homme peut se contaminer par respiration de fientes contaminées. Si ses défenses immunitaires sont défaillantes, la levure pourra se développer en nodules fongiques dans les poumons et dans d’autres organes. Si les foyers pulmonaires sont peu graves, la dissémination de la maladie dans les autres organes est beaucoup plus difficile à soigner. Cependant, il faut qu’il y ait une réelle promiscuité entre les pigeons et l’homme pour que les fientes contaminées puissent être inhalées et il faut une grave défaillance du système immunitaire pour que la maladie puisse se développer chez l’homme. Pour ma part, je n’ai jamais été contacté par des éleveurs de pigeons pour cette maladie.

Si des personnes devaient craindre la transmission de maladies par les oiseaux, ce seraient d’abord ceux qui sont en contact étroit et quotidiens avec ceux-ci et donc, tout particulièrement, les éleveurs d’oiseaux. Dans ma pratique quotidienne je rencontre assez souvent des éleveurs allergique et atteints de « la maladie du poumon des éleveurs d’oiseaux », je n’ai rencontré que très rarement des éleveurs atteints de la chlamydiose. Par contre, je n’ai jamais rencontré de personnes ayant eu une affection digestive à Campilobacter, à salmonelles ou à Candida en rapport avec la possession de pigeons. Le risque d’attraper des maladies d’origine aviaire pour de simple passants en ville est donc négligeable.

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10/11/2012

Attendre ?... Encore ?

« J’ose dire avec des millions d’hommes que la grande paix humaine est possible. »
Jean Jaurès

Quatorze Conseils généraux ont pris position pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple : l’Aisne (le 16/04/2008), l’Allier, l’Ardèche, la Corrèze, le Doubs (en octobre 2008), la Haute-Garonne, l’Hérault, la Loire, l’Oise, le Rhône (le 25/11/2011), la Haute-Saône, la Somme, l’Essonne (le 21/11/2011), la Nièvre (le 25/06/2012).

Attendons toujours que le président de la République soit fidèle aux principes défendus par l'ancien président du Conseil Général de Corrèze ! Mais on peut en douter.

fusillés pour l'exemple  

« Le Bihan était né dans un hameau où on ne parlait que le breton. Il ne savait pas le français du tout. Le peu qu’il avait appris à l’école, il l’avait oublié entièrement. Il était aussi ignorant qu’on puisse l’être, ce qui ne fût pas arrivé si on l’avait instruit dans sa langue. Il le disait, et ne comprenait pas pourquoi on ne l’avait pas fait, puisque l’institutrice, bretonne comme lui, savait naturellement le breton. Mais il était interdit à l’institutrice de parler le breton à l’école…

Il partit dès le premier jour…Un matin, le soldat Le Bihan tiraillait derrière un bosquet, quand vint l’ordre de se porter en avant. Comme il s’élançait, une balle lui traversa la main droite de part en part. Il n’en continua pas moins de courir. Mais quand, de nouveau couché par terre, il voulut recommencer à tirer, il ne le put, et le capitaine lui donna l’ordre de rejoindre le poste de secours le plus proche. Il se mit en route et après quelque temps arriva au poste ou il montra sa blessure à un major, qui parut extrêmement intéressé…Le major lui posa diverses questions, auxquelles Le Bihan ne répondit pas, ne les ayant pas comprises. Le major n’insista pas. D‘une part, il n’avait pas de temps à perdre, et, d’autre part, il avait ses idées arrêtées sur la discipline aux armées, et la manière de la faire observer. Il griffonna quelque chose sur un bout de papier, qu’il remit à Le Bihan, et donna l‘ordre a un planton de le conduire plus loin à l’arrière, ce qui fut fait …. Le Bihan se laissa conduire où l’on voulut …. Or, aussitôt « remis aux autorités » et le billet du major déchiffré, le soldat Le Bihan fut conduit au poteau et fusillé. Accusation : « blessure volontaire à la main droite. »

 

Communiqué LDH du 20 août 2012 :

La LDH, dont le combat pour la réhabilitation des victimes des tribunaux militaires, qui a commencé pendant la guerre elle-même, a constitué son deuxième grand combat historique après celui pour la réhabilitation de Dreyfus, considère qu’il n’est pas achevé.

Après le discours important du Premier ministre Lionel Jospin le 11 novembre 1998 à Craonne, elle estime que les propos du président Sarkozy à Douaumont en 2008 et à l’Etoile en 2011 ne sont qu’une réponse partielle. Et qu’il faut passer à une autre étape, celle de la réhabilitation effective des nombreuses victimes des conseils de guerre et autres fusillés pour l’exemple du fait de l’arbitraire militaire durant la Grande guerre. Elle ne veut pas qu’on referme ce dossier avant qu’il n’ait été véritablement ouvert. Pour elle, une véritable réhabilitation ne peut reposer uniquement sur une nouvelle déclaration présidentielle.

Ses propositions se situent dans le prolongement de la lutte qu’elle a menée durant des décennies, qui a obtenu, avant la fin de la guerre et surtout après, entre 1919 et 1935, des réhabilitations par des annulations des condamnations en appel ou en cassation et le vote de cinq lois qui ont permis des amnisties. Puis, afin de lever des décisions que la Cour de cassation n’avait pas voulu annuler, l’installation d’une cour spéciale de révision qui a pu lever des condamnations symboliques comme celle des « caporaux de Souain », dont l’instituteur Théophile Maupas dont le cas avait été défendu avec acharnement par sa veuve, Blanche Maupas, en lien étroit avec la LDH.

Les propositions de la LDH ont été élaborées notamment en liaison avec le général André Bach, chef du service historique de l’armée de terre de 1997 à 2002, qui a été auditionné par le Comité central en février 2010.

La question a été opportunément relancée ces dernières années, grâce à la campagne menée avec force, depuis 2007, par la Libre Pensée, dont la LDH est proche et avec laquelle elle mène de nombreuses initiatives communes. Elle souhaite, quant à elle, qu’on ne se limite pas à une minorité de cas, les quelques 600 cas d’exécutions par fusillade après condamnation par un tribunal militaire. Il faut s’efforcer d’établir les faits sur le plus grand nombre possible des cas de fusillés pour l’exemple, y compris ceux, les plus nombreux, de militaires qui l’ont été sans condamnation judiciaire, ce qui ne peut être que le travail d’une commission dans la perspective du centenaire de 1914. Plus de 2 000 autres condamnations à mort ont été commuées en peines de travaux forcés ou « travaux publics », c’est-à-dire de déportation judiciaire dans les colonies, dont de nombreux soldats ne sont jamais revenus, tous comme d’autres, qui ont été condamnés directement à ces peines. En outre, surtout en 1917, des « mauvais sujets » (près de 2000 hommes ?) ont été prélevés au sein des régiments « mutinés », et victimes, sans jugement, de déportation dans les colonies. D’autres soldats, tout au long de la guerre, ont été victimes d’exécutions sommaires, qui paraissent particulièrement nombreuses parmi les étrangers engagés volontaires et les troupes coloniales.

Par ailleurs, sa connaissance du droit lui apprend que, pour ce qui est des condamnations prononcées, seule une grâce peut être collective (qui dispense de l’exécution de la peine, sans lever la condamnation). Une loi d’amnistie n’efface pas une condamnation. L’acte de réhabilitation ne peut pas relever d’une loi. Une loi peut en revanche installer, en le motivant par une reconnaissance civique et morale, un processus qui conduirait à des réhabilitations judiciaires. La réhabilitation judiciaire, qui implique l’annulation des condamnations, ne peut être que le résultat d’une série de décisions individuelles qu’une commission peut préparer, en transmettant à la Cour de cassation un ensemble de cas qu’elle aura examinés, en vue de la levée des condamnations prononcées sans nouveau jugement, comme dans le cas de son arrêt Dreyfus. Cela seul peut assurer une véritable réhabilitation, permettre l’inscription « mort pour la France » sur les registres d’état-civil, et encourager, si cela n’a pas encore été fait, celle de leur nom sur les monuments aux morts.

De nombreuses familles veulent savoir ce qu’il est advenu durant cette guerre à leurs ancêtres mobilisés qui n’ont pas eu la mention « mort pour la France ». 140 000 militaires français morts durant la guerre n’ont pas eu droit à la mention « mort pour la France ». Pour permettre que la vérité soit dite sur le plus grand nombre possible de faits et qu’intervienne le plus grand nombre possible de réhabilitations correspondant à toutes ces injustices, la LDH demande donc qu’une commission installée par une loi puisse donner aux familles le maximum de renseignements sur les circonstances de la disparition de soldats qui étaient leurs aïeux et permette que les condamnations arbitraires soient effectivement cassées sans renvoi.

Pour éviter toute réponse réductrice et limitée, qui refermerait ce dossier avant même qu’il ait été étudié et rendu public, l’objectif d’une telle commission serait de s’efforcer de faire la lumière sur le plus grand nombre possible de ces faits. Une telle commission pourrait rassembler des historiens, des juristes, des représentants d’associations et du Service historique de la Défense, pour examiner les cas soumis par des familles, des associations ou que des travaux de recherche auraient révélés. Au-delà de la reconnaissance politique pleine et entière de ce qui reste une honte pour l’armée française, telle est la demande que formule, pour sa part, la Ligue des droits de l’Homme, en liaison avec des historiens et des représentants d’associations d’anciens combattants. 

28/10/2012

Un monde sans humains

Dans les coulisses de Métropolis,

un monde sans humains,libertariens,lavage de cerveau  

« (…) Pour dominer, la violence ne suffit pas, il faut une justification d’une autre nature. Ainsi, lorsqu’une personne exerce son pouvoir sur une autre – que ce soit un dictateur, un colon, un bureaucrate, un mari ou un patron –, elle a besoin d’une idéologie justificatrice, toujours la même : cette domination est faite « pour le bien » du dominé. En d’autres termes, le pouvoir se présente toujours comme altruiste, désintéressé, généreux. » Noam Chomsky  , août 2007

Extrait du documentaire diffusé sur ARTE :

Dans le sillage des économistes cherchant encore et toujours à creuser l’écart entre économie virtuelle et économie réelle, les libertariens, partisans de l'anarcho-capitalisme, ultralibéralisme déchaînés, prêchent pour une nouvelle religion transhumaniste qui vise à la disparition de l’Humain, à sa négation !

La science fiction est largement dépassée. Enterrés Métropolis, 1984 et les scénarios sombres.

C’est encore plus surement mortel que l'extrême droite version FN ou Génération Identitaire.

27/10/2012

La logique sécuritaire perdure

Communiqué LDH

Le projet de loi relatif à la sécurité et à la lutte contre le terrorisme, adopté par le Sénat, et qui doit être prochainement présenté devant l’Assemblée nationale, témoigne de la persistance des gouvernements successifs à vouloir restreindre le champ des libertés sous le couvert de la lutte contre le terrorisme.

L’article 1 du projet de loi prolonge des dispositions adoptées par la loi du 23 janvier 2006 jusqu’en 2015. Adoptées pour un temps limité afin de lutter contre le terrorisme, elles sont systématiquement détournées de leur objet pour participer à la lutte contre l’immigration clandestine (contrôles d’identité à bord des trains internationaux). Par ailleurs, elles autorisent de manière extensive l’accès, en principe réservé à l’autorité judiciaire, des agents de police administrative à des données personnelles (accès aux fichiers administratifs, réquisition de données relatives à des communications électroniques).

Les mesures provisoires et d’exception tendent ainsi à devenir le droit commun.

L’article 3 prévoit, quant à lui, d’imposer à un délai guillotine à la Comex (Commission d’expulsion). Alors que les retards pris dans certains dossiers ne peuvent s’expliquer que par les carences de l’Etat (disponibilité des membres de la Comex, dossier de la préfecture incomplet), celui-ci en tire la seule conséquence de profiter de ses propres manquements pour vider la Commission de ses prérogatives. Concrètement, cela revient à abolir le droit à la personne menacée d’expulsion à voir sa situation étudiée par une commission indépendante.

terrorismeCette « expropriation » est d’autant moins justifiée que la loi prévoit déjà qu’en cas d’urgence absolue, la Comex n’a pas à être saisie.

Ainsi, par touches successives, l’Etat poursuit sa quête sans fin d’un dispositif antiterroriste « idéal », sans se soucier des atteintes causées, lesquelles, mises bout à bout, restreignent l’Etat de droit et les libertés de tous.

La Ligue des droits de l’Homme condamne cette logique, et invite les parlementaires à ne pas voter ces dispositions.

Paris, le 25 octobre 2012

17/10/2012

« M’emmerdez pas avec ça ! »

Le titre évoque une réplique du général Bigeard    , qui tout en reconnaissant avoir utilisé la torture, l’a justifiée sans avoir eu à l’assumer devant un quelconque tribunal.

20 novembre 2012     : J.Y. Le Drian, ministre hollandais de la Défense honorera la mémoire du tortionnaire Marcel Bigeard à Fréjus.

Contrepoint : Louisette Ighilahriz, une de ses victimes, témoigne …

«J'étais allongée nue, toujours nue. Ils pouvaient venir une, deux ou trois fois par jour. Dès que j'entendais le bruit de leurs bottes dans le couloir, je me mettais à trembler. Ensuite, le temps devenait interminable. Les minutes me paraissaient des heures, et les heures des jours. Le plus dur, c'est de tenir les premiers jours, de s'habituer à la douleur. Après, on se détache mentalement, un peu comme si le corps se mettait à flotter. » 

Quarante ans plus tard, elle en parle avec la voix blanche. Elle n'a jamais eu la force d'évoquer avec sa famille ces trois mois qui l'ont marquée à vie, physiquement et psychologiquement. Elle avait vingt ans. C'était en 1957, à Alger. Capturée par l'armée française le 28 septembre, après être tombée dans une embuscade avec son commando, elle avait été transférée, grièvement blessée, à l'état-major de la 10e division parachutiste de Massu, au Paradou Hydra. 

« Massu était brutal, infect. Bigeard n'était pas mieux, mais, le pire, c'était Graziani. Lui était innommable, c'était un pervers qui prenait plaisir à torturer. Ce n'était pas des êtres humains. J'ai souvent hurlé à Bigeard : » Vous n'êtes pas un homme si vous ne m'achevez pas ! « Et lui me répondait en ricanant : »Pas encore, pas encore ! « Pendant ces trois mois, je n'ai eu qu'un but : me suicider, mais, la pire des souffrances, c'est de vouloir à tout prix se supprimer et de ne pas en trouver les moyens.  » Elle a tenu bon, de septembre à décembre 1957. Sa famille payait cher le prix de ses actes de « terrorisme ». « Ils ont arrêté mes parents et presque tous mes frères et soeurs. Maman a subi le supplice de la baignoire pendant trois semaines de suite. Un jour, ils ont amené devant elle le plus jeune de ses neuf enfants, mon petit frère de trois ans, et ils l'ont pendu... » L'enfant, ranimé in extremis, s'en est sorti. La mère, aujourd'hui une vieille dame charmante et douce, n'avait pas parlé.

Sa fille aurait fini par mourir, dans un flot d'urine, de sang et d'excréments, si un événement imprévu n'était intervenu. « Un soir où je me balançais la tête de droite à gauche, comme d'habitude, pour tenter de calmer mes souffrances, quelqu'un s'est approché de mon lit. Il était grand et devait avoir environ quarante-cinq ans. Il a soulevé ma couverture, et s'est écrié d'une voix horrifiée : » Mais, mon petit, on vous a torturée ! Qui a fait cela ? Qui ? « Je n'ai rien répondu. D'habitude, on ne me vouvoyait pas. J'étais sûre que cette phrase cachait un piège.  » Ce n'était pas un piège. L'inconnu la fera transporter dans un hôpital d'Alger, soigner, puis transférer en prison. Ainsi, elle échappera aux griffes de Massu, Bigeard et Graziani. Louisette Ighilahriz, « Lila » de son nom de guerre, retrouvera la liberté cinq ans plus tard, avec l'indépendance de l'Algérie. 

Extrait d'un article de Florence Beaugé - Le Monde du 20 juin 2000

La Cité nationale de l’histoire de l’immigration abrite depuis le 8 octobre l’exposition
«Vies d’exils, des Algériens en France pendant la guerre d’Algérie», une plongée inédite dans le quotidien des travailleurs algériens en France entre 1954 et 1962, conçue et réalisée par les historiens Linda Amiri et Benjamin Stora.

Est-il si bizarre que cette histoire ressorte au moment où l’on commémore le 17octobre 1961 : le jour où, premières séquelles de la guerre d’Algérie, pour le simple fait d’avoir manifesté pacifiquement par dizaines de milliers contre un couvre-feu illégal et scandaleux visant exclusivement les Algériens en région parisienne, 11 000 personnes furent arrêtées et au moins 200 tuées dans des conditions insupportables.

 

bigeard,17 novembre 61,louisette ighilahriz,le drian,fréjus   

A l'annonce de la mort de Bigeard, Louisette Ighilahriz, a déclaré :
«Chez nous, le nom de Marcel Bigeard est synonyme de mort et de torture. Il aurait pu libérer sa conscience avant de mourir. J'en suis profondément déçue, malade».

11/10/2012

Usurpation d’Etat

Tout le monde peut faire la différence entre personne morale et personne physique, mais peut-on, doit-on, encore distinguer usurpation à compte d’auteur réprimée par l’usage (l'usurpation d'identité est passible de sept ans d'emprisonnement et de 100.000 euros d'amende) et usurpation industrielle des inconsciences collectives, tolérée voire encouragée sous prétexte de cohérence européenne et budgétaire ? Poser la question, c’est y répondre.

Cliver, ne pas cliver, être ou ne pas être… lorsqu’un parti peut faire « Psst ! » à ce point, c’est qu’il se dégonfle à guichets fermés. Plus la peine de se retourner ou de se faire du mauvais sang. Pour le courage, c’est foutûment foutu pour tout le monde. Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi ! Il court à sa perte.

toulouse,usurpation d'etat

Et ce n’est pas parce qu’à Toulouse même les mémés, qui aiment la castagne, peuvent éventuellement être attentives à quelques motions perverses, qu’il faut jouer du lumpenprolétariat comme on joue du couteau à la dérobée.

Le parti au pouvoir en a perdu la face et son identité présumée, privant les mots de leur signification pour en faire des sonorités vides, un murmure inaudible de moins en moins capable d'éveiller l'intérêt et de susciter le respect.

C'est peu dire que cette usurpation là est à double tranchant.